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– Agathe a rompu avec Greg, expliqua Zoé.
– Enfin ! Alléluia ! s’exclama Daphné en levant les mains vers le ciel comme pour le prendre à témoin.
– Comment ça ?
Agathe était presque offusquée de découvrir que les membres de sa famille n’aimaient pas son ex et qu’elle n’en avait rien deviné pendant huit ans.
– Il était raide comme un Anglais, expliqua Daphné. Genre : « Bonjour, je m’appelle Greg, j’ai un balai dans le cul, pas question de l’enlever. » Ne me dis pas qu’avec un homme comme ça, tu prenais ton pied au lit.
– Daphné ! s’écria Agathe.
– Quoi ? Je ne peux pas parler sexualité avec ma nièce adulte ? Tu n’es quand même pas prude comme ta mère ?
– Je ne suis pas prude, rétorqua Agathe. Je suis réservée. Je ne parle pas de… de… de…
– Cul ? proposa sa sœur.
– De choses olé olé, la corrigea-t-elle avec un regard de travers…
– « Olé olé » ? Parce qu’il y a un torero dans l’histoire ? s’enquit Daphné, l’air hautement intéressé. J’en ai connu un jadis, paix à son âme, et vous savez ce qu’on dit les filles sur les oreilles et la queue…
– Non ! s’écria Agathe. Je ne veux pas savoir.
– Moi, en revanche, je suis tout ouïe, dit Zoé.
Afficher en entier– Tu ne peux pas évoquer un pacte vieux de vingt ans, c’est pas du jeu, rétorqua Zoé. Je l’ai signé sous la contrainte.
– C’est toi qui l’as rédigé, rappela Agathe.
– J’avais bu.
– Tu avais six ans.
– J’ai toujours été une enfant précoce.
– Baste ! jura Agathe, le juron gascon lui revenant aux lèvres avec une facilité qui la désarçonna un peu.
– Agathe, reprit doucement Zoé en ralentissant pour prendre le tournant qui menait à l’allée de la maison de leurs parents. Je ne te dis pas ça pour t’embêter, mais il faudra bien que tu le leur dises à un moment ou un autre, non ? Et tu sais que plus tu attends, plus ça sera dur. C’est comme un sparadrap un peu vieux avec lequel on s’est douché plusieurs fois, il faut l’ôter d’un coup sec.
– Je suis ravie d’apprendre que ma rupture est un vieux sparadrap dégueu, répondit Agathe avec un sourire un peu amer. Et je sais que tu as raison, je le sais. Mais laisse-moi gérer ça à ma façon, d’accord ?
– D’accord. Et n’oublie pas que quoi qu’il arrive, je suis là. Pour toujours.
Sur ces paroles, Zoé freina sans débrayer et la voiture cala dans un nuage de poussière. Agathe leva les yeux vers la grande bâtisse en briques roses qui leur faisait face et soupira. Elle avait le pressentiment que les deux jours à venir n’allaient pas être de tout repos.
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