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Il était seulement sept heures trente et Marie venait de sortir du métro. De la place de l’Opéra, la jeune danseuse contemplait le palais Garnier. Ses yeux parcouraient le somptueux édifice, depuis les marches de l’entrée où se dandinaient des pigeons jusqu’à la toiture de cuivre, couverte de vert-de-gris. Au-dessus du dôme central, la statue d’Apollon s’élançait vers le ciel. Le dieu antique brandissait une lyre dorée qui brillait dans la douce lumière de ce matin d’octobre. Sur la façade, au-dessus des colonnes du premier étage, des mots étaient inscrits en lettres d’or. Chorégraphie, Académie nationale de musique, Poésie lyrique, relut Marie avec fierté. Et pour la centième fois peut-être depuis son réveil, son cœur s’épanouit d’émotion.
Le temps était passé depuis le concours du mois de juillet précédent, mais elle n’en revenait toujours pas d’avoir été admise dans le corps de ballet de l’Opéra. « Et non seulement reçue, mais la première ! », aimait souligner Tina, sa meilleure amie. En réussissant ainsi cette épreuve, Marie avait changé de place dans « la grande maison » : désormais, elle n’était plus une élève, mais bel et bien une artiste. Elle avait quitté l’école des petits rats pour être engagée officiellement comme quadrille dans la troupe des danseurs. Elle avait signé un contrat d’engagement professionnel. Elle entrait, à l’âge de seize ans, dans le cercle des adultes. « Quel honneur ! » se répétait-elle. C’est qu’elle avait conscience de prolonger ainsi une tradition très ancienne : celle de l’Académie royale de danse et de musique voulue par le roi Louis XIV lui-même, au XVIIe siècle. Quel prestige !
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