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“For as long as Lucie Herondale can remember, the Herondale family manor has adjourned the manor of the Blackthorns.
It’s too bad that Tatiana Blackthorn, the matriarch of the family, has always been, as her father Will Herondale says, “mad as a mouse trapped in a teapot.” Since the day that her father Benedict murdered Tatiana’s husband, and was killed in turn by a group of Shadowhunters that included both her brothers, Tatiana has nursed a burning grudge against the London Institute and all its inhabitants, especially Will, Tessa and their children: Lucie and her brother, James …”
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http://editionsmichelquintin.ca/livre/zaa-le-stiryx
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http://editionsmichelquintin.ca/livre/zaa-le-medzador
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http://editionsmichelquintin.ca/livre/zaa-le-chevalier-de-l-ombre
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“He believed that most people, when given the choice, would do what was right, even when it was hard, and he believed that good almost always triumphed over evil.”


“A grand tradition is coming to an end, and more than anything, I wanted one last chance to say good-bye.”


“His voice, even now, follows me everywhere on this longest of rides, this thing called life.”
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élodie tirel
Le complot
1
La mer de Sable n’était plus qu’un énorme
tourbillon de poussière. Les puissantes bourrasques
de vent soulevaient des nuages tumultueux.
Les rafales se glissaient en sifflant entre
les défilés rocheux et balayaient les plaines
minérales du Zaor, déracinant sans pitié les
touffes d’herbes qui avaient péniblement
réussi à pousser.
Bravant la tempête, un homme scrutait l’horizon.
Assis à l’abri d’un gros rocher, il avait
pour seules compagnes les deux grosses lunes
blafardes dont la pâle lumière donnait au
paysage dévasté un air fantomatique.
Anx n’avait pas fermé l’oeil de la nuit. Son
esprit tourmenté avait besoin de faire le point.
Une fois de plus, il était venu s’isoler là, sur
ce piton rocheux qui dominait son village. Le
regard perdu vers le nord, insensible à la furie
du vent qui fouettait son visage, il semblait
attendre quelque chose ou quelqu’un. Deux
sillons humides couraient le long de ses joues
pâles.
Pourtant, Anx avait tout pour être heureux,
une femme qu’il chérissait, deux enfants
magnifiques, une fonction respectée. Jamais
il n’avait réalisé combien son univers pouvait
être fragile, jusqu’au jour où cet étranger à la
peau bleue avait débarqué chez lui, balayant
son bonheur comme une tempête de sable.
Il y avait plusieurs mois déjà que son fils
était parti. Plusieurs mois qu’il était sans nouvelles.
Certes Zâa lui avait fait parvenir un
message, mais ses quelques lignes laconiques
torturaient davantage son esprit qu’elles ne
l’apaisaient.
Cher Anx, et chère Méline,
J’ai accompli ma mission. Le Stiryx est en
sécurité sur le trône continental. Ce voyage m’a
fait grandir et mûrir. J’ai beaucoup appris, trop
peut-être… À présent, j’ai besoin de faire le
point. Je suis au monastère de Qui’o et je pense y
rester encore quelque temps.
Embrassez ma soeur, Zaëlle, pour moi. Son
amulette m’a plus d’une fois porté bonheur.
Zâa
Depuis qu’Anx avait reçu cette courte lettre,
il n’y avait pas une nuit où les mots de son fils
ne revenaient le hanter.
« J’ai beaucoup appris, trop peut-être… »
Cette simple phrase était insupportable.
Qu’avait appris son fils pour avoir besoin de
réfléchir au point de retarder son retour à
Xénon ? Avait-il découvert toute la vérité ?
Cela expliquait peut-être pourquoi il n’avait
pas écrit « Chers parents », ou encore signé
« Votre fils, Zâa », ni donné davantage de nouvelles.
Comme s’il était en colère contre eux,
comme s’il en voulait à Anx et à Méline de lui
avoir caché ses véritables origines. Son ressentiment
était pourtant légitime, ce qui ne faisait
qu’augmenter les remords d’Anx. L’homme
s’en voulait terriblement de n’avoir jamais
révélé à son fils qu’il l’avait adopté. Il aurait dû
être honnête et tout lui avouer, mais il avait eu
peur, peur que Zâa s’en aille à la recherche de
ses vrais parents, peur qu’il ne revienne jamais.
Anx ferma les yeux pour se souvenir…
Par trois fois Méline avait porté le fruit de leur
amour. Par trois fois la vie qui palpitait dans
son ventre s’était dramatiquement éteinte. Le
couple désespérait d’avoir un enfant. Un jour
pourtant, le miracle s’était produit. Après un
long voyage, le Gur’, de retour à Xénon, leur
avait ramené le plus merveilleux des présents,
un magnifique bébé d’à peine quelques mois.
L’enfant avait la peau mate, des cheveux noirs
et déjà épais, des yeux aussi bleus qu’un ciel
d’été.
« Il vient de loin, leur avait précisé le guérisseur,
de très loin ! Cet enfant porte en lui
l’ombre et la lumière et un grand destin l’attend.
Le temps viendra le chercher et il s’en ira.
En attendant ce jour, protégez-le et aimez-le
comme votre fils. »
C’était ce qu’ils avaient fait.
Anx et Méline n’avaient pas cherché à en
savoir plus sur les origines de cet enfant providentiel
et jamais ils n’avaient considéré Zâa
autrement que comme leur fils. En s’inspirant
de la langue des Anciens, ils l’avaient
appelé Zâa, ce qui signifiait espoir. Toutefois,
s’ils l’avaient entouré d’amour et d’attention,
jamais ses parents adoptifs n’avaient eu le courage
de lui révéler la vérité sur ses origines.
Quelques années plus tard, Méline était
à nouveau tombée enceinte. Cette fois, ses
espoirs avaient été récompensés, car la petite
Zaëlle avait vu le jour, rousse comme son père,
douce comme sa mère. Néanmoins, Anx et
Méline n’avaient jamais fait de différence entre
leurs deux enfants.
Anx se passa la main sur le visage, en proie
au plus profond désespoir. Ses ferventes prières
à la déesse n’y changeaient rien. Pourtant,
chaque jour, il priait inlassablement pour que
Zâa revienne, pour qu’il lui pardonne, pour
qu’il l’étreigne à nouveau.
Zâa aurait dix-huit ans le lendemain et, pour
la première fois, il ne fêterait pas son anniversaire
auprès des siens. Son fils ne rentrerait
peut-être jamais plus.
L’aube pointait quand une voix affolée tira
Anx de ses sombres pensées.
— Chef ! Chef ! s’égosillait l’homme en courant
dans sa direction. Il est arrivé une catastrophe
! Vite !
Anx soupira et se releva à contrecoeur. Les
villageois avaient tendance à s’affoler pour un
rien. Il arrivait tellement peu de choses dans ce
coin reculé du Zaor que le moindre incident
prenait des proportions gigantesques.
« T ariane a peut-être fait une fausse-couche,
ou bien c’est Oxan qui aura encore fugué. Depuis
le départ de Zâa, il ne pense plus qu’à aller
le rejoindre ! » songea Anx avec amertume.
Lorsque l’homme, essoufflé, arriva à son
niveau, Anx lui mit amicalement la main sur
l’épaule.
— R eprends ton souffle, Antoz, et expliquemoi
plutôt ce qui te met dans cet état.
— L e Gur’ ! râla l’autre en suffoquant. On a
perdu le Gur’ !
Anx esquissa un sourire de soulagement.
Ah, le vieux savant avait encore disparu !
Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il
s’évanouissait dans la nature sans rien dire à
personne. Le Gur’ réapparaîtrait probablement
dans plusieurs jours aussi mystérieusement
qu’il avait disparu et tout rentrerait
dans l’ordre.
— Ne te tracasse pas, fit Anx d’une voix
apaisante, notre brave guérisseur est sûrement…
— C’est à cause de son apprenti, le coupa
Antoz, épouvanté. On a retrouvé son corps
dans son laboratoire. Oh, c’est horrible…
Miska est mort !
Le coeur d’Anx s’arrêta de battre. Son visage
devint soudain aussi blanc que le sable alentour.
Comme un mouflar affolé, il dévala la
corniche qui surplombait les habitations troglodytiques.
En tant que chef du village, c’était à lui de
veiller au bien-être des habitants de Xénon.
Il se sentait responsable d’eux. Il les connaissait
tous, sans exception. Miska, l’apprenti du
Gur’, était un garçon plein de vie, en excellente
santé. Comment un tel drame avait-il bien pu
se produire ? Si encore Miska avait fait une
mauvaise chute, ou s’il s’était aventuré sur
le sable pour défier la déesse ! Mais mourir
comme ça, dans le laboratoire du Gur’ en plus !
C’était vraiment anormal. Anormalement
inquiétant.
Suivi d’Antoz, Anx déboula dans les ruelles
du hameau, traversa la placette sans s’arrêter,
se faufila entre les maisons ocre et parvint
enfin à la dernière habitation du village, celle
du Gur’.
Sur le seuil, Balfor, son ami de toujours,
l’attendait, les traits tirés et le teint blafard.
— C’est Tariane qui a découvert le corps,
expliqua-t-il sans attendre qu’Anx et Antoz
reprennent leur souffle. À cause des contractions,
elle n’arrivait pas dormir. Elle voulait
un remède. C’est son hurlement qui m’a
réveillé. Je me suis immédiatement précipité à
sa rencontre.
— O ù est-elle, maintenant ? s’inquiéta Anx.
— À la maison. Véola s’occupe d’elle.
Comme tu l’imagines, la pauvre fille est
encore sous le choc. Antoz, pourrais-tu monter
la garde devant la porte, pendant que nous
entrons là-dedans ?
Il désignait la tenture qui servait de porte.
Comme l’autre hochait la tête, fier de l’honneur
qu’on lui faisait, Anx suivit son ami à
l’intérieur de la maison. Au beau milieu de la
pièce, sur le sol de terre battue, gisait le cadavre
du jeune apprenti. Bouleversé, Anx retint sa
respiration. La mâchoire crispée, il s’approcha
du corps inerte.
— Par Xi, que lui est-il arrivé ? murmurat-
il pour lui-même, livide.
Le visage du mort était saisissant. Il était
figé dans une expression de douleur insoutenable,
les yeux révulsés, la bouche déformée
dans un hurlement muet. Tout semblait
indiquer que Miska était mort dans d’atroces
souffrances. Pourtant, aucune blessure n’était
visible.
— A-t-il succombé à une crise cardiaque ?
Si jeune…
— Non, le coupa Balfor, rien à voir.
Retourne-le, tu comprendras mieux.
À contrecoeur, Anx souleva légèrement le
cadavre. Ses yeux s’écarquillèrent d’horreur.
— Par la déesse ! suffoqua le chef du village
en reculant. C’est… c’est monstrueux !
Balfor entreprit de mettre le corps de la
victime sur le ventre, exposant ainsi la plaie
béante qui creusait son dos. Aucun des deux
amis n’avait jamais vu pareille blessure. Les os
de la colonne vertébrale semblaient comme
rongés par un puissant acide. Il ne restait plus
aucune trace des organes vitaux qui auraient
dû se trouver dans la cage thoracique. Une
épouvantable odeur de chairs en décomposition
se dégageait de l’immonde plaie.
Anx se redressa en chancelant, bouleversé.
— Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver ? souffla
Balfor. Comment a-t-il pu se faire ça ?
— I l ne s’est pas fait ça tout seul, devina le
chef de village, ébranlé par sa propre conclusion.
Je ne vois qu’une seule explication. Miska
a été assassiné !
Balfor retint son souffle, épouvanté. De
mémoire d’homme, jamais aucun crime
n’avait été commis à Xénon.
— Nous allons trouver le coupable de cet
odieux assassinat, décréta Anx d’une voix
pleine de colère. Et, crois-moi, il va le payer
cher !
Balfor hocha la tête et sembla hésiter
quelques secondes avant de s’enhardir.
— I l faut que je te dise quelque chose.
Quand je suis arrivé ici, il y avait une étrange
spirale noire dessinée sur le sol, juste là, à
côté du corps. Le plus étonnant, c’est qu’elle
a complètement disparu ; il n’en reste plus
aucune trace. Pourtant, je te jure qu’elle était
là. Tariane aussi l’a vue !
Anx écoutait attentivement sans quitter le
cadavre des yeux.
— T u penses qu’il y a un lien entre ce dessin
par terre et la mort de Miska ?
— Pourquoi pas ?
— I l faut absolument retrouver le Gur’
pour le prévenir. Lui seul pourra nous aider à
résoudre ce mystère.
— Mais… Antoz ne t’a rien dit ? balbutia
Balfor en s’empourprant.
— Quoi donc ? Que notre Gur’ avait encore
disparu ? Si, je suis au courant, mais il ne doit
pas être bien loin ! Il doit errer sur la lande
comme à son habitude.
De plus en plus mal à l’aise, Balfor se mordit
la lèvre inférieure.
— Anx, je crois que c’est plus grave que
ça, finit-il par avouer à son ami. Tu devrais
écouter Tariane. Ce qu’elle m’a révélé est
terrifiant !
Anx tressaillit d’angoisse, mais tâcha de le
cacher. C’était lui, le chef. Il devait faire bonne
figure, ne pas laisser transparaître la terreur
qui s’insinuait en lui.
— T rès bien, allons chez toi.
La jeune Tariane, effondrée, avait trouvé
refuge dans les bras de Véola, l’épouse de Balfor.
Avec beaucoup de douceur, le chef du village
la pria de décrire à nouveau la scène dont
elle avait été témoin. C’était extrêmement
important qu’elle n’omette aucun détail. La
jeune femme releva la tête pour le regarder, les
yeux rouges d’avoir trop pleuré. Hésitante et
en reniflant, elle se mit à parler.
— J’a… avais mal au ventre, tu sais, le
bébé… Je suis allée chez le Gur’ pour qu’il me
donne quelque chose.
— Mais il n’était pas là, anticipa Anx pour
l’aider à s’exprimer.
— Si, justement, il était chez lui, le contredit
la jeune fille.
— T u en es certaine ? s’enquit le père de Zâa
en fronçant les sourcils.
— Absolument, car j’ai entendu sa voix. Je
n’ai pas compris ce qu’il disait, mais il avait
l’air furieux.
— Miska était avec lui ?
— O ui, ils discutaient avec une troisième
personne. Je ne sais pas qui c’était, mais en
tout cas… – elle renifla – il n’était pas d’ici. Il
avait un accent bizarre.
— Et ensuite, que s’est-il passé ? Tu es entrée ?
— Non, pas tout de suite. Je n’osais pas,
j’avais peur de déranger. Mais, quand j’ai
entendu le Gur’ crier et Miska hurler, j’ai su
qu’il s’était passé quelque chose de grave et
je me suis précipitée à l’intérieur. Le Gur’ et
l’étranger avaient disparu. Il n’y avait que
Miska… étendu par terre. Je me suis aussitôt
penchée sur lui, mais il était déjà…
La jeune femme éclata en sanglots.
— As-tu remarqué autre chose ? Un détail
insolite ? poursuivit Anx. Essaie de te souvenir,
c’est important !
— Oui, fit Tariane en hochant la tête. Il y
avait un drôle de dessin noir sur le sol… une
sorte de spirale, on aurait dit de la peinture.
Trop bouleversée pour continuer, la jeune
femme cacha son visage en larmes dans ses
mains. Le chef jugea préférable de ne pas insister
davantage. Elle venait de vivre une épreuve
traumatisante et il lui faudrait du temps pour
s’en remettre.
Anx sortit de la maison de son ami, le dos
courbé et le regard vide, comme si toute la
misère du Zaor s’était abattue sur ses épaules
pourtant solides.
Quelle était l’origine de cette mystérieuse
spirale ? Qui avait assassiné Miska ? Était-ce cet
étranger au drôle d’accent avec lequel le Gur’
se disputait ? Et où était donc passé le guérisseur,
s’il était effectivement dans la pièce avec
Miska ? Avait-il été enlevé ? Était-il en danger
lui aussi ?
Anx sentit ses forces l’abandonner, comme
aspirées par un vide immense.
Le Gur’ était un sage et un guérisseur hors
pair, mais c’était avant tout un ami et un
confident. Anx n’avait jamais pris une décision
importante sans en avoir discuté avec lui auparavant.
Il aimait se confier au vieil homme. Ses
conseils avisés, guidés par la sagesse et l’expérience,
s’étaient toujours révélés judicieux.
D’autre part, seul le Gur’ savait lire les augures,
prévoir les catastrophes et diriger la cérémonie
du voyage final. Sa disparition dans d’aussi
mystérieuses conditions ainsi que l’assassinat
de son apprenti étaient catastrophiques.
Pourtant, Anx n’avait pas le droit de flancher.
Il était le chef de Xénon et tous comptaient sur
lui. Il devait réagir.
Sa première décision fut d’envoyer Balfor
chercher Rertuk, le guérisseur du village voisin,
afin de préparer le corps de Miska et de
diriger la cérémonie d’adieu qui aurait lieu en
fin d’après-midi. Même s’il était loin d’avoir
les compétences du Gur’, le savant accomplirait
néanmoins le rite sacré selon la coutume
des Anciens.
La cérémonie débuta six heures après le
zénith du soleil. La tempête était retombée.
La brise légère parvenait à peine à dissiper la
chaleur suffocante qui accablait Xénon. Tous
les habitants du village troglodyte s’étaient
regroupés au pic de Non-Retour. C’était là que,
depuis la nuit des temps, on disait un dernier
adieu au défunt avant que la corde soit rompue
et qu’il franchisse le grand passage.
Le corps de l’apprenti, enveloppé dans de
précieuses étoffes, dansait doucement au bout
de la corde rituelle qui le rattachait encore au
monde des vivants. Suspendue à une arche de
pierre, la forme humaine se balançait au gré
du vent, en faisant grincer les fibres de la corde
dans une macabre mélodie.
L’atmosphère était pesante. Quelques villageois
sanglotaient en silence, d’autres reniflaient,
mais personne n’osait parler. Chacun,
avec le plus grand respect, communiait avec
Miska et le remerciait de ce qu’il avait accompli
pour eux de son vivant.
Après ce temps de recueillement silencieux,
Anx se décida à prendre la parole. En temps
normal, jamais le chef du village ne se serait
permis d’intervenir dans cette cérémonie
strictement religieuse. Cependant, la situation
était exceptionnelle et, en l’absence du Gur’,
c’était à lui de faire le discours d’adieu.
Il fit l’éloge du jeune apprenti qui, malgré
son manque d’expérience, était déjà très
apprécié de tous, tant pour sa gentillesse que
pour son dévouement. Il évoqua aussi publiquement
la disparition du Gur’, sans toutefois
donner trop de détails ni dramatiser, et enfin il
invita les Xénoniens à prier Xi pour le salut de
l’âme de Miska.
Quand il se tut, les pleurs s’étaient intensifiés
et quelques vieilles femmes gémissaient. Le
chef fit un signe de tête à Rertuk qui s’approcha
alors pour conduire le rite ancestral. Le
guérisseur se racla la gorge, visiblement mal
à l’aise, et entama le discours sacré dans la
langue des Anciens. Les habitants ignoraient
le sens exact de ses paroles rituelles, mais ils
reprirent en choeur les mots étranges, dans un
murmure lugubre.
Puis, les appeleurs firent leur apparition et,
armés de leurs énormes pieux, ils martelèrent
le sable sous l’arche. Les mâts de bois produisirent
un bruit sourd et lancinant qui se
répercuta dans les profondeurs de la mer de
Sable.
Xi, la déesse de la vie et de la mort, allait
venir engloutir ce corps qu’ils lui offraient. Elle
allait rompre la corde et emporter l’offrande
des mortels dans les entrailles de la Terre où
Miska retrouverait ses ancêtres.
— L a voilà ! hurla un des guetteurs. Elle
arrive par l’ouest.
Le coeur d’Anx se mit à battre aussi fort
que les pieux des appeleurs. Dans l’assemblée
tremblante, plus personne n’osait renifler ni
gémir. Tous redoutaient cet instant autant
qu’ils l’espéraient.
Soudain, la déesse serpent apparut. La monstrueuse
gueule, hérissée de dents aussi longues
et affûtées que des sabres, s’ouvrit pour happer
l’offrande. La redoutable mâchoire se referma
dans un claquement sec et sectionna net le
corps du défunt. Aussitôt, Xi replongea dans le
sable sans demander son reste.
Un murmure d’effroi s’éleva de la foule, qui
regarda avec horreur cette moitié de corps
sanguinolente qui continuait à se balancer en
silence. La corde rituelle n’avait pas été rompue.
Xi n’avait pas emporté la totalité du
cadavre. Elle avait refusé l’offrande.
Cela ne s’était jamais produit auparavant.
Pas besoin d’être sorcier pour deviner qu’il
s’agissait sans aucun doute d’un très mauvais
présage.
Depuis plus d’une heure, Balfor était prostré,
assis sur la grande natte du salon baignée par
la lumière douce de cette fin d’après-midi. En
face de lui, Anx réfléchissait.
Après le dénouement inattendu de la cérémonie
du grand voyage de Miska, Rertuk avait
demandé aux appeleurs de frapper à nouveau
le sable afin que la déesse serpent vienne avaler
le reste du corps, mais, au grand dam de
tous les villageois, Xi n’avait pas réapparu. Le
guérisseur avait alors demandé aux Xénoniens
désemparés de rentrer chez eux et de prier la
puissante déesse avec ferveur et dévotion.
Anx avait ensuite convié Balfor et Rertuk
chez lui pour tenter de comprendre les raisons
de cette nouvelle catastrophe. Jamais
Anx n’avait entendu dire que la déesse ait
un jour refusé une offrande. Il se souvenait
bien d’une fois où Xi s’était acharnée sur le
corps d’un défunt, mais elle avait fini par l’avaler
entièrement et par rompre la corde rituelle.
Ce jour-là, le Gur’, inquiet, avait fait jeûner
tous les habitants de Xénon jusqu’à ce que les
deux lunes se rejoignent dans le firmament.
Mais là… La corde était intacte et la moitié
du corps de l’apprenti pendait toujours sinistrement
sous l’arche de roche.
Comment fallait-il réagir ? Quel signe
devaient-ils voir là ? Qu’est-ce que la déesse
attendait d’eux ? Anx avait peut-être une explication,
mais, comme la religion n’était pas son
domaine, il craignait de dire une bêtise. N’y
tenant plus, pourtant, il finit par se hasarder,
mal à l’aise.
— Balfor, nous sommes bien d’accord sur le
fait que Miska n’est pas mort naturellement,
n’est-ce pas ?
Le gros rouquin hocha la tête sans rien dire,
Anx poursuivit :
— Je me disais… Et si Xi avait refusé le
corps de notre apprenti parce que, justement,
il a été assassiné ?
— Mais bien sûr ! s’exclama Rertuk en
cognant de son poing dans sa paume ouverte.
Tu as sûrement raison, Anx. Pourquoi n’y ai-je
pas pensé plus tôt ! Xi n’a pas rompu la corde
parce que les circonstances de la mort de Miska
demeurent un mystère. Elle veut savoir !
— Savoir qui est le coupable ? ajouta Anx,
soulagé d’avoir eu une bonne intuition.
— Parfaitement ! Quelle malchance que
votre Gur’ ait disparu ! Lui aurait pu entrer en
communication avec les Anciens pour le leur
demander.
— T u pourrais peut-être le faire ? suggéra
Balfor.
— Je peux toujours essayer, mais je n’ai pas
l’expérience du Gur’. Mon ancien mentor avait
des dons exceptionnels. Pourtant, vu la gravité
de la situation, je vais tenter d’appeler les
Anciens. Si j’y parviens, je reviendrai t’informer
de la démarche à suivre.
Il se leva d’un bond et fonça vers la porte.
Il sortait en trombe de la maison, quand il
heurta Oxan qui arrivait en sens inverse.
Rertuk bouscula l’adolescent, qui tomba sur
le sol poussiéreux, et fila vers son village sans
s’excuser. Le garçon se releva, frotta le sable qui
recouvrait ses vêtements et entra en râlant.
— E h ! Il est pas bien, celui-là !
— T u n’as rien à faire ici ! fit sèchement
Balfor.
— Mais p’pa, je viens pour…
— T u devrais être à la maison avec ta mère,
en train de prier la déesse.
— Mais je voulais vous avertir que…
— T u vois bien que tu nous déranges, se
fâcha le père en poussant son fils vers la porte.
Mais Oxan résista. Il s’accrocha au chambranle
en criant :
— J’ai vu un aiglar !
— O ù ça ? s’écria Anx en sursautant et en se
levant à son tour, le coeur battant.
— D ans le ciel, au nord, et il arrive par ici.
J’ai pensé que c’était peut-être Zâa et j’ai aussitôt
couru te le dire.
— T u as bien fait, Oxan ! Merci ! lui cria le
chef du village, qui franchissait déjà le seuil de
sa maison.
Ravi d’avoir rendu service au chef du village,
Oxan adressa un sourire ironique à son
père. Mais la claque qu’il se prit sur la nuque
le ramena à sa triste réalité. Pour son père, rien
de ce qu’il faisait n’était bien. Quoi qu’il fasse,
il serait toujours un bon à rien.

Source: Les éditions Michel Quintin
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Ariane Charland
Les cités brisées
À Damien, que j’aime plus que tout au monde
Le mort
Le sang avait fait fondre la neige qui s’était
changée en flaque de glace rouge. Le visage du
mort était à moitié recouvert de frimas et ses
yeux encore ouverts semblaient avoir perdu
leur couleur.
Une vingtaine de renards arrivèrent au petit
trot. Leur pelage était gonflé à cause du froid
et leurs narines exhalaient des nuages de buée.
Les elfes qui les montaient étaient tous
vêtus de blanc. Des cheveux colorés s’échappaient
de l’épais bonnet de laine de certains.
Pour conserver leur équilibre, quelques-uns
avaient ouvert les grandes ailes bigarrées qui
sortaient des fentes verticales pratiquées au
dos de leur manteau. Tous portaient une épée
à la ceinture. La lame était dissimulée dans un
fourreau métallique qui battait contre leur
cuisse, mais la garde était bien en évidence,
couverte de pierres précieuses dont la couleur
différait pour chacun.
Bien que la plupart des soldats avaient déjà
plus d’un siècle, rien dans leur apparence ne
laissait deviner leur âge. La peau verte de leur
visage était lisse et rayonnante.
Au centre du groupe se trouvait une elfe
coiffée d’une simple queue de cheval rouge
sombre qui jaillissait d’une ouverture au sommet
de son bonnet. Les pierres qui ornaient
son épée avaient la transparence du cristal.
Mélancolique, elle contemplait les arbres gris
qui s’élevaient autour d’eux, leurs branches
nues qui s’emmêlaient contre le ciel blême
et leurs racines brillantes de givre à moitié
camouflées sous la neige…
Ce fut elle qui vit le mort.
— Stop ! cria-t-elle.
Son renard s’arrêta et tous les autres l’imitèrent.
Aïnako descendit de sa monture avant
que Taïs puisse l’en empêcher. Elle frissonna en
sentant le froid de la neige traverser la semelle
de ses bottes. Un autre elfe la suivit aussitôt.
Sans un geste pour la retenir, il se contenta de
rester près d’elle et d’observer le mort.
— C’est un des gouverneurs d’Élimbrel,
dit-il sans la moindre émotion.
Elle se tourna vers lui. Les yeux d’Iriel
étaient presque invisibles sous le rebord de
son chapeau, mais on les devinait noirs et très
profonds. Elle voulut répondre qu’elle l’avait
elle aussi reconnu, mais elle avait trop mal au
coeur pour ouvrir la bouche. Il y avait tellement
de sang qu’elle n’arrivait pas à voir si le
mort avait été complètement décapité.
— Aïnako, remonte sur ton renard, lui ordonna
Taïs de sa voix à la fois fragile et autoritaire.
Ce n’est pas à nous de nous occuper de ça.
Juchée sur le grand renard blanc qu’elle prenait
tout le temps pour les longues distances,
elle se tenait le dos raide et l’air austère. Ses yeux
fauves semblaient la menacer. Cette fois, mal de
coeur ou pas, Aïnako ne put rester muette.
— On ne peut quand même pas le laisser là !
Les ailes de Taïs, d’un noir mat parcouru
d’arabesques vertes et dorées, se déployèrent
quand elle sauta à terre. Les macarons qui
retenaient ses cheveux argentés au-dessus de
ses oreilles formaient deux bosses sous son
bonnet de fourrure blanche. Seules quelques
mèches brillantes balayaient son front et sa
nuque.
— Remonte sur ton renard, répéta-t-elle
d’une voix moins forte, mais cent fois plus
menaçante. Nous avertirons Silmaëlle et elle
enverra une équipe pour faire le ménage.
Cette attitude n’aurait pas dû surprendre
Aïnako, Taïs pouvait se montrer d’une
insensibilité à toute épreuve. Mais cela la
choquait chaque fois qu’elle en était témoin.
— C’est encore ces maudits elfes sauvages !
cracha une voix derrière elle.
Elle fit volte-face. Tous les soldats étaient
assis bien droit sur leur renard et elle n’arriva
pas à identifier celui qui venait de parler. De
toute façon, elle ne comprenait pas pourquoi
l’un d’eux aurait accusé les elfes sauvages. À
sa connaissance, les habitants de Shamguèn
n’avaient aucune raison de leur en vouloir et, à
l’exception d’Iriel, d’Éléssan et de Naïké, aucun
des elfes qui les accompagnaient n’était natif
d’Élimbrel, où les tensions entre les résidants
et les elfes sauvages avaient décuplé depuis la
fin de la guerre.
La confusion de même qu’un début de colère
devaient se lire sur son visage, car Taïs soupira
et dit d’une voix ennuyée :
— Les elfes sauvages se sont rebellés.
Aïnako battit des paupières.
— Quoi ?
Sa grand-mère poussa un second soupir
et, avec l’expression exaspérée qu’elle prenait
quand elle jugeait sa petite-fille trop ignorante
à son goût, elle répéta :
— Les elfes sauvages se sont rebellés. Contre
Élimbrel.
Aïnako reporta son regard sur le mort. Un
nouveau haut-le-coeur la gagna. Les elfes
sauvages avaient donc fini par se rebeller.
« Tout est de ma faute », se dit-elle. Elle leur
avait promis qu’ils pourraient devenir des
citoyens d’Élimbrel à part entière et qu’ils
auraient le droit d’ériger des dômes de protection
autour de leurs campements. Elle leur
avait promis qu’ils pourraient modifier les
arbres sous ces dômes pour avoir des fruits à
l’année. Elle leur avait promis que l’armée les
défendrait en cas d’attaque, qu’ils auraient
leurs propres représentants au sein du conseil
royal, qu’ils pourraient se construire de vraies
maisons sans avoir peur qu’on ordonne un
jour leur destruction sous prétexte que les
humains risquaient de les découvrir. Elle leur
avait promis tout cela et, presque un an plus
tard, ils n’avaient toujours rien obtenu. Leur
rébellion était prévisible. Et justifiée.
Mais ce n’était pas une raison pour les accuser
de meurtre. Et pourquoi n’était-elle pas au
courant ? Pourquoi personne ne l’avait-il mise
au courant ?
— Quand ? demanda-t-elle en essayant de
mettre dans ce simple mot toute la fermeté
dont elle était capable.
Taïs ne parut pas se sentir mal de lui avoir
caché quelque chose d’aussi gros. Elle ne se
sentait jamais mal.
— Il y a un peu plus d’un mois. Kaï à leur
tête.
— Kaï ? Mais non, c’est impossible, je l’ai
vue il y a… il y a…
Elle n’arrivait pas à se rappeler la dernière
fois qu’elle avait vu son amie. Mais ça ne pouvait
pas faire si longtemps. Kaï le lui aurait dit
si les elfes sauvages avaient préparé une rébellion.
Kaï n’aurait jamais accepté de blesser et
encore moins de tuer qui que ce soit.
— Pourquoi personne ne m’a mise au
courant ?
— Ça ne te concernait nullement.
— Ça ne me…
Aïnako sentit la colère l’étouffer, mais elle se
força à se calmer. Elle se mettait trop souvent
en colère et ça ne la menait jamais nulle part.
Ça ne faisait que donner des munitions à ses
détracteurs, à tous les conseillers de Shamguèn
qui la regardaient de haut parce que, selon eux,
elle n’était pas une vraie elfe. Le pire, c’était
qu’ils avaient raison. Pas à cause de son sang
gnome, quoique ça ne devait pas aider, mais
à cause de son éducation humaine. Elle ne
connaissait pas grand-chose du monde des
elfes et ils ne se gênaient pas pour le lui rappeler.
Elle gouvernait peut-être Shamguèn avec
Taïs, mais elle n’était que la seconde reine.
Elle chercha instinctivement Éléssan des
yeux. En tant que commandant de l’armée de
Shamguèn, il devait forcément être au courant.
Il était descendu de son renard et s’était
accroupi à côté du mort. Il posa une main illuminée
d’un halo doré sur ses yeux et les ferma
lentement. Elle s’approcha.
— Il s’appelait comment ? murmura-t-elle
en faisant un effort pour maîtriser sa voix.
Éléssan leva la tête et eut un sourire attristé.
Elle se demanda s’il était triste parce que le gouverneur
était mort ou parce qu’il regrettait de
lui avoir caché la rébellion des elfes sauvages.
— Anlis, répondit-il. Gouverneur des
Boisés Bourgeonnants.
Aïnako se mordit la lèvre. Les choses s’annonçaient
mal pour Kaï. Anlis était l’un des
gouverneurs les plus farouchement opposés
à l’intégration des elfes sauvages au peuple
d’Élimbrel.
— On repart ! annonça Taïs d’un ton impérieux.
Remontez tous sur vos renards.
Éléssan se leva, mais ses yeux ne lâchèrent pas
Aïnako, comme s’il attendait qu’elle confirme
l’ordre. Aïnako regarda encore le mort. Anlis.
Sa gorge se serra.
— Pas sans lui, dit-elle en se tournant vers
la première reine de Shamguèn.
Elle s’obligea à ne pas ciller. Pendant une
seconde, Taïs parut surprise. C’était vrai
qu’Aïnako n’avait pas l’habitude de la contredire.
Ou plutôt elle n’en avait plus l’habitude.
Au début, elle avait essayé de s’imposer et de
faire valoir ses idées, mais, à force de se faire
dire qu’elle n’y connaissait rien, elle avait
appris à se taire et à acquiescer.
Un léger sourire étira les lèvres de Taïs.
— Ce n’est pas à nous de nous en occuper.
Silmaëlle n’aimerait pas que nous nous mêlions
des affaires de son royaume.
Aïnako avala sa salive.
— Mais on ne peut pas le laisser là, tout seul
dans… dans son sang.
Taïs examina le corps du gouverneur, son
visage plus gris que vert, le sang gelé qui
semblait continuer à lui sortir de la gorge.
— Très bien. C’est ta mère, après tout ; tu
t’arrangeras bien avec.
Elle lui adressa un autre sourire fugace. Il
n’y avait aucune complicité dans ce sourire,
mais il n’y avait pas non plus l’ironie à laquelle
Aïnako se serait attendue. C’était un avertissement
: « Tu as gagné pour cette fois, mais ne
t’avise plus de me contredire. »
Le soulagement qui l’envahit fit rapidement
place à une sensation désagréable, proche de
la nausée, mais sans rapport avec le mort. Elle
aurait dû se réjouir de cette petite victoire sur
Taïs, mais un étrange sentiment de honte l’en
empêchait. Cette petite victoire, justement,
lui rappelait qu’elle se laissait habituellement
piétiner par sa grand-mère et ses conseillers.
Elle leva les yeux vers Éléssan et, sans qu’elle
ait besoin de le lui demander, il somma deux de
ses soldats de charger le gouverneur sur un des
renards. Elle ouvrit les ailes et s’envola pour se
poser près du cou de sa monture et enfouir ses
doigts verts dans sa fourrure rousse. L’animal
émit quelques glapissements excités. Il avait
hâte de se remettre en mouvement.
— Tiens donc ! fit Naïké qui chevauchait
à ses côtés. Je croyais qu’elle avait disparu,
l’Aïnako qui voulait changer le monde.
Elle lui rendit machinalement son sourire.
Naïké avait toujours été douée pour lui redonner
sa bonne humeur, mais, depuis quelques
mois, le courant passait un peu moins bien.
Elles étaient toujours amies, elles ne s’étaient
pas disputées, aucun malentendu n’était venu
les séparer, mais quelque chose avait changé
imperceptiblement, sans qu’Aïnako s’en rende
compte. Maintenant, elle ne savait plus quoi
faire pour que tout redevienne comme avant.
— C’était aussi ce que je croyais,
marmonna-t-elle sans savoir si elle en était
ravie ou déçue.

Source: Éditions Michel Quintin
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— Qu’est-ce que vous faites ici ?
Cassandra ne sursauta même pas. Elle se sentait tout
à fait dans son droit.
— Vous êtes monsieur Bradley, n’est-ce pas ? lançat-
elle.
Le fidèle disciple du comte Dracula fronça les sourcils.
Il n’avait jamais vu la jeune femme auparavant, mais
il en avait récemment entendu parler. La description
que lui en avait faite le maître était bonne : la visiteuse
était jolie, grande, avait la peau laiteuse et arborait une
crinière de feu.
— Je m’appelle…
— Je sais qui vous êtes. Je vous ai demandé ce que
vous faisiez ici.
La nouvelle maîtresse de la cohorte du mal se laissa
tomber dans un fauteuil moelleux surdimensionné en
souriant.
— J’attends la livraison de ma fortune, réponditelle.
Enfin… il ne s’agit pas de ma fortune, mais de notre
fortune. Que je fais livrer par bateau. Le magot de la
nouvelle cohorte des vrais vampires. Les vampires du
pouvoir. C’est un beau nom, n’est-ce pas ? C’est moi
qui l’ai trouvé.
La jeune femme avait manifestement bien organisé
son coup. Et pourtant, elle n’avait pas eu beaucoup de
temps pour tout faire.
— Entre-temps, je profite de mes nouveaux quartiers
généraux. Quelle chance, tout de même, que le comte
Dracula ait abandonné dans mon pays natal cet
immense manoir construit sur une falaise donnant sur
l’Atlantique. Non ?
Bradley ne fut pas surpris du culot de la jeune femme.
On l’avait préparé.
— Dracula n’a pas abandonné la maison, mademoiselle.
Il l’a fait construire il y a moins de dix ans. Cette
demeure représente l’ère nouvelle de la famille des
vampires.
Cassandra inspira profondément.
— Et j’incarne justement cette nouvelle génération
qui redonnera à la grande famille des vampires ses
lettres de noblesse. N’en déplaise au comte, il n’a plus
l’autorité qu’il détenait auparavant.
— Là-dessus, vous avez raison.
Les yeux de Cassandra s’écarquillèrent. Jamais elle
n’aurait cru qu’un des laquais de Dracula remettrait en
question le pouvoir du « Tout-puissant » sur la cohorte.
Pour le peu qu’elle en savait, Bradley, Cartwright et
Dumitru étaient des purs et durs.
— Qu’est-ce qui me vaut l’honneur de votre visite,
monsieur Bradley ?
L’homme de main de Dracula eut un petit sourire,
mais se garda bien de répondre. Cassandra sourit à son
tour et se leva ; elle venait soudainement de passer en
mode séduction.
— On ne m’avait pas dit à quel point vous étiez…
agréable pour l’oeil. J’ai toujours beaucoup apprécié les
hommes d’âge mûr.
Tout en laissant Cassandra caresser ses bras et ses
épaules, Bradley répliqua :
— Mais vous ne vous gênez pas pour séduire des
mineurs non plus.
Cassandra tiqua.
— Vous parlez de Milos ? Disons que le fils de
Dracula n’a probablement rien à envier à son père au
niveau de la séduction. Milos est un charmeur invétéré
qui ne pourra jamais joué la pauvre victime entraînée
dans le vice sans son consentement. Mineur ou pas,
il n’a rien d’innocent… si vous voyez ce que je veux
dire.
Bradley se contenta de sourire.
— Je crois que nous pourrions faire de grandes
choses ensemble, poursuivit Cassandra. Mon rêve le
plus cher est que nous soyons vraiment une grande
famille toute-puissante ; mais Milos, Elizabeth et même
la petite Sarah semblent déterminés à… vivre de jour, si
vous me permettez l’expression. Ils veulent rester dans
la lumière, faire le bien, alors que ceux de notre race
sont nés pour vivre dans la noirceur, dans l’ombre, dans
le pouvoir… Et qui dit « pouvoir » dit « mal », n’est-ce
pas ?
— Aucun doute là-dessus.
Agréablement surprise par la réponse de Bradley,
Cassandra passa ses doigts dans les cheveux poivre et
sel de son interlocuteur et lui gratta le cuir chevelu du
bout de ses ongles rouges avant de plaquer sa bouche
sur celle de Bradley. Leur baiser fut rapidement interrompu
par une voix masculine.
— Cassandra...
Cette dernière se retourna et sourit au jeune homme
qui venait d’entrer dans l’immense boudoir à aire
ouverte dont les fenêtres donnaient sur la mer.
— Bonjour, Cristian, mon prince. Monsieur Bradley,
je vous présente Cristian Dragomir, mon nouvel
amoureux… et mon bras droit.
Les deux hommes se regardèrent en souriant.
— Le monde est petit, n’est-ce pas ? dit le magnifique
jeune Apollon à la chevelure d’ébène en s’approchant
de Bradley, la main tendue. Il y a longtemps que
je ne vous ai vu, père. Je suis heureux de constater que
Cassandra a réussi à vous convaincre de vous joindre à
nous.


Transylvanie, 5 novembre
— Wake up, sleepy head 1 ! souffla une voix féminine à
l’oreille de Milos en caressant l’intérieur de sa cuisse
sous les draps.
Milos avait enfin pu profiter d’un sommeil réparateur.
Comme les dernières semaines avaient été éprouvantes !
Le jeune homme marmonna en s’éveillant lentement.
La main qui le flattait était douce et habile. Pourquoi
ouvrir les yeux ? Pourquoi ne pas faire le pacha encore
quelques minutes ?
— Océane…
Toute la nuit, le fils de Dracula avait rêvé à son
amoureuse qu’il n’avait pas vue depuis… depuis
combien de temps ? Quelques jours. Oui. Quelques
jours qui lui avaient paru une éternité. Il y avait bien
eu quelques messages textes, quelques conversations
téléphoniques, mais… Maintenant, elle était là. À côté
de lui, dans son lit.
— Je t’aime.
Réveille-toi, paresseux !
La déclaration d’amour de Milos fut accueillie par
un soupir.
— Comme j’aurais aimé que tu me dises ça pour
vrai…
Milos ouvrit instantanément les yeux.
— Cassandra ?
Il se tira du lit comme si les draps avaient été en feu.
— Wo ! Depuis quand je te fais peur comme ça,
Milos ? En tout cas, je suis contente de voir que je te
fais encore de l’effet.
Le jeune homme fut heureux de constater qu’il avait
décidé de dormir en t-shirt et en boxer. Il se détourna
de l’intruse et alla chercher le peignoir qui l’attendait
sur le portemanteau. Tentant de remettre ses idées en
place, il se questionna. « Qu’est-ce qui se passe ? Quel
jour sommes-nous ? Est-ce que… Mais non ! Je n’ai pas
bu hier soir. Je n’ai pas fait l’amour avec Cassandra. Je
ne me suis pas endormi avec elle ! »
— Qu’est-ce que tu fais ici ?
La jeune rousse gloussa en se laissant retomber sur
le dos.
— Tout le monde me pose cette question ces jours-ci.
Ça devient lassant. Comme si je n’avais plus ma place
nulle part. Je suis venue te chercher, qu’est-ce que tu
crois ?
— Me chercher ? Je n’ai aucune intention d’aller où
que ce soit avec toi. Après tout ce que tu as fait !
— Ah ! Allez-vous tous me mettre les maux de la
planète sur le dos ? J’ai seulement fait ce qu’il fallait
pour que la vie soit moins monotone, moins terne. J’ai
réglé des choses qui traînaient, j’ai fermé des dossiers.
Milos ne reconnaissait vraiment plus la jeune femme
qu’il avait connue à New York.
— Océane n’était pas un dossier !
— Justement, oui ! Tu n’avais pas terminé ce que tu
avais commencé.
— MAIS J’ALLAIS LE FAIRE ! Tu n’avais pas à
t’en mêler.
Cassandra poussa un soupir pour marquer son
agacement.
— J’ai mis du piquant dans vos vies. Et je suis bien
obligée d’avouer que tu as du goût, Milos Menzel.
Ce dernier leva les yeux au plafond.
— Et pourquoi es-tu revenue ici ? Tu as vraiment du
culot.
Dans sa tête, le fils de Dracula tenta de se rappeler
la date du jour. Le dimanche 5 novembre ?
Cassandra avait volé l’or avec ses sbires dans la
nuit du 1er au 2 novembre, et voilà qu’elle était déjà
de retour au château ? Où était passée cette fortune ?
Qu’en avait-elle fait et pourquoi était-elle maintenant
dans son lit ?
— Oh là là ! Ce qu’il y en a, des questions, dans cette
belle tête !
Comme c’était agaçant d’être en présence de
quelqu’un qui pouvait lire dans ses pensées ! Parler,
parler, parler pour éviter que les pensées secrètes se
transmettent…
— Cassandra, qu’est-ce que tu es devenue ? Tu étais
si gentille, si empathique, si généreuse…
La nouvelle souveraine des vampires du mal quitta
le lit.
— Je ne sais pas de qui tu parles, Milos, mais ce n’est
certainement pas de moi. Je suis une passionnée, une
ambitieuse, une fille forte qui sait ce qu’elle veut et qui
ne recule devant rien. Quand je désire quelque chose,
je vais le chercher. Quand ce n’est pas possible…
Elle s’interrompit un instant avant de conclure.
— … je m’arrange pour que cela le devienne.
Milos tenta de l’amadouer, de lui faire entendre
raison.
— Nous avons connu de beaux moments ensemble,
non ?
— Tu sais bien que oui, mais c’était avant que tu
t’attaches trop à ton Océane. J’étais très à l’aise à l’idée
de te partager avec une autre… ou deux autres… ou
même avec Matthew…
Milos secoua la tête.
— Ne parle pas de lui. He’s off limits 2.
Lui, tu n’y touches pas.
Cassandra écarquilla les yeux.
— Qu’est-ce que ça veut dire, ça ? Tu es qui ? Le
petit frère protecteur ? Le colocataire zélé ? L’amant
jaloux ?
— Arrête, Cass.
— Tu m’ennuies tellement avec ta petite vie rangée
de bon garçon. La vie – ou la mort, c’est selon – t’offre
tous ces pouvoirs, toutes ces possibilités… l’éternité…
et toi, tu n’en fais rien. Quel gaspillage !
— Va-t’en !
— Tu aurais pu être mon roi, mais je crois que je suis
beaucoup mieux avec Cristian.
Le cerveau de Milos fut instantanément envahi
d’interrogations. De qui Cassandra parlait-elle ?
Comment avait-elle pu se faire un amoureux si rapidement
? Était-ce quelqu’un qu’elle avait connu auparavant
ou un nouveau venu dans sa vie ? Était-il déjà dans
la cohorte ? L’avait-elle elle-même vampirisé ou était-il
déjà un vampire lorsqu’elle l’avait rencontré ?
Cassandra se mit à rire. La mention du prénom de
son nouvel acolyte avait eu l’effet escompté.
— Wo, wo, wo, encore une tonne de questions ! Pas
de doute : je t’intéresse sérieusement, hein, Milos ?
Le fils de Dracula tenta de camoufler ses réflexions
en pensant très fort à Océane. Pour dérouter Cassandra,
il se concentra sur la nuit qu’il avait passée avec
son amoureuse lorsqu’ils s’étaient réconciliés.
— Wow, très sexy, Milos, mais… too much information 3.
Milos ne put s’empêcher de sourire, heureux d’avoir
déstabilisé Cassandra.
On frappa à la porte.
— Milos ? C’est Sarah. Tu viens déjeuner ?
Milos se tourna vers Cassandra ; les yeux écarquillés,
il plaça un doigt devant sa bouche. La grande rousse
répondit par un sourire narquois.
— Pourquoi tu ne veux pas que ta petite soeur
m’entende ? Tu as quelque chose à cacher ? Tu ne veux
pas qu’elle sache que nous avons couché ensemble ?
Milos fusilla Cassandra du regard.
— Milos ? dit encore Sarah.
— J’arrive dans quelques minutes ! répondit-il en
s’assurant que sa voix porterait de l’autre côté de la
porte.
— Monsieur Morneau a préparé tout un festin, tu
vas voir.
— Comme d’habitude, hein ? fit Milos en ajoutant
une fausse gaieté dans sa voix, question de ne pas
éveiller de soupçons chez sa petite soeur.
— Fais ça vite. On t’attend.
Milos s’approcha de la porte pour entendre les pas de
Sarah s’éloigner.
un peu trop de détails à mon goût.
— Pourquoi tu ne l’as pas encore fait entrer dans la
cohorte ?
La question lui coupa le souffle. Jamais il n’aurait
pensé faire une telle chose et Cassandra venait de lui
poser la question comme si ça avait été l’affaire la plus
banale du monde.
— Quoi ? Mais tu es folle ! Jamais !
La jeune femme s’approcha de lui comme un fauve
cernant sa proie.
— Ne serait-ce pas ton devoir en tant que grand
frère ?
Éberlué, Milos bafouilla :
— Sarah NE veut PAS devenir vampire. Elle l’a dit
clairement. Jamais je ne trahirai sa confiance.
— Qui parle de trahir sa confiance ? Pauvre petite !
Jamais je ne suggérerais une chose pareille. Je parle de
la convaincre d’entrer dans la cohorte de son plein gré…
puis de procéder toi-même pour éviter que ce soit fait
par quelqu’un d’autre qui serait moins délicat que toi.
Milos agrippa vigoureusement Cassandra par les
replis de sa redingote et plongea son regard dans le
sien.
— Ne t’avise JAMAIS de toucher à ma soeur, Cassandra.
Sinon, tu auras affaire à moi.
— Calme-toi, darling. Je n’ai aucune intention…
maléfique.
Le fils de Dracula savait que, même s’il n’arrivait pas
à lire dans les pensées de son ancienne amante, il ne
devait pas se fier à ses paroles. Comment Cassandra
parvenait-elle à contrôler si bien son activité cérébrale
pour qu’il ne puisse pas savoir ce qu’elle pensait ?
— Un petit baiser pour la route ?
Milos relâcha son emprise.
— Dommage… souffla Cassandra. Alors je garderai
mes baisers pour Cristian. Lui, il sait les apprécier.
La magnifique rouquine se dirigea vers l’immense
fenêtre à guillotine qui, dans la suite de Milos, donnait
sur le versant ouest de la montagne. Elle la souleva
comme s’il se fût agi d’une plume d’oie et se tourna
vers le jeune homme. Ses vêtements et sa chevelure se
mirent instantanément à danser dans le vent glacial
de l’automne transylvanien. Elle sourit à Milos et lui
souffla un baiser avant d’enjamber le châssis et de
disparaître dans le vide.
Rapidement, Milos alla fermer la fenêtre, plus glacé
par les menaces à peine voilées de Cassandra que par
le froid qui entrait dans sa chambre.
Il la vit disparaître au loin dans le ciel nuageux.


Killester, 5 novembre
— Le numéro que vous avez composé n’est pas en service.
Veuillez vérifier le numéro et composer de nouveau. Ceci est un
message enregistré.
— Quoi ? Mais c’est impossible. J’ai déjà laissé une
dizaine de messages.
Marcy Jennings n’avait pas pris beaucoup de temps
à apprendre par coeur le numéro du cellulaire d’Elizabeth.
Et depuis que la fille de Dracula l’avait vampirisée
– davantage par dépit et par exaspération qu’autre
chose –, Marcy se sentait encore plus en communion
avec elle malgré leur désagréable altercation aux
funérailles de Molly, qu’elle faisait tout pour oublier.
Elle composa de nouveau le numéro. Encore une
fois, la voix préenregistrée lui annonça que le numéro
n’était pas en service. Marcy poussa un cri de rage et
lança son téléphone contre le mur de sa chambre.
— Elizabeth ! Pourquoi tu me fais ça ?
Elle se dirigea vers son ordinateur et chercha le nom
d’Elizabeth sur FriendsPage. Lorsqu’elle réalisa qu’il
n’apparaissait plus dans sa liste d’amis, elle tenta de
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date : 03-03-2012
LE PROF PARLAIT de la guerre de Sécession quand, tout à coup, il disparut.

Là, sous leurs yeux.

Plus personne.

Le temps d'un claquement de doigts. Sam Temple était assis en cours d'histoire, le yeux fixés sur le tableau noir, mais dans sa tête il était loin, sur la plage, avec Quinn. La planche sous le bras, en train de donner du courage avant le premier plongeon dans les eaux glacées du Pacifique.

Pendant un instant, il crut que son imagination lui jouait des tours. Il avait dû rêver les yeux ouverts.

Il se tourna vers Mary Terrafino, assise à sa gauche.

– T'as vu ça ? Mary scrutait l'endroit où le professeur se tenait quelque secondes plus tôt.

– Euh, il est passé où, M. Trentlake ? Demanda Quinn Gaither, le meilleur ami de Sam, son seul ami, peut- être.

Quinn était assis juste derrière. Tous deux préféraient s'asseoir à côté de la fenêtre parce que, certains jours, en choisissant le bon angle, on arrivait à distinguer un petit bout de mer scintillante entre le bâtiment de l'école et les maisons voisines...



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