Ajouter un extrait
Liste des extraits
Le système scolaire produisant de plus en plus de coureurs, sauteurs, pilotes de course, bricoleurs, escamoteurs, aviateurs, nageurs, au lieu de chercheurs, de critiques, de savants, de créateurs, le mot “intellectuel” est, bien entendu, devenu l’injure qu’il méritait d’être.
Afficher en entierAvec l’âge, tu apprendras une leçon importante: la plupart des gens passent leur vie à espérer qu’on leur offre une seconde chance. Ne sois pas comme eux, Michael.
Afficher en entier« Et ça sert à quoi ?
— Si ça déteint, c’est que je suis amoureuse. Alors ? »
Il n’avait guère d’autre choix que de regarder.
« Eh bien ? dit-elle.
— Vous avez le dessous du menton tout jaune.
— Chouette ! Essayons sur vous maintenant.
— Ça ne marchera pas avec moi.
— Attendez. »
Avant qu’il ait pu faire un geste elle lui avait appliqué la fleur de pissenlit sous le menton. Il eut un mouvement de recul et elle éclata de rire.
« Ne bougez pas comme ça ! » Elle lui examina le menton et fronça les sourcils.
« Alors ? demanda-t-il.
— Quel dommage. Vous n’êtes amoureux de personne.
— Mais si !
— Ça ne se voit pas.
— Je suis même très amoureux ! » Il s’efforça d’évoquer un visage pour confirmer ses paroles, mais en vain.
« Je vous assure !
— Je vous en prie, ne faites pas cette tête.
— C’est votre pissenlit. Tout s’est déposé sur votre menton. C’est pour ça que ça que ça ne marche pas avec moi.
Afficher en entier« Après tout, on vit à l’époque du kleenex. On fait avec les gens comme avec les mouchoirs, on froisse après usage, on jette, on en prend un autre, on se mouche, on froisse, on jette. Tout le monde se sert des basques du voisin. Comment soutenir l’équipe locale quand on n’a pas le programme et que l’on ne connaît pas le nom des joueurs ? Par exemple, de quelle couleur sont leurs maillots quand ils pénètrent sur le terrain ? »
Afficher en entierp. 212 - 213
Montag se mit en marche vers le nord et, au bout d'un moment, s'aperçut que les autres s'étaient rangés derrière lui. Surpris, il s'écarta pour laisser passer Granger, mais celui-ci le regarda et lui fit signe de continuer. Montag reprit la tête de la colonne. Il regardait le fleuve, le ciel et les rails rouillés qui s'enfonçaient dans la campagne, là où se trouvaient les fermes, où se dressaient les granges pleines de foin, où des tas de gens étaient passés de nuit, fuyant la cité. Plus tard, dans un mois, six moi, mais certainement pas plus d'une année, il reprendrait ce chemin, seul, et continuerait de marcher jusqu'à ce qu'il rejoigne tous ces gens.
Mais pour le moment une longue matinée de marche les attendait, et si les hommes restaient silencieux, c'était parce qu'ils avaient largement matière à réfléchir et beaucoup à se rappeler. Plus tard, peut-être, au cours de la matinée, quand le soleil serait plus haut et les aurait réchauffés, ils se mettraient à parler, ou simplement à dire ce dont ils se souvenaient, pour être sûrs que c'était bien là, pour être absolument certains que c'était bien à l'abri en eux. Montag sentait la lente fermentation des mots, leur lent frémissement. Et quand viendrait son tour, que pourrait-il dire, que pourrait-il offrir en ce jour, pour agrémenter un peu le voyage ? Toutes choses ont leur temps. Oui. Temps d'abattre et temps de bâtir. Oui. Temps de se taire et temps de parler. Oui, tout ça. Mais quoi d'autre ? Quoi d'autre ? Quelque chose, quelque chose...
[Des deux côtés du fleuve était l'arbre de vie qui porte douze fruits et donne son fruit chaque mois ; et les feuilles de cet arbre sont pour guérir les nations.]
Oui, se dit Montag, voilà ce que je vais retenir pour midi. Pour midi...
Quand nous atteindrons la ville.
Partie entre crochets correspond au passage en italique dans le roman.
Afficher en entierCeux qui ne construisent pas doivent brûler. C'est vieux comme le monde...
Afficher en entierLes pompiers à l'ancienne sont devenus obsolètes. Ils se sont vu assigner une tâche nouvelle, la protection de la paix de l'esprit ; ils sont devenus le centre de notre crainte aussi compréhensible que légitime d'être inférieur : censeurs, juges et bourreaux officiels. Voilà ce que vous êtes, Montag, et voilà ce que je suis.
Afficher en entierNous ne naissons pas libres et égaux, comme le proclame la Constitution, on nous rend égaux. Chaque homme doit être l'image de l'autre, comme ça tout le monde est content ; plus de montagnes pour les intimider, leur donner un point de comparaison. Conclusion ! Un livre est un fusil chargé dans la maison d'à côté. Brûlons-le.
Afficher en entierCe n’est pas de livres que vous avez besoin, mais de ce qu’il y avait autrefois dans les livres. […] Les livres n’étaient qu’un des nombreux types de réceptacles destinés à conserver ce que nous avions peur d’oublier. Ils n’ont absolument rien de magique. Il n’y a de magie que dans ce qu’ils disent, dans la façon dont il cousent les pièces et les morceaux de l’univers pour nous en faire un vêtement.
Afficher en entierAuteurs – emplis de pensées malfaisantes – verrouillez vos machines à écrire. Et ils l’ont fait. Les magazines sont devenus de charmants mélanges de tapioca à la vanille. Les livres – comme disaient ces maudits critiques snobinards – étaient du jus de chaussettes. Pas étonnant que les livres ne se vendaient plus, disaient les critiques. Mais le public – sachant ce qu’il voulait, tournant gaiement, laissa les comics survivre. Et les revues pornographiques en trois dimensions, bien sûr. Voilà, Montag. Ça ne provenait pas du gouvernement. Il n’y a pas eu de diktat, pas de déclaration, pas de censure, pour commencer, non ! La technologie, l’exploitation de masse et la pression des minorités ont porté le truc, Dieu merci.
Afficher en entier