Extraits

C’était quoi son problème, bordel ? Il allait épouser combien de personnes, exactement ?

En serrant la main de Jamie, il s’émerveilla de la douceur de sa peau et du son mélodieux de sa voix.

– Jamie, installez-vous, je reviens dans une minute. Papa, pas un seul mot avant mon retour.

Cameron traversa le couloir au pas de course, fit irruption dans le bureau de Logan, contourna la table, agrippa la main de son frère et le tira vers l’extérieur.

– Cameron, qu’est-ce que tu fous ? protesta le jeune homme.

– Logan, suis-moi dans le bureau de papa. Fais-moi confiance. Tu me remercieras plus tard.

Logan poussa un soupir et finit par abdiquer en se rendant à l’évidence : il n’était pas assez grand pour tenir tête à Cameron.

Ils firent une pause devant la porte de Samuel.

– Cam, je n’aiderai pas notre père à rouler ce type dans la farine, OK ?

– Moi non plus, Lo. Crois-moi, ce n’est vraiment pas mon objectif ! Allez, entre avec moi…

– D’accord, je te suis.

Cameron ouvrit la porte et s’effaça pour laisser passer Logan.

Il eut du mal à réprimer un petit sourire en découvrant l’expression de son frère lorsque ce dernier posa les yeux sur Jamie.

– Désolé, j’ai pensé qu’un regard impartial ne serait pas de trop. Jamie, voici Logan Danes, annonça Cameron poliment.

Il attendit une réaction de son frère, mais ce dernier restait figé sur place, bouche bée, les yeux écarquillés, obnubilé par le jeune homme.

Cameron dut se mordre la langue pour ne pas charrier son frère.

Logan avait un truc avec les hommes, un charisme naturel. Et ses yeux couleur miel ainsi que son sourire renversant faisaient craquer toute la gent masculine.

Mais de toute évidence Jamie le prenait de court, ce que Cameron pouvait parfaitement comprendre. C’était bien pour cela qu’il avait traîné Logan jusqu’ici.

– Hum, voyons… dis-moi quelque chose, ce que tu veux, au hasard, proposa Logan d’un ton enjoué.

– Comme ça ?

– Oui.

– Alors, hum… Les fourmis basculent sur le flanc droit quand elles sont ivres.

L’air interdit de Logan lui donnait des allures de personnage de dessin animé.

– Mais non, un truc sur toi, personnel !

– Personnellement, je trouve fascinant que les fourmis basculent sur leur flanc droit quand elles sont ivres, répéta Jamie en souriant.

– Tu te crois drôle, hein ?

– Il paraît que j’ai un certain talent, oui, répondit-il d’un ton suffisant.

Ils restèrent un court instant à se fusiller du regard avant d’éclater de rire, oubliant momentanément les souvenirs difficiles pour échanger des histoires drôles.

Si seulement la vie pouvait être aussi évidente que dans la tête d’un garçonnet de cinq ans. Trouver un petit ami. Tomber amoureux. En faire une Tortue Ninja et sauver le monde. Simple comme bonjour.

« Logan resta immobile, jusqu’à ce qu’un sourire béat illumine son visage. Il rejoignit sa voiture d’un petit pas léger.

Jamie était beau, sexy, timide et tellement attirant que Logan en avait le tournis. Il avait déjà ressenti du désir. Pour tous les hommes avec qui il avait couché. Mais avec Jamie, c’était une autre histoire : il voulait le voir souriant, heureux, détendu, en sécurité. Ce sentiment protecteur le perturbait.

Logan était un libertin, tout le monde le savait. Mais pour autant il n’avait jamais cessé de croire en l’amour et ne faisait pas partie de ceux qui couchaient par pur ressentiment et amertume. Il le faisait pour s’amuser.

Mais il avait décidé depuis longtemps que son cœur resterait ouvert à la possibilité de rencontrer la bonne personne, et qu’alors il accepterait de le lui offrir.

Lorqu’il avait rencontré Jamie, il avait découvert un homme d’une grande beauté et l’avait désiré. Mais en discutant avec le jeune couturier à l’instant, il avait comprit qu’il était bien plus qu’un simple corps appétissant.

Il était spécial.

Et il appartenait à Logan, même s’il était encore très loin de s’en douter. »

Quelque part dans la ville de Fairfield, dans l'Ohio, il y a une maison. Une maison comme une autre, petite sans être exiguë, ne datant pas d'hier mais avec une façade toute propre. Elle n'est pas particulièrement jolie, pourtant elle se démarque des autres demeures de cette rue étroite...

- Je retire ce que j'ai dit... Tu as le droit de dire des gros mots et de le traiter de trou du cul, plaisanta-t-il pour détendre l'atmosphère.

Mais Jamie n'avait pas envie de passer l'éponge ni de retrouver le sourire.

- Merci, Max.

Il aurait dû se douter que son patron n'allait pas le laisser se complaire dans la colère et le ressentiment.

- À ce propos, je croyais que les gays aimaient les trous du cul. Aurais-je mal lu la brochure ? poursuivit le vieil homme malicieusement en gratifiant Jamie d'un coup de coude.

Ils restèrent enlacés en silence pendant quelques instants, Damian roulé en boule tandis que Jamie fredonnait une chanson que sa mère lui chantait dans leurs moments de calme. Damian leva le menton pour regarder son frère.

– Jamie ?

– Oui, Leo ?

– Je crois que tante Rebecca a raison.

– À quel sujet ?

– C’est vrai que tu es trop génial. Et Logan a vraiment envie de t’embrasser. Je l’ai vu, affirma-t-il en se pelotonnant contre son frère.

– Je te remercie pour le compliment. Mais, Damian, tu ne devrais pas dire des choses pareilles sur Logan.

Jamie poussa un profond soupir. Il aurait tellement aimé avoir de nouveau cinq ans, l’âge auquel la décision de laisser passer quelqu’un en premier au toboggan valait une déclaration d’amour.

– Pourquoi ? protesta Damian en fronçant les sourcils.

Il ne comprenait pas pourquoi les adultes faisaient un plat d’un tout et d’un rien. Logan aimait Jamie et Jamie ferait bien d’aimer Logan lui aussi parce que ça marchait comme ça et pas autrement et ils feraient bien de s’embrasser et puis c’est tout.

– Parce que c’est un peu plus compliqué que d’avoir simplement envie d’embrasser quelqu’un, loupiot. Tu verras en grandissant : ce n’est pas parce que tu aimes bien quelqu’un que cette personne est faite pour toi, expliqua Jamie, avec l’étrange impression que cette conversation intervenait dix ans trop tôt.

– Mais tu l’aimes bien, Logan, non ?

– Oui, il est gentil et drôle, mais ça ne veut rien dire parce que je ne le connais pas si bien que ça.

Jamie était de plus en plus gêné par la tournure de la discussion. Était-il réellement en train de causer petit copain avec son frère de cinq ans ? Damian était beaucoup trop malin pour son âge.

– Dans ce cas, tu devrais lui poser des questions, objecta Damian d’une voix pleine de sagesse.

– Sur quoi par exemple ?

– Je sais pas. Sur plein de trucs. Ce qu’il aime manger, les films qu’il aime bien. Regarde, tu sais déjà qu’il aime bien les Power Rangers et c’est pas bien parce que toi tu préfères les Tortues Ninja, non ?

– Oui, je les adore.

Il les haïssait. Violemment.

– Alors, tu le feras ?

– On verra. Si je le revois et qu’on discute, je lui poserai peut-être des questions. Ça te va ?

Jamie s’esclaffa devant le hochement de tête survolté de Damian, sachant parfaitement qu’il désirait plus que tout au monde faire la connaissance de Logan. Et pas seulement en tant qu’ami.

 Il détestait être encore plus maigre qu’avant. Il détestait acheter des jeans encore plus petits et il détestait ses clavicules pointues.

Mais quand on prenait la tête d’une famille monoparentale à l’âge de dix-huit ans, le stress, l’angoisse et les responsabilités vous avalaient tout cru. Il en avait parfaitement conscience le jour où il avait répondu à l’assistante sociale d’aller se faire foutre après que cette dernière avait proposé de placer Damian en famille d’accueil. Elle disait qu’il était trop jeune pour se souvenir et qu’il pourrait avoir une vraie vie dans une nouvelle famille en oubliant complètement qui étaient ses parents, son frère, et la perte qu’ils avaient subie. 

« – Jamie, installez-vous, je reviens dans une minute. Papa, pas un seul mot avant mon retour.

Cameron traversa le couloir au pas de course, fit irruption dans le bureau de Logan, contourna la table, agrippa la main de son frère et le tira vers l’extérieur.

– Cameron, qu’est-ce que tu fous ? protesta le jeune homme.

– Logan, suis-moi dans le bureau de papa. Fais-moi confiance. Tu me remercieras plus tard.

Logan poussa un soupir et finit par abdiquer en se rendant à l’évidence : il n’était pas assez grand pour tenir tête à Cameron.

Ils firent une pause devant la porte de Samuel.

– Cam, je n’aiderai pas notre père à rouler ce type dans la farine, OK ?

– Moi non plus, Lo. Crois-moi, ce n’est vraiment pas mon objectif ! Allez, entre avec moi…

– D’accord, je te suis.

Cameron ouvrit la porte et s’effaça pour laisser passer Logan.

Il eut du mal à réprimer un petit sourire en découvrant l’expression de son frère lorsque ce dernier posa les yeux sur Jamie.