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"Un amour de pas beau" de Gilles Chevallier :
"Les deux individus qui titubaient sur la route balayée par les tourbillons de poussière, semblaient pourtant avoir bu plus que de raison, et braillaient à tue-tête une chanson fort grivoise, dont la bienséance m'interdit de vous transmettre les paroles.
Avançant bras dessus, bras dessous, les deux titans trimbalaient avec eux une statue dont les pieds avaient dû rester sur le socle d'où on l'avait arrachée.
À leur approche, les lumières rouges de l'antique maison close s'étaient éteintes, et portes et volets s'étaient fermés dans la précipitation, sans pour autant émettre le moindre bruit.
Sans doute terrés derrière ces protections illusoires, les tenanciers devaient trembler de terreur, en observant par les planches disjointes, le troll massif et le démon mineur qui circulaient bruyamment, allant d'un bord à l'autre de la chaussée en se soutenant mutuellement."
Et un petit deuxième pour faire le chemin ensemble :
" – Les trajets c'est mon affaire, proclama la fée en se levant. Allez, debout les gros.
– Elle sent le poisson, la petite, j'en grignoterais bien un bout ! gouailla le troll alors que la fée transportait les deux balourds par la peau du dos.
– Ça doit pouvoir voler sans cuisses ces p'tites bêtes, mais ce serait de la gourmandise parce que c'est pas ça qui risque de nous caler l'estomac.
C'est goûtu, les fées ?
– J'en sais rien, faut juste espérer que ça soit pas contagieux, parce que celles que j'ai croisées avant, étaient complètement tarées.
– Je vous signale que j'entends tout ce que vous dites !
– C'est pas grave, parce que tu ne peux déjà plus te passer de nous, de toute façon !"
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