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Extrait

Extrait ajouté par Stephanelefort 2016-12-24T18:09:37+01:00

Ici la nuit est profonde et noire de monde. Ma mère marche sur la lande, comme une fée somnambule. Antoine et Nicolas, Lorette et les autres dansent autour des flammes, les yeux clos et le visage tendu vers le ciel. Léa se tient tout au bord, sur la pointe des pieds comme sur un fil, à deux doigts du vide, funambule, équilibriste.

J'avais onze ans quand ma mère est morte. Trois jours plus tôt, elle sortait de l'hôpital et la lumière éclaboussait tout. Elle y avait passé les six derniers mois et nous n'avions pas eu le droit de la voir. La pièce d'eau, les bancs alignés, le grand bouleau qui frissonnait près de la bâtisse, le sapin au milieu de la pelouse, les cerisiers en fleur, j'ai tout gardé en mémoire imprécise.

On l'attendait dans la voiture, mon père au volant de sa Ford Granada grise, mon frère et moi blottis silencieux à l'arrière. Le skaï alvéolé nous collait aux cuisses, marquait nos peaux moites. Mon père tapotait du bout des doigts sur le tableau de bord, tripotait le fanion PSG qui pendait du rétroviseur, se retournait de temps en temps et nous ordonnait sèchement, alors que nous ne respirions qu'à peine, de rester sages. Antoine hochait la tête et je l'imitais. Puis je fermais les yeux et le soleil mordait ma joue.

Soudain mon père est sorti de la voiture, je me suis redressé et le jour m'a ébloui. J'ai refermé les yeux puis les ai rouverts, et au loin je l'ai vue. De l'autre côté des grilles de fer, elle marchait vers nous, impassible et transparente. Pâle et vêtue d'un long manteau rouge, le bras droit en écharpe et la main bandée, elle paraissait ne pas nous voir. Elle s'approchait lentement, bien au milieu de la grande allée, minuscule et seule dans le parc immobile. Tout y semblait statufié, les arbres et les jets d'eau, comme si le temps s'était arrêté en un perpétuel hiver. En voyant mon père, elle n'a pas eu la moindre réaction. Ils se sont embrassés du bout des lèvres, peut-être même ne se sont-ils pas touchés, à peine effleurés. Il s'est saisi de sa valise. Elle a allumé une cigarette. Elle avait maigri et son visage se troublait derrière les volutes. Antoine me serrait le poignet et j'écoutais son souffle court. Suspendus, nous la fixions du regard. La chaleur dans l'habitacle était insupportable. Les cheveux de mon frère collaient à son front en mèches sombres, à sa nuque en boucles noires. Elle est montée dans la voiture sans nous embrasser. Un long moment elle n'a pas bougé et ses yeux fixaient la route, les champs au loin, ou bien elle les fermait. Puis elle s'est tournée vers nous, et nous a lancé un semblant de sourire. J'ai cessé de respirer, et mon cœur s'est tordu comme une vieille éponge. J'attendais que ses lèvres articulent un mot, mais rien n'est venu. Son regard nous a quittés et mon père a démarré. Elle n'a rien dit quand il s'est engagé sur l'autoroute.

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