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Dans les régions occupées par les militaires soulevés contre la République, toute la racaille et tous les opportunistes s'empressaient de revêtir la chemise bleue et d'adhérer au dénommé "Mouvement national". Avec un peu de piston et un peu de chance, appartenir aux milices de la Phalange était le moyen idéal de rester à l'écart des combats. Des embusqués, disait-on. Ces patriotes d'occasion pouvaient impunément régler leurs comptes avec leurs voisins, dénoncer les suspects, piller leurs maisons, et même leur tirer dessus à la lumière des phares d'une voiture, sur le bas-côté d'une route. Depuis les premiers jours de la guerre, les autorités militaires déléguaient la répression la plus brutale à des gens de cette sorte. Qui n'avaient pas grand chose à voir avec les centuries phalangistes qui combattaient véritablement, laissant leur peau dans le nord du pays ou autour de Madrid.
Afficher en entierUn orchestre militaire jouait Soupirs d'Espagne quand Lorenzo Falcó entra dans la salle. Le patio couvert du Casino, installé dans un palais du XVIe siècle, était éclairé avec un excès qui démentait l'austère économie de guerre préconisée par les ordonnances nationales. Comme il s'y attendait, il vit de nombreux uniformes, bandoulières, bottes lustrées et gaines de pistolet luisantes coquettement arborées au ceinturon par leurs possesseurs. Les militaires, remarqua-t-il, pour la plupart des gradés de haut rang, capitaines et en-delà, portaient presque tous des insignes de l'état-major ou de l'intendance, mais on remarquait aussi quelques bras en écharpes et des décorations récentes obtenues sur le champ de bataille au cours de ces journées où les nouvelles de la guerre s'étalaient dans la presse et où les combats autour de Madrid se déroulaient avec un acharnement extrême.
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