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Commentaires de livres appréciés par BooksFan-ny

Extraits de livres appréciés par BooksFan-ny

« L'épidémie dansante de 1518 » est un cas de manie dansante observé à Strasbourg, où l'on a pu noter que de nombreuses personnes dansaient sans se reposer durant plus d'un mois (certaines d'entre elles décédèrent de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral ou d'épuisement).

Avant que je n'entende parler de "La danse des damnées" de Kiran Millwood Hargrave, je ne connaissais rien de cet événement. Cela a commencé avec une personne, Frau Troffea. Peut-être avait-elle perdu la raison, peut-être avait-elle été contaminée par l'ergot du seigle ou un champignon hallucinogène ? Certains avancent l'idée d'une transe religieuse collective instiguée par les pressions subies par le petit peuple, plutôt que la folie ou un empoisonnement massif. Nul ne sait finalement, mais quoi qu'il en soit, Frau Troffea s'est mise à danser sans discontinuer, sans que personne réussisse à l'arrêter, et ce sont des centaines de personnes qui l'ont suivie, petit à petit, en seulement un mois.

Et c'est dans ce contexte que débute l'histoire de Lisbet, pendant un été particulièrement chaud à Strasbourg, et que la vie n'a pas gâtée. Alors qu'elle a vu le jour au moment même où une comète détruisait de nombreux champs en Alsace, événement qui a été interprété comme un signe de damnation par les prédicateurs, Lisbet se sait maudite. Sa mère a sombré dans la folie, et c'est un miracle qu'elle ne l'ait pas suivi après ses douze fausses couches. Actuellement, elle vit constamment dans la peur de perdre son enfant à naître (le treizième), et ne trouve refuge et sérénité qu'en ne s'occupant de ses abeilles. Mais ce n'est sans compter la menace qui pèse sur les ruches justement, provoquant le départ de son mari alors qu'elle est à deux mois d'accoucher, et le retour de sa belle-sœur, Agnethe, après sept ans de pénitence pour un crime que tout le monde tait. Bien décidée à en savoir plus et à comprendre qui est vraiment sa nouvelle sœur qui disparaît toutes les nuits de la ferme, Lisbet va devoir franchir certaines limites imposées par Dieu en personne...

S'il y a bien un reproche qu'on ne peut pas faire à l'autrice, c'est de ne pas avoir travaillé son sujet. Que ce soit au niveau du contexte historique et de l'emprise religieuse, des croyances, des superstitions et des préjugés de l'époque, ou encore sur la manière de gérer un rucher ou sur ce phénomène qu'on appelle aujourd'hui la « chorémanie » (bien qu'il ne soit pas le fil conducteur du récit comme on peut le penser au départ), l'autrice a su bien se documenter pour mieux camper ses personnages dans l'Histoire (avec un grand H) et rendre leur histoire (avec un petit h) des plus réalistes. L'ensemble nous absorbe, on y est de pieds fermes alors que tout se déroule quelques siècles en arrière, alors que l'on rirait aujourd'hui de certaines de ces superstitions ou de ces préjugés (quoique...).

Quant aux personnages, ils sont subtilement construits, suffisamment fouillés pour qu'on s'y attache (comme Lisbet et Agnethe) ou qu'on les déteste au plus haut point (comme Plater), et/ou suffisamment ambigus pour qu'on ne sache pas quoi en penser immédiatement (comme Sophey ou le jeune Daniel). J'ai aimé les suivre dans leur propre histoire, les voir composer avec leurs peurs, leurs faiblesses, leurs croyances, leurs doutes.

Il est des thèmes, un en particulier, que je ne peux évoquer sans divulgâcher, mais je peux au moins dire que la musique et les abeilles ont une place prépondérante dans l'histoire, la parsemant de poésie, de lyrisme et de chaleur tout du long, ce qui fait du bien au vu de la teneur de certains événements beaucoup moins folichons. Et même si je regrette amèrement la narration au présent plutôt qu'au passé (oui oui je sais, je radote), la plume de l'autrice est quand même très belle et magnétique, sachant dépeindre une atmosphère/ambiance propre à l'histoire, tantôt envoûtante, tantôt plus suffocante.

C'était ma première incursion dans le monde de Kiran Millwood Hargrave. C'est "Les Graciées" que j'avais repéré mais le destin (ou le hasard) aura d'abord mis "La danse des damnées" sur mon chemin, et c'est sans regret aucun.
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Nous retrouvons Sofia, Lidja, Fabio et le Professeur pour de nouvelles aventures, mais faisant suite aux précédentes. Deux fruits de l'Arbre-Monde ont été collectés et trois dragoniens réunis. Un troisième fruit serait visiblement dans les environs de Munich. C'est le meurtre d'un adolescent, dont le corps a des blessures étranges, qui les a mis sur cette piste. Nos héros quittent donc l'Italie pour l'Allemagne, pour assister aux obsèques du jeune garçon, Karl, qu'ils soupçonnent être un dragonien. Les voilà dans une impasse : comment gagner contre les affreuses vouivres si l'un des cinq dragoniens a trépassé ? Sur place, ils rencontrent Effie, mère adoptive de Karl et gardienne de l'Arbre-Monde au même titre que le Prof, et qui leur révèle l'existence du sablier d'Aldibah, le dragon qui habitait Karl, capable à ceux qui savent s'en servir de les faire voyager dans le temps. Voilà donc la solution pour sauver Karl. Mais à changer le passé, il y aura forcément des conséquences sur le futur...

Il y a en tout cinq fruits à trouver, un par tome si j'ai bien compris, mais les aventures se diversifient, bien que le fil rouge soit toujours le même (empêcher les méchantes vouivres de conquérir notre monde). Le fait de changer de pays donne du renouveau à l'histoire, d'autant que Sofia, n'ayant jamais quitté l'Italie, découvre une architecture, des spécialités et un climat qu'elle ne connaissait pas. Et pour une fois, les descriptions des lieux et décors, et de l'ambiance sont bien présentes.

L'intrigue, quant à elle, est, sinon complexe, plus fournie et recherchée. Il y a encore des hasards et des évidences trop faciles, quelques incohérences également, mais j'ai pris davantage de plaisir à suivre cette intrigue pas aussi linéaire que dans les tomes précédents. Elle regorge d'action, de combats et de magie, et l'on ne s'y ennuie pas.

Côté personnages, c'est en revanche toujours pareil : certains ont une personnalité très intéressante mais que trop peu exploitée. Sofia m'agace mais Lidja et Fabio mériteraient qu'on leur donne plus d'ampleur.

C'est un tome dans la lignée des précédents, bien que ce ne soit pas le pire. Bien au contraire, il est pour le moment celui que j'ai préféré.
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Ayant décidé de lire les romans de Michael Connelly par ordre chronologique de parution, il me faut bien de temps en temps faire des infidélités à Harry Bosch, comme c'est le cas avec "Le poète", dans lequel nous rencontrons Jack McEvoy pour la première fois.

Jack est journaliste, spécialiste des affaires criminelles. Quand il y a meurtre dans le coin, l'article est pour sa poire, il est donc plus ou moins "habitué" à côtoyer la mort de près. Mais quand il s'agit de celle de son frère jumeau, flic à la Criminelle, ce n'est clairement pas la même chose... D'autant qu'il y croyait à la thèse du suicide au départ. Mais c'est en faisant des recherches sur les suicides des flics justement, dans le but d'en publier un article, qu'il a compris que son frère avait été assassiné...

De là démarre son enquête, en solo pour commencer, puis en tant que collaborateur du FBI ensuite. Tout commence à Denver dans le Colorado pour mieux se terminer à Los Angeles, là où l'auteur a déjà bien pris ses marques. Mais le voyage ne se fera pas en un jour, certaines étapes sont nécessaires : Chicago, Quantico et Phoenix notamment. On suit à la trace un serial killer, dont le profil est difficile à établir. Tantôt pédophile et tueur d'enfants, tantôt tueur de flics, tantôt poète féru des écrits d'Edgar Allan Poe, les Grands du FBI ont un peu de mal avec la (psycho)pathalogie de ce monstre.

Ainsi, nous suivons étape par étape cette enquête qui nous fait voir du pays, avec en prime quelques chapitres se déroulant du point de vue du tueur. L'auteur, comme à son habitude, s'attarde à tout installer, nous laissant le temps de bien faire connaissance avec son nouveau personnage principal. Je dois reconnaître que j'y ai ressenti quelques longueurs, mais tout finit par s'accélérer, au point d'avoir lu les deux derniers tiers presque d'une traite. Ça commence à devenir de plus en plus intéressant et happant dès lors que le FBI s'en mêle. L'intrigue, que j'ai crue la plupart du temps évidente quant au dénouement qui se profilait petit à petit, est en fait bien plus retorse qu'elle n'y paraît. Les 100 dernières pages regorgent de rebondissements et d'étonnantes révélations. Encore une fois, j'ai été tenue en haleine et je n'ai rien vu venir.

Et si j'ai trouvé le personnage de Jack quelque peu fadasse au départ, j'ai fini par l'apprécier de plus en plus. Jack McEvoy n'est pas une pâle copie de Harry Bosch et de son caractère impétueux. Peut-être m'y attendais-je un peu, ce qui pourrait expliquer pourquoi justement je trouvais Jack un peu fade, mais ça n'a pas duré. Bien plus posé, se contrôlant davantage, sachant s'écraser quand il le faut, Jack n'en est pas moins un personnage que l'on finit par aimer côtoyer, d'autant qu'il trimballe quelques casseroles derrière lui également.

L'intrigue en elle-même nous amène à fréquenter de près des thèmes qui reviennent souvent quand il s'agit de tueurs en série : le profilage, l'étude comportementale, l'élément déclencheur, et ici saucés de journalisme, de petites guéguerres entre flics et agents du FBI (et entre agents également), de réseaux de pédophiles et de suicides de flics. On est dans un thriller noir, cela ne fait aucun doute, mais tout de même très soft. Tout y est bien dépeint et décrit sans que les horreurs ne soient jamais détaillées (notre imagination fait très bien le boulot, pas besoin de plus).

"Le poète" est un roman tel que Michael Connelly m'a habituée : une intrigue qui démarre lentement (un peu trop peut-être), aux nombreux éléments, bien ficelée, au dénouement inattentu, et avec des personnages fouillés qu'on aime à suivre, qu'on les apprécie ou pas du tout. Le tout toujours aussi bien écrit et décrit.

Pas déçue pour un sou, c'est à chaque fois pareil quand je termine l'un des romans de Michael Connelly : j'ai envie d'en commencer un autre sur le champ !
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Je connaissais déjà Arthur Conan Doyle grâce à ses récits mettant en avant le fabuleux Professeur Challenger. Il est prévu que je fasse connaissance sous peu avec Sherlock Holmes (le père Noël m'a apporté l'intégrale de ses aventures), mais avant cela, j'avais envie d'une petite plongée sous-marine bien au sec sous mon plaid.

Ayant eu vent de l'expédition du Docteur Maracot dans les fonds très très profonds de l'océan Atlantique, et curieuse d'en savoir plus, je me suis donc rapprochée de l'un de ses équipiers, Cyrius Headley, qui m'a raconté en détails leurs aventures. Je suppose que vous avez déjà entendu parler de l'Atlantide, cité engloutie que beaucoup qualifient de fictionnelle/mythique/légendaire et qui alimente encore de nos jours un certain nombre d'œuvres de fantastique et de science-fiction ? Et bien, [attention ! asseyez-vous ou restez bien assis !], figurez-vous qu'elle existe réellement ! Oui oui oui ! Ça vous en bouche un coin hein ? [Ceux qui ne m'ont pas écoutée et sont restés debout malgré mon avertissement n'ont qu'à s'en prendre qu'à eux-mêmes s'ils ont maintenant mal au derrière parce qu'ils en sont tombés sur le cul !]

Bien évidemment, je ne suis pas allée vérifier par moi-même. L'eau, ça mouille, déjà. Et puis j'ai déjà du mal à y rentrer en pleine saison de canicule, alors là, à quelques kilomètres de profondeur, j'imagine même pas comment qu'elle doit être froide ! Et il y fait tout noir. Y a bien quelques trucs phosphorescents mais il y a aussi des créatures sous-marines pas très rassurantes, que l'Homme n'a pas encore répertoriées : des langoustes géantes, des crabes géants, des poissons géants, des limaces géantes, etc... qui ont pour seul but dans la vie de croquer de l'humain. Alors merci bien, je suis courageuse mais pas encore téméraire.

Je me suis donc contentée du récit de Headley qui est très doué de toute façon pour tout nous retranscrire comme si on y était. C'est tout comme non ? Ainsi, j'ai vécu par procuration exactement la même aventure que Maracot, Headley et Scanlan. Je me suis émerveillée de toutes ses nouveautés sous-marines quand j'étais encore bien à l'abri dans l'espèce de cabine du Stratford : les nombreuses créatures encore inconnues, la phosphorescence des décors, les restes d'une cité engloutie. J'ai légèrement déchanté quand une langouste géante a attaqué la cabine et l'a détachée du navire. Et un peu paniqué quand on s'est mis à dériver dans les profondeurs toujours plus profondes. J'ai exulté quand nous avons compris que la cité engloutie était encore habitée et que nous étions sauvés. J'ai appris beaucoup parmi cette population, découvert pleins de choses, pas toujours bonnes par ailleurs, et notamment dans leurs avancées technologiques (surprenantes pour l'époque où a eu lieu l'expédition ; aujourd'hui, on les devance de loin, il vaut mieux qu'ils restent cachés...).

Mais je vous en ai déjà trop dit. Allez-y vous-mêmes, vous verrez bien...

Donc voilà pourquoi j'aime tant les classiques jeunesse que j'aurais dû lire quand j'en avais l'âge requis et qui ne m'intéressaient pas du tout à ce moment-là. Parce qu'ils sont écrits avec une plume élaborée, minutieuse et détaillée, qui ne lésine pas sur la description des lieux et décors, des personnages et ici des différentes créatures marines, et qui n'en oublie pas le côté action et aventures pour autant.

Ce roman n'a que 192 pages mais foisonne dans tous les sens. Il est vrai que l'intrigue en elle-même ne casse pas trois pattes à un canard et que le côté scientifique est un peu désuet. Il m'a semblé également y entrapercevoir un côté parfois quelque peu raciste ou macho, bien que je ne sois pas sûre de l'avoir interprété comme il faut. Mais la narration est originale, réalisée du point de vue d'un personnage secondaire, sous forme de documents retrouvés et réunis. Le monde sous-marin paraît merveilleux et effrayant à la fois. L'ambiance semi-euphorique semi-angoissante est toujours bien dépeinte. Les personnages sont attirants et leurs (més)aventures exaltantes.

C'est trop court à mon sens, j'aurais aimé rester piégée chez les Atlantes bien plus longtemps, mais ça ne m'a pas empêchée de passer un bon moment de lecture.
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date : 16-01
Je savais, avant même de commencer cette lecture, qu'elle ne serait pas évidente, au vu du sujet abordé. Les retours des Babelpotes ont pourtant tôt fait de me convaincre. Il n'était pas prévu dans l'immédiat mais je suis tombée dessus vendredi dernier à la bibliothèque. Je ne m'y attendais pas, car il faut dire que je ne m'étais même pas donné la peine de me renseigner sur sa disponibilité, persuadée d'y trouver une longue liste d'attente, ce qui est toujours le cas pour les livres classés dans le Top 20 des ventes (et lui, il y est depuis plusieurs semaines) et qui ont reçu certains prix "à la mode" (prix Femina et Goncourt des Lycéens notamment pour ce livre). Mais voilà, il était là, bien mis en évidence parmi les derniers acquis, qui me tendait les bras (s'il en avait eus, c'est ce qu'il aurait fait, j'en suis sûre).

Et je suis bien embêtée maintenant car je ne sais comment démarrer ce billet. Ce livre parle de l'inceste et de viols d'enfant, de ce que Neige Sinno a subi de ses 7 à 14 ans par son beau-père. Mais elle n'en parle pas vraiment comme un "vrai" témoignage, j'ai davantage eu l'impression d'avoir lu un essai. Ou si c'est un témoignage, qui se démarque de ceux que j'ai pu lire jusque-là en tout cas. Et c'est donc là toute ma difficulté à en parler, car je ne sais comment l'aborder.

Neige Sinno est claire : elle n'écrit pas ce livre parce qu'elle a besoin de mettre ses maux en mots, ce n'est pas un exutoire, ce ne sont pas des confidences. Pour protéger les autres enfants ? Pour démontrer que le sujet est toujours d'actualité ? Peut-être, sans doute, elle-même n'en est pas sûre.

Mais elle l'a écrit et si elle l'a écrit, c'est que d'une certaine manière, elle en avait quand même besoin, quoiqu'elle en dise... Mais ce n'est que spéculation de ma part, je retarde le moment où il me faudra bien parler du fond...

Il y a des retours de lecture faciles à rédiger, où les mots coulent tous seuls, sans que j'ai besoin de trop réfléchir (de ceux où je surveille plus mon orthographe qu'autre chose, parce que je sais à l'avance ce que j'ai à en dire). D'autres,en revanche, sont d'une prise de tête...

Mais allons-y...

"Triste tigre" n'est pas un témoignage comme les autres, parce qu'elle parle rarement d'elle en tant qu'enfant violée. Elle essaie davantage de se mettre à la place de son violeur, de trouver des réponses et des explications quant à ses comportements. Un peu comme une recherche psychologique ou une étude comportementale, elle cherche des références sur lesquelles s'appuyer, réelles comme fictionnelles. Elle a beaucoup lu sur ce sujet, et c'est une des premières choses que l'on remarque à la lecture de son livre.

Il va de soi que, n'ayant pas vécu ce qu'elle a vécu, je ne peux que l'imaginer, non pas imaginer les violences sexuelles à répétition sur une petite fille (ça, ce n'est pas dans l'ordre du pensable), mais du moins imaginer l'enfant qu'elle était, ainsi que l'après jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à sa décision d'écrire ce livre. Mais difficilement quand même, car elle ne s'appesantit pas trop sur ses ressentis et sa "reconstruction" (si la reconstruction est possible). Non, même si elle est bien le personnage principal de son livre, tout est centré sur son bourreau et ses tentatives d'éclaircir ses différents comportements (vis-à-vis d'elle et des autres d'ailleurs).

Neige Sinno ne cherche pas à répondre à la question « Pourquoi moi ? ». Elle aimerait pouvoir répondre à la question « Pourquoi lui ? ». Là est en fait la raison première d'avoir écrit ce livre [je viens de le réaliser à l'instant, alors que je mettais un point final à ce retour].

Et elle nous emmène sur ce terrain, glissant, et y réussit plutôt bien. Déjà autrice, elle n'en est pas à son premier livre et on le sent à sa plume affûtée et argumentée.

J'ai l'impression de tourner autour du pot. Je n'arrive pas à dire ce que je voudrais en dire, les mots ne me viennent pas aussi facilement que d'habitude. Voilà presque une heure que je retourne mes phrases et modifie certains mots, sans en être satisfaite pour autant. Tant pis, je m'arrête là. Je pense en avoir dit l'essentiel, même si je ne le dis pas comme je le voudrais.

Neige Sinno parle d'un sujet dur et certainement encore tabou, mais ce témoignage n'en étant pas vraiment un, la lecture n'est en fait pas difficile, utile oui mais pas difficile. Lisez-le, je suis sûre que vous ne le regretterez pas.
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Ayant les suites du premier tome sous la main, je continue sans tarder cette saga de fantasy jeunesse. Ce second tome ne fait pas 200 pages et est écrit gros, il ne m'a donc pas fallu longtemps pour en arriver au bout, ce qui est d'ailleurs quelque peu frustrant.

Nous y retrouvons Sofia et Lidja, essentiellement, toujours en Italie mais à Bénévent cette fois-ci. Le Prof étant en Hongrie sur la piste d'un jeune dragonien, les filles ont été confiées à la tante de Lidja, gérante d'un cirque. Elles n'en oublient pas leur mission pour autant, à savoir retrouver les fruits de l'Arbre-Monde. Et ça tombe plutôt bien que le cirque passe par Bénévent, car un fruit y est sans doute dissimulé. La piste les mène à un noyer aux particularités étranges. Ne leur reste plus qu'à le localiser. Mais elles ne sont pas les seules à vouloir mettre la main dessus : Fabio, qu'elles prennent d'abord pour un Assujetti mais qui s'avère en fait être un traître, le recherche activement également...

Si j'avais trouvé Sofia légèrement pénible dans le tome précédent à force de chouiner sur son manque de confiance en elle et sur ses nombreuses peurs, il n'en est rien ici. Au contraire, Sofia a pris un peu plus d'assurance, ose affronter ses peurs et se plaint (un peu) moins. Mais elle n'est pas moins agaçante pour autant, car effectivement son béguin pour Fabio (presque obsessionnel) gâche une partie de l'histoire (elle tombe amoureuse au premier regard alors même qu'il est désagréable envers elle... on dit que l'adolescence, c'est l'âge bête, mais quand même...). Pour le coup, j'aurais aimé que Lidja s'impose plus, puisque je la trouve bien plus intéressante que Sofia.

Côté intrigue, c'est bien passé. Elle est facile et relativement prévisible, mais elle ne manque pas d'action et de rebondissements. La dimension fantastique est bien présente : sorcellerie, magie, pouvoirs surnaturels et créatures fantastiques ne manquent pas à l'appel. Il se passe tout le temps quelque chose et on ne s'ennuie pas.

Ce second tome est dans la lignée du premier. Tout est survolé (description minine des lieux et décors, et personnages peu creusés), mais l'action prime, il n'y a pas de temps mort et c'est bien écrit.
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« The Terrible », c'est le titre original de ce livre et qui, maintenant que je l'ai terminé, prend beaucoup plus de sens que « La vie précieuse », titre choisi par les éditions françaises. Publié pour la première fois en 2018, ce roman autobiographique fort atypique a visiblement eu son petit succès, mais ce n'est que cette année qu'il a été traduit et publié en France (le 7 février prochain plus précisément).

Fort atypique vous disais-je, il l'est sans aucun doute. Yrsa Daley-Ward est poétesse et ça se ressent dans tout son récit, dans lequel elle nous raconte à sa manière son enfance, son adolescence et ses débuts dans la vie active. Élevés par une mère célibataire, infirmière de nuit qui se tue à la tâche et douée pour se trouver des hommes plus boulets qu'autre chose, Yrsa et son frère sont ensuite confiés à leurs grands-parents, où l'éducation ultra-religieuse et les règles strictes sont de rigueur. Plus tard, ce sont ses débuts à Manchester sur lesquels elle revient, puis à Londres, où soirées à n'en plus finir riment avec alcool et drogue. De son enfance à sa sortie du lycée et bien après, Yrsa se cherche, se découvre, se teste, parfois au-delà des limites.

Fort atypique donc, par une enfance et un passé familial hors du commun. Fort atypique, car Yrsa est également une enfant/ado/femme qui n'a pas toujours suivi les chemins les plus faciles et qui lui étaient destinés. Mais aussi fort atypique, par une mise en forme du récit inhabituelle. Et fort atypique, par un style propre à l'autrice, coupant et sulfureux.

L'autrice évoque des faits peu évidents à admettre/confier, enfin j'imagine, mais qu'elle assume entièrement. Avec ses mots et ses phrases parfois décousus, c'est avant tout ses ressentis qu'elle partage avec nous. Son récit transpire la sincérité et c'est ce qui nous accroche dès le départ. À chaque étape de sa vie, viennent s'ancrer des doutes et des questions, des envies et des besoins, des ressentis et des émotions qu'elle n'hésite pas à retranscrire dans son livre. Elle décortique toute son enfance et sa jeunesse : la découverte de son corps qui change, sa mère qui lui manque, son frère dont elle se sent très proche sans se sentir obligée d'être constamment là pour lui, l'euphorie des drogues et alcools sur son mal-être, son passé d'escort-girl et les factures qui s'accumulent. À la sortie du lycée, elle aurait dû aller à la fac et avoir une vie bien rangée, mais elle a fait un tout autre choix, a pris une toute autre voie, sinueuse, et c'est ça qu'elle nous conte.

Et elle le fait bien, à sa manière certes, mais c'est percutant, honnête et profond. C'est un style auquel il faut s'habituer mais je m'y suis rapidement fait. Certains chapitres font trois pages, d'autres ne comptent qu'une dizaine de lignes. Certaines phrases sont coupées à un ou plusieurs endroits pour mieux en retrouver la suite après un saut de ligne. Certaines sont ponctuées normalement, d'autres au contraire brillent par l'absence de virgules. On pourrait croire, comme ça, que ça part dans tous les sens. Et pourtant, ce n'est absolument pas le cas, l'histoire d'Yrsa est structurée et le récit bien organisé, bien que d'une manière inhabituelle. Tel un grand poème en vers libre, très introspectif, c'est ainsi que l'autrice se raconte et ça a bien fonctionné sur moi.

C'est souvent sombre, mais pas si oppressant. La lecture se veut facile et rapide, les pages se tournent toutes seules, et on en arrive au bout sans crier gare. Je n'ai pas vu le temps passer, le récit est happant et joliment écrit, poétique et pesant tout à la fois.

Je remercie Déborah de Babelio et les éditions La Croisée pour cette jolie découverte, en avant-première qui plus est, dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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Je découvre une à une les enquêtes d'Agatha Raisin, tout doucement parce que j'ai bien peur de me lasser si je les lis trop rapprochées les unes des autres. J'avais envie d'une lecture légère et drôle, alors je me suis penchée sur ce troisième tome. Et ça n'a pas loupé, j'ai obtenu ce que je voulais. Et même plus, puisque des trois premiers tomes, c'est celui-là que j'ai préféré.

On retrouve donc Agatha dans son petit village de campagne des Cotswolds, qui vient tout juste de rentrer après de longues vacances à l'étranger. Sa première préoccupation est de savoir si elle a manqué à James, son voisin pour qui elle a le béguin. Elle tombe des nues quand elle apprend qu'elle a une rivale, fraîchement arrivée des États-Unis. En quelques semaines, cette dernière a su trouver sa place à Carsely et se faire apprécier de tous, même James a l'air d'en pincer pour elle. Et pour cause, elle s'investit pour la communauté, est très bonne cuisinière et jardinière tout en étant très bien "conservée" pour son âge. Et quand Agatha apprend qu'elle s'est inscrite à la journée portes ouvertes des jardins du village, elle fait donc de même. Mais piètre jardinière, il va falloir ruser pour avoir une chance de gagner et retourner dans les bonnes grâces de James. Évidemment, rien ne se déroule comme elle le voudrait, d'autant que des actes de vandalisme et un meurtre vont venir perturber la petite vie tranquille des villageois.

Agatha va devoir à nouveau endosser son costume de détective amateur pour élucider le mystère...

Comme le meurtre survient sur le tard, on a le temps de bien rire en attendant. Agatha est un personnage peut-être pas détestable mais au moins tête-à-claques, et pourtant je l'adore. Son sale caractère et sa grande gueule sont désopilants. Et le petit jeu qu'elle joue avec Mary, sa rivale, rend la lecture fraîchement mordante. Les personnages qui gravitent autour d'elle et qu'on retrouve pour la plupart d'un tome à un autre ne sont pas en reste non plus, tous atypiques à leur manière, de la femme du pasteur bien sous tout rapport jusqu'au couple de petits vieux irascible. Chacun y apporte sa petite dose d'humour, de rumeurs, de jalousie, et de petites piques.

L'enquête en elle-même n'est pas mirobolante mais qu'importe. La lecture est dynamique et les personnages à croquer. L'ambiance et l'humour so british sont un vrai régal.

Avec les deux premiers tomes, je ne m'étais pas autant marré. Celui-ci est terrible ! J'avais envie d'une lecture pas prise de tête, désinvolte et amusante, et il a très bien rempli ses fonctions.
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Cela ne fait que 4 ans à peu près que je lis de la fantasy, et même si c'est dû au hasard et que ce n'était pas voulu (on m'a offert mon premier livre de fantasy sans mon consentement), c'est à Licia Troisi que je le dois, grâce à l'intégrale de sa première trilogie du Monde Émergé, pavé de plus de 1000 pages dévoré en même pas 3 jours (j'étais en vacances, sans les enfants, ça y a grandement joué). J'ai enchaîné avec ses deux autres trilogies, que j'ai tout autant aimées, en me promettant que je reviendrai bientôt vers cette autrice. Mais vous savez comment c'est, le temps passe, la pal ne cesse de monter, tout comme les wishlists. Je n'ai malheureusement pas trouvé la formule magique pour lire plus vite que je n'accumule les bouquins [Qui parle d'arrêter d'emprunter et d'acheter ? ... C'est une résolution que j'ai prise plusieurs années de suite... Ça fonctionne pas des masses...]. Enfin bref, tout ça pour dire que, ça y est, je prends le temps de revenir vers mes premiers amours et pour cela, j'ai choisi une saga terminée et surtout entièrement traduite en français (ce qui n'est pas le cas de toutes les séries de Licia Troisi), à savoir "La fille dragon".

À l'époque où les dragons existaient encore, il y a de cela quelques milliers de millénaires, les êtres humains vivaient en harmonie et en communion avec la nature. Les Dragons et les Gardiens veillaient sur l'Arbre-Monde et tout allait bien dans le meilleur des mondes. Jusqu'au jour où les Vouivres ont décidé de se rebeller, pour régner, prendre la place des Dragons et semer le chaos partout sur leur passage. Une terrible guerre a eu lieu, où les gentils ont fini par vaincre les méchants. Mais à quel prix ! Les dragons ont été terrassés jusqu'aux derniers, le chef des vouivres a eu le temps de détruire l'Arbre-Monde en lui arrachant ses fruits juste avant d'être emprisonné très profond sous terre, et les hommes sont devenus... bah ce qu'ils sont aujourd'hui, égoïstes, cupides, irrespectueux envers la nature. Mais avant de mourir, certains dragons ont réussi à s'unir à un être humain en transférant en lui son esprit, que ce dernier transmet à sa descendance. Sous forme dormante, ces esprits ne se réveilleront que le jour où Nidhoggr réussira à s'échapper de sa prison dans les entrailles de la Terre.

Avec le temps, cet événement tragique, qui a marqué la fin du temps des dragons, est devenu une légende, puis un simple conte que l'on raconte aux enfants le soir au coucher.

Ainsi le prologue a parlé, et le premier chapitre nous fait faire un bon de 30000 ans dans le temps, plus ou moins de nos jours, dans un orphelinat de Rome, où nous y faisons la connaissance de Sofia, 13 ans, rouquine aux yeux verts, sujette aux moqueries de ses camarades, mal dans sa peau, qui a peur de tout et d'elle-même, et qu'un étrange professeur vient d'adopter. De là, Sofia va apprendre qui elle est, et surtout de quoi elle a hérité (je vous laisse deviner), mais aussi comprendre qu'elle est destinée à affronter un terrible ennemi (je vous laisse deviner).

Du Monde Émergé, j'ai le souvenir d'un univers créé de toutes pieces, archi fourni et développé, avec des héroïnes atypiques, des intrigues poussées et retorses, et des atmosphères propres à l'univers. Et c'est tout cela que j'attendais avec "La fille dragon" et que je n'ai malheureusement pas retrouvé. D'abord, je n'avais pas du tout imaginé que ça pourrait se dérouler dans notre monde (pour moi, ce n'est pas de la fantasy), et ensuite je ne m'attendais pas à me retrouver dans de la littérature pour adolescents. Et de ce fait, la narration se veut plus immature, tout comme l'héroïne, et l'intrigue bien plus simpliste également. C'est en partie de ma faute, je le conçois, je suis partie les yeux fermés sans prendre la peine de lire la quatrième de couverture, ni même d'en consulter les thèmes. Je me rends compte que c'est le genre de livres que j'aurais très bien pu lire avec mon aîné, et il est clair que mon ressenti en aurait été tout autre.

Je ne dis pas que je n'ai pas aimé, pas du tout même. Mais il m'a bien fallu admettre que je n'étais pas dans la lecture pour laquelle je m'étais préparée, et assumer cette petite déception, pour pouvoir continuer sans rechigner, et la plume de l'autrice, pas désagréable, m'y a grandement aidée.

Alors effectivement, les personnages sont à peine fouillés, l'héroïne est parfois agaçante à force de se répéter qu'elle est nulle et l'intrigue n'a rien de surprenant dans sa lutte du bien contre le mal, pourtant on ne s'ennuie pas. Ce premier tome est une mise en bouche nous préparant à des événements que l'on devine épiques dans les prochains, le dénouement en dit long d'ailleurs. C'est plein d'action, de créatures fantastiques, de révélations et d'affrontements hauts en couleur.

Mais mais mais... Je regrette l'absence d'atmosphère typique (à part peut-être un peu oppressante à la découverte de la demeure du prof). On sent que la ville de Rome a son importance mais elle est à peine décrite. Comme je dis plus haut, Sofia est immature (bon elle a 13 ans aussi, c'est sans doute normal) et son manque de confiance en soi et d'assurance, ainsi que toutes ses peurs, prennent bien trop de place dans l'histoire, ce qui, à force, devient redondant.

Mais l'ensemble se lit bien quand même, et vite, et on ne m'a pas laissé le temps de m'ennuyer.

Je suis consciente de mon retour mitigé, qui ne l'aurait sans doute pas été si je l'avais lu pour et avec mon fils, plutôt que pour moi seule. J'ai emprunté les 5 tomes d'un coup, je vais donc continuer sur ma lancée, tout en essayant de les lire autrement, plus en tant que parent et moins en tant que lectrice de plus en plus exigeante.
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Lorsque Manthia, migrant malien arrêté parce que sans-papiers, se retrouve face au juge, il pense nécessaire de raconter son histoire depuis son enfance afin que l'on puisse mieux comprendre les raisons pour lesquelles il a quitté son petit village natal et sa famille, ainsi que les circonstances qui l'ont poussé vers la France.

C'est ainsi que nous, lecteurs, nous endossons le rôle de ce juge auquel Manthia s'adresse, épaulé d'un traducteur chargé de tout noter et retranscrire. Ainsi débute un monologue que nous écoutons avec patience, bien que parfois coupé par le traducteur. Manthia se livre, se confie, nous raconte son vécu : son enfance auprès d'un père intransigeant, les travaux de la terre, la sécheresse et les récoltes infructueuses, son départ pour Bamako, les tensions politiques qui le poussent vers la France, les désillusions, la précarité, l'illégalité, les difficultés d'intégration et la barrière de la langue, son arrestation..., sans oublier sa relation avec Toko, son ami d'enfance et compagnon de fortune. Rien est omis de son triste sort et de cette poisse qu'il croit trimballer.

De ce récit, je retiendrai avant tout la puissance des mots de Diadé Dembélé, de celle qui laisse des marques. S'il y a parfois des erreurs de syntaxe (les "malgré que" me font systématiquement grincer des dents), l'histoire de Manthia ne peut nous laisser indifférents, parce qu'il se livre entièrement et que ses moindres ressentis sont dépeints de telle manière qu'on ne fait pas que l'accompagner dans ses souvenirs, souvenirs qu'il nous conte comme s'il les revivait une seconde fois.

Alors oui, c'est fort, parce que l'auteur sait user de bons mots et d'envolées poétiques ou analogiques, qu'il fait parfois des digressions qui finissent par avoir leur importance ou qui nous permet de mieux cerner Manthia. Sa plume élaborée a su rendre le récit percutant. L'idée du monologue d'un homme face à son juge, qui a déjà beaucoup perdu et qui ne cherche qu'à obtenir ses papiers français alors qu'il n'a jamais voulu quitté son village natal, est plutôt originale.

Les chapitres sont très courts et j'ai lu ce roman en un rien de temps. Et c'est peut-être là mon reproche, il se lit bien trop vite : à peine commencé et déjà terminé. J'aurais aimé y rester bien plus longtemps, j'aurais aimé une fin un peu moins abrupte également et en savoir un peu plus sur le devenir de Manthia. Et pourtant, tout nous est relativement bien retransmis : la personnalité de Manthia et ses ressentis, les circonstances politiques et sociales des années 80 et 90 (aussi bien au Mali qu'en France), les différentes étapes de son exil, ses relations avec les autres (son père et Toko notamment), les traditions familiales et l'importance de la famille, les difficultés auxquelles sont confrontés les migrants.

Dans l'ensemble, ce fut un agréable moment de lecture, et pour cela j'en remercie Alexandrine de Babelio et les éditions JC Lattès pour m'avoir permis de découvrir cet ouvrage dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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Nous continuons la découverte des petites histoires d'Archibald. "Un amour de petite sœur" est le second tome, publié juste après le merveilleux "Mon amour". Cette fois-ci, les autrices mettent en avant les relations et l'amour fraternels.

Quand Archibald apprend qu'il va bientôt avoir une petite sœur, il se pose tout un tas de questions. Se sentant un peu menacé à son arrivée mais rassuré par ses parents, Archibald trouve petit à petit sa nouvelle place au sein de la famille et prend très à cœur son nouveau rôle de grand frère. Et même s'il y a parfois des disputes, Archibald nous montre comme il l'aime et comme il en est fier.

Comme d'habitude, il y a très peu de texte, qui n'en est pas moins efficace. L'histoire se veut pleine de tendresse, d'amour et de douceur, avec une petite touche d'humour ici et là, pour peu qu'on regarde bien les dessins. C'est mignon comme tout, touchant à souhait. On le referme le sourire aux lèvres.

Les dessins sont fidèles à ce qu'on était habitué jusque-là, avec beaucoup d'espaces blancs mais très colorés, sans jamais être envahissants, enfantins évidemment et adorables.

"Un amour de petite sœur" est un très bel album jeunesse, comme tout le reste de la collection d'ailleurs (du moins parmi ceux que nous avons déjà lus), idéal comme entrée en matière pour les enfants qui attendent une petite sœur (mais pas que... pour preuve !). C'est un album tout plein d'amour fraternel, peut-être un peu édulcoré par rapport à la réalité, mais tout de tendresse et qui met du baume au cœur.
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La Troisième Guerre mondiale a fini d'achever notre belle planète bleue : l'eau est infectée, une sorte de plante grimpante venimeuse envahit la végétation, chars et véhicules blindés à l'abandon font office de paysage. Seule une poignée d'hommes a survécu, divisés en plusieurs tribus nomades. Solman « le boiteux » est du peuple aquariote, de celui qui a le monopole de l'eau, les seuls capables de trouver de l'eau non contaminée. Son infirmité et son don particulier le mettent souvent à l'écart, et pourtant c'est par lui que va se jouer l'avenir de l'humanité, celui des derniers hommes...

C'est époustouflée et à moitié essoufflée que je ressors de cette lecture. Tout y est si bien dépeint et décrit que je me suis cru un personnage à part entière de l'histoire. J'ai tout vu et imaginé comme si j'y étais pour de vrai.

À commencer par les décors et les lieux, car à suivre un peuple nomade, on voit du paysage et on se rend bien compte de ce que le territoire français est devenu (tout se déroule essentiellement dans la France du futur), de l'Île-de-France à la Méditerranée, en passant par le Massif central et le Pays basque. J'ai vu de mes propres yeux les mers et les océans, sans une once de vie, comme endormis. J'ai "admiré" les paysages lugubres des plaines, les fouillis végétaux des forêts ou encore la végétation pétrifiée des montagnes. Je me suis retrouvée dans des paysages désolés tout au long de ma lecture, viciés, infectés, ravagés par la pollution nucléaire et chimique, dans lesquels, du haut de mon canapé avec mon plaid et mes deux paires de chaussettes, j'ai eu constamment froid (tout se déroule essentiellement en hiver). L'auteur y dépeint tout tellement bien, qu'on en est imprégné tout du long.

Côté personnages, il n'y a rien à redire non plus. Travaillés comme il se doit, j'ai pris énormément de plaisir à les accompagner dans leur exode. Je me suis évidemment tout de suite attachée à Solman, ce jeune garçon au don de clairvoyance, tantôt rejeté tantôt applaudi, voire même vénéré, selon comment se déroulent les événements. J'ai aimé également suivre les personnages qui gravitent autour de lui, et notamment Moram, grâce à qui j'ai souri plusieurs fois, mais aussi Wolf, qu'une révélation sur son compte m'a laissée sur le c** (celle-là, je ne l'avais pas vu venir). Mais il y a aussi Raïma, Ismahil, Kadija, Glenn, Chak, etc... tous plus ou moins énigmatiques et attachants.

Et côté intrigue, me demanderez-vous ? Et bien, là encore, je suis (presque) totalement conquise. Y règne un certain suspense sur l'intelligence destructrice, et si son objectif est clair, on en connaît la raison et l'identité qu'à la toute fin. Elle est retors, notamment parce que les complots et trahisons la parsèment tout du long, tout comme les jalousies, la haine et la peur des différences. Côté action, je n'ai pas été en reste non plus. Entre les attaques de chiens sauvages, de rats ou de sauterelles génétiquement modifiés, les éruptions volcaniques, ou encore les courses-poursuites, je n'ai guère eu le temps de m'ennuyer. Et comme l'auteur prend le temps de tout dépeindre, la tension et l'angoisse montent à petit feu, pour mieux se jouer de mon impatience. Selon les passages, je me suis surprise à lire de plus en plus vite, comme mesurant l'urgence de la situation. La tension est parfois insoutenable, rendant la lecture précipitée, à me demander si j'en sortirai indemne. Mais heureusement, certains passages plus calmes m'ont permis de reprendre mon souffle (avant une nouvelle embardée).

Mon seul bémol vient du fait que l'histoire prend une tournure de plus en plus "biblique", ce qui commençait à légèrement m'agacer. Je sentais venir un dénouement avec un trop plein de bondieuseries, ce qui n'est finalement pas le cas au vu des dernières révélations. Je ne peux en dire plus, sans prendre le risque de trop en dévoiler, mais c'est satisfaite et toute émotionnée que je suis sortie de ce dénouement.

En bref : Un univers travaillé et merveilleusement imagé. Des personnages fouillés, ambigus, qu'on aime à suivre. Une intrigue sous haute-tension, bien menée et captivante. Une plume superbe sachant tout bien dépeindre. Un roman abouti et époustouflant.

C'est le premier livre de Pierre Bordage que je lis. Sans l'ombre d'une hésitation, je reviendrai vers lui.
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Après l'adaptation graphique de "Au revoir là-haut", je découvre maintenant celle de "Couleurs de l'incendie", des mêmes auteurs. Là encore, c'est une jolie surprise. Le roman en lui-même étant foisonnant, j'imagine le travail conséquent pour l'adapter en bandes dessinées et c'est de nouveau une belle réussite.

C'est dans l'entre-deux-guerres que se déroulent ici les faits, où l'on y retrouve Madeleine Péricourt sur le point d'enterrer son père mais qu'un tragique événement va venir perturber. De là, nous sommes projetés dans le monde de la finance où la vengeance et le désir de justice vont y trouver leur place.

Les superbes graphismes vont nous plonger directement dans le Paris des années 1920 et 1930, où nous pourrons admirer les décors et tenues d'époque. Les couleurs sobres, les traits fins et minutieux, foisonnant de petits détails, les expressions des physionomies et des regards, les jeux d'ombres et de lumières, sont un régal pour les yeux et implantent un contexte historique réaliste et captivant. À eux seuls, les dessins font la moitié du boulot.

Quant à l'autre moitié, elle n'est pas en reste. J'en viens à parler du scénario, forcément raccourci, mais dans lequel il ne manque rien. Tout est évoqué, de la crise financière à la faillite, en passant par les petites magouilles des uns et des autres et le plan de Madeleine pour assouvir sa vengeance, sans oublier le petit Paul et sa passion pour l'opéra. Les textes abondants nous offrent l'occasion de rester plus longtemps dans le livre (ce qui n'était pas totalement le cas avec le tome précédent). L'atmosphère du roman est bien présente. L'intrigue reste tortueusement bien ficelée et le dénouement ô combien jubilatoire.

J'ai de nouveau passé un excellent moment et ai pris plaisir à retrouver l'ensemble des protagonistes, que j'avais imaginés tels qu'ils sont représentés ici. C'est une belle façon de replonger dans un univers qui m'avait beaucoup plu. Et en plus, je viens de me rendre compte que l'adaptation de "Miroir de nos peines" est parue il n'y a pas deux mois. Je suis ravie de retrouver bientôt le talent de Pierre Lemaitre associé à celui de Christian de Metter.
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date : 06-01
1) Les Lebensborn étaient des maternités où des femmes donnaient naissance à des enfants dits « parfaits » de race aryenne, selon les critères de l'idéologie nazie. Au total, on estime que 20 000 enfants seraient issus de ces dispositifs.
2) Pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 200 000 enfants polonais, ainsi qu'un nombre indéterminé d'enfants d'autres nations, ont été arrachés à leurs foyers et transférés de force en Allemagne nazie à des fins de travail forcé, d'expérimentation médicale et de germanisation.
3) Les Napola étaient des internats de l'enseignement secondaire et étaient destinés à devenir les écoles de l'élite du Reich.
4) À la fin de la guerre, l'Allemagne est dévastée et occupée : elle capitule le 8 mai 1945 après la prise de Berlin par les soldats soviétiques. De nombreuses villes allemandes ont subi des dégâts considérables et Berlin est détruite à 40%.

À travers l'histoire de Max, ou plutôt de Konrad von Kebnersol ainsi baptisé par le Fürher en personne, l'autrice reprend ces quatre aspects de l'histoire de l'Allemagne nazie, de sa toute puissance à son effondrement. Max, ainsi je préfère l'appeler, est le premier bébé issu du programme Lebensborn, né un 20 avril comme le Fürher. Comme un fait exprès, il répond à tous les critères de la race nordique. Il est l'échantillon type de la race supérieure. Avec sa gueule d'ange (blond, yeux bleus, peau très clair et crâne dolichocéphal) et son "draufgängertum", il est le modèle à suivre.

Ainsi, nous suivons cet enfant, endoctriné dès sa naissance, sinon avant. Non pas orphelin, puisque sa mère est l'Allemagne et son père le Fürher. Il est fier de ce qu'il est et on le lui rend bien. Il n'hésite pas à dénoncer les traîtres à sa patrie, collabore du mieux qu'il peut, se donne à fond dans toutes les missions qu'on lui octroie. Il déteste les Juifs et les Tsiganes, comme on le lui a bien appris. À priori, il n'est pas un personnage très attachant, et pourtant je n'ai pas aimé le détester. Mais il évolue, petit à petit, jusqu'à penser quelque peu par lui-même et se poser des questions. Sa relation avec Lukas y sera pour beaucoup et lui ouvrira les yeux... Je n'en dirai pas plus, à vous de le découvrir.

Nous sommes bien évidemment dans une fiction, mais la dimension historique est si bien fournie qu'on pourrait se croire dans une histoire vraie. J'y ai cru en tout cas, j'y étais parmi ces gamins endoctrinés. J'ai suivi leur éducation, emplie de propagande et de haine envers les Juifs. C'est affolant mais je n'ai pas voulu en perdre une miette, d'autant qu'au fur et à mesure que l'Allemagne nazie s'affaiblit, un autre aspect de l'histoire finit par prendre le dessus : le relationnel et l'humain.

La narration étant à la première personne, nous vivons les événements en direct. Nous sommes dans la tête de Max, au plus près de sa conscience et de son état d'esprit. Nous grandissons avec lui, doutons avec lui. On finit par s'en sentir très proche, d'autant que nous l'accompagnons depuis qu'il est dans le ventre de sa génitrice (sa mère pourrait-on dire mais il n'en a plus de souvenirs). Avec lui, on assiste à certaines horreurs dont ont été capables les nazis.

Je n'ai rien appris de plus que ce que je savais déjà, pourtant ce roman est foisonnant de détails historiques. Encore une fois, les mêmes interrogations demeurent : Comment peut-on devenir à ce point inhumain et perpétrer de telles atrocités à ses semblables ? Comment peut-on devenir à ce point haineux et cruel ? Comment a-t-il réussi à ce qu'autant de gens le suivent ? [Mais aussi pourquoi décréter blond aux yeux bleus, grand et élancé comme critères de la race supérieure quand on est soi-même petit aux cheveux et yeux foncés ? Rien qu'avec ses propres caractéristiques, qui ne répond en rien aux critères, comment a-t-il fait pour se rendre crédible ? S'il avait suivi ses propres principes, c'est dans un camp qu'il aurait dû finir...]

"Max" est un livre que je voulais lire depuis longtemps, qui m'attendait bien sagement sur une étagère depuis aussi longtemps, j'ai enfin sauté le pas et je ne regrette qu'une chose, comme bien souvent, c'est de ne pas l'avoir ouvert plus tôt. C'est un roman enrichissant, abouti, très bien documenté, original par le choix de son point de vue (celui d'un enfant né nazi), mais aussi captivant et saisissant, qui ne laisse pas indifférent. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le programme Lebensborn, les Jeunesses hitlériennes et la germanisation, je vous le conseille fortement.

J'ai cru comprendre qu'il avait été maintes fois récompensé, et c'est amplement mérité.
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date : 04-01
Damien est mort dans un accident de voiture, qui a tué également sa femme et l'enfant qu'elle portait. Quand un homme étrange lui propose huit années de vie supplémentaires auprès de sa famille, Damien y voit là l'occasion de changer certaines choses en lui. Il lui demande donc s'il lui est possible d'effacer toute sa colère, afin d'anéantir le monstre qui est en lui, l'homme violent qu'il est au quotidien... L'effacer non, ce n'est pas possible, mais la canaliser et la maintenir dans la parabox oui...

Dans la préface, Justine Niogret dit : « Demain la rage plaira, fort, ou ne plaira pas, tout aussi fort ». Et bien, comme je n'aime pas faire comme tout le monde, je me placerai entre les deux. C'est fort, cela ne fait aucun doute. C'est un voyage brutal dont on en ressort fracturé, malmené, et pour ma part, un voyage dans lequel je ne suis pas sûre d'avoir tout bien compris ou suivi et qui a nécessité une seconde lecture.

Un voyage psychédélique où passé, présent et futur se mélangent et où il est difficile de se situer dans le temps. L'intrigue a beau être compartimentée en sept parties, on ne sait plus trop où l'on se trouve dans l'histoire de Damien. Il m'a fallu la lire deux fois pour en comprendre tous les tenants et pour être sûre de n'avoir rien loupé.

Mais de ce voyage, on n'en ressort pas indemne, peu importe qu'on n'ait pas tout engrangé. C'est violent, brutal, non pas dans le sens de sanglant ou dégoûtant, non, plus dans le sens de furieux et intense. C'est toute la colère de Damien qui s'exprime, toute sa rage qu'il ne maîtrise pas/plus et qui se lâche.

Et pour ce faire, les graphismes ont leur importance et vous en bouchent un coin. En noir et blanc, avec beaucoup plus de noir que de blanc, ils vous écrasent, vous oppressent. Les traits fins et abrupts, tantôt hachurés, tantôt fragmentés, font clairement passer les messages escomptés. C'est parfois plein de détails, très minutieux, parfois plus aérés, ou plus fouillis, selon l'événement, le lieu, l'état d'âme ou le personnage dépeint. Les dessins en disent aussi long que les textes, si ce n'est plus puisque ces derniers ne sont pas très abondants. Abrupts donc, mais efficaces. Ils sont mêmes, à mon sens, le point fort de ce roman graphique. Et sans eux, je l'aurais sans doute moins bien noté.

C'est un retour plutôt mi-figue mi-raisin, mais plus figue que raisin (je préfère les figues aux raisins !) car je ne suis pas entièrement convaincue par l'intrigue, qui est pourtant percutante mais un peu trop méli-mélo. Je le suis, en revanche, totalement des dessins, qui savent transmettre toute la bestialité, la rage et la brutalité que dégage l'intrigue. Tout ne m'a pas plu mais il ne fait aucun doute que je ne l'oublierai pas de sitôt.

Reçu et lu dans le cadre de la Masse critique graphique, je remercie Nicolas de Babelio pour la sélection et les éditions Bubble pour l'envoi de cet ouvrage, qui marque à vif.
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date : 03-01
Quand Chase voit par la fenêtre une petite fille dévorer un rottweiller, la tête enfouie dans les entrailles du molosse, il se dit qu'il a trop forcé sur la méthamphétamine. Quand il s'aperçoit que cette petite fille l'a remarqué et qu'elle se rapproche de la fenêtre, tranquillement, avec sa jolie robe sanguinolante et des morceaux de chair se détachant de son joli minois comme de fines tranches de kebab, clairement il se dit qu'il est temps de raccrocher : jamais encore il n'avait eu une hallu aussi puissante...

Ce qu'il n'a pas encore compris, c'est qu'il n'hallucine pas, ni qu'il est dans un mauvais trip... Chase est tellement "déchiré" depuis quelques jours qu'il ne s'est pas encore rendu compte que le monde n'est plus le même : un soir, les gens se sont couchés pour ne plus jamais se relever, vivants tout du moins...

C'est par cette prise de conscience que débute le récit, qui nous met directement dans le bain (de sang). Dès le départ, on sait à quoi s'attendre : un monde post-apocalyptique peuplé de zombies et de junkies, les premiers cherchant à dévorer les seconds, les seconds tentant de survivre, fuir et s'approvisionner en "cristal". Parce que oui, s'ils ne veulent pas devenir comme les premiers, ils comprennent assez vite que la méthamphétamine en est le remède. Plus question de raccrocher donc, on se félicite même que les cures de désintox et les Narcotiques anonymes n'aient pas été des plus efficaces... La priorité, mis à part éviter de servir de casse-croute aux Morbacs ("Morts-back") : rester déchirés et se trouver un "cuisinier" au plus vite.

Bon bon bon... Si j'avais bien compris, en choisissant ce livre, que je serai plongée dans un monde post-apo et qu'il y aurait des zombies tels qu'on les voit dans les films du genre, je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à un tel scénario, où la drogue est clairement mise à l'honneur. Suivre des personnages, toujours en quête d'une dose, toujours en train de se piquer, "déchirés" du soir au matin et du matin au soir, devient peu à peu lassant au fil des pages. L'histoire perd en ténacité petit à petit et tourne en rond, d'autant que l'occasion de s'attacher à ces personnages est quand même minime.

Pourtant, ce livre a quand même des qualités. La plume de l'auteur, par exemple, brute de décoffrage, quelque peu bourrue, directe, s'accorde à la perfection avec ce qu'elle nous raconte. La narration à la première personne nous permet de suivre le déroulement des événements comme si nous étions dans la tête de Chase, et d'ainsi de mieux le cerner, de mieux comprendre ses propres ressentis, ses réactions face aux événements et surtout son addiction. Et même s'il n'est pas attachant et qu'on finit par se ficher de comment ça va se terminer pour lui, il n'en est pas moins un personnage intéressant : ce n'est pas un gentil, pas vraiment un méchant non plus d'ailleurs, il a un comportement plutôt énigmatique, puisqu'il ne réagit pas souvent comme on s'y attendrait, et tout ça fait de lui un personnage qu'on aime à suivre malgré tout.

Côté atmosphère, c'est plutôt bien retranscrit également : à la fois trash et mordante. On imagine très bien les Morbacs et leurs postures, tout comme les lieux déserts ou au contraire surpeuplés de zombies. On ressent bien l'urgence de se mettre à l'abri et de trouver des doses en quantité. La dimension horrifique, plutôt bien dépeinte, est efficace. L'intrigue quant à elle, même si elle devient lassante, est toujours menée tambour battant et la lecture se veut facile et rapide [et elle l'aurait été d'autant plus si j'avais pu distinguer les dialogues du reste de la narration avant qu'une conversation débute ; sans tirets et guillemets, on se rend compte qu'on est dans une conversation uniquement quand on est dedans ; c'est d'un pénible...].

Je ne dirai donc pas que je n'ai pas aimé, puisque ce n'est pas du tout le cas. C'est juste que les "bienfaits" de la drogue sont quand même clairement malaisants, et que j'aurais préféré que le scénario finisse par prendre une autre tournure. J'aurais aimé, par exemple, que les protagonistes se voient offrir une seconde chance, une occasion de rendre le monde meilleur, qu'ils aient une prise de conscience sur certains de leurs faits et gestes, sur le fait qu'ils peuvent tout reprendre de zéro, ou quelque chose comme ça en tout cas. Là il n'y a aucun espoir. Les personnages courent à leur perte du début à la fin. L'adage "Drogue-toi pour rester en vie" n'a pas d'issue, elle ne m'a pas franchement convaincue et plombe un peu le moral il faut bien le dire. Dans le genre roman post-apocalyptique, j'ai déjà lu bien mieux mais je n'ai pas détesté pour autant. Mon retour est plutôt mitigé, je vous invite donc à vous en faire votre propre avis. En revanche, ne l'attaquez pas avec le moral déjà en berne, car ce roman, même s'il parle aussi d'amour et d'amitié, n'a pas une once d'espoir.
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C'est avec "Le bleu est une couleur chaude" que j'ai débuté cette nouvelle année et on peut dire qu'elle a démarré fort : premier livre et premier coup de cœur de l'année !

"Le bleu est une couleur chaude" est un livre magnifique, qui va bien au-delà d'une histoire d'amour entre deux femmes.

C'est grâce au journal intime de Clémentine que nous découvrons son histoire, de ses 15 ans à ses 30 ans. Elle évoque naturellement sa rencontre avec Emma mais nous partage bien plus : ses questionnements, ses doutes, ses angoisses, son déni également mais aussi ses acceptations : acceptation de son corps et de ses désirs, acceptation de son homosexualité, acceptation du regard et du jugement des autres, acceptation d'un amour hors du commun. Au fil des pages, nous observons Clémentine évoluer, grandir, s'accepter, en même temps que sa relation avec Emma évolue, change, s'intensifie.

C'est beau et triste tout à la fois, poignant et bouleversant. Je ne trouve pas d'autres mots...

Je me suis énormément attachée à Clémentine et Emma, d'abord lycéenne et étudiante, puis en tant que femmes actives. J'ai perçu leurs moindres émotions tout au long de ma lecture, j'ai ri avec elles, pleuré avec elles, douté avec elles. J'ai aimé les personnages qui les entourent, et notamment Valentin, le meilleur ami qu'on aimerait tous avoir.

J'ai été également conquise par les dessins, aux traits fins, où le noir et blanc fait place à des couleurs sobres dans la dernière partie du récit. Des dessins tout en finesse, minutieux et expressifs, en totale adéquation avec l'histoire et les ressentis de Clémentine.

Comme je le dis plus haut, on assiste à bien plus qu'une belle histoire d'amour. Il y est question ici et avant tout d'acceptation de soi, mais aussi d'homophobie et de tolérance, d'amitié et d'amour profonds, de l'adolescence et de ses questionnements, du regard et du jugement des autres, de perspectives d'avenir, de sexualité et de sensualité.

Julie Maroh fait preuve d'une sensibilité extrême, et ne peut que nous toucher au plus profond de nous-mêmes. Elle nous met en garde dès la première page, nous prépare au dénouement inéluctable dès le départ. Malgré cela, je n'ai pu m'empêcher de verser quelques larmes à la toute fin. Elle use de mots forts, efficaces, vrais, pour mieux nous émouvoir et nous toucher en plein cœur.

Ce roman graphique est superbe. Malgré une fin tristement belle, il n'en est pas moins lumineux de bout en bout, sans doute grâce aux sujets traités en profondeur mais tout en pudeur, tout comme les personnages et leurs sentiments.
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"Le dernier coyote" est le quatrième roman de Michael Connelly, le quatrième qui met en scène l'inspecteur Harry Bosch. Plus rien ne va pour lui en ce moment : sa maison a été condamnée à la destruction suite au séisme, Sylvia l'a quitté, et pour couronner le tout, il a été suspendu (pour des raisons que je vous laisse découvrir) et se voit obligé de consulter une psy, que son seul jugement l'autorisera ou non à reprendre sa place au LAPD. Il a les nerfs en pelote, notre Harry. Sa psy lui conseille de se trouver un passe-temps, pour s'occuper le corps et l'esprit afin d'arrêter de ruminer et de canaliser sa colère. S'il trouve un peu de réconfort en retapant sa maison (sans autorisation préalable), c'est en rouvrant une affaire non résolue vieille de 30 ans qui va finalement occuper tout son temps... Une enquête en solo, dans l'ombre, sans insigne et sans arme, lui fera-t-il grand bien ? En sachant qu'il s'agit du meurtre d'une prostituée, qui n'était autre que sa mère... Cela reste à voir...

Mais pour nous, lecteurs, c'est l'occasion de nous pencher sur une autre facette de son passé, celle de son enfance, et de connaître de mieux en mieux tout ce qui fait les ambiguïtés de notre flic favori. On le connaissait déterminé et bien campé dans ses positions et ses principes, solitaire, quelque peu caractériel. On y a entrevu un vécu plutôt conséquent (guerre du Vietnam et affaires criminelles qui l'ont forgé). On le savait orphelin, d'une mère prostituée assassinée quand il avait 12 ans. On le découvre ici dépassé par les événements, en colère, fatigué, à bout. Avec sa hiérarchie, ce n'était pas tip-top. En ce moment, il n'en a plus mais il l'a quand même sur le dos. Pas super pratique quand on décide de mener sa propre enquête incognito...

Encore une fois, je me suis régalée. Décidément, ce flic, je l'aime de plus en plus, d'autant que j'ai perçu ses moindres ressentis. Avec toutes les atrocités de son quotidien de flic de la Criminelle, il reste toujours le même, humain malgré tout, et intègre. Il n'est certes pas très apprécié de ses collègues et de sa hiérarchie, il fourre toujours son nez là où il ne devrait pas, il dérange, pose trop de questions et se fait constamment de nouveaux ennemis. En ce moment, il réagit au quart de tour et n'est pas à prendre avec des pincettes, pourtant, oui, je l'aime et je me réjouis à l'idée de le retrouver de nouveau bientôt.

Comme à son habitude, Michael Connelly prend son temps avant que tout ne s'emballe. Il pose ses décors (Los Angeles après le séisme) et l'état d'esprit de son personnage principal tout d'abord. Ce n'est que petit à petit que le rythme s'accélère et que la tension monte. La plume dynamique et les chapitres courts font que le temps file sans qu'on ne s'en rende compte. Totalement ferrée, je n'ai pas vu les pages se tourner, toutes seules, encore et encore.

Reprendre une affaire classée non résolue de 1961 depuis le début nous permet de plonger dans une partie du vécu de Harry qui n'était seulement qu'évoquée jusque-là. Harry va remuer le passé et déranger quelques grands pontes. Prostitution, corruption politique et image médiatique ne font pas bon ménage... Mais si cette enquête paraît pourtant simple et évidente au départ, sans réelle surprise en fait, on se rend compte au fil des pages qu'on est mené par le bout du nez. Elle est en fait bien plus tortueuse qu'elle n'y paraît. Les révélations tombent au goutte à goutte, on croit en savoir l'essentiel mais on tombe des nues dans les toutes dernières pages.

Voilà, j'ai adoré, encore. C'était ma dernière lecture de l'année 2023, et je l'ai terminée en beauté.
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"Le chevalier au bouclier vert" est le livre que mon fils doit lire pendant ces vacances de Noël. Il a beau en lire un peu tous les soirs, il n'avance pas des masses, au point que je commence à lui mettre la pression si je veux qu'il l'ait terminé pour le 18 janvier. 288 pages, un mois pour en venir à bout, c'est largement faisable, à condition qu'il plaise, ce qui n'est clairement pas le cas... Au moment où j'écris ces lignes, il n'a lu que 45 pages (en 6 jours), où il s'est arrêté en plein milieu du chapitre 2 (lui qui ne supporte pas de s'arrêter n'importe où dans sa lecture, ça en dit long...). Comme d'habitude, je le lis à mon tour, afin de l'aider au mieux. Et je peux enfin comprendre ce qui le rebute tant...

L'histoire se déroule au Moyen-Âge, au XIIᵉ siècle. Nous y suivons Thibault de Sauvigny, un jeune écuyer de 15 ans venant d'être adoubé chevalier pour avoir sauvé Éléonore, la fille du comte de Blois. Tombé amoureux de la belle mais extrêmement pauvre, il ne peut l'épouser. Convoitée par Foulque, futur seigneur de Montcornet et ennemi de Thibault, ce dernier préfère devenir chevalier errant. Accompagné de Barnabé, paysan converti en écuyer, et plus tard de Torticolis, jongleur et menestrel, Thibault ira là où le destin le conduira. Sa route, semée d'embûches, croisera celle d'Éléonore et de ses frères et sœur, des Montcornet, et de quelques autres encore comme le roi Louis VI (dit Louis « le Gros »). Du comté de Blois à Paris, en passant par Chartres et Orléans, Thibault devra garder courage, honneur et loyauté malgré toutes les mésaventures qui l'attendent. Meurtres, complots, sorcellerie et trahisons le mettront à dure épreuve...

Je vais commencer par dire ce qui ne va pas du tout le faire avec mon fils. Je reviendrai sur mon propre ressenti ensuite.

Pour rappel, mon fils est dys+ avec trouble de la mémorisation, et malgré les aménagements faits en classe, les difficultés demeurent. Il aime lire, depuis toujours, à condition que ce soit adapté à ses difficultés (et que ça lui plaise et l'intéresse, cela va sans dire). Et là, c'est une catastrophe. Je n'ai aucun reproche à faire au style de l'autrice (en dehors de la narration au présent totalement inadéquate) : sa plume est élaborée, riche en vocabulaire et sacrément bien documentée. Mais voilà, c'est bien trop complexe pour mon fils. Sans parler des personnages, sacrément nombreux : si je n'en ai pas oubliés, il y en a 21. Je comprends mieux ses réticences et son manque de motivation. Une fois n'est pas coutume, nous allons nous servir de la version audio que sa prof m'a envoyée, en plus du résumé de chaque chapitre que je lui ai préparé, et arrêté là son calvaire.

Bon sinon, qu'en ai-je pensé, à défaut d'en dire au final ce que le fiston en aura pensé à la fin de sa lecture audio ? Et bien, de mon point de vue d'adulte, justement, je le trouve sacrément bien fourni, pour un roman jeunesse s'entend. Au niveau historique, rien à redire, on baigne totalement dans le Moyen-Âge, avec les seigneurs et les paysans qui triment, les châteaux forts, la chevalerie et son code d'honneur, les tournois et les duels, et sa part religieuse également.

Au niveau de l'intrigue, on reste dans du basique : deux personnes amoureuses issues de deux milieux différents, des méchants et des gentils, et quelques-uns entre les deux (plutôt appréciable). Il y est question d'honneur et de loyauté, de fidélité à son seigneur/roi/Dieu, de courage et d'amour bien évidemment. Il y a des batailles épiques (bien que fort peu décrites), des duels à l'épée, des meurtres, des conspirations, des trahisons. Tout est relativement bien ficelé, plein d'action et d'aventure, avec une légère touche de fantastique (magie, malédiction, sorcellerie). La fin est plus que prévisible, digne d'une fin de conte de fées, mais on n'en voudrait certainement pas d'une autre.

Au niveau du style d'écriture, comme je le dis plus haut, je l'ai trouvé assez recherché, tant au niveau de la narration, des dialogues (semi) d'époque, et du lexique "médiéval". Il y a clairement de quoi enrichir ses connaissances et son vocabulaire. Je regrette la narration au présent et non pas au passé, qui ne s'y prête pas du tout (à voir ce que ça donne avec la version audio d'ailleurs).

Un autre reproche : les personnages trop nombreux. Certains reviennent souvent, on ne peut donc les oublier. D'autres en revanche nécessitent un effort de mémoire, comme Ruffin par exemple qui apparaît au tout début et ne revient qu'à la fin (sans la liste des personnages que j'avais préparée pour mon fils, je chercherai encore qui il est).

Pour qui aime la chevalerie et tout ce qui s'y rapporte, il est à conseiller sans hésitation. Pour nous, c'est raté pour les raisons que j'évoque plus haut, mais n'en tenez pas trop compte. C'est un roman jeunesse de qualité, riche en événements et aventures, et à la plume étoffée et propre à instruire le jeune lecteur sur la vie au Moyen-Âge.
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date : 26-12-2023
"Un grain de moutarde" est la suite de "Le crocus jaune". Les événements se déroulent dix ans après, un peu en Ohio mais essentiellement en Virginie. La guerre est terminée, tous les hommes, Noirs et Blancs, sont égaux (pour les femmes, c'est une autre histoire... et euh... pour les Noirs aussi en fait...). En tous les cas, il n'y a plus d'esclaves, ils ont été affranchis, officiellement parlant tout du moins (officieusement, c'est encore une autre histoire...).

On y retrouve Mattie, grâce à la "voix" de sa fille Jordan qui se partage la narration avec Lisbeth. L'une et l'autre ont bien évolué depuis dix ans, chacune vit sa vie, Lisbeth en tant que mère de famille et unioniste, Jordan en tant que fille d'anciens esclaves et institutrice. Chacune se voit quitter leur Ohio pour retourner en Virginie, pour des raisons qui leur sont propres. Le hasard (ou le destin) les mettront sur le même chemin, semé d'embûches...

L'histoire se déroule dans un État en colère, que l'issue de la guerre de Sécession n'arrange pas du tout et qui le fait bien payer aux esclaves affranchis. Climat de haine et de peur sert d'ambiance à l'intrigue. Là où je trouvais que le contexte historique n'était pas assez développé dans le précédent opus, j'en trouve un ici bien plus étoffé, pour mon plus grand plaisir.

Côté intrigue, là encore on y retrouve une dimension un peu cousue de fil blanc et plus ou moins prévisible, pourtant j'ai adoré suivre l'ensemble des protagonistes, qui tous ont leur petit quelque chose d'attirant (ou pas !). Les uns et les autres sont amenés à se croiser, se rejoindre, agir ensemble. L'histoire est belle et touchante, bien implantée dans son contexte historique qui ne sert pas, ici, uniquement de décor.

L'ensemble se veut bien plus abouti que le tome précédent, que j'avais bien aimé pour m'avoir fait passer un doux moment. Mais j'ai grandement préféré cette suite, qui m'a totalement embarquée.

C'est joliment écrit. Les personnages, bien que peu surprenants quant à leurs traits de caractère et à leurs faits et gestes, n'en sont pas moins attachants. L'intrigue est quant à elle quelque peu prévisible mais très prenante quand même, tantôt attendrissante, tantôt plus acérée. Elle est plutôt bien ancrée dans le contexte de l'époque, où l'on y retrouve une ambiance et des mentalités subtilement dépeintes.

Un très très bon moment de lecture !
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La collection des "Max et Lili" a toujours autant de succès à la maison. Entre ceux que l'on a et ceux de la bibliothèque, mon dernier a énormément de choix et ne s'en prive pas. D'autant que maintenant qu'il est au CP et que le premier trimestre tire à sa fin, il commence à lire tout seul et à déchiffrer de plus en plus de mots sans aide. Ces petits livres, sans trop de texte et aux nombreuses illustrations (sous forme de mini BD ici), sont relativement motivants et incitatifs pour les premières lectures en (presque) autonomie.

Aujourd'hui, j'avais envie de m'arrêter sur "Max est timide", troisième tome de cette longue série, parce que mon dernier... n'est pas du tout timide ! Mon grand l'était (et l'est toujours d'ailleurs), alors je le découvre d'une autre manière.

Comme son titre l'indique, ce petit livre aborde la timidité chez les enfants. Il met en scène Max qui aurait bien envie de jouer au foot avec ses nouveaux voisins mais qui, n'osant pas les rejoindre, se contente de les observer. Chaque membre de sa famille va intervenir et tenter de le motiver pour l'inciter à y aller, plus ou moins maladroitement.

On peut donc interpréter ce livre de deux manières différentes selon que l'on est soi-même timide ou pas du tout. Prendre sur soi et de l'assurance pour oser d'un côté ou aider son prochain plus timide que soi en faisant le premier pas. Je n'avais pas vu cette deuxième facette jusqu'à aujourd'hui.

En tous les cas, il y est ici essentiellement question de confiance en soi pour vaincre sa timidité ou celle de l'autre. C'est court mais efficace, d'autant que le jeune lecteur peut facilement s'identifier à l'un des jeunes personnages. Et puis, Max est touchant comme tout.

Le traditionnel questionnaire en fin d'ouvrage est toujours aussi bienvenu et permet un moment d'échange et de partage d'expériences entre le jeune lecteur et l'adulte, en l'occurrence ici entre mon fiston plutôt extraverti et très à l'aise en société et la très grande timide que j'étais à son âge. C'était plutôt sympa !
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Voici encore un livre qui traîne dans ma pal depuis une éternité, et qui sans la lecture commune de ce mois-ci, y traînerait sans doute encore pour un moment. De Mary Higgins Clark, j'ai dû n'en lire que trois ou quatre, que je trouve à chaque fois un peu vieillots mais pas désagréables pour autant. C'est le cas ici, sauf que je l'ai trouvé, en plus et par moments, terriblement long.

"La maison du clair de lune" nous emmène à Newport, dans le Rhode Island, où nous sommes invités à suivre Maggie qui, alors qu'elle vient tout juste de retrouver son ex-belle-mère (l'ex-femme de son père), avec qui elle était très liée petite fille, la découvre morte assassinée chez elle. Après le choc de cette découverte macabre et les funérailles, Maggie se rend compte que sa présence dérange, d'autant qu'elle a hérité de la maison de Nuala et qu'elle décide de ne pas la mettre en vente pour l'instant. Voilà que ça n'arrange pas les affaires de tout le monde...

Entre transactions boursières et investissements financiers, escroqueries, décès suspects, rites funéraires et résidence pour séniors aisés, Maggie se trouve mêlée aux histoires des uns et des autres. C'est tout un petit monde qui gravite autour d'elle, de plus ou moins près, et c'est tout ce petit monde qui se partage les chapitres.

Le fait de suivre tout un chacun au fil des chapitres a d'abord été un atout. Je trouvais que ça donnait un certain rythme à la lecture, d'autant que les chapitres sont plutôt courts. Mais en dehors du fait que l'intrigue traîne en longueur et n'avance pas énormément, il s'avère que le nombre de protagonistes monte crescendo. On passe de l'un à l'autre sans arrêt, sans s'y attarder, et il ne se passe... quasiment rien... Ils sont trop nombreux, pas tous franchement utiles. L'autrice rentre des détails superflus sur leurs faits et gestes dont on pourrait se passer volontiers.

Quant à l'intrigue, elle s'essouffle petit à petit. Le peu qu'on en apprend au fur et à mesure qu'on approche du dénouement permet de comprendre assez vite le schmilblick, et de deviner l'identité du meurtrier.

Aucune surprise donc, à cause de rebondissements que l'on voit venir à trois kilomètres à la ronde. Des personnages absolument pas travaillés. Des flics plus qu'incompétents. Des décors à peine décrits. Une intrigue qui traîne en longueur.

Je n'ai absolument rien ressenti durant ma lecture, ni tension, ni angoisse, ni empathie pour aucun des personnages, ni envie de continuer encore et encore pour connaître la fin (quand on la devine trop tôt, on en perd tout intérêt). Voici le genre de bouquins que je me dépêche de finir pour pouvoir vite passer à autre chose.

Et je n'ai eu aucun mal à le terminer car, si le style d'écriture n'est pas poussé, il n'en est pas moins plaisant et fluide. Les chapitres courts et l'alternance des points de vue des nombreux personnages rendent la lecture très dynamique malgré une intrigue des plus stagnantes.

Pourtant la lenteur ne m'a jamais gênée, au contraire j'aime quand les auteurs prennent le temps de tout implanter. J'aime faire connaissance avec les personnages, j'aime admirer les paysages, j'aime sentir des atmosphères spécifiques avant que l'intrigue ne démarre pour de bon. Malheureusement, je n'ai rien perçu de tout ça, si ce n'est une histoire trop plate... Ma lecture n'a pas été un calvaire pour autant mais en matière de "vieux" polars des années 1990, j'ai quand même connu bien mieux...
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Nous avions fait une pause avec cette petite série. Le tome précédent avait moins plu à mon fils, et d'autres lectures lui faisaient davantage envie également. Mais nous l'avons reprise récemment, d'autant qu'il ne nous restait plus qu'un seul tome pour la conclure.

Nous avons donc retrouvé Malo, notre passeur de fantômes, et ses deux acolytes, Silène la médium et Octave le spectre poilu (en référence à la Première Guerre mondiale, non pas à sa pilosité). Dans cet épisode-ci, l'intrigue se déroule au Mystéro-Parc, un parc d'attractions dédié au fantastique. Silène et Malo y sont pour le week-end, accompagnés par les parents et la sœur de ce dernier, ainsi que d'Octave qui n'aurait manquer pour rien au monde l'occasion de faire peur aux gens.

Parmi toutes les attractions, toutes plus angoissantes les unes que les autres (sauf pour Malo et Silène, habitués à côtoyer de vrais fantômes), il y en a une en particulier : le train fantôme. Particulier non pas dans le sens complètement effrayant, non, particulier parce que cette attraction abrite un vrai fantôme, ancien Poilu également tué par un obus, étrangement lié à une lampe de mineur, dont est dissimulé à l'intérieur un autre objet étrange...

Malo et Silène, avec Octave, vont mener l'enquête. Qu'est-ce qui retient Émilien dans notre monde ? Quels secrets cache son histoire ?

Et c'est ce que nous allons découvrir au fil des pages. L'histoire d'Émilien recèle de nombreux mystères qui nous obligent à continuer encore un peu pour enfin savoir. Dans cette quête de vérité, il y est question de secrets de famille, d'amour interdit, de traumatismes de guerre également, mais aussi de relations frère-sœur et d'amitié (amoureuse) adolescente, abordées d'ailleurs avec humour afin de détendre l'atmosphère un peu oppressante.

Le suspense est plutôt bien maintenu. Les éléments ne sont révélés que petit à petit. L'ambiance "fantastique" au sein du parc est relativement palpable. Les personnages sont à croquer et leurs relations touchantes et/ou rigolotes. On a particulièrement bien aimé M. et Mme Archambault, les propriétaires loufoques du parc. La relation entre Malo et Silène évolue quelque peu. Le grain de sel de Sophia (la sœur de Malo) et la moustache d'Octave viennent égayer le déroulement des événements, sans jamais ternir au bien-fondé de l'histoire qui touche à des sujets plus sérieux et plus profonds, comme les horreurs et les traumatismes de la guerre par exemple. Tout est justement dosé pour que le jeune lecteur ait envie de continuer sa lecture.

De mon point de vue d'adulte, je trouve que tout se déroule très vite et que l'intrigue est un peu trop facile. J'ai eu tôt fait de tout comprendre bien avant que tout ne soit révélé. Mon fils, lui, s'est fait berné, il n'avait pas vu venir le dénouement (très touchant, par ailleurs). C'est donc que ce petit roman jeunesse est tout de même efficace.

Plein d'humour, de mystère et d'action, mon fiston et moi sommes tous les deux d'accord pour dire que ce cinquième et dernier tome est sans aucun doute le meilleur de cette pentalogie.
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date : 19-12-2023
« Prendre un enfant par la main
Et lui chanter des refrains
Pour qu'il s'endorme à la tombée du jour
Prendre un enfant par l'amour »

Cette jolie chanson d'Yves Duteil illustre parfaitement ce roman. Ces mains qui se tiennent, que l'on voit sur la couverture, ce sont celles de Lisbeth et de sa nourrice noire esclave, Mattie. Entre elles, ce ne sont pas de simples relations entre maîtresse et esclave qui se sont installées. Un lien bien plus profond les unit. Le destin les sépareront, mais toujours elles resteront ancrées dans le cœur de l'autre.

Et c'est le destin de ces deux femmes que nous sommes amenés à suivre. Deux femmes que tout oppose : l'une blanche, l'autre noire, l'une fille d'un riche propriétaire promise à un beau mariage, l'autre esclave de génération en génération.

Si l'intrigue dans son ensemble est assez convenue et sans grande surprise, j'ai tout de même passé un joli moment de lecture. Il se passe ce qu'on voudrait qu'il se passe, les personnages réagissent tel qu'on le voit venir, parfois de loin, pourtant l'histoire est belle et très émouvante. Mattie et Lisbeth sont toutes les deux attachantes, chacune à leur manière, par le lien qui les unit, dans leur soif de liberté, leur quête vers l'émancipation. Elles nous touchent et nous offrent parfois des moments forts. Il m'est arrivé d'avoir la larme à l'œil, non pas que ce soit triste, mais beau tout simplement.

Nous sommes plongés, sur plusieurs décennies, au cœur du XIXᵉ siècle, au moment où les États abolitionnistes et les États esclavagistes sont en total désaccord. L'intrigue se situe d'abord et essentiellement en Virginie, puis dans l'Ohio, et est ancrée dans l'Histoire. Il y manque un peu de références ou de précisions, mais en ayant déjà pas mal lu sur cette période, je n'en ai pas été gênée. Il est vrai que je préfère quand le contexte historique est plus développé, mais l'autrice se rattrape en approfondissant davantage ses deux personnages principaux. Elle mise tout sur le côté humain et relationnel et finalement, l'ensemble s'équilibre plutôt bien.

Ça faisait un moment que j'avais repéré ce livre, c'est encore grâce à un challenge que je me suis décidée à le lire enfin. J'en attendais un peu plus, sans aucun doute. Je le trouve un peu trop léger au niveau de l'intrigue, et de la temporalité également (les années ont tendance à défiler un peu trop vite), mais j'ai tout de même passé un agréable moment, tout de douceur malgré le sujet et le contexte historique, joliment émouvant. Je lirai la suite très bientôt sans avoir à me forcer.
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Depuis "Ces jours qui disparaissent", il était inévitable que je revienne vers Timothé Le Boucher. Ce n'était pas prévu dans l'immédiat, ni avec "Dans les vestiaires" (c'est "Le patient" que j'avais davantage repéré), mais nos chemins se sont croisés lors de ma dernière visite à la bibliothèque, in extremis d'ailleurs, puisque j'avais déjà fait mes choix et qu'il m'a fallu en sacrifier un si je voulais repartir avec.

Timothé Le Boucher change ici complètement de sujet et s'adresse également à un public plus large. On y suit un groupe d'adolescents (garçons) dans les nouveaux vestiaires du collège. Nouvelles peintures et nouveau design : bleu-vert dans le sas principal où les bancs le long du mur ont remplacé les casiers, rose dans les toilettes qui n'ont plus de séparations, et enfin des douches collectives à la place des cabines individuelles. Contents de leurs nouveaux vestiaires, les garçons sont également déstabilisés, notamment parce qu'il leur est désormais difficile de cacher leur intimité et leurs complexes. Se déshabiller et se laver aux yeux de tous n'est pas donné à tout le monde. S'il y en a pour qui ce changement ne dérange pas, certains, en revanche, se tourneront face au mur, d'autres ne prendront tout simplement pas leur douche ou détourneront l'attention sur les défauts des autres.

C'est ainsi qu'on est amené à nous parler d'harcèlement et de violences scolaires, de souffre-douleur et de moqueries, de puberté, de sexualité ou encore de voyeurisme. Il y est beaucoup question de cruauté entre les adolescents. D'un jeudi à un autre, on retrouve toujours le même groupe de garçons, on y voit évoluer les relations entre les uns et les autres et leur "rang" dans le groupe (du plus populaire à la tête de turc). Il nous est montré comment la place et le rôle de chacun peuvent être à ce point malléables, pour un mot ou un geste de travers, ou encore une vidéo filmée à votre insu qui tourne sur les réseaux...

D'une petite brimade au début, on a tôt fait d'arriver au drame inévitable si rien n'est fait entre temps...

Le sujet choisi par Timothé Le Boucher n'est pas le plus rigolo, mais entre parfaitement dans l'actualité. Je n'ai pas été aussi remuée que dans "Ces jours qui disparaissent". J'ai eu envie, en revanche, de distribuer des claques à la pelle. C'est fou ce que l'effet de groupe peut avoir comme conséquence sur les comportements. Quelques-uns ont su de temps à autre me toucher individuellement, malheureusement l'envie de le tarter la page suivante se fait vite sentir dès lors qu'il redevient un petit c** quand il retrouve ses potes.

L'adolescence, c'est quand même une période terrible. Les jeunes peuvent être adorables entre eux, autant qu'ils peuvent être tout le contraire. Ils se cherchent, le corps change, l'apparence a son importance, autant que les marques (chères de préférence) qu'il faut porter, les hormones se réveillent, etc. Timothé Le Boucher aborde tout ça dans son roman graphique et il le fait relativement bien, même si la méchanceté prédomine sur toute l'histoire. On n'en ressort pas rassurés car l'auteur met le doigt là où ça fait mal : son intrigue est malheureusement et cruellement réaliste...

Un petit mot sur les dessins : Plutôt classiques, épurés, aux traits fins, ils n'ont rien d'exceptionnel mais s'accordent assez bien avec l'histoire. Là où j'ai eu un peu plus de mal, c'est pour retenir le prénom de chacun, je me suis davantage fiée à leur visage.

On dit que l'adolescence, c'est l'âge bête. Ça ne concerne évidemment pas tous les jeunes (heureusement ! ... enfin j'espère !), l'auteur, en tout cas, ne fait rien pour démontrer le contraire...
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Je continue sur ma lancée avec le troisième roman de Michael Connelly, dans lequel on retrouve Harry Bosch pour la troisième fois. Et c'est encore une réussite. Décidément, je commence à regretter de ne pas avoir fait connaissance avec l'auteur bien plus tôt, je me rends compte que je passais à côté de quelque chose.

Et dans ce troisième opus, l'auteur revient sur les événements qui ont valu à Harry Bosch de perdre sa place à la Criminelle de L.A quatre ans plus tôt, lors de l'affaire du Dollmaker, serial killer tué par Harry lui-même lors de son arrestation. Déjà l'affaire était évoquée dans les deux livres précédents. Ici, elle est au cœur de l'intrigue, puisque la femme du défunt tueur a porté plainte contre le flic "assassin". L'histoire commence donc ainsi, avec l'ouverture du procès de Bosch. Mais si ce dernier n'est pas tellement inquiet quant à l'issue de ce procès (au début en tout cas), des doutes vont venir s'immiscer quand le cadavre d'une femme est découvert : le meurtre porte la signature du Dollmaker alors qu'il a eu lieu après sa mort...

Quel plaisir de retrouver cet inspecteur que je commence à bien connaître et que j'apprécie de plus en plus, intègre, déterminé, qui a parfois du mal à composer avec sa hiérarchie, qui garde tout pour lui, son passé familial comme ses propres sentiments. Ici, on le voit mener deux barques à la fois : son procès d'un côté et son enquête de l'autre, qui finissent par se recouper. Et si on le comprend dès le départ, on en ignore comment et pourquoi.

Tout du long, on se pose des questions et on émet nos propres hypothèses, qui tombent à l'eau à chaque fois. Les fausses pistes, retournements de situation et trahison en sont les principales causes.

Comme à son habitude, l'auteur prend le temps de tout bien implanter avant que tout ne s'accélère progressivement. Il aime à nous dépeindre un Los Angeles pas toujours très reluisant, au taux de criminalité qui pète tous les records. Il nous plonge ici à cheval entre le milieu judiciaire, celui de la pornographie et celui de la prostitution, ce qui plante des décors et une atmosphère quelque peu lugubres.

Il y aurait encore beaucoup à dire, notamment sur les personnages secondaires qui gravitent autour de Bosch (comme son avocat et surtout l'avocate de la partie adverse, ou les suspects), sur le profil du tueur et son mode opératoire, ou encore sur le déroulement du procès, mais, comme pour tout bon thriller policier, à trop en dévoiler pourrait gâcher le plaisir de le découvrir par vous-même.

La personnalité de Bosch est parfaitement décortiquée. L'intrigue est rondement bien menée et nous tient en haleine jusqu'à la fin. Le suspense est de mise. Les rebondissements arrivent au bon moment. Le rythme de lecture s'accélère au fur et à mesure qu'on s'approche des derniers chapitres. La pression monte à petit feu jusqu'au dénouement final plein de surprises.

Encore un excellent moment de lecture ! Vivement le prochain !
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