Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
710 525
Membres
992 769

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Commentaires de livres faits par BooksFan-ny

Extraits de livres par BooksFan-ny

Commentaires de livres appréciés par BooksFan-ny

Extraits de livres appréciés par BooksFan-ny

Dans ce second volume, j'ai retrouvé Hakim là où je l'avais laissé, à savoir en Turquie, sur le point d'emménager à Istanbul avec sa femme enceinte et sa belle-famille. Mais son beau-père, n'arrivant toujours pas à trouver du travail et voyant ses économies fondre comme neige au soleil, prend la décision de rejoindre la France. Une fois là-bas, il réussit à rapatrier les siens (légalement). Mais n'ayant pas d'actes de mariage et de naissance, Hakim et son bébé (sa femme a accouché entre temps) ne peuvent partir avec eux et se retrouvent seuls. En plus de devoir subvenir aux besoins de son fils, financièrement parlant, Hakim apprend à être père. Il ne devait s'écouler que trois mois avant qu'Hakim puisse retrouver sa femme, le temps pour elle de faire le nécessaire et de composer avec l'administration française. Or, les démarches sont longues et n'aboutissent finalement pas. Voilà presque un an que le petit Hadi n'a pas vu sa mère... Se retrouvant dans une impasse, dans l'impossibilité de rejoindre légalement sa femme, Hakim plaque tout et prend contact avec un passeur, censé le conduire avec son fils en Grèce. Embarqués avec un grand nombre de réfugiés, serrés comme des sardines, d'abord dans la remorque d'un camion puis dans un rafiot gonflable, le voyage est un véritable désastre...

J'ai trouvé ce tome encore plus bouleversant que le précédent. J'ai perçu toutes les émotions par lesquelles est passé Hakim : la peur au ventre, omniprésente, pour lui mais surtout pour son fils ; son désespoir, sa colère, son amour pour son fils, sans qui il aurait sans doute tout laisser tomber ; sa tristesse et son apathie lorsqu'il apprend le décès d'un très proche, tué par les bombardements en Syrie ; ses doutes concernant les décisions qu'il doit prendre, malgré tous les risques encourus.

Lorsque Hakim, les larmes aux yeux, évoque certains événements à Fabien Toulmé, ce dernier nous explique comment lui-même a failli verser quelques larmes, tellement il était touché par ce père au désespoir. Autant vous dire qu'en ce qui me concerne, ça n'a pas seulement failli... J'ai été touchée en plein cœur. Cet épisode dans l'Odyssée d'Hakim est bouleversant et éprouvant. L'auteur, comme à son habitude, sait nous transmettre et partager ses émotions, tout comme celles de ses protagonistes. Et c'est d'autant plus terrible parce que nous ne sommes pas dans une fiction mais bel et bien dans la réalité.

Par moments, je me suis demandé dans quoi je m'étais embarquée, si j'arriverai entière au bout de ce périple. Mais ce périple, Hakim l'a vécu pour de vrai, je me devais de continuer également. J'ai atteint la côte grecque en larmes mais j'y suis parvenue, et je vous assure que lire les yeux brouillés n'est pas chose facile...

Enfin bref, je pense que vous l'aurez compris : je ne suis pas sortie indemne de cette lecture tout en émotions, qui joue avec notre sensibilité. C'est à la fois beau et tragique, triste à en mourir et pourtant empli d'amour, de solidarité et de belles rencontres.

Une lecture percutante et éperdument chamboule-tout.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 21-11-2023
C'est dans une boîte de livres que j'ai dégotté ce roman, signé Richard Bachman mais sans savoir que c'était un pseudo de Stephen King. C'est en rentrant à la maison, en consultant sa fiche, que je m'en suis rendu compte, tout comme j'ai appris également qu'il était étroitement lié à un autre de ses romans, "Désolation", paru le même jour mais bien signé Stephen King pour celui-là. C'est pour cette raison que j'ai voulu les lire pas trop éloignés dans le temps l'un de l'autre. Ces deux romans mettent en scène les mêmes protagonistes mais dans une dimension et des lieux différents.

Et quand je dis mêmes protagonistes, entendez plutôt des personnages ayant les mêmes noms et prénoms. Car effectivement, si l'on en retrouve jouant un rôle assez similaire (comme Johnny ou Collier), d'autres en revanche s'en sont éloignés du tout au tout (comme Ellie et Ralph). Je dois dire que je me suis pas mal emmêlé les pinceaux au début, je mélangeais et confondais souvent avec "Désolation". J'ai fini par tout lister sur une feuille, d'autant qu'il y a pas mal de nouveaux personnages qui entrent en scène. Finalement, ça m'aura été utile... puisque je ne l'ai pas consultée une seule fois en suivant... D'avoir tout mis à plat d'un coup aura suffi pour que j'intègre enfin l'ensemble des protagonistes, leurs caractéristiques, leurs rôles et leurs liens.

Dans cet opus, l'action se déroule dans un patelin de l'Ohio, appelé Wentworth, dans un quartier nommé Poplar Street. Durant les 400 pages que contient ce roman, les protagonistes n'en sortiront pas. Quand bien même ils l'auraient voulu, ils n'auraient pas pu. C'est ainsi qu'on fait la connaissance de chacun des habitants de cette rue. Tous voisins, ils se connaissent tous plus ou moins. L'entente est cordiale, rien ne cloche (pas plus qu'ailleurs du moins). Et en cette journée du 15 juillet 1996, chacun est à ses occupations habituelles : l'un joue de la guitare, l'autre arrose son jardin, un tel se rase, un tel autre lave sa voiture pendant que les ados du quartier jouent au frisbee avec le chien. Jusqu'à ce qu'un van rouge pétant avec une sorte de radar futuriste sur le toit déboule et déclenche une fusillade.

De là, tout part en vrille : tueries et incendies perpétrés par des êtres qui ne ressemblent en rien à des humains, attaques d'animaux qui n'existent que dans l'imagination des enfants, décors qui se transforment petit à petit à un lieu de tournage d'un western... Les rescapés, en attendant de comprendre ce qu'il se passe, doivent se cacher...

Si c'est bien le même "mal" qui s'attaque aux habitants de Poplar Street que dans "Désolation", l'histoire n'est pas du tout la même. Et mis à part les noms des personnages et l'origine du Mal (Nevada), il n'y a qu'un point commun flagrant : un enfant qui est au centre de l'histoire, mais là encore complètement différents l'un de l'autre. Ici, nous avons affaire à un enfant possédé et manipulé, autiste de surcroît, auquel je n'ai pas vraiment pu m'attacher, l'auteur ayant préféré nous conter l'histoire de différents points de vue mais rarement de celui de Seth.

Mais qu'à cela ne tienne, les autres personnages n'en sont que mieux traités et sacrément bien campés. On est ici moins dans l'angoisse et la tension mais l'atmosphère horrifique est palpable dès les premières lignes. Là, c'est le roman d'horreur pur et dur. L'auteur ne fait pas dans la dentelle. Il prend certes son temps, comme d'habitude, pour tout implanter (personnages et décors) mais je l'ai trouvé plus cru. Ce n'est pas l'angoisse qui monte crescendo, ni cette sensation d'oppression, mais les horreurs tout simplement. On passe d'un massacre à un autre, d'une mort violente à une autre. Il n'en oublie pas pour autant son fil conducteur, l'intrigue reste bien menée, bien que plus simplifiée que dans "Désolation", mais c'est... comment dire ? moins subtile, non pas trop violent (enfin si quand même un peu) ni trop dégueu, trop lourd ou trop gros peut-être ?

Quoiqu'il en soit, je n'ai pas été prise par l'angoisse et la tension, je n'ai pas ressenti l'étau qui se resserre sur les personnages, ni l'urgence de la situation. L'horreur est bien là, le glauque aussi, la sensation de huis clos (ou de vase clos ?) sans aucun doute, mais il m'a manqué ce petit quelque chose qui noue les tripes et que j'attends quand j'ouvre un livre d'épouvante.

Côté écriture, rien à y redire. L'auteur est toujours aussi minutieux pour dépeindre les différents événements et réactions. On imagine tout très bien, tout comme on voit tout ce qu'il ne veut pas décrire. Le ton est peut-être plus mordant ici, plus spontané. Il jongle entre passé (journal intime, lettres et articles de journaux) et présent, ce qui rend la lecture très dynamique.

Pas de "bondieuseries" dans Les Régulateurs, mais j'ai quand même préféré Désolation, que je trouve plus approfondi au niveau de l'intrigue, plus angoissant et moins cru. Je n'ai pas détesté, au contraire, mais il ne figurera pas parmi mes préférés de l'auteur.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Et me voilà partie dans le second tome des aventures d'Armelle et Mirko, devenus inséparables. Tous deux forment un joli duo. Armelle a trouvé en Mirko un remède à sa solitude et le courage d'affronter sa peur du noir.

Mais voilà que Mirko ressent le besoin de reprendre son voyage. Un peu vagabond dans l'âme, il dit au revoir à Armelle avant de reprendre la route. C'est donc chacun de leur côté que nous allons suivre pour un petit temps les deux amis.

Armelle, très triste d'avoir perdu son seul et meilleur ami, est aussi pleine d'amertume de se rendre compte qu'elle n'est pas aussi indispensable à Mirko que ce dernier l'est pour elle. Elle broie du noir, déprime... jusqu'à ce que Pépin le lièvre (lapin ?) poète et Fabienne la renarde végétarienne s'inscrustent quelque peu dans son quotidien morose...
Mirko, quant à lui, fait également de nouvelles rencontres : il fait la connaissance de musiciens qui l'acceptent volontiers dans leur groupe. Mais au fil des jours, Mirko pense un peu plus à Armelle qui lui manque de plus en plus...

Armelle ayant apprivoisé ses peurs, ce tome se concentre davantage sur d'autres thèmes, tel que le rejet des autres, l'acceptation de ses différences et la solitude, toujours en mettant en avant l'amitié. Les auteurs veulent montrer ici qu'être seuls ensemble n'est plus vraiment être seuls, qu'il est essentiel de s'accepter tel que l'on est pour avoir confiance en soi, et d'accepter les autres tels qu'ils sont pour créer des liens solides.

L'histoire est toute mignonne, autant que les personnages touchants à souhait. Les dessins sont toujours aussi beaux et colorés. La lecture se veut très rapide et fluide. Cet album ne peut que plaire aux jeunes lecteurs, d'autant qu'il a une petite touche humoristique que le tome précédent n'avait pas.

Il n'est pas utile d'avoir lu le tome 1 pour la lecture de ce tome 2, puisque les deux histoires sont indépendantes. En revanche, je le conseille quand même, au moins pour mieux comprendre la dépendance d'Armelle vis-à-vis de Mirko.

J'ai une petite préférence pour le premier tome mais ce second n'en est pas moins superbe, tant par la forme que par le fond. Les dessins sont vraiment très beaux (autant que la couverture), l'histoire mimi comme tout et toute de bienveillance, les personnages touchants et attachants. Ne nous reste plus qu'à guetter la date de parution du tome 3...

Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Alexandrine de Babelio et les éditions Delcourt pour la découverte de cette jolie BD jeunesse.
Avez vous apprécié ce commentaire ? +1
date : 19-11-2023
« Quand le temps va et vient ; On ne pense à rien ; Malgré ses blessures ; Car le temps de l'amour ; C'est long et c'est court ; Ça dure toujours ; On s'en souvient »

C'est en 1962 que la célèbre chanson de Françoise Hardy est sortie mais ce n'est qu'à l'été 1971 que Pierre la découvre, grâce à Béatrice venue campée aux Vernhes avec ses parents. Pour ma part, elle a rythmé toute ma lecture. D'ailleurs, je la chantonne encore en écrivant ces mots.

Mais reprenons au début... Ce n'est qu'après avoir fini "Un été d'herbes sèches", en allant zieuter la bibliographie de l'auteur, que je me suis rendu compte qu'il avait écrit une suite. Ni une ni deux, je me rends illico sur 'En voiture Simone' (c'est le nom du réseau de bibliothèques de chez moi) en croisant les doigts pour qu'il y soit. Et là, bingo ! Il y est et disponible en plus, mais pas dans ma bibliothèque. Alors hop, c'est parti pour une petite demande de réservation et de transfert, et après un petit peu d'attente, je reçois le fameux mail me prévenant qu'il est arrivé. À peine récupéré, sitôt ma lecture en cours terminée, je le commence, trop impatiente de retrouver les Vernhes et le bon air de la campagne aveyronnaise.

On y rejoint Pierre (dont on ne connaissait pas encore le prénom) un an après, en 1971, de nouveau partant pour donner un coup de main à sa tante, désormais veuve, pendant ses vacances d'été. Prêt pour son second estivage, il prend plaisir à retrouver les Vernhes, le travail de la ferme, l'air vivifiant et les bruits de la campagne. Mais cet été est bien différent de l'année précédente. D'abord, Kléber n'est plus là, mais son souvenir est partout. Puis cette année, Auguste et sa femme ne viennent pas seuls, et ils en ramènent du monde... Sans compter les travaux de réaménagement afin que Marie puisse avoir enfin l'eau courante, ainsi que les provocations, menaces et insultes des voisins à ne plus prendre à la légère...

Pierre passe un été bien différent. Il se rapproche de sa tante. On lui confie un peu plus de responsabilités. Et surtout, il va connaître l'amour...

J'ai retrouvé la même ambiance qui m'avait tant plu : une ferme sans mécanisation, un lieu isolé où l'on peut admirer les animaux, un dur labeur satisfaisant, une existence en toute simplicité.

Et puis les personnages également, tels que je les avais laissés : Pierre le passionné, Marie la douce, Raymond le fidèle. Et quelques nouveaux, dont Béatrice, le premier amour de Pierre.

Bercée par le rythme de vie à la ferme et les chansons de l'époque ("Le temps de l'amour" bien évidemment, mais aussi les Beatles, Johnny, Hugues Aufray, ou encore Ferrat, Brel et Moustaki), j'ai été plongée dans une jolie histoire. Là encore, on n'est pas dans un livre d'action, il s'y passe des choses bien évidemment mais tout se déroule assez lentement, le temps pour nous, lecteurs, d'admirer les paysages, d'observer les personnages dans leurs besognes, de voir leurs relations évoluer. Dans ce roman, on y parle avant tout d'adolescence et de premier amour, mais aussi de relations familiales, du souvenir des êtres chers, de conflits de voisinnage et de rancunes, du changement qui s'opère dans le milieu agricole, de solidarité et de fraternité.

J'ai aimé, le temps d'un été, vivre une vie en toute simplicité auprès de Pierre et de tous les autres. J'ai aimé cette quiétude, cette tranquillité avec en bruit de fond le chant des oiseaux et le meuglement des vaches. J'ai aimé, le temps d'un bal, danser un slow sur "Yesterday" et "Mourir de plaisir". J'ai aimé, le temps d'un amour, revivre les premiers émois adolescents, les picotements dans le ventre, le premier baiser et les promesses qu'on se fait quand arrive la fin de l'été ... une en particulier... Une promesse d'été...
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Fabien Toulmé est un auteur de bande dessinée que j'apprécie vraiment beaucoup. Il sait jouer avec mes émotions et me toucher à chaque fois. Je pense que rien ne pourra jamais détrôner "Ce n'est pas toi que j'attendais", qui m'avait grandement bouleversée, et dans lequel il racontait son histoire. Ici, c'est celle d'Hakim qu'il nous conte : l'histoire d'un Syrien qui a fui son pays en guerre. Et pour cela, les trois épais volumes que compte son périple ne seront sans doute pas de trop pour en venir à bout.

Ce premier tome nous relate tout d'abord sa vie d'avant (son enfance heureuse, son entreprise florissante, sa vie de famille et professionnelle épanouie) avant d'en venir aux événements qui l'auront amené à fuir. Mais avant cela, Fabien Toulmé les resitue dans leur contexte, nous rappelle comment le pays en est arrivé là avant de démarrer à proprement parler l'histoire d'Hakim. On est donc au fait et bien préparé pour la suite.

L'événement qui aura marqué un changement radical dans son quotidien, c'est la première manifestation du peuple qui réclame, non pas la chute du gouvernement, mais seulement un peu plus de liberté. De là, on assiste à sa descente aux enfers : encore plus de répression, la réquisition de son entreprise, les délations, les arrestations, les tueries, la torture, la prison, les bombardements, la peur, le manque de vivres, les disparitions...

Et pour pouvoir mieux aider sa famille, il lui faut trouver du travail ailleurs. Alors Hakim part, laissant derrière lui ses parents et ses frères et sœurs, mais juste le temps que la situation se calme. Bientôt, il sera de retour...

En attendant, direction le Liban où rien ne se passe comme prévu, puis la Jordanie qui n'hésite pas à exploiter les migrants, et enfin la Turquie où il trouvera l'amour...

En voilà un récit profond et intense, si bien développé. Je me suis immédiatement attachée à Hakim, ce jeune homme à qui la vie souriait et qui a tout perdu, sa famille, son travail, son appartement, son pays qu'il aime pourtant beaucoup. Chaque évènement le marque à vie. Et si la torture lui a sans doute laissé des cicatrices, celles de son âme et de son cœur en sont bien plus profondes. Hakim change au fil du récit, il s'adapte à toutes les situations, va sans cesse de l'avant vers l'inconnu, s'endurcit tout en gardant son âme sensible. Un personnage (réel !) haut en couleur, pour qui on espère le meilleur, un avenir un peu plus serein.

Là encore, j'ai été touchée en plein cœur. Tout est si bien dépeint (le contexte, les ressentis d'Hakim, l'intrigue elle-même) que je ne pouvais être insensible à ce récit, encore moins quand on sait que c'est une histoire vraie. À travers lui, Fabien Toulmé voulait montrer aux gens qui étaient vraiment les migrants, et qu'ils ne sont pas une entité mais un ensemble d'individus avec chacun leur histoire et leur vécu. Et rien qu'avec ce premier opus, il a atteint son objectif.

Un petit mot sur les dessins dans lesquels on reconnaît sa patte graphique : simples, épurés, qui n'entrent pas dans les détails, qui ne jonglent qu'avec deux-trois couleurs pâlottes, mais qui sont tout de même très expressifs.

Un roman graphique fort. Puissant. Marquant. Émouvant. Profondément réaliste.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 17-11-2023
Ce n'est que longtemps après avoir (re)lu "Un sac de billes" que j'ai appris que Joseph Joffo en avait écrit une sorte de suite : "Baby-foot", que je m'étais empressée de noter pour ne pas l'oublier mais que j'ai acquis il n'y a que quelques semaines.

Après quatre années de vagabondage pour échapper à la Gestapo, Joseph, dit Jo, rentre à Paris à la libération. Il a 14 ans et désormais la vie devant lui. Son frère Henri (qui a repris le salon de leur père) et sa mère espèrent pour lui l'obtention de son certificat d'études et lui réservent ensuite une place dans le salon de coiffure. Mais Jo, lui, voit les choses tout autrement :

« "NON, non et non. Le salon, ça me débecte."
Et vlan !
J'ai claqué la porte sur un Henri furieux. Non, mais ça va pas ! Coiffeur, moi ?
Et puis quoi encore ? Je serai cow-boy, boxeur, businessman, gangster, n'importe quoi mais pas coiffeur, pas un petit mec médiocre qui coupe des tifs à longueur de journée. Quant à son certificat d'études, alors là, je rigole doucement. Et s'il y a une chose dont je suis bien sûr, c'est que c'est pas moi qui vais le passer. Je laisse ça aux minables. En 1945, il faut vivre avec son temps. »

Car effectivement, Jo a d'autres projets : l'Amérique ! Les dollars, les jolies américaines, le Madison Square Garden, et pourquoi pas Hollywood ? Et pour cela, il compte percer dans la boxe, se faire un nom et à lui l'Amérique !

Alors entre la boxe, sa bande de copains, leurs petits trafics de chewing-gums et leurs parties de baby-foot, sa passion pour le cinéma (américain s'il-vous-plaît !), et nouvellement les filles, Jo n'a que faire de son certificat d'études. La guerre est finie, il veut croquer la vie à pleines dents, car le meilleur est à venir. Son rêve américain n'est pas compatible avec ce que son frère attend de lui. Ne lui en déplaise, il fera ce qu'il voudra !

C'est ainsi que débute ce livre. Le ton donné est loin de celui de "Un sac de billes". On est ici dans un Paris libéré, où l'espoir, l'avenir meilleur, les fêtes, les bals, et la vie tout simplement sont de retour. Jo est un adolescent qui sait ce qu'il veut, plein d'ambitions, et qui compte bien réaliser son rêve américain. Il voit grand, trop sans doute, mais après s'être caché des nazis pendant quatre ans, peut-on ne pas le comprendre ?

Alors tout au long de cette première année libre de ne plus se cacher (1946), nous suivons un jeune adolescent quelque peu impétueux, ambitieux et têtu que l'on voit petit à petit évoluer, grandir, mûrir, se remettre en question et revoir ses positions (car qui connaît un peu la biographie de Joseph Joffo, sait qu'écrivain n'est pas son premier métier : il est avant tout coiffeur...).

Quelle brillante idée d'avoir écrit ce livre ! Le ton dynamique et enjoué du narrateur est ultra-contagieux. Le récit plein de vie déborde d'humour, certaines situations sont cocasses. Il m'a très souvent fait sourire, voire rire.

J'ai adoré Jo, et ses deux meilleurs copains également, Franck et Jeannot. J'ai adoré assisté à leurs "bêtises", leurs idées et plans farfelus (mais hautement réfléchis), leur amitié solide.

Dans "Un sac de billes", je me souvenais d'un jeune garçon très débrouillard et malin. Je l'ai retrouvé ici fidèle à lui-même, plus autonome que jamais.

Je regrette juste ne pas avoir eu de nouvelles de certains membres de sa famille, ceux évoqués dans "Un sac de billes". Car effectivement, à part sa mère et son frère Henri (et son père, jamais revenu des camps...), on ne sait strictement rien de ses autres frères et sœurs, et notamment de son binome Maurice dont il ne parle pas du tout. Ça, c'est vraiment dommage... et frustrant.

Mais mise à part cette petite frustration, j'ai trouvé l'ensemble drôle, frais, émouvant et surtout vivant ! Je l'ai pratiquement lu d'une traite.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Peu de temps après la sortie de ce livre, nous nous baladions dans un centre culturel. La couverture nous a tout de suite attirés. En le feuilletant, nous en avons admiré les beaux dessins et nous sommes finalement repartis avec. Si je prenais mon temps pour le lire, mon fils, lui, n'a pas traîné. Je ne l'avais pas prévu dans l'immédiat mais comme nous venons de remporter le tome 2 grâce à une masse critique, et même s'il est précisé qu'il n'est pas utile d'avoir lu le tome 1 avant, j'aime autant faire les choses dans l'ordre quand même. Hier soir, j'ai donc ouvert "L'étincelle", premier opus de "Armelle et Mirko".

Armelle est une tortue qui se sent seule et dont le quotidien est rythmé par son achluophobie (terme que je découvre), c'est-à-dire la peur du noir/obscurité/nuit. Alors qu'au moindre danger, elle devrait se réfugier dans sa carapace, elle n'en fait rien parce qu'il y fait trop sombre. Seule et incomprise, elle appréhende tout le jour la venue de la nuit. Bougie, feu de camp et lanterne l'entourent toutes les nuits. Impossible pour elle de dormir, toutes les nuits sont une torture.

Puis un jour, elle fait la connaissance de Mirko, immédiatement sensible à la détresse d'Armelle. Mirko est un insecte bien particulier : c'est une luciole, il brille dans le noir. Mirko va apporter à Armelle la lumière dont elle avait besoin, celle qui la rassure aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur d'elle-même.

Quand on n'est plus seul, on prend plus facilement confiance en soi, on se soutient mutuellement et on est rassuré plus rapidement. Il est plus facile également d'affronter ses peurs ou du moins de les gérer. C'est ce que cette BD démontre tout en abordant des thèmes connus mais efficaces, comme l'amitié et la solidarité.

Sous forme de BD, j'ai pourtant eu l'impression d'être plutôt dans un album jeunesse. Il y a très peu de texte. Mis à part quelques cases, on a davantage affaire à des plans d'ensemble, souvent de pleine page (ou presque). Les dessins eux-mêmes, comme peints à l'aquarelle, plutôt enfantins (mais superbes), se rapprochent davantage de ce que l'on a l'habitude de voir dans les albums jeunesse. Mais voilà qui n'enlève rien à la beauté de ce livre, au contraire : que ce soit au niveau de la forme ou du fond, c'est une très belle réussite.

L'histoire d'Armelle est touchante et chacun peut se reconnaître en elle. Les auteurs ont élaboré une histoire toute de bienveillance, qui prône les bienfaits de l'amitié et de l'entraide sur le mal-être intérieur, le manque de confiance en soi ou les sensations de rejet, qui explique subrepticement que nos peurs ne sont pas anodines et qu'elles ne sont pas à prendre à la légère car souvent dues à un traumatisme antérieur (traumatisme d'enfance en ce qui concerne Armelle).

C'est une histoire toute mignonne, très enfantine certes, mais qui met du baume au cœur, et de ce fait accessible à un lectorat bien plus jeune que ce que je pensais. Je me rends compte d'ailleurs qu'elle pourrait plaire à mon cadet et vais donc la ranger dans son bac à "histoires du soir à découvrir" ; et le connaissant, il ne devrait pas tarder à la choisir, fier de pouvoir lire (avec maman) un livre dans un format "comme les grands".

C'est une très très belle BD jeunesse. Je suis maintenant impatiente de découvrir le tome 2.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 15-11-2023
Ken Follett fait partie de ces auteurs que j'aime beaucoup, qui sait se diversifier, tant dans les genres que dans les thèmes abordés. "Le vol du frelon", moitié roman historique, moitié roman d'espionnage, m'a pourtant beaucoup fait penser au "Réseau Corneille", l'action se déroulant également pendant la Seconde Guerre mondiale et mettant en avant les réseaux de Résistance et d'espionnage dans une course contre la montre effrénée. Là où il se démarque, c'est que les événements se déroulent au Danemark et que les personnages, fort charismatiques là aussi, sont très différents.

Danemark, donc, en 1940. Le pays est occupé par les nazis et les autorités locales sont contraintes de collaborer, parfois à reculons, parfois avec zèle, comme c'est le cas de Peter Flemming. Ce dernier collabore non sans scrupule, pour se faire bien voir et surtout dans l'espoir d'obtenir la place de son supérieur. C'est ainsi qu'il montre sa motivation à débusquer les Veilleurs de Nuit, réseau d'espionnage anglais qui veut à tout prix mettre la main sur des informations cruciales concernant un nouveau type de radars élaborés par les nazis. C'est Harald Olufsen qui est missionné pour prendre les photos, qu'il doit ensuite remettre à son frère, dont la petite amie anglaise est à la tête du réseau. Or les Olufsen sont les ennemis jurés des Flemming. Justice et vengeance viennent alors se mêler à la partie.

Nous suivons l'intrigue de trois points de vue différents : celui de Harald, de Hermia (la petite amie du frère) et de Peter. Ken Follett nous offre là trois personnages hauts en couleurs qu'on apprécie de plus en plus ou au contraire qu'on aime à détester. Côté action, rien à y redire non plus, le rythme endiablé ne nous laissant aucun répit. Pourtant, il m'aura fallu tout de même presque une moitié pour être à fond dedans, à partir du moment où la tension commence à monter, où l'urgence se fait de plus en plus sentir. Là, je n'en ai fait qu'une bouchée.

J'ai une nette préférence pour "Le réseau Corneille", mais j'ai tout de même passé un très bon moment. D'autant que l'auteur a campé ses personnages dans un contexte historique vers lequel je reviens sans cesse (Seconde Guerre mondiale) et qui m'aura permis cette fois-ci de le découvrir/vivre avec le point de vue danois. Sous ses airs romancés, "Le vol du frelon" est une mine d'informations. J'ai appris par exemple que la Résistance danoise a assuré avec efficacité des itinéraires qui permirent à presque tous les Juifs du Danemark d'échapper aux nazis.

Un peu long au démarrage donc, sans doute le temps que cette impression de déjà vu s'estompe un peu, je ne l'ai finalement plus lâché : action et aventures à gogo, tension et urgence qui prennent aux tripes, personnages charismatiques, histoire et Histoire qui ne font plus qu'une, retournements de situation sinon bienvenus au moins détonants (je me suis attachée à certains personnages que je n'aurais pas voulu perdre...). La fin est prévisible, depuis le début, mais il y règne une telle tension qu'on angoisse quand même, qu'on finit par en douter, à clairement espérer qu'on ne se soit pas trompé. J'ai beaucoup aimé cette sensation, au point de lire de plus en plus vite au fur et à mesure que j'approchais des derniers chapitres.

Ce n'est pas mon premier Ken Follett, pas mon préféré non plus, mais clairement pas mon dernier.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Arnold Francart est un vieux monsieur malade, dont les jours sont comptés et qui trouve du réconfort à s'occuper de son jardin. Il vit avec sa femme, médecin, grâce à qui il peut éviter l'hospitalisation.
Barbara est une jeune étudiante qui prépare son mémoire en climatologie. C'est donc tout naturellement vers Arnold qu'elle se tourne, ce dernier étant un ancien explorateur des pôles. S'il est peu accueillant au début, refusant de parler de sa dernière expédition dans laquelle il a perdu son co-équipier, tué par un ours polaire, Arnold se laisse peu à peu apprivoiser et commence à raconter et se confier.

Mais réveiller les douleurs du passé peuvent parfois faire remonter les secrets pourtant bien gardés...

Il me faut dire tout d'abord que je ne m'attendais pas du tout à ce genre de lecture. N'ayant pas lu le résumé de la quatrième de couverture, ayant tout d'abord été attirée par la couverture et son titre, je n'ai fait que consulter les thèmes associés (Grand Nord canadien, aventurier, protection de l'environnement, écologie, solitude) et qui ont fini de me décider à l'emprunter. Ce fut donc une sacrée surprise de me retrouver dans ce qu'on appelle un thriller psychologique.

L'histoire oscille entre présent et passé, maladie et jardinage d'un côté, expédition dramatique de l'autre. Au fil des pages, on peut observer le jardin d'Arnold changer au gré des saisons, au gré de l'évolution de sa maladie. Début du printemps dans les premières pages, on observe la nature reprendre des couleurs, les animaux se réveiller, et Arnold se requinquer à l'idée de tout ce qu'il a à accomplir dans son jardin. Hiver en fin d'ouvrage, les couleurs s'estompent et la maladie gagne du terrain. Le parallèle est subtilement bien fait, d'autant que les dessins sont superbes, fins et minutieux.

Côté intrigue, sont abordés des sujets qui me sont chers : la beauté de la nature, la protection de l'environnement, les conséquences du réchauffement climatique. Ajoutez à cela un drame, un secret, et un personnage taiseux et solitaire, vous obtiendrez de quoi vous garder en éveil jusqu'au bout. Cette BD n'a que 68 pages, mais est pourtant étoffée, tant en ce qui concerne la psychologie des personnages qu'au niveau de l'intrigue.

J'ai aimé le personnage d'Arnold immédiatement, sa solitude, ses regrets et sa culpabilité, son amour pour son jardin, pour la nature et les animaux plus globalement. J'ai aimé la façon dont il cohabite avec les insectes et les petits animaux de son jardin, dont il leur parle, dont il prend soin de leur environnement. Arnold est un vieux monsieur touchant, qu'on apprend à mieux connaître au fil des pages et qu'on peine à quitter.

Au fur et à mesure qu'il replonge dans ses souvenirs, ceux qui concernent sa dernière expédition qui a tourné court, on en apprend davantage sur lui, sur ses intérêts et inquiétudes face au réchauffement climatique, sur son besoin constant d'aller sur le terrain pour mieux prévenir le monde des dangers que la planète encourt, sur sa femme également, sur la préparation et l'expédition elle-même.

Qu'on soit dans le passé ou le présent, on reste aux aguets. La mise à nu du secret aux trois quarts de l'ouvrage est un choc, un retournement de situation comme on ne les voit pas venir. J'en suis restée coite mais enchantée.

On apprend, en fin d'ouvrage, que l'auteur s'est inspiré des différentes expéditions de l'explorateur polaire Alain Hubert pour développer celles d'Arnold. Il a titillé ma curiosité, j'irai donc consulter mon ami Google sitôt ce billet terminé, afin d'en savoir un peu plus sur ce monsieur.

"Le jardin des glaces" est une très belle bande dessinée, touchante et percutante tout à la fois. Une ode à la nature. Une pensée pour notre planète qui va mal.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 12-11-2023
Ces derniers temps, je vois souvent Stephen King passer dans mon fil d'actualité, ce qui m'a grandement donné envie. D'autant que ma dernière lecture de cet auteur remonte à presque deux ans et que j'avais dit que je n'attendrai pas un an cette fois-ci avant de le relire... J'ai donc choisi "Désolation" dans un premier temps (et "Les régulateurs" dans un second, pour bientôt). Et que dire d'abord, si ce n'est que je viens de passer un savoureux moment horrifique !

Nationale 50, désert du Nevada. Mary et Peter se rendent chez la sœur de ce dernier, qui vient d'emménager à New York et dont ils lui ramènent la voiture. Ralph, Ellen et leurs deux enfants sont sur la route des vacances dans leur camping-car. Johnny, quant à lui, chevauchent le pays sur sa moto, en quête de matière pour son prochain livre. À priori, rien ne les lie, à part peut-être qu'ils sont arrêtés par le même flic.

Collie Entragian mesure plus de deux mètres et pèse pas loin de 140 kg. Ce flic, il impressionne, par sa carrure au premier abord, par ses comportements et paroles étranges ensuite. Mary, Peter, Ralph, Ellen, David, Johnny (et quelques autres) finissent par s'en inquiéter, grandement... Et clairement, il y a de quoi...

Moi qui lis essentiellement la nuit, et avec le temps qu'il fait en ce moment, autant vous dire que j'étais dans les conditions idéales pour cette lecture. L'angoisse se pointe dès le premier chapitre et ne nous quitte pas d'une semelle durant les 832 pages que compte le roman. Elle monte même crescendo, avec la tension. Frissons et malaise garantis jusqu'à la fin !

Comme à son habitude, l'auteur sait jouer avec nos nerfs et notre impatience. Il prend son temps pour tout installer : les personnages, les décors, l'ambiance, afin d'y implanter une intrigue captivante et haletante. La pression monte, autant que l'angoisse. C'est souvent éprouvant mais on y prend énormément de plaisir, on en redemande même.

Les protagonistes à la personnalité finement ciselée, la description des lieux et du climat (patelin isolé, désert du Nevada, tempête), l'atmosphère oppressante et angoissante, l'intrigue agilement et horrifiquement bien ficelée, l'alternance des points de vue entre les divers personnages, tout ça m'a beaucoup plu, m'a tenue en haleine et fait tressaillir jusqu'au bout.

Pour les amoureux du genre, il y a tout ce qu'il faut : une dimension surnaturelle qui se mélange subtilement au réel, des événements horrifiques et morbides (sans jamais tomber dans le trop dégueu et le sanguinolant), des créatures susceptibles de réveiller les phobies (araignées, serpents, scorpions, chauve-souris, coyotes, rats et j'en passe), un taux d'angoisse allant croissant.

Je n'ai qu'un petit reproche à lui faire, c'est le chemin que finit par prendre l'intrigue. Ici, on est clairement dans la lutte du Bien contre le Mal, soit Dieu contre Satan, apportant une dimension un peu trop religieuse à l'histoire (ce qui, normalement, n'est pas trop ma tasse de thé). Dieu par ci, Dieu par là, c'est par moments un peu rébarbatif.

Mais ça ne m'a pas empêchée de continuer à lire, encore et encore, sans jamais vouloir m'arrêter et sans cesse pressée de reprendre là où je m'étais arrêté.

Un excellent et terrifiant moment !
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 07-11-2023
On dit souvent des animaux qu'il ne leur manque plus que la parole. Alpha, un loup gris qui a été introduit dans les Pyrénées, lui, l'a trouvée. C'est l'occasion pour Denis de lui demander ce qu'il pense des hommes...

S'en suivent des discussions entre l'homme et l'animal où chacun va comparer son mode de vie à celui de l'autre. Et si l'on se rend compte que les loups et les hommes sont proches sur de nombreux points, d'autres tout aussi nombreux divergent tout autant.

Ce dialogue, c'est un peu comme un face à face. Un peu comme un entretien entre un prof et son élève, où chacun joue les deux rôles tour à tour.

Nombre de réflexions (et critiques) sont mises en exergue quant au mode de vie humain (écologie, éducation, technologie, orgueil, pouvoir, argent). C'est le moment de faire des comparaisons entre les comportements humains et ceux des loups, afin d'en tirer le meilleur d'entre les deux (quant à savoir sur lesquels mieux vaut prendre exemple, la question ne se pose pas longtemps...).

C'est le moment de faire le bilan et d'en tirer les leçons appropriées. Sujets et réflexions utopiques, prise de conscience, aiguisent la discussion.

Denis Wickert (@Denis_76), par le biais de ce petit conte (comme il le nomme), nous pousse à la réflexion, nous ouvre les yeux (pour ceux qui pourraient ne pas les avoir encore grands ouverts). Il y est souvent fait référence à "L'homme cardinal", que je n'ai pas encore lu et que je regrette un peu de ne pas l'avoir fait avant d'ouvrir "Loup". Mais le message est clair, tout comme ses points de vue sur des sujets très actuels.

Après "Adolf" que j'avais beaucoup aimé, je découvre une autre facette de l'auteur, puisqu'il nous parle ici du cœur de l'actualité, à savoir l'avenir de notre planète, mais de manière très introspective (j'ai perçu Alpha comme une partie de lui, de sa conscience, et je pense donc avoir lu une conversation avec lui-même). Je ne cache pas avoir préféré "Adolf", plus satirique et caustique, à "Loup", plus réaliste et philosophique. Mais c'était dans l'ensemble une agréable lecture, qui se lit très (trop ?) vite qui plus est.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 06-11-2023
Le romantique, c'est Cashel Greville Ross, aventurier d'origine irlandaise qui n'aura passé que peu de temps sur sa terre natale. Son histoire débute sur un secret de famille, qui le pousse d'abord à s'engager dans l'armée. Héros de la bataille de Waterloo, le goût de l'aventure et des voyages le mènent ensuite vers d'autres contrées tout au long de sa vie, des Indes orientales au Massachusetts, en passant par l'Italie, la France, l'Autriche et un peu l'Angleterre. Tantôt soldat, écrivain, brasseur, explorateur ou encore diplomate, Cashel n'aura de cesse de penser à Raffaella, son amour de jeunesse perdu, qu'il ne peut oublier.

L'auteur, par le biais de Cashel et ses nombreuses (més)aventures, nous fait traverser le XIXe siècle en long, en large et en travers. L'Histoire, avec un grand H, y a sa place et son rôle à jouer (faits historiques, progrès, culture). En cela, on ne peut lui reprocher d'avoir mal campé ses personnages. Au contraire, on s'y croirait, tellement tout est bien dépeint et implanté.

Il m'a fallu tout de même un peu de temps pour rentrer complètement dans cette histoire (après un bon premier tiers), pourtant riche en aventures, mésaventures et rebondissements divers. Tout est pourtant bien écrit et décrit, peut-être de manière un peu trop détachée en revanche, ce qui fait que je ne me suis pas liée à Cashel immédiatement. Mais Cashel est un personnage trop bien travaillé pour qu'on ne s'y intéresse pas. J'ai même fini par m'y attacher, et de là, j'ai englouti le roman page après page.

Et côté intrigue, j'ai suivi le même chemin : si j'ai trouvé le début pas plus passionnant que ça (mais toujours très bien développé), c'est captivée et harponnée que j'étais ensuite, en n'ayant plus du tout envie que ça se termine. D'autant que j'ai croisé des personnages (réels et fictifs) hauts en couleur et que j'étais totalement imprégnée par l'atmosphère 100% XIXe siècle.

Un départ difficile donc mais que j'ai vite oublié. Tout y est si bien développé que je ne pouvais rester longtemps indifférente, ni à une intrigue riche en aventures et événements, ni à des personnages travaillés, ni à un contexte historique approfondi, et non plus à une écriture fine et minutieuse (qui manque tout de même un peu de sentiments).

Grâce à ce roman historique complet, foisonnant et bien plus captivant qu'il n'y paraît au premier abord, j'ai passé un très bon moment de lecture.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Imaginez un peu qu'un jour, après avoir reçu un coup sur la tête, vous ne viviez plus qu'un jour sur deux. Enfin, que votre personnalité pour être plus précis ne vive plus qu'un jour sur deux, tandis qu'une de vos personnalités latentes vit dans votre corps les autres jours.

C'est ce qui est arrivé à Lubin, il se réveille un matin sur deux sans jamais savoir ce qu'il a fait la veille. Une thérapeute lui explique son problème : il est atteint de troubles dissociatifs de la personnalité. Par le biais de vidéos, les deux Lubin communiquent et s'organisent afin que leur cohabitation corporelle se passe au mieux. Et si ça fonctionne un temps, les deux Lubin sont tellement différents qu'ils finissent par couper les ponts. Au fil du temps, Lubin (l'original) se réveille de moins en moins souvent, son "double" possédant son corps de plus en plus longtemps...

Il est des livres où l'on sait, avant même de les ouvrir, qu'ils nous marqueront. C'est le cas pour "Ces jours qui disparaissent", je savais que je n'en sortirai pas indemne. Non pas qu'il soit à fond dans les émotions, mais plutôt parce que traité en profondeur, tant dans la psychologie et la personnalité des protagonistes (du protagoniste principal essentiellement) que dans la dimension spatio-temporelle. J'ai rarement rencontré ça dans un livre graphique. Il est vrai que la question de personnalité et d'identité est au cœur de l'histoire, et il aurait été dommage qu'elle ne soit pas assez approfondie. En tout cas, c'est une réussite, à mon sens.

La vie est trop courte, c'est ce qu'on dit. Et c'est d'autant plus vrai pour Lubin qui ne dispose pas entièrement de toutes les journées que les lendemains lui offrent. Un autre "lui" s'impose et lui vole son avenir, sa vie. Profiter de l'instant présent, c'est tout ce qui lui reste, à défaut de projets d'avenir. Le monde continue de tourner pendant qu'il est en sommeil, et plus le temps passe, moins il le comprend, plus il se sent perdu, plus difficilement il y trouve sa place. Son histoire finit par nous bouleverser, tout simplement.

Au-delà de l'histoire romancée, l'auteur aborde des thématiques qui prêtent à réfléchir, comme les rapports entre le corps et l'esprit, les traits de caractère qui dominent notre personnalité et forgent notre identité. Il y est aussi question du temps qui passe, du temps perdu : il est important, de temps en temps, qu'on nous rappelle l'essentiel, à savoir de profiter de la vie et des gens qu'on aime, car on ignore combien de temps cela peut encore durer...

L'histoire est prenante, touchante. Elle s'harmonise avec des dessins très plaisants, fins, aux couleurs soft.

C'est un très bel album, tant par le fond que par la forme. J'en profite pour remercier @Erik_ dont le retour très enthousiaste m'a fortement influencée dans le choix de cette lecture.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 03-11-2023
"Silver Water" traînait dans ma pal depuis un moment déjà. Je l'avais obtenu gratuitement lors de l'achat de deux autres poches, il prenait la poussière depuis mais voici que son tour est venu et... quelle erreur d'avoir mis autant de temps à l'en sortir ! Haylen Beck est en fait le pseudonyme de Stuart Neville, auteur apparemment reconnu dans son genre (mais que je ne connaissais pas jusqu'à aujourd'hui).

Comme pour tout thriller, il est difficile de parler du synopsis sans prendre le risque d'en dire trop, surtout avec celui-là. Je dirai juste qu'il est question ici de disparition d'enfants, et que tout le monde (flics, médias, ex-mari) croit responsable la mère desdits enfants, ancienne toxico et alcoolique qui a pris la fuite avec eux avant que la garde ne soit accordée à leur père.

Les événements se déroulent dans un patelin paumé de l'Arizona, à Silver Water plus précisément. Il y fait chaud et ne pleut quasiment jamais. La plupart des commerces ont fermé et les habitants en âge de travailler sont partis depuis la fermeture des mines de cuivre. C'est le désert, dans les deux sens du terme. Cette ambiance qui nous colle à la peau tout du long est hautement bien dépeinte.

Côté intrigue, c'est terrible. On sait dès le début ce qui s'est passé (voilà pourquoi je ne préfère pas vous parler du synopsis, pas même du début), pas de suspense de ce côté-là donc, il va davantage œuvrer quant au sort de chaque protagoniste et de l'issue de cette affaire tortueuse. Tout se joue sur l'angoisse, la pression, la tension qui règnent dès le départ et qui montent crescendo au fur et à mesure qu'on approche du dénouement.

On suit l'histoire avec différents points de vue : la mère, les enfants, le(s) kidnappeur(s), les flics, et même un gangster qui n'a à priori aucun rapport avec l'affaire. On en sait donc plus que les personnages eux-mêmes. Et c'est terrible, on en vient à appréhender la réaction de certains personnages, on se sent impuissant face à l'issue inévitable de certains événements. On aurait envie de leur crier ce qu'ils doivent faire ou pas, de les aider pour certains, de prendre part à l'action nous-mêmes, mais on ne peut pas, on ne peut que les voir s'embourber, manipulés. Je n'ai pas pu m'empêcher de m'imaginer à la place d'Audra (dont les deux enfants ont exactement le même âge que les miens). Son angoisse a été la mienne, ses doutes également, son impuissance, ses peurs qui la rongent de l'intérieur, et sa détermination. J'ai ressenti une énorme pression tout au long de ma lecture, l'angoisse m'a prise aux tripes dès les premières lignes. De dire que j'ai adoré ressentir ces terribles sensations tout du long fait sans doute de moi quelqu'un de bizarre... Pourtant, c'est vrai, j'ai adoré et je ne voulais pas que ça s'arrête...

Enfin voilà, vous l'aurez compris : j'ai adoré. J'ai été tenue en haleine du début à la fin. L'intrigue est sacrément bien menée, l'atmosphère sous haute-tension intensément bien maîtrisée. J'ai pris plaisir à suivre des personnages bien campés, tenaces, au caractère bien affirmé.

Un thriller hautement efficace.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 01-11-2023
La collection Questions/Réponses de chez Nathan est une collection vers laquelle on se tourne souvent, étant accessible dès 3-4 ans selon les sujets, très diversifiés par ailleurs. Récemment, je vous parlais de football, dans cette même série. Aujourd'hui, est venu le temps des dinosaures.

Parce que si mon dernier est obnubilé par les girafes (et les ouistitis, et les ânes), les dinosaures ont également une grande place dans ses centres d'intérêt, et tout particulièrement les diplodocus sur lesquels il fait une fixette [au point de m'être tapé 4h de route (aller-retour) cet été pour qu'il puisse en voir un grandeur nature].

Et que voit-on sur la couverture ? Un brachiosaure ! ... N'est-ce pas ? Nous sommes bien d'accord ? Sauf que le fiston a décidé que c'était un diplo, et y a pas moyen, il n'en démord pas ! Mais n'étant pas non plus une experte en dinos, je vais lui laisser le bénéfice du doute...

Brachiosaure, diplodocus, on parle des deux de toute façon. Même qu'on nous donne les éléments pour pouvoir les distinguer entre eux (ce qui montre que j'ai sans doute raison quant à celui représenté sur la couverture... bref...). Mais dans ce livre, il n'y a fort heureusement pas qu'eux. Petits ou géants, herbivores ou carnivores, solitaires ou pas, à écailles ou à poils, terriens ou volants, les dinosaures sont très nombreux, et ces 30 pages pourtant bien fournies ne peuvent malheureusement pas parler de tous. Les plus populaires ne manquent pas à l'appel, il y en a quelques-uns moins bien connus également. Et pour débuter, l'essentiel est là.

D'autant qu'il n'est pas uniquement question des différentes espèces, puisque nombre de sujets sont abordés : mode de vie, alimentation, milieu de vie, déplacements, reproduction, caractéristiques et morphologie, vie sociale, etc. On a là un documentaire complet pour de tous jeunes lecteurs (dès 4 ans).

On se déplace dans le temps, du Trias jusqu'à leur disparition, en passant par leurs cousins (marins, volants, autres reptiles) et les autres espèces qui partageaient leur territoire (petits mammifères, insectes), avec en plus une double-page à la fin sur la paléontologie, les fossiles, etc.

Le texte, sous forme de questions-réponses, est simple et dynamique : à chaque question, une réponse claire et concise d'une ou deux phrases. Les illustrations pleine page fourmillent d'informations pour peu qu'on prenne le temps de les observer.

Et petit plus pour les "cherche et trouve" sur chaque double-page, ce qui rend cette lecture didactique également ludique.

Ce livre, on l'a trouvé dans une boîte à livres il y a de ça déjà un moment, il fait partie de ceux qui ne sont pas encore près d'y retourner.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 01-11-2023
Je n'ai lu qu'un seul livre de Joyce Carol Oates, un livre qui m'avait projetée dans l'intimité d'un grand malade psychopathe et qui m'avait grandement perturbée, mais dont j'avais aimé la plume. Il était donc logique que je revienne vers elle, sans trop savoir vers lequel de ses nombreux romans je me tournerai (d'autant que je m'en étais noté pas mal). C'est un peu par hasard que j'ai choisi "Ma vie de cafard", le titre et les thèmes associés étant attirants.

Un cafard, outre l'insecte, désigne également une personne qui moucharde ou dénonce. Dans ce roman, il s'agit de Violet Rue, gamine de 12 ans, témoin d'un événement accusant directement deux de ses frères du meurtre d'un jeune afro-américain. Comme le titre et le résumé de la quatrième de couverture l'indiquent, elle va cafarder, entraînant l'arrestation et la condamnation de ces derniers.

L'histoire se déroule en premier lieu à South Niagara, dans l'état de New York. Violet revient sur son enfance et sa vie de famille d'avant le drame, prend le temps de nous présenter chacun des membres : son père, que tout le monde craint et adore ; sa mère, dévouée à son mari et ses enfants mais malheureuse ; ses quatre frères et ses deux sœurs, tous plus âgés qu'elle. Une vie de famille tout ce qu'il y a de plus normale (ou presque), jusqu'à ce fameux jour où Hadrian Johnson se fait agresser et meurt quelques jours après de ses blessures.

Reniée par sa famille pour avoir dénoncé ses frères lors d'un moment de panique et de forte fièvre, Violet est recueillie par une tante et continue à nous raconter son histoire, désormais sa vie de cafard.

Rejet familial, violence, racisme, sexisme, abus sexuels, culpabilité, honte, vont bercer les vingt années qui vont suivre, toujours dans la peur de représailles et toujours avec l'espoir qu'on lui pardonne et qu'on lui demande de revenir...

Joyce Carol Oates nous entraîne dans une histoire sombrement initiatique, dans laquelle on aimerait prendre sous son aile cette gamine complètement perdue et rejetée, qui tente d'avancer et briller pour se faire pardonner, pour rentrer, pour retrouver sa vie d'avant, son insouciance, son enfance. J'ai souffert avec elle et perçu ses moindres ressentis, elle m'a beaucoup touchée.

Et la plume de l'autrice y est pour beaucoup, puisqu'elle sait nous raconter des choses moches de belle manière. Une plume qui a une âme, s'adressant directement au lecteur, lui permettant de s'impliquer dès les premières pages. Une plume sachant décortiquer la complexité des liens familiaux autant que les sentiments et la psychologie des personnages. Une plume qui dégage une certaine aura, rendant l'atmosphère ambiante pas toujours très confortable et pourtant captivante.

Joyce Carol Oates prend le temps de tout installer, les personnages, les lieux, le contexte socio-familial. Son histoire, tragique, ne nous laisse pas indifférents, tout comme ses personnages, fouillés et bien campés, qui nous touchent ou qu'on déteste profondément.

Roman noir, roman iniatique, roman psychologique, "Ma vie de cafard" est tout ça à la fois. Bouleversant, incandescent et intense, tels sont les premiers mots qui me sont venus à l'esprit en le fermant. J'ai beaucoup aimé, vraiment beaucoup aimé.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Après avoir lu "L'île du crâne" imposé par la prof de français il y a quelques semaines, nous avons emprunté sa suite : "Maudit Graal", que nous avons adorée.

Un an s'est écoulé depuis les événements du premier tome. David a désormais 14 ans et la fin de l'année scolaire s'achève. Et qui veut dire fin de l'année veut dire examens, cérémonie et remise de prix. Le prix, c'est un calice magique, appelé Graal Maudit, capable de montrer le passé et l'avenir à celui qui l'a. Pour une journée seulement, il est prêté au meilleur élève de l'année, le Maître Élève, le jour de la cérémonie. Pour l'instant, David est en tête du classement avec 30 points d'avance sur Vincent, nouvel élève qu'il ne peut pas voir en peinture. Il ne reste plus qu'un examen : Malédictions. Et ça tombe bien, c'est la matière qu'il préfère et dont il excelle le plus ; David est sûr de lui : il va remporter le prix. Mais rien ne se passe comme prévu : avec un peu de triche et de malchance, David et Vincent finissent ex-æquo. Il va donc falloir les départager dans une ultime épreuve...

Dans ce second opus, on met de côté l'amitié et l'entraide pour mieux se concentrer sur les rivalités entre deux jeunes garçons qui ont décidé, avant même de se connaître, qu'ils ne s'aimaient pas. Les événements qui s'enchaînent les pousseront tout du long à rester sur leur position l'un envers l'autre, ils ne se laisseront aucune chance, tous les coups seront permis pour prouver qu'on est meilleur que l'autre et surtout pour gagner. L'auteur en joue pour dissimuler l'identité du vrai méchant. Et si j'avais bien compris sa manœuvre, mon fils, lui, est tombé dans le panneau : il n'a rien vu venir !

Si nous avions bien aimé le premier tome, nous sommes tous les deux d'accord pour affirmer que celui-ci est encore meilleur. Aventures, quête, chasse au trésor, compétition, rivalités, pouvoirs magiques sont abordés avec beaucoup d'action et d'humour, dans des lieux (île du crâne et British Museum) où règne une ambiance typiquement glauque et/ou angoissante (pour les jeunes lecteurs). Les événements s'enchaînent, autant que les coups bas et les rebondissements. Nul temps de souffler, on ne nous laisse pas le temps de s'ennuyer.

Là encore, je n'ai pu m'empêcher de penser à Harry Potter. J.K. Rowling ne peut renier s'être inspirée de cette petite duologie quand elle a créé son univers (bien plus complexe et développé qu'ici ceci dit), notamment dans le choix de ses personnages (ce n'est en rien un reproche, au contraire).

Plein d'action donc, et plein d'humour également. Et si on a souvent eu de la peine pour David (qui ne se défend pas aussi bien que Vincent), nous avons souri à de nombreuses reprises : jeux de mots ou dialogues à double sens, situations embarrassantes et personnages loufoques y sont pour beaucoup.

Il est vrai que j'aurais aimé des personnages un peu plus fouillés, et un environnement un peu plus détaillé également. Mais je n'oublie pas que nous sommes dans un roman jeunesse (conseillé dès 9-10 ans) et que ce n'est sans doute pas ce qui attire en premier lieu le public auquel il est destiné (pas à mon fils en tout cas). Il a tout pour plaire et on a passé un excellent moment, ensemble.

Un troisième tome ne nous aurait pas déplu !
Avez vous apprécié ce commentaire ? +1
date : 29-10-2023
"Incroyable secret" nous emmène dans la région nantaise, où nous faisons la connaissance de Kelly, jeune étudiante en droit qui se rend en cachette une fois par semaine, depuis l'âge de 12 ans, au Centre Hospitalier où réside son frère jumeau, atteint d'une maladie orpheline. Là-bas, elle s'est liée d'amitié avec Coralie, qui travaille à l'accueil et qui, en plus de devoir gérer un divorce qui s'annonce difficile, est l'objet de coups de fil anonymes inquiétants. Avec Justin, jeune médecin du Centre, elle entretient également une relation amicale, bien que souvent houleuse. Et puis, il y a Mathis qui vient de temps en temps remplacer son père jardinier malade, mais qui suit le chemin de la prêtrise pour honorer une promesse qu'il a faite à sa mère défunte.

Et n'oublions pas Raphaël, sans qui cette histoire ne serait pas la même. Il est le jumeau de Kelly, dont elle n'a appris son existence qu'à l'âge de 12 ans, atteint d'un handicap qui le coupe du monde, des autres, d'une vie "normale", le regard toujours vide mais les mains toujours pleines, de terre, d'un arrosoir, d'un pot de fleurs...

J'ai fait de jolies rencontres dans ce roman plein de tendresse et de bienveillance.

L'histoire est un peu cousue de fil blanc, il y a également quelques légères incohérences, la romance finit par prendre le pas sur tout le reste, pourtant j'ai passé un bon moment auprès de Kelly et de tous les autres personnages. J'ai surtout beaucoup aimé la première moitié, mettant en exergue la belle et touchante relation entre le frère et la sœur, leur histoire familiale basée sur les secrets et les mensonges. On comprend dès le départ qu'une histoire d'amour est sur le point de naître, et j'ai apprécié que l'autrice prenne le temps de l'installer, laissant d'abord toute la place à Raphaël et à sa maladie, à sa relation avec sa sœur, avec Mathis également.

J'ai ainsi eu le temps d'apprivoiser les personnages et de m'y attacher avant que la part romance vienne tout manger, sans quoi je doute que j'aurais autant apprécier ma lecture. Car à partir de là, l'intrigue s'essouffle un peu et les personnages ne sont peut-être plus aussi intéressants également. Mais comme j'étais bien ferrée, j'ai continué sans rechigner, je voulais connaître la suite et savoir comment tout allait se terminer (bien que j'en avais une grosse idée et que je ne me sois pas trompée).

La plume de l'autrice est agréable, doucereuse, tout en émotion et bienveillance, en harmonie avec l'histoire qu'elle nous raconte. Il y a de belles choses dans ce roman : de belles relations avant tout, une certaine sensibilité aussi, des personnages attachants (que j'aurais aimé peut-être un peu plus fouillés pour certains), des moments émouvants (un passage en particulier, qui m'a mis les larmes aux yeux), un happy end un peu trop facile mais qui met du baume au cœur.

C'est une jolie découverte, un livre détente comme il fait bon d'en lire de temps en temps et j'en remercie Daryl des éditions Le Lys Bleu pour l'envoi de cet ouvrage.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
À la réception de cet ouvrage, il y avait ce mot glissé à l'intérieur :

« [...] Nous espérons que vous aimez les animaux. Enfin, pas n'importe lesquels, hein, nous, on veut bien sûr parler des hiboux bibliothécaires, des tortues zoologistes, des blaireaux garagistes, des cochons agriculteurs, des taupes sourcières ou encore des zinks et des crops. Quoi ?! Vous ne savez pas ce que c'est qu'un zink ou un crops ?!? Ne nous dites pas que vous n'avez jamais entendu parler des guerriers Drü ou des lombrics des sables !! Rassurez-nous, vous savez ce que c'est qu'un Souvnhir au moins ? Non ?!? Bon, c'est pas grave, on ne peut pas tout connaître mais si vous voulez en savoir plus sur ce bestiaire magique, on vous a tout raconté dans notre album [...]. »

Voilà qui nous prépare assez bien à ce qui nous attend sans rien dévoiler. Je rajouterai juste que Fox, c'est un renard, et Rob un robot. Tous deux forment une paire efficace pour rendre service aux gens, moyennant un salaire. Leur dernière mission : se débarrasser d'un Souvnhir, petite créature convoitée pour sa rareté et ses pouvoirs...

Cette gentille BD fantasy s'adresse avant tout aux jeunes lecteurs, de par son scénario plutôt simple, enfantin et expéditif, mais qui n'est pas désagréable pour autant. Tout se déroule très vite, ne nous laissant pas vraiment le temps de s'attarder sur les événements. Mais c'est plein d'aventures, d'humour également, avec ici et là des jeux de mots qui font sourire (le fer est dans le sac, le faire en un tour de nain) et de l'ironie qui fait mouche (refroidissement climatique). Il y a également des rebondissements et quelques surprises. Les personnages, bien que très survolés, sont attachants et mignons comme tout... ou pas, selon les espèces. On est plongé dans un univers animalier original, plutôt bien pensé, que les graphismes très colorés, minutieux et attirants mettent en valeur.

C'est une très chouette BD jeunesse, dont le scénario laisse à penser que nous sommes dans un premier tome d'une série, puisqu'on le referme avec quelques interrogations en suspens (notamment pour tout ce qui concerne le passé oublié de Fox). Je découvrirai donc avec plaisir les prochaines aventures de Robfox, s'il y en a, et avec mon fils qui plus est puisqu'il vient tout juste de le finir à son tour et qu'il a adoré.

Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Nathan de Babelio pour la sélection, et les éditions Delcourt pour l'envoi de cet album qui a fait l'unanimité à la maison.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Mathieu Belezi est de ces auteurs que je vois régulièrement passer sur mon fil mais que je n'avais pas encore pris le temps de découvrir. "Attaquer la terre et le soleil" est celui que je croise le plus souvent en ce moment, et les nombreux et jolis retours des Babelpotes m'ont incitée à le lire à mon tour.

Ce court roman nous emmène en Algérie au XIXᵉ siècle. Nous sommes amenés à suivre d'un côté les colons français fraîchement arrivés dans une des colonies agricoles, et de l'autre côté, la campagne des soldats colonisateurs.

"Rude besogne" d'un côté. "Bain de sang" de l'autre. Gentils français et méchants algériens d'un côté. Méchants français et gentils algériens de l'autre. Choléra et désillusions d'un côté. Razzias et barbarie de l'autre.

De sa plume puissante, âcre, qui ne mache pas ses mots, l'auteur nous emporte dès les premières lignes dans une atmosphère suffocante que l'on ne veut pourtant pas abandonner. Choléra, mort, désillusions, hostilités, viols, massacres, tels sont le quotidien des protagonistes. Certains subissent, peinent à se relever et abandonnent pendant que les autres profitent de leur position et prennent plaisir à se servir. J'ai eu beaucoup d'empathie pour les premiers, alors que les seconds m'ont horrifiée (pour le coup, je puis vous assurer que je ne suis pas fière d'être française...).

C'est un roman court mais très efficace, dur également, qui marque, tourneboule, dérange. J'aurais pas mal de chose à lui reprocher, si je me fie à ce que je recherche dans mes lectures habituellement. Pourtant, je n'y ai pas fait attention, tellement j'étais prise dans ses filets.

Je regrette seulement l'absence de majuscules et de points en début et fin de phrases, ainsi que la fin moyennement satisfaisante, parce que vite arrivée et expédiée pour les uns et totalement absente pour les autres.

Mais il n'empêche que c'est une lecture que je n'oublierai pas de sitôt, tout à la fois dure et prenante.

Première expérience avec Mathieu Belezi, et certainement pas la dernière.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 23-10-2023
C'est parce que je n'y ai pas toujours lu des retours très positifs que je ne me suis pas précipitée dessus à sa sortie, alors que j'avais beaucoup aimé les Passe-Miroir. J'ai attendu que le hasard fasse les choses, qu'il fait souvent bien quand on sait attendre. Je suis tombée sur "Ici et seulement ici" lors de ma dernière visite à la bibliothèque, il venait tout juste d'être rentré.

Et je vais rejoindre les avis mitigés. Ce n'est pas qu'il m'ait déplu, plutôt que je l'ai trouvé assez confus avec son côté trop "réalisme magique" auquel je n'ai pas adhéré.

Ici, c'est un collège, et seulement ici, il s'y passe des choses étranges. Les événements se déroulent sur une année scolaire, découpée en trois trimestres. Dès le jour de la rentrée, nous suivons quatre élèves, quatre élèves de niveaux différents : Iris l'invisible, Pierre l'impair, Madeleine la gourou, et Guy le Haut. D'un niveau à un autre, d'une classe à une autre, chaque élève doit tenir une certaine place, déterminée selon plusieurs critères : acteurs/spectateurs, hauts/bas, populaires/pouilleux, etc.

Tous les jeudis à 14h28, se passent des événements étranges que j'aurais moi-même du mal à vous expliquer (ce n'est pas toujours très clair). Quoi qu'il en soit, il y a un truc qui passe dans les canalisations toujours le même jour à la même heure, responsable des événements étranges qui s'en suivent, comme des fous rires ou des agressions. Il y a un élève également, que l'on ne voit jamais car disparu, mais qui laisse ses traces de pas au plafond...

Disparitions, harcèlement et violence scolaires, meurtre, méchanceté et jugement entre collégiens, étrangetés, sont au cœur de l'histoire. En cela, je n'ai rien à reprocher à l'autrice quant à ses choix de thèmes. En revanche, je n'ai pas aimé la façon dont elle les a menés et mêlés pour créer son intrigue. Je n'ai pas retrouvé ce qui m'avait tant plu dans les Passe-Miroir, à savoir un tout bien développé, tant chez les personnages que les lieux, l'ambiance ou l'intrigue elle-même.

J'ai eu l'impression tout du long que tout est survolé, on n'a pas le temps de se poser sur un événement ou un personnage qu'on passe aussi sec à un autre événement et personnage. Ajoutez à cela ce caractère paranormal, irréel, certes plutôt bien ancré mais qui m'a empêchée de rentrer totalement dedans parce que trop invraisemblable.

Je ne sais en fait comment vous expliquer mon ressenti. Je n'en sors pas totalement déçue, car la lecture se veut fluide, facile, dynamique, et donc vite terminée (peut-être un peu trop d'ailleurs ?). Mais je n'ai ni accroché à l'histoire, sans doute trop invraisemblable, ni aux personnages, sans aucun doute trop peu fouillés.

Pourtant, les sujets abordés sont clairement d'actualité (harcèlement scolaire), et nécessitent qu'on en parle encore et encore. Mais je les trouve mal traités.

Voilà voilà, je n'ai pas détesté, je n'ai pas aimé non plus. Cette lecture me laisse perplexe, avec une sensation d'inabouti peut-être. En tout cas, au vu des Passe-Miroir, il est certain que j'en attendais bien plus. C'est une lecture dont j'aurais pu me passer... Trop bizarre, trop malaisant à mon goût.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 21-10-2023
Ce livre m'a été gracieusement offert en échange d'une critique. Malheureusement, et j'en suis la première navrée, je n'ai pas aimé, ni le fond, ni la forme.

À préciser, pour commencer, que l'étiquette "feelgood" ne lui correspond pas du tout. Nous sommes, à mon sens, davantage dans une romance saucée de développement personnel. Et le développement personnel, c'est pas vraiment mon truc...

À la perte de son premier amour, Audrey a tiré un trait sur les relations de couple durable. Elle a bien de temps en temps des relations sans engagement mais est toujours très claire avec ses partenaires sur ses intentions. Lorsqu'elle tombe enceinte d'Édouard, infirmier qui bosse dans l'humanitaire et avec qui elle est sur la même longueur d'ondes, c'est tout naturellement qu'ils prennent ensemble la décision de devenir co-parents et d'élever leur fille sans jamais rien lui cacher. Audrey a quasiment élevé Louise toute seule, Édouard étant la plupart du temps en mission en Afrique (ce qui ne l'a pas empêché de toujours s'investir dès le départ).

Aujourd'hui, Louise a 17 ans et vient de reprocher à sa mère ses choix de vie de mère célibataire, à son père de préférer ses petits malades africains à elle. Les parents, qui pensaient avoir tout bien fait malgré un mode de vie familial peu commun, réalisent que leur fille couve en fait un profond mal-être...
De son côté, Audrey, 49 ans, secrétaire médicale de profession, vient d'être embauchée dans un nouveau cabinet médical qui regroupe plusieurs médecins, dont un séduisant dentiste qui ne la laisse pas indifférente... Édouard, quant à lui, vient de perdre sa grand-mère avec qui il était très proche. Il en hérite de sa maison, le moment est peut-être venu de se poser, d'autant que les reproches de sa fille ne le laissent pas tranquille...

Donc voilà, côté synopsis, c'était plutôt bien parti et promettait de belles émotions et relations humaines. Malheureusement, entre les conseils glissés subrepticement aux lecteurs, l'histoire plus que prévisible dès la fin du second chapitre et dans laquelle il ne se passe pas grand-chose, les nombreuses invraisemblances, les personnages trop lisses et beaucoup trop parfaits (ou au contraire trop imparfaits, comme Stéphane), les dialogues trop convenus et peu naturels, je n'ai pas réussi à m'accrocher ni à l'histoire, ni aux personnages. Je n'ai malheureusement rien ressenti durant ma lecture, si ce n'est de l'exaspération (dans les dialogues surtout), mais aucune émotion, ni même de l'empathie ou de l'attachement pour les personnages.

Voilà pour le fond... Pour la forme, ce n'est malheureusement pas mieux... Sans aller dire que c'est mal écrit (ce qui n'est pas le cas), le style est tout de même assez pauvre, quelque peu immature, qui fait très "rédaction", pas mal répétitif. La narration à la première personne nous projette dans la tête d'une quinquagénaire ; et tout du long de ma lecture, je n'ai pas réussi à me faire à l'idée que je n'étais pas dans la peau d'une jeune fille de 18 ans (l'histoire du point de vue de Louise aurait sans doute paru plus crédible du coup). Je mettais ça sur le compte de l'âge de l'autrice, que j'imaginais très très jeune. Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre dans les remerciements qu'elle est mariée et mère de deux enfants, et donc peut-être pas aussi jeune que je le pensais...

Je terminerai tout de même sur une note positive, à savoir que le séjour à l'île Maurice a été très agréable. Les lieux et décors sont plutôt bien dépeints, et donc facilement imaginables. Voilà trois jours qu'il pleut en continu, me retrouver dans un lieu paradisiaque aux airs de vacances et de cartes postales (palmiers, eau turquoise, soleil, farniente) m'a remonté le moral pour un petit temps.

Ce roman ne m'a pas plu, mais je n'oublie pas pour autant de remercier Daryl des éditions Le Lys Bleu pour l'envoi de cet ouvrage, que je conseille tout de même aux adeptes des romans d'amour et du développement personnel.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
J'avais dit, une fois n'est pas coutume, que je lirai les romans de Michael Connelly par ordre chronologique de parution. Je commence donc par "Les égouts de Los Angeles", premier roman de l'auteur paru en 1992 mais aussi première enquête de Harry Bosch (comme le peintre... ou la machine à laver, au choix).

Les événements se déroulent en Californie, au début des années 1990 (je pense). Un homme est retrouvé mort dans une canalisation. Tout laisse à penser à une overdose. Dépêché sur les lieux, l'inspecteur Harry Bosch va reconnaître cet homme, vétéran de la guerre du Vietnam, « rat de tunnel » comme lui. D'une simple overdose, nous passons à un meurtre, fortement lié à un braquage de banque qui a eu lieu un an plus tôt. Ces premiers indices vont l'amener à devoir collaborer avec le FBI, en la personne d'Eleanor Wish. De fil en aiguille, l'enquête avance, les indices se font de plus en plus significatifs, les révélations de plus en plus étonnantes.

Au meurtre et à l'enquête policière, viennent s'ajouter un braquage de banque donc, des plus original, la filature d'un flic que les Affaires Internes tiennent absolument à faire tomber, des traumatismes et souvenirs de guerre qui refont surface, des secrets et des cachotteries, un besoin de vengeance et de justice.

Nous sommes au temps où les téléphones portables étaient encore inexistants et où l'on croisait des cabines téléphoniques à tous les coins de rue, où les premiers ordinateurs cohabitaient avec les machines à écrire... Pourtant, je n'ai rien trouvé de vieillot dans ce polar foisonnant de détails. J'ai été embarquée dès les premières lignes, grâce à un style d'écriture très dynamique qui prend tout à la fois son temps pour tout installer. L'enquête démarre tout doucement, nous laissant le temps de faire connaissance avec les personnages, avec Bosch tout particulièrement.

L'auteur, en lui octroyant un vécu fouillé, en fait un personnage plein de charisme, humain, énigmatique, avec qui on prend plaisir à suivre son enquête. Enquête qui fourmille de détails, d'indices, de révélations, où tout finit par s'imbriquer petit à petit et qui continue de nous surprendre alors qu'on aurait pu la croire résolue (sachant qu'il restait une petite cinquantaine de pages, je me doutais que ce n'était pas le cas mais je n'avais rien deviné de la suite).

Une intrigue fortement bien menée, une dernière révélation détonante, des personnages travaillés, des lieux et situations toujours bien dépeints, une plume dynamique, méthodique et minutieuse... Quand tous les ingrédients sont bons, le résultat ne peut pas être mauvais, bien au contraire.

Un bon polar qui se dévore en un rien de temps.

Vivement le prochain !
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Vendredi dernier, la prof de français a distribué à sa classe "Céleste, ma planète" de Timothée de Fombelle. C'est ravi que le fiston était quand je lui ai dit que c'était le même monsieur qui avait écrit les Tobie Lolness (il n'avait pas fait le rapprochement, il est vrai que ça fait un petit moment qu'on les a lus). Ce qui est un peu moins cool, c'est qu'il lui faut l'avoir terminé pour mercredi. Il est court, c'est déjà ça : 96 pages que se partagent 6 chapitres. On a donc mis de côté notre lecture commune du moment pour s'y atteler au plus vite, nous l'aurons finalement terminé avec une journée d'avance.

Céleste, c'est une jeune fille de 14 ans atteinte d'une étrange maladie. Sur son corps, apparaissent d'étranges taches dont la forme n'est pas inconnu au narrateur (jeune garçon du même âge dont nous ne connaissons pas le prénom). Hospitalisée, les médecins ont tôt fait de comprendre qu'elle a la maladie de la planète, les taches représentant les différents endroits du globe en passe de disparaître ou en grand danger. Si Céleste va mal, c'est parce que notre planète ne se porte guère mieux.

Il faut dire que les gens vivent sans se préoccuper de son état. Ils vivent dans des tours de plusieurs centaines d'étages. La circulation en plein air est réservée aux véhicules, qui pullulent. Les piétons empruntent ascenceurs à tout va. La publicité est partout, autant que la malbouffe et les sacs plastiques. La pollution est le quotidien de tout le monde, qui ne s'en préoccupe guère, du reste.

Alors comprenez que la maladie de Céleste ne doit pas se savoir. Céleste dérange les autorités, mieux vaudrait s'en débarrasser... Mais notre narrateur, amoureux qui plus est, n'est pas disposé à les laisser faire...

Timothée de Fombelle est un auteur de littérature jeunesse que j'aime beaucoup. Dans Tobie Lolness, roman de fantasy, il parlait déjà de l'environnement. Ici, roman d'anticipation, il en est le cœur même de l'histoire. On a beau être dans un futur hypothétique, on ne peut que faire le lien avec l'état actuel de notre planète.

Comme on le rencontre souvent dans les romans jeunesse (contemporains), tout se déroule très vite, parce que l'action prime sur le reste, et notamment sur les descriptions. On a juste ce qu'il faut comme éléments pour pouvoir se représenter à peu près les personnages. Idem pour les lieux, encore que je les ai trouvés assez pauvres et sans les quelques illustrations, nous aurions eu plus de mal à en imaginer quelques-uns je pense (comme la gare centrale). L'auteur se concentre davantage sur le sujet de l'histoire, à savoir les catastrophes écologiques et l'agonie de la planète. Là, on n'a aucun mal à l'imaginer.

L'avenir de la planète, c'est un sujet qui me tient à cœur. Pourtant, systématiquement, je ressors de ces lectures la peur au ventre. Et là, ça n'a pas loupé. C'est un très bon roman jeunesse, une véritable prise de conscience, une sonnette d'alarme comme il en faut pour mieux sensibiliser les jeunes [encore qu'à mon humble avis, les jeunes en sont bien plus conscients qu'on ne le pense, ce n'est pas eux qu'il faudrait réveiller en priorité...]. Pourtant, j'ai ce sentiment de mal-être au sortir de cette lecture, je ne peux m'empêcher de penser à mes fils, à mes éventuels futurs petits-enfants, à leur avenir incertain...

Mais revenons-en au livre, qui se lit plutôt vite, très fluide, simple et quelque peu poétique. Si on ne connaît pas grand-chose des personnages, on s'attache quand même à eux. On aime à suivre les écrits du narrateur, qui nous raconte les événements de sa rencontre avec Céleste jusqu'à... (ça je ne peux pas le dire, ce serait tout gâcher). Les événements s'enchaînent, et on ne s'ennuie pas.

Et n'allez pas croire que tout est défaitiste non plus. Il y est certes essentiellement question de l'avenir incertain et chaotique de notre planète, mais il y a quand même une belle histoire d'amour, ou plutôt d'amitié amoureuse. Il y a aussi de l'entraide et de la solidarité. Et la fin, bien qu'utopique, met du baume au cœur.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
"Au revoir là-haut" est l'adaptation graphique du roman éponyme de Pierre Lemaitre, premier tome d'une trilogie intitulée "Les enfants du désastre" que j'ai adorée. Le roman, du haut de ses presque 600 pages, est un petit pavé et ce n'est pas sans appréhension que j'ai ouvert cette adaptation qui ne compte que 172 pages. Je me suis donc préparée à y retrouver l'intrigue foisonnante de Pierre Lemaitre plutôt très condensée, peut-être trop raccourcie. Et c'est le cas, mais je n'en ressors pas désenchantée. Bien au contraire, je la trouve très réussie.

Petit rappel sur le synopsis : Au lendemain de la guerre 14-18, nous suivons d'un côté Édouard et Albert, deux soldats laissés pour compte, que la mère Patrie a abandonnés. Le premier est une Gueule cassée, qui a perdu sa mâchoire inférieure en sauvant le second sur les champs de bataille. Grâce à ses talents de dessinateur, aidé d'Albert et de sa petite voisine, il montera la plus époustouflante des arnaques.
Parallèlement, nous suivons également Pradelle, petite crapule trop ambitieuse, responsable en grande partie de la situation d'Albert et Édouard, et qui n'est autre que le mari de Madeleine, la sœur d'Édouard...

Si l'intrigue est nettement raccourcie, elle n'en est pas dénaturée pour autant. J'ai retrouvé les personnages tels que je les ai connus dans le roman, profondément ambigus et/ou attachants. J'y ai également retrouvé la même atmosphère. Et c'est en grande partie grâce aux dessins, Christian de Metter y a tout dépeint comme je l'avais imaginé durant ma lecture du roman.

Plutôt avare dans les textes, ce sont les dessins qui parlent, et ils en disent beaucoup. L'ensemble est justement équilibré. On avance vite, effectivement. Les pages se tournent à grande vitesse mais, ayant été rapidement happée, je n'en ai pas été gênée. Ceci dit, c'est sans aucun doute parce que je connaissais déjà bien l'histoire, je ne pense pas qu'il en aurait été de même dans le cas contraire (je l'aurais certainement trouvée beaucoup trop précipitée).

Quoi qu'il en soit, je ressors ravie de cette lecture, d'autant que les graphismes sont superbes.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Cela faisait un petit moment que je voulais relire "Vipère au poing", principalement parce que je n'avais encore jamais lu ses deux suites (que je n'avais pas), mais aussi parce que je l'avais lu bien jeune et que je voulais le re-découvrir avec des yeux d'adulte. J'ai trouvé dans une boîte à livres une édition de France Loisirs de 1996 qui regroupe les trois romans, (j'en aurais presque sauté de joie !), l'occasion m'est enfin offerte de me replonger dans l'histoire de Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et de sa mère détestable, dite Folcoche.

« "Vipère au poing" retrace le combat impitoyable que livrent Jean et ses frères à Folcoche. Jean, que l'on suit de quatre à seize ans, n'est pas pour autant un enfant martyr. Il a beaucoup trop de combativité et il va faire ainsi l'apprentissage de la haine. »

Apprentissage de la haine, à défaut de l'amour qu'un fils devrait éprouver pour sa mère... Cette dernière, autoritaire, avare et perfide, ne manque pas d'imagination quand il s'agit de priver, brimer, punir ses fils. Brasse-Bouillon, que sa haine ne fera pas flancher, dont la haine envers sa génitrice grandit de jour en jour, développera un esprit aussi malin et fourbe que sa mère qui l'aidera à la contrer, à ne jamais abdiquer face à la femme qui l'a mis au monde. Lui-même le dit : c'est la guerre civile à La Belle Angerie, domaine qui appartient à la famille Rezeau depuis plusieurs générations. Avec un père soumis à sa femme et un petit frère qui n'hésite pas à trahir pour rentrer dans les bonnes grâces de sa mère, le combat est inégal. Pourtant, Brasse-Bouillon s'en sort bien, l'enfant ayant hérité de l'esprit calculateur de sa mère et lui ressemblant de plus en plus...

La haine, c'est le moteur de ce premier livre. Elle pullule à toutes les pages, elle formate le jeune garçon, qui se construit en s'appuyant sur elle. L'auteur use de mots forts à chaque fois que Jean l'exprime. Cette relation mère-fils est perturbante, terrible. Ils se livrent une bataille quelque peu épique, si sournoise, qu'on ne peut en rester indemne.

« Dans "La Mort du petit cheval", Jean, âgé de dix-huit ans, a coupé les ponts avec sa famille. Mais la tyrannie de Folcoche le poursuit toujours. Cependant, quelques femmes l'aideront à franchir le passage difficile de la haine à l'amour. Ainsi va-t-il découvrir le bonheur en même temps que la paternité. »

Nous retrouvons ici Jean en passe de devenir un adulte, qui sans ressources peine à s'en sortir, du moins au début, et dont la haine qu'il éprouve pour sa mère marque le moindre de ses choix, de ses décisions, de ses réflexions. Les femmes qu'il croise paient pour elle. Certaines pourtant l'aident, le soutiennent, lui offrent ce qu'il n'a jamais eu droit durant son enfance. Souvent irrespectueux envers elles, on le voit enfin et petit à petit évoluer dans le bon sens, grâce à l'amour mais aussi grâce à l'amitié et à la complicité qu'elles sont capables de lui donner. Ce roman dénonce les conséquences qu'une enfance sans amour maternel peut causer sur une vie d'adulte.

Souvent, Jean m'a exaspérée. Souvent, il m'a déçue également. Souvent, il montre qu'il est bien le fils de sa mère. Pourtant, on ne peut lui en tenir rigueur. Les termes "circonstances atténuantes" prennent tout leur sens. Et puis, il finit par mieux se comporter, par accepter d'aimer à son tour, sa future femme d'abord, puis son enfant. Folcoche est toujours là, et sera toujours là, il en prend conscience mais parvient mieux maintenant à le gérer. Il en est d'autant plus touchant.

« Dans "Cri de la chouette", nous retrouvons Jean vingt-cinq ans plus tard, veuf, remarié avec Bertille dont il élève la fille parmi ses propres enfants. Mais voilà que Folcoche fait irruption chez lui. Trahie, dépouillée par son fils préféré, elle offre la paix. Mais fidèle à sa nature profonde, elle sème bientôt la discorde et la méfiance... »

C'est le roman qui m'a le moins convaincue, en grande partie parce que je n'ai pas reconnu la personnalité des deux protagonistes principaux. J'ai trouvé Jean bien trop faible, trop influençable, trop éloigné de ce qu'il était auparavant, bien trop ramolli, je n'ai pas retrouvé sa combativité. Ce n'était pas lui, plus lui. Il en est de même pour Folcoche, qui d'avare est devenue plus que généreuse, et que l'amour envers sa petite-fille qui représente pourtant tout ce qu'elle exècre a été pour moi incompréhensible. Elle reste calculatrice, son adage n'a pas changé (diviser pour mieux régner), mais ça n'a pas suffi pour la rendre cohérente à ce qu'elle est réellement. Pourtant, l'intrigue et les thèmes abordés sont captivants (relations familiales dissonantes, héritage et patrimoine familiaux, vie de famille). Je l'ai lu aussi vite que les deux précédents, l'auteur continuant de décortiquer l'âme et la psychologie de ses personnages avec apreté.

Dans l'ensemble, malgré un dernier tome légèrement décevant, j'ai apprécié ma lecture. J'ai aimé la façon dont l'auteur amène les choses, les décrit. Il a une très belle plume, riche et travaillée. J'ai aimé la narration à la première personne, nous permettant d'être au près de ce que ressent Brasse-Bouillon, nous permettant de ressentir toute la haine et le mépris qu'il a envers sa mère, nous permettant de comprendre ses réactions et comportements. Malgré tout, son histoire n'est pas difficile à lire, car je n'ai pas perçu Jean comme une victime (il en est pourtant bien une, car maltraitrance aussi bien physique que psychologique a bien lieu). Tout vient de la combativité et de la haine qui font de lui toute sa force, sa niaque, sa détermination. C'est terrible, parfois douloureux oui, amer, poignant, mais jamais Jean ne tombe dans le mélodramatique, la plainte ou la mélancolie. La lecture se veut facile, autant que percutante et puissante.
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0


Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode