Fanny Hill : les mémoires d'une fille de joie - première lettre

Résumé

quatrième de couverture édition Garnier/Le monde

Mon conquérant qui, d’après ce qu’il me dit plus tard, avait été frappé de ma figure et m’aimait autant qu’il crût possible d’aimer une personne de la condition où je paraissais être, me demanda vivement et sans la moindre hésitation si je voulais qu’il m’entretînt ; il me louerait tout de suite un logement et me délierait de tous les engagements que je pouvais avoir avec la maison. Si téméraire, si abrupte, si inconsidérée et même si dangereuse que pût être cette offre de la part d’un parfait étranger, d’un étourdi, d’un enfant, le prodigieux amour que j’avais conçu pour lui me faisait trouver dans sa voix un charme irrésistible et me rendait aveugle à toute objection ; j’étais prête, en cet instant, à mourir pour lui : jugez si j’avais la force de résister à une invitation de vivre avec lui! Aussi, après une pause de quelques minutes, laissai-je mon cœur, palpitant d’émotion, me dicter ma réponse.