Extraits

Il faut un certain courage pour survivre à ceux qui n'ont pas eu cette chance.

Rochers et forêts mordaient presque sur la route, comme pour revendiquer ce que l'homme leur avait pris.

La coupure ne me faisait pas mal, mais George m'avais appris que les blessures font rarement souffrir sur le coup. Le choc est par essence anesthésique. La douleur vient plus tard.

Au contraire, au fil du temps et des saisons allant du vert intense à l'or pourpre, j'étais de moins en moins capable d'accepter la mort de mon frère, et je me refusais à croire en sa disparition. J'avais eu beau passer par toutes les phases attendues, incrédulité, déni, colère, regret, le chagrin n'avait pas desserré son emprise. J méprisais l'être misérable que j'étais devenu, mais semblais incapable d'y remédier.

Les morts laissent une ombre derrière eux, l'espace où ils vécurent résonne encore de leur écho. Ils nous hantent, sans jamais s'effacer ni vieillir comme nous le faisons. Ce n'est pas seulement leur futur que nous pleurons, c'est aussi le nôtre.

-Il faisait encore nuit quand nous avons atteint l'embranchement des deux chemins. Mon frère avait beau lutter sans se plaindre, visiblement, il était à bout de forces. Aussi, plutôt que de continuer avec le autres, mon père a décidé que nous nous reposerions un moment, puis que nous tenterions de les rattraper aux premières lueurs du jour.

Toulouse passait pour l'une des plus belles villes du sud de la France. Et Freddie était sensible à cette beauté, à l'élégance de ses édifices du XIXe siècle, au passé médiéval qui dormait sous ses pavés et colonnades, aux clochers et aux cloîtres de Saint-Étienne, au large fleuve qui divisait la cité en deux. La ville rose... C'était à ses façades de brique rose dont la couleur chantait sous le soleil d'avril que Toulouse devait son surnom.