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Extrait

Extrait ajouté par Mell2-2 2016-02-10T13:54:27+01:00

J’époussetais la terre salissant mes collants noirs tandis que Darren, mon meilleur ami, scrutait les environs. Accroupi de cette manière, il me faisait penser à un félin prêt à bondir sur sa proie. Du moins, je supposais que ceux-ci afficheraient le même regard féroce. Car la dernière fois que j’avais croisé un chat, il avait fini dans l’assiette de mon père. L’image de ce dernier me vint à l’esprit et me provoqua des frissons. S’il apprenait nos intentions, je passerais, sans nul doute, un sale quart d’heure. Toutefois, je n’en avais rien à carrer. À seize ans, j’étais entièrement libre de mes choix, puisqu’on me considérait comme une adulte depuis longtemps. Cependant, le réapprovisionnement ne faisait pas partie de mes attributions habituelles.

– La voie est libre, chuchota Darren.

Cela ne m’étonnait guère. Les cultivateurs s’affairaient à leur récolte exclusivement en plein jour, et à cette heure-ci, la première vague de gardes venait de se disperser pour quitter leur tourelle de surveillance. La simple lueur de la lune suffisait pour guider nos pas jusqu’au plus proche verger. Craignant d’attirer l’attention d’un soldat, nous privilégions un déplacement sans moyen d’éclairage. Darren reprit la même pose, fixant la muraille nous séparant de la grande cité. Je lui tapotai l’épaule pour le rassurer. Ma vue s’avérait plus perçante que la sienne, je pouvais aisément lui confirmer que nous étions seuls dans le Secteur Un. Aussitôt, je sortis de mon sac à dos un cabas replié en un petit carré. Le grand brun me fit la courte échelle afin que je grimpe sur la première branche du pommier. À la hâte, je remplis à ras bord notre panier de fortune, tout en restant aux aguets. Je sautai de l’arbre pendant que mon compagnon courut jusqu’au tunnel que nous avions creusé pour nous rendre dans cette zone sécurisée. J’entrepris un risque inconsidéré en m’approchant du rempart haut d’une trentaine de mètres. De l’autre côté, je ne perçus aucun militaire en train de remonter dans la tour de guet, ce qui me désola en un sens. Plusieurs fois, je m’étais surprise à espérer qu’ils m’attrapent, pour découvrir l’intérieur de cette ville colossale. Mon père s’obstinait à m’inculquer du mal fondé d’habiter dans cette agglomération. Néanmoins, la curiosité se montrait plus forte que ma raison. Je rêvais secrètement de sillonner les ruelles et admirer les bâtiments de la mégalopole de Tenbo-dai. Je me jetai soudainement à plat ventre sur le sol en remarquant du mouvement dans le poste de surveillance. J’ignorais ce que les autorités de cette contrée étaient capables de commettre envers un voleur de fruits, et ce jour-là, je n’étais pas d’humeur aventureuse. Un faisceau s’agita dans tous les sens, cherchant à cibler sans savoir quoi avec exactitude. Ma respiration se ralentit tandis que j’enfonçais mon menton un peu plus dans la gadoue. Les hautes herbes dissimulaient parfaitement mon corps chétif, mais je ne me trouvais pas à l’abri pour autant. Enfin, mes poumons se regonflèrent lorsque la lueur s’éloigna dans l’obscurité. Je me redressai pour déguerpir loin de l’édifice. L’angoisse m’avait retourné si puissamment l’estomac que je ne souhaitais plus m’attarder dans les cultures pour continuer à chiper de la nourriture. J’étouffai un cri de frayeur en sentant la poigne de Darren m’agripper le coude. Sa discrétion à toute épreuve aura ma peau un jour !

– Il est minuit, c’est l’heure de la relève, déclara-t-il à demi-mot. Nous ferions mieux de ne pas traîner dans le coin.

J’acquiesçai et lui emboitai le pas jusqu’au mur de parpaings encerclant les champs réservés à la population de Tenbo-dai. Darren avait déjà glissé de l’autre côté nos provisions. Je m’élançai dans le trou et rampai pour retourner sur notre territoire. En sureté, je soupirai longuement avant de taper la paume de mon pote, avec satisfaction. Sans plus attendre, je croquai dans la chair ferme d’une pomme, tant j’étais affamée. Nous savions que toutes les quatre minutes, les unités de la cité éblouissaient le Secteur Un pour vérifier qu’aucun de leur sans-abri ne se trouve en train de grappiller quelques légumes. Ce qu’ils ignoraient, c’était que deux heures plus tard, nos troupes chargées d’alimenter notre communauté débarqueraient pour piller subtilement le quota de vivres nécessaires à notre clan. Un sourire narquois étira mes lèvres, en songeant à la stupidité des Tenbodites. Depuis des décennies, ils regardaient dans le mauvais sens, car ils se persuadaient que personne ne pouvaient survivre dans le Secteur Deux. Pourtant, c’était dans cet anneau parsemé d’immeubles en ruines que j’avais vu le jour. Leur crédulité affligeante m’amusait toujours. Les radiations dissipées n’empêchèrent pas la démographie de notre groupe clandestin de croitre. En vérité, nous prenions notre statut de fantômes comme une distraction qui assurait la tranquillité du gang S2. Je rentrais, en sautillant d’allégresse dans la cage d’escalier de l’HLM délabré où je logeais avec ma famille. Avant de rentrer chez lui, Darren déposa un baiser sur ma joue dès qu’il eut partagé notre savoureux trésor. Sa silhouette élancée se fondit dans le brouillard opaque qui occupait souvent mon quartier une fois la nuit tombée. Je reportai mon attention sur la teinte rousse et singulière que prenaient les astres lors des douces soirées d’été. Parfois, lors de ces instants de quiétude, ma vie, bien que précaire, me paraissait plus paisible que celles des pauvres bougres enfermés derrière ces deux murailles. Je ricanai, bien malgré moi, en plaignant les craintes ridicules des dirigeants peureux Tenbodites. Tout compte fait, ma place en ce monde me seyait. Ce n’était pas demain la veille que je croiserais l’un d’entre eux dans les ruelles exiguës de cette zone en quarantaine, et je m’en réjouissais.

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