Fellside

Jess, une toxicomane, est accusée d’avoir fait brûler vif un petit garçon et se retrouve incarcérée dans la prison de Fellside. Rongée par la culpabilité, elle tente de se suicider en entamant une grève de la faim. Mais là, entre la vie et la mort, le rêve et l’éveil, une étrange visite va tout bouleverser.

Le rythme est assez lent durant la majeure partie du roman, l’auteur prend le temps de faire monter la pression avant la grosse explosion finale. Il y a quelques longueurs du coup mais rien de vraiment gênant. Par contre, j’avais deviné certains des twists finaux longtemps à l’avance en remontant la piste des indices laissés, donc ça a un peu atténué le suspens.

L’ambiance onirique et oppressante est plutôt réussie, surtout dans les voyages de Jess et d’Alex dans l’Autrepart. C’est déstabilisant mais assez bien expliqué pour saisir ce qu’il s’y passe. Comme toujours avec le fantastique, on ne sait jamais quand commence le rêve et s’arrête la réalité. Quant à la partie « prison », l’éditeur vantait un aspect « Orange is the New Black » et pour une fois j’ai trouvé que la publicité n’était pas mensongère, on retrouve plutôt bien cet aspect-là, avec les magouilles, les trafics, les jeux de pouvoir et toutes ces vies de femmes qui s’entrelacent, se heurtent les unes aux autres dans ce microcosme si particulier.

Jess met un peu de temps à être attachante, puisqu’alitée au début, elle est physiquement très passive et s’apitoie beaucoup sur elle-même. Jusqu’à ce qu’elle rencontre le fantôme, Alex : une fois ensemble, ils forment un bon duo, touchant à suivre.

Tous les personnages, même secondaires, ont un bon développement et sont très humains, ils ne sont ni creux ni caricaturaux, avec pas mal de nuances. Bonus appréciable pour la féministe que je suis, si l’auteur est masculin et la grande majorité de ses personnages sont des femmes, il n’y a pas du tout cette impression de « male gaze » qu’on retrouve trop souvent. Elles n’ont pas été écrites comme des « personnages féminins » mais comme des êtres humains, point. Bon, prison oblige (elles n’y ont pas atterri par hasard), la plupart sont de vraies pourritures. ^^

Bref, c’est un bon livre de fantôme, davantage thriller fantastique qu’horrifique. J’avais déjà apprécié l’auteur avec son roman Celle qui a tous les dons et son comics The Unwritten et encore une fois, il ne me déçoit pas.