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On disait que les grands mages étaient capables de voir réellement le pouvoir des runes qu'ils forgeaient, brillant comme un feu d'or au-dessus des poudres de guérison, et qu'ils pouvaient même le toucher du bout des doigts, que c'était comme un plasma lumineux.
Après des années de méditation solitaire, Jenny en était venue à admettre que, pour elle, la magie n'était que profondeur et silence et non le scintillement vivant qu'elle était pour les plus grands. C'était une chose à laquelle elle ne se résignerait jamais vraiment mais, ainsi, elle n'éprouvait pas le ressentiment qui aurait bloqué les pouvoirs qu'elle avait. Et, dans ses étroites limites, elle savait qu'elle travaillait bien.
Afficher en entierDes quatre éléments divinatoires, le cristal était le plus précis et le plus facile à l'usage, bien qu'il requît un enchantement préalable. Quant au feu divinatoire, il n'exigeait aucune préparation particulière, mais il montrait ce qu'il voulait et pas toujours ce que l'on désirait connaître. Et l'eau, si elle révélait à la fois le passé, le présent et l'avenir, était une menteuse notoire. Quant au vent, il ne pouvait être interrogé que par les plus grands des mages.
Afficher en entierSous la cape protectrice d'ombre et de brouillard, [Jenny] se figea dans le silence, telle une perdrix se fondant dans le brun des taillis. A vrai dire, elle évoquait vraiment une perdrix, sombre, menue, quasi invisible dans ses plaids ternes des pays du nord ; fine, ramassée, dure comme les racines d'une bruyère des landes. Après un moment de silence, elle tissa une corde magique de brume et la lança vers le chemin, en direction des ruines sans nom.
Elle avait su faire cela depuis son enfance, avant même que le vieux Caerdin, le mage-errant, lui ait enseigné le pouvoir. Depuis trente-sept ans, elle vivait dans les Pays d'Hiver et elle savait humer le danger. Les ultimes oiseaux d'automne, grives et corneilles, auraient dû voleter dans le lacis brun du lierre qui dissimulait à demi les ruines de l'auberge – mais tout était silencieux. Un instant s'écoula encore et elle perçut le relent des chevaux, et celui, plus aigre et répugnant, des hommes.
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