Extraits

— J’ai perdu ma femme à cause de toi. Même si on la récupère, je ne te le pardonnerai jamais.

J’aimais tellement cette femme que, si je l’avais pu, j’aurais pris sa place en souriant. L’aimer, c’était comme vivre avec mon cœur en dehors de mon corps. J’étais vulnérable, fragile, et elle tenait mon sort au creux de sa main. Ce qui lui arrivait à elle m’arrivait aussi à moi.

J’étais au deuxième étage d’une grande maison, quelque part en pleine campagne, dans l’ouest de la Toscane. Après avoir été transportée jusqu’à cet endroit, j’avais été enfermée dans une chambre. Les grandes fenêtres à barreaux étaient fermées par des volets, et la porte de la chambre était impénétrable.

Je couvris mon visage de mes mains et sentis les larmes brûler sous mes paupières. Je n’avais jamais pleuré depuis que j’étais majeur, même pas quand j’étais adolescent, mais j’étais devenu un tourbillon d’émotions incontrôlables. Je savais que j’aimais Sofia mais, jusqu’à cet instant, je n’avais pas imaginé que ma dévotion pour elle était si profonde.

Ma voix se fêla, et je fermai les yeux pour ne pas imaginer ce que ce salaud pouvait être en train de lui faire, ce qu’il pouvait faire subir à ma femme. J’aurais préféré qu’on m’étripe plutôt que le laisser lui faire du mal.

Damien resta muet, aussi troublé que moi. Il n’osa pas se moquer de mes larmes et de mes émotions.

Je n’arrivais toujours pas à y croire. Je voulais me donner un coup de poing dans la figure pour me réveiller de ce cauchemar.

— On ne peut pas faire un échange ? Il doit y avoir quelque chose qu’il veut.

— Non…

Je ne voulais pas penser à ce qu’il pouvait être en train de lui faire – plutôt me suicider.

Lorsque Damien eut digéré la nouvelle, sa mauvaise humeur s’envola et ses épaules s’affaissèrent d’accablement.

— Quoi ? murmura-t-il d’une voix teintée de douleur, comme si cette révélation le hantait. De quoi tu parles ? Elle n’était pas assignée à résidence ?

— Je ne comprends pas comment c’est arrivé, mais c’est arrivé.

— Et tu es sûr qu’elle ne s’est pas…

— Non, crétin. Il m’a appelé.

Il ferma les yeux un moment.

— Merde.

Les hommes me laissèrent passer quand j’arrivai chez Damien. Sa bonne commença à me demander si je comptais rester pour le dîner, mais je l’ignorai et me précipitai dans les escaliers. J’ouvris la porte de sa chambre et entrai. Damien était en jogging, ses cheveux plats et humides, comme s’il venait de prendre une douche.

— Qu’est-ce que tu…