Extraits

Spoiler(cliquez pour révéler)- J'ai besoin de savoir si les images qui hantent mon esprit sont le reflet véritable des dernières heures...

Je songeai à lui relater les évènements. Mais comment aurais-je pu les rendre avec justesse ? Comment transmettre les émotions des protagonistes ? Comment décrire l'ampleur des conséquence ? J'allai m'agenouiller en face de lui. Il ne s'opposa pas lorsque je saisis sa main pour la poser sur mon front. Ce contact somme toute banal m'électrisa, ravivant le feu qui couvait dans mes entrailles sans que j'aie jamais pu l'éteindre. Au prix d'un effort surhumain, je fermai simplement les yeux et attendit.

Si sa main trembla à quelques reprises, il ne dit mot, ni ne bougea. Quand il inspira profondément, je crus qu'il allait se détacher de moi, mais il fit glisser ses doigts le long de mes cheveux jusqu'à ce que mon menton repose dans sa paume.

- Malgré tout ça... tu es quand même restée...

À la douleur s'ajoutait l'incompréhension ; celle d'un homme face à ses actes. Je rouvris les yeux.

- Il y a longtemps, tu as avoué m'aimer, Alix de Bronan, lui rappelai-je, la voix brisée. J'ai traversé toute ces épreuves accrochée à l'espoir que ce serait encore vrai le jour où je pourrais envisager de bâtir un avenir...

Je me tus, ravalant un sanglot. Le silence s'invita, assourdissant, planant sur nous comme l'éternité. La peur en moi s'aiguisa d'autant.

- Je t'aime, Naïla de Brume..., chuchota-il enfin, d'une voix éraillée. Mais j'ignore si ce seras suffisant pour nous assurer un avenir...

- Il le faudra bien..., murmurai-je. p 588-589

- Quoi que l'avenir nous réserve, sache que je t'ai profondément aimée, chuchota-t-il à mon oreille avant de s'éclipser.

Tant de douceur dans une phrase si lourde de sens… L’emploi du passé ne m’avait pas échappé. Je ne doutais pas qu’il m’aime encore. Non. Je l’interprétais plutôt comme une demande ; celle de me souvenir de cet amour véritable le jour où l'horrible impression qu'il n'avait jamais existé risquait de m'assaillir...

p 128

«Tant de douceur dans une phrase si lourde de sens… L’emploi du passé ne m’avait pas échappé. Je ne doutais pas qu’il m’aime encore. Non. Je l’interprétais plutôt comme une demande; celle de me souvenir de cet amour véritable le jour où l'horrible impression qu'il n'avait jamais existé m'assaillirait... » -Naïla

Du revers de la main, je caressai la courbe de sa joue, avant de descendre sous son menton. Sa main se referma sur la mienne et la serra jusqu'à me faire mal. Je ravalai un gémissement. J'approchai mon visage du sien. Il se détourna.

- Alix, le suppliai-je.

Je crus qu'il allait me broyer les doigts, mais il me relâcha enfin et me repoussa. Je chancelai.

- Va-t’en !

L'injonction avait la violence d'une gifle. J'encaissai le coup, mon cœur battant la chamade.

- Quoi qu'il arrive, je serai toujours là pour toi. C'est une promesse...

Ma voix se cassa sur les derniers mots. Je tournai les talons, traînant les pieds vers la sortie. Je ne me résignais pas à partir, encore moins magiquement. J'allais franchir le seuil quand j'entendis dans un souffle :

- J'essaierai d'en faire autant...

Je sentis le poids du regard d'Alix dans mon dos. Le courage me manqua pour jeter un œil par-dessus mon épaule. Je ne vis donc pas la pureté du vert et du bleu de ses magnifiques yeux étoilés avant que l'ombre reprenne ses droits. Le sursis n'avait duré que le temps d'une réponse. Réponse à laquelle j'allais m'accrocher comme à une bouée...

p 300-301

 Ma mère et ma grand-mère ont été torturées sous mes yeux par Mévérick. Il croyait que cette vision d’horreur m’obligerait à lui révéler le nombre de Filles de Lune non assermentées dans le monde élargi de Darius. Il souhaitait s’en faire des alliées en les endoctrinant au plus tôt. Je n’ai pas cédé. Il m’a torturée à mon tour, mais mes Âmes Régénératrices étaient trop puissantes pour… Je l’interrompis, sciée par ce qu’elle venait de dire. — Tu es capable de repérer les Filles de Lune non assermentées ? Elle opina du chef, une lueur de fierté brillant au fond de ses yeux, en dépit du calvaire qu’elle avait vécu en raison de cette aptitude

Lorsqu’il eut atteint une distance raisonnable, Alejandre ralentit le rythme de sa monture pour reprendre le cours de ses pensées. S’il ne pouvait compter sur le concours de Mélijna, qui lui apprendrait la vérité sur sa descendance ? Peu d’options s’offraient à lui : Elisha, Wandéline ou… Naïla. Il poussa un grognement insatisfait. Ces trois femmes représentaient autant de problèmes que de solutions. La première demanderait le paiement de sa dernière visite, soit les ingrédients de la potion de Vidas, qu’il n’avait toujours pas en sa possession. La deuxième exigerait elle aussi une compensation, qui risquait d’être encore plus coûteuse que celle de la voyante. Quant à la troisième, c’était l’affrontement assuré

Alix continua de marcher droit devant lui longtemps après que Naïla eut quitté le désert. Un pas après l'autre, celui qui avait été si puissant sans jamais en profiter pleinement avança ainsi jusqu'à ce que ses jambes refusent de le porter plus loin. Les premières lueurs de l'aube nimbaient l'horizon quand Alix s'effondra sur le sable, des larmes de rage lui piquant les yeux, mais trop fier pour pleurer.

Rage de s'être fait avoir par les pouvoirs de son ancêtre lors de sa visite au Sommet des Mondes. Rage de s'être laissé dominer par la part d'ombre en lui. Rage de ne pas avoir été à la hauteur de ce qu'il espérait de lui-même. Rage d'avoir gâché de longs mois de sa vie loin de celle qu'il aimait. Rage, rage, rage...

p 555

Quand Alix prit conscience de la présence des rubans brumeux, il était trop tard. Ils enveloppèrent leur victime, s’insinuèrent en elle et s’y installèrent comme s’ils rentraient chez eux. Les yeux du Sage d’Exception se révulsèrent et des spasmes violents le secouèrent. Sa température corporelle s’intensifia, jouant dangereusement avec la mort. Des gouttes de sueur perlèrent à son front et son cœur s’emballa. Son corps se cambra et un terrible hurlement emplit la caverne, se répercutant à l’infini sur les parois. L’instant suivant, Alix s’évanouit

Au moment où les premières lueurs de l’aube pointaient, pour la seconde fois de son existence, Nichna trembla pour sa vie. Comme dans une scène au ralenti, elle vit les doigts de son assaillant se réunir en un amalgame tordu, puis se séparer d’un geste brusque. Elle aspira longuement dans un sursaut d’effroi. Le sortilège l’atteignit à l’épaule, mais la douleur appréhendée ne vint pas. Un engourdissement sournois se diffusa plutôt dans son être, lui faisant perdre toute sensation. Elle s’effondra sans grâce sur le sol humide. La dernière image que Nichna garda de cet affrontement fut celle du visage d’Alix, où se lisait la pire des résignations. Curieusement, sa victime en eut le cœur serré

Pourquoi te présentes-tu ici de nuit ? s’étonna la nymphe nyctalope lorsqu’elle découvrit l’identité de son visiteur. Elle libéra Alix et le fixa en silence, attendant des explications. — Il me faut emprunter cette faille, Nichna. Maintenant. La naïade plissa les yeux, un pli réprobateur se formant sur son front bleuté. — Pourquoi veux-tu aller vers le passé, Alix ? Mais surtout, pourquoi cet empressement ? Le jeune homme opta pour la franchise. — Parce que j’ai besoin de savoir si, contrairement à aujourd’hui, les trônes de l’époque sont intacts. Et le seul moyen de m’en assurer, c’est de me rendre sur place. Mon frère et son armée marchent vers Ramchad et les jours sont comptés. J’essaie de gagner du temps