Extraits

Il se redressa, essayant de croiser son regard, mais Carry baissa la tête et l’enfouit contre la gorge de Keenan. Il haletait désespérément. Keenan avait cru que c’était pour les bonnes raisons, mais...

— Carry ?

— Désolé, marmotta l’oméga. Je dois le dire. Je dois t’entendre le dire.

— D’accord, répondit-il sans hésitation.

Il attendit, caressant distraitement la taille de Carry de ses mains qui avaient glissé sous ses vêtements. Carry soupira lentement, presque douloureusement.

— Je ne veux pas de l’union, alors tu ne peux pas me mordre.

Sa détresse fit hésiter Keenan, mais il se força à répondre.

— Je sais. Je ne te mordrai pas.

— Tu en serais capable ?

Carry n’avait jamais semblé aussi incertain auparavant et ce n’était pas normal de voir quelqu’un d’aussi confiant ressentir ce genre d’émotion. Mais, évidemment, c’était absurde : tout le monde avait des faiblesses, même si toutes les fibres de son être criaient à Keenan d’empêcher quoi que ce soit de blesser son... de blesser Carry.

— Oui, lui promit Keenan. Je serai capable de me contrôler.

Il ne mentionna pas qu’une morsure sans former de nœud déclenchait une union seulement une fois sur un million, et seulement si du sexe était impliqué. Ce n’étaient que des faits et Carry les connaissait déjà, mais il demeurait sous l’emprise de la peur. Il n’avait pas besoin de logique, il avait besoin d’avoir confiance en lui.

En Keenan. En eux deux.

Il se souvenait de ce que Carry avait dit : qu’il en demandait beaucoup de Keenan. Mais il n’aurait jamais à lui demander de lui montrer sa gorge et de lui donner complètement ce genre de confiance. Ce n’était tout simplement pas quelque chose que Carry pouvait demander ou que Keenan pouvait offrir.

Carry lui faisait suffisamment confiance pour être venu ici, seul et complètement vulnérable. S’il avait besoin de promesses, Keenan lui en ferait. Par Hadès, s’il avait besoin de l’attacher au lit, Keenan se laisserait faire avec plaisir.

C’était le moins qu’il puisse faire pour combler la distance entre eux.

Ils respirèrent ensemble, leurs cœurs battant à toute vitesse comme s’ils avaient tous les deux trop peur d’être abandonnés... Et puis, comme le soleil qui apparaissait à l’horizon après une nuit de noirceur, Carry hocha la tête.

- Ce que tu es prude ! C’est toi qui m’as appelé pour poser ce genre de question, tu t’en souviens ?

- Oui, mais je n’ai pas besoin de tous les détails.

- Peu importe, je raccroche maintenant et je retourne me coucher.

Il n’était pas si tôt que ça, en fait, il pensait même n’avoir pas vu la dernière heure passée pendant qu’il faisait jouer le message de Carry pour la troisième fois, ou était-ce la quatrième ?