Commentaires de livres faits par flo27
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Commentaires de livres appréciés par flo27
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— Des ennuis ?
Du menton, il désigne le couple maudit qui s’avance vers nous. Céline est plus belle que jamais avec sa longue chevelure blonde et ses hanches suggestives. Je me renfrogne.
— Jusqu’à ce matin, c’était mon petit ami.
— Et maintenant ?
— Maintenant il ne l’est plus.
— Vous êtes sûre ? J’ai un doute.
Je vais vraiment finir par lui enfoncer mon talon dans les orteils. Benoît et Céline sont arrivés jusqu’à nous sans que j’aie pu m’enfuir. Je lance un regard furieux à mon torsionnaire. Ça aussi, c’est sa faute et, de mon point de vue, il commence à avoir une sacrée ardoise. Benoît me tend une main que je laisse dans le vide.
— Ève, comment te sens-tu ? (Et avant même que j’aie pu répondre, il se tourne vers mon voisin :) Bonsoir, Benoît Latour. Je suis honoré de vous rencontrer.
Il serre la main tendue de mauvaise grâce et je lui suis reconnaissante de cette forme de solidarité.
— Merci. Ève, tu viens ? (Il prend mon bras et m’entraîne vers la sortie.) Je meurs de faim, allons dîner.
Abasourdie, je me laisse faire. Je croise le regard stupéfait de Sébastien et de Claude mais me contente de hausser les épaules. Il me guide jusqu’à sa voiture et m’ouvre la portière. Je m’assois et éclate de rire.
— Merci mille fois ! La tête qu’il a faite ! Ça mérite bien que je vous pardonne de m’avoir écrasé les orteils !
— Mince… plus question de massage alors ?
— Le Tyran est mort et je lui ai fait du bouche-à-bouche.
Il est très clairement horrifié.
— T’es dingue ou quoi ? Et si t’avais réussi à le faire revenir ? (Son imagination s’emballe.) Ça aurait fait comme dans Simetierre de Stephen King, il se serait relevé en ayant perdu toute humanité, dans le seul but de tous vous étriper ! Ah mais merde, c’est déjà ce qu’il faisait… (Il me regarde avec tout le sérieux du monde.) Tu crois qu’en fait il a été ressuscité ?
— Seb, c’est pas drôle.
— Si, mais t’as aucun humour au réveil. Allez, habille-toi. L’École organise une veillée pour lui rendre hommage. Bougies, défilé silencieux et tout le tralala. (Il me regarde de travers.) T’as juste à enfiler une robe noire, pour le reste t’as déjà la tête qu’il faut.
Je le fusille du regard mais il s’en moque et sort en lançant par-dessus son épaule :
— Dix minutes
— Je t’ai cherchée partout !Grace est dressée devant moi.
— J’avais besoin d’être seule.
— D’être seule ? Pour faire quoi ?
— Pour parler avec ma licorne ! je lâche sur le ton de l’ironie.Elle sourit.
— T’as pas de licorne. Sinon la mienne ne serait pas toute seule en train de brouter dans l’herbe.
— Regarde ! s’exclama-t-elle avec un petit soupir. Le ranch Browning. J’ai toujours adoré cet endroit.
— Je cherche à l’acheter, laissa-t-il échapper d’une voix sombre, tandis qu’Ellie se faufilait entre deux SUV.
— Pour de vrai ? Je veux dire, pour le restaurer et y habiter ?
Il ferma les yeux en hochant la tête.
— Pour le restaurer et le revendre.
— J’ai hâte de voir le résultat final. Quand est-ce que le chantier démarre ?
— Dès que j’aurai obtenu le prêt. Malheureusement, la banque de Bluelick semble avoir quelques réticences.
— Pourquoi ? Ils ne connaissent pas ton travail ? Tu es la seule personne sur cette terre capable de faire justice à ce vieux ranch.
La confiance qu’elle avait en ses compétences le touchait beaucoup. Encore plus que sa conduite démente. Il se força à ouvrir les yeux pour la regarder.
— Disons que mon profil « à risque » les rend un peu anxieux.
Profil qui s’aggravait avec chaque minute passée sur le siège passager de cette voiture.
— Les banques ne sont jamais pressées de prêter quelques millions de dollars à un gars qui se fait tirer dessus dans un bar.
— Ce n’est pas juste. C’était toi la victime.
— Peu importe. Ça les détourne de mes réelles compétences en matière de restauration de bâtiments anciens. Je dois leur prouver que je représente un investissement stable et responsable.
— C’est incroyable. Tu as grandi ici. Tu diriges une société qui marche bien. Ce n’est pas assez stable pour eux, ça ? Ce que tu as réussi à accomplir, ça demande du travail et un grand sens des responsabilités. S’ils ne sont pas capables de le voir, alors ils ont un sérieux problème aux yeux. Tu ne pourrais pas essayer une autre banque ?
L’indignation d’Ellie adoucissait un peu sa propre frustration.
— J’ai de meilleures chances d’obtenir ce prêt localement.
Si je ne meurs pas avant, ajouta-t-il silencieusement, alors qu’Ellie appuyait sur l’accélérateur. Elle répondit quelque chose, qu’il n’entendit pas. L’inquiétude sincère de ses propos fut noyée par les battements de son propre cœur, lorsque la voiture s’approcha à toute allure de l’arrière d’un énorme poids lourd. Tyler s’agrippa à la poignée de la porte et appuya avec force sur une pédale de frein imaginaire. Ellie franchit sans hésiter la ligne discontinue pour commencer à doubler, alors même qu’un second camion approchait dans l’autre direction. Quelques secondes avant l’impact qui aurait dû les réduire en chair à pâté, elle rabattit la Mini sur leur voie en souplesse. Tyler se mordit la lèvre pour se retenir de hurler comme une gamine. Il lui fallut une bonne minute pour reprendre ses esprits et se souvenir qu’il devait respirer. Il se rendit alors compte qu’Ellie lui parlait :
— Tu ne crois pas ? insistait-elle.
— Hein ? demanda-t-il en s’efforçant de lâcher la poignée au-dessus de la fenêtre. Si, si. Je crois que je devrais conduire au retour.
— Mais de quoi tu parles ? Tyler, ça va ? Tu es tout pâle.
— Je suis toujours un peu pâlichon quand je frôle la mort.
Voyant qu’elle le regardait sans comprendre, il posa les deux mains à plat sur le tableau de bord.
— Je n’arrive pas à croire que tu aies eu peur de monter à l’arrière de ma moto. Tu conduis cette bagnole comme une dératée, alors que c’est un cercueil ambulant. À la moindre collision avec quelque chose de plus gros qu’un moustique… Adieu !
– Tu me demandes si j’ai envie de t’embrasser à t’en couper le souffle ? Ou si je meurs d’arracher ton t-shirt pour sucer les pointes de tes seins jusqu’à ce que tu me supplies de te faire l’amour ?
– Me faire l’amour ? je ricane malgré les fourmillements qui naissent entre mes jambes.
– Bien sûr, chérie*, les Français font l’amour. Mais il y a bien des manières de faire l’amour. Ça peut être dur, rapide, lent, tendre. J’ai l’intention de te faire toutes ces choses durant de nombreuses heures. Mais pas maintenant. Maintenant, nous devons travailler. Nous nous amuserons plus tard.
Je hoche la tête, ne trouvant pas les mots pour lui répondre. J’aimerais lui demander ce qu’il entend par s’amuser, même si j’ai une bonne idée de ce qu’il a en tête.
– Ah non ?
– Non, je pense que tu as imprégné la chatte de cette meuf.
Un rire étouffé retentit derrière nous et je me tourne à temps pour voir notre serveuse passer, les joues rouges et les lèvres pincées comme si elle se retenait de rire.
– Comment ça ? je demande à Beau.
– Je pense que tu es plutôt dans la situation de Jacob. Tu as imprégné sa chatte, et maintenant c’est la seule chatte à laquelle tu peux penser. Tu n’existes plus que pour cette chatte. Comme Jacob et le bébé mutant bizarre.
– Espèce d’enfoiré, c’est toi qui as lu ces livres !
– Pas du tout, proteste Beau avant de sourire timidement. Mais j’ai vu les films, avoue-t-il.
— Non.
Mme Smythe-Smith prit une profonde inspiration.
— Non, en effet.
Iris attendit patiemment pendant que sa mère s’agitait d’une façon qui ne lui ressemblait pas, tirant sur la courtepointe bleu lavande et tapotant du bout des doigts. Enfin, elle leva les yeux vers sa fille, croisa son regard avec détermination et commença :
— Tu sais que le corps d’un homme n’est pas… identique à celui d’une femme.
Iris en demeura bouche bée. Elle s’était attendue à ce genre de discussion mais, au nom du Ciel, c’était direct !
— Iris ?
— Oui, répondit-elle hâtivement. Oui, bien entendu, je le sais.
— Ce sont ces différences qui permettent la procréation.
Iris faillit répondre qu’elle comprenait, mais elle était absolument certaine qu’elle ne comprenait pas. Du moins, pas aussi clairement qu’elle l’aurait voulu.
— Ton mari va…
Mme Smythe-Smith laissa échapper un soupir malheureux. Iris ne se souvenait pas d’avoir vu sa mère dans un tel désarroi.
— Ce qu’il va faire, c’est…
Iris attendit.
— Il va…
Mme Smythe-Smith écarta les mains devant elle comme pour se protéger d’un invisible ennemi.
— Il va mettre cette partie de lui qui est différente à l’intérieur de toi.
— À l’int…
Iris eut du mal à prononcer le mot.
— … érieur ?
Le visage de sa mère avait pris une coloration pivoine des plus improbable.
— La partie qui est différente chez lui ira dans la partie qui est différente chez toi.
Iris tenta de se représenter la chose. Elle savait à quoi ressemblait un homme – les statues qu’elle avait vues ne portaient pas toutes une feuille de figuier – mais ce que décrivait sa mère était fort étrange. Le Seigneur, dans Son infinie sagesse, n’avait-Il pas imaginé une méthode de procréation plus simple ?
Pourtant, ne voyant aucune raison de mettre en doute les paroles de sa mère, elle réfléchit et demanda :
— Est-ce douloureux ?
L’expression de Mme Smythe-Smith se fit grave.
— Je ne vais pas te mentir. Ce n’est pas particulièrement agréable et, la première fois, cela peut faire très mal. Mais par la suite, cela devient plus facile. Je te le promets. Je trouve que cela aide de s’occuper l’esprit. En général, j’en profite pour effectuer les comptes de la maisonnée.
Iris ne savait que répondre à cela. Jamais ses cousines ne s’étaient montrées aussi explicites quand elles parlaient de leur vie conjugale, mais elles ne donnaient pas l’impression d’effectuer du calcul mental dans ces moments-là.
— Faudra-t-il faire cela souvent ? demanda-t-elle.
Sa mère soupira.
— C’est possible. Cela dépend.
— De quoi ?
Mme Smythe-Smith poussa un nouveau soupir entre ses dents serrées. Elle avait espéré qu’il n’y aurait pas d’autres questions, c’était manifeste.
— La plupart des femmes ne conçoivent pas dès la première fois. Et quand cela arrivera, tu ne le sauras pas tout de suite.
— Ah bon ?
Cette fois, sa mère parut étouffer un grognement d’exaspération.
— Tu sauras que tu attends un enfant quand tu n’auras plus ton cycle.
Elle n’aurait plus son cycle ? Eh bien, cela au moins serait un bénéfice.
— De plus, poursuivit sa mère, les messieurs prennent du plaisir à cet acte, contrairement aux dames.
Elle émit une toux inconfortable.
— Selon les appétits de ton mari…
— Ses appétits ?
Il fallait manger, aussi ?
(...)