Un feu brûlait dans l’âtre. L’atmosphère de la pièce était douce et Kestrel flânait devant les rayonnages comme si elle était chez elle, ce qu’Arin souhaitait plus que tout.

Arin rêva de Kestrel. Il s’éveilla et le songe se dissipa comme un parfum. Il ne s’en souvenait pas mais il embaumait encore l’air autour de lui. Le jeune homme cligna des paupières dans le noir.
Quand il entendit un bruit, il comprit qu’il s’y était attendu depuis bien longtemps.
Des pas légers sur le toit.

( Ben & Samara )
Nous passons devant la porte du vestibule et au lieu de continuer vers la fête, je m'arrête et saisis la poignée.
D'autres occasions d'aborder le maire ne se présenteront pas ce soir. Le mieux est de partir maintenant.
- Où vas-tu ? demande Sam.
- Je pars.
- Poison d'avril ?
- Non, en vrai.
- Tu n'en as rien à faire de ma fête ?
- Pas du tout.Je suis venu. Et maintenant je pars.
Voici une fille qui n'est pas habituée à ce que les garçons partent de la sorte. Elle est visiblement décontenancée. Elle s'apprête à me poser une autre question, puis se ravise.
- D'accord alors, mais Érica va être déçue.
- J'ai l'habitude de décevoir les femmes.
Elle tord une mèche de cheveux entre ses doigts.
- Et moi j'ai l'habitude de décevoir les hommes. Une autre chose que nous avons en commun.
Je passe la porte et le gorille.
Je compte les secondes avant qu'elle referme la porte. S'il s'agit d'un ami, on referme souvent directement derrière lui. Si c'est quelqu'un qui ne nous laisse pas indifférent, on attend quelques secondes. Mais si c'est c'est quelqu'un dont on est en train de tomber amoureux ...
- Hé Benjamin ! appelle-t-elle.
Je me retourne. Sam se tient à moitié sur le palier, sa main sur la poignée. La porte est restée ouverte.
S'il s'agit de quelqu'un dont on est en train de tomber amoureux, on ne rentre pas, on attend sur le palier et on le regarde partir. Exactement comme elle le fait à l'instant.
- Tu ne m'as pas déçue, dit-elle.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Le liftier attend.
- Pas encore, dis-je.
Elle sourit et me salue de la main.
J'entre dans l'ascenseur et je laisse les portes se refermer derrière moi.

( Jacinda et Will)
- Prête ?
Je souris et je cognemes genoux l'un contre l'autre.
- Oui! Montre-moi.
Il se retourne vivement.
- Ta-dam !
Je fixe la boîte qu'il a dans les mains sans comprendre.
- Qu'est ce que c'est ?
Il regarde alternativement la boîte et moi, stupéfait.
- Qu'est ce que c'est ? répète-t-il. Tu ne connais pas ?
Je lis l'inscription imprimée sur la boîte.
- Cracker Jack ?
Il hoche la tête, tout excité. J'examine le contenu. Pop-corn et cacahuètes enrobés de caramel.
- Ah... c'est des cochonneries ?
Il a l'air consterné.
- Pas n'importe quelles cochonneries. Les meilleures cochonneries du monde !
Il ouvre la boîte avec empressement et verse du pop-corn collant dans ma main, puis dans la sienne.
- C'étaient les préférées de ma mère.

( Jacinda et le Dr Enkros )
- Ça va juste pincer un tout petit peu.
Il plonge les yeux dans les miens et me fixe un moment.
Est-ce qu'il pense que je le comprends ?
Je pousse brusquement la sangle qui maintient ma tête, en forçant sur mon cou.
- Ce sera plus douloureux si tu bouges.
Il garde longtemps son regard glacial braqué sur moi, et ça répond à ma question. Il ne pense pas que je le comprends. Il le sais. Ce qui le rend encore plus monstrueux. Je me laisse gagner par la résignation.
Il hoche la tête, certain que je ne vais plus tressauter sur le lit à roulettes. Et il a raison. La dernière chose que je souhaite, c'est qu'il me tranche la gorge ou me coupe l'oreille.
La lame descend.