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Folles rumeurs



Description ajoutée par Stephanelefort 2017-02-22T07:23:01+01:00

Résumé

La rumeur est vieille comme le monde. Mais depuis dix ans, pourtant, tout est différent. Sur la toile, elle se propage à la vitesse de la lumière.

Des coulisses du renseignement aux couloirs de l’Assemblée nationale, de la police judiciaire aux milieux financiers ou au monde du spectacle, Matthieu Aron et Franck Cognard se sont intéressés à plus d’une centaine d’affaires. Ils ont interrogé des témoins et des experts, rencontré les victimes souvent en état de sidération. Ils ont retrouvé les premiers échanges, les premières paroles, sur les réseaux sociaux qui en constituent le point d’ancrage. Souvent, ils ont réussi à identifier les auteurs et mis au jour leurs mobiles.

Comment naissent les rumeurs ? Pourquoi le public y croit ou y a cru ? Quelles en sont les conséquences et à qui profitent-elles ? Une mine d’histoires, graves ou légères.

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extrait

Extrait ajouté par thestral 2022-08-02T22:34:13+02:00

Pendant que Ronald Reagan, tout juste élu à la tête des États-Unis, dénonce les Soviétiques qui « se réservent le droit de commettre n’importe quel crime, de mentir et de tricher », le Service A s’attelle à la construction de sa rumeur : la CIA a « inventé » le sida.

C’est pendant l’été 1982 que la maladie a été baptisée ainsi, mais les journaux continuent à l’appeler le « cancer homo ». Même les médecins utilisaient ce raccourci pour désigner ce virus foudroyant qui décimait les communautés homosexuelles de New York et surtout de San Francisco.

L’été suivant, le Service A du KGB lance la phase active de l’opération Infektion. Il ne va pas utiliser un quotidien russe, trop voyant, mais choisit une autre seringue pour inoculer sa rumeur. « Le KGB a toujours fonctionné ainsi ; il n’émet pas ce genre d’informations dans la Pravda ou les Izvestia, décrypte François-Bernard Huygue, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), il fait accréditer l’information par des sources lointaines. » C’est un journal indien de gauche, The Patriot, qui sert d’incubateur. Il affirme que le virus du sida a été développé par la CIA, au sein d’un laboratoire militaire spécialisé dans les armes biologiques et bactériologiques, situé à Fort Detrick, à moins de 100 kilomètres de Baltimore, sur la côte est des États-Unis. La rumeur se répand assez facilement car le terrain est favorable à l’antiaméricanisme, et les armes secrètes de la CIA font fantasmer.

En 1985, l’épidémie du sida devient une menace mondiale, n’épargnant aucun continent, frappant les deux sexes. Une aubaine pour le KGB. Un article intitulé « Panique à l’Ouest : ce qui se cache derrière l’anxiogène sida » paraît dans le plus ancien titre de presse écrite de Russie, la Literatournaïa Gazeta. L’information est reprise aussitôt par le bureau moscovite de l’AFP (l’Agence France-Presse), qui envoie sur les téléscripteurs la dépêche suivante : « L’apparition du sida aux États-Unis due à des expériences. » L’AFP reprend les informations de l’hebdomadaire, à peine différentes de celles parues deux ans plus tôt dans The Patriot. « L’apparition du sida est la conséquence d’expériences inhumaines effectuées dans le passé par la CIA et le Pentagone », indique la dépêche. Des journaux s’emparent du sujet et aboutissent à des conclusions imparables : « Le sida n’est pas apparu en Afrique contrairement à ce que disent les Américains, ce que démontre le fait qu’il y a en Afrique seulement un cas de sida pour 10 000 habitants, soit 15 fois moins que dans l’armée américaine. » Heureusement, lit-on encore, « l’URSS n’est pas touchée grâce à son système de santé qui est une barrière sûre dressée sur la voie de la maladie ».

Le KGB appuie un peu plus sur le piston de la seringue et s’adjoint, par le biais de la police secrète est-allemande, un scientifique décoré, directeur de l’Institut de bactériologie appliquée de Berlin-Est. Le Pr Jakob Segal est ce que les espions appellent un « idiot utile ». Et appliqué, car il fournit vite une étude de 47 pages (Le Sida, nature et origines) et un nom de code : MK-Naomi. Segal affirme qu’il s’agit du nom du projet d’arme biologique américaine devenu sida. Il a émergé dans les milieux gays de Los Angeles, San Francisco et New York, parce MK-Naomi a d’abord été inoculé à des prisonniers homosexuels. Un peu gros ? Fin 1987, un officiel américain fait dans la surenchère et livre les chiffres suivants : la rumeur a circulé dans les médias de 80 pays, à travers 200 publications en 25 langues. « Si la reprise par les médias est un indicateur de succès, alors cette campagne soviétique a été un succès », reconnaît ce diplomate.

« Plusieurs objectifs ont été atteints, analyse François-Bernard Huygues : nuire à l’image des Américains, promouvoir les intérêts de l’URSS et contrecarrer ceux des Américains. » Le KGB a visé en premier lieu des pays accueillant des bases militaires américaines (Corée du Sud, Turquie, etc.), afin de décourager les contacts entre GI et la population locale. En Afrique, l’espionnage soviétique ajoute un ingrédient racial à l’opération Infektion : le sida a été inventé par la CIA pour tuer les Noirs, et pour en étudier l’impact comme arme de « dépopulation ». La rumeur mute encore : au Nigeria, un quotidien assure que l’explosion du sida en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest est la conséquence d’une campagne de vaccination contre la polio menée par des « riches Américains contre de pauvres Africains ». L’affirmation sera reprise par d’autres journaux sur le continent noir, et circule encore aujourd’hui, presque trente ans plus tard, d’après Eric Denécé : « Dans quelques villes africaines, les chauffeurs de taxis, sans doute de bonne foi d’ailleurs, vous assurent que le sida a été apporté par les Américains. C’est logique, on est dans le registre de l’émotion. Et le niveau d’éducation fait que la majorité de la population n’a aucune capacité de décryptage de l’information. » En 1989, la rumeur laisse des traces en Inde, au Pakistan, en Allemagne de l’Ouest, au Brésil, au Panamá, en Yougoslavie, au Pérou, en Turquie, en Grande-Bretagne et en Zambie… C’est le KGB lui-même qui arrête d’alimenter l’opération Infektion. Non par bonté d’âme, mais pour ne pas torpiller le rapprochement naissant de l’Ouest et de l’Est et la récente coopération scientifique entre Russes et Américains. Nous sommes en 1987, et cinq ans plus tard le Premier ministre russe Evgueni Primakov avouera de mauvaise grâce : « Les documents accusant les États-Unis viennent du KGB. »

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Folles rumeurs

  • France : 2014-04-16 (Français)

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