Extraits

"– Je te conseille de t’habiller chaudement, lance Kyle en haussant les sourcils.

– Où on va ? me renseigné-je.

– C’est une surprise ! Je ne peux rien te dire.

– J’ai horreur des surprises, dis-je en gémissant.

– C’est nouveau, ça ! Et depuis quand ? demande Kyle, étonné. – Depuis qu’on m’a abandonnée dans une station-service, au milieu de nulle part."

"C’est sûr, cette nouvelle nuisette va faire son petit effet…

Lorsque je me glisse sous les draps, Kyle se redresse.

– Peux-tu prendre le livre derrière toi ? me demande-t-il en désignant ma table de nuit de l’index.

Je le fixe et un petit rire m’échappe. Il doit plaisanter.

– Nell ? Le livre. S’il te plaît.

Il est sérieux ! Il compte vraiment lire "

– À quoi tu joues, Kyle ? aboyé-je. Je peux savoir pourquoi tu m’évites maintenant ?

– Je me contente de vivre ma vie. Faut pas te donner une importance que tu n’as pas !

Cette condescendance me met hors de moi. Ce type est un con ! Un gros con, même !

– Alors, qu’est-ce que tu fous encore ici, si tu vis ta vie ? le provoqué-je. Pourquoi t’es pas déjà parti te soûler dans un bar ou te taper ta copine rousse, là ? Ou n’importe quelle autre, d’ailleurs !

D’un geste de la main, je balaie ma rancœur et l’étincelle d’envie qui m’anime. Je recroise les bras sur ma poitrine pour lui signaler que je ne vais pas lâcher le morceau. J’attends une réponse.

Ses yeux fauves se plissent. Kyle me dévisage, m’analyse.

– Pourquoi ? se méfie-t-il. Je te dérange ? T’attends quelqu’un ? Je ne suis pas sûr que ta mère accepterait que tu reçoives du monde à cette heure-là, surtout dans cette tenue.

Je rêve où il me mate des pieds à la tête, là ?

(Source : Extrait des Éditions Addictives)

– Qu’est-ce que tu as ? demandé-je après avoir refermé la porte.

Nell avance vers moi. Ses magnifiques émeraudes, abîmées par les pleurs, se retrouvent de nouveau noyées. Mon cœur saigne de la voir ainsi.

– Nell ! lancé-je, paniqué. Parle-moi ! Qu’est-ce qui te met dans un état pareil ?

Elle ne répond pas. Elle n’y parvient pas. Alors, elle se poste en face de moi et me prend la main. La gauche. Elle tend nos bras, l’un contre l’autre, et reconstitue notre matching tattoo, comme après notre première fois ensemble.

Mais cette fois, c’est différent. Cette fois, son regard est différent. Mais je refuse de souffrir de nouveau, je refuse d’y croire. Elle ne peut pas se souvenir. C’est impossible. Pourtant, ces yeux-là…

– Ça ! dit-elle en désignant nos tatouages. Ce n’est pas une coïncidence. Notre présence dans le bus. M. Larnan, ton prof particulier. Tous ces détails que tu sais sur moi : ma sensibilité aux épices, mon jus d’orange que je bois dans un bol, ma difficulté à dessiner les yeux. Tu n’as même pas été surpris en voyant ma représentation de toi. Tout ça ! Ce ne sont pas des coïncidences ! Ce ne sont pas des coïncidences parce que tu me connais. Et mieux que n’importe qui. Parce que tu es Kyle ! Le grand amour de ma vie ! Mon Loup…

" - Est-ce que je t'ai déjà dit la chance que j'ai d'avoir rencontré un garçon comme toi et de t'avoir comme petit ami, Kyle Carter ?

Je suis frappé de plein fouet par la sincérité dans son regard. Ses deux petites prunelles me transpercent l'âme par leur intensité.

- Je t'ai encore jamais dit à quel point je t'aime. Et je suis vraiment un sacré con ! Parce qu'on ne peut pas aimer comme je t'aime et ne pas le dire. Je t'aime, Nell …

[…]

- Je t'aime, Kyle ! "

Ma bouche rejoint ses lèvres pour un nouveau baiser. Et, à cette seconde, je me jure que je consacrerai ma vie au bonheur de cette fille.

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« Je veux oublier chaque moment où mes réflexes trop bien ancrés ont repris le dessus instinctivement, en l’empêchant de manger épicé, en lui donnant un bol pour boire son jus de fruits, en lui parlant de notre prof de dessin de New York. Toutes les fois où, en passant près d’elle, j’ai failli lui prendre la main pour l’emmener avec moi. »

"Nous sommes destinés l’un à l’autre, Nell ! C’est écrit ! C’est toi qui l’as dit…"

- Je t'aime toujours, Nell.

- Ici, loin de tout, nous ne sommes rien ni personne. Nous sommes juste nous. Et nous pouvons vivre comme nous l'entendons. Nous pouvons nous aimer. Parce que je n'ai jamais cessé de t'aimer, Kyle. Ici, en Alaska, nous sommes là où nous avons toujours voulu être ensemble. Nous sommes libres. Qui pourrait nous reprocher quoi que ce soit sur la banquise ?

Et quand bien même, je ne veux plus jamais me séparer de lui. Nous sommes adultes, et peu importe le regard des gens ou ce qu'en pensent nos parents. C'est lui et moi. Et c'est tout !

- Nous sommes destinés l'un à l'autre, Nell ! C'est écrit ! C'est toi qui l'as dit...

« Je souris entre mes sanglots. C’est un tsunami qui me bouleverse. Tout me revient, comme une évidence, comme si rien n’avait jamais disparu. Ma mémoire se libère, les souvenirs reprennent vie en moi en version accélérée. »