Extraits

— Je ne pense pas m’être déjà présenté à vous. Je m’appelle Cookie.

Il ne prit pas la peine de lui tendre la main. Ils avaient dépassé le stade des politesses.

— Cookie ?

[...]

— Oui, tout le monde dans l’équipe a un surnom. Il y a

Dude, Mozart, Wolf, Abe, Benny et moi… Cookie.

— Allez-vous me dire pourquoi on vous surnomme comme ça ?

— Vous allez vous moquer de moi ?

Fiona aimait ce badinage décontracté. Rien que d’entendre quelqu’un lui parler en anglais était génial.

— Probablement. D’autant plus que vous semblez hésiter à me le dire.

Cookie s’esclaffa. Il savait que ce n’était pas approprié, mais il adorait cette conversation, particulièrement après le stress, puis les lamentations de Julie toute la journée. Il mettait trop de temps à répondre, car Fiona enchaîna :

— Vous voulez me faire deviner ?

— Vous ne devinerez jamais, Fi.

Fiona leva la tête brusquement pour le regarder.

Comment venait-il de l’appeler ?

— Quoi ? Vous pensez être capable de deviner ?

[...]

— Euh… Votre mère vous envoyait des cookies toutes les semaines pendant que vous faisiez votre entraînement de base ?

— J’ai suivi un entraînement intensif, pas de base. Bien tenté, mais non. Premier essai manqué.

[...]

— Quand vous étiez petit, vous avez mangé trop de cookies à Noël et vous avez été malade ?

Un petit rire surpris échappa des lèvres de Cookie avant qu’il ne puisse le retenir.

— Oh, je crois que je suis vexé. Non, ce n’est pas ça non plus. Il vous reste un essai.

[...]

Voyons voir… Pourquoi quelqu’un pouvait-il avoir le surnom de Cookie ?

Fiona décida de le faire tourner en bourrique. Elle n’avait rien à perdre.

— Vous étiez puceau quand vous avez rejoint la Marine, et après l’entraînement, vos potes vous ont emmené en ville et ont payé une prostituée de quatre-vingts ans appelée Cookie pour vous dépuceler.

Il se mit à rire tout bas sans pouvoir s’arrêter. Il lui fallut quelques secondes avant de pouvoir se reprendre.

— Bon sang, Fi. Rappelez-moi de ne pas vous contrarier à l’avenir. Premièrement, j’ai été dépucelé quand j’avais quatorze ans par la fille de dix-sept ans que j’avais invitée au bal du lycée. Alors, votre dernière tentative est également un coup manqué, même si votre idée est bien plus créative que la véritable origine de mon surnom. J’ai été le dernier à

rejoindre l’équipe. Typiquement, les nouveaux dans l’armée américaine sont surnommés nuggets ou cookies. Cookie m’est resté.

[...]

— Vous avez un vrai nom ?

Elle brûlait de le savoir, sans se l’expliquer.

— Hunter. Hunter Knox.

— Vous êtes sérieux ?

— Absolument. Pourquoi ?

Fiona n’en revenait pas que ce soit son vrai nom.

— Parce que c’est un nom de strip-teaseur ou de superhéros.

Elle rougit immédiatement. Oh, merde. Venait-elle de dire cela à haute voix ? Décidément, quelle tarte !

— Je choisis de le prendre comme un compliment, Fi, mais je préfère me déshabiller pour une seule personne à la fois.

— N’y faites pas attention. Je ne sais pas ce que je dis. Laissez-moi réessayer.

Fiona leva la tête. Malgré son embarras, elle était déterminée à le dire :

— Je suis contente de faire votre connaissance, Hunter. Non, c’est génial de faire votre connaissance. Je n’ai jamais été aussi heureuse de rencontrer quelqu’un de toute ma vie.

Cookie sentit tous les muscles de son corps se détendre. Il avait été tellement stressé au cours des trois journées précédentes qu’il dut se retenir de ne pas éclater en sanglots hystériques. L’une de ses mains s’enroula autour de la taille de Fiona et l’autre se referma sur sa nuque alors qu’il la tenait contre lui, la faisant reculer à l’intérieur de la pièce en direction du lit.

Fiona parvint à peine à articuler un mot. Hunter était là. Il était là.

— Tu es venu.

— Je suis venu. Je viendrai toujours pour toi.

Fiona retint son souffle. Elle entendait quelqu'un qui s'affairait dans un coin. Elle avait songé à a de nombreuses reprises que si elle pouvait au moins atteindre les murs, elle s'échapperait dans la jungle...mais puisqu'elle était enchainée au sol, elle ne pouvait même pas s'en approcher. C'est alors qu'elle aperçut un homme -du moins, à première vue.