Extraits

« je sentis Nico se plaquer contre mon dos, les bras autour de ma taille. Son nez effleura ma nuque, et je fermai les yeux en soupirant. J’attrapai sa main et la portai à ma bouche. J’embrassai sa paume, la posai contre ma joue pendant le plus bref des instants. Puis je détachai ses bras et m’empressai de sortir dans la nuit. »

J’étais à deux doigts de dire au revoir et rentrer chez moi, quand je vis un Weston Wilde très énervé débouler vers moi. Il arborait une expression vraiment féroce et il m’agressa comme une panthère.

- Il faut que je te parle, dit-il sur un ton un peu menaçant.

Les sourcils froncés, il avait un regard intense, comme s’il était royalement énervé par quelque chose. Qui était clairement de ma faute.

- Non, merci.

Je soupirai. Je n’avais pas envie de gérer son humeur maussade en plus de tout le reste.

West se figea un instant puis, plissa les sourcils encore plus. Je me demandai si de la fumée allait lui sortir par les narines ou les oreilles.

- Ce n’était pas une question.

Cette fois, sa voix ne fut plus qu’un grondement profond, le genre qui éveilla enfin mon sexe à l’idée d’avoir finalement un peu d’action. Abruti de sexe.

Me faire ainsi malmener par le savant docteur devant les gens de notre âge me fit grincer des dents. Nous pouvions être deux à jouer à ce jeu-là.

- Je n’en ai rien à foutre. La réponse est toujours non. Va-t’en, maintenant. Stevie était en train de me présenter tout le monde. Il paraît qu’il y a d’autres gars que je dois rencontrer. Tes frères, je crois ?

Stevie n’avait rien dit de la sorte, mais j’avais entendu dire que West avait plusieurs frères gays, et je présumais qu’au moins l’un des types qui l’accompagnaient était de sa famille. Évidemment, ils étaient tous magnifiques. Comme si les dieux avaient offert de tels gènes à leurs parents. Je voyais bien leur ressemblance avec Doc, mais pas avec Papi Wilde. Une nouvelle fois, je m’interrogeai sur leur histoire.

À la mention de ses frères, l’expression de West se fit plus ombrageuse, donnant vraiment l’impression qu’il n’avait qu’une seule envie : m’attraper par le tee-shirt et me secouer.

Oui, s’il te plaît, fais-le.

- Nico, est-ce que je peux s’il te plaît te dire un mot en privé ? reprit-il, les dents serrées.

Je le dévisageai, intrigué : jusqu’où pouvais-je pousser ? Le souvenir de ses bras autour de moi se battait avec la certitude qu’il ne voulait même pas assez de moi hier soir pour un coup rapide. Or, tout le monde, à ce feu de camp, savait que je ne serais jamais assez bien pour le Dr Weston Wilde, célèbre membre de la famille Wilde, historiquement implantée ici, qui avait peut-être même combattu au Fort Alamo, pour ce que j’en savais.

- Non, dis-je jovialement avant de lui tourner le dos, pour faire mine de m’intéresser à nouveau à Stevie.

Les poils se dressèrent sur ma nuque, m’informant que West s’était rapproché de moi. Je fis de mon mieux pour ne pas fermer les yeux ni reculer afin de sentir sa chaleur.

Sa voix fut un souffle d’air charrié par la brise du soir, directement dans mon oreille. Elle n’était plus énervée, mais pleine de promesses.

- Viens avec moi maintenant, de ton plein gré, ou bien je t’attrape sur mon épaule et je ramène tes petites fesses sexy de force chez moi. Est-ce que c’est ce que tu veux, Nico ?

Je fermai les yeux et priai le Dieu des érections pour qu’il calme mon sexe au garde-à-vous. Mon pouls battait dans ma hampe et mes bourses étaient à genoux, en train de supplier cette voix de résonner encore dans mon oreille.

La part la plus secrète de mon être imagina la scène : je refuserais à nouveau, et il serait contraint de me malmener pour me ramener jusqu’à sa grotte pour me soumettre à ses désirs. Cette part secrète n’aida en rien mon sexe à se calmer. Pas le moins du monde.

- Stevie, dis-je d’une voix si rauque que je dus me racler la gorge et essayer à nouveau.

Il écarquilla les yeux et fixa le mâle alpha qui répandait ses phéromones partout sur mon dos.

- Stevie, désolé de partir aussi tôt. On se revoit une autre fois, d’accord ?

J’essayais d’avoir l’air détendu, mais je ne devais tromper personne.

Une main puissante se posa sur ma hanche et y enfonça les doigts pour me diriger vers les voitures. Je pouvais le laisser faire à sa façon, au moins cette fois. Pour des raisons purement sexuelles.

Pour des raisons sexuelles, obscènes, autoritaires, et parce que j’avais très envie qu’il joue au docteur avec moi.

Nico

« Sam et Griff m’avaient invité à boire un verre après ça, si bien que nous nous dirigions à présent vers l’un de nos bars favoris.

— Je ne pensais pas que des vieux comme vous auraient encore assez d’énergie pour danser, les taquinai-je une fois que nous fûmes installés autour d’une table avec nos boissons.

— On n’en a pas, rétorqua honnêtement Sam. On essaie juste de faire semblant, histoire que tu ne nous prennes pas pour des losers.

Griff explosa de rire. »

N’as-tu pas envie d’être avec une personne qui t’illumine de l’intérieur quand tu la vois ? Une personne qui te donne autant envie de l’étrangler que de l’embrasser… envie de te disputer comme de rire avec… ou envie de lui sauter dessus dès que tu la vois ? Une personne que tu ne peux pas t’empêcher de toucher et à laquelle tu penses sans arrêt quand vous êtes séparés ?

— Alors, il en a ? intervint Papi.

— Il a quoi ? Qui ? marmonnai-je.

— Est-ce que Nico a des piercings intéressants ?

— Ou des tatouages dans des zones intimes ? s’en mêla Doc. J’ai toujours adoré les tatouages sur les fesses pour ma part. Les voir pendant que…

Il leva les mains comme pour empaumer deux globes invisibles.

— Hummm.

— Oui ! D’accord ? Oui. Tout… ça. Mais… enfin, non. Pas de Prince Albert. Mais d’autres trucs et oui, des tatouages. D’accord ? Oui, il a des tatouages. Beaucoup de…

Je pris une inspiration, qui ne fut ni plus ni moins qu’un aveu de défaite.

— Beaucoup de tatouages. Dans des endroits.

Papi et Doc se dévisagèrent, partageant le même amusement, avant que Doc ne pose une dernière question.

— Qu’est-ce qu’il y a sur ses fesses ?

Je lui lançai un regard noir.

— Allez, s’il te plaît ! Ça fait près de cinquante ans que je me tape les mêmes fesses flasques. Un homme a le droit de rêver.

Papi lui mit un coup de coude.

— Elles n’ont pas toujours été aussi flasques. Ai-je besoin de te rappeler que, à une époque, tu aimais beaucoup les mord…

— Ça suffit ! m’écriai-je. Très bien ! C’est euh… comme euh…

Je soufflai et essayai très fort de ne pas avoir une érection en présence de mes grands-parents. Je fixai le plafond dans l’espoir que des anges viennent me délivrer de cette conversation. 

Lentement, il se leva et me dévisagea comme un poulain nerveux, et mon cœur se mit à battre plus fort sous l’effet d’un sentiment inconnu. Lorsqu’il me tendit la main pour m’aider à faire de même, ce sentiment fut encore plus présent. Comme une explosion joyeuse. Comme si mon cœur commençait vraiment à avoir des sentiments pour cet homme. 

Mais dans le secret de la nuit, au fond de moi, je m’avouais que j’avais vraiment envie parfois de me faire malmener par quelqu’un de plus imposant.

J’aurais aussi aimé qu’on prenne soin de moi et qu’on me traite comme une princesse, mais c’était un secret que je m’avouais à peine, alors encore moins à quelqu’un d’autre.

- Y a-t-il un problème ? demandai-je.

- On dirait que vous rôdez. Votre carte d’identité, je vous prie.

- Mais ça ne fait que trois minutes que je suis garé, marmonnai-je en attrapant mon portefeuille dans ma poche arrière.

Si les événements de la journée ne m’avaient pas déjà épuisé, j’aurais répondu avec impertinence à ce flicard de petite ville.

En général, j’étais un citoyen modèle, pourvu de bonnes manières, un médecin amical. Pas cette fois-ci, cependant. Pas le jour où j’affrontais l’enterrement de mon amie et la prise de conscience horrible que Pippa devrait grandir sans elle.

Il était absolument hors de question que je laisse cet inconnu prendre la fille d’Adriana. S’il la voulait, il devrait me passer sur le corps.

Et ce petit emo n’avait aucune idée de ce dont j’étais capable quand j’avais le cœur brisé.

- Où est le petit roi ? demandai-je en voyant mon meilleur ami Griff et son mari Sam entrer dans mon salon de tatouage les mains vides.

J’avais attendu toute la semaine avec impatience qu’ils me rendent visite à San Francisco, mais j’étais surpris qu’ils viennent sans le bébé.

- Ne t’en fais pas, on a laissé Benji à mes parents, pour que tu n’aies pas de souci.

- Comment ça « pas de souci » ?

Sam leva les yeux au ciel et se mit à étudier les esquisses accrochées au mur.

- Tout le monde sait que les bébés, ce n’est pas ton truc, Nico. Tu deviens bizarre dès que tu es près de lui.

Je regardai vivement Griff.

- Je ne deviens pas bizarre.