☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition - La Fin

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Eparm12

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Eparm12 »

Je vote pour Elsa et par extension Amelia. :)
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Springbloom »

.



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8 voix

  • ♜ Tally avec Pippa Foster
Lumione, Tally, Mayossa, Mimie99, Cupcake3000, Hiyashinsu, Tiine, JO305

3 voix

  • ♜ Elsa-Vercellino avec Amelia Rivera
Eparm12, Soragame, Mattmattou

1 voix

  • ♜ Naji2807 avec Envy Madison
Naji2807

0 voix

  • ♜ Lumione avec Anaïs Douglas

    ♜ dorian-gray avec :?:

Reste à voter (3)

Elsa-Vercellino, Xail, dorian-gray
Dernière modification par Springbloom le ven. 03 janv., 2020 1:54 pm, modifié 9 fois.
naji2807

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par naji2807 »

Je vote évidemment pour moi et donc pour Envy! ^^
Soragame

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Soragame »

Je me tâte la, mais je crois que je vais voter pour Elsa/Amelia
mattmattou

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par mattmattou »

Chouette, ça a commencé !!! :mrgreen:
Bon je vais pas vous le cacher, je viens juste de rattraper mon retard sur les fiches, j’ai pas encore checké ma messagerie et je ne sais pas pour qui voter.
Enfin, si. Par défaut je vais faire un choix, désolé les gens :lol:
Elle est la seule candidate que je connaisse vraiment, et je sais qu’en Plus d’être bonne en Maître de jeu, c’est une joueuse hors-pair.

Je vote donc Elsa
Nithael

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Nithael »

Je vote blanc huhu :mrgreen:
Xail

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Xail »

Hum, n'aurait-il pas mieux valu faire l'élection du Maire avant de donner les rôles ? Sinon si l'un de ceux qui se présentent est Loup, ses copains Loups vont voter pour lui parce qu'avoir une double voix aux votes du jour est un avantage non négligeable... :|

Nithael : Bah alors, on ne se mouille pas ? Une crainte quelconque ? :twisted:

Pour ma part, je ne sais absolument pas pour qui voter, je ne connais que Elsa et elle est trop bonne joueuse pour lui donner ce pouvoir... Je vais attendre de voir un peu les messages qui seront postés par les autres candidats ! (Et je ne regarderai mon rôle qu'après avoir voté.)

Et promis, ma fiche arrive très très très vite... Juste le temps de finir la huitième page de l'histoire !
Nithael

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Nithael »

Xail d'amour : Je te rappelle que j'ai laissé de côté cette partie par manque de temps pour faire ma fiche, je participerai donc avec plaisir à la prochaine ! Néanmoins, je ne peux m'empêcher de rester dans les parages ! <3
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Springbloom »

Xail a écrit :Hum, n'aurait-il pas mieux valu faire l'élection du Maire avant de donner les rôles ? Sinon si l'un de ceux qui se présentent est Loup, ses copains Loups vont voter pour lui parce qu'avoir une double voix aux votes du jour est un avantage non négligeable... :|
Je comprends ce point de vue, je teste juste une nouveau truc, pour voir. Vu que, en général, personne ne sait quoi dire au premier tour et qu'on se retrouve à décortiquer le moindre mot, je me suis dit que ce serait pas mal de pouvoir au moins se baser sur les votes aux élections à la mairie pour le premier tour de Jour.

Après, comme tu l'as dit, ça peut avantager les Loups, mais pour ça il faut déjà que l'un d'eux ce soit présenté, et on candidate avant la distribution du rôle.

Je vous propose simplement d'émettre aussi des théories sur les élections, néanmoins il n'y a que moi (et les Loups) qui sont au courant de s'il y a oui ou non un Loup qui s'est présenté aux élections ^^ Et puis, si ce système ne marche pas -\_(o-o)_/- (mais je suis confiante :mrgreen: )
Lumione

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Lumione »

Aussi étonnant que cela puisse paraître, je vote pour Pippa Foster.
Tally

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Tally »

Pourquoi c'est étonnant ? C'est parce qu'elle est Russe, c'est ça ? :lol:
Moi aussi je vote pour Pippa :D
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Springbloom »

Tally a écrit :Pourquoi c'est étonnant ? C'est parce qu'elle est Russe, c'est ça ? :lol:
Moi aussi je vote pour Pippa :D

C'est étonnant parce qu'elle ne vote pas pour elle ;)

J'update le tableau dans deux secondes
naji2807

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par naji2807 »

Etonnement personne ne vote pour Envy :p elle va être tellement déçue!
Mimie99

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Mimie99 »

Je vote pour Tally, donc pour Pippa.
Hiyashinsu

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Hiyashinsu »

Bonsoir tout le monde. Je vote aussi pour Pippa. Et indirectement Tally. Elle parait honnête dans sa présentation.
Cupcake3000

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Cupcake3000 »

Bonjour, boujour !
Je vote pour Pippa / Tally parce que j'aime beaucoup la fiche et que je n'ai pas vraiment d'autres critères de sélection :)
Tiine

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Tiine »

Hello ! Etant très en retard dans la lecture des fiches, mais ayant rattrapé un peu pour cette élection, j'ai hésité entre tous les candidats...mais j'ai choisi Pipa/Tally également ^^
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Springbloom »

Dans mon incommensurable mémoire, je viens de me rappeler que je suis complètement indisponible ce dimanche. Afin d'éviter de vous faire attendre et de lancer le RPG en plein début de semaine, Les votes seront clos samedi 7 décembre à 16h, le RPG commencera juste après. Il vous reste 24 heures pour modifier vos votes et/ou voter. Pour le moment, Tally est en voie de devenir le maire de cette partie, mais rien n'est encore joué.
J0305

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par J0305 »

Je vote pour Pippa Foster (Tally) également. J’aime beaucoup son personnage ;)
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Election du maire]

Message par Springbloom »

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Il est 16 heures.

Morgane_Chase a écrit :.



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  • ♜ Tally avec Pippa Foster
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Reste à voter (3)

Elsa-Vercellino, Xail, dorian-gray

Pippa Foster (Tally) est donc notre nouveau maire. Elle peut désigner son adjoint parmi l'ensemble des participants

Rappel : l'adjoint au maire peut gracier un condamné à l’échafaud une fois en cours de partie. Lorsqu'il meurt, le maire doit en nommer un nouveau. En cas de mort du maire, l'adjoint le remplace à la mairie.
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [RP d'intro]

Message par Springbloom »

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ADELAIDE DES BUIS | 15 JUILLET 2019 | 21H43 | NORD DE L'ILE, OCEAN PACIFIQUE

La nuit avait fini par tomber sur l’île, et, désormais, un voile bleu sombre la recouvrait, percé çà et là de quelques trous qui permettaient d’entrapercevoir les étoiles. L’absence de pollution (un concept récent du XIXème siècle, que je ne connaissais que grâce à mes rares voyages sur la terre ferme) aurait pourtant dû permettre de les voir pleinement, dans toute leur splendeur, néanmoins une fumée noire obscurcissait la voûte céleste.

Désormais que le crépuscule s'était achevé, le village s’était rassemblé sur la plage nord de l’Île, dont l’eau était plongée dans la pénombre. Nul ne s’était dit un mot de tout le trajet, et nul n’en disait plus maintenant que le corps d'Esperanza disparaissait dans les flammes. Esteban n’avait pas osé écrire un discours pour elle, supposant comme nous tous que Nasha le ferait, mais elle restait muette, stoïque, le regard vide face aux flammes.

Un silence presque religieux régnait sur nous, pesant, et nul à part moi ne détournait le regard du brasier. Etais-je donc la seule à prendre conscience de ce que cela signifiait ? Quel était le sens caché derrière la soudaine maladie qui avait nous avait enlevé l’une des nôtres ? A priori, non. Il venait d’apparaître, bras croisés, et de se placer à côté d’Esteban, bien éloigné de moi – même après 300 ans, il me craignait toujours autant – et lançait un regard anxieux au bûcher funéraire.

Je n’avais vu le Maître de l’Île que de rares fois en-dehors des périodes de Jeux. Le plus souvent, il se terrait on ne savait trop où dans la forêt, ne témoignant aucun intérêt pour nous, à l’exception des quelques moments où Esteban lui rendait visite pour nous transmettre des nouvelles. Nous faisions notre – longue – vie, il faisait sa - encore plus longue – vie. Certains parmi nous ne l’apercevait que pour la seconde fois depuis leur victoire aux Jeux et quelques regards en coin fascinés se tournaient vers lui. Ce n’était pas qu’Il avait un physique particulier (quoique pas déplaisant à regarder) mais quelque chose d’important se dégageait de lui, sans qu’on puisse réellement déterminer de quoi il s’agissait : c’était à la fois attirant et inquiétant.

Si ce soir Il était présent, c’est que je n’avais pas tort sur le fait que la situation fût grave. C’était la première fois depuis que j’étais ici qu’un Autre mourrait. Aucun de nous n’était censé le pouvoir, nous avions gagné nos Jeux pour parer à cette éventualité. Si l’un d’entre nous mourrait, c’était que nous courrions tous un grave danger. Quelque part en moi, j’étais certaine que cela avait un rapport avec Lui. N’étais-ce pas Lui qui nous avait amené ici, invité ou non, et qui avait décidé de jouer avec nos vies ? Pas que cela ne m’est gêné, j’abhorrais la mienne et ma nouvelle me convient pleinement. Mais si désormais nous pouvons passer l’arme à gauche à tout moment…

Perdue de nouveau à observer les flammes crépiter, Nasha immobile face au brasier et les premières cendres de son ancienne amie, je finis par remarquer que notre Chef et notre Maître avaient disparu de la plage. Discrètement, je quittai la foule, trop obnubilée par l’incendie, à leur recherche. Quêtant une trace de pas, je ne tardai pas à trouver leur piste dans le sable encore humide de la marée haute et à la remonter.

La forêt était sombre, humide de la pluie diluvienne de la veille, et se déplacer silencieusement relevait d’une agilité que j’avais fort heureusement hérité de mes balades nocturnes sur le plancher versaillais. Bientôt, j’ouïs deux voix sur ma gauche, que je reconnus comme celles que je cherchais.

Dissimulée derrière un arbre, je me décidai à espionner mes supérieurs.

-Quand ça ? distinguai-je en premier, venant d’Esteban qui semblait décidément peu enclin à faire disparaître son terrible accent espagnol.
-Le plus tôt possible. Demain serait le mieux, il vaut mieux ne pas tarder. Demain pour la semaine prochaine.
-Qu’est-ce qui te presse autant ? D’habitude, on prend le temps de planifier de nouveaux Jeux, tu choisis les candidats les plus intéressants et…
-Je t’expliquerais plus tard, le coupa-t-il. Et ne t’en fais pas pour les participants, je m’assurerais de trouver les bons, tu n’auras pas d’incapables à gérer.

C’était bien eux, à se tutoyer mutuellement comme si de rien était. Tout le monde sur cette île se vouvoyait presque en permanence, surtout lorsqu’il s’agissait de nos chefs. En tant que seconde d’Esteban, je n’avais cependant jamais cherché à le questionner sur les 200 ans qu’il avait passé seul avec Lui, avant la venue de notre groupe et sur leur proximité.

-Tu avais déjà dit ça la dernière fois, et je me suis retrouvé à gérer un irlandais de seize piges insupportables. Tu sais combien de fois il a chapardé dans ma maison et celles des autres ? J’ai arrêté de compter au bout d’une semaine.
-Tu exagères, Esteban, Ethan n’est pas si terrible que ça…

La conversation n’était pas achevée, mais ce que j’avais entendu me suffisait : de nouveaux Jeux allaient avoir lieu, et des Jeux exceptionnels d’après Son ton, légèrement chevrotant mais tentant au mieux d’être serein. Et qui disait Jeux, disait que j’allais pouvoir enfin m’amuser un peu.




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JORDAN BENETT | 19 JUILLET 2019 | 17h16 | LOS ANGELES, VENICE BEACH


La plage, comme à son habitude, était bondée de monde. Touristes et Californiens s’y mêlaient, les uns pressés, les autres en vacances, de partout et d’ailleurs, bruyants au possible. Assis à une terrasse sur l’allée opposée à celle-ci, j’aurais pu m’estimer au calme et loin de cette foule oppressante si une famille de coréens ne s’était pas décidée à s’installer à la table voisine, avec ses trois gamins braillards et terriblement horripilant.

En temps normal, jamais je ne serais venu ici durant mon jour de pause – à vrai dire, je crois bien que c’était la première fois que je revenais ici depuis mes 20 ans – mais j’avais reçu une lettre des plus surprenantes deux jours auparavant, me conviant à y retrouver quelqu’un. N’importe qui ne l'aurait probablement par prise au sérieux : pas moi. Bien que son auteur anonyme sache beaucoup de détails surprenants sur ma vie, le genre qui vous font dire qu'on vous espionne en secret et qui ne vous rassure que très peu, la lettre n’avait rien de menaçant : aucune histoire de chantage, aucune menace, rien qui pourrait réellement me faire dire qu'on m'en voulait. Ca m'avait intrigué.

« J’ai une proposition à vous faire » suivie de coordonnées. Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ? J’avais passé ces deux derniers jours, entre Jakarta et New York, à me demander ce que cette proposition pouvait bien inclure. Je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam mon futur interlocuteur et pour qu’il travaillait, mais cette simple phrase avait capté toute mon attention. Sortir enfin de mon quotidien était un de mes souhaits les plus chers.

Certains – comme moi, au début – s’imaginent qu’être pilote d’avion, c’est la vie rêvée : on voyage sur toute la planète, on rencontre de nouvelles personnes, on est reconnu pour la difficulté et les responsabilités qu’impliquent notre emploi, on a des revenus plus importants que la moyenne et (probablement) beaucoup de succès auprès de la gente féminine. En réalité, j’étais bien trop épuisé pour rencontrer qui que ce soit en-dehors de mes compagnons – certes très sympathiques – de voyages et les employés de l’hôtel, les voyages sur toute la planète se limitaient à traverser en permanence l’océan Pacifique : à ce jour, je n’avais encore jamais eu l’occasion de voir l’Europe et l’Afrique, à peine l’Amérique du Sud. C’était vrai que, côtés revenus, en revanche je n’avais pas à me plaindre, mais en étais-je satisfait ? Pas vraiment. J’avais presque toujours les moyens de m’offrir le moindre de mes caprices et je n’en ressentais aucun plaisir.

Parfois, je me prenais à rêver que je perdais le contrôle et que l’avion s’écrasait au milieu de l’océan.

-Bonjour Jordan. Je peux ?

L’homme qui me faisait face était un latino aux cheveux bouclés épais et éparpillés autour de son visage caramel. Après que j’eus acquiescé, il s’assit face à moi et retira ses lunettes de soleil, ce qui me permis de distinguer les deux billes pétillantes d’énergie qu’elles dissimulaient. Tout en continuant de mastiquer son chewing-gum, il me lança un grand sourire.

-Alors, intéressé ?

Son accent me vrillait les tympans. On aurait dit qu’il déchirait chaque syllabe dès qu’elle franchissait ses incisives.

-Je ne peux répondre oui tant que vous ne m’avez pas dit ce que je suis censé faire.

Je restais pragmatique, maître de la situation, minant que je ne fus pas à vendre et qu’il dût me persuader d’accepter. Je sirotai deux gorgées de mon Blue Lagoon avant de reposer le verre, sans qu’il n’ait dit un mot de plus. Il semblait m’évaluer, moi et mes voisins, muet, sans que je comprenne pourquoi il ne répondait pas à mon interrogation. Ses yeux allaient et venaient tout autour de nous si vite que j’étais incapable de savoir s’il comprenait et analysait réellement ce qu’il voyait.

J’étais tellement occupé par mon interlocuteur que j’en oubliais moi aussi de faire attention à la foule. La plus jeune des enfants coréennes venait de trébucher et de renverser le contenu de son verre sur ma manche gauche : difficile de continuer de paraître inaccessible après ça, d’autant plus que mon inconnu partit d’un grand éclat de rire, cristallin, qui ne manqua pas de le faire remarquer auprès de nos voisins.

-Vous ne cessez de m’impressionner au fil des années.

Je haussais un sourcil surpris. Qu’est-ce qu’il entendait par là ? Son « vous » n’était pas de ceux de politesse, il ne s’adressait pas à moi en particulier. C’était comme s’il s’excluait de la foule…

-Que dirais-tu si je te disais que j’ai les moyens de complètement changer le cours de ton existence ?
-Je vous dirais simplement que vous m’avez fait perdre ma journée de repos et que j’en tiendrais rigueur à votre supérieur quand je trouverais de qui il s’agit.

Une fois de plus, il lâcha un petit rire et un sourire de côté fendit son visage. Je n’appréciais réellement pas ce petit air condescendant qu’il avait avec moi. J'avais pour habitude de maîtriser les conversations, de diriger les discussions, mais mon interlocuteur semblait bien plus habile que moi dans ce domaine : ça avait quelque chose de frustrant, d'autant plus que je ne savais pas en quoi consistait cette fameuse proposition.

-Mon « supérieur », répondit-il en appuyant sur les guillemets, ne doit de compte à personne, ni à moi, ni à mes « collègues », ni à Dieu, encore moins à vous. Si vous voulez le rencontrer, il n’y a qu’un seul moyen, c’est d’accepter… (il marqua un temps d’arrêt, comme s’il cherchait ses mots) d’accepter de plonger dans le vide.
-Je vous demande pardon ? répliqué-je, stupéfait, reculant sur ma chaise tout en arquant un sourcil.

L’inconnu se redressa, commanda un verre à une serveuse, avant de croiser les bras sur son torse. Habituellement, ce geste témoigne d’une posture défensive, mais il semblait complètement dans son élément : il me déstabilisait et je ne savais que penser de lui.

-Que diriez-vous si je vous apprenais que vous pouviez finir vos jours auprès de mon « supérieur », dans un des plus beaux lieux du monde, tout en gardant contact avec la terre ferme et sa politique ?

Je ne réagis pas. Neutre et impassible. Même si je commençais à sentir le sucre de la grenadine coller ma manche à mon bras : je devais vraiment paraître stupide.

-Oh, par politique, j’entends que vous y jouez un rôle majeur en tirant les ficelles sans qu’aucun n’est conscience de votre existence… (toujours aucune réaction) et, par finir vos jours, je veux dire l’éternité.

Fort heureusement, je ne buvais pas, sinon je crois bien que le contenu me serait ressorti par la bouche et par les narines. C’était une blague, n’est-ce pas ? Très drôle – en fait non, parce que je n’y distinguais pas l’humour, alors ça devait plutôt relever de la caméra cachée un peu nulle – mais non merci.

-Ecouter, merci pour cette proposition, mais tous ces pseudos trucs de vaudous et de spiritisme pour esprits faibles, gardez-les pour vous et les touristes sans aucune jugeote pour distinguer une arnaque, déclaré-je d’un ton ferme et calme. Je ne suis pas de cela. Maintenant, si vous permettez, je vais rentrer chez moi et profitez du peu de temps qu’il me reste avant de devoir de nouveau exercer un travail honnête.

Je me levais, et il fit de même, me saluant comme s’il ne m’en voulait pas d’avoir refusé, voire même comme s’il s’y attendait.

Alors que je quittais la terrasse bondée, presque prêt à sortir le soupir de fatigue que je retenais depuis une demi-heure, il me héla depuis notre table.

-Jordan, si jamais vous envisagez d’accepter de le rencontrer et de nous rejoindre, il vous suffira de passer par les coordonnées que je vous ai données. Le 30 juillet lorsque vous reviendrez de Sydney, pas avant ! Bonne journée de repos !

Et ainsi il me lança un clin d’œil, bu une grande gorgée du verre qui venait de lui être servi, sous les regards intrigués de ses quelques voisins anglophones.

Complètement taré. Hors de question que je change mon plan de vol.


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JORDAN BENETT| 30 JUILLET 2019 | 9H12 | AEROPORT KINGSFORD SMITH, SYDNEY

-Mesdames et Messieurs, bienvenue à bord du vol Oceanic 915 à destination de Los Angeles. Il est actuellement 9h12 et nous devrions atteindre l’aéroport international de Los Angeles dans 13h40 minutes. Nous allons bientôt décoller, veuillez regagner vos places accrocher vos ceintures. Ne vous souhaitons un agréable voyage à bord de notre vol.

Je repose le microphone sur le tableau de bord et me tourne vers mes co-pilotes. Aucun des deux ne semblent inquiets par rapport au vol. Contrairement à moi. Onze jours de réflexions et me voilà à suivre les indications d’un complet inconnu, écrites dans une calligraphie presque monastique sur un papier dans la poche de mon uniforme. Une part de moi est complètement anxieuse à l’idée de ce que je m’apprête à faire, l’autre complètement sereine, certaine que c’est ce qu’il faut faire pour donner un sens à ma vie. Et puis, bien que j’ignore si je puisse réellement faire confiance à ses mots, il a dit que les passagers pourraient eux aussi accepter la proposition s’ils le voulaient. Alors tout ira bien. Et déjà mes jointures blanchissent sur le volant de contrôle du Boeing.

Deux heures se sont écoulées quand nous traversons la première turbulence équatoriale. Ce n’est pas la première fois que je dois maintenir le contrôle dans cette phase, mais je panique totalement parce que j’ignore s’il s’agit là de la situation normale à laquelle j’ai l’habitude d’avoir affaire. Du moins, je ne panique qu’intérieurement pour ne pas inquiéter mes collègues qui ignorent tout du léger détour que je suis en train d’effectuer, déviant de 200 kilomètres de notre trajectoire, ce que la tour de contrôle ne semble pour le moment n’avoir pas repéré, fait surprenant.

Deuxième secousse inhabituelle. J’envoie le signal aux passagers et hôtesses de l’air de regagner immédiatement leur place et de s’attacher, prévenant également de ne pas s’alarmer quant à celle-ci, alors que moi-même je sens la goutte de sueur couler le long de ma nuque. Moi qui voulais tant m’écraser, me voilà à regretter ma décision, craignant ma douleur tout autant que celle des passagers. Une embardée vient nous décaler vers la droite et le levier ne me répond plus. Mes mains tremblent tout autant que celles de mes collègues qui cherche à reprendre main sur l’appareil qui ne cesse de sauter dans l’air agité.

Soudain, malgré la ceinture qui nous entrave à nos sièges, nous sommes tous trois projetés vers l’avant avec violence : l’un des réacteurs droits vient d’exploser, traînant derrière lui un panache noirâtre. Face à moi, les boutons s’agitent, clignotent, et les aiguilles tournent bien trop vite. Nous perdons de l’altitude, et j’ai à peine le temps de lancer le message d’alerte que le premier éclat apparaît sur la vitre du cockpit. A ma droite, l’autre pilote est terrifié, se cramponnant tant bien que mal à ce qu’il parvient à trouver sur son chemin. Derrière moi, la co-pilote dévisage le carnage avec tant de terreur dans les yeux que je ne saurais ne pas me pétrifier à mon tour. Il n’y a plus rien à faire, l’avion sombre. Je ferme les yeux, redoutant à chaque seconde la violence de l’impact.




Le RPG est désormais ouvert ! A vos claviers :D
Xail

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [RPG Ouvert - Tour 1- Nuit]

Message par Xail »

Voici enfin ma fiche complète. Je suis désolée pour celles et ceux qui ont du mal à lire sur l'ordinateur, j'ai fait une histoire un touuuuut petit peu longue... Je ne vous en voudrai pas si vous ne la lisez pas ! Mon premier RP ne va pas tarder à suivre aussi et promis, il sera plus court ! :lol:


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Nom : Lane

Prénom : Shaé

Âge : 36 ans depuis le 1er juillet

Sexe : Femme

Raison de la présence dans l’avion : Retour au bercail, chez ses parents.

Candidature au poste de maire : Non

Code pour valider la fiche : Les livres sont utiles parce qu'ils aident à caler les tables bancales.

Physique : Grande et forte, elle n’a pas encore tout à fait récupéré de sa grossesse. Elle porte ses épais cheveux bruns en carré plongeant et ses immenses yeux noirs en amande attirent souvent le regard. Un nez proéminent et des lèvres charnues complètent son visage mat. Elle a des épaules larges et, bien que très sportive, elle garde cette culote de cheval qui la complexait lorsqu’elle était adolescente. Elle s’habille généralement avec des vêtements sobres, plutôt des pantalons que des jupes et peu de couleurs, sauf parfois une petite touche de rouge.

Caractère : Déterminée et volontaire, parfois vraiment tête de mule, elle a un sacré caractère. Plutôt franche, elle dit toujours ce qu’elle pense, même si elle essaye de mettre les formes pour ne pas blesser les gens. Elle est fêtarde, extravertie et il reste au fond d’elle un petit côté gamin qui ressort lorsqu’elle fait une connerie. Elle aime beaucoup rire, sortir, mais la solitude lui fait parfois du bien. Elle donnerait tout pour ses enfants et si elle est prête à accepter beaucoup de choses, elle ne supporterait pas qu’il leur arrive quelque chose.


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Je pense avoir eu une enfance assez banale et tranquille. Mes parents ont un petit pavillon en Californie, dans une petite ville du nom de Maricopa dans le comté de Kern, à une bonne heure de route de Los Angeles. A peine un millier d’habitants, une seule petite école dans laquelle j’ai fait toute ma scolarité, une auberge qui sert de point de rassemblement pour toutes les commères, et rien d’autre. Si cela ne m’a pas gênée pendant mon enfance, arrivée à l’adolescence j’ai eu la sensation d’étouffer dans ce patelin. Tout le monde connaît tout le monde, impossible de faire une connerie sans que la moitié de la ville soit au courant le lendemain, et les ragots vont plus vite que les trains. Dès que j’ai eu l’occasion de partir, c’est-à-dire à mon entrée à la fac, je l’ai fait. Je suis allée suivre un cursus en biologie à Los Angeles les trois premières années puis j’ai continué au Brésil afin d’étudier les relations d’un écosystème en climat tropical.

Mon diplôme en poche, j’ai voyagé encore quelques années en Amérique du Sud, en Indonésie et en Afrique. Vers mes 25 ans, j’ai atterri sans trop savoir comment ni pourquoi en Australie, dans la jolie ville d’Adélaïde, nommée d’après une reine. J’ai posé mes valises de biologiste et j’ai travaillé dans différents secteurs, notamment pour des associations préservant la biodiversité et venant en aide aux animaux et plantes en danger. Le travail en association me plaisait énormément et j’ai décidé de m’engager dans d’autres associations pour me sentir utile. Peut-être qu’au fond de moi j’avais le sentiment d’être redevable à un genre de puissance supérieure qui m’offrait une vie riche et épanouissante et que je pensais qu’en m’investissant de la sorte pour améliorer la vie d’autres personnes, je remboursais une partie de ma dette. Ou bien peut-être que le désert de ma vie sentimentale me poussait à faire des rencontres pour combler le vide d’affection qui me rongeait doucement…

Il est vrai que vu de l’extérieur, j’avais beaucoup d’amis, de relations plutôt, mais aucun ne m’était vraiment proche. Niveau amour, ni homme ni femme ne parvenait à trouver grâce à mes yeux. A vrai dire, j’avais surtout peur de m’engager, de perdre cette liberté qui me tenait tant à cœur et c’est pour ça que j’enchaînais les histoires sans importance. Ma bisexualité me rendait attirante auprès des hommes mais faisait plutôt fuir les femmes. Je ne m’en souciais guère, ou plutôt je faisais mine de ne pas m’en faire.

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Et puis un jour, je l’ai rencontrée.

J’étais alors membre d’une association qui aidait les femmes battues. Elle est arrivée un soir, les yeux rougis et le visage fermé, enceinte jusqu’aux yeux, avec cette flamme de peur et de colère dans le regard, inhabituelle chez les victimes de violences conjugales. Elle était venue nous trouver pour se mettre à l’abri des coups de son compagnon et surtout pour protéger la vie qui grandissait en elle. Son histoire est assez classique et on l’entend souvent parmi les femmes que nous aidons : tout avait débuté comme un conte de fée, il était charmant, prévenant, attentionné, passionnel, il la faisait se sentir belle, unique, importante. Et puis de passionnel, c’était devenu fusionnel, à tel point qu’il lui interdisait de sortir sans lui par jalousie, qu’il refusait qu’elle côtoie des hommes. Elle avait fini par quitter son travail pour lui. Il était tantôt brûlant d’un amour flamboyant, tantôt froid et méprisant, il la rabaissait sans cesse, lui rappelait la chance qu’elle avait eu de le rencontrer et qu’il s’intéresse à elle. La violence physique était arrivée sournoisement, d’abord uniquement pendant les rapports sexuels, ou plutôt pendant les viols qu’il lui faisait subir, pour son unique plaisir, puis de plus en plus souvent, pour des raisons de plus en plus futiles comme un repas froid ou un pli sur ses chemises. Et puis elle était tombée enceinte. Des jumeaux, lui avait-on annoncé lors de l’échographie des 3 mois. Elle avait pleuré mais pas de joie. Son compagnon avait accueilli la nouvelle avec une froide indifférence et rien n’avait changé entre eux. Il continuait à l’humilier, la violer et la battre, et elle avait de plus en plus peur, non pas pour sa vie mais pour celle de ses futurs enfants. Elle s’était, au fur et à mesure du temps, persuadée qu’il faudrait qu’elle abandonne ses bébés si elle voulait qu’ils aient une belle enfance, loin de cet homme toxique qui la retenait prisonnière.

Le déclic s’était produit lors de la visite médicale du sixième mois. A l’échographie, le médecin remarqua qu’un des bébés avait un pied anormalement tordu. Il lui expliqua que ça pouvait être le résultat d’un choc violent, que ça se soignerait par une opération à la naissance mais qu’il fallait faire très attention à ne pas renouveler ce genre d’expérience pour que les fœtus puissent continuer à se développer normalement et que l’accouchement arrive suffisamment proche du terme pour qu’ils survivent. A la peur permanente dans laquelle elle vivait s’ajouta la colère, une rage sourde qui lui donna la force de faire ses affaires malgré les menaces de son compagnon et de claquer la porte définitivement. Il était hors de question qu’il lui vole la seule chose qui lui restait et qui la maintenait encore en vie.

Elle avait donc poussé la porte de notre association, un soir où j’étais de garde, ses beaux yeux bleus remplis de défiance, les bras croisés sur son ventre pour se protéger, sa tignasse de boucles blondes formant un bouclier entre elle et le monde extérieur. Nous lui avions trouvé un logement pas très loin de chez moi et je lui faisais souvent les courses parce qu’elle ne pouvait plus se lever, arrivée au huitième mois de grossesse. Un jour, alors que je venais lui apporter son panier de légumes, un homme est entré avec moi dans l’immeuble et il m’a suivie dans l’ascenseur. Il est descendu au même étage et a fait mine de chercher ses clefs dans son sac. Je n’y ai pas prêté attention, jusqu’à ce qu’il se jette sur moi alors que j’ouvrais la porte, qu’il me pousse violemment contre le mur et qu’il entre dans l’appartement en beuglant qu’il allait la tuer. Il ne m’a fallu qu’une fraction de seconde pour comprendre qu’il s’agissait de son ex-compagnon violent, une autre fraction de seconde pour saisir le couteau qui ne quitte jamais ma poche, à peine plus pour le déplier et bondir pour lui planter la lame dans le dos. Il a émis un râle qui a difficilement atteint mes oreilles car un hurlement l’a couvert. Je me suis précipitée dans le salon.

- Héloïse !

Elle était allongée par terre, dans une flaque de ce que je devinais être du liquide amniotique, le visage crayeux et la respiration saccadée. J’ai appelé les secours, la police, et la suite s’est déroulée dans un brouillard anesthésiant qui me fait parfois douter de ce qu’il s’est réellement passé. Je sais que je l’ai accompagnée à l’hôpital et j’étais présente dans la salle d’accouchement, à lui tenir la main en lui répétant que tout allait bien se passer et que c’était bientôt fini.

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Elle a mis au monde deux adorables fillettes, minuscules mais ayant déjà une sacrée voix. Les deux petites sont restées deux semaines en couveuse, le temps qu’elles arrivent à un poids jugé suffisant pour rentrer à la maison. Les médecins ayant fortement insisté pour qu’Héloïse ne reste pas seule les premières semaines, elle est venue s’installer chez moi avec ses deux filles qu’elle a appelées Eleanore et Ellana. Nous alternions pour les biberons, afin que nous puissions nous reposer chacune à notre tour, jusqu’à ce que les filles fassent leurs nuits.

La situation, qui ne devait être que temporaire, a fini par durer plus longtemps que prévu. En effet, Héloïse n’avait pas de travail, pas le droit aux aides de l’Etat et son ex-compagnon étant mort, il ne pouvait lui verser de pension alimentaire pour les enfants. Elle est donc restée dans mon petit appartement. Les filles y ont fait leurs premiers pas, ont soufflé leurs premières bougies. Dans le couloir, nous les avions mesurées régulièrement, marquant leur taille sur le mur. A vrai dire, je les ai élevées comme s’il s’agissait de mes propres filles et, avec le recul, je me rends compte que j’ai ressenti cet élan d’amour maternel dès l’instant où mes yeux se sont posés sur elles.

Et puis Héloïse a retrouvé du travail comme vendeuse dans une petite herboristerie du quartier. Avec ce boulot, elle a pu avoir une place en crèche pour ses filles et rapidement, un nouvel appartement. Lorsqu’elle plaisantait avec moi sur le fait que j’allais enfin retrouver ma tranquillité, je riais avec elle mais le cœur n’y était pas. Les premières semaines après son départ, mon appartement me semblait affreusement vide et silencieux. Je faisais mon maximum pour ne pas y être seule trop souvent ou trop longtemps, multipliant les fêtes et les sorties. Je me disais toujours que le temps allait finir par tout arranger mais force était de constater que ça n’était pas le cas. Plus les mois passaient et plus je me sentais glisser hors de ma vie, comme si j’avais pris la place d’une parfaite étrangère. Je voyais de moins en moins Héloïse et ses filles, je ne répondais plus à ses appels et je n’ai même pas fêté leur deuxième anniversaire.

Un jour, alors que j’errais en ville, me cherchant une occupation pour l’après-midi de repos que j’avais, j’ai croisé Eleanore et Ellana. Lorsqu’elles m’ont vue, elles se sont précipitées vers moi pour se jeter à mon cou en piaillant de joie. Les larmes me sont immédiatement montées aux yeux et je les ai serrées fort contre moi.
- Maman, maman, a tata Sha !
Elles se sont tournées vers leur mère qui m’observait, l’air interdite. Nous sommes restées un instant sans rien dire puis j’ai doucement éclaté en sanglot dans ses bras.

Nous avons passé l’après-midi chez elle, autour d’une tasse de thé à rattraper le temps perdu. Elle m’a raconté ses histoires qui ne duraient jamais, ses multiples déceptions à cause des hommes, son patron qui lui en demandait toujours trop, le temps qu’elle ne trouvait pas pour s’occuper correctement de ses filles et sa solitude. Je lui ai parlé du vide dans mon appart et dans mon cœur, du sens qui manquait à ma vie, de mon incapacité à me faire aider, de ma sensation de perdre pied, de ma solitude.

Parler à cœur ouvert m’avais fait un bien fou mais je sentais qu’Héloïse ne m’avait pas tout dit. Elle semblait mal à l’aise à l’idée d’aborder un sujet avec moi et je ne comprenais pas ce qui pouvait la gêner alors que nous venions de nous dévoiler toute notre intimité.

- Shaé… Je suis enceinte.

Une gifle ne m’aurait pas fait plus mal. Mon visage s’est décomposé. A quoi est-ce qu’elle pensait ? Ce n’est pourtant pas si compliqué d’utiliser un moyen de contraception ! Comment est-ce qu’elle allait faire avec un bébé de plus alors qu’elle a déjà du mal avec les filles ? Et son boulot ? Elle risquait de le perdre si son patron était vraiment aussi chiant qu’elle me le disait ! Et…

J’ai lu dans son regard une immense déception mais je n’ai pas su déterminer si elle était déçue d’elle-même ou de ma réaction. Voilà pourquoi elle hésitait à m’en parler. J’étais censé être sa meilleure amie et je la jugeais plus durement encore que ne l’aurait fait une parfaite inconnue. J’ai plaqué la main devant ma bouche, horrifiée, et le silence s’est prolongé.

- Tu… Reviens vivre à la maison. Avec deux salaires on pourra trouver un plus grand appartement, avec une chambre pour les filles et une chambre pour le bébé. Et puis si tu travailles le samedi je pourrai garder le petit ! Et je viens d’accepter un nouveau boulot au jardin botanique, je serai un peu mieux payée et surtout un peu plus disponible, s’il faut aller chercher le bébé à la crèche assez tôt…

Elle a éclaté en sanglot et je l’ai prise dans mes bras, la berçant doucement et lui murmurant à l’oreille que tout allait bien se passer.

Dès le lendemain, nous avons commencé à chercher un appartement mais nous nous sommes vite rendu compte que les propriétaires n’étaient pas vraiment ouverts à une colocation comme la nôtre. Nous avons donc fini par faire croire que nous étions en couple, pour faciliter les démarches. Nous sommes finalement tombées sur la perle rare, un bel appartement au troisième étage, par trop loin de mon boulot, avec quatre chambres et une immense pièce à vivre baignée de lumière. Nous avons emménagé un mois plus tard et une nouvelle vie a démarré.

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Les jumelles se sont très vite adaptées à leur nouvel environnement et nous leur avons trouvé une petite école assez proche de la maison pour leur première rentrée. Le jour où nous sommes allées la visiter, Héloïse se sentait très mal à cause des nausées dues à la grossesse et elle n’a pas pu nous accompagner. J’y suis donc allée seule avec les filles mais dès les premières minutes, la directrice de l’école m’a interrompue :

- Vous n’êtes pas la mère de ces petites ? Mais alors vous n’avez aucun droit sur elle ? Vous ne pouvez pas les inscrire, c’est à la maman ou au papa de le faire. De même, en cas d’urgence, vous ne pourrez pas les récupérer à l’école ni accompagner les sorties scolaires ou encore participer aux réunions parents-enseignants…

Je suis restée plantée là sans savoir quoi faire, les larmes au bord des yeux, voyant tous les projets que j’avais imaginés s’effondrer. Eleanore et Ellana ne comprenaient pas ce qu’il se passait, aussi elles me tiraient par la main pour aller voir leur future classe et leur future maîtresse.

Nous sommes rentrées à la maison, malgré leurs hurlements et leurs pleurs de mécontentement. J’ai expliqué la situation à Héloïse qui n’a pu retenir une grimace suivie d’un soupir de découragement. Tout semblait vouloir nous mettre des bâtons dans les roues, à croire que l’univers tout entier avait décidé que nous ne pourrions être tranquilles.

Héloïse est donc allée elle-même inscrire ses filles à l’école, demandant une dérogation pour que je puisse venir les chercher si elle ne pouvait pas. On lui a bien rappelé que pour le carnet de correspondance, seule sa signature était valable et qu’elle ne pouvait envoyer personne à sa place aux rencontres parent-professeur, à part le papa des petites ou son conjoint officiel.

Les filles ont fait leur rentrée en maternelle, avec leur maman uniquement puisque je n’étais pas autorisée à venir avec elles. En rentrant le soir, elles me racontèrent avec force détail leur classe, leur maîtresse, leurs copines, les activités, mais ce n’était pas pareil et je ne pouvais faire disparaître ce petit goût amer qui me restait en travers de la gorge. Tous les matins, en les déposant à l’école, l’enseignante ne manquait jamais de me glisser un petit « vous n’oublierez pas de dire à la maman que… » qui me faisait grincer des dents. Je sais qu’elle faisait ça pour me tenir au courant de ce qui se passait en classe mais ça ne faisait que me rappeler que les jumelles n’étaient pas mes filles et ne le seraient jamais, malgré tout l’amour que je leur portais et tout ce que je pourrais faire pour elles.

Je ressentais la même chose pour la petite boule de vie qui grandissait dans le ventre d’Héloïse. J’ai assisté à toutes les échographies, guettant avec la même émotion les mouvements de pieds ou de mains. J’étais aux petits soins avec Héloïse parce que cette grossesse s’annonçait assez compliquée, comment souvent après une première grossesse gémellaire. Dès le sixième mois, elle a été arrêtée et ne pouvait plus quitter la maison. Elle était souvent d’humeur grognon de ne pouvoir rien faire pour m’aider, surtout pour s’occuper des filles qui réclamaient de plus en plus son attention.

Vint enfin le jour de la délivrance. Je l’ai accompagnée dans la salle d’accouchement, je lui ai tenu la main pendant qu’elle hurlait à s’en casser la voix, j’ai coupé le cordon ombilical et je lui ai tendu le bébé, une petite fille tout grignette et très calme comparée à ses sœurs. Elle a décidé de l’appeler Emy, du nom de ma maman. Cet acte, qui pourrait paraître anodin, m’a ému aux larmes. C’est seulement à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point nos vies étaient étroitement mêlées.

Le retour à la maison s’est fait dans les cris de joie des jumelles, ravies d’avoir une nouvelle poupée avec laquelle jouer. Il a fallu leur répéter mille fois de ne pas lui appuyer sur le ventre, de ne pas la tirer par les pieds, de ne pas lui mettre de force la sucette dans la bouche… Elles prenaient leur rôle de grandes sœurs très à cœur, montrant l’exemple et passant des heures à tout expliquer au bébé qui les regardait avec des grands yeux mais sans faire de bruit. Elles adoraient tout particulièrement s’asseoir sur le canapé et avoir leur petite sœur sur les genoux, comme maman.

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Nous avons fêté les trois ans des jumelles avec toutes les copines de l’école et nous avons amèrement regretté d’avoir dit « 6 petites de 3 ans, ça va, c’est gérable ! ». Elles ont bien évidemment été pourries gâtées et même mes parents ont envoyé un petit cadeau, parce que je leur avais appris que ma meilleure amie avait donné le nom de maman à sa fille. Nous avons très vite fait disparaître les jouets qui faisaient une insupportable musique répétées en boucle, préférant de loin les poupées, les voitures et les déguisements.

Un soir, alors qu’Ellana et Eleanore dormaient chez une copine, nous sommes allées au bar boire un petit coup, le premier depuis longtemps pour Héloïse à cause de sa grossesse. Emy dormait tranquillement dans son landau à côté de nous et nous profitions de la douceur de cette soirée sur la terrasse de ce qui était autrefois notre bar préféré.

- Shaé… Je crois que je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu fais pour moi et les filles…
- C’est moi qui devrais te remercier Héloïse. Sans toi je n’aurais sans doute jamais connu les joies d’avoir une famille, même si nous n’en sommes pas vraiment une.
- Justement, à ce sujet, je crois que je sais comment faire pour que tu sois reconnue comme le deuxième parent des filles…

Elle m’a parlé de la relation de facto, qui permet aux couples gays d’être reconnus, même si ce n’est pas tout à fait l’équivalent du mariage. Cela me permettrait surtout d’adopter les enfants de ma conjointe et donc d’être enfin considérée comme responsable légale d’elles.

- S’il m’arrive quelque chose un jour, je veux que les filles puissent rester avec celle qui les a élevées autant que moi et pas qu’elles finissent dans une famille d’accueil.
- Ne dis pas de bêtises, il ne t’arrivera rien…

Quelques semaines plus tard, j’étais officiellement la deuxième maman des petites. Cela signifiait aussi que même si nos chemins se séparaient avec Héloïse, je resterais en contact avec les filles. Elles n’ont bien évidemment pas compris ce qu’il se passait et ont continué à m’appeler tata Sha. Les jumelles étaient ravies que je puisse les accompagner dans les sorties scolaires et elles préféraient que la maîtresse me raconte leurs bêtises plutôt qu’à Héloïse car selon elles je me fâchait moins fort.

Les mois passaient et mon nouveau quotidien me plaisait de plus en plus. Expliquer ma situation à mes amis ou à ma famille restait assez complexe (« Tu vis avec une femme dont tu as adopté les enfants mais c’est juste ta meilleure amie ? ») mais cela m’importait peu. Sentimentalement parlant, c’était le désert mais je ne cherchais pas spécialement à rencontrer quelqu’un. De toute façon, le fait que j’ai trois filles refroidissaient la plupart des hommes. Héloïse non plus ne couraient plus après les aventures, m’avouant un jour qu’elle se sentait incapable d’aimer un homme ni même de partager son intimité à cause des viols répétés de son ex-conjoint.

Emy a fêté son premier anniversaire, Ellana et Eleanore ont eu quatre ans et ont fait leur rentrée en moyenne section. Héloïse a repris son travail lorsque la petite dernière a été acceptée en crèche, négociant ses horaires auprès du patron de l’herboristerie pour pouvoir passer du temps avec les filles. Le samedi matin, les jumelles allaient au travail de leur maman, apprenant avec joie à quoi servaient telle ou telle plante, tandis que je prenais le temps de m’occuper d’Emy, qui était une enfant très calme, silencieuse et en retrait par rapport à ses grandes sœurs.

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Je ne saurais pas dire à partir de quel moment j’ai commencé à développer des sentiments mais je sais que j’en ai pris conscience d’un seul coup et ça m’a fait l’effet d’un coup de massue. Je me suis réveillée un beau matin en sueur, après ce qui devait être un terrible cauchemar dont j’avais tout oublié. Une seule image me restait en tête : Héloïse partant avec une mystérieuse silhouette et m’abandonnant ainsi que ses filles. Les larmes me venaient aux yeux dès que j’y repensais et je dus très vite me rendre à l’évidence : le chagrin que me causait cette image n’était pas pour nos filles que leur mère abandonnait mais bien parce que moi je me sentais abandonnée.

Les quelques jours qui ont suivi étaient des plus étranges. Je ne cessais de m’interroger sur la véritable nature de mes sentiments, essayant parfois de les masquer en simple amitié fusionnelle. Mon comportement en fut bien évidemment impacté et cela n’échappa à Héloïse. Un soir, alors que les filles étaient couchées et que nous regardions tranquillement un film, installées sous un plaid, elle coupa brusquement la télé et me fixa sans rien dire, l’air de chercher ses mots.

- Shaé, je… Il va peut-être falloir… On ne peut pas continuer comme ça.
- Comment ça, « comme ça » ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Je… Je vais chercher un autre appartement si tu préfères, pas trop loin pour que ça ne change pas le quotidien des filles mais pas trop près de…
- Mais enfin, qu’est-ce que tu racontes ? Tu… Tu veux partir ? J’ai fait quelque chose de mal ?
- Non mais… Je croyais que… Enfin, ça fait des jours que tu m’évites, tu me parles plus, t’es froide avec moi… Je pensais que tu avais besoin de distance…
- Mais pas du tout ! Je veux que tu restes !

J’avais presque crié, les larmes aux yeux, l’image de mon cauchemar revenant en force dans mon esprit. Elle voulait partir ! Finalement, je l’avais peut-être toujours su sans jamais oser me l’avouer. Une telle vie ne pouvait pas lui convenir, elle allait forcément retrouver l’amour, elle avait sans doute besoin d’espace, elle n’allait quand même pas finir vieille fille juste pour me faire plaisir.

Héloïse me regardait, interdite, tandis que je pleurais de plus en plus, incapable de retenir ces flots de larmes brûlantes qui dévalaient mes joues. Puis elle me tendit simplement les bras et je m’y réfugiai le temps de me calmer. Pendant ce qui me parut être une éternité, elle me caressa les cheveux, murmurant mille fois qu’elle ne partirait pas, me berçant tout doucement contre elle comme elle le faisait avec ses enfants.

Lorsqu’enfin mes sanglots se tarirent, que ma gorge se desserra un peu et que ma poitrine me sembla un peu moins douloureuse, je me dégageai de son étreinte pour observer son doux visage aux traits si fins et délicats. Ses cheveux dorés bouclaient comme au premier jour, lui donnant un air d’enfant pas sage. Je redécouvrais ses grands yeux noisette remplis d’interrogation, son petit nez en trompette, ses discrètes tâches de rousseur qu’ont parfois les blondes, ses jolies lèvres rosées plissées en une moue inquiète, la facétieuse fossette qui creuse sa joue gauche, son cou gracile, l’arrondi de son épaule, ses délicates mains aux longs doigts fins, la douce courbe de ses hanches, le galbe de ses seins sous son pull. Je m’imaginais le creux de ses reins, la douceur de ses fesses, le parfum enivrant de sa peau, la chaleur de son corps blotti contre le mien…

- Shaé ?

Sa voix me tira de mes pensées et je rougis instantanément, imaginant avec effroi quelle pourrait être sa réaction en sachant ce qui me passait par la tête. Elle haussa un sourcil avec une mimique amusée.

- C’est marrant, tu viens de prendre un sacré coup de soleil d’un coup là…

J’adorais nos petites taquineries et me mit à sourire à mon tour, rassurée de retrouver un semblant de normalité dans notre relation. Puis, sans réfléchir une seule seconde, je glissai ma main derrière sa nuque et l’attirai à moi pour m’emparer de ses lèvres.

Il y eut quelques secondes de flottement pendant lesquelles je la sentis se raidir, incapable de bouger. Je la relâchai alors et m’éloignai d’elle, ne sachant plus où me mettre. Mais qu’est-ce qui m’avait pris de faire ça ! J’avais tout gâché ! Elle ne se sentirait plus jamais en sécurité avec moi maintenant. Je le savais pourtant, qu’elle n’était pas prête pour une nouvelle relation, que les hommes lui avaient fait trop de mal…

Elle interrompit de nouveau le fil de mes pensées en s’approchant de moi. Plongeant mon regard dans le sien, je voulus ouvrir la bouche pour m’excuser mais elle ne m’en laissa pas le temps et m’embrassa tout tendrement, sans précipitation, presque avec crainte, semblant redécouvrir la douceur d’un baiser donné avec amour.

La suite de la soirée se déroula dans une sorte de brouillard de sensations qui me fait parfois douter de la réalité des choses. Les mots ne furent pas nécessaires pour nous comprendre et nous primes un plaisir incroyable.

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Finalement, cette évolution dans notre relation ne changea pas grand-chose à notre quotidien. Nous étions assez pudiques devant les filles et en public, préférant réserver nos démonstrations affectives à nos moments d’intimité. Nous avions transformé ma chambre en chambre d’amis et j’avais déménagé mes affaires dans celle d’Héloïse. Ellana et Eleanore m’appelait toujours Tata Sha mais je m’y étais tellement habituée que ça m’aurait paru étrange qu’elles se mettent à m’appeler maman.

Deux années s’écoulèrent, deux années de pur bonheur. J’étais formidablement heureuse, comme jamais je ne l’avais été, même lorsque je croyais avoir trouvé l’homme de ma vie. Je resplendissais, Héloïse aussi et même nos filles rayonnaient. Les jumelles firent leur entrée en CP, la petite Emy commença la maternelle. De plus en plus, mon envie de donner la vie à mon tour se faisait ressentir.

La procréation médicalement assistée étant autorisée pour les femmes homosexuelles dans l’état de Victoria, notre hésitation ne dura pas bien longtemps. Certes, un quatrième enfant allait représenter une charge de travail en plus et nous allions avoir besoin d’une sacrée organisation mais maintenant que les jumelles étaient grandes, elles allaient pouvoir nous aider. Elles étaient par ailleurs absolument ravies d’avoir une nouvelle poupée pour jouer à la maman, leur petite sœur se laissant de moins en moins faire sans broncher.

Nous avions choisi un donneur ayant des critères physiques assez similaires à ceux d’Héloïse afin que notre bébé soit un vrai mélange de nous deux. En effet, les trois filles ressemblaient de manière assez flagrante à leur mère et donc absolument pas à moi puisqu’Héloïse et moi étions assez différentes. Cette fois, nous voulions un enfant qui puisse réellement concrétiser notre union.

La procédure se déroula sans anicroche et nous permit d’obtenir cinq beaux embryons. Trois furent congelés pour une éventuelle deuxième grossesse et deux me furent implantés. Seul l’un d’entre eux réussit à survivre dans mon utérus, ce qui nous convint très bien. Bien qu’ayant vécu les deux accouchements d’Héloïse et sa seconde grossesse du début à la fin, celle-ci me parut totalement différente, pas tant parce que c’était moi qui étais enceinte mais plus parce que cette fois, cet enfant était vraiment le fruit de notre amour.

Ma grossesse fut un merveilleux souvenir, malgré les nausées, la fatigue, les vertiges et l’impression de me transformer en baleine. Alors qu’Héloïse n’avait pris qu’une dizaine de kilos lorsqu’elle attendait Emy, j’en pris presque le double et pas seulement au niveau du ventre. J’accouchai au bout de neuf mois d’une patate de plus de quatre kilos qu’on décida d’appeler Gaël.

Le seul petit mec de la famille devint bien vite le chouchou de tout le monde. Les jumelles adoraient l’habiller, lui donner le biberon et le promener en poussette. Emy quant à elle le couvrait de baisers et s’installait volontiers dans le canapé pour le prendre sur ses genoux et l’endormir. Il dormait par ailleurs très bien et ce fut un vrai bonheur lorsqu’il fit ses nuits au bout d’un mois seulement.

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Me remémorer tous ses souvenirs me met toujours dans un étrange état. J’ai cette impression de sortir de mon corps, de ma vie, et de regarder depuis les nuages la vie d’une autre femme qui me ressemble. Je me sens comme anesthésiée, presque comme dans un rêve. Parfois, je me réveille en sursaut et je me dis que rien de tout ça n’est vrai, que je suis toujours la jeune étudiante un peu baroudeuse qui ne sait pas encore dans quelle grande ville se fixer. Et puis un pleur de bébé me ramène à la réalité, mon cœur se déchire et mon souffle se bloque pour ne pas laisser échapper ces sanglots qui montent et compriment ma gorge.

La dernière image qui me reste d’elle est celle de son départ, la porte qui claque sur son « J’en ai pour cinq minutes ! » et les effluves de son parfum que je lui avais offert récemment. Et puis après, après… La boule au ventre, les dizaines de coups de fil, jusqu’à celui qui changea tout, le monde qui s’écroule, les regards chargés d’incompréhension de mes enfants, la… Non non non, je ne dois plus y penser !

Je referme d’un geste sec ma valise, la verrouille et mélange machinalement les chiffres. Les jumelles m’attendent sagement, pour une fois, avec leur petit sacs-à-dos sur les épaules. Emy est encore toute ensommeillée et Gaël dort dans son couffin. Je l’attrape, le glisse dans le porte-bébé que j’accroche avec difficulté, comme toujours lorsque je le fais seule. Je vérifie une dernière fois que j’ai bien tout ce qu’il me faut pour faire des biberons et changer sa couche puis je pousse tout le monde dehors, traînant non sans mal les valises derrière moi. J’entends le taxi qui klaxonne, je demande à Ellana d’appeler l’ascenseur et je jette un dernier coup d’œil à l’appartement. Pas de nostalgie mais un certain soulagement à l’idée de m’enfuir, non de m’échapper de ce lieu que je déteste.

Le trajet s’est fait en silence, les quatre enfants somnolant du fait de l’heure matinale et de l’excitation qui les avait tenus éveillés tard hier. En arrivant à l’aéroport, nous sommes aidés par une adorable famille dont les enfants sont assez grands pour porter des valises. Ils m’accompagnent jusqu’aux contrôles et je les remercie en essayant de paraître enjouée, sans toutefois y parvenir vraiment.

Je ne commence à me détendre que lorsque nous sommes posés sur les chaises juste devant la salle d’embarquement. Je vérifie l’heure indiquée sur le tableau d’affichage. Pas de retard prévu pour notre avion. J’envoie un petit message à ma mère : « L’avion est à l’heure, nous partirons à 9h15 et nous en avons pour presque 14h de vol. » Il ne me reste plus qu’à patienter pour l’heure qu’il me faut encore passer sur le sol australien, avant de définitivement quitter ce pays et ne plus jamais y revenir.

Je me réveille en sursaut lorsque mon téléphone tinte, m’informant d’un nouveau message. Je regarde l’heure, inquiète, mais je me rassure en voyant que je ne me suis assoupie qu’un quart d’heure. Je lis le SMS de ma mère rapidement : « OK, à ce soir, je t’aime ma fille. » Heureusement qu’elle est là pour moi et les enfants…

L’heure d’embarquer arrive enfin et nous nous installons tant bien que mal sur les quatre sièges qui nous sont réservés. Je place les jumelles à ma gauche, vers le hublot, et Emy à ma droite, côté couloir. Gaël restera contre moi tout le vol, je ne me sens pas capable de laisser ne serait-ce qu’à mes filles. Très vite, Ellana et Eleanore se disputent pour savoir qui sera contre le hublot et leurs chuchotis furieux se transforment en cris. Je clos la discussion en leur disant qu’elles changeront de place toutes les heures et que c’est Eleanore qui verra le décollage et Ellana l’atterrissage. Emy, elle, a sagement sorti son carnet de coloriage, ses crayons de couleur, et elle s’applique à faire de jolis cheveux bleus à sa sirène préférée.

Lorsque l’avion décolle, je m’enfonce le plus confortablement possible dans mon siège et je me mets à rêver du moment où j’arriverai chez moi, laissant enfin mes parents prendre gérer à ma place, comme quand j’avais cinq ans et qu’ils pouvaient résoudre tous mes problèmes. Je ferme lentement les yeux…

… et je les rouvre dans le chaos le plus total. Il semblerait que la fin du monde ait frappé, j’entends les gens hurler, mon fils pleurer, mais je ne comprends rien et je ne cherche pas à bouger de mon siège. J’attrape juste les mains de mes filles, les serre fort et ferme une dernière fois les yeux.

- La mort ne nous aura pas séparées longtemps mon amour…


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Personnages secondaires associés :

Eleanore et Ellana, 7 ans
Emy, 4 ans
Gaël, quelques mois
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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [RPG Ouvert - Tour 1- Nuit]

Message par naji2807 »

Envy Maddison
27 ans, Jalousie pathologique, PJ

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Black Widow

Seigneur mais que s'est-il passé?! J'ai la tête tellement lourde et j'ai mal partout, comme si mon corps avait été secoué dans tous les sens... Je tousse deux ou trois fois, sans vraiment savoir pour quelle raison, et je parviens enfin à ouvrir les yeux pour découvrir... que je suis toujours attachée à mon siège, mais que celui-ci n'est plus vraiment rattaché à grand chose. Qu'est-ce que c'est que ce délire?! Ma jambe me fait mal, et quand je me penche en avant, je découvre une longue griffure, pas très profonde, sur ma peau habituellement si parfaite... C'est une blague?! Moi qui passe un temps fou à prendre soin de mon corps, je me retrouve avec cette horrible truc! Et puis vu comme j'ai mal au crâne, je crains le pire... Si mon brushing est ruiné, je vais... Mais d'ailleurs pourquoi je me retrouve dans cet état?
J'essaie de revenir en arrière, malgré le coton qui semble entouré ma tête et, en fronçant les sourcils et en forçant, je réussis à me souvenir de quelques petites choses. J'étais dans l'avion... on a quitté l'Australie... Et puis... Il y a eu des... des turbulences ou quelque chose du genre... Et puis ensuite... ensuite plus rien, je me souviens seulement de ça. Mais qu'est-ce que je faisais dans cette avion en fait?
En tâtant ma tête à la recherche d'une blessure, je me rends compte que ce n'est pas la texture soyeuse de mes cheveux que je touche, mais une sorte de tissu. En tirant dessus, je découvre un foulard, et là tout revient. Liam! Oh oui Liam! Je l'ai suivi dans l'avion! Oh Mon Dieu! Mais où est-ce qu'il est maintenant?!
Je m'acharne sur ma ceinture en maudissant l'horrible instrument et en poussant plusieurs jurons avant de réussir à m'en débarrasser. Enfin libre, je me relève en grimaçant... Ma tête est vraiment douloureuse, je suis sûre que je me suis cognée! Super, je vais avoir une bosse, c'est vraiment génial! En tous cas la compagnie de cet avion va m'entendre, je vais même les appeler dès que j'aurai retrouvé Liam... Non!! NON!! Mon téléphone... Non non non! Mais m*rde! L'écran est bousillé, comme si quelque chose était tombé dessus, et impossible de le rallumer! Non!!! C'est une blague... Je prendrais celui de Liam, en plus comme ça, il ne pourra pas me reprocher de jeter un coup dedans. Oui, voilà, je vais faire comme ça. Le pauvre tout de même, heureusement que je suis venue finalement, je suis sûre qu'il va m'en être totalement reconnaissante et qu'il ne m'en voudra même pas de lui avoir caché, sinon comment aurait-il fait sans moi, perdu ici, sur ce qui semble être une espèce de plage... Si ça se trouve, il est en train de tenir compagnie à une fille dans un joli maillot de bain... Aussitôt mon visage se ferme et la colère monte. Mais non... Liam n'est pas comme ça... il n'est pas comme les autres... Mais il ne voulait pas que je viennes...
- Liam! je me mets à hurler en m'éloignant de ce qu'il reste de ma place.
Marcher dans le sable avec des chaussures, c'est vraiment quelque chose que je ne supporte pas... Et puis tous ses gens autour de moi... Je ne suis même pas mise en valeur, alors ça m'énerve particulièrement. J'essaie d'arranger mes cheveux, au moins pour ressembler à quelque chose, et j'ignore royalement toutes les personnes qui se trouvent autour de moi, en continuant d'appeler mon petit ami.
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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [RPG Ouvert - Tour 1- Nuit]

Message par naji2807 »

Xail, je lirai ta fiche demain sans doute, ou dans la semaine ^^
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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [RPG Ouvert - Tour 1- Nuit]

Message par Springbloom »

Bon, j'ai interrompu la rédaction de mon Rp' pour (enfin) pouvoir lire ta fiche Xail, c'est avec joie qu'elle est accepté :mrgreen: Tu nous auras fait attendre longtemps, mais ça valait le coup ^^ Je suis rassurée que tu n'ais pas parlé plus longtemps de l'ex d'Héloïse, les quelques lignes de son existence ont suffit à ce que j'ai envie d'étriper ce pervers narcissique violent :evil: je suis juste extrêmement triste pour Shaé et Héloïse, leur relation avait l'air d'être très fusionnelle et adorable...j'espère qu'on en apprendra plus sur les circonstances de son décès mais surtout SURTOUT j'espère que tu vas nous tuer aucun des gosses T.T Surtout pas les jumelles. Les gens ont une passion pour tuer un jumeau et regarder l'autre survivre seul, c'est incroyable. NE-FAIS-PAS-CA. C'est méchant :geek:
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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [RPG Ouvert - Tour 1- Nuit]

Message par Xail »

Ah bah c'est pas tellement moi qui vais décider de la survie des enfants ! Bien sûr que Shaé fera tout pour les garder en vie mais si elle meurt... M'enfin promis, si une des jumelles meurt, je ferai mourir l'autre aussi ! :twisted:
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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [RPG Ouvert - Tour 1- Nuit]

Message par Springbloom »

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♛ ADELAIDE DES BUIS ♛ 27 ANS ♛ POLONAISE ♛ FRANCAISE ♛ SECONDE DES AUTRES ♛ MANIPULATRICE SÉDUCTRICE ♛
Sur la plage sud de l'Île, les pieds dans l'eau Avec Cathan (Eparm12)



Je resserre la sangle de mon couteau au niveau de mon mollet, m'assurant qu'il tiendra malgré ma future course. La lame que j'y glisse est affûtée comme un rasoir, brillante sous le soleil matinal : elle fera plus que l'affaire pour les prochains jours.

Le village s'affaire, bouillant d'énergie. Je ne dirais pas que le train de vie que nous menons est monotone, mais je dois tout de même avouer qu'il ne se passe pas grand chose qui mérite d'être raconté sur l'île. Chacun vaque à ses occupations quotidiennes, traîne dans son coin, se salue de la main...Quand une mission nous est confiée, ou, mieux, que des Jeux sont organisés, c'est l'ensemble de notre village qui est en joie. On ne sait jamais combien de temps cela durera exactement, alors on fait en sorte que tout se passe pour le mieux et qu'on puisse profiter de chaque seconde. Personnellement, ça a toujours été ma distraction préférée, et j'espère que ça le restera encore longtemps...

- Adélaïde, je peux te parler deux minutes ?

Je me tourne vers mon interlocuteur, posté sur la deuxième marche de mon perron. De ce que je sais, le Maître n'a jamais osé franchir la troisième. Quand bien même il fait toujours en sorte de témoigner du plus grand des calmes en ma présence, une pointe de malaise transparaît toujours. C'est un très bon acteur, c'est une chose certaine : juste pas aussi doué que moi.

- Bien sûr, je réponds tranquillement, posant délicatement mes mains sur mes genoux, laissant mon rocking-chair se balancer un peu.

Le Maître tique un peu devant ce geste condescendant, mais il ne dit rien. Il ne bouge pas non plus de sa place pour se placer à l'ombre, ce qui me force à devoir le regarder à contre-jour, le soleil de presque midi pointant derrière lui.

- Je...

Il semble chercher sagement ses mots. C'est bien la première fois que je le vois aussi peu sûr de lui, ce qui n'arrange en rien mes dernières inquiétudes à son égard : on dirait qu'il s'efface de plus en plus. Enfin, plus que d'habitude, je veux dire. Je ne vois jamais le Maître en temps normal, mais, en temps de Jeux, nos rencontres sont presque hebdomadaires, Esteban, lui et moi devant tout planifier. Habituellement, il est le plus enclin à proposer de nouvelles choses, de nouvelles couvertures et de nouvelles approches, mais, cette semaine, il était en total retrait. Esteban et moi-même avions presque tout fait par nous même, du moins quand il ne s'endormait pas et qu'Il n'était pas contraint de prendre le relais.

Quoiqu'il fût de la conversation avec le Maître, je n'en aurais jamais le dernier mot : nos proies arrivent. Dans une déflagration tonitruante, l'avion apparaît au loin, laissant un panache de fumée noire derrière lui.

- Excusez-moi, mon devoir m'appelle. m'exclamai-je en me levant d'un bond pour gagner le centre du village : il s'écarta bien plus que nécessaire. Ethan ! Nasha ! Ifrit ! Lula ! Rassemblement ! bleuglé-je dans toutes les directions.

Les cinq Autres arrivèrent dans la minute qui suivit, tous dans leur tenue de couverture. Dans le lointain, Esteban guettait notre départ, silencieux : ce n'était pas lui l'homme de terrain, comme toujours, mais moi.

- Vous vous souvenez bien tous des premiers mots que l’on vous a appris ? leur demandé-je rhétoriquement : mes questions ne prêtaient pas à réponse, c'étaient des ordres sous-entendus. Vous serez en état de choc, c’est à ce moment là qu’il faut se mêler à eux et gagner leur confiance ! Après, il n’y aura plus aucun lien entre nous qui tienne, vous êtes laissés seules en improvisation complète, alors n’oubliez rien de votre formation ! Maintenant, dispersez-vous !

Après un dernier regard en direction d'Esteban, promettant intérieurement de mener ses Jeux à bien, j’emboîte le pas sur les infiltrés, qui courent chacun dans leur propre direction dans la forêt. Je ne reverrais sans doute pas le village de sitôt.

L'avantage, quand on connait bien l'Île, c'est qu'on la parcoure en moins de deux, quand bien même elle n'est pas si petite. Plus longue en longitude qu'en latitude, la distance à parcourir pour atteindre la plage sud est plutôt courte, à condition de savoir faire le tour du volcan par le bon chemin.

Alors que j'ai fait les trois quarts du chemin, l'impact de l'avion sur la plage me parvient, et je manque de m'effondrer par terre. En-dehors même du bruit sourd qui l'accompagne, suivi d'un tas d'autres peu rassurant, c'est la fumée noire qui vient assombrir la forêt qui m'inquiète, tout comme l'augmentation soudaine de la température. Je me dépêche de parcourir les dernier mètres avant que quelqu'un ne se demande qui peut sortir ainsi de la forêt après un crash.

Ce que je déteste avec les humains c'est que, plus ils inventent, moins ils ont conscience de ce qu'ils font. Le progrès est le seul mot qu'ils ont à la bouche, et c'est celui là même qui causera leur perte. On aura beau leur répéter des centaines de fois, ils ne croiront pas une seule seconde qui puisse être dans le faux. Et, pourtant, quand on voit le désastre qu'il y a sur la plage, on pourrait difficilement conclure autrement.

L'aile droite de l'avion s'était détachée et s'était plantée trois cents mètres plus loin dans la mer, à la verticale. L'avion avait fait une brusque embardée vers la gauche et la seconde s'était brisée à l'impact, avant que ses deux réacteurs ne se décident eux aussi à imploser, d'où le panache de fumée noire. Un incendie s'était déclaré sur tout le flanc gauche, le côté droit était éventré, le cockpit s'était enfoncé de deux mètres au moins dans le sable de la plage. Comme si ça ne suffisait pas, la queue de l'avion, et, avec, sans doute dix des dernières rangées, flottait dans l'eau.

Intérieurement, j'écume de rage. A l'époque où ce n'était que des bateaux qui s'échouaient sur l'Île, le nettoyage était facile et les matériaux recyclables. Maintenant, avec ces saletés d'humains, on en aurait pour des siècles avant que tout ne redevienne normal et que l'on puisse de nouveau profiter de la plage sud. Et quand je dis des siècles, je ne doute pas un seul instant que cela puisse être vrai. La simple pensée de ce que pourrait inventer les êtres humains comme futurs moyens de transport suffit à me faire serrer les poings.

Mais il faut que je reste dans mon rôle. Ethan est en charge de vérifier que le pilote est toujours parmi nous, Nasha et moi devons être les premières à nous infiltrer. Tout doit aller le plus vite possible.

Je traverse la plage en quelques enjambées et plonge mon corps jusqu'au cou dans l'eau, sans aucune grimace par rapport au froid. J'en ressors quelques secondes après, mes bottes trempées et ma robe blanche humide collant à ma peau, moulant bien trop mon corps à mon goût, mais c'est le métier qui veut ça. Je sors mon couteau de ma chaussure et vient couper deux entailles, l'une sur l'arcade sourcilière, l'autre sur mon avant-bras droit, étant gauchère, avant de laver la lame dans l'eau et de la ranger.

Pas le temps de réfléchir à qui je m'attaque en premier, espérons juste que je tombe sur un qui a survécu.

Grâce aux débris de l'aile droite arrachée, je parviens à me hisser jusqu'au flanc droit de l'avion, celui qui est complètement ouvert. Sans même faire attention à qui se tient là, j'attrape le bras du passager qui devait se tenir côté hublot au niveau de l'aile et le tire vers moi. Bon sang, j'ai bien fait mon choix, moi, en tombant sur le mec aux épaules carrées qui doit peser au moins trois fois mon propre poids. Heureusement que je m'entraîne tous les jours, sinon mes maigres muscles m'empêcheraient de parvenir à soulever son poids...

Après un temps qui me parait interminable, je parviens à l'étendre sur le sable, à plusieurs mètres de la carcasse de l'avion qui tombe en ruine. L'inconnu qui me fait face à le visage plutôt dur, les traits usés par le temps, et sans doute la mauvaise habitude de n'y se laver les dents, ni dormir beaucoup, parce que l'odeur qu'il dégage ne reflète pas la rose, et que de cernes grandissent à vue d'oeil sous ses yeux.

- Monsieur, je vous en supplie, monsieur réveillez-vous ! je m'écrie en le secouant. Je vous en supplie, un geste, un mot, faites quelque chose !

Pour ajouter un peu au spectacle, je m'oblige à laisser perler quelques larmes, qui doivent se mêler atrocement au sang qui dégouline sur le côté droit de mon visage. Qu'est-ce qu'on ferait pas pour passer pour une femme vulnérable et au bord de la crise de panique...
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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [RPG Ouvert - Tour 1- Nuit]

Message par Springbloom »

Xail a écrit :Ah bah c'est pas tellement moi qui vais décider de la survie des enfants ! Bien sûr que Shaé fera tout pour les garder en vie mais si elle meurt... M'enfin promis, si une des jumelles meurt, je ferai mourir l'autre aussi ! :twisted:

Ah mais c'est pas ce que je voulais dire, monstre que tu es :lol:
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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [RPG Ouvert - Tour 1- Nuit]

Message par naji2807 »

Ca il Je viens de lire ta fiche du coup et c'est super triste... j'espère aussi qu'il n'arrivera rien aux enfants!
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