☾ Wild Nights ４.０☽ LOST edition - La Fin

[Springbloom]

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J0305 : 10 voix (Elsa-Vercellino, Lumione, Naji2807, Tally (Maire), Cupcake3000, Tiine, Mimie99, Hiyashinsu, Mayossa)
Xaïl : 2 voix (Corbeau)
dorian-gray : 2 voix (Eparm12, Xail)

4 personnes n'ont pas encore votés
Soragame, Mattmattou, J0305, dorian-gray

[Springbloom]

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J0305 : 10 voix (Elsa-Vercellino, Lumione, Naji2807, Tally (Maire), Cupcake3000, Tiine, Mimie99, Hiyashinsu, Mayossa)
Xaïl : 2 voix (Corbeau)
dorian-gray : 2 voix (Eparm12, Xail)

4 personnes n'ont pas encore votés
Soragame, Mattmattou, J0305, dorian-gray

Après relecture, j'avais clôturer la phase des votes au 29 février.

Les votes sont terminés : J0305 est condamné à la potence.
Soragame, Mattmattou et dorian-gray recevront un malus pour ne pas avoir voté.

J'ai débuté la rédaction du Rp' de Jour, j'espère pouvoir le poster avant le weekend prochain. En attendant, les rôles nocturnes peuvent commencer à m'envoyer leurs décisions. La date butoir de la phase nocturne du deuxième tour sera donnée quand je posterais le RP' de Jour.

N'oubliez pas de Rp'

[Springbloom]

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♜ NASHA ♜ 30 ANS ♜ CUBAINE ♜ GARDIENNE DES ARMES ♜ ESCLAVE INDÉPENDANTISTE ♜ PACIFISTE BORNÉE ♜
Sur la plage ♜ Avec Anaïs Douglas (Lumione)


J'ai l'impression qu'une crampe peut s'emparer à tout moment de muscles inférieurs. L'adrénaline dans mes veines et ma volonté sont si fortes que, à vrai dire, ça pourrait déjà être le cas que je l'ignorerais. Je ne pourrais jamais tolérer comme excuse, aussi bien envers moi-même qu'autrui, un 《 J'avais une crampe et je ne pouvais plus nager, vous comprenez ? 》. Je m'en voudrais toute la vie si je tombais de fatigue au milieu de la baie, que la ressac me ramenait sur la plage pour que je puisse contempler dans la honte la queue de l'avion s'enfoncer.

Puisant dans mes dernières ressources, j'accélère mon crawl, fendant les vagues qui rentrent dans la baie, venant s'écraser sur les rochers. Ma respiration se fait plus saccadée, je sens mes bras s'engourdir et ma vision devenir floue par instant, par manque de repos : je suis en train de m'épuiser à vitesse grand V. Il faut que j'atteigne la queue de l'avion au plus vite, avant qu'elle ne s'enfonce complètement dans l'eau. Le temps m'est compté : même si je parviens à récupérer la jeune fille, si nous nous éloignions pas assez du fuselage, nous serons happées dans son sillage, et je suis certaine de ne plus avoir la force d'échapper à l'attraction.

Fort heureusement, la petite a respecté sa promesse. Elle se tient, certes peu sereine, sur le bord du plancher. La queue s'est encore enfoncée pendant mon absence, la soute est désormais plongée dans l'eau. Lorsque j'aurai repris des forces et que je saurais les rescapés en sûreté, je pourrais replonger chercher les affaires qui pourraient s'avérer utiles pour la suite de notre aventure.

Je me hisse sur le plancher, sur lequel je m'écroule. L'eau vient me lécher les jambes, me rappelant que je n'ai pas le loisir de me reposer. Je me redresse, le coeur battant et le souffle encore court, avant de me tourner vers la petite fille.

- Prête ?

Ma question ne prête pas à une quelconque réponse. Je glisse mon bras dans son dos, passant ma main sous son bras. Au moins, maintenant que la queue s'est enfoncée, je n'aurais plus besoin de porter son corps jusqu'à la mer : celle-ci n'est qu'à quelques mètres de nous. J'essaie de trouver des pensées rassurantes vis-à-vis de la future traversée qui m'attend, donc je ne ressortirais sans doute pas indemne physiquement.

Je jette un coup d'oeil à la distance qui me sépare du banc de sable. Est-ce mon esprit qui me joue des tours ou bien celle-ci a-t-elle augmentée ? Peu importe, il faut que je me lance. Qui plus est, à quelques dizaines de mètres sur notre gauche, je ne peux m'empêcher de retenir un souvenir quand je vois que le membre de l'équipage a suivi mes directives et est parti secourir la famille qui se noyait. A mon tour d'en faire autant et de ramener cette jeune fille à son père.

Je me retourne, recommandant à la gamine de se boucher le nez pour le plongeon et de fermer les yeux. Par crainte de perdre trop de temps, je ne prends pas le temps de vérifier qu'elle s'est exécutée et je m'élance en arrière, atterrissant sur le dos dans l'eau. L'espace d'un instant, nos deux corps s'enfoncent dans l'eau, le soleil m'apparaissant troublé par la surface de l'eau. Une vision pour le moins magnifique, du moins jusqu'à ce que l'eau de mer pénètre de nouveau dans mes sinus, me faisant hoqueter lorsque je refais surface.

Je donne un grand coup de pied pour m'éloigner au plus vite de la carcasse périlleuse, avançant bien moins vite avec le poids de la petite à mes côtés et un unique bras pour repousser l'eau. Tant bien que mal, j'essaie de faire abstraction de tout. Je prends une grande inspiration, ne pensant plus à rien d'autre qu'à avancer. Mon regard se perd vers le ciel de ce début d'après-midi, mon bras droit continue de tourner, tandis que l'autre reste immobile sous la petite fille, et mes jambes battent l'eau. Mon corps avance mieux en suivant les vagues, mais je l'entends quand même me crier d'arrêter tous ces efforts.

Au bout d'une durée dont je n'ai pas conscience, nous atteignons les hauts fonds : la plage est là. Je pose pieds à terre, aidant la jeune fille à se remettre debout.

- Va voir ton père. je parviens à murmurer.

Quatre mots qui achèvent de puiser mes dernières ressources. Je m'effondre sur l'estran, la tête à mi-chemin entre l'air et l'eau. Mes paupières papillonnent, j'ai les muscles en feu. Je savais bien que mon absence de sommeil convenable depuis une semaine finirait tôt ou tard par être payant. J'espère tout de même que je parviendrais à me lever de nouveau pour pouvoir aider la jeune fille en détresse.

[Tiine]

◊ Sacha Harlett ◊
8 ans

Avec Shaé (Xaïl) et Jordan (Morgane_Chase)

Les larmes coulent sur mes joues. Je n’arrive pas à me calmer. Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi j’ai mal comme ça ? Pourquoi j’entends des bruits qui font si peur ? Je veux partir…je veux partir !

Puis, soudain, une voix. Douce, chaude, rassurante.
- Bonjour, je m’appelle Shaé, je suis une maman moi aussi et je vais essayer de te sortir de là, d’accord ?

Maman ? C’est toi ? Non…ce n’est pas possible…elle n’était pas avec moi dans l’avion.
Est-ce qu’elle serait venue me chercher ?
Je sens que l’homme sur moi commence à bouger. La femme doit être en train de le pousser.
Après plusieurs tentatives, je suis enfin libérée de ce poids qui m’empêchait de respirer.

Je prends le temps de regarder la femme qui m’a aidée. Ce n’est pas maman…mais elle lui ressemble. Elle a les mêmes cheveux noirs…son regard est doux, rassurant. Elle me demande mon prénom et si j’ai mal quelque part.
Je n’arrive pas à sortir un son…je continue à pleurer silencieusement, en tenant mon poignet qui me fait souffrir.

Une petite fille avance vers moi, un bébé dans les bras. Elle me demande d’une voix naïve où se trouve ma maman. Je ressens alors une boule dans mon ventre. Je ne réponds toujours pas. Parce que je n’y arrive pas et parce que je n’en sais rien. Pourquoi elle n’est pas avec moi ? Pourquoi elle m’a laissée toute seule ? Pourquoi mon papa n’est pas venu me chercher ?
Un autre sanglot s’échappe et je me renferme en boule sur moi-même. Lorsque je relève la tête quelques instants plus tard, je vois que la femme à la voix douce est assise sur un siège, la tête dans les mains. J’observe la scène aux alentours. J’aperçois deux autres petites filles proches d’elles, et l’une d’entre elle est inconsciente. Elles ont à peu près mon âge. Un frisson me traverse lorsque je vois le filet de sang qui coule lentement de la tête de la petite fille inconsciente.

Après quelques instants dans un silence pesant, la femme se relève d’un bon. Son mouvement est suivi de la carcasse de l’avion qui s’enfonce un peu plus dans la mer.
Je suis morte de peur…mais la femme et les petites gardent leur sang-froid, ce qui ne manque pas de me surprendre.
La dame nous montre des rochers vers lesquels il faut nager pour rejoindre la plage. Elle donne des directives à ses filles.
Peu après, elle s’agenouille vers moi et me demande si je sais nager. Toute tremblotante, j’essaye de lui répondre d’un petit hochement de tête. Oui je sais nager…mais j’ai si peur…et s’il y a des requins qui veulent nous manger ?

Nous ne tardons pas à nous mettre à l’eau, le temps presse trop, l’avion n’est plus un endroit sûr.
Les vagues me prennent en traître plus d’une fois, me faisant boire la tasse. Je vois les rochers au loin qui ne se rapprochent pas, malgré nos efforts.
Je vois que la petite fille de mon âge qui porte le bébé s’en sort plutôt bien. Quant à moi, j’essaye de nager du mieux que je peux mais mon poignet me faire souffrir et je gémis plusieurs fois de douleur en avançant dans cette mer sans fin.

Mon cœur s’arrête quand je vois la femme devant moi qui commence à faiblir. Sa tête plonge malgré elle une première fois dans l’eau. J’ai peur qu’elle n’arrive pas à destination…

Je vois les petites filles, l’une portée par sa mère, et l’autre battant de ses pieds du mieux qu’elle peut.
Soudainement, la femme rassemble ses forces pour crier à l’aide, avant de se perdre dans une vague.
C’est fini…Personne ne va venir nous aider…
Cette femme qui voulait sauver ses filles est en train de se noyer à cause de moi…Si elle m’avait laissé dans l’avion, peut-être qu’elle aurait pu arriver jusqu’au rocher. Elle et son autre petite fille, qui était évanouie…
Je ne suis qu’un poids, c’est pour ça que maman m’a laissé partir pour l’Amérique.

Toutes ces pensées me transpercent la tête en même temps que les vagues se jettent sur moi. Je n’ai plus de souffle. Je ne peux plus continuer…Le sel me brûle les yeux et je n’arrive pas à voir où se trouve les autres petites filles.

Tout à coup, je sens une main m’attraper. Le bras qui l’accompagne m’entoure la taille et m’emmène dans une direction. Je ne pense pas que ce soit celui de la dame. Il est bien plus gros. Qui est-ce alors ?

En quelques instants, la personne arrive au rocher que nous convoitions. C’est un homme, avec des gros bras. Je vois qu’il a aussi pris sous son autre bras la petite fille qui nageait derrière sa mère.
L’homme repart sans plus tarder et revient quelques instants plus tard, en hissant la femme dans ses bras. Mon cœur bat à toute vitesse. Est-ce qu’elle est en vie ?
Il lui demande de lui serrer la main. Il veut lui dire bonjour ? C’est bizarre je n’ai jamais vu ça.
Rejoignant les autres filles qui sont aux côtés de leur mère, je demande d’une voix craintive :
- Madame ?
Mince…c’est quoi son nom déjà ? Elle me l’a dit tout à l’heure…je ne me souviens plus.

L’homme attend toujours, mais la femme ne répond ni ne bouge toujours pas.
Je me mets alors à murmurer.
- S’il-te-plaît ne soit pas morte.

[Tiine]

Et voilà enfin ma réponse de Sasha ! Encore désolée de l'attente

[Springbloom]

@Xaïl et @Tiine: Je ne savais pas que tu rp' avec Tiine ! J'avoue que je me demandais qui c'était la petite fille de ton Rp', mais du coup on est deux à avoir fait des réponses différentes parce qu'on ignorait l'autre Bon, faut qu'on arrange cette conversation à trois d'une manière ou d'une autre

@All : j'ai pas mal de taff en ce moment, notamment parce que j'ai un weekend et un début de semaine chargés (c'est mon anniv', hihi ) ainsi que des profs qui te préviennent pas que t'as des exams en amphi avec lectures obligatoires et des DM à foison alors que t'étais en vacances et que t'avais le temps (j'adore ma vie )Enfin bref, tout ça pour dire que je ne vous oublie pas et que j'ai conscience que vous attendez (plus ou moins) impatiemment le rp' de jour qui est en préparation (j'ai rédigé grosso modo 1/3 pour l'instant). Je peux vous garantir que si vous l'avez pas aujourd'hui, il ne viendra pas avant lundi (et s'il est pas là lundi, pas avant jeudi prochain :/) Je compte sur vous pour accepter mes retards

[Tiine]

Oui je ne suis pas rapide pour les réponses c'est pour ça, Xaïl avait proposé de continuer avec toi et elle et j'ai dû zappé tes RP avec elle ! Je voyais ceux avec Lumione
Je le corrigerai dès que j'aurai du temps ce weekend !

[Springbloom]

Oui je ne suis pas rapide pour les réponses c'est pour ça, Xaïl avait proposé de continuer avec toi et elle et j'ai dû zappé tes RP avec elle ! Je voyais ceux avec Lumione
Je le corrigerai dès que j'aurai du temps ce weekend !

Ca marche ^^ du coup qu'on soit toutes les trois d'accord, en ordre de passage on fait :
- Tiine
- Xaïl
- Moi
?

[Tiine]

Ça me va !

[Elsa-Vercellino]

@All : j'ai pas mal de taff en ce moment, notamment parce que j'ai un weekend et un début de semaine chargés (c'est mon anniv', hihi ) ainsi que des profs qui te préviennent pas que t'as des exams en amphi avec lectures obligatoires et des DM à foison alors que t'étais en vacances et que t'avais le temps (j'adore ma vie )Enfin bref, tout ça pour dire que je ne vous oublie pas et que j'ai conscience que vous attendez (plus ou moins) impatiemment le rp' de jour qui est en préparation (j'ai rédigé grosso modo 1/3 pour l'instant). Je peux vous garantir que si vous l'avez pas aujourd'hui, il ne viendra pas avant lundi (et s'il est pas là lundi, pas avant jeudi prochain :/) Je compte sur vous pour accepter mes retards

@Morgane: HAPPY BIRTHDAY (enfin, je ne sais la date exacte, mais je tente quand même)!! ♥ ♥ ♥ Et bon courage pour les exams & DMs, on est tous passé (ou en train de passer, snif) par là. En tant que MJ, tu fais la plus grosse part du boulot pour cette partie, donc ne t'inquiètes pas avec les délais, on est des joueurs patients (de plus, c'est incroyablement long de tout rédiger pour un RP de Jour/Nuit, de mettre en pages itou, je me souviens encore avoir donné des heures et des heures pour la rédaction quand j'étais MJ - très bon exercice d'endurance et de patience, d'être MJ! XD). Bref, take your time et profite de ton anniversaire! :3

[Lumione]

Anaïs Douglais, 13 ans, avec Nasha

J'ai l'impression qu'elle va moins vite qu'à l'aller. Je sais que là elle est à contre-courant mais quand même. Quand elle arrive, elle s'écroule sur le plancher et je me rend compte qu'elle est fatiguée très fatiguée même. Elle me demande si je suis prête avant de passer sa main sous mon bras. Elle me conseille de me boucher le nez, ce que j'ai déjà fait. On a beau avoir eu un accident d'avion et mon père à beau être dans un sale état, ça veut pas dire que je suis totalement cruche. Elle nous lance en arrière mais quand elle hoquête en arrivant à la surface, je vois qu'elle n'a pas suivi son propre conseil. On avance assez lentement mais j'essaie de l'aider en battant des jambes et en ramant avec mon bras.
Lorsqu'on arrive enfin à la plage. Elle me dit d'aller voir mon père et j'ai à peine le temps de balbutier un vague merci avant de me précipiter à son chevet.
J'espère qu'il n'a pas avalé trop d'eau pendant la traversée. Je sais bien que de le secouer ne va pas l'aider donc je colle mon oreille contre son nez pour voir si sa respiration n'est pas trop faible. Je sens que mon cœur manque un battement quad je n'entends rien. Je place mon oreille sur son torse dans un dernier espoir mais je n'entend que le silence.
J'ai l'impression que le monde cesse de tourner autour de moi. Ma tête me dit d'attendre un adulte qui s'y connait parce qu'il y a forcément une autre explication mais au plus profond de moi je sais. Je sais qu'il ne se relèvera pas pour faire une blague et dédramatiser la situation. Pas plus qu'il ne sera là pour me protéger de cette plage et de tous ces inconnus. Il ne sera pas non plus là pour me sourire et me dire que tout va bien se passer. Les larmes me montent aux yeux et je n'ai pas la force de la refouler et de prétendre qu'elles ne sont pas là. Alors je les laisse couler silencieusement pendant que je me couche sur le corps de mon père dans une dernière étreinte.

[Xail]

Ca marche ^^ du coup qu'on soit toutes les trois d'accord, en ordre de passage on fait :
- Tiine
- Xaïl
- Moi
?

C'est OK pour moi aussi, je m'occupe de faire le RP ce soir ou demain soir (plus probablement demain soir d'ailleurs).

[Tiine]

J'ai bien changé mon RP du coup vous me direz si cela vous convient
Par contre, la petite fille inconsciente de Shaé (Eleanore), est-elle encore sur le dos de Shaé ? Ou bien Jordan l'a remontée en même temps qu'Emy et Sasha ?
C'est pas une infos capitale en soi mais pour savoir ^^

[Springbloom]

Nasha | 31 juillet 2019 | 05h36 |Plage sud de l'Île, Océan Pacifique

La journée de la veille avait été plutôt tourmentée. A vrai dire, je me demandais même comment j’avais fait pour parvenir à m’endormir. A force de faire des allers-retours dans la baie en espérant sauver quelqu’un, j’avais dû finir par tomber de fatigue, sans aucun doute.

Et pourtant, Dieu sait qu’une part de moi-même voulait toujours retourner dans la baie pour repêcher les corps qui avaient coulé avec la queue de l’avion. Il devait encore être des dizaines à attendre dans l’eau que quelqu’un vienne les chercher et leur offre une sépulture.

C’était sans nul doute ces pensées qui avaient finies par me réveiller. J’étais incapable de dire exactement de quoi j’avais bien pu rêver au juste. Depuis la mort d’Esperanza, mes rêves étaient troublés, incompréhensibles. Ils ne reflétaient rien, tout comme mes émotions au quotidien : même mon subconscient ne savait plus quoi faire.

Je culpabilisais un peu de me dire que les Jeux m’avaient donné une solution, ne serait-ce qu’une solution temporaire à mon quotidien déprimant. En cette matinée de fin juillet, je m’estimais heureuse d’avoir le sentiment d’un objectif : faire en sorte que le plus de réfugiés possibles puissent survivre à l’aventure. C’était terrible de se dire que, si je pouvais me fixer ce but, c’était uniquement parce que les Jeux eux-mêmes les avaient mis en danger. Donc, indirectement, nous Autres.

Un vent iodé s’engouffrait sous la bâche de ma tente de fortune. La matière plastique claquait, ce qui acheva de me réveiller complètement. Quelques légers rayons de soleil parvenaient à pénétrer dans l’abri : s’il faisait jour, je pouvais sans peine me lancer à la rescousse des passagers échoués manquant à l’appel.

A une heure aussi matinale, le camp était étrangement désert. J’aurais sans doute pensé que les réfugiés posteraient ne serait-ce qu’un garde pour surveiller le camp d’une île qui leur était inconnue, mais les problèmes de la veille n’avaient sans doute pas dû avoir aidé à mettre en place un quelconque fonctionnement. Nous devions nous estimer heureux d’avoir déjà pu construire un semblant de camp pour nous protéger la nuit. Le reste d’une quelconque organisation viendrait en temps voulu. De toute manière, les Autres n’étaient pas censés entrer en contact avec le reste du camp pour l’heure, les réfugiés n'étaient pas censés avoir de problème de facto.

A pas feutrés, veillant à n’éveiller personne, je m’éloignais du camp. Le soleil dardait ses rayons sur l’est de la baie, au-dessus d'une colline : sans doute le meilleur endroit où chercher en premier. Je nouai mes cheveux et retirai mes vêtements. Ils étaient déjà plein de sel, sales et humides, mais je nagerais avec plus d’aisance sans leur poids autour de moi.

Une lumière vint heurter ma rétine alors que je retirai mon T-shirt. Quelque chose brillait plus loin, vers le bout de la plage. Renfilant mon haut, je me précipitai dans cette direction, soulevant des gerbes de sable à chaque foulée. Une silhouette était étendue à plat ventre dans le sable. Une silhouette immobile.

Redoutant le pire, je passai mes doigts sous ses narines. Une longue expiration de soulagement s’ensuivit : elle respirait encore. Faiblement certes, néanmoins le souffle était présent, et c’était tout ce qui comptait.

Je retournai délicatement son corps, écartant ses cheveux roux qui lui retombaient sur le visage, trempés d’eau de mer. Sa poitrine semblait à peine se soulever sous ses brèves respirations. J’avais toujours trouvé les leçons de secourisme de Su inutiles vu que nous savions tous nager sur l’île et qu’aucun Autre ne pouvait mourir. Soudainement, je regrettai un peu cette prise de décision hâtive. J’ignorais de combien de temps je disposais exactement, mais certainement de pas assez pour pouvoir aller le chercher. Il allait falloir que je fasse avec ce dont je me souvenais, ce qui ne promettait pas d’être aisé.

Désormais qu’elle était allongée sur le dos, j’essayais tant bien que mal de ramener de l’air dans ses poumons. J’appuyais sur sa poitrine un nombre aléatoire de fois avant de lui expirer de l’air dans la gorge. Je ne me souvenais que de ces deux mouvements, sans connaître leur fréquence exacte. Je donnais tout mon possible pour faire en sorte que cela fonctionne malgré mes maigres connaissances en la matière.

L’idée même que j’étais peut-être en train de l’achever plus que de la sauver me traversa l’esprit. Cette simple pensée me terrorisait. Elle ne semblait pas réagir, pas respirer mieux. Combien de temps étais-je censée procéder ainsi afin d’obtenir des résultats ?

Comme une délivrance, elle s’éveilla. Elle se mit à cracher de l’eau par à-coup, tournant sa tête vers la plage, vidant ses poumons. Quand elle eut craché toute la mer qui obstruait sa respiration, elle retomba sur la plage. Sa respiration était plus profonde, mais toujours très saccadée. Ses yeux verts cherchaient à retrouver pied sur terre, observant le ciel d’un air perdu.

Quant à moi, je reprenais moi aussi mon souffle. Je n’avais sans doute pas eu conscience de ne pas avoir respirer ne serait-ce qu’une fois depuis que je m’étais mise à appuyer sur sa cage thoracique. J’étais si soulagée de la savoir en vie, de savoir que j’étais parvenue à la ramener.

-Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Où est l’avion ?

Son accent était différent de ceux que j’avais entendu au cours de la journée. Ni américain, ni britannique. C’était difficile à dire, l’anglais n’ayant jamais été ma langue maternelle.

Maintenant qu’elle était éveillée, mon inquiétude envolée, je pouvais l’observer d’un œil plus serein. Excepté son accent indescriptible, j’arrivais à déterminer qu’elle devait avoir atteint la vingtaine, ou approchant. Ses cheveux roux retombaient dans son dos, si long qu’ils devaient atteindre ses reins lorsqu’elle se tenait debout. A son cou se trouvait un collier en or, du moins doré, celui qui m’avait guidé jusqu’à elle. A son poignet était accroché un bon nombre d’élastiques à cheveux, signe qu’elle devait se les attacher souvent.

Comme je l’avais senti lorsque je l’avais retournée et quand j’avais appuyé sur sa poitrine, elle avait la peau sur les os. Au bout de ses deux longues jambes fines, mais a fortiori musclées, une de ses chaussures s’était envolée dans l’eau noire : à la forme de son pied et de sa cheville, on devinait qu’il s’agissait d’une habituée des pointes. Une danseuse, sans doute de classique.

-Tu es sur la plage, avec la plupart des autres membres de l’avion. Nous nous sommes crashés dans l’après-midi. Je m’appelle Nasha.

Un instant, je me rappelai que, contrairement à moi qui n’était pas à bord de l’avion, certains avaient probablement voyagé avec des compagnons de route qui ne s’en étaient pas sortis. Fermant les yeux, je me mordais intérieurement la lèvre : comment pouvais-je manquer autant de tact alors que j’avais assistée ce jour-même à la séparation d’un père et d’une fille ? A coup sûr, ma maladresse aurait un jour raison de moi.

-L’avion s’est… ? sa voix se brisa.

-Tu es encore faible, reprends tes esprits, ne fais pas trop d’efforts, conseillai-je en lui prenant la main pour la rassurer. Dis-moi simplement comment tu t’appelles.

-Alyssia. Alyssia Loiselle. (J0350)

-Enchantée Alyssia. Je vais veil…

Le visage de la jeune femme se déforma soudain. A peine avais-je eu le temps de m’approcher qu’elle se mit à déverser tout le contenu de son estomac sur la plage. Ses haut-le-cœur ne semblaient pas anodins car elle ne parvenait pas à reprendre son souffle. Glissant une main sous sa nuque, j’en soulevais les cheveux afin de l’aider. Le choc avait dû être plutôt violent, ça ne m’étonnait que très peu que son estomac n’est pas supporté de s’écraser et d’être ballotté par les vagues. Elle l’avait échappé belle.

Elle finit par se redresser, inhalant l’air marin. Sa main droite tremblait encore.

-Me…sens…pas bien.

Son teint virait au verdâtre, ce qui ne me rassurait pas vraiment. J’avais besoin d’aller chercher de l’aide, l’aide de Su. Je n’étais que son assistante, je n’avais clairement pas les compétences spécifiques pour venir en aide à quelqu’un qui était peut-être en train de subir un traumatisme crânien ou quelque chose avoisinant.

-Passe ton bras sur mon épaule, on va aller chercher de l’aide.

Il était inenvisageable pour Esteban que j’emmène qui que ce soit à proximité du village des Autres. Notre existence devait rester un secret bien gardé et j’en avais pleinement conscience. De l’autre côté, je ne pouvais décemment pas abandonner Alyssia sur la plage alors qu’elle semblait en très mauvais état. J’étais certaine que, si je la laissais à proximité du village pour aller chercher Su, Esteban finirait par me pardonner. Du moins, plus ou moins, mais ça n’avait pas d’importance si une vie était en jeu.

Lorsque je tentai de la soulever, Alyssia se mit de nouveau à tourner de l’œil. Elle m’échappa et tomba sur la plage avant de se mettre à vomir de nouveau. La panique s’empara de moi : la situation était bien plus grave que ce que je ne pensais. Alyssia n’était peut-être finalement pas sortie d’affaires.

Si je partais maintenant, en courant à toutes jambes, je pouvais atteindre le campement dans un quart d’heure environ, mais Su était âgé, il ne viendrait sans doute pas aussi rapidement. Et puis, laisser Alyssia seule sur la plage était un acte inconscient. Il fallait que j’aille réveiller un Autre, quitte à ce que toute notre mise en scène soit foutue en l’air. Tout le monde m’en voudrait sans doute, mais je ne pouvais pas me permettre de ne rien faire alors que quelqu’un mourrait sous mes yeux.

Mais qui réveiller ? J’ignorais où se trouvait Ifrit et Lula que je n’avais pas revus depuis la veille, et, entre Adélaïde et Ethan…Disons que je n’avais aucune grande confiance dans les deux, mais Adélaïde avait plus d’honneur qu’Ethan et elle accepterait de m’aider. Sans parler du fait que, contrairement à certains, elle n’avait pas la fâcheuse habitude de faire flamber les gens.

-Alyssia, surtout ne bouge pas d’ici. Je vais aller chercher de l’aide, je reviens le plus vite possible. Tiens le coup Alyssia, je t’en prie…

Je n’avais pas osé me retourner lorsque je m’étais élancée sur la plage vers le village. Un regard en arrière, ça porte le mauvais œil : c’est dire que d’une manière ou d’une autre, on fait nos adieux. Et l’heure des adieux n’était pas encore arrivée pour Alyssia, c’était une promesse que je me faisais à moi-même.

Retrouver la tente d’Adélaïde s’avéra plus facile que je ne le croyais. Elle était la seule à ne pas chercher le moindre confort et, de fait, la seule à dormir sans toit : seules quelques bâches vaguement tendues garantissaient son intimité.

-Adélaïde ? Adélaïde ? j’appelai depuis l’extérieur, chuchotant afin de ne pas éveiller les autres naufragés.

Aucune réponse. Je n’allais pas m’embarrasser d’un protocole ou de respect si la vie de quelqu’un était en jeu. J’entrai « chez » Adélaïde, qui reposait un mètre plus loin, dos à moi, la respiration profonde.

-Adélaïde ? S’il-te-plaît, Adélaïde réveille-toi vite ! soufflai-je.

A l’instant où ma main effleura sa peau, elle bondit, me fit face avant de me plaquer sur le sable, un couteau sous la gorge.

-J’espère que tu as une bonne raison de venir me réveiller en pleine nuit, cracha-t-elle, sans pour autant retirer le couteau qui menaçait ma peau.

-Une naufragée…en mauvaise état…essayai-je d’expliquer en faisant mon possible pour calmer les battements de mon cœur surpris par la tigresse qui se tenait au-dessus de moi. Tu voudrais pas…retirer ton couteau ?

Comme si elle n’avait pas prêté attention à la lame, elle lança un regard au niveau de mon cou avant de s’excuser, se relevant et époussetant ses vêtements pleins de sable. Après avoir rangé son coutelas dans son fourreau, elle m’aida à me redresser à mon tour.

-Vieux réflexe. Pourquoi je t’aiderais ?

-Je pense que c’est une participante des Jeux : on ne peut pas la laisser mourir.

Adélaïde sembla hésiter une seconde, jugeant si mes propos étaient vrais ou non. Au bout de cette observation, elle haussa les yeux au ciel.

-Le règlement est le règlement. Montre-moi.

Une fois dehors, je la guidai au travers du village, lui indiquant la direction d’Alyssia.

-Je vais faire mon possible pour revenir le plus vite possible avec Su.

-Tu sais très bien que je suis opposée à cette idée. Le dernier mot reviendra à Esteban. S’il dit qu’on la laisse, on la laisse.

L’idée me déplaisait au possible. Je savais très bien que si Esteban répondait par la négative, ce n’était pas ce qu’il pensait au fond de lui. Dans son cœur, il était comme moi, désireux de sauver tout le monde. Mais son comportement chevaleresque se doublait d’une fâcheuse tendance à suivre les lois au pied de la lettre, quitte à aller à l’encontre des principes moraux. Adélaïde était ma seconde : je fus obligée d’acquiescer avant de m’élancer au travers des bois.







Esteban Toro | 31 juillet 2019 | 6h19 | A proximité du village des Autres, Océan Pacifique

J’avais passé la journée à me ronger les ongles pour nos cinq Autres infiltrés. Le Maître de l’Île, en imposteur qu’il était, avait préféré s’éclipser dès l’instant où ils étaient partis, prétextant qu’il devait se préparer pour la Nuit à venir. Pour sûr, lorsque je le reverrais, je lui dirais deux, trois mots de ma manière de penser.

Attendre toute la journée des nouvelles, c’était une torture. Pas seulement pour moi, mais pour l’ensemble des Autres. L’ambiance au Village était toujours d’une morosité assez évidente le premier jour. Contrairement au maître de l’Île. Nous n’avions aucune idée de qui allait débarquer chez nous et de ce qu’il adviendrait aux infiltrés. Est-ce que l’opération se passait bien ? Est-ce que nos compagnons étaient démasqués ? Et s’ils l’étaient, que leur arriverait-il ? Avant le premier rapport du soir, personne ne savait ce qu’il se passait sur la plage. Aucun accident n’avait jamais été à déplorer mais je restais toujours sur le qui-vive. Ethan était peut-être dérangé, mais on pouvait le contrôler : je ne pouvais pas affirmer que ce fusse le cas de tout le monde.

Et quand bien même on voudrait afficher un air serein et tenté de se rassurer, les Autres ne font rien pour que ce soit le cas. Toute la journée en panique, à préparer une potentielle intervention au camp des naufragés ou une attaque, à lancer des regards inquiets vers les fumées de l’avion qui nous parviennent même depuis le nord de l’île...

Qui plus est, notre dernière partie remontait en plus à un bon bout de temps. Certains parmi nous n’avaient connu de Jeux que les leurs, et ceux-ci remontaient à près d’un siècle. A notre dernière partie, aux alentours des années 10 ou approchant, il n’y avait pas encore ces avions que j’ai pu apercevoir en retournant sur la terre ferme. A toutes nos inquiétudes habituelles venait encore s’ajouter celles des conditions de naufrages que nous ignoriions.

Depuis qu’Ethan était venu me réveiller en pleine nuit pour me faire son rapport, avançant qu’il ne s’était « rien passé de spécial » - extrêmement rassurant-, je n’arrivais plus à fermer l’œil. Le gosse s’était enfui tout heureux des lieux, espérant probablement pouvoir voir le Maître à l’œuvre lors des Jeux.

Habituellement, pour me détendre l’esprit, je lisais un livre ou j’essayais de m’amuser à retrouver le Maître dans la forêt, afin de lui dire le fond de ma pensée (je n’y étais jamais arrivé, c’était toujours lui qui venait à moi et non l’inverse). Aujourd’hui, je n’étais d’humeur à faire ni l’un, ni l’autre. Et, comme j’avais les clefs de la cave aux armes, j’allais en profiter pour aller la ranger en cas de problèmes.

Bien que j’eusse confié les clefs et la cave à Nasha, je ne m’étais jamais posé la question de ce qu’elle y faisait, ou même tout simplement si elle y avait déjà mis les pieds. A découvrir les lieux, on aurait pu croire qu’ils étaient déserts depuis des lustres, plein de poussière et, surtout, puant le renfermé. La cave étant dissimulée dans une des grottes du volcan, verrouillée par une porte en bois épaisse car ne datant pas d’hier, l’air ne circulait absolument pas. En pénétrant dans la pièce confinée, je fus presque pris d’un vertige passager. Note à moi-même : confiée les clefs à quelqu’un qui sait s’en occuper.

Si je voulais m’y retrouver, il fallait mieux que je m’y mette tout de suite au boulot. Entre les armes qui traînaient par terre, les boîtes de munitions ouvertes et les tas disposés çà et là par le peu d’envie de Nasha de ranger, je risquais d’en avoir pour un siècle. Tant mieux que j’en ai déjà presque cinq sur le dos.


☽◯☾


Des pas lourds et pressés me parvinrent depuis l’autre bout de la cave. Quelqu’un dévalait les marches quatre à quatre. Quant à moi, j’essayai de reconstituer une armure, chose peu aisée quand on n’a jamais été écuyer: je commençais à comprend la procrastination de Nasha.

-Je n’ai pas envie de te voir, criai-je en direction de l’escalier d’entrée, supposant qu’il s’agissait du Maître qui rentrait de sa Nuit des Jeux.

-Et je m’en fiche pas mal, Esteban. Je dois trouver Su et j’ai besoin de ton autorisation.

Je redressai la tête, renversant un heaume sur mon épaule, ce qui m’arracha une grimace de douleur.

-Tu t’amuses ? ricana Nasha avec un sarcasme non feint, même si son visage et sa respiration hachée témoignaient du fait qu’elle avait l’esprit ailleurs.

-Que t’arrive-t-il donc ? Ca doit être important, tu n’es pas censée revenir au Village avant la fin des Jeux.

Alors que je me dépêtrais avec l’armure pour la rejoindre, elle m’exposa la situation. Une fois que nous fûmes dehors, elle se mit à accélérer le pas, voyant que je n’étais pas opposé à l’idée.

En fait, dans l’ensemble, je trouvais qu’il y avait quelque chose de bizarre à ces Jeux, quelque chose qui ne tournait pas rond. Aux derniers, le Maître avait décrété qu’il ne pensait pas que nous aurions un jour besoin de faire une nouvelle partie, que notre famille était enfin au grand complet car il ne voyait plus d’âmes qui méritaient de rejoindre les Autres en-dehors de l’Île. Et, soudainement, du jour au lendemain, juste après la mort d’Esperanza, il se mettait en tête de lancer des nouveaux Jeux dans les plus brefs délais ? Clairement, quelque chose ne tournait pas rond dans ces Jeux et il refusait de me dire de quoi il s’agissait : ça me faisait sortir hors des mes gonds. Aider une potentielle participante à s’en sortir, tant qu’aucun d’entre nous n’était mis en danger, ça m’aiderait peut-être d’une manière ou d’une autre à comprendre ce qu’il se passait. Du moins ne serait-ce qu’à pouvoir apercevoir le camp de mes propres yeux.

Lorsque nous arrivâmes chez Su, ni Nasha ni moi-même n’entendirent de réponse. Sa porte était ouverte, fait inhabituel : le vieux médecin ne faisait guère confiance à autre chose que ses livres au quotidien. Je le voyais mal oublier de fermer sa porte, quand bien même il vivait avec nous depuis la première guerre de l’opium.

-Su ! Su nous avons besoin de toi immédiatement !

Nasha continuait de le héler, s’avançant à l’intérieur du couloir plongé dans la pénombre malgré la lumière matinale. De mon côté, je pénétrais dans son salon, dans lequel des livres étaient étalés un peu partout sur le sol, dispersé sans aucun sens. Mon amour pour les choses bien faites et les ouvrages en pris un certain coup. Je doutais que Su soit parti de son plein gré en abandonnant sa maison dans un tel état.

-Je ne l’ai pas trouvé, Esteban. Je n’ai aucune idée d’où il peut bien être ! s’exclama Nasha, au bord de la panique après avoir fouillé toutes les pièces. Il ne s’absenterait jamais sans un mot !

Délicatement, ne faisant pas part de ma propre panique, je lui posais une main sur l’épaule.

-Il reviendra bientôt. On le trouvera et on sauvera Alyssia, aie confiance.

-Je crains de ne devoir te décevoir sur ce point, Esteban.

Bras croisés, appuyé sur le pan de la porte, le Maître s’exprimait sans même nous lancer un regard. J’avais l’habitude de le voir dans une telle position, savourant son instant de gloire, ce moment où il pouvait témoigner du fait qu’il en savait plus que moi : il trouvait ça jouissif de me rappeler que son savoir et sa connaissance du monde dépassaient les miens. Là, il fixait le sol, ses yeux avaient une couleur terne à la lumière de l’aurore. Aucune pointe d’amusement ne s’échappait de lui, exprimant son sarcasme usuel que je lui pardonnais toujours.

En fait, lui aussi semblait inquiet, ce qui ne lui ressemblait en rien. Mon ami si débordant de confiance en lui et si optimiste n’était pas censé avec l’humeur morose.

-Où est Su ? Que lui as-tu fait ? tempêta Nasha.

Le regard que lui lança le Maître était lourd de sens. Il ne cessait de faire des allers-retours entre moi et la gardienne des armes : il ne voulait pas en parler en sa présence.

-Nasha, attends-moi dehors. J’irais faire office de médecin pour la naufragée.

-Mais Esteban, tu n’es pas médec…

-Je me débrouillerai, la coupai-je sèchement. J’ai lu. Dépêche-toi, on manque de temps.

Elle nous jaugeait du regard, cherchant à déterminer ce que nous lui cachions. Je ne la connaissais pas depuis si longtemps à l’échelle de ma vie, mais je savais que la majorité des personnes qui s’étaient révoltées dans leur vie ne supportait pas de ne pas être dans les confidences. Tôt ou tard, il faudrait que je lui révèle de quoi retournait cette affaire. Su était son ami et mentor. Quoi qu’il lui soit arrivé, je comprenais qu’elle veuille savoir elle aussi.

-Réglez vite vos affaires de cœur, quelqu’un est peut-être en train de mourir sur la plage à l’heure qu’il est.

Son pas lourd lorsqu’elle quitta la maison de Su exprimait à lui seul la colère qu’elle éprouvait. Tant et si bien que je ne cherchais même pas à relever ou contredire sa remarque. Je ne parlais que très peu de ma relation avec le Maître aux Autres, même si la plupart devait en avoir conscience. Ce n’était pas parce que nous étions les deux dirigeants que ça allait devenir une source de ragots.

-Bon, où as-tu envoyé notre seul et unique médecin alors que nous sommes en pleine partie ? Certains Autres pourraient être blessés, tout comme les naufragés. Tu sais qu’il faut que nous ayons toujours au moins une personne capable de nous soigner parmi nous durant les Jeux.

Je ne croyais pas avoir déjà vu le Maître triste, pourtant si ça avait déjà été le cas, je suis certain qu’il ressemblerait a peu de chose près à ça. Pas de sourires malicieux, pas de regards en coin. Juste un visage affecté par la fatigue et fermé. Soucieux et terne.

-Je l’ai envoyé chercher un remède.

-Un remède ? Un remède pour quoi faire ?

J’avais un horrible pressentiment quant à sa réponse. L’intuition que, quelque part, toutes mes questions et ma curiosité autour de l’enjeu de ces Jeux étaient liés à ce remède.

-Un remède pour sauver l’Île.Su est toujours là pour vous soigner. L’Île se meurt, Esteban. Et si l’Île meurt, vous mourrez aussi.








Adélaïde des Buis | 31 juillet 2019 | 6h39 | Plage sud de l’Île, Océan Pacifique


Alyssia respirait faiblement. D’abord prises de violentes convulsions que j’avais essayé de contenir afin qu’elle ne se morde pas la langue (l’odeur du vomi était déjà bien assez forte sans que je n’aie à supporter la vue de sa langue sur la plage), elle s’était immobilisée, raide comme un piquet. Son pouls s’était ralenti. J’étais incapable de dire depuis combien de temps exactement Nasha était partie, mais Alyssia n’allait pas rester en vie indéfiniment, c’était une certitude. Je ne pensais même pas que Su puisse faire quelque chose pour elle s’il arrivait.

La jeune fille se mit à hoqueter, tentant d’avaler de l’air qui ne parvenait pas à rentrer dans ses poumons. La bonne chrétienne que j'étais aurais dû essayer de recueillir ces derniers mots, mais elle ne parvenait sans doute plus à parler, donc ça m’épargnait la tâche. Je n’étais même pas certaine qu’elle ait connaissance de ma présence, son regard s’étant déjà voilé depuis un bon moment.

Agenouillée, mains posées sur les cuisses, je la regardai s’étouffer, consciente qu’il n’y avait plus rien à faire. En l’espace de quelques secondes, elle s’immobilisa pleinement, le regard perdu vers le ciel dans lequel apparaissait le soleil qui daignait enfin passer le relief du bout de plage.

Esteban et Nasha firent leur apparition une dizaine de minutes plus tard. Elle fut la première à se précipiter vers le corps, avant d’exploser de rage en maudissant une personne sans dire son nom. Pour peu, j’aurais sans trop de problèmes affirmé qu’il aurait pu s’agir du Maître : il n’y avait que lui pour mettre les Autres dans un tel état.

Esteban éloigna Nasha, s’approchant à son tour de la jeune fille étendue sur la plage.

-Depuis combien de temps est-elle morte ? me demanda-t-il après avoir vérifié son pouls.

-Depuis un quart d’heure je dirais. Je crois que Nasha avait raison, elle faisait partie des Jeux.

Esteban se redresse pour me faire face, fronçant les sourcils.

-Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

D’un geste, je pointais l’air au-dessus d’Alyssia, qui scintillait. Par écho le scintillement formait une silhouette d’une jeune femme aux longs cheveux.

-Qu’est-ce que ça signifie ? demanda Nasha, essayant tant bien que mal de retenir un sanglot vis-à-vis du cadavre qui gisait à nos pieds.

J’en oubliais parfois qu’il s’agissait des premiers Jeux de Nasha. Contrairement à moi qui avait vécu presque tous les Jeux organisés sur cette île, du moins tous les Jeux depuis mon arrivée, elle ne savait pas du tout comment reconnaître les différents esprits.

-L’image est peut-être difficile à distinguer mais c’est censé être une représentation d’elle-même, lui expliquai-je, croisant les bras sur ma poitrine en continuant de regarder le corps.

-Et qu’est-ce que ça signifie ? poursuivit Nasha.

-Ca signifie que la première victime des Jeux est tombée, déclara Esteban d’un ton solennel qui me fit lever les yeux au ciel. Le Jour a tué une Simple Rescapée (Simple Villageoise). Tu ne pouvais rien faire, Nasha : elle était condamnée.

Ces paroles furent suivies d’un silence gênant, presque religieux. D’une certaine manière, nous rendions hommage par une minute de silence à la première victime des Nuits. Enfin, Nasha, surtout, semblait affectée par la mort de la jeune inconnue. Le regard rivé sur ses pieds, elle m’avait vraiment l’air prête à entamer un chant funèbre entre deux larmes. Esteban, lui, paraissait intégrer les dures lois des Jeux et s'être fait au sort fatal de la jeune vingtenaire.

Quant à moi, j’attendais le bon moment pour annoncer la mauvaise nouvelle, histoire de, comme à mon habitude, casser l’ambiance. Surtout que les ambiances lugubres ne sont pas vraiment mon fort.

-Nasha, va chercher Ethan. Il va falloir qu’on l’enterre.

Les deux Autres me jetèrent un regard surpris. Il était vrai qu’habituellement, nous laissions les participants découvrir un par un les différents morts, quitte à créer un mouvement de panique. Aujourd’hui, le contexte était différent. Quelque chose clochait dans la mort d’Alyssia, et nous devions élucider le mystère avant que l’ambiance ne dégénère sur la plage.

Mon regard croisa celui vert d’Esteban, le soutenant d’appuyer ma décision. Si deux supérieurs lui ordonnaient la même chose, Nasha obéirait. A l’inverse de ma personne, c’était une femme d’honneur.

-Nasha, maintenant.

-Encore ? s’offusqua-t-elle. Je vous assure, la prochaine fois que vous me demandez de participer aux Jeux pour ne jamais rien m’expliquer, je vous jure que je m’en vais de cette île, d’une manière ou d’une autre !

Elle s’en alla d’un pas décidé. Son « encore » m’intrigua, me demandant ce qu’il avait bien pu se passer au village pour qu’ils mettent autant de temps à rentrer. Esteban devait bien savoir, mais ce n’était pas le moment de jouer à répandre des rumeurs. Nous avions des choses bien plus graves à régler.

-Elle a été empoisonné.

-Je te demande pardon ?! s’étrangla Esteban.

-Alyssia, lançai-je en direction du cadavre à mes pieds, l’indiquant du menton d’un air dédaigneux. Elle a été intoxiquée au cyanure. L’empoisonnement n’est pas dû au Chef des Traîtres (Infect Père des Loups) et n’est pas non plus dû à l’un des Autres : aucun de nous ne possède de poison, du moins pas celui-là. Sa mort n’est pas commune aux Jeux, je veux comprendre pourquoi. Qui plus est, si Nasha l'a trouvé aussi longtemps après le crash avec de l'eau dans les poumons...

D’abord surpris par la remarque, Esteban finit par hocher de la tête. Lui aussi semblait se poser des questions et chercher des réponses.

-Tu penses que l'un des naufragés l'a empoisonné avant d'essayer de la noyer pour maquiller le meurtre en accident ?

-Exactement.

-Je vais t’aider à résoudre l'enquête. Je resterai ici, conclut Esteban alors que Nasha revenait avec Ethan.

Une heure plus tard, alors que les Réfugiés s’éveillaient sur la plage, nous étions désormais six Autres parmi leurs rangs, infiltrés pour le meilleur comme pour le pire.

Et l’une d’entre eux était six pieds sous terre.







❝ Alors, la porte s'ouvrit, le vent saisit la danseuse et, telle une sylphide, elle s'envola directement dans le poêle près du soldat. Elle s'enflamma [...] De la danseuse, il ne restait rien que la paillette, toute noircie par le feu, noire comme du charbon.❞

✎ HANS CHRISTIAN ANDERSEN

• ➥ J0305 est morte. Elle était Simple Villageoise.
  ➥ Esteban Toro vient d'infiltrer vos rangs
  ➥ Suite à la question d'Hiyashinsu concernant le déroulement des Nuits par rapport au Rp', puisque nous sommes en décalage d'un tour complet, soit d'une journée dans les Rp' de Jeux, j'ai proposé de procéder à une ellipse une fois que le chapitre du crash sera achevé ^^

[Springbloom]

Après une attente que je trouve beaucoup trop longue, je vous présente le RP' de Jour, en espérant qu'il vous plaise ! La dernière partie est très dialoguée et je la trouve de fait un peu bâclé, mais je commence à en avoir mal de taper (j'ai clairement écris les 9/10 aujourd'hui ). Je comptais le poster le 9 mars pour l'anniversaire d'Oscar Isaac (la face claim d'Esteban, aka un de mes acteurs favoris, qui a désormais 41 ans, je sais des trucs vraaaaiment inutiles), au final, vu qu'il est 1h20, le 10 mars, ce sera pour mon propre anniversaire ^^

@Elsa-Vercellino : du coup merci beaucoup d'avoir tenté, maintenant tu sais que c'est aujourd'hui Et oui, être MJ', ça demande du temps, mais je me prends à énormément apprécier d'écrire les RP' de Jour et de Nuit. Je crois que j'apprécie vraiment les personnages que j'ai créé (Est-ce que c'est pas un peu prétentieux de dire ça ? )

PS : ghost hug à toi aussi

@Tiine : Non, justement, Esteban ne l'a pas récupéré. Je m'étais dit que ça ferait au moins un élément sur lequel rebondir pour Xaïl ^^

@J0305 : j'espère que la mort d'Alyssia te conviendra, j'ai cherché un poison cool mais comme je m'étais donné une deadline j'ai donné dans l'accessible et celui où les infos étaient faciles à trouver x)

@All : D'ailleurs, J0305 aura été actif-ve durant les trois derniers jours au moins de la phase de Jour. Ielle n'a juste pas jugé bon de venir argumenter parce qu'ielle trouvait qu'ielle ne s'était pas assez investi-e dans le RPG pour venir défendre son personnage ^^

[Springbloom]

Oh, j'allais oublier :

Le deuxième tour a commencé : vous pouvez m'envoyer par Booknode ou Discord vos actions nocturnes

[Lumione]

Vravo pour ton rp ! Je le trouve très réussi. Est-ce que je doit considérer que Nasha et Anaïs ne rp plus ensemble ou est-ce que Nasha va revenir ?

[naji2807]

Mais non Morgane ton rp est très bien
Juste mince pour la villageoise...
Mais du coup l'ellipse c'est maintenant?

[Springbloom]

Vravo pour ton rp ! Je le trouve très réussi. Est-ce que je doit considérer que Nasha et Anaïs ne rp plus ensemble ou est-ce que Nasha va revenir ?

Oh non, pour l'instant je suis encore avec toi, on a pas encore fiat l'ellipse ^^

Mais non Morgane ton rp est très bien
Juste mince pour la villageoise...
Mais du coup l'ellipse c'est maintenant?

Pour le moment non, vu que nous sommes encore en train de Rp' sur le crash. Je pense que dans deux semaines environ, on pourra considérer qu'il est temps d'ellipser ^^

[naji2807]

Ok c'est noté

[Xail]

@All : D'ailleurs, J0305 aura été actif-ve durant les trois derniers jours au moins de la phase de Jour. Ielle n'a juste pas jugé bon de venir argumenter parce qu'ielle trouvait qu'ielle ne s'était pas assez investi-e dans le RPG pour venir défendre son personnage ^^

Et bien c'est dommage parce que ça aurait sûrement changé les choses ! (Ou en tout cas il y aurait peut-être eu moins de moutons qui auraient suivis.)
Donc les autres, si vous voulez sauver vos fesses, soyez actifs ! Bougez-vous ! Ou c'est moi qui vais vous remuer

[Elsa-Vercellino]

@Morgane: je viens de lire le RP, c'était vraiment génial!! J'aime beaucoup Nasha, et la mort d'Alyssa était vraiment triste et horrible, franchement je crois que c'est une mort vraiment terrible à vivre - enfin, genre c'est long et douloureux, quoi. ToT Aussi, j'adore le drama entre les Autres! Même Esteban ne sait pas tout! X) J'espère qu'on aura l'occasion de RP un jour ou l'autre, tes persos sont vraiment intéressants.

@Tout le monde: bon, on a tué une Villageoise. A la fois, je suis déçue car on a pas trouvé un Loup ou un Solo (ce qui avait peu de chance d'arriver au Premier Tour, mais on sait jamais) et à la fois, je suis soulagée que nous n'ayons pas perdu un rôle trop important pour les Villageois (genre, la Voyante, par exemple). N'hésitez pas à RP et les joueurs de Nuit, envoyez vos actions! Ce début de partie est un peu lent, mais je suis trop pressée de voir la suite de l'aventure! B)

[Springbloom]

@Lumione : j'essaie de te répondre demain

@Morgane: je viens de lire le RP, c'était vraiment génial!! J'aime beaucoup Nasha, et la mort d'Alyssa était vraiment triste et horrible, franchement je crois que c'est une mort vraiment terrible à vivre - enfin, genre c'est long et douloureux, quoi. ToT Aussi, j'adore le drama entre les Autres! Même Esteban ne sait pas tout! X) J'espère qu'on aura l'occasion de RP un jour ou l'autre, tes persos sont vraiment intéressants.

@Tout le monde: bon, on a tué une Villageoise. A la fois, je suis déçue car on a pas trouvé un Loup ou un Solo (ce qui avait peu de chance d'arriver au Premier Tour, mais on sait jamais) et à la fois, je suis soulagée que nous n'ayons pas perdu un rôle trop important pour les Villageois (genre, la Voyante, par exemple). N'hésitez pas à RP et les joueurs de Nuit, envoyez vos actions! Ce début de partie est un peu lent, mais je suis trop pressée de voir la suite de l'aventure! B)

Et bien écoute, dès qu'on aura fait l'ellipse, j'aurais au moins Esteban à te proposer (il pourra te parler en espagnol en plus huhu [parce que je te préviens, mon niveau en espagnol se résume à du Google Trad ), à moins qu'un de mes persos ne soient libres avant

Au risque de te faire buguer comme avec Nithael, il n'y a pas de voyante ^^'

@All : je suis d'accord avec ma co' MJ' ! Musclons un peu tout ça, envoyez moi vite vos actions que je puisse essayer de poster le Rp' de Nuit du deuxième tour avant la fin du mois, ou ne serait-ce qu'à la mi-avril pendant les vacances La Seconde nuit risque d'être un peu plus mouvementée, j'ai trop hâte, hihi

[Tiine]

De fou, ça commence à être mouvementé ici !
Je suis dégoûtée qu'on est tué une villageoise...Mais c'est le jeu, j'espère qu'on fera mouche au tour prochain

[Springbloom]

Désolée d'avoir mis si longtemps à répondre, je suis un peu dépassée par les événements des derniers jours. Le temps que je renoue le fil, le lendemain que je t'avais promis s'est envolé x)





♜ NASHA ♜ 30 ANS ♜ CUBAINE ♜ GARDIENNE DES ARMES ♜ ESCLAVE INDÉPENDANTISTE ♜ PACIFISTE BORNÉE ♜
Sur la plage ♜ Avec Anaïs Douglas (Lumione)


Je crois bien que la petite fille essaie de m'aider à avancer, battant faiblement des bras pour nous porter sur l'eau. Ses efforts me font chaud au coeur, mais, avec son poignet blessé, je crains que cela ne fasse qu’aggraver notre situation. Peut-être est-ce un effet de mon esprit, mais j'ai le sentiment que les vagues sont moins fortes au retour, que le courant nous porte moins vers la berge. Ou alors, c'est juste que mes muscles sont si faibles par rapport à mes anciens retours que seule la houle me porte.

Mon corps s'est effondré sur la berge sans demander son reste. Je vois s'éloigner la petite fille, qui murmure un " merci ", si lointain qu'il résonne comme un écho dans mes pensées. Elle accoure auprès de son père. Si j'avais cru un jour en Dieu, j'aurais prié pour qu'ils soient réunis prochainement, pour qu'il se réveille et qu'il l'embrasse sur le front comme le fond sans doute les pères avec leurs filles. Une fois certaine qu'elle ait atteint son père, je peux fermer les yeux, sereinement : j'ai réuni un père et sa fille, que peut-il se passer de mal ?

- De rien... chuchoté-je à mon tour avant de sombrer.

Je me réveille en sursaut au terme d'un sommeil sans rêve. Je ne peux pas en déterminer la durée, mais la plage semble toujours être dans le même état. La panique plane toujours dans les coeurs de tous, tous les passagers continuant de courir en tout sens sur le sable, à la recherche d'un ami, d'un amant, d'un enfant perdu dans le crash. Une atmosphère lourde m'assaille soudainement, rompant totalement avec le calme que je ressentais en ouvrant les paupières.

Mes yeux papillonnent pour retrouver le monde réel. Je crois que j'ai retrouvé un peu de force puisque mes muscles jambiers semblent me répondre. Ma respiration a désormais un rythme normal, tout comme mon coeur. Je n'ai pas dû fermer les yeux très longtemps, mes vêtements sont encore détrempés par l'eau salée.

Eau salée ?

Mais que m'a-t-il donc pris de m'endormir de manière aussi nonchalante ? J'ai peut-être réuni une fille et son père, mais j'avais moi-même conscience qu'il n'avait que très peu de chance. Qui qu'elle soit, je ne dois pas l'abandonner encore pour l'heure, elle a besoin de soutien moral. Elle s'est battue pour que je sauve son père, battue pour nager plus vite pour le retrouver alors qu'elle était blessée. Quelle que soit son histoire, elle tient fortement à lui et il n'y a aucune chance pour que sa disparition la laisse indifférente. Je n'ai pas encore le droit de me reposer ou de replonger sauver d'autres inconnus. Je dois lui venir en aide, d'une manière ou d'une autre.

Je me redresse, la cherchant du regard entre les débris de l'avion. Elle se tient immobile, courbée en deux. Un instant, je ne crains qu'elle soit en train de vomir à la suite d'un quelconque choc, mais, en m'approchant, je m'aperçois qu'elle est en réalité courbée sur le tronc de son père, inanimé. Par intermittence, elle est parcourue de spasmes : elle sanglote.

Il est mort. D'une manière ou d'une autre, le crash a fait d'elle une orpheline. Plus que ça même, nous Autres, nous Autres qui avons organisés ces nouveaux Jeux, nous avons fait d'elle une orpheline. Je me sens responsable d'elle, parce que tout ce qui lui arrive est de ma faute. Directement ou pas, nous sommes coupables. Si Adélaïde aurait ignoré le fait, je ne le peux pas : il faut que je fasse quelque chose pour elle.

Mais quoi donc ? J'ai passé mon enfance à soigner des plaies, mon pré-adolescence à voir des gens mourir, mon adolescence à arrêter de penser à ce qui tombait. Le temps m'a appris à arrêter de consoler les vivants quant à la mort de leurs proches, parce que tout le monde avait conscience que, un Cubain qui tombé, c'était un pas en avant vers l'indépendance. Et, maintenant que je vis ici depuis plus de 100 ans, je n'ai même plus conscience de ce que signifie réellement la mort. Comment pourrais-je faire pour consoler cette jeune fille ? Elle a perdu un père que je ne connais pas plus qu'elle. Ce n'est sans doute ni un martyr, ni un héros, ni une quelconque figure qui aurait marqué qui que ce soit si ce n'est elle. Je ne peux pas vanter une mort glorieuse, ne peux pas lui dire de faire son deuil pour se battre à nouveau.

Et puis, peut-être que ce n'est pas la bonne solution, de chercher les mots justes. Quand Esperanza nous a quitté, personne n'a cherché à dire quoi que ce soit. Tout le monde à garder ses pensées pour lui-même. Certains sont venus me voir, tentant deux trois phrases pour me faire sourire ou me consoler, mais ça n'a pas fonctionné. Je n'avais pas besoin de mot, de tendresse, j'avais besoin qu'on m'aide à tourner la page lorsque j'aurais jugé que j'avais fait mon deuil. Peut-être que c'est ce qu'il faudrait que je fasse pour la petite fille qui se tient devant moi.

Je pose délicatement une main sur son dos, dans un geste maternel, essayant de lui faire comprendre qu'elle n'est pas seul. Toujours muette, je l'aide à se redresser : son visage est baigné de larmes. Je n'ai rien à dire, puisqu'il n'y a rien à dire. Pour l'heure, elle n'est sans doute pas prête à oublier son père, à penser à l'enterrer ou à se lancer dans le sauvetage d'autrui, chose qui je suis certaine l'aiderait à sortir de sa torpeur. Je reste juste ainsi, une main sur son épaule, à l'observer observer son père mort. Ma main gauche vient prendre la sienne. Il n'y a rien à dire et je sais que si un seul son sort de ma bouche, il n'aura qu'un goût amer à ses tympans, une impression de faux. Mais mes gestes, eux, ne mentent pas : je ne veux pas qu'elle se sente seule, abandonnée sur une île. Bientôt, peut-être, elle remportera les Jeux, et les Autres deviendront sa nouvelle famille.

Pour le moment, elle a besoin de retrouver ses accroches dans le monde réel.

[Lumione]

T'inquiete pas pour le temps de réponse, je suis encore plus un escargot que toi mais j'essaierai de répondre demain (c'est pas comme si j'avais autre chose à faire de toutes façons )
J'ai trouvé ton rp super beau et très touchant

[Elsa-Vercellino]

@Tout le monde: snif, personne veut faire un RP avec moi? J'en avais un de commencer avec Charlie, mais ça avance pas du tout et il me reste Amelia & Santiago aussi! (aa)

[Springbloom]

T'inquiete pas pour le temps de réponse, je suis encore plus un escargot que toi mais j'essaierai de répondre demain (c'est pas comme si j'avais autre chose à faire de toutes façons )
J'ai trouvé ton rp super beau et très touchant

@Tout le monde: snif, personne veut faire un RP avec moi? J'en avais un de commencer avec Charlie, mais ça avance pas du tout et il me reste Amelia & Santiago aussi! (aa)

On peut s'arranger avec Lumione toutes les deux ^^ Je pense qu'entre Nasha et Anaïs on peut encore échanger quelques messages (2 ou 3 pour chacune max) et on aura fini un cycle, on peut se lancer dans une mission sauvetage d'autres passagers mais je ne sais pas trop comment relancer le rp' une fois qu'Anaïs sera sortie du choc de la mort de son père :/

Du coup si Lumione est d'accord, on peut faire en sorte de mettre fin à notre rp' prochainement et Nasha pourra rejoindre l'un de tes deux persos en attendant qu'Esteban arrive ^^

[Xail]

Elsa : Ben sinon, y a toujours toute ma smala sur des rochers xD Alors certes il y a Jordan pour nous aider mais n'oublions pas, 4 petites filles, un bébé et une maman à bout de souffle, ça fait peut-être un peu beaucoup pour lui...
Et je me dépêche de répondre, maintenant que j'ai géré le plus urgent pour la classe !

[Xail]

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Ellana arrive la première jusqu’aux rochers. Elle se hisse avec difficulté dessus, le poids de Gaël dans son dos commençant à se faire sentir. Une fois en sécurité, elle détache le harnais de fortune avec un certain soulagement et prend son petit frère dans ses bras pour l’embrasser et lui murmurer des mots rassurants. Il ne pleure pas, ne semble pas affolé mais la petite fille a besoin de se rassurer elle-même. Elle n’ose pas se retourner, de peur de ne pas voir tata Sha ni sur les rochers, ni dans l’eau en train de nager vers elle. Après quelques minutes toutefois, elle finit par tourner la tête en direction des flots et elle aperçoit un homme, inconnu, qui tire vers les rochers sa sœur Eleanore et la petite fille trouvée dans l’avion. Il les dépose sur les rochers puis replonge dans l’eau sans un mot. En tremblant, Ellana s’approche de sa jumelle et la secoue un peu, pour essayer de la réveiller.

Gaël se met à babiller au moment où Eleanore tousse et roule sur le côté. Les yeux toujours clos, la respiration sifflante, elle se concentre sur ses autres sens pour comprendre ce qu’il se passe. Elle est mouillée, le vent lui donne froid et elle a un goût de sel dans la bouche. Le cri des mouettes lui indique que c’est sûrement la mer qui lui assèche la gorge et lui pique les lèvres. Maintenant qu’elle y réfléchit, elle ressent aussi une brûlure sur le front. Elle sent la dureté du sol sous elle, elle entend le clapotis des vagues, les gazouillis d’un bébé…

Son petit frère ! Elle se redresse brusquement, ouvre les yeux et le regrette immédiatement. La lumière aveuglante lui brûle les yeux, sa tête la lance fortement. Elle se penche pour vider le contenu de son estomac avant de tousser pour évacuer le reste d’acide qui lui attaque la gorge. Une main se pose dans son dos, celle de sa jumelle. Pas besoin de se retourner pour le vérifier, elle le sait, c’est comme ça entre jumelles. Gaël, insouciant, continue son monologue de bébé.

Eleanore finit par s’asseoir, la tête entre les mains pour calmer le marteau piqueur qui a envahi son crâne. Ellana s’agenouille à côté d’elle, lui caresse le dos et lui murmure des phrases rassurantes comme le faisait leur maman quand l’une d’elle était malade. Petit à petit, Eleanore se sent mieux et elle lève enfin les yeux pour regarder autour d’elle. La mer, partout des vagues, une plage au loin, et eux sur un rocher. Il y a aussi une autre fillette qui les regarde sans trop oser s’approcher. Elle semble avoir le même âge qu’elles mais elle est très différente physiquement, rien que par la couleur de sa peau et de ses cheveux.

L’homme qui avait ramené Eleanore et l’autre fille finit par revenir, traînant le corps de Shaé. Il l’allonge sur le rocher mais il n’est pas assez grand pour tout le monde alors ses jambes sont encore dans l’eau. Elle a l’air de dormir, comme Eleanore avant. Les jumelles s’approchent, la petite fille aussi. Elle murmure tout bas :

- S’il te plaît ne sois pas morte…

Les filles retiennent leurs larmes, n’osant même pas prononcer ces mots. C’est pas possible, tata Sha ne peut pas mourir, elle n’a pas le droit de les laisser toutes seules, surtout avec Gaël et Emy qui sont trop petits pour se débrouiller tout seuls…

- Emy !

Paniquée, Ellana attrape la chemise du monsieur qui a ramené tata Sha et le secoue.

- Elle est où, elle est où ? Pourquoi tu l’as pas ramenée ? Elle sait pas nager bien ! Elle est où ?

De son côté, Eleanore se précipite vers le bord du rocher. Elle manque de tourner de l’œil rien qu’à cette action mais elle résiste tant bien que mal et fouille l’océan du regard dans l’espoir de voir la chevelure dorée de sa petite sœur. Rien ne semble flotter à la surface des flots, pas de bulles d’air non plus. Rien que de l’eau, encore de l’eau, toujours de l’eau…





J’inspire un grand coup, tousse, manque de m’étouffer et roule sur le côté pour finir d’expulser l’eau salée de mes poumons. La première bouffée d’oxygène me fait un bien fou, la deuxième fait remonter à la surface une angoisse, non pire, une peur panique, sans que je ne parvienne à me souvenir pourquoi je dois avoir peur. Je me redresse, regarde autour de moi et aperçois les jumelles avec Gaël ainsi que la petite fille de l’avion. Un homme se tient à mes côtés, il a l’air soulagé que je sois encore en vie. Ellana s’approche de lui, lui crie quelque chose que mes oreilles ne parviennent à décrypter. J’attrape mon bébé, le serre contre ma poitrine et le couvre de baisers. Il va bien, les filles vont bien, je suis en vie…

… Et pas Héloïse. Le chagrin et la douleur, que j’avais un instant oubliés, reviennent en force et me broient le cœur. Je suffoque, je ne parviens pas à retenir mes larmes qui dévalent mes joues, j’enfouis mon visage contre le petit corps de mon bébé et sanglote sans retenue. Jusqu’à ce qu’un mot me sorte de ma prostration.

- Emy ! Emy !

Oh mon dieu, Emy ! Elle n’était pas avec les jumelles ! Elle était accrochée à la taille de sa sœur, à moi, elle a dû couler en même temps que moi ! Et elle ne sait pas nager !

Je me lève d’un bond, pose Gaël dans les bras de la petite fille de l’avion et plonge sans même réfléchir dans l’eau froide. Sous la surface, retenant ma respiration, j’ouvre les yeux malgré le sel qui brûle. Je n’y vois pas grand-chose mais j’avance encore et encore, jusqu’à ce que mon corps tout entier m’implore de remonter à l’air libre. J’émerge de l’eau, me retourne pour m’assurer que je ne me suis pas trop éloignée du rocher. Eleanore agite les bras dans ma direction puis m’indique une direction, à ma gauche. Je fonce, lui faisant entièrement confiance.

Il me faut de longues, bien trop longues minutes pour finalement atteindre la zone indiquée. Je finis par apercevoir une petite silhouette qui flotte sur l’eau… Encore quelques brasses et me voilà à sa hauteur. Emy, qui fait la planche, me regarde et me lance :

- Enfin ! Ça fait longtemps que je t’attends maman, je commence à avoir froid !

Abasourdie mais trop heureuse de la retrouver vivante et consciente, je l’attrape et la ramène avec moi jusqu’aux rochers. Ils sont bien plus loin que je ne le pensais et mes forces s’amenuisent rapidement. Je finis par les atteindre, à bout de souffle, et pousse Emy pour qu’elle grimpe dessus. Pour ma part, je ne me sens pas capable de monter et je reste dans l’eau, le haut du corps à moitié hissé sur la pierre froide et glissante. Je pose ma tête contre le sol, enfin ce qui s’en rapproche le plus, ignorant la coupure de la roche qui appuie sur ma joue. Les filles sont sauvées. Plus rien n’a d’importance…

Une part de moi me souffle que rien n’est fini, au contraire, tout vient à peine de commencer. Il va d’abord falloir rejoindre la plage, puis s’organiser une fois là-bas pour survivre jusqu’à ce que les secours viennent nous chercher… Mais je n’arrive plus à réfléchir, je suis trop fatiguée, c’est trop dur… Mes yeux se ferment doucement et mes muscles se relâchent…