☼ Percy Jackson ☼ I - Une arrivée plus que tardive

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naji2807

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par naji2807 »

Je vais prendre la comparaison pour un compliment Elo 8-)
Et oh tu vois que tout le monde veut voir ce que ce couple pourrait devenir!
Mimie99

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par Mimie99 »

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| 17 ans | Fils d’Hermès | Permanent | 1m78 | Défaut Fatal : Insouciance |
| 1er Avril 2003 | Bélier |« Mischief » | Avec Lemony Sugar |

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Marcher tranquillement à la quête d'une idée de premier coup de l'été devient plus difficile lorsque j'entends quelqu'un s'approcher et que ce quelqu'un prend la parole. Je me tourne dans la direction de la voix pour mieux découvrir Lemony, enfant d'Héphaïstos. Je ne lui ai jamais beaucoup parlé. Peut-être une ou deux fois depuis qu'il est arrivé à la Colonie. Je me souviens bien de son automate. Je crois qu'il l'appelait Bob. Je me souviens qu'avec Scotty on trouvait ça amusant. Je ne me souviens plus exactement pourquoi... Peut-être parce que l'un de nos professeurs de l'époque avait comme surnom Bob? Humm... Probablement autre chose. Une anecdote relié à ce professeur et ce surnom. Un soupir m'échappe à la pensée que je n'arrive pas à me rappeler la raison pour laquelle on trouvait le prénom « Bob » amusant. J'écoute toutefois gentiment, avec le moins d'impatience possible, Lemony se perdre dans de longues phrases. Si je me souviens bien, il répète toujours cette même prévention avant chaque début de discussion.

Je devrais peut-être faire de même?

« Salut, moi, c'est Theo. Ne vous offusquez pas si jamais je tiens des propos méchants ou agit violemment. C'est seulement une maladie qui me fait perdre la tête. Ne le prenez surtout pas personnel. Je n'y peux rien. Peut-être que vous devriez porter une armure pour discuter avec moi? »

Non... Non, c'est sûr que ça ne fonctionnerait pas. Déjà, il faudrait que je sois prêt à avouer à tout le monde que tout ne va pas bien dans ma p'tite tête. Si je connais suffisamment des pensionnaires pour savoir qu'ils se sentiraient mal à l'aise ou désolé pour moi... Certains parmi ceux que nous avons un peu trop agacé Scotty et moi y trouverait peut-être leur compte. Ou chercherait à en profiter. Peut-être. Je ne peux jurer de rien. Mais quand même... Ça serait l'idée la plus débile des idées débiles après celle de se faire assommer pendant une quête et ainsi de causer la mort de Scotty. On inspire, on inspire, Theo, ce n'est pas le moment de s'énerver... Je m'efforce d'afficher le sourire le plus engageant possible et réponds:

- Il est 14h00 en ce moment. Mais tu peux sans doute t'incruster en cuisine. Je l'ai fait plusieurs fois. (Mon sourire devient un peu plus moqueur à ces derniers mots.) Je crois que l'on a discuté une ou deux fois, Lemony. Mais ça remonte à un moment... Moi c'est Theo.

Et je souffre d'une maladie mentale qui causera ma mort un de ces jours. Sans doute prochainement. Mais, il n'y a pas de quoi s'en faire! Sauf si je deviens complètement dingue et que j'agisse de manière incontrôlable et violente. Tout va bien, parfaitement bien. Humm... Il faudra que je veille à ce que mon coup soit non-létal. Je ne crois pas que je sois encore rendu au stade où je peux porter atteinte à la vie d'autrui, mais il vaut mieux être prudent. Je ne crois pas que les Dieux, et mon père non plus de ce fait, approuveraient que je mutile ou... pire certains de mes congénères. Pour ce que ça peut valoir, je ne l'approuverais pas non plus et ne me pardonnerait pas. De toute manière, je n'ai pas le pardon facile lorsque ça me concerne...
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Springbloom

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Résumé précédent

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☼ Sommaire ☼

Equipe Alpha
Equipe Bêta
Equipe Gamma
Equipe Delta
Equipe Epsilon
Equipe Zêta
Equipe Êta
Les autres pensionnaires


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Equipe Alpha
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Equipe Alpha - α

Kyle Delorn (Sunblood) - Fils d'Arès
Victoire Holloway (Glamour123) - Fille de Niké
Nadya Espinoza (Naji2807) - Fille d'Aphrodite
Valentin Richardson (Amnesia-X) - Fils d'Aphrodite
Alek Campbell (Cassy33) - Fils de Nyx

Valentin et Alek partent s’entraîner sur la plage puis nager dans le détroit. Leur du repas, ils font leurs pronostics sur les différentes équipes et s’amusent de certaines de leur composition. Même s’il est fier de lui, Valentin est un peu inquiet pour Aaron Richardson (Amnesia-X). Après son combat contre Nadya, Victoire est partie s’entrainer dans les Bois dans une parcelle où elle a l’habitude de s’exercer.

Valentin semble un peu possessif à l’égard de Nadya et n’apprécie pas qu’elle parle de Kyle ; Nadya n’apprécie pas plus ses sous-entendus. La tension monte parce que Val refuse de s’expliquer et l’équipe part de facto sur de mauvaises bases.

Kyle, de son côté, fait savoir à Victoire qu’il est prêt à en découdre avec le monstre. Alek ne tarde pas à arriver, soutenant l’idée du fils d’Arès. Victoire, elle, est surtout heureuse de pouvoir jouer de nouveau un peu de l’épée et veut profiter de son avant-dernier été : si au passage elle peut gagner la Chasse, ça l’arrange.


C'est au tour d'Amnesia-X de RP'

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Equipe Bêta
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Equipe Bêta- β

Nathan Black (Shinato) - Fils de Zeus
Madeleine Dubois (Naji2807) - Fille de Thanatos
Urielle Frost (Mimie99) - Fille de Chioné
Aaron Richardson (Amnesia-X) - Fils d'Aphrodite
(non-reconnu)
Mallory Good (Sunblood) - Fille d'Hadès

Urielle est prête à prendre en charge son équipe et a fait en sorte d’entraîner un peu les trois enfants le matin. Aaron accepte de prendre un carquois quand Urielle lui demande, mais refuse l’arc car il ne sait pas tirer : elles serviront d’atèle en cas de blessé. Il n’est pas du tout rassuré mais il ne veut pas faire mauvaise impression. Nathan embarque comme arme celle qu’il a trouvé dans son bungalow et qui diffuse des éclairs. Ayant rejoint le groupe, il essaie de motiver ses troupes, ce qui ne fonctionne pas parce que Madeleine ne comprend pas la figure de style qu'il emploie


C'est au tour de Sunblood de RP'

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Equipe Gamma
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Equipe Gamma- γ

Octavia Avery (Elyne15) - Fille d'Athéna
Félix Johanson (Naji2807) - Fils de Tyché
Heather Collins (MikoAsuna) - Fille d'Athéna
Keith Garbi (KiraofSchola) - Fils d'Eole
Demencia ??? (Nithael) - Fils de Cottos
(Fiche non-postée)

Félix se lance insouciant dans la forêt, persuadé que sa mère a juste fait en sorte de lui faire croire que ce serait une mauvaise journée avec sa défaite lors de la tournée des bungalows et sa composition d’équipe houleuse. Heather, armée d’une rapière, accepte de le suivre, peu convaincue. Elle est néanmoins sûre d’une chose : si ça vire au vinaigre, ce qu’elle craint avec son équipe, elle les abandonne.

C'est au tour d'Elyne15 ou de KiraofSchola de RP' (aucune nouvelle des deux depuis plus d'un mois)

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Equipe Delta
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Equipe Delta- δ

Adèle Leigh (Eparm12) - Fils de Némésis
Fay Jones (LSGI) - Fille d'Héphaïstos

Les deux sont assez peu intéressés par la compétition et veulent juste casser du monstre. Adèle insiste pour lui porter le coup de grâce. Après une balade dans les bois, ils finissent par trouver rapidement le Chien des Enfers. Les dés sont en leur faveur : malgré la perte de deux balles que le chien esquive facilement, Adèle parvient à planter une de ses dagues dans la patte gauche de l’animal, et Fay brise sa patte arrière gauche avec sa masse. Bon, ok, Adèle a été fauché et s’est éraflé le flan, ce qui mérite un détour par l’infirmerie, mais le Chien est si grièvement blessé qu’il préfère fuir le combat par vol d’ombre, laissant les deux combattants pantois au milieu des Bois.


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Equipe Epsilon
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Equipe Espilon- ε

George Hatis (ChapelierFou) - Fille d'Eris
Hadley Daniels (Hypermnestra) - Fille de Dysnomie
Oswald Gaitling (Naji2807) - Fils d'Erèbe
Yu Ra Ahn (Shinato) - Fille d'Athéna
Timothée Guespereau (Nithael) - Fils de Thanatos

Yu Ra prend les rênes du groupe et se lance dans un discours en proposant de séparer le groupe : elle et Oswald à l’est de la forêt, George, Hadley et Tim à l’ouest. Elle distribue un sifflet à l’autre partie de son équipe afin de faire savoir quand ils auront trouvé le serpent. Oswald ne sait pas quoi penser du soudain contact tactile de Yu Ra. Il a emmené avec lui une épée légère et la cape de son père dont il ignore les propriétés. Hadley, elle, est heureuse de son équipe, et encore plus heureuse que George ait pensé à elle en premier pour une activité de groupe. Excitée par les fusées et l’idée de paris, elle manque le discours de Yu Ra et Timothée se charge de répéter à Hadley ce qu’elle a manqué en chemin. Georges ne semble pas énormément apprécier le discours de Yu Ra. Les deux groupes se séparent.

Yu Ra tente de lancer la conversation avec Oswald, qui répond avec peu d’entrain. Yu Ra se lance dans un discours qui se veut rassurant, établissant de nouveau un contact tactile avec Oswald qui n’apprécie pas des masses. Yu Ra n’est étrangement pas affecté par l’aura d’Oswald (ce qui n’a pas de sens) mais elle doit être troublée par sa soudaine « attirance » pour lui parce qu’elle son aura l’a pourtant affecté la dernière fois qu’ils se sont parlés. Sans surprise, Oswald ne parvient pas à croire ce qu’elle lui raconte, d’autant plus qu’il ne croit pas en l’amour.

Hadley est un peu vexé qu’Oswald se retrouve avec Yu Ra alors que, s’il a rejoint l’équipe, c’est parce qu’elle lui a demandé elle. Elle continue d’avoir quelques absences et préfère donc laisser Timothée et Georges prendre les rênes de leur groupe


C'est en théorie à Nithael de RP', mais, en son absence, Chapelier Fou peut sauter son tour et répondre à Hypermnestra

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Equipe Zêta
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Equipe Zêta - ζ

Elias Young (Yumeko) - Fils d'Eos
Nimue Thompson (Mimie99) - Fille de Poséidon
(non-reconnue)
Léo Lester (Hypermnestra) - Fille de Phobos
Adel Kate (MikoAsuna) - Fils d'Hécate
Natalia ??? (Nithael) - Fille de Thémis
(Fiche non postée)

La course de canoë entre Elias et Hope Waymer (Morgane_Chase) a coupé court, leurs canoës ayant été renversé par les naïades. Hope étant partie, en colère à cause de sa peur pour Ochia, Elias a du tout ranger tout seul, ce qui a amusé les naïades. Armé d’une lance, il part à la rencontre de Nimue après le repas, afin de faire connaissance avec la nouvelle. Elle est toujours aussi à l’aise dans ses réponses. Leo a du mal à se mettre dans l’idée qu’elle va devoir être en équipe et préfère s’éloigner choisir une arme, essayant de favoriser son excitation plutôt que ses peurs : elle se contente d’attendre près de la forêt que son équipe la rejoigne. Adel est le premier à rejoindre Leo et, même s’il est content de participer à la Chasse et de revenir à la Colonie, il a dû mal à exprimer sa joie par habitude.

Elias et Nimue finissent par rejoindre le groupe en bordure de forêt et Leo hésite à aller les voir parce qu’elle sent que Nimue n’est pas à l’aise.


C'est au tour de MikoAsuna de RP'

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Equipe Êta
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Equipe Êta - η

Arwen Quinn (Analia) - Fille de Dionysos
Jack Hardy (MikoAsuna) - Fils d'Eros
Ergan Wright (DH180) - Fils de Chioné
Cassiopée Midnight (Octasecret) - Fille de Nyx
??? (Nithael) - Fils de Psychée
(Fiche non postée)

Jack se réjouit à l’idée de faire équipe avec le fils de Psyché, ce qui cause quelques perturbations à sa table. Après s’être habillé contre son gré pour la chasse, il rencontre Ergan au bord de la forêt, et lui demande s’ils n’auraient pas par hasard déjà couché ensemble. Ergan, arrivé second pour la Chasse, ne semble pas plus surpris que ça par la question et lui répond du tac-au-tac que Jack n’est pas son genre et qu’il se demande plus s’ils connaissent les deux autres membres de l’équipe.

C'est au tour d'Analia de RP' (aucune nouvelle depuis plus d'un mois)

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Résumé de ce qu'ont fait les autres pensionnaires
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Kelan Walsh (Amnesia-X) et Irina Lockwood (Naji2807)

Irina fait faire le tour du propriétaire à Kelan et lui propose de découvrir son arme à l’arène. Elle lui fait ainsi démonstration d’un cours à l’épée, mais Kelan préfère les armes de poings. Lors du repas, Kelan apprend à faire connaissance avec ses frères et sœurs et découvrent un peu le monde qu’il va devoir connaître durant les années suivantes. Après le repas, il retrouve Irina au lac, qui s’estime heureuse d’avoir choisi de ne pas prendre part à la Chasse par crainte des serpents. Il pose la question fatidique (quelle est ton parent divin Irina ?) et s’interroge sur les nymphes. Irina opte néanmoins pour une semi-vérité en lui disant qu’elle est file d’Eris et en priant pour qu’il ne se demande pas ce qu’elle représente…malheureusement, il le fait, et Irina joue la carte de la victime pour qu’il ne s’enfuie pas à toutes jambes.

Harry Wendel (Naji2807), Chiron puis Tyrone Arleston (Morgane_Chase)

Harry a toujours pleins de questions mais se méfie également énormément des réponses qu’on pourrait lui donner. Chiron cherche à comprendre qui pourrait être son parent divin afin d’avoir une idée plus précise de ce que pourrait être les voix dont ils ne cessent de parler. Estimant que Tyrone pourrait l’aider, il confie Harry au fils d’apollon sur le champ de tir le temps d’aller faire des recherches dans la Grande Maison. Tyrone prend les choses en main à sa manière en proposant à Harry de faire de la méditation, pour laquelle il est plus ou moins partant

Hope Waymer (Morgane_Chase) et Karen Walker (Shinato)

Hope, inquiète pour Mateo qui a disparu, part à sa recherche. Hash lui dit néanmoins qu’il peut s’en charger, et Hope profite d’un peu de son temps libre pour s’entraîner aux Arènes, toujours assez amateure avec une épée. Karen, toujours inquiète par rapport à son défaut fatal que lui a révélé sa mère, espère parvenir à tenir une arme aux arènes sans le regard des autres sur elle. Hope et elle, qui ne se sont jamais rencontrées, font enfin connaissance, et, passé le froid du début de la conversation dû à une Hope qui craint de tomber sur un Apollon, Karen lui demande de l’aide concernant son défaut fatal. La réponse de Hope l’a fait tomber dans les pommes par son manque de tact et la fille d’Asclépios est forcée de l’amener toute seule jusqu’à l’infirmerie et de lui faire un massage cardiaque pour la ramener à elle.

Coram (Naji2807) et Mateo (Nithael)

Mateo a l’impression que Coram ne le comprend pas et il n’apprécie pas l’idée qu’il considère que les animaux soient des monstres que l’on veut chasser (multiples quiproquo dans la conversation). Mateo finit par accepter que Coram lui fasse visiter la Colonie. Il ne comprend pas tout ce qu’il y voit et interprète beaucoup de choses mal, et continue notamment de penser que les autres enfants vont tuer des animaux dans la forêt. Coram finit par se présenter et tente de lui faire comprendre qu’ils ne vont pas se prendre aux animaux, mais à des créatures méchantes.

Sacha Yeraz Jensen (LSGI) et Lizzie Brooks (Naji2807)

Sacha, sommeillant, débarque sur la plage où se trouve Lizzie : il se demande pourquoi elle est aussi petite. Cette remarque vexe un peu Lizzie qui ne répond pas à sa question d’où ils sont et la retourne contre Sacha. Grossière erreur ! Sacha est toujours aussi incompréhensible parce que dans son propre monde (il est dans le monde à l’endroit, et Lizzie dans le monde à l’envers, évidement). Lizzie ne comprend pas la situation et sa frustration se transforme en colère. Petit à petit, les deux parviennent à se comprendre, même si ça n’a rien de parfait, et en même temps comprendre Sacha relèverait du miracle.

Daithe (Naji2807) et Rose Paradis (Eparm12)

Après le repas, Daithe décide d’aller au pin de Thalia, supposant que personne n’accueillera les nouveaux. Elle y trouve effectivement Rose, qui, après avoir été accueilli à la Colonie, a plus ou moins fait une crise de panique à l’heure du repas qui a fini par l’emmener jusqu’au Pin où il se demande s’il doit ou non retourner retrouver June. Rose est vite déstabilisé par ses pensées qui se portent de nouveau vers sa mère qu’il ne peut s’empêcher de voir en Daithe. Daithe s’inquiète qu’elle semble lui faire peur et éveiller sa méfiance, ce qui ne correspond pas à ce que ressente habituellement les gens en sa présence et se demande si le malaise de Rose est dû à sa présence, et il tente de le justifier par le repas qu’il n’a pas pris. Logiquement, Daithe lui propose de chercher un repas ce qu’il accepte, un peu plus détendu par la franc sourire amical de Daithe.

Ophélia Ray (Chat-mellow) et Kymatisto (LSGI)

Ophélia se réjouit d’être à la Colonie et s’y balade afin d’en connaître les recoins. En voulant rejoindre le lac, elle se prend les pieds dans une racine, ruinant son bas-résille et s’égratignant les genoux. La vision de l’étendue d’eau finit par lui évoquer l’Ecosse et la nostalgie lui prend : quelques larmes perlent. Elle ne se rend de fait pas compte que Kym l’a rejointe et est un peu surprise par sa soudaine arrivée hors de l’eau, ignorant encore l’existence des naïades. Kym questionne Ophélia sur ses origines divines, Ophélia questionne Kym sur les nymphes. Alors qu’elles font connaissance, Kym fait clairement comprendre à Lïa qu’elle ferait mieux de ne pas se baigner dans le lac.

Anthea Estrada Cella (Morgane_Chase) et Kim Sunshine (Shinato)

De retour à la Colonie, Anthea n’a même pas le temps de poser ses affaires dans son bungalow qu’elle rencontre Sunny, à qui elle présente la Colonie dans les grandes diagonales. Sunny s’interroge sur son pouvoir, ce à quoi Anthea ne peut lui donner de réponse concrète et décide d’aller demander son avis à Chiron.

Calypso Monroe (Yumeko) et Leon Rivière (Soragame)

Calypso revient à la Colonie et dépose ses affaires au bungalow. Elle se met en tête d’aller combattre à l’arène et croise en chemin Leon qui décide de tenter d’une nouvelle rencontre, de manière plus ou moins habile car peu doué en société. Calypso n’apprécie par énormément que Leon l'ait espionné pendant qu’elle dansait sur la plage, mais elle accepte son compliment et répond à ses questions. Calypso s’interroge sur le fait que Leon n’est pas suivi sa passion de la danse et sur le fait qu'il n'est jamais écouté de musique.

Théo Bennett (Mimie99) et Lemony Sugar (ChapelierFou)

Encore pris par le deuil de Scotty, Théo refuse de prendre part à la Chasse et préfère marcher dans la Colonie pour se changer les idées en réfléchissant à une farce à réaliser. Il est interrompu par Lemony qui, à cause de son amnésie, a raté l’heure du déjeuner

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Dernière modification par Springbloom le mar. 28 juil., 2020 1:03 am, modifié 1 fois.
Springbloom

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par Springbloom »

A l'adresse de tous les participants de la Chasse

A l'heure actuelle, au bout de deux mois, seule l'une des sept équipes a trouvé son monstre (Delta), une seule semble prête à le trouver (Epsilon) et les autres viennent à peine de partir, de se retrouver, voire même sont encore incomplètes (je pense notamment à l'équipe Êta qui n'est pas prête de faire quoi que ce soit). La Chasse est tout de même censée être un événement mineur que j'ai créé le temps que tout le monde poste ses fiches et, même s'ils nous en manque encore plusieurs (dont les miennes), je crains qu'elle ne s'éternise trop à ce rythme là. Dans l'idéal, j'aimerais bien qu'elle se termine avant que nous reprenions tous nos cours, afin que le RPG puisse réellement débuter avant que tout le monde ne soit pris par ses études.

De fait, si vous êtes d'accord, je vous propose ceci, pour chaque équipe :

  • Alpha : Amnesia-X, en charge du prochain RP', ellipse la recherche du monstre avec Valentin ce qui permet à tout le monde se lancer dans le combat

    Bêta : Sunblood, en charge du prochain RP', ellipse la recherche du monstre avec Mallory ce qui permet à tout le monde se lancer dans le combat, et/ou clôt la session de préparation et Mimie99, qui suit avec Urielle, ellipse jusqu'à la rencontre avec le monstre

    Gamma : Je sais que MikoAsuna est en contact IRL avec KiraofSchola, donc trouvez un moyen de vous débrouillez à trois si possible (MikoAsuna, Naji2807 et KiraofSchola) avec KiraofSchola qui ellipse et les deux autres personnages qui vous rejoignent plus tard pour le combat

    Delta : Je vous aime beaucoup, mais du coup calmez un peu vos ardeurs le temps que les autres équipes rattrapent un peu le fil ^^

    Epsilon : Vous vous trouvez tous dans la forêt, le prochain à RP' peut donc sans problème trouver le serpent géant

    Zêta : On arrive aux cas un peu plus difficiles. Je peux vous conseiller d'également ellipser jusqu'à la rencontre avec le monstre via MikoAsuna, mais c'est à vous de voir par rapport à où vous en êtes dans votre préparation puisque vos membres ne se connaissent pas

    Êta : Deux de vos personnages seulement sont actifs, une de vos fiches n'a pas encore été posté, un membre est porté disparu et le dernier doit venir s'introduire. Votre départ risque d'être encore un peu long, donc à vous de voir comment vous comptez planifier votre avancée, mais vous risquez de finir par devoir ellipser complètement la Chasse dans le prochain résumé. Je n'en ai pas spécialement envie non plus, mais votre équipe est trop active pour qu'elle ne retarde pas beaucoup trop les autres.
Springbloom

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par Springbloom »

naji2807 a écrit :Je vais prendre la comparaison pour un compliment Elo 8-)
Et oh tu vois que tout le monde veut voir ce que ce couple pourrait devenir!
Prend le comme tu veux x)

Mais arrêtez de les shipper entre eux, ils sont frangins. F-r-a-n-g-i-n-s. C'est comme si tu shippais Cersei et Jaime ensemble, il y a des choses qui ne se font pas :roll:
naji2807

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par naji2807 »

Cette fermeture d'esprit! :o
ChapelierFou

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Re: Lemony Sugar

Message par ChapelierFou »

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Lemony Sugar
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17 ans | Fils d’Héphaïstos | Amnésie antérograde | Aime les pièges | Avec Théo Bennett


Je m'adresse à un garçon pour savoir l'heure, parce que je crois bien que j'ai raté le déjeuné. Il me donne l'heure, l'endroit où manger et me dit qu'on se connais et qu'il s'appelle Théo.
-Attends, dis-je, avant de noter toutes ces information dans mon carnet. Je fais vite, avant d'oublier ma question, mais relisant rapidement mes autres informations de la journée pour me souvenir ce que je fais ici à parler à Théo et savoir un peu ce qui m'est arrivé avant. Puis je relève la tête et lui demande d'un ton assez rapide, avant que ça ne m'échappe:
-Tu sais où elle est la cuisine? Parce que je suis plus trop sûr... D'ailleurs, tu penses que tu pourrais m'accompagner si tu n'est pas occupé?
Moi ça ne me gêne pas de poser cinq fois de suite la même question ou bien de me perdre, que ce soit dans mes pensés ou dans l'espace, mais je devine sans avoir besoin de souvenirs précis que tout le monde n'est pas aussi insouciant que moi, et puis même si ça ne me gêne pas non plus que les gens s'impatientent, c'est plus sympa de passer du temps avec quelqu'un qui n'a pas l'air d'en avoir marre de moi. Et puis vu que je ne suis pas en train de travailler sur une invention, je me dit que ce serai plus marrant d'être à deux, et puis comme ça je ne risque pas de me distraire et d'oublier d'aller manger, ou bien où manger. En plus je suis d'humeur a discuter, mais je crois je suis dès que je ne travaille pas sur un projet, et même là, si je n'ai pas besoin d'être extrêmement concentré, je ne vois pas pourquoi je ne discuterai pas avec quelqu'un.
ChapelierFou

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par ChapelierFou »

bon voilà, j'ai essayé de faire une ambiance fidèle à vos personnages, dites moi si quelque chose ne va pas et j'éditrais ^^'

George Hatis
Fille d’Éris ❦ Bungalow 11 ❦ 15 ans,❦ Troublemaker
Forêt - Équipe Epsilon - Yu Ra - Oswald - Hadley - Timothée

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Yu Ra nous fait son petit discours où elle prend soin de nous signaler que nous vies n'ont pas d'importance à ses yeux (sauf celle de Timothée) ce qui, étonnement, ne me met pas de très bonne humeur et me fait douter de ses capacités à gérer cette équipe. Mais en même temps, c'est clair que ni Hadley ni moi n'allons essayer de prendre la tête de cette expédition, et je ne connais pas assez les deux autres pour dire.
Quand Yu Ra me dis que je peux applaudir si ça me fait plaisir, je m'apprête à lui lancer une réplique cinglante, mais elle s'éloigne aussi tôt, et c'est sûrement pour le mieux, parce que j'imagine que me prendre la tête avec notre "cheffe" dès les premières secondes de notre mission ne rentre pas vraiment dans la case "esprit d'équipe". Mais ça ne m'empêche pas de ne pas l'aimer et de planifier de la remettre à sa place à la prochaine occasion.
Notre trio part donc de son côté également, malgré les faibles protestations d'Hadley qui n'est pas encore au courant du plan de Miss La-vie-humaine-ne-compte-pas-à-mes-yeux-parece-que-je-suis-au-dessus-de-ça. La brunette me dit d'ailleurs qu'elle est contente de me revoir, et je reste une seconde muette, surprise par sa déclaration. C'est rare qu'on me dise ça, et je n'espérais pas vraiment l'entendre de la bouche de la fille de Dysnomie. Pas que je ne pense pas qu'elle soit incapable d'affection, au contraire, je sais qu'Hadley est du genre à tenir aux gens. Je ne pensais juste pas que je lui avais manqué, et encore moins au point qu'elle l'exprime. Je finis par lui faire un sourire authentique
-Moi aussi, je lui répond sincèrement.
Puis, après que Timothée ai briffé Hadley sur le plan de Yu Ra, nous partons à la recherche du serpent géant et de la Plume de Pégase. J'ai été soulagée de ne pas tomber sur la pomme doré d’Éris. Il ne manquerai plus que mon équipe compte sur moi pour trouver un objet qui a appartenu il y a des siècles à ma génitrice que je ne peux pas blairer. "Ben tiens, George est la fille d’Éris, elle doit pouvoir traquer magiquement la pomme" Franchement, j'aurais fait bouffer le serpent géant à quiconque aurait sorti un truc du genre.
Nous passons plusieurs longues minutes à marcher en silence, Hadley sans doute est perdue dans ses pensés, Timothée se tient à une distance raisonnable à cause de ses pouvoirs qui sont littéralement mortels, d'après ce que je sais de lui, et essayer de lui faire la conversation voudrait dire élever la voix plus que nécessaire, ce qui est débile quand on traque un monstre. Quand à moi, je me concentre pour la fermer, parce que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour être sûre de ne pas mettre à mal l'esprit d'équipe. Dans un coin de ma tête, je me dis que si d'ici deux heures ont a toujours rien trouvé, ça ne coûtera rien de passer à l'écurie voler une plume à l'un des pégases, en espérant que la couleur corresponde... Enfin, c'est sûrement stupide, et puis si je participe à la Chasse, c'est justement pour être capable d'affronter un monstre, je ne devrais pas essayer d'y couper. Je repousse un souvenir un peu trop spécifique qui tente de s'imposer à mon esprit. Ce n'est pas le même genre de monstre. C'est censé être sécurisé, c'est ce que Daithe m'a dit. Je ne peux pas commencer à douter, ni à avoir peur. Je me concentre pour repousser les souvenirs qui me viennent à l'esprit. Je me suis entraînée avec mon épée depuis ce qu'il s'est passé, même à extérieur de la Colonie. Je sais ce que je fais et... je ne suis pas seule. Il y a d'autre demi-dieux expérimentés à mes côtés (enfin en réalité j'imagine mal Hadley combattre des monstre, mais elle est là, donc ça doit l'intéresser au moins un peu). En réalité, je suis de moins mauvaise humeur qu'au départ, le petit mot que m'a glissé Hadley au début de notre quête m'a réchauffé le cœur. Je tente de me concentrer là dessus. Je suis dans une équipe, et au moins une des personne de cette équipe m'apprécie. C'est assez pour me motiver à ne pas tout gâcher. Pour que ça se passe bien et que Hadley ne soit pas blessée à cause d'un manque de cohésion que j'aurais causé, ou d'un manque d'attention de ma part parce que je me suis laissé déconcentrée par mes peurs. Finalement, au bout d'un certain temps, Timothée finis par repérer des feuilles plus écrasées que les autres autres, formant une trainée qui pourrait correspondre à l'équivalent traces de pas pour un serpent géant. Nous utilisons alors les sifflets confiés par Yu Ra, et peu de temps après, Oswald et la fille d'Athéna nous rejoignent, et nous continuons la traque ensembles. Le fils d'Erèbe a toujours cette aura sombre que j'ai du mal à supporter. Elle a un parfum de peur de l'échec et de sois-même que je ne connais que trop bien, et je ne veux pas me laisser gagner par ce genre de pensés alors que nous sommes potentiellement en situation dangereuse, si bien que je marche aussi loin de lui que possible. Ça n'empêche pas certaines pensés de filtrer à travers mon esprit. Je ne devrais même pas être avec eux. Qui suis-je pour penser que je peux les aider? Je ne fais qu'attirer des ennuis. Je ne peux protéger personne. Il suffit de voir ce qui est arrivé à Viola. Au souvenir de la mort de mon amoureuse que j'avais essayé de réprimer jusque là, je sens mes yeux s'embrumer de larmes, et je profite de fait d'être déjà vers l'arrière du groupe pour m'arrêter et m'essuyer les yeux aussi discrètement que possible et prendre une inspiration tremblante. Même avec l'aura d'Oswald qui s'éloigne, je sais que ce qui est arrivé ce jour là était ma faute. Je n'aurais pas dû laisser Viola entrer dans ma vie. Ça aurait été mieux pour elle qu'elle ne me rencontre jamais, ça aurait été mieux pour tellement de gens que je... Je suis arrêtée dans mon monologue auto-dépréciatif intérieur par un bruissement. C'est léger, mais je le distingue à travers le son du vent. Mes yeux en cherche l'origine, et finissent par distinguer à travers des buissons ce que j'aurais pu prendre pour un tronc d'arbre à première vu. Mais non, il s'agit bien du serpent. La vache, il est énorme. Je fais un effort pour rappeler ce que je sais sur son espèce. Ils gobes les demi-dieux tout ronds, il faut viser sa tête, mais évidement, il crache du venin empoisonné. Le reste de l'expédition a continué d'avancer sans moi, et je me vois mal faire l'aller-retour pour leur signaler ce que j'ai vu, il faudrait que je le fasse silencieusement et puis que la créature ne se fasse pas la belle entre temps. Au lieu de tenter un déplacement risqué, je ramasse une pierre légère et la lance vers mes associés, tentant d'attirer leur attention. La pierre touche Yu ra à la jambe. Ah mince alors, j'espère que je ne lui ai pas fait mal, ce serait trop bête... Je pose ensuite mon index sur ma bouche et pointe la zone dans laquelle j'ai vu le serpent, avant de leur faire signe de me rejoindre. Il est hors de question que je m'attaque à cette bestiole toute seule, notre cheffe bien aimée n'a qu'à y aller, elle.
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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

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Lizzie Brooks
12 ans, Née le 17 avril, 1m40, Fille d’Apollon non reconnue
Musicienne hors pair, Capricieuse, Avec Sasha sur la Plage

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Bien sûr que je ne fais pas la sieste, je ne le fais plus depuis que je suis toute petite. D'ailleurs ma mère a tenté de la conserver jusqu'à mes 5 ans, mais à 3 ans je n'en pouvais déjà plus. Sans être complètement hyperactive, en tous cas je ne crois pas, je n'arrive pas vraiment à tenir en place ou tout du moins à me poser suffisamment longtemps pour faire un somme. Et puis c'est une perte de temps, qui dors le jour? Il y a tant de chose à faire, et je me sens souvent pleine d'énergie. Enfin là j'avoue que je ne dirai pas non à un peu de repos... Peut être pas une sieste, même si par moment, surtout quand il se lance dans une explication farfelue, je sens mes yeux se fermer tout seul... Mais c'est juste que le voyage m'a fatigué et qu'ensuite toutes ces émotions... C'est un peu trop pour moi. Je ne dormais pas, bien sûr, mais je pense que j'ai besoin de me poser et d'être tranquille.
En tous cas il semble trouver ça particulièrement étrange que je ne fasse pas de sieste, comme je le déduis de son air surpris. Je secoue la tête et réponds simplement :
- Plus depuis des années non.
C'est incroyable ce qu'il peut être confusant... et premier degré. Je lui dis qu'il part dans tous les sens et sa réponse me laisse perplexe. Bien sûr qu'il n'a pas bougé... Je veux dire qu'il part dans tous les sens d'un point de vue des pensées et des explications... Enfin surtout des explications, je ne lis pas dans les pensées, mais à mon avis, vu ce qui sort de sa bouche, ça ne doit pas être clair là-haut non plus.
Je me contente de secouer la tête en soupirant, fatiguée et finis par dire :
- Laisse tomber.
J'espère qu'il ne va pas le prendre au premier degré aussi et me demander ce qu'il doit laisser tomber...
Oh bon sang... et moi qui pensais que c'était terminé, qu'il avait enfin compris ou qu'au moins on était arriver à la conclusion que toute cette histoire de différents mondes etc n'était rien d'autre qu'une idée farfelue sortie de son cerveau... Le revoilà qui part dans des questions qui me donnent mal à la tête et qui me pousse à étouffer un bâillement bien malgré moi. Parce que bien sûr, je n'ai aucune difficulté à dire aux autres qu'ils racontent n'importe quoi, mais je ne me permets pas pour autant de bâiller sciemment pendant qu'ils parlent, là c'est que je n'arrivais pas à me retenir.
Je cligne des yeux pendant plusieurs secondes après qu'il ait terminé sa tirade. Je ne sais plus de quoi c'est parti... je ne sais même pas quoi lui répondre... je me demande même si c'est utile que je lui réponde quelque chose ou si ça va juste nous mener vers une nouvelle discussion longue, fatigante et sans queue ni tête... Pourtant je suis du genre à aimer avoir le dernier mot, à aimer débattre jusqu'à prouver à la personne que j'ai raison... Mais là je ne sais même pas si on peut parler d'avoir raison ou non, c'est juste... un gars complètement barré. Alors je me contente de hausser les épaules et je finis par soupirer :
- Bon écoute je ne sais même pas pourquoi tu me racontes tout ça... Continue de penser ce que tu veux, je n'ai pas de réponses à amener à tes questions, et je ne sais même pas si elles en attendent une en fait... Donc bref, le monde est comme tu veux et voilà.
Tout ça me laisse un goût un peu aigre dans la bouche, je n'aime pas laisser un débat se terminer comme ça, mais je suis un peu trop fatiguée pour avoir ma virulence habituelle.
Là j'ai juste envie de me poser, de me reposer... Mais jouer me va aussi. La musique ne m'a jamais demandé un effort particulier, au contraire, ça m'apaise, et rien que le fait de prendre la guitare contre moi, ça me donne un peu d'énergie et ça me rend un peu heureuse. Même si j'ai bien compris qu'il y a quelque chose qui ne me plait avec cette guitare, qu'elle est liée à toute cette histoire de divinité et que ça ne me plait pas, j'aime quand même l'idée d'en jouer. Et puis je suis contente de voir que Sasha respecte sa parole, il reste silencieux et je me sens déjà un peu moins fatiguée, plus vraiment parasitée par ses inepties. Je me mets à jouer, et j'ai l'impression que ça lui plait, mais je finis par le lui demander et le voir hocher la tête me fait plaisir. Quand il ne parle pas, il a l'air moins bizarre, on pourrait presque le trouver normal... certes il ne faut pas qu'il ouvre la bouche, mais c'est déjà ça. Je continue de faire courir mes doigts au hasard, je joue un air doux, calme, apaisant, et puis je me mets à fredonner. Je chante un peu parfois, mais je préfère la musique au chant, là c'est simplement pour accompagner mon instrument, je ne chante pas vraiment, ce sont juste des sons qui accompagnent bien la mélodie et je me laisse porter, sans plus trop regarder Sasha.
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Message par naji2807 »

Oswald Gatling
15 ans, Né le 10 septembre, 1m77, Fils d’Erebe
Solitaire, Pessimiste, Mélancolique, Avec son équipe dans la Forêt

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Je n'aurai pas dû venir. Je le savais avant même de m'engager dans cette Chasse, mais là c'est définitif. Tout à l'heure, quand Yu Ra m'a répondu, je me suis contenté de la regarder froidement et j'ai ensuite marché en silence. Entre sa soit-disant attirance et son ton moralisateur, je regrette de plus en plus d'avoir accepté de faire partie de son équipe. La seule personne que je pourrais apprécier ici, c'est Thimothée, mais je n'ai pas besoin de participer à la Chasse pour le côtoyer et puis... qui sait ce qu'il va penser de moi ici, quand il verra que je ne sais pas me battre, que je ne suis probablement qu'un boulet pour eux. Et puis je crois George ne m'apprécie pas. Depuis que nous les avons rejoints, elle reste très loin de moi, comme si j'avais la peste... C'est sans doute mon aura qui la dérange, et je ne peux la blâmer à ce sujet...
La seule note positive réside dans le fait que je me sens moins mal que je ne le pensais. L'épée est certes lourde, mais pas trop donc je peux la manier, et la cape ne me donne pas chaud, au contraire, elle m'apporte une fraîcheur étonnante étant donné sa couleur qui devrait plutôt conserver la chaleur. Je commence à me demander si je ne devrais pas la porter plus souvent, surtout qu'elle me protège également du soleil et que je me sens moins aveuglé.
Malgré tout, j'appréhende la rencontre avec le serpent géant... J'espère presque qu'on ne tombera pas dessus, mais je ne suis pas dupe, nous sommes déjà sur ses traces et j'imagine que mes compagnons ont l'intention de gagner... Moi je n'y crois pas vraiment ou plutôt j'apprécierai déjà de rentrer en vie. Je sais bien que tout est censé être sécurisé, mais on ne va pas se mentir, on part à la rencontre d'un serpent géant qui crache du venin... Je pense d'ailleurs à ma cape, j'espère éviter de la bousiller dès la première fois que je la porte.
Alors que je continue de marcher, je remarque que George est encore plus loin de nous qu'au départ. Je me demande si mon aura la gêne tant que ça, mais si c'est le cas, ça ne fait que me conforter dans l'idée que je ne serai jamais capable de faire un bon travail d'équipe... si mes coéquipiers doivent sans cesse marcher à plusieurs mètres de moi... Certes il en va de même pour Thimothée mais... je ne sais vraiment pas comment il fait. En tous cas, quand je me retourne, je vois George qui lance un caillou sur Yu Ra, puis qui désigne quelque chose. Je plisse les yeux pour essayer de voir ce que c'est et au départ je ne vois rien... puis ensuite une forme se découpe, la forme que j'aurai préféré ne pas voir... Je grimace devant le serpent géant qui se trouve à quelques mètres de nous, caché par la végétation, et je m'approche de George avec réticence.
Dernière modification par naji2807 le ven. 31 juil., 2020 5:29 pm, modifié 1 fois.
Shinato

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par Shinato »

Yu Ra

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Fille d'Athéna / 17 ans / 1m62 / née le 13 Janvier 2003 / avec son équipe

La conversation avec Oswald est terminée et c'est tant mieux. Son apitoiement permanent commence sérieusement à me taper sur le système. Chacun a ses problèmes et, selon moi, chacun a le devoir de les résoudre...même si ça ne leur plaît pas. Il y a toujours une solution, quelque soit le problème que l'on rencontre.
Nous poursuivons notre recherche en silence lorsque le bruit strident du sifflet que j'ai confié plus tôt à Timothée se fait entendre. Suivie d'Oswald, je m'empresse de les rejoindre. Une trace... Ils nous ont appelé pour une trace. Certes, il s'agit bel et bien de l'empreinte d'un serpent géant mais je leur avais dit de siffler lorsqu'ils auraient trouvé le monstre. Je ne peux m'empêcher de soupirer en retrouvant les deux autres filles de l'équipe. Miss dépressive a l'air encore plus renfermer que tout à l'heure. Il faut vraiment qu'elle se fasse des ami(e)s et qu'elle sourisse un peu parce que là, ce n'est plus possible. Timothée, toujours a l'écart, semble assez content d'avoir trouver la trace du monstre. Je le gratifie d'un léger sourire avant de me remettre en marche. Quelque chose vient alors me toucher à la jambe et je me retourne. Voyant George, un doigt sur la bouche, en train de pointer quelque chose de l'autre main, je la rejoins d'un pas lourd mais assuré, stipulant clairement que si elle me fait perdre mon temps, je ne laisserais pas couler. Je regarde rapidement la zone qu'elle nous montre et me fige nette. Un fin sourire s'étire sur mes lèvres. Je me tourne vers George et lui offre un sourire narquois.
"Je savais bien que tu pouvais te rendre utile." dis-je ironiquement avant de m'approcher du monstre.
A peine me suis-je avancée que le serpent se retourne et se dresse de toute sa hauteur en montrant les crocs. Vu ses yeux perçants et haineux, je l'ai dérangé pendant sa sieste. Mes coéquipiers à quelques mètres derrière moi, je leur fais signe de la main de ne pas s'approcher pour le moment. Si leur mort ne me ferait ni chaud ni froid, je ne tiens pas à ce qu'il me gêne.
Le monstre se meut lentement devant moi, cherchant une possible ouverture d'attaque. Je n'ai toujours pas touché Benizakura. Je lui tourne alors le dos et regarde Oswald, amusée.
-"Tu voulais savoir à quoi allait servir cette petite bûche..." lui dis-je en la lui montrant.
J'entends alors le serpent fondre sur moi. Rien de tel que tourner le dos à un monstre pour l'inciter à lancer la première attaque en laissant vaine toute possibilité défensive. Le schéma d'attaque d'un monstre est décidément trop prévisible.
-"...Tu vas avoir ta réponse."
Je fais de nouveau face au serpent et détache rapidement le fourreau de Benizakura de ma ceinture. Sa gueule parsemée de crocs à moins d'un mètre de mon visage, je me décale habilement sur le côté et enfonce mon arme dans sa gueule. Le bout de la garde pressé contre ses glandes à venin, toutes projections lui est impossible. La résistance de mon arme est telle que sa bouche reste grande ouverte. Je place alors minutieusement la branche d'arbre entre le fond de sa langue fourchue et la jonction entre ses maxillaires et ses zygomatiques. Je retire mon arme de sa gueule et constate que mon entrave buccale résiste aisément à la faible pression des mâchoires du monstre. Toute cette démarche doit se dérouler en quelques secondes seulement sous peine d'une mort certaine.
Je constate alors que quelques gouttes de poison ont coulé le long de mon avant bras me laissant une grosse brûlure. Je regarde alors le serpent droit dans les yeux et aperçois toute sa haine et sa colère.
Je dégaine alors rapidement Benizakura et lui tranche les joues façon Joker de Batman. Cela réduit encore plus la pression qu'exerce ses mâchoires sur la branche d'arbre. Une gerbe de poussière jaune souffre s'échappe de sa gueule et le monstre recule instinctivement.
Je me retourne vers mes camarades et me rapproche, un sourire tordu par la douleur du poison m'embrasant le bras.
-"Bon maintenant qu'il ne peut plus mordre vous pouvez venir. Mais je vous préviens, il n'en est pas moins dangereux. Il peut toujours cracher son venin ou même vous étouffer entre ses anneaux. Le blocage de sa mâchoire facilitera juste le combat au corps à corps. Maintenant que vous êtes averti, nous pouvons y aller."

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Dernière modification par Shinato le jeu. 30 juil., 2020 2:22 pm, modifié 1 fois.
Eparm12

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☼ Percy Jackson ☼ Milàn Košar I

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16 ANS Ω DEMI-DIEU FILS D’ABYSSES Ω CROATE


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Ω WHEN YOU BELIEVE Ω


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Ω VISION Ω

« Mais que peut faire un dieu d’autre chose qu’un « monde » ? » Paul Valéry


La Terre n’est pas plate et aucun autre corps dans l’univers ne l’est, car tout corps a une épaisseur, tout corps a un volume, tout corps peut être tenu dans ses mains. Alors, il n’existe pas de corps qui soit une ligne, c’est-à-dire sans épaisseur ni volume, un corps sans ces deux dimensions n’étant pas un corps et n’existant donc pas. Il n’est pas question de déterminer si un corps peut ou non exister sans elles, car elles lui sont substantielles, inhérentes et intrinsèques, alors ce n’est pas la possibilité d’exister d’un corps qui est démontrée, mais le fait que le corps peut connaître deux états : soit il existe soit il n’existe pas, ni plus ni moins. S’il n’existe pas, il n’est pas réel, il n’est tout simplement pas, car il n’a pas d’épaisseur ni de volume, mais cela ne signifie pas que son idée n’existe pas non plus. Au contraire, l’idée est, elle est réelle et toutes les idées le sont, au même titre que l’esprit, la pensée et les pensées. Seulement, ce ne sont pas des corps et la ligne est également, elle existe, mais n’est pas un corps : elle est une figure qui peut être autant réelle qu’imaginaire. En réalité, la ligne est une idée, qui construit la vision et la perspective, guide l’esprit et représente entre autres le temps aux yeux de l’homme. L’homme l’a nommée « Ligne du Temps » et cela est assez étrange, car le temps n’est pas une ligne, mais de l’espace. Néanmoins, elle lui permet de visualiser le temps et de s’y repérer, afin de ne pas s’y perdre, et c’est certainement en cela que l’homme en a fait de l’espace ainsi qu’une ligne. Il y a une infinité de lignes, des plus ou moins connues et des inconnues, et, parmi elles, une des plus connues, la ligne d’horizon. Elle sépare la terre ou la mer du ciel, existe et est visible : en effet, on est capable de la voir. Cependant, elle a beau exister, être visible et réelle, elle n’est pas un corps, mais un concept. La ligne d’horizon est trompeuse, une altération de la vision, une illusion de perspective, une déviation, une déformation, une distorsion de l’esprit, car il n’y a rien derrière elle. Du moins, il semble ne rien y avoir, derrière une des mystérieuses frontières du monde.

Il y a plusieurs frontières, telles que la surface de l’eau, qui ressemble à une ligne d’une certaine perspective. Si elle y ressemble, elle n’en est pas une pour autant et on le sait : sous elle, l’eau est et la surface est elle-même de l’eau et la première part visible du volume de l’eau. En somme, l’eau est un corps, a de l’épaisseur et du volume et n’est pas une ligne : elle est une limite. Derrière la limite de la surface de l’eau, s’étend un autre monde, la mer, l’océan, soit le monde marin. Il existe quatre mondes définis au sein du monde : le monde des cieux, le monde de la terre, le monde sous la terre et le monde de la mer. Ces quatre mondes sont quatre royaumes et personne n’ignore que sous la surface de la mer, des êtres vivants évoluent depuis la création du monde, aujourd’hui gouvernés par un souverain illégitime, mais on oublie l’existence d’un cinquième : le monde et le royaume sous la mer. Derrière la limite de la surface de la mer, il y a une seconde limite dont on a supposé l’existence, qu’on concevait, mais qu’on a oubliée. Contrairement à la première, on pensait au début que cette limite n’était qu’une limite, qu’il n’y avait rien derrière, que le monde s’y arrêtait, qu’elle était une extrémité du monde, des confins du monde. Or, la seconde limite est une frontière et, derrière elle, existe bel et bien le monde sous la mer, le cinquième monde, le cinquième royaume. C’est un monde vaste, infini, obscur, peuplé et secret ; un monde dont les habitants sont tour à tour sa source de lumière et son ombre ; un monde fait de ténèbres marines. Le royaume sous la mer est plongé dans la nuit, son eau est sombre, glaciale et calme, et ses sujets y vivent en harmonie sans un bruit. Ce royaume est celui du dessous, du bas, du fond, et, puisqu’on pensait qu’il n’y avait rien après sa limite il fut un temps et que celle-ci est éloignée du monde de la terre, on l’a oubliée et oublié le royaume sous la mer avant même de le connaître.

En conséquence, l’homme ne s’y est pas rendu jusqu’il y a quelques années et sûrement le fait que la tranquillité du royaume n’ait jamais été troublée convient parfaitement à ce lointain monde. Néanmoins, si quelqu’un en a prodigieusement l’envie, désireux de découvrir son cœur et explorer et parcourir le royaume à sa guise, il ne le pourra pas : le cinquième monde est partout et nulle part sous la mer, introuvable, inaccessible, que ce soit par l’homme ou le soleil. La mer paraît donc sans fond, car l’oubli l’a d’abord emporté sur l’existence de la seconde limite, puis la fermeture des portes du royaume sous la mer à l’homme lui fait croire que la mer est infinie, quand bien même il sait à présent qu’il y a quelque chose derrière la seconde limite, qui pique sa curiosité. L’homme a essayé à maintes reprises de percer le mystère de ce qui est au-delà, en vain, et s’en est lassé et détourné, avant de tenter à nouveau, de manière infructueuse. Durant des millénaires, le cinquième monde était inconnu, ignoré, oublié, on a ensuite pris conscience de sa potentielle existence et, désormais, on l’oublie de nouveau. On n’oublie pas une chose parce qu’on l’a connue auparavant, car on oublie une chose parce qu’on ne s’en souvient pas, et l’homme ne se souvient pas qu’il est originaire du royaume sous la mer. Il le connaît, car, plus que d’être gravé dans sa mémoire, il est gravé dans son être, mais l’homme ne s’en souvient pas et a alors oublié le cinquième monde, dont il vient pourtant. En ce sens, même en sachant qu’il y a quelque chose derrière la seconde limite, il ne se souvient toujours pas et c’est ainsi que le royaume sous la mer est finalement demeuré dans l’oubli. Cependant, la mer n’est pas infinie, car elle se finit là où le cinquième monde commence. Il est à la fois sa continuité, son prolongement, et se détache d’elle. Il n’est pas la mer, mais en fait partie, et ils sont tous deux rattachés par la seconde limite, un lien et une démarcation, une séparation. En soi, la limite sépare plus qu’elle n’unit et elle sépare la mer des Abysses.


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Tout être extérieur aux Abysses ne peut y pénétrer de lui-même comme bon lui semble, grâce à son unique volonté, car Celle des Abysses est supérieure à la sienne. S’il ne cesse de s’entêter à Les atteindre, ce ne sont pas les Abysses qui l’accueilleront, mais les ténèbres froides et silencieuses, pareilles à la mort. Il oublierait qu’il est dans l’eau ; il croirait qu’il est dans le noir, le vide, le rien ; il ne sentirait pas qu’il est peu à peu avalé par la Sombre Mer ; il ne se rendrait pas compte que la vie le quitte progressivement ; il n’aurait pas conscience qu’il glisse lentement dans le néant. La vérité est qu’il s’oublierait. Il n’y a qu’une seule voie qui mène aux Abysses et c’est moi seul qui ouvre cette voie lorsque je le veux. Ils sont mon royaume d’en dessous la mer, sans Ligne du Temps, sans ligne d’horizon, sans ligne de force, sans aucune perspective. Je suis les Abysses et Ils sont moi, je n’existe pas sans Eux et Ils n’existent pas sans moi et nous sommes la Mer Primordiale, la première mer, celle dont sont issues toutes les créatures du monde. Il y en a qui sont sorties des Abysses, ont rencontré le soleil et la terre et se sont adaptées à leur nouvel environnement au fil du temps, telles que l’homme, et les Abysses leur sont dorénavant fermés pour l’éternité, car leur perpétuel développement fait qu’elles ne peuvent plus y retourner sous peine de s’y éteindre et elles le savent, c’est inscrit en elles. Les autres sont demeurées les mêmes dans les Abysses et s’y renforcent, et s’en remettent à moi. Elles n’ont pas changé, ne se sont pas transformées ni adaptées, l’étant d’ores et déjà depuis notre naissance, et sont les plus anciennes créatures sur Terre. Elles ont conservé leur forme originelle et ces êtres chthoniens dont la puissance provient directement des Abysses me reconnaissent, me respectent et ont une absolue confiance en moi, se donnant à moi, et je fais tout ce qui est en mon pouvoir afin d’honorer leur dévotion à mon égard en veillant sur eux, en les aimant et les protégeant. Je les considère de la manière la plus juste, leur rends leur respect et leur confiance et me repose sur eux.

C’est ce que je fais depuis toujours et, la paix dominant les Abysses et l’homme ne s’intéressant plus à moi, j’ai également fermé les portes de mon palais obsidienne, me suis reclus dans sa pièce la plus reculée et m’y suis endormi. J’ai plongé dans un profond sommeil de plusieurs millénaires. Je n’ai pris part à aucun événement de l’Histoire divine, que ce soit la guerre opposant les Olympiens et les Titans, la guerre de Troie ou encore les douze travaux d’Héraclès, contrairement à Océan et Téthys, et je demeure neutre lorsqu’un conflit éclate entre des partis. Si j’ai eu vent de l’Histoire divine en dépit de mon sommeil, c’est parce que je me réveillais lorsque j’entendais ma sœur la Nuit et mon frère le Désir frapper aux portes de mon royaume, qui venaient de temps à autre me visiter et me contaient avec indifférence pour l’une et amusement pour l’autre ce qui animait les dieux. Ma sœur me donne régulièrement des nouvelles de notre frère et son époux les Ténèbres et nous permet de communiquer, car ni l’un ni l’autre ne sort en dehors de son royaume. Ce n’est point l’envie qui m’en manque, mais, puisque la croyance de l’homme n’alimente plus ma puissance à cause de son oubli me concernant, qui en dépend, je préfère dormir afin de garder mes forces. Il n’y avait pas d’obligation à ce que je demeure éveillé, car je savais que la paix abyssale durerait pour l’éternité et que celui qui a été fait roi des mers et des océans ne s’aventurerait jamais dans les Abysses sans mon accord, me respectait et n’oserait déclarer la guerre au monde chthonien. Ce dernier n’est pas belliqueux, mais gare à celui qui le sous-estimerait en raison de son immobilité apparente. Jamais le nouveau roi n’a franchi la ligne, jamais n’a-t-il traversé la frontière, jamais n’a-t-il défié ce qui existe depuis plus longtemps que lui. Il règne sur les mers et les océans et je n’interviens pas, mais il n’a aucun pouvoir sur la Sombre Mer tandis que ses sujets me reconnaissent en tant que Père de tous, s’inclinent devant moi et m’obéissent. Je les en remercie, ces êtres qui, à l’inverse de l’homme, ne m’ont pas oublié.

Dans mon sommeil, j’ai songé, pensé, réfléchi, raisonné, lorsque soudain, une voix m’en a tiré. Elle était à peine audible, un chuchotement, si faible, que je crus l’avoir rêvé, mais non, je l’avais bel et bien entendu, cette voix était réelle. Je n’entendais en revanche pas ses mots et, intrigué, j’ai tourné la tête avec lenteur, mon regard se rivant sur le plafond noir me surplombant. La voix continuait de se faire entendre et, en me concentrant dessus, j’ai enfin pu comprendre ce qu’elle énonçait. Mes yeux se sont écarquillés alors que l’eau peignait délicatement la surprise sur mon visage, n’y croyant pas. J’étais surpris et ne pouvais que l’être, car cette voix me priait. Elle me priait moi, le dieu Abysses, la divinité primordiale fils de Chaos et frère des Ténèbres, de la Nuit, de la Terre, du Tartare et du Désir. Personne ne se souvenait de moi, tout le monde m’avait oublié, mais la voix existait, me priait et me faisait exister à nouveau. Je sentais ma puissance d’antan me transcender. Sans doute que cette voix finirait par s’évanouir dans les Abysses et j’ai demeuré ainsi, assis sur la pierre noire à fixer le plafond et écouter la voix, qui fut remplacée par une autre, une autre et encore une autre. Pendant ce temps, les Abysses frémissaient, Leur noirceur ondulait et Leurs habitants murmuraient, et j’attendais que les voix disparaissent, mais elles ne le firent pas, se succédant. Elles étaient humaines, masculines, féminines, sans exception vibrantes de foi, et priaient tous les dieux de la mer. Il ne manquait aucun d’eux, elles n’oubliaient personne et s’attardaient le même temps sur chacun des souverains de l’eau. Il fallait que je remercie ces voix qui m’avaient réveillé, ravivé, fait renaître, et je me suis lentement ébranlé. Je me suis mu, les portes de mon palais s’ouvrant et les Abysses se déployant à mesure que j’avançais. Je devais en avoir le cœur net, connaître l’identité de ceux qui me priaient et leur offrir un présent en gage de mon éternelle reconnaissance. J’ai renversé la tête en arrière et me suis laissé porter à la surface de la mer, à la recherche des voix.


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Ω RENCONTRE Ω

« Les événements sont l’écume des choses. » Paul Valéry


Des mots se forment dans mon esprit et je suis petit à petit consciente, tirée de mon sommeil profond. Je ne dors plus complètement, je somnole, à demi-endormie, et m’oblige à battre des paupières, qui papillonnent. J’ouvre péniblement les yeux et un mur en pierres sèches claires, dans lequel il y a une fenêtre aux volets en bois fermés, entre dans mon champ de vision. Je suis allongée sur le côté gauche, les bras repliés sous la tête, mais sur l’oreiller, et, en apercevant la fenêtre, les dernières brumes du sommeil se dissipent et je me redresse aussitôt en position assise en faisant basculer mes jambes hors du lit, mes pieds nus sur le sol froid et mes lèvres s’étirant en un sourire. Je ne peux pas voir mes yeux, mais je sens qu’ils pétillent de joie et l’excitation m’envahit. Repoussant mon drap, je me lève rapidement et me précipite à la fenêtre, que j’ouvre avec vitesse dans des gestes ordonnés et précis, que je connais par cœur à force de les répéter tous les matins depuis plus de dix ans. Je tourne la poignée, tire le vantail vers moi, enlève le crochet fixé dans l’encadrement retenant le volet droit qui retient lui-même le volet gauche et appuie doucement, mais fermement, sur les battants, une paume sur chaque. Instantanément, les rayons du soleil pénètrent dans ma chambre et la mer apparaît face à moi, à seulement une cinquantaine de mètres. Cette vision enchanteresse, je la connais aussi par cœur, mais je ne m’en lasse pas et mon sourire s’élargit tandis que mes yeux brillent et que j’inspire fortement et longuement l’air marin sans quitter la mer du regard, revigorée. Il n’y a pas un nuage dans le ciel, la mer est très calme, presque lisse, et scintille sous le soleil, qui la réchauffe lentement en ce mois d’août. Il fait beau aujourd’hui, le temps est magnifique et c’est justement le temps idéal pour aller pêcher. Ça fait quelques semaines, depuis le début de l’été, que la pêche est rendue beaucoup plus facile par la saison et, bien que ce soit toujours le meilleur sentiment que d’aller pêcher malgré l’agitation de la mer le reste de l’année, c’est encore plus agréable en juillet et en août voire en juin déjà.

Comme tous les jours, nous pêcherons ce matin et ferons ensuite le tri entre ce que nous garderons et ce que nous vendrons sur le marché du village l’après-midi. J’ai autant hâte de pêcher que de me rendre au village et d’offrir aux autres nos plus belles prises du jour, pour lesquelles ils n’hésitent jamais à improviser des enchères bon enfant, même si tout le monde sait que la règle d’or est que le premier arrivé est le premier servi. C’est l’occasion de parler, de discuter et de souvent rire aux éclats, j’adore ces moments simples d’échange, et je songe aux poissons qui auront sûrement les faveurs de nos acheteurs. Le thon, la sole et la daurade sont particulièrement appréciés et peut-être que nous en aurons tout à l’heure… Ce n’est pas le moment de penser à ça, « chaque chose en son temps », dirait Papa, mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi, j’ai envie de pêcher et de vendre à la fois… Ce n’est pas faisable, alors il faut que je patiente pour l’un, puis pour l’autre et en profiter, mais, de toute manière, ce sera la même chose demain, après-demain et ainsi de suite. Rien que de me l’imaginer, mon cœur gonfle de bonheur et j’ai la sensation que je pourrais boire toute l’eau de la mer. Je suis en vacances depuis la mi-juin, les cours ne reprennent que début septembre et, quand j’ai cours, je ne peux pas accompagner Papa et Maman à la pêche et ça m’attriste énormément. Je ressens un manque, du vide, et, le week-end, je pars avec eux sans faute, afin de combler ce manque, même si ce n’est que pendant deux jours. C’est pourquoi mes vacances sont parfaites à mes yeux et je ne les changerai pour rien au monde et, déterminée, je donne un baiser à la mer, que je lui souffle, avant de me détourner d’elle pour gagner ma salle de bain. Je m’y prépare, me brosse les dents, me lave le visage et me mets de la crème solaire, et retourne dans ma chambre attraper une brassière gris foncé, un T-Shirt à manches longues bleu marine et ma combinaison de pêche, qui est orange, que j’enfile adroitement avant mes bottes en caoutchouc kaki.

Je l’ajuste sur moi, repars dans la salle de bain chercher ma brosse et me brosse négligemment les cheveux, avant de les attacher en un chignon serré sur le haut du crâne afin qu’ils ne me gênent pas en me volant devant les yeux lors de la pêche. Je m’assure que mon chignon tient en secouant vivement la tête, dépose ma brosse là où je l’ai prise et descends dans la cuisine. Il doit être aux alentours de cinq heures et, si c’est tôt, trop tôt pour la plupart des gens, c’est mon heure habituelle de début d’activité et Papa et Maman sont réveillés depuis plus longtemps que moi, au moins une heure. Ils sont certainement en train de rassembler le matériel et de préparer notre bon vieux Ribe, que nous avons depuis ma naissance, soit seize ans et bientôt dix-sept, mon anniversaire étant le 20 août, dans deux semaines, et je suis pressée qu’il arrive. Ribe a donc seize ans, mais continue de naviguer sans réel problème, parce qu’il en a eus, mais nous avons réussi à y faire face à chaque fois et les résoudre. Papa et Maman tiennent à lui et n’ont pas envie de s’en séparer, et moi non plus. C’est l’unique bateau que je connais, que j’ai dans ma vie et sur lequel je pêche, et je ne veux pas qu’ils l’abandonnent, ce qu’ils ne feront que lorsqu’il ne pourra définitivement plus prendre la mer, mais, d’ici à ce que ce soit le cas, nous avons du temps devant nous. J’aime Ribe, je ne me vois pas pêcher sans lui, sur un autre bateau que lui, et je sais que c’est la même chose pour Papa et Maman, mais que c’est plus facile pour eux, car ils ont eu deux bateaux avant lui, qui étaient plus petits. Ribe reste petit et on nous a déjà demandé pourquoi est-ce que nous n’achetons pas un bateau plus grand, mais nous n’en avons pas les moyens et Ribe nous suffit : il nous permet de pêcher de quoi subvenir à nos besoins et vendre sur le marché pour payer l’eau, la ligne téléphonique et les taxes, l’entretenir lui et le matériel de pêche et nous faire plaisir de temps à autre.


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Nous ne payons pas l’électricité en dehors de la ligne téléphonique parce que nous vivons à l’heure du soleil et que, en hiver, nous portons constamment des vêtements chauds, ce qui nous fait une charge en moins, et la maison nous appartient : elle a été construite par nos ancêtres, de leurs mains, et Maman en a hérité. En résumé, nous nous débrouillons avec la pêche et nous nous en sortons. Ce qui est amusant est que les membres de la famille de Maman n’étaient pas des pêcheurs à l’origine, mais ceux qui fabriquaient des paniers afin que les pêcheurs puissent mettre leurs prises dedans, d’où son nom de famille, Košar, qui signifie « panier » en croate. Les noms de famille croates et plus généralement slaves sont en rapport avec l’héritage, et Maman a hérité en plus de la maison de ce savoir-faire consistant à confectionner et vendre des paniers, mais cette famille d’artisans est devenue une famille d’artisans et de pêcheurs, qui savaient désormais faire des paniers et pêcher, et ils ont adopté un nouveau mode de vie. Ils l’ont transmis aux générations suivantes et il est parvenu jusque Maman, qui le chérit. J’en ai hérité à mon tour après avoir hérité du nom de Maman, car ils ne sont pas mariés avec Papa, pour une ou plusieurs raisons que j’ignore. Maman, ou Papa, ou les deux, auraient préféré que je porte le nom de Maman ? Pour que je puisse hériter de la maison le moment venu ? Mais, s’ils avaient été mariés, étant donné que la maison appartient à Maman, j’en aurais forcément hérité… Ce n’est pas pour l’héritage, mais alors pour quoi ? Sincèrement, je ne comprends pas pourquoi est-ce qu’ils ne se sont pas mariés, eux qui sont ensemble depuis leur adolescence et ne se sont jamais quittés, contrairement à beaucoup de couples. Ils s’aiment, j’en suis la preuve vivante, je suis la concrétisation de leur amour, mais ils n’ont jamais concrétisé cet amour dans le mariage et je trouve ça dommage, parce que le symbole est sublime et qu’il leur correspond, mais je me doute que ce n’est pas le plus important pour eux, que ce n’est qu’un bout de papier et que ça n’aurait été que pratique, mais, Papa ne possédant rien, ce n’était pas la peine de s’encombrer avec.

J’admets que je suis romantique, plus que mes parents, et que je rêve secrètement d’une relation semblable à la leur, mais je ne désespère pas, et je les ai questionnés un jour sur ce qu’ils pensent du fait de se marier. Papa a arboré un sourire doux et Maman a levé les yeux au ciel, mais je n’ai pas manqué son petit sourire. Je suis sûre que ça leur plairait et, pour l’anniversaire de leur rencontre, le 11 septembre, qui approche, je leur ferai une surprise en organisant avec le village une fête pareille qu’à un mariage. C’est en y songeant sérieusement que je me sers un verre de lait et me coupe un gros morceau de brioche en guise de petit-déjeuner, et je sors de la maison en buvant mon verre et croquant dans la brioche et la contourne en quelques pas en mâchant deux bouchées jusque notre cabane, où il y a tout notre équipement de pêche et qui peut abriter Ribe, elle est assez haute et large pour ça. Papa et Maman placent sur le chariot en bois et en fer ce que nous ne pouvons pas porter sur plus de cinquante mètres et aucun d’eux ne m’accorde d’attention en apparence, concentrés sur leur tâche, mais ils savent que je suis là et ça se confirme quand Maman sourit légèrement en déposant un des paniers sur le chariot :
-Bonjour Nada. Bien dormi ?
J’acquiesce en avalant une nouvelle bouchée et lui réponds avec gaieté :
-Salut, oui et toi ? Et toi, Papa ?
Maman relève la tête et ses boucles rousses suivent le mouvement tandis que ses yeux verts chaleureux croisent les miens :
-Ça va, merci.
Papa soupire, mais sourit, amusé :
-Oui, merci, mais c’est moi ou c’est plus lourd que la veille ?
-On vieillit ? L’interroge Maman en se tournant vers lui et le regardant avec malice.
Papa lui rend son regard en secouant la tête, d’autant plus amusé :
-Je ne vois pas ce qui te fait dire ça.
Je termine mon verre en quatre gorgées et ris en les entendant, et Papa m’invite à les rejoindre d’un signe de la main.
-Allez, petite sirène, viens aider tes vieux parents ou on y sera encore demain.
-J’arrive ! Je m’exclame, enthousiaste, et j’engloutis ce qui reste de mon bout de brioche avant de déposer le verre vide sur la table et de me saisir d’un panier à deux mains, que je mets sur le chariot, le calant à côté des autres.

En réalité, il n’y a plus grand-chose à charger et nous finissons de charger le chariot. Papa et Maman sont prêts, moi aussi, et nous nous répartissons les cannes à pêche, les filets, les appâts et les seaux, qui sont légers et que nous porterons cette fois. Mes parents ne sont pas si vieux, ils n’ont que cinquante-cinq ans et, même s’ils sont moins vigoureux qu’avant, ils sont jeunes à mes yeux et sont toujours capables de pêcher. Un jour, ils ne le pourront plus, mais je serai là pour eux, je pêcherai pour eux et je prendrai soin d’eux. Pour le moment, ils tirent le chariot sur le sable jusque la jetée en pierres de vingt-cinq mètres de long, à laquelle est amarré Ribe à quinze mètres de la plage, qui nous attend sagement. En cette saison, nous pouvons laisser Ribe à la mer, car il ne risque pas d’être emporté par elle et c’est mieux pour nous, parce que nous ne sommes pas obligés de le sortir et le ramener dans la cabane, ce que nous faisons en hiver, lorsque la mer a tendance à se déchaîner en dépit de nos prières. L’hiver est une saison difficile pour les petits pêcheurs tels que nous, car, parfois, ils ne peuvent pas prendre la mer durant plusieurs jours d’affilée et donc ni pêcher, ni vendre leurs poissons, ni se nourrir de leur pêche et, le poisson se mangeant frais, le jour même, ils ne peuvent pas le stocker et viennent rapidement à en manquer. Dans notre cas, nous pêchons davantage en été et en automne et nous mettons de côté afin de pouvoir acheter plus d’aliments pour compenser le manque de poissons, mais nos prières redoublent de force, parce que cette situation n’est pas viable sur le long-terme avec les économies qui s’amenuisent. Chaque jour, nous prions la mer, nous prions ses dieux, nous prions les divinités marines afin qu’ils soient de notre côté et que la pêche soit fructueuse, et c’est Papa qui m’a parlé pour la première fois des dieux au travers d’histoires quand j’étais petite. Il m’a initiée à la prière en me montrant ce que c’était et m’a proposé de prier avec lui pour que sa « prière soit plus forte et que les dieux l’entendent mieux ».


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Si c’était un jeu pour moi au départ, c’est devenu sérieux et je crois aux dieux et les prie sincèrement avec Papa. Maman n’est pas croyante, elle ne pense pas que les dieux existent, mais elle est tolérante et n’a jamais interféré dans la croyance de Papa ni la mienne, et écoute même les histoires de Papa avec intérêt, car, au-delà de la croyance, ce sont des histoires et elles sont passionnantes à suivre. J’ai grandi avec un parent croyant et l’autre non-croyant, et ai fait mon choix en mon âme et conscience et crois en les dieux. Étant croates, originaires d’un pays des Balkans, nous sommes sous influence grecque et directement touchés par le rayonnement de la Grèce depuis des siècles, imprégnés de sa culture. Mes ancêtres croyaient en les dieux grecs, en les divinités marines grecques, et avaient pour habitude de les prier tous les jours et de leur faire une offrande avant de prendre la mer et une autre en en revenant. Maman a rompu avec cette tradition, mais Papa non, et je l’ai reprise, et, tous les jours, je prie les dieux et leur fais deux offrandes, en espérant que la mer et la pêche soient bonnes. J’ai décidé de leur faire confiance et m’y tiens, et je sais que si la mer tempête, c’est qu’ils sont en colère et qu’on se doit d’apaiser leur courroux. Je ne pense pas que les dieux se mettent injustement en colère, c’est de notre faute s’ils le sont et il faut en avoir conscience, en prendre la responsabilité, l’assumer et y remédier, pour qu’ils se calment. Cet été, ils le sont et nous veillons avec Papa à ce qu’ils le restent et, près de Ribe, je grimpe sur le pont et y dépose mon attirail. Papa et Maman s’apprêtent à décharger le chariot et charger Ribe, lorsque la voix de Papa s’élève, m’adressant posément la parole :
-Le poisson est sur une étagère. Tu peux le prendre et le leur donner.
-J’y vais, je hoche la tête en lui souriant et saute de Ribe, atterrissant sur la jetée, avant de courir jusque la cabane.

Je parcours les soixante-cinq mètres en quelques minutes et, sous le toit de la cabane, passe en revue chaque étagère, jusqu’à repérer celle où trône le poisson, sec. Je m’arrête devant et le regarde avec fierté, et le prends dans mes mains nues avant de refaire plus tranquillement le chemin inverse, marchant en direction de la jetée sans lâcher le poisson des yeux. C’est une splendide daurade royale pêchée la veille, de soixante-dix centimètres pour six kilos, ce qui est rare, et j’espère qu’elle plaira aux dieux, c’est mon plus grand souhait. Une fois mes bottes dans l’eau, je m’immobilise, le dos droit et la tête redressée, et fixe la mer, le visage fermé. Je la prie silencieusement de rester clémente avec nous, m’accroupis et regarde le poisson, puis la mer, avant de murmurer :
-Votre Majesté Poséidon, je Vous remercie de nous laisser naviguer et l’accès à Vos trésors. Votre Altesse Triton, je Vous remercie de nous faire savoir quand il faut prendre la mer ou non. Vos Altesses Benthésicymé et Rhodé, je Vous remercie pour Votre clémence. Pontos, Nérée, Thaumas, Phorcys et Protée, et Céto et Eurybie, Anciens et Anciennes de la mer, je Vous remercie de veiller sur nous. Abysses, Divinité Primordiale, Gardien des profondeurs, je vous remercie de nous protéger.

Sur ce, je glisse avec délicatesse le poisson dans l’eau et ne le lâche pas tout de suite, le gardant dans mes mains pendant une minute ou deux, les yeux clos. J’ouvre enfin les yeux et les doigts et, au lieu de remonter à la surface et de flotter, le poisson reste sous l’eau et les retraits de la mer l’entraînent au fur et à mesure que je le suis des yeux. Les dieux ont dû entendre ma prière. J’ai conscience que nous devrions leur offrir davantage, un cadeau chacun, mais nous ne pouvons pas le faire et Papa m’a toujours affirmé que si nous leur offrons en fonction de ce que nous pouvons, ça leur convient et c’est apparemment le cas, ils ne sont pas offensés par nos offrandes et ça me touche. Je ne veux pas que les dieux soient en colère après nous… J’aimerais qu’ils soient avec nous et non contre nous, et pas uniquement afin que nous puissions vivre. Je ne veux ennuyer personne. Je me relève et rejoins Papa et Maman, qui sont sur Ribe et m’ont observée, ce que je devine même si je ne l’ai pas senti plus tôt. Papa a sûrement prié les dieux de son côté et je cours jusqu’à eux, avant de monter énergiquement sur Ribe.
-C’est bon, on peut y aller ! Je leur précise en souriant largement. J’espère que notre daurade leur plaira… J’ajoute en baissant d’un ton, songeuse.
-C’était notre plus belle prise de la veille, alors je suis sûr que oui, me réplique Papa et je le regarde en acquiesçant, rassurée.
Il a raison, cette daurade était sublime, nous leur avons donné ce que nous avions de meilleur.
-À la mer, sourit Maman.
-À la mer, renchérit Papa.
-À la mer, je conclus, des étoiles plein les yeux.


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La pêche a été excellente ! Nous avons obtenu une dizaine de daurades qui rivalisent de beauté et la mer est restée lisse durant notre tour sur l’eau. Nous ne pouvions pas espérer mieux et c’est avec un immense sourire me faisant trois fois le tour de la figure que je rentre avec Papa et Maman, qui ont aussi le sourire aux lèvres. Il est aux environs de dix heures, ce qui signifie que nous avons deux ou trois heures devant nous pour ranger notre matériel, trier les poissons et déjeuner, avant de nous installer sur le marché. Nous avons fait du très bon travail et, heureuse, dès que Ribe est amarré, je saute du pont sur la jetée et crie :
-Je vais chercher le chariot !
Ils ne me répondent rien, mais je sens leurs regards bienveillants sur moi et Maman dit quelque chose à Papa, mais que je ne peux pas entendre, étant déjà loin. Je cours jusque la cabane, dans laquelle je récupère le chariot vide, que je pousse jusque Ribe, et l’arrête à côté de lui. J’aide Papa et Maman à décharger Ribe en faisant extrêmement attention aux paniers garnis, et ils prennent le relais et ramènent le chariot dans la cabane alors que je reste au bord de la mer. Comblée et émue, je souris à l’étendue d’eau salée :
-Merci… Je murmure et, soudain, un coup de vent défait mon chignon et fait voler mes longues mèches rousses dans mon dos comme en réponse.

J’en remets une derrière mon oreille et m’apprête à me détourner de l’eau, quand je crois apercevoir quelque chose dans la mer. Je n’en suis pas sûre et certaine, mais j’ai l’impression qu’il y a quelque chose dans l’eau et je plisse les yeux dans un réflexe afin de me focaliser dessus, intriguée. Plus je le scrute, plus je me rends compte que c’est une ombre, l’eau étant foncée à cet endroit, et, si c’est une ombre, c’est l’ombre de quelque chose, donc il y a bien quelque chose dans l’eau, mais quoi ? Qu’est-ce que ça peut être ? Et si ce n’était pas quelque chose, mais quelqu’un ? Non, personne ne se baigne devant chez nous, alors c’est quelque chose. Je ne parviens pas à le distinguer et fronce les sourcils, voyant qu’il y a effectivement une ombre, mais sans pouvoir discerner sa forme, et j’avance instinctivement d’un pas, lorsque des bulles remontent à la surface. Des bulles ? Ce doit être quelqu’un, il n’y a plus aucun doute possible et je m’avance encore, prête à me jeter dans la mer pour secourir la personne qui est visiblement en train de se noyer ou de faire de l’apnée et, si elle fait de l’apnée, je m’excuserai pour l’avoir dérangée dans son activité, mais je préfère infiniment ça plutôt que de ne pas m’assurer qu’elle n’est pas en train de se noyer. Je m’avance toujours avec rapidité et détermination, l’eau m’arrivant à mi-cuisses, quand une tête sort de la mer et mes yeux s’écarquillent et ma bouche s’entrouvre tandis que le soulagement m’inonde. La personne ne se noyait pas, elle n’était pas en danger, mais je suis étonnée que quelqu’un se baigne près de chez nous, et je n’ai pas le temps de réagir, que mes yeux s’agrandissent alors que la tête se rapproche sensiblement de moi en s’élevant, son corps fendant la surface avec lenteur. Je ne vois son corps que dans ma vision périphérique, mon regard rivé dans celui de l’homme qui se dresse face à moi, interdite. Il a des yeux…

Ses yeux sont bleus ou verts, mais je suis incapable de le déterminer tant la couleur est sombre, presque identique au noir des pupilles, et ils semblent profonds, deux puits sans fond, qui m’attirent. J’ai la sensation de tomber dedans, d’y plonger, de m’y perdre, dans une mer ou une forêt noires, mais qui ne me font pas peur. Je ne me sens ni étouffée, ni angoissée, ni oppressée, ni capturée, mais étrangement bien. Je n’ai pas envie de lutter contre ce magnétisme, de regagner la surface, de m’en soustraire. Au contraire, je veux qu’il continue d’agir sur moi, de me faire de l’effet, de m’attirer davantage, et cette profondeur, cette noirceur, cette sérénité me captivent, me fascinent, m’hypnotisent. Je suis entièrement happée par ces yeux, mais je reviens brusquement à la réalité lorsqu’une voix retentit, une voix grave, caverneuse, dans laquelle je perçois des échos, et qui me fait frissonner de la racine des cheveux jusque la plante des pieds, mais pas de peur, ni d’intimidation, ni de crainte : de bien-être.
-Nada.


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Je dois me faire violence afin de détacher mon regard de ces yeux qui me font perdre pied et suis choquée par ce que j’ai entendu : mon prénom. Cet homme connaît mon prénom. Comment ? Je ne l’ai jamais vu auparavant, c’est un inconnu, mais il connaît mon prénom. Et la manière dont il l’a prononcé prouve qu’il me connaît au-delà de ça. Je ne comprends pas. Comment peut-il me connaître alors que nous ne nous sommes jamais vus ni parlé jusqu’à présent ? Qui est-il ? Mes yeux agrandis le parcourent, remarquant que sa peau est blanche, son visage et son corps sculptés, ses traits marqués, ses cheveux châtain foncé et ses pieds nus. Il est vêtu d’un T-Shirt noir et d’un short noir. Cet homme est trempé, l’eau ruisselle sur lui, les gouttes le parant, puisqu’il était sous l’eau, mais il est dessus maintenant. Il est sur l’eau, il se tient debout sur l’eau comme si elle était le sol, comme si elle était solide, comme si elle le soutenait. Il est debout sur l’eau… Qu’est-ce qui se passe ? Je dois rêver, je suis en plein rêve, c’est impossible autrement, parce qu’un homme qui peut tenir debout sur l’eau et marcher dessus n’existe pas, à moins que ce ne soit pas un homme… Mes yeux s’écarquillent sous le choc. Se pourrait-il qu’il soit… Non. Non… Je redresse la tête pour voir son visage, car il est plus grand que moi et plus encore tandis qu’il est sur l’eau et moi dedans, l’eau au-dessus des genoux, et le fixe, n’en croyant pas mes yeux. Je suis stupéfaite, paralysée, statufiée. C’est… Je n’ai pas les mots, je n’ai plus de pensée, je ne réfléchis plus alors que je suis subjuguée par cette vision, celle d’un être au regard intense, qui me rend mon regard. Il est plus âgé que moi, mais le paraît davantage, sa posture inébranlable donnant l’impression qu’il a traversé des années, des siècles, sans ciller. Je le situe dans la trentaine en apparence et il est d’une telle beauté… Il est beau, si beau avec son air sérieux et impénétrable, sombre…

Immobile, il me regarde dans les yeux et je cligne des miens à plusieurs reprises afin de vérifier que je ne suis pas dans un rêve, mais je ne rêve pas, je suis dans la réalité, ce que je vois est réel et je continue de le fixer avec des yeux écarquillés. J’ignore combien de temps s’écoule et je n’en ai cure, seulement concentrée sur lui et, plus le temps passe et plus je sens une douce chaleur dans mon ventre, qui se diffuse lentement dans tout mon corps sous son regard. Mon cœur bat un peu plus vite, ses battements s’accélèrent et la chaleur s’accentue tandis que mon ventre se contracte. J’ai envie de m’approcher de lui, de lui parler, de le toucher… J’ai chaud, la chaleur me monte à la tête et mes joues chauffent délicatement quand je prends conscience de ce que je suis en train de penser. Je n’ai jamais touché personne, ce serait la première fois, mais, si je n’ai rien fait, ça n’implique pas que je n’aie jamais éprouvé de désir pour qui que ce soit et j’en ai déjà éprouvé. Je sais le reconnaître et c’est ce qu’il m’inspire, du désir, de la curiosité, de l’envie. Mais ce n’est pas un homme, je le pressens, et mon cœur se serre, j’ai un poids sur la poitrine et un étau invisible autour de la gorge. Il va partir… Il s’est montré pour une raison que j’ignore pour le moment, mais, lorsqu’il aura dit ou fait ce qu’il avait à dire ou faire, il s’en ira, il retournera dans la mer et je ne le reverrai plus jamais. Je prends la parole et le questionne d’une voix faible, mais sans trembler :
-… Êtes-vous une divinité de la mer ?
Je cligne des yeux et il est à présent à quatre ou cinq mètres devant moi, et la chaleur dans mon corps augmente.
De là où il est, il doit voir mon rougissement et j’en suis terriblement gênée, mais je suis plus confuse qu’embarrassée et mon envie de comprendre est plus forte que tout, surpassant mon sentiment de gêne. De près, il est encore plus beau et j’aimerais qu’il se rapproche encore… J’aimerais… Des images de son corps collé au mien, de ses mains sur mes hanches et de ses lèvres sur les miennes défilent dans mon esprit et je ravale mon souffle, mais je ne détourne pas le regard, jamais, attendant qu’il me réponde avec appréhension. Après un nouveau temps indéterminé pendant lequel nous ne nous quittons pas des yeux, il le fait enfin et sa voix me fait frémir :
-Oui, Nada.
Oui. Il m’a répondu oui. Il est une divinité marine. Il est un dieu. Je fais face à un dieu. Comment ? Pourquoi ? Pourquoi moi ? C’est pour ça qu’il connaît mon prénom. En tant que dieu, il doit être omniscient et connaître tous ceux proches de la mer. Peut-être qu’il connaît Papa et Maman. Je reste pétrifiée alors qu’il fait deux pas dans ma direction, deux ou trois mètres nous séparant. Subitement, ses pieds s’enfoncent dans l’eau et il est debout devant moi, à ma hauteur. Il reprend paisiblement la parole :
-Je suis Abysses. Je suis venu de mes profondeurs te remercier en personne de ne pas m’avoir oublié.

Abysses ? La divinité primordiale grecque des Abysses, née du Chaos ? Un des premiers êtres de ce monde ? Notre protecteur ? Mes yeux s’agrandissent davantage si c’est possible et les battements de mon cœur sont effrénés tandis que mon corps se raidit. Est-ce que c’est vrai ? Comment est-ce que je peux le croire ? Il était sur l’eau et a marché dessus et aucun homme ne peut faire ça. Pourquoi est-ce que, dans mon cœur, je ne doute pas ? Pourquoi est-ce que je le crois sur parole ? Pourquoi est-ce que je ressens que je suis face à quelque chose qui me dépasse ? C’est lui, c’est Abysses, et je retrouve l’usage de mon corps et plaque une main sur ma poitrine, au niveau de mon cœur :
-Je vous en prie, ne me remerciez pas ! Je m’écrie en faisant un pas vers lui.
Me rendant compte de la familiarité avec laquelle je m’adresse à un dieu et qui plus est une divinité primordiale, je rougis violemment et m’arrête, mais je ne baisse pas la tête. Cependant, je suis désolée et m’excuse :
-Non, ce n’était pas ce que je voulais dire… Je suis vraiment désolée, c’est juste que vous n’avez pas besoin de me remercier, il est normal que je pense à vous comme à tous les autres dieux de la mer.
Abysses ne réplique rien durant quelques secondes, se contentant de me scruter, et s’explique :
-… Ta famille et toi vous souvenez de moi alors que le monde m’a oublié. En remerciement, prononce mon nom et les Abysses vous viendront en aide.
À peine a-t-il terminé de s’exprimer, qu’il se détourne et j’ai le réflexe de réduire la distance entre nous et d’attraper une de ses mains dans la mienne. Abysses tourne la tête et me regarde, et je le regarde à mon tour dans les yeux, lui demandant silencieusement de ne pas s’en aller. Qui est-il réellement ? Que sont les abysses ? À quoi ressemblent-ils ? J’aimerais en savoir plus, j’aimerais apprendre à le connaître, j’aimerais… Qu’il reste. Sauf que je suis une humaine et il est un dieu, et je n’ai strictement rien à lui demander. Les humains ne demandent pas, ils prient et les dieux exaucent leurs prières ou les ignorent. Je le prie intérieurement de rester, je ne veux pas que le feu qui m’étreint s’éteigne et rien que ce contact est cuisant. J’aimerais qu’il me brûle, qu’il m’embrase, qu’il me consume entièrement.
-Est-ce que… Est-ce que vous pourriez rester ?


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J’ai demandé. Moi, Nada, une humaine, j’ai osé demander à Abysses, la divinité primordiale, de rester. J’ai envie de me gifler pour ça. Qui suis-je ? Je ne suis rien et ai l’audace, l’aplomb, le cran, ou plutôt l’effronterie, l’impertinence et la témérité de demander à un dieu de rester. Il n’a pas plus de temps à m’accorder. Le fait qu’il s’est manifesté relève déjà du miracle. Sûrement prendra-t-il mon impulsivité pour de l’orgueil, mais elle n’en est pas, je ne suis pas orgueilleuse. Je suis bien des choses, insolente, entreprenante ou stupide, mais je ne suis pas orgueilleuse, et songer une seconde qu’il puisse le prendre pour de l’orgueil fait se nouer ma gorge au point où j’en souffre. Sûrement me punira-t-il pour mon comportement, mais sa punition ne sera jamais plus douloureuse que de m’imaginer l’avoir offensé. Malgré tout, je résiste et Abysses ne bouge pas, me regardant dans les yeux, avant que les siens ne se baissent sur ma main tenant la sienne. De mon côté, je le regarde avec espoir. Nada. « Espérance. » J’espère, je suis pleine d’espoir et, sans espoir, je suis moins que rien, et j’espère qu’il restera. Quand la main d’Abysses presse la mienne. Les battements de mon cœur ralentissent, je soupire de soulagement et souris, ravie : il reste.


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Ω NAISSANCE Ω

« L’avenir est la parcelle la plus sensible de l’instant. » Paul Valéry


Nada. Quatre lettres composent ce prénom qui a pour l’éternité bouleversé mon cœur, mon être, les Abysses. Nada était la nouvelle source de lumière de la Sombre Mer. Je voulais monter à la surface et voir la terre et les êtres à qui appartenaient ces voix, voir qui me priait, voir qui songeait à moi, ne m’avait pas oublié, et j’atteignis le ciel de la mer en compagnie de Pérasma et Katófli. Les deux murènes m’y emmenèrent tranquillement avec déférence, consciencieuses et étonnées. Elles ne me posèrent aucune question, mais je devinais qu’elles se demandaient pourquoi est-ce qu’après tant d’années de sommeil dans mon palais au fin fond des Abysses, je décidai d’en sortir et gagner la surface, ce qu’elles comprendraient rapidement. Une fois sous la surface, la moitié de ma tête creva l’eau, qui m’arriva en dessous des yeux, et je regardai autour de moi en tournant lentement sur moi-même alors que les rayons du soleil tombaient à présent sur mon visage et que l’air le caressait, doux. Sentir ainsi le soleil et l’air sur ma peau me plut énormément, la sensation étant des plus agréables, sensation que je n’avais pas éprouvée depuis des millénaires. J’avais pu l’oublier, mais je m’en souvins au travers de mon corps qui s’en souvint à cet instant précis, se rappelant ce qu’était qu’être exposé à ces deux éléments dont sont dépourvus les Abysses. Mon manteau d’eau et de nuit me couvre en permanence, mais je l’enlève à chaque fois que je quitte les Abysses, le faisant glisser le long de mon corps, et je me remémorai cette sensation qui me paraissait nouvelle tant elle était plaisante, mais que j’avais déjà vécue il y avait si longtemps. Je me réchauffais peu à peu, avais le sentiment de revenir à la vie, de renaître. Pérasma et Katófli devaient percevoir le changement dans mon corps, et Katófli me murmura qu’elle était heureuse de me revoir tandis que Pérasma me chuchotait les dernières rumeurs se répandant dans le monde marin. Attendri, je les écoutai attentivement, recueillant les nouvelles.

Soudain, j’aperçus un bateau de pêche un peu plus loin et, passant une main légère sur leurs dos, je leur indiquai silencieusement de m’amener auprès du bateau, ce qu’elles firent avec lenteur, élégance et grâce. Elles s’approchèrent et je scrutai le bateau, pensif. Il était bien différent de ce que j’avais connu plus de deux millénaires auparavant, cette invention, création et construction de l’homme ayant évolué à son image. J’étais admiratif devant celle-ci, que j’observais afin de comprendre sa manière de fonctionner, lorsque j’entendis des voix mêlées aux bruits du bateau et de la mer s’élever depuis le bateau ; les voix que je cherchais ; les deux qui me priaient. C’était elles à n’en point douter, c’était celles-ci et, passant de nouveau une main sur le dos des murènes, je leur indiquai cette fois de contourner le bateau et elles commencèrent à en faire le tour. On ne pouvait pas nous repérer depuis le bateau, mais nous voyions tout de là où nous nous trouvions et entrèrent dans mon champ de vision trois êtres humains, deux femmes et un homme, mais ce fut la plus jeune qui aussitôt attira mon attention. Elle me fit oublier ce qu’il y avait autour de moi, Pérasma et Katófli, la mer, le monde ; elle me fit m’oublier ; elle me fit tout oublier sauf elle. En l’espace de plusieurs longues secondes, je n’eus d’yeux que pour cet être à une dizaine de mètres de moi, sur un bateau, au sourire à l’éclat d’éternité. Son sourire était exceptionnel, un sourire rare, rayonnant, aussi brillant que le soleil, un sourire qui pouvait aisément percer le noir des Abysses. Ce sourire, on veut le revoir, le contempler, le chérir, le protéger, le provoquer. À ce sourire, on donne le monde, on se donne soi, on donne l’univers. Pour ce sourire, de pur bonheur, de gaieté, de passion, le cœur s’arrête de battre et les yeux ne le quittent plus. Subitement, il disparut, plongeant le monde dans le gris, le terne, sans couleur, sans goût, sans saveur.

Le monde était devenu insipide, morne et triste, et je fis un mouvement vers l’avant dans le but de le faire réapparaître, afin qu’il illuminât à nouveau le ciel, l’air et la mer, et il réapparut comme si ma prière avait été entendue. Elle avait cessé de sourire, car elle était concentrée sur ses gestes, et son visage fermé n’en était pas moins beau que lorsqu’il était éclairé par son sourire. Ce fut la première fois que je vis Nada ; la première fois qu’un autre être faisait battre plus vite mon cœur, plus fort, d’une force qui pulsait dans ma poitrine et mes tempes ; la première fois que j’étais conscient de la moindre parcelle de mon enveloppe charnelle ; la première fois que je ressentais de la chaleur, comme si ce sourire avait le pouvoir non seulement d’éclairer, mais de réchauffer ; la première fois que je brûlais. Dans les Abysses, je ne ressens rien et c’est en en sortant que j’éprouve le changement de température entre Eux et la mer, celle dans les Abysses étant en réalité glaciale et l’eau de la mer tiède. Elle me semblait même chaude lorsque je remontais à la surface. Pour la première fois, le vide froid se transforma en étoile de chaleur, dont les branches s’étendaient dans mes membres. Je revivais hors des Abysses, de l’oubli, du néant ; Nada m’a fait revivre grâce à son existence ; son existence ravivait la mienne. Elle était si belle avec ses cheveux attachés, le vent faisant virevolter ses petites et fines mèches de feu flamboyant sous le soleil, avec le ciel de ses yeux et sa peau de marbre. Son nez légèrement retroussé, ses lèvres rosées et ses fossettes lorsqu’elle souriait harmonisaient ses traits arrondis. Je n’avais jamais vu plus bel être avant elle. Je ne bougeais pas, immobile dans l’eau alors que Pérasma et Katófli m’attendaient patiemment non sans détailler Nada du regard, intriguées, et je regardai Nada et ses parents pêcher.


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Ils faisaient partie de ceux qui respectaient profondément ce qui leur était offert, la terre, la mer et leurs trésors, et pêchaient ce dont ils avaient besoin, ni plus ni moins. Ils ne pratiquaient pas la pêche gourmande, celle qui consiste à pêcher le plus de poissons possible pour des raisons cupides en laissant derrière soi une mer agonisante : ils lui étaient reconnaissants, humbles. Ils vivaient de la mer, elle était leurs poumons, ils mourraient sans elle et la remerciaient chaque jour de les faire vivre et traitaient remarquablement bien les êtres marins. Ils s’assuraient que ces poissons qu’ils pêchaient ne souffrissent pas et en préparaient deux, les plus gros, les plus beaux, les plus nobles pour nous autres dieux de la mer, et les autres pour les êtres humains, de la meilleure manière. Ils pêchaient du mieux que leurs mains d’êtres humains le leur permettaient et ceci était admirable, et j’admirais leur droiture et leur dignité, leur capacité à respecter sans s’écraser, à agir sans offenser, à ne pas s’oublier sans s’enorgueillir. Ils étaient capables de considérer leur nature humaine et celle de tous les êtres vivants terrestres et marins, avec honnêteté, sincérité et authenticité. Ils étaient d’une sublime pureté. Je n’avais jamais croisé le chemin d’êtres tels qu’eux et Nada était le plus extraordinaire d’entre eux, mais je ne la rencontrai pas tout de suite. Je continuais de les observer pêcher ce matin-là, attentifs, disciplinés et rigoureux, absorbés par leur tâche, jusqu’à ce qu’ils aient estimé qu’ils en avaient assez et qu’il était temps de rentrer. Les trois sourires que je vis à cet instant-là, les visages rougis par l’effort et les perles d’eau ceignant leurs fronts, mais surtout ce bonheur dans leurs yeux me parvinrent et je sentis mes commissures se redresser, comme si leurs lèvres aimantaient les miennes.

Les regards surpris, interrogateurs et curieux de Pérasma et Katófli m’effleuraient, mais elles ne disaient rien et, lorsque Nada et ses parents retournèrent chez eux, je les suivis sous l’eau, les murènes frôlant mes flancs et mes jambes en me guidant derrière eux. Je les regardais toujours décharger leur bateau, avant que les deux parents ne se soient éloignés avec un chariot sur lequel il y avait les paniers remplis de poissons, mais Nada ne leur emboîta pas le pas. Elle demeura près de la mer, qu’elle contemplait et remercia dans un murmure et, durant une seconde, j’eus la nette impression qu’elle me voyait, mais ce n’était pas le cas, en témoigna sa réaction lorsque je me montrai finalement à elle. Je sortis de l’eau les paumes vers le ciel tandis que cette dernière se mouvait avec délicatesse autour de moi, se creusant afin de me céder le passage, puis elle se reforma et se concentra sous moi de telle manière que mes pieds pussent se poser sur elle. Mes yeux étaient dans ceux de Nada et elle était transparente, aussi transparente que l’eau de la mer. Je lisais de la surprise, un choc, de l’incompréhension dans son regard, et une autre chose que je ne parvenais pas à déchiffrer, et je l’appelai. J’entendis pour la première fois le son de ma propre voix depuis des millénaires et cela me fit imperceptiblement frissonner, n’y étant plus habitué. Avec mes sujets, les habitants marins et mes frères et sœurs, je leur parle par l’esprit, ne prononçant pas les mots à haute voix, mais dans leurs têtes, alors que là, je m’adressai à Nada en prenant la parole. Ma voix est grave et les Abysses s’y expriment en des milliards de chuchotis, des échos. Nada m’interrogea sur ma nature et je ne lui mentis pas, je ne lui cachai pas qui j’étais et les remerciai, elle et sa famille, pour se souvenir de moi, pour me renforcer, et Nada avait parlé avec un naturel qui m’avait pris par surprise.

Son ton avait été à la fois bas, impressionné et sûr, et n’était en rien empreint de prétention, d’arrogance ni d’orgueil, uniquement respectueux. Je sentais sa confusion, son embarras, sa chaleur, tandis que je me rapprochais d’elle et me mettais à sa hauteur. Elle éprouvait de la chaleur. Était-ce la même que la mienne ? Pourquoi espérais-je que ce soit la même ? Je ne pouvais pas le savoir sans la questionner et il me suffisait de le faire, mais ce n’était pas mon rôle. Je me montrais, ce que je ne faisais jamais, je voulais la remercier et l’avais fait, et il était donc temps de repartir dans mon royaume. Étrangement, mon cœur me paraissait se recroqueviller dans ma poitrine. Je voulais repartir, mais je ne voulais pas quitter Nada, les perdre de vue elle et son sourire, qui aurait adouci les Abysses, mais c’était tout ce que je pouvais faire. Et j’allais le faire, j’y étais prêt, le cœur serré, mais Nada fit une chose inconcevable : elle saisit ma main. Instantanément, le cœur des Abysses en frémit et les battements du mien s’accélérèrent. La chaleur dans mon organe explosa. À présent que je la touchais, que je la tenais, je ne pouvais plus la lâcher. Nada avait bravé le monde afin d’attraper ma main ; elle avait bravé son statut d’être humain ; elle n’avait pas hésité une fraction de seconde. J’avais beau être une divinité primordiale, j’étais un être aux yeux de Nada et c’était parce qu’elle avait vu mon être avant ma nature qu’elle m’avait attrapé. En attrapant ma main, elle attrapa mon cœur, qu’elle entoura délicatement de ses doigts comme pour ne pas l’effrayer. Et je restais. À cet instant, dès qu’elle comprit que je ne repartirai pas, son sourire se logea de nouveau sur ses lèvres et, hypnotisé, je ne pouvais que lever une main et la poser sur une de ses joues, avant de redessiner de la pulpe de mon pouce son sourire, passant sur ses lèvres en des gestes lents et percevant le souffle de Nada sur ma peau. Une main de Nada se posa à son tour sur le dos de la mienne et appuya dessus, et la chaleur prit forme dans mon ventre.


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Eparm12

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☼ Percy Jackson ☼ Milàn Košar II

Message par Eparm12 »

Je voulais l’approcher davantage, la prendre dans mes bras, me fondre en elle, mais je ne bougeais pas, pilier de la mer. Ce fut Nada qui m’entraîna : elle se mit à marcher dans l’eau et je marchais sans en avoir conscience à côté d’elle, ma main dans la sienne la serrant tendrement, alors que mes yeux fixaient son visage. Elle reprit la parole, se présenta, présenta ensuite ses parents, Ribe et l’endroit où elle vivait, avant de me demander si je pouvais le faire après elle. Je me présentai sobrement à mon tour, présentai les Abysses et mes sujets, Nada m’écoutant avec fascination, jusqu’à ce qu’elle se rappelât qu’elle devait seconder ses parents. Elle me demanda si je reviendrai le lendemain. Je lui promis que oui. Elle sourit. Nada se détourna et partit, mais je vis la souffrance que cela lui causait de seulement détacher sa main de la mienne, comme si la sienne avait été faite pour accueillir la mienne. Les deux s’imbriquaient parfaitement et s’étaient trouvées, enfin. Elle ne voulait pas partir, elle ne voulait pas que je parte et je ne voulais pas la quitter, mais Nada estimait que son devoir envers ses parents passait avant tout, ce qui était honorable. Je respectais sa volonté et relâchai sa main, mais Nada me fit promettre une seconde fois que je reviendrai. Le lendemain, je revins à la même heure, au même endroit, et Nada était là, ses mains sur son cœur, palpitante, patiente, m’attendant, et mon propre cœur battait de manière assourdissante. Nous restâmes ensemble exactement le même temps que la veille et je lui parlais de ma demeure, lui contais une histoire des Abysses et l’interrogeais sur elle, sur ce qu’elle aimait, sur la pêche. Cela a recommencé le lendemain encore, le surlendemain et ainsi de suite, et je lui contais une histoire et en découvrais un peu plus sur elle tous les jours, à la même heure au même endroit pour le même temps.

Parfois, je sentais les regards des petits curieux marins qui s’attardaient près du bord et nous observaient et, dès que je tournais la tête vers eux, ils fuyaient ou me rendaient mon regard, penauds, mais je leur adressais un doux signe de la main afin qu’ils cessassent d’épier leur souverain ancien. Les plus téméraires d’entre eux revenaient, irrépressiblement poussés par leur curiosité inassouvie et, de retour dans l’eau, je les réprimandais, avant de sourire légèrement, ce qui les soulageait et ils me promettaient de ne pas recommencer et ne recommençaient pas, soucieux de me plaire. Lorsque je retournais dans les Abysses, moi qui percevais les murmures des ténèbres marines, elles se taisaient en me sentant, car elles oubliaient que je pouvais les entendre même depuis la terre, mais cela m’amusait et je pressentais que les Abysses revivaient en même temps que moi. Mon royaume n’avait jamais été aussi frétillant depuis que je sortais chaque jour à heure fixe retrouver Nada. Nada n’en avait pas parlé à ses parents et me rejoignait, et nous discutions en marchant le long de la mer jusqu’à ce qu’elle dût s’en aller. À partir de septembre, je la voyais le soir, mais, un samedi de novembre, elle fit le choix de ne pas pêcher avec ses parents. Elle resta avec moi et je m’apprêtais à lui conter une nouvelle histoire des Abysses, lorsque Nada entoura ma nuque de ses bras et son corps se pressa contre le mien. Instinctivement, mes mains se posèrent sur ses hanches et Nada me regarda dans les yeux, les siens brillant et les joues rougies, avant qu’elle ne m’ait murmuré si je pouvais l’embrasser. Je la regardais, magnétisé, et me penchai et mes lèvres se pressèrent sur les siennes. Je fermai les yeux afin d’éprouver au mieux ce contact que je n’avais pas éprouvé depuis des millénaires, mais qui était différent de ce que j’avais expérimenté jusqu’alors.

J’ouvris avec délicatesse sa bouche de la mienne, caressant ses lèvres de ma langue et sa jumelle, et embrassai Nada jusqu’à ne plus avoir de souffle, jusqu’à être hors d’haleine, jusqu’à ce que les lèvres de Nada fussent rouges. Je lui fis passionnément l’amour sur le sable, avec l’eau qui effleurait nos jambes, aimant Nada, son corps, son être. Je touchais, caressais, embrassais chaque parcelle de ce corps qui m’enivrait, et le possédais avec adoration. J’ignorais comment j’avais pu ne pas le faire avant tandis que cela relevait du besoin. J’avais besoin d’exprimer ce qui me consumait de l’intérieur depuis que je l’avais rencontrée il y avait un peu plus de trois mois, et cet instant où Nada a joui sous moi était la plus belle chose que j’avais jamais vue. Elle était sublime dans son état de jouissance et je ne pouvais que la vénérer et lui vouer un culte, cultiver cet apogée. Lorsque le plaisir éphémère se fut évaporé, Nada se blottit contre moi, dans mes bras, le corps nu perlé de sueur, de sable et de sel, et me regarda dans les yeux.
-Je t’aime…
Elle m’aimait. C’était donc cela. Ce sentiment qui la portait, ce sentiment qui l’avait poussée à me retenir, ce sentiment qui luisait dans ses yeux. C’était le même qui me poussait moi-même à rester auprès d’elle, à lui parler, à la toucher, à la vouloir de toutes les manières possibles en ce monde. Je ressentais la même chose, j’aimais Nada, j’étais amoureux d’elle, de sa personne, de son corps, de son être, et je voulais rester avec elle pour toujours, prendre soin d’elle et la protéger. C’est pourquoi je pris sa main dans la mienne, en baisai le dos, me levai et Nada se leva à ma suite et me suivit lorsque j’avançai vers la mer. J’entrai dans l’eau sans cesser d’avancer en tenant la main de Nada dans la mienne et, une fois l’eau au niveau des épaules, je me retournai vers elle et pris son autre main dans la mienne libre. Je les serrai dans les miennes et, mon regard dans celui de Nada, me glissai sous l’eau avec lenteur et Nada, ses yeux accrochés aux miens, fit de même en pressant mes mains.


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Elle me faisait confiance, mais avait de l’appréhension, qui s’envola lorsque l’eau l’entoura et, entièrement sous elle, Nada comprit qu’elle pouvait respirer et parler sous l’eau, et ses yeux s’illuminèrent tandis qu’elle me fixait avec admiration, bonheur et amour. Je lui annonçai que je l’emmenai dans mon royaume si elle le désirait, et Nada en fut enchantée. Lentement, je nous enfonçai dans la mer, lorsque les ténèbres s’élevèrent autour de nous. Nada sourit et ce fut tel que je l’avais imaginé : elle éclairait les Abysses par sa seule présence et les créatures abyssales se tenaient en retrait, n’osant s’approcher, mais, d’un geste de la main, je leur présentai Nada. Intriguées, elles se rapprochèrent et la détaillèrent du regard, avant que je ne leur aie déclaré qu’elle était désormais leur souveraine. Aussitôt, elles la reconnurent et s’inclinèrent alors que Nada était embarrassée. Elle leur précisa qu’elle n’était qu’une humaine et qu’elle les remerciait du plus profond de son être de prêter attention à elle, et je sus qu’elle avait atteint leurs cœurs. Je lâchai sa main et m’écartai, et Nada vogua de créature en créature, leur parlant, s’extasiant, les complimentant, et je la rejoignis et la conduisis dans mon palais, que je lui fis visiter. Ma demeure lui plut et, si nous avions consommé notre amour sur la terre, il le fut également dans la mer, dans les Abysses, tandis que mes sujets se détournaient ou fermaient les yeux par pudeur. Nada fut émerveillée par cette plongée dans les profondeurs et nous y retournâmes à maintes reprises, Nada s’y plaisant, heureuse de découvrir mon royaume, ma demeure, mes sujets, dont je lui avais tant parlé, et d’y nager. Notre amour s’étira dans le temps et, neuf mois plus tard, Nada donna naissance à notre enfant. Nada et moi avions un enfant. Mon seul et unique enfant. La prunelle de mes yeux. Les Abysses avaient Leur prince.

Dans son lit, essoufflée et épuisée, Nada récupéra notre fils dans ses bras. Il avait les cheveux et le visage de sa mère et les yeux de son père, et le regarda en riant, avant de murmurer avec tout son amour contre les fines lèvres de notre enfant :
-Milàn…
Nada avait appelé notre fils Milàn, « Aimé du peuple » en croate, et n’aurait pas pu mieux choisir : il était déjà aimé du peuple des profondeurs avant même qu’il ne l’ait rencontré, les Abysses étant amoureux de Nada. Notre fils était Leur bonheur. Lorsque Nada se fut remise de l’accouchement, nous retournâmes dans les Abysses et Ils reconnurent Milàn comme notre fils, mon hériter, Leur prince. Ils lui firent six présents : cinq bagues, quatre chevalières contenant de l’eau de mer et un anneau se transformant en épée, et un familier, un bébé espadon qui venait également de naître. Milàn avait un frère des Abysses et Nada et moi étions comblés, heureux.


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Ω MORT Ω

« Le bonheur est la plus cruelle des armes aux mains du temps. » Paul Valéry


J’ai tellement rêvé de ce moment, à chaque instant, celui où je sentirai les mains d’Abysses sur moi et son corps contre le mien. Je le voulais de tout mon cœur, de tout mon être, de toute mon âme. Je voulais qu’il soit partout autour de moi, sur moi et en moi, je voulais ne faire plus qu’un avec lui, fusionner avec lui, être en lui autant qu’il était en moi. La première fois de ma vie, avec lui, sur la plage, m’a fait prendre conscience que je ne suis pas moi sans lui, que je ne peux plus avancer sans lui, que je ne peux plus vivre sans lui, que mon être a besoin de lui, et je me suis donnée à lui sans aucune hésitation. Je me suis dévouée corps et âme, je me suis abandonnée à lui. Je l’aime du plus profond de moi, je l’aime plus que ma vie, je l’aime au point où s’il me laissait, je ne serai plus moi-même. Abysses est mon âme, l’eau mon élément, les Abysses mon foyer. Ils sont désormais essentiels à la personne que je suis devenue au cours de ces derniers mois passés avec Abysses, le temps de quelques heures ensemble, avant que je n’aide Papa et Maman. Ils ont noté le changement dans mes yeux et mon sourire et se sont demandé pourquoi est-ce que j’étais si lumineuse, moi qui le suis d’habitude, mais d’autant plus, parce qu’il y a une nouvelle lueur dans mon regard au-delà du bonheur. Quelque chose me rend moi-même, heureuse et complète, et ils n’ont pas posé de question, étant heureux à leur tour, et l’amour m’a transcendée ce jour où Abysses était tout au fond de moi. J’espérais qu’il le soit, qu’il me prenne, qu’il fasse ce qu’il voulait de moi, qu’il me regarde, qu’il me touche, qu’il m’aime… Je rêvais de son amour, de ses caresses, de ses baisers, je rêvais qu’il me possède, je rêvais qu’il m’enlace et il l’a fait, j’ai partagé son amour dans chacun de ses gestes. J’étais sur un petit nuage et, quand il m’a déclaré son amour, j’étais un être tout ce qu’il y a de plus heureux sur Terre. Il m’aime, il est amoureux de moi, il a des sentiments pour moi, des sentiments réciproques, et il suffit que j’y pense pour que mon cœur et mon ventre se contractent, l’émotion me submergeant.

Je l’aime tellement… Je tombe un peu plus amoureuse de lui à chaque seconde, à chaque fois qu’il est là, à chaque fois qu’il entre dans mon champ de vision. Lorsqu’il me regarde, m’embrasse, m’aime, mon cœur vibre dans ma poitrine, et j’ai vibré tout entière quand il m’a emmenée chez lui pour la première fois, là d’où il vient, là où il vit, là où est son cœur. J’ai pénétré dans les Abysses, un lieu qui n’est pas effrayant comme on a tendance à les décrire, les « Enfers marins », où des monstres tous plus hideux les uns que les autres y résident, mais c’est faux. Les Abysses sont extraordinaires et magnifiques, pareils à une couverture noire, sous laquelle des créatures insoupçonnées se cachent, les premiers êtres de la Terre qui parcourent inlassablement les fonds marins et vivent dans une paix dont les hommes devraient s’inspirer. Chacune de ces créatures est unique, a un nom et ses propres caractéristiques en tant que membre d’une espèce et en tant qu’être, et j’ai pu parler avec beaucoup d’entre elles. Abysses fait en sorte que je puisse respirer sous l’eau, voir dans le noir, résister à la pression et ne pas craindre le froid, surtout que la première fois, j’étais nue lorsque j’ai rencontré ses sujets, mais ils ne m’ont pas jugée, me questionnant sur la personne que je suis, et m’ont reconnue comme leur souveraine, ce qui m’a énormément gênée. Je n’ai strictement rien d’une souveraine, je ne suis qu’une jeune fille de dix-sept ans qui n’y connaît rien au monde, sauf en ce qui concerne la pêche. Je n’ai jamais voyagé, je n’ai jamais rien vu d’autre, je n’ai jamais rien fait si ce n’est pêcher. Je ne suis pas dotée d’une grande intelligence, je n’ai pas beaucoup de culture, je suis naïve, mais je ne suis pas bête pour autant, excepté que je n’ai pas l’allure d’une reine. Néanmoins, malgré ça, les créatures des Abysses m’ont affirmé que je suis la leur, qu’ils me respectent en tant qu’humaine et en tant que reine des profondeurs, que je rendais leur roi heureux et que c’est tout ce qui compte.

J’en ai tellement pleuré ce soir-là, ne me rendant pas compte de ce que ça représentait, mais le touchant du bout des doigts et comprenant que je n’étais pas dénuée d’importance, ce que j’avais pourtant toujours pensé. Je suis importante aux yeux de Papa et Maman, car ce sont mes parents, de mes professeurs et de mes camarades de classe, mais, aux yeux du monde, je ne suis rien. La vérité est que je suis un être humain de plus, mais les créatures des Abysses et Abysses lui-même m’ont montré que chaque personne, chaque être, chaque chose en ce monde sont importants et je ne les en remercierai jamais assez. Ils me font confiance, ils m’aiment et la réciproque est on ne peut plus vraie, je les aime de tout mon cœur et je veux être là pour eux. Je veux qu’ils n’aient rien à craindre de l’homme et je les protégerai, et irai voir les gros pêcheurs et leur demander de ne pas toucher aux Abysses, que les Abysses sont en paix et qu’il ne faut pas les troubler : je les défendrai depuis la terre ferme. Je ne peux pas me rendre dans les Abysses sans mon amour, alors j’y vais avec lui dès que j’en ai le temps, et je ne m’arrêterai jamais de m’émerveiller devant leur beauté. Au bout de trois mois suite à notre premier plongeon ensemble dans les Abysses, n’y tenant plus, j’ai décidé de présenter Abysses à Papa et Maman. Nous ne leur avons pas menti, Abysses s’est dévoilé à eux et ils ont été sous le choc, impressionnés et ne sachant comment réagir, mais je les ai rassurés, leur expliquant qu’Abysses n’était pas présent en tant que divinité primordiale, mais en tant qu’être que j’aimais, et Papa et Maman ont mis plusieurs heures à s’en remettre, avant de s’inquiéter pour moi. Ils se demandaient si attirer autant l’attention d’un dieu n’était pas une mauvaise chose, mais je leur ai raconté comment Abysses et moi nous étions rencontrés, comment nous nous étions retrouvés, comment notre relation avait évolué sur des mois et ils m’ont cru sur parole et ont été soulagés par le fait que ça s’est fait dans le respect de chacun. Ils craignaient que je n’aie été forcée d’une quelconque manière, mais ce ne fut absolument pas le cas, j’aime Abysses.


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Ils sont tombés sous son charme, ont longuement discuté avec lui et lui font entièrement confiance. Abysses veille sur nous et d’autant plus quand nous prenons la mer, nous aidant même à pêcher avec Pérasma et Katófli, ses deux murènes, qui l’accompagnent partout où il va. Je leur parle et joue souvent avec elles, qui sont douces, amusantes et farceuses. Elles aiment me jouer des tours, mais ce n’est jamais avec méchanceté, bien au contraire, et elles ont déjà fait peur à Papa et Maman. Cependant, lorsqu’ils ont compris qu’elles ne leur feront jamais de mal, ils ont essayé de jouer avec elles à leur tour et ont adoré. Ils les ont acceptées comme ils ont accepté Abysses, même s’ils ont mis un peu de temps à le voir comme celui que j’aime, mais ils l’ont fait petit à petit et je sais qu’ils aiment Abysses et qu’Abysses les aime aussi. Durant tout ce temps, je n’ai pas remarqué que j’étais enceinte, je ne l’ai pas non plus senti. Ça n’a été visible qu’à partir du troisième mois et Papa et Maman se sont immédiatement inquiétés tandis que j’étais aux anges. J’étais enceinte… J’étais enceinte d’Abysses, de l’homme que j’aime, de l’amour de ma vie et nous allions avoir un enfant… Abysses était si heureux quand je lui ai annoncé la nouvelle, bonheur que j’ai lu dans son superbe regard parce qu’il n’est pas expansif. Il est assez expressif avec mes parents et moi, mais, avec ses sujets, il ne l’est pas et je sais que c’est parce qu’ils ont une connexion mentale et télépathique, qui fait qu’ils parlent sans qu’Abysses n’ait besoin d’ouvrir la bouche. De plus, ses sujets le connaissent par cœur et la réciproque est vraie, et je le connais de mieux en mieux, mais il exprime davantage de choses et ça me touche en plein cœur. Ça signifie qu’il s’ouvre à moi et c’est tout ce que je souhaite, car je me suis ouverte à lui. Je n’exigerai jamais la pareille, ce n’est pas moi, je ne suis pas comme ça, mais j’aimerais qu’il sache qu’il peut tout me confier s’il en a l’envie, s’il en ressent le besoin, s’il le veut, et je crois qu’il le sait et c’est le principal.

J’ai arrêté d’aller en cours au bout du sixième mois et Abysses s’occupait de moi pendant que Papa et Maman étaient à la pêche, jusqu’à ce que j’accouche à la maison sans aucune douleur, ce qui fut surprenant, parce que les femmes accouchant sont censées souffrir ou du moins avoir mal, mais je n’ai rien senti si ce n’était le bonheur qui m’inonda quand Maman m’a tendu Milàn. Milàn. Mon fils, notre enfant, l’Aimé du peuple. Avant même que je ne le leur présente, je savais que les Abysses l’aimeraient et, lorsqu’Abysses nous y a emmenés, Milàn et moi, les Abysses nous ont enveloppés avec la plus grande douceur, la plus grande délicatesse et la plus grande tendresse et les créatures abyssales se sont pressées autour de nous pour voir le petit Milàn. Il a fait son baptême de l’eau et des Abysses trois jours après sa venue au monde, le temps que je retrouve mes forces. Milàn est capable de naturellement respirer sous l’eau, voir dans le noir et résister à la pression et au froid des Abysses, et je me suis rendu compte qu’il est mi-humain mi-dieu, un sublime mélange entre sa mère mortelle et son père divin, et je n’en ai été que plus impressionnée et fière, si heureuse. J’ai continué l’école quand bien même j’avais énormément de mal à quitter Abysses et Milàn, et Abysses et Papa et Maman prenaient soin de l’enfant. Milàn a été bercé par l’amour et a grandi entouré par lui et de ses grands-parents, son père, sa mère et son frère Plav, sans oublier les Abysses. Ces derniers lui sont grand ouverts, ils sont son royaume, sa deuxième maison. Il a été élevé dans l’amour de son prochain, de la mer et de la pêche et était un bébé très expressif, qui souriait, riait, pleurait et criait dès qu’il en avait envie, comme n’importe quel bébé. Il est resté ainsi enfant, avec son caractère entier, qu’il tient de moi, néanmoins, il pouvait être calme, calme qu’il tient en revanche de son père. Milàn croquait la vie à pleines dents.

Il passait le plus clair de son temps avec Plav, qui apparemment se serait pris d’affection pour moi, et j’en plaisante avec Abysses, le taquinant sur le fait que l’espadon m’aime aussi et il en sourit, amusé. Milàn bougeait beaucoup : il ne pouvait pas rester en place et adorait jouer dans l’eau avec Plav, à s’amuser avec lui dans les minuscules vagues, jusqu’à ce qu’il doive aller à l’école. Ça a été une déchirure de les séparer, car ils étaient constamment ensemble, collés, comme les deux doigts de la main, mais Milàn, malgré son entêtement, était plutôt obéissant et a compris que c’était important, alors il faisait l’effort d’y aller même s’il avait le cœur gros. Tous les soirs, il revenait voir Plav et passait la soirée avec lui comme pour rattraper la journée durant laquelle ils n’avaient pas été ensemble. À l’école, j’ai découvert qu’il oubliait les autres et ça s’est révélé handicapant, mais Abysses et moi l’avons précisé aux camarades de jeu de Milàn afin qu’ils n’en soient pas tristes ni vexés et Milàn s’est mis à se souvenir plus ou moins de ceux avec qui il jouait le plus souvent, dont il était proche et auxquels il tenait. Un jour, lorsqu’il fut en âge de le comprendre, Abysses le fit asseoir et lui expliqua qui il était, ce que Milàn et lui étaient, lui dévoilant sa véritable nature, puis il lui a confié tous les secrets de ses mondes, des Abysses et des dieux, et ce fut à ce moment qu’il lui offrit ses cadeaux des profondeurs. Dorénavant, Abysses entraîna Milàn, parce qu’il le fallait. J’y étais réticente au début, mais Abysses m’a rappelé qui il était et que Milàn ne resterait pas pour toujours avec nous, qu’il prendra son envol un jour et que, ce jour arrivé, il faudra qu’il sache se protéger.


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À son jeune âge, Milàn ne pouvait pas appréhender le fait que des monstres viendraient le chasser à cause de son odeur divine et qu’il devait absolument apprendre à se défendre, alors Abysses ne lui a pas menti, lui disant que c’était pour se protéger. Milàn ne voulait pas s’entraîner, répétant sans arrêt que Papa était là et que rien ne pourrait nous arriver puisque Papa était là, mais Abysses ne lui a pas laissé le choix là-dessus. Milàn en a été mécontent, lui qui voulait continuer de jouer avec Plav, mais il s’est plié aux consignes de son père et Abysses l’entraîne rigoureusement tous les jours depuis. Il lui a appris à d’abord contrôler l’eau salée, jusqu’à ce que son contrôle soit presque parfait, et ensuite à se battre, sans rien, puis avec l’eau et enfin avec des armes, son épée et des poignards provenant des profondeurs. Papa, Maman et moi assistons de temps en temps aux entraînements et les progrès de Milàn lors de sa préadolescence furent fulgurants. Il progressait à une incroyable vitesse et j’ai vu qu’en plus du calme de son père, Milàn a hérité de son sérieux, de sa gravité et de sa patience, qui s’apparente à de l’entêtement, mais il est tout de même patient et suit les directives de son père à la lettre, prenant les entraînements au sérieux. Il trouve même du plaisir à s’entraîner avec Plav et son père, qu’il combat parfois à la loyale pour s’amuser. Un jour, j’ai cru que mon cœur s’était arrêté de battre, parce qu’ils ont été attaqués par un monstre quand Milàn avait onze ans, et Abysses m’avait avertie que les monstres tarderaient parce qu’il est lui-même présent, mais qu’il était fort probable qu’ils viennent tout de même, et la créature était horrible, d’une apparence affreuse, mais Abysses et Milàn l’ont vaincue et Papa et Maman en ont été terrifiés, mais ils savaient qu’avec Abysses, ça irait.

De mon côté, je pêchais avec Papa et Maman et continuais de vendre sur le marché et avais réussi à échanger avec des plus gros pêcheurs, qui n’étaient pas non plus pour qu’on s’approprie les Abysses. Mon projet de protection des Abysses avançait tandis que Milàn grandissait et restait ce garçon enjoué, mais plus réservé, et qui avait quelques amis. Je le soupçonne d’avoir eu un faible pour un garçon avec lui, mais il ne m’en a pas parlé et je ne crois pas qu’il en ait parlé à son père non plus, mais Abysses m’a confié dans un sourire complice que notre fils avait en effet un faible pour un garçon dans sa classe, mais qu’ils n’étaient rien de plus que des amis pour l’instant…
Aujourd’hui, Milàn et Abysses sont partis avec Plav dans les Abysses, ce qu’ils font régulièrement, et Papa, Maman et moi sommes en train de préparer le matériel de pêche, lorsque j’aperçois une silhouette qui se tient debout dans l’eau près du bord. Ils sont déjà de retour ? Ils ne sont pas partis longtemps… Tout sourire, je cours jusque la silhouette en m’exclamant :
-Abysses ! Milàn !
Ce n’est pas Abysses. Cet homme n’est pas Abysses et je ralentis, mon sourire s’évanouissant alors que je scrute l’homme, intriguée. Qui est-il ? Un autre être marin ? Je lui souris chaleureusement et le salue en levant une main :
-Bonjour. Si vous cherchez Abysses, il n’est pas ici, il est dans son royaume…

Je n’ai pas le temps d’ajouter quoi que ce soit qu’en un clignement d’yeux, l’homme bouge et une de ses mains se retrouve autour de ma gorge et la serre brutalement, mes yeux s’agrandissant tandis que la compression me fait suffoquer. Je plaque mes mains sur son poignet et le regarde dans les yeux en me débattant alors qu’il me fait face de toute sa hauteur. Il est immense et me fixe droit dans les yeux, les siens emplis de noirceur. Ce n’est pas une noirceur semblable à celle des Abysses, cette noirceur est… Mauvaise… L’air me manque, l’oxygène ne monte plus à mon cerveau et mes pensées s’espacent tandis que mon corps convulse.
-Ce n’est pas Abysses que je cherche, mais toi ! Pour qui te prends-tu ?! Ce n’est pas parce qu’un dieu t’a engrossée que tu dois te permettre de nous oublier nous autres dieux de la mer et ne plus nous faire d’offrandes !
Que raconte-il ? Je n’ai jamais arrêté de faire des offrandes aux autres dieux, je les ai toujours faites, je ne les ai jamais oubliés, je n’aurais jamais pu… Son accusation me blesse, plus encore que ses mains, mais je ne songe plus qu’à Abysses. Milàn. Je relève les yeux et les plante dans ceux du dieu : dans mon regard, il peut lire mes excuses et ma confiance en Abysses. Mon amour viendra pour moi.


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Ω AFFLICTION Ω

« Ma nature a horreur du vide de toi. » Paul Valéry


-Papa ! S’exclame Milàn d’une voix enjouée tandis que Plav nage rapidement vers moi avec mon fils qui le chevauche, avant de s’arrêter à ma hauteur.
-Oui, qu’y a-t-il ? Je leur souris tendrement, et Milàn me regarde en souriant grandement, ses boucles rousses formant un halo rouge flottant au-dessus de sa tête.
-On a trouvé une épave pas si loin que ça et il y a plein de richesses dedans ! Répond Plav en battant des nageoires avec son enthousiasme habituel.
-Des pierres précieuses ! Renchérit Milàn en regardant Plav, puis moi, les yeux brillants.
Il ressemble tant à sa mère… Il a ses cheveux, son visage et ses expressions faciales. Il est mon tout.
-Félicitations, mes chasseurs de trésors. Vous me les montrerez ?
-Il faut absolument que tu voies ça ! Réplique Milàn, avant de s’adresser à Plav : On ramènera un saphir à Maman, le bleu lui va trop bien.
-Oui ! S’écrie Plav, et je ris légèrement.

Ils ont entièrement raison, le bleu est la couleur qui sied le mieux à Nada, même si toutes les couleurs lui vont, car il fait ressortir celui de ses yeux et le roux de ses cheveux. Je ne doute pas qu’un saphir lui plairait beaucoup, mais la surprendrait, car elle se demanderait sûrement d’où peut bien provenir une telle merveille que lui offre son garçon, mais elle devinera très vite que Plav et lui l’ont déniché dans les profondeurs. Milàn ayant seize ans depuis le 17 juillet dernier, une très bonne constitution et une excellente maîtrise de ses pouvoirs, il peut vagabonder dans la mer et les Abysses en compagnie de Plav sans que je ne m’en inquiète, car je garde un œil sur lui et mes sujets le surveillent de loin au cas où. Il est comme un poisson dans l’eau, cette expression humaine lui correspondant, et je lui laisse la liberté d’aller où il le souhaite, mais sans trop s’éloigner, et Milàn en tient compte. Il fait attention à ne pas prendre le large dans la mer, cependant, il se le permet dans les Abysses qui lui sont grand ouverts, son royaume, son second foyer. Il s’y rend souvent sans moi et avec Plav, après être revenu de l’école, mais il y a une heure qu’il ne doit pas dépasser afin de ne pas angoisser Nada et il la respecte. Au-delà de cela, il est un adolescent et en tant qu’adolescent, il a besoin de dormir suffisamment longtemps afin d’être en forme le lendemain et cela passe par se coucher à une heure décente et non à errer dans la mer et les Abysses au milieu de la nuit. Néanmoins, il est en vacances en ce moment et Nada et moi nous sommes accordés afin de lui octroyer plus de liberté durant cette période où il ne va pas à l’école et il en profite en pêchant avec sa mère et ses grands-parents ou allant dans les Abysses, les explorer et s’amuser avec Ses habitants, joueur.

Il ne va pas tarder à repartir avec Plav à l’épave et me le confirme en ajoutant :
-On y retourne, à tout à l’heure !
-À plus tard, je lui réponds dans un souffle et Milàn me tire la langue, avant que Plav ne se rapproche de moi et me frôle les jambes de son corps alors que Milàn passe un bras autour de mon cou et m’embrasse sur une joue, amusé.
Je l’enlace et le serre contre moi, puis caresse Plav et Milàn regarde Plav sans prononcer un mot, usant certainement de leur lien télépathique dans le but de lui transmettre quelque chose que je ne suis pas censé entendre. Je leur fais confiance et Plav s’apprête à se détourner, lorsqu’il s’immobilise soudainement, surprenant Milàn et moi, qui fronçons les sourcils.


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-Plav ? L’interroge Milàn, et mon air est grave tandis que Plav murmure :
-C’est Katófli.
-Quoi, comment ça ? Demande Milàn, et il est calme, mais j’entends son urgence contrôlée dans sa voix, et Plav n’a pas le temps de répliquer, que Katófli surgit des ténèbres.
Elle est agitée et épouvantée et lance avec précipitation :
-Notre reine est en danger !
Nada. Nada est en danger. Aussitôt, Milàn ordonne à Plav dans un cri en tentant de garder son sang-froid :
-Fonce !

Dans le même temps, j’attrape Katófli, qui fait demi-tour et nage à toute vitesse. Je n’ai plus qu’un mot à l’esprit : Nada. Son prénom y tourne et retourne alors que mon cœur s’affole et que mon sang bat dans mes tempes. Comment ? Comment peut-elle être en danger ? Quoi ou qui s’en prendrait à Nada ? C’est impossible. Ce n’est pas un de mes sujets ni un sujet de la mer. Serait-ce un sujet d’un des autres royaumes ? Un monstre ? Mais Milàn et moi sommes assez loin de Nada pour que l’odeur de notre fils ne les attire pas auprès de Nada et ses parents. Que se passe-t-il ? Nada… Sous l’angoisse, la taille de Plav a triplé et il nage à une vitesse fulgurante avec Milàn sur son dos qui regarde droit devant lui, les sourcils froncés et les dents serrées, et Katófli file à leurs côtés tandis que la peur naît en moi. Nada. J’espère que Nada n’a rien. J’espère qu’elle a réussi à se mettre à l’abri en se réfugiant dans la mer. C’est ce qu’elle a dû faire en attendant que j’arrive. Je l’espère de tout mon cœur. Milàn et moi avançons comme si nos vies en dépendaient et elles en dépendent, lorsque Plav freine subitement, ralentissant considérablement alors que Milàn et moi ouvrons de grands yeux, incrédules : du rouge. Il y a du rouge dans l’eau. Du rouge sous la forme de fines traînées rougeâtres qui se dissolvent dans l’eau. Du sang.
-Maman ! Hurle Milàn, horrifié, tandis que Plav repart, et c’est ce qui me ramène à la réalité et me fait atteindre la surface.
Du sang. Faîtes que ce ne soit pas celui de Nada. Faîtes que ce ne soit pas celui de Nada. Ce n’est pas le sien. Ce ne peut être le sien. Je donnerai tout pour que ce ne soit pas le sien. Ce ne peut pas être… Je fends la surface. La scène est inimaginable, inconcevable, inenvisageable. Non. Non. C’est impossible. Le ciel s’effondre. La mer s’efface. Le monde se morcelle. Ce n’est pas vrai. Ce ne peut être vrai. Non. Non non non non. Non. Non !
-NADA !

Je hurle de toutes mes forces et, inconsciemment, je fais se briser la mer, qui se scinde en deux et crée un couloir dans lequel je me retrouve, et cours vers mon aimée. Nada. Nada, mon aimée, ma femme. Nada, qui est étendue sur le dos sur le sable, les yeux et la poitrine ouverts. La poitrine ouverte. Un trou béant. Du sang qui s’en déverse. Du sang qui coule entre ses cuisses. Elle ne bouge pas. Elle ne remue pas. Elle est inerte. Je me rue vers elle. Je m’écroule à genoux à côté d’elle sur le sable aux grains rougis. Je la redresse contre moi. Je la prends dans mes bras. Je tourne sa tête vers moi. Mes yeux croisent les siens vitreux. Ternes. Éteints. Non.
-Nada, Nada, mon aimée, Nada, regarde-moi, regarde-moi, je t’en prie, regarde-moi, regarde-moi, regarde-moi, s’il te plaît, Nada, s’il te plaît…


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Dans mon dos, Milàn hurle, appelle sans cesse sa mère et essaie de passer en force, mais Plav l’en empêche en lui criant qu’il n’y a rien à faire. Il n’y a rien à faire. C’est fini. En un claquement de doigts. En un battement de cils. Nada. Je ne le veux pas. Je ne veux pas admettre que c’est fini. Je ne veux pas admettre que tu es partie. Je ne veux pas admettre que tu nous as quittés. Je ne veux pas admettre que tu ne reviendras pas. Je ne veux pas admettre que tu as été abusée. Je ne veux pas admettre que ton cœur a été dévoré. Je ne veux pas admettre que tu as sauvagement été tuée. Assassinée. Arrachée. Tu nous as été prise. Tu es morte. Tu n’es plus. Mon aimée n’est plus. Nada. Reviens. Reviens, je t’en supplie… Reviens-nous, reviens-moi… Mais tu ne reviendras pas. Tu es partie pour toujours. Tu es partie parce qu’on t’a fait partir. Tu n’es pas partie de ton plein gré. Ton départ me tue à mon tour. Et tu n’es pas la seule. J’ai entraperçu tes parents. Leurs corps. Leurs cœurs manquants. Vous êtes tous les trois partis. Ma souffrance est infinie. Et Milàn… Milàn qui hurle. Milàn qui vous a perdus. Milàn qui n’est qu’un enfant. Un enfant. Mon fils. Il est le plus important. Je dois le protéger. Je ne peux pas le perdre, ou je ne pourrai plus vivre dans un monde sans Nada et lui. Un monde sans toi. J’y suis condamné pour l’éternité. Je ne peux pas l’accepter. Je ne peux pas te lâcher. Je te tiens toujours. Je caresse ta joue. Je me penche au-dessus de toi. Je t’embrasse sur les lèvres. Les tiennes me rendaient immanquablement mon baiser ou souriaient contre ma peau, mais elles ne se meuvent pas. Elles ne se meuvent plus. Elles demeurent immobiles. Je suis désolé. Je suis si désolé… Je m’en veux et ne me pardonnerai pas, jamais. Tu as souffert par ma faute. Tu as été tuée. Je t’ai tuée en te laissant seule. Je vivrai avec cette faute. Je respirerai avec la culpabilité. Je sombrerai avec la mort.


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-… Triton… Triton… Triton… !
Un nom. Dans mon affliction. Le fils de Poséidon. Pourquoi ? Pourquoi l’évoquer ? Qu’y a-t-il ? Mes lèvres se détachent de celles de Nada. Je tourne la tête. Je ne peux pas voir mon visage, mais il est déformé par le chagrin, la douleur et les larmes. C’est Katófli qui évoque Triton. Je la regarde au travers de mes larmes. Katófli est hérissée. Elle est raide. Elle est furieuse. Ses yeux sont haineux. Sa posture est hostile. Elle est prête à attaquer.
-Quoi ? Je murmure d’une voix à peine audible.
-Triton a assassiné notre reine, gronde Katófli.
Triton. C’est lui. C’est lui qui a tué Nada. C’est lui qui a tué ses parents. C’est lui qui a agi. C’est lui qui a osé. C’est lui qui a fait souffrir Nada. Trahison. Je serre plus fort Nada contre moi et mes larmes redoublent alors que je fixe la mer et que mes yeux s’illuminent d’une lueur bleutée. En une seconde, les vagues grandissent brusquement et la mer devient noire tandis que je hurle ma haine, ma fureur et ma vengeance :
-TRITON ! SOIS MAUDIT ! QUE TES FRÈRES ET SŒURS SOIENT MAUDITS, QUE TON PÈRE SOIT MAUDIT, QUE VOUS SOYEZ TOUS MAUDITS ! POSÉIDON ET TA DESCENDANCE, JE VOUS MAUDIS ET QUE LES TÉNÈBRES VOUS ENGLOUTISSENT !

-Papa !
Milàn. Dans l’eau qui tourbillonne, Milàn et Plav qui s’accrochent l’un à l’autre et se débattent. Milàn. La mer retombe. Le noir demeure. Je dépose délicatement Nada sur le sable. Je me précipite auprès d’eux. J’attrape Milàn dans mes bras. Je le serre du plus fort que je peux contre moi. Plav remue dans tous les sens. Soudain, Milàn, qui me tient toujours, se recule afin de me regarder. Ce que je vois fait se briser mon cœur dans ma poitrine. Je l’entends. Je sens ses éclats transpercer mes os et mes tissus. Le visage de Milàn est ravagé. Mon fils souffre. Je suis coupable de sa souffrance. Cela m’est insupportable. Je ne peux plus la voir sur son visage. Je caresse sa joue. Je pose mon front sur le sien. Milàn s’accroche à moi. Je le regarde dans les yeux. Je lui murmure :
-Je t’aime, Milàn, je t’aime quoi qu’il arrive.
Je me recule. Ma main sur sa joue passe sur son front et ses yeux. Milàn s’écroule endormi dans mes bras. Je passe une main sous ses genoux. L’autre est dans son dos. Je le porte contre mon torse. J’avance jusque Plav. Je place Milàn sur son dos. Plav me fixe avec de grands yeux. Il a peur.
-Nada est… Nada…
-Va dans les Abysses et restez-y jusqu’à mon retour, je lui murmure en le caressant.

Plav hoche vivement la tête. Il fuit dans l’eau. Je retourne sur la plage. Qu’importe la guerre. Nada, ses parents et mon fils sont ce qui compte. Les créatures de la mer sont innocentes. Il serait injuste que je les noie sous mon courroux. Il y a déjà eu trop de sang versé. Je refuse qu’un autre être que j’aime se fasse tuer lors d’une guerre. Assez. Je récupère les corps de Nada et ses parents. Je les amène dans les Abysses. Ils y reposeront en paix. Je referme définitivement les portes de mon royaume. Je n’ai plus aucune confiance ni en Poséidon, ni ses enfants, ni la mer. Je fais de Nada la déesse des marins oubliés. Je réfléchis à la manière dont je peux protéger le mieux Milàn. On frappe. Nyx et Éros. Ils sont là. Nyx a délaissé son visage inexpressif pour un autre fermé et sombre. Éros fronce les sourcils. Il se rue vers moi. Il s’arrête à mes côtés. Il me regarde dans les yeux :
-Un mot, mon frère, et je leur ferai payer.
Nyx demeure silencieuse, mais son attitude indique qu’elle est en faveur de la guerre et je soupire :
-Non…
-Abysses ! S’emporte Éros. Tu ne peux pas rester ainsi ! Ils doivent payer pour leurs actes !
-J’ai dit non ! Je réplique d’une voix forte en fusillant froidement mon frère du regard.
L’air d’Éros se rembrunit. Nyx n’a pas bougé. Elle murmure :
-Ton fils sera protégé à la Colonie. Amène-le là-bas.


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Je fronce les sourcils.
-De quoi parles-tu ?
-De la Colonie des sang-mêlés, intervient Éros, glacial. Il y sera en sécurité.
-… Je verrai.
Nyx hoche la tête. Éros la secoue. Il désapprouve. Je ne veux pas prendre le risque de partir en guerre, car je ne veux pas que mes sujets ni les sujets de la mer en souffrent à leur tour, Nada ne le voudrait pas. Si j’avais été seul, c’est ce que j’aurais sans doute fait, mais il y a Milàn. Il est ma priorité absolue.
-Éros.
Mon frère me regarde. Je poursuis :
-Veille sur Milàn.
Éros acquiesce. Il n’ajoute rien. C’est rare. Nous ne sommes pas dans des circonstances ordinaires. Nyx reprend la parole :
-Deux de mes enfants y sont ainsi qu’un d’Érèbe.
-Un de mes fils ne devrait pas tarder à y arriver, conclut Éros.
Je hoche la tête. Nyx et Éros me quittent. Je remonte à la surface. Je prépare les affaires de Milàn. Je range la maison déserte. J’écris une lettre à mon fils. Je conduis Plav et Milàn endormi jusque la Colonie en suivant les indications de Nyx. Je prends Milàn dans mes bras. Je le porte jusque l’entrée de la Colonie. Je le remets à Chiron dans un murmure :
-Chiron. Je te confie mon fils. Protège-le.
Je regarde Milàn une dernière fois. J’espère que tu trouveras la force de me pardonner. Je disparais. Je retourne dans mes profondeurs. Les Abysses se sont refermés sur Eux-mêmes.


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Ω POUVOIRS Ω


Milàn contrôle l’eau salée et uniquement l’eau salée et, malgré son jeune âge, il la contrôle excellemment bien, car il a été entraîné par son père lui-même. Son hydrokinésie est aussi puissante que celle des enfants de Poséidon.
L’eau étant son élément, elle ne lui nuit pas, jamais. Elle n’est pas contre lui, elle est toujours avec lui en raison de son ascendance divine primordiale et, si on cherche à lui faire le moindre mal à l’aide de l’eau, peu importe la nature et l’état de cette dernière, l’eau ne le touchera pas.
Il respire sous l’eau comme si elle était de l’air.
Sa vision dans l’eau est parfaite et il est nyctalope : sa vue est extraordinaire.
Il n’est pas insensible au froid, mais supporte aisément des basses températures, jusqu’à deux degrés. C’est une des températures mesurées dans les abysses.
Les pouvoirs des ténèbres ont moins d’effet sur lui, car son père est issu du Chaos et est les ténèbres de la mer.
Abysses est une divinité oubliée et les gens oublient Milàn, c’est-à-dire oublient son existence, mais se souviennent de lui dès qu’ils le revoient, et Milàn les oublie de son côté. Les seuls êtres au monde qu’il n’oublie pas et n’oubliera jamais sont ses parents, ses grands-parents et Plav.



Ω POINTS FORTS/FAIBLES Ω


Encore une fois, Milàn a été entraîné par son père lui-même, la divinité primordiale Abysses, qui lui a appris tout ce qu’il sait sur le monde des dieux ; Milàn sait donc énormément de choses à son sujet. Contrôler l’eau ne lui demande aucun effort lorsqu’il est dans la mer et, en dehors, cela lui coûte de l’énergie, mais il est extrêmement endurant et un excellent combattant au corps-à-corps à mains nues ou avec des poignards, et à l’épée. Il est capable de manier ses armes en même temps qu’il manipule l’eau, est très rapide, agile et souple et ses mouvements sont fluides comme son élément, avec lequel il ne fait qu’un, fusionnant. De plus, lorsqu’il est concentré, il a la distance, la perspicacité, l’esprit d’analyse et le sang-froid de son père.
Cependant, Milàn reste un jeune garçon que la perte de sa mère a détruit et que la disparition de son père a anéanti. Il est furieux, il est haineux à l’égard de Poséidon et ses enfants, mais il est surtout inconsolable. Loin de désirer se venger d’eux pour le moment, il est submergé par son chagrin, sa peine et sa douleur, et ne parvient pas à faire son deuil. Il déborde de souffrance, est aveuglé par elle et s’y noie. Il s’est replié sur lui-même, ne fait confiance à personne, est têtu, son défaut fatal étant l’entêtement, et se laisse entraîner par ses émotions. Ces dernières sont violentes à cause de son affliction.



Ω CARACTÉRISTIQUES Ω


Milàn mesure un mètre soixante-treize.
Il est quadrilingue : il parle le croate, sa langue maternelle, le grec, l’anglais et l’allemand.
Il porte souvent plusieurs bijoux et du vernis noir.
Il ne retire jamais ses bagues ni son anneau.
Il a un seul et unique tatouage, situé sur le haut de l’intérieur de la cuisse droite, qu’on ne peut voir que s’il est nu. Il s’agit d’un crabe surplombé par les différentes phases de la lune, représentation de son signe astrologique, le cancer.
Depuis son arrivée à la Colonie il y a cinq mois, il passe ses journées sur la plage ou dans la mer, à silencieusement prier son père avec Plav. La nuit, il dort dans l’eau, sur le sable ou le dos de Plav, qui veille sur lui, car il refuse catégoriquement de prendre le risque de manquer le moindre signe de son père. Il se raccroche désespérément à l’espoir qu’il lui reviendra un jour.
Plav est un espadon plus gros que la moyenne et qui peut changer de taille à volonté en tant que créature magique.



Ω LIENS Ω

Plav


J’étais allongé sur le sable dans l’eau, près du bord. Le soleil était là et ses rayons me réchauffaient doucement. Milàn était absent, avec Pérasma et Katófli. Katófli a changé, la mort de Nada l’a changée. Elle est haineuse et amère. Elle est en colère et triste. Pérasma est triste et inconsolable. Nada leur manque et manque cruellement à tout le peuple des Abysses. Nada était notre soleil et il n’y a plus aucune lumière. Il n’y en avait pas beaucoup avant, mais il n’y en a plus du tout maintenant. Quand il y en a, elle aveugle. Elle fait mal et on ne veut plus la voir. On ne veut que la lumière de Nada, mais Nada a disparu. Katófli attise la colère de Milàn et Milàn s’assombrit. Il est encore plus sombre qu’il ne l’est déjà. C’est comme si l’eau dans son cœur était avalée par les ténèbres. Comme s’il n’y avait plus d’eau, que du noir. Du vide, du néant. Ça n’arrive pas souvent, mais ça me fait peur. Milàn n’est pas les ténèbres, ni le vide. Le néant, encore moins. Milàn, c’est l’Étoile des Abysses. Ce n’est pas le rien, il n’est pas rien. J’y pensais et je m’inquiétais. Mais il était avec Pérasma et Katófli et elles le protègent. Milàn se protège, il sait se défendre seul. Il est le Prince oublié de la mer, le Prince des Abysses. L’eau lui obéit, les êtres marins le reconnaissent. Ils le respectent et s’écartent sur son passage. Les Abysses s’inclinent devant lui et lui font entièrement confiance. Ils lui ont prêté allégeance et Milàn les aime. La réciproque est vraie, les Abysses l’aiment à en mourir. Je ne devrais pas m’inquiéter, mais Milàn n’est plus comme avant. Je n’ai pas eu le temps d’y penser, qu’on m’a parlé. C’était la voix d’un garçon et j’ai ouvert les yeux. J’ai vu un soleil qui se rapprochait de moi. Il était chaleureux et amical. Il souriait et me parlait. J’ai bougé et j’ai regagné la mer. Je me suis retourné vers lui et j’ai battu des nageoires. J’étais content de le rencontrer et je le lui montrais. Elias est entré dans l’eau et a nagé jusqu’à moi. On a joué ensemble et parlé. Il ne me comprenait pas, mais ça ne le gênait pas. Au moins, je le comprenais. Soudain, Milàn m’a appelé. J’ai regardé Elias et j’ai battu d’une nageoire. Je me suis détourné et je suis parti. J’ai revu Elias plusieurs fois et on a joué à chaque fois. Un jour, Milàn est revenu. Il a vu Elias et s’est figé. Il l’a fixé, il était fermé. Il était froid et hostile. Elias lui a parlé et Milàn lui a répondu du bout des lèvres. Elias a continué et Milàn lui répondait à moitié. Il était méfiant et fronçait les sourcils. Peut-être qu’Elias lui rappelait Nada et que c’était trop dur pour lui. Elias n’en était pas vexé et parlait librement. Milàn le dévisageait et restait sur ses gardes. Puis, Elias est parti. Milàn l’a oublié et l’a oublié les fois suivantes. Il n’y en a pas eu beaucoup et Milàn est toujours crispé en présence d’Elias. Elias est solaire, comme Nada. Il ravive la douleur de Milàn et Milàn se contient. Elias est doux et patient. Il peut adoucir Milàn et j’aimerais qu’il y arrive.

Un jour, Milàn était assis sur la plage. Il était sur le bord, dans l’eau. Une fille est arrivée et s’est assise à côté de lui. Milàn n’a pas réagi et continuait de regarder fixement la mer. Au début, il serait parti. Maintenant, il reste. Il ne parle pas, il ne fait pas attention. Ce n’est pas qu’il ignore, mais il reste concentré sur Papa. Il observe la mer parce qu’il attend un signe de sa part. Il ne veut pas la quitter des yeux pour ne pas manquer ce signe. Il ne fait donc pas attention à ce qui l’entoure. Ce jour-là, il était fatigué. Il était allé dans les Abysses et n’avait rien trouvé. Nous n’y trouvons jamais Papa et ce jour n’y a pas fait exception. Il était immobile et silencieux. La fille a commencé à lui parler et Milàn n’a toujours pas réagi. Elle a continué et Milàn ne bronchait pas. La fille était contente et souriante. Elle était enjouée et parlait beaucoup. Je les observais et je savais que ça ne plaisait pas à Milàn. Il voulait rester seul et être tranquille. Elle ne le laissait pas tranquille, mais Milàn ne s’est pas énervé. C’était surprenant parce que c’est ce qu’il aurait fait d’habitude. Mais la fille est plus jeune que lui et il ne sert à rien de s’énerver après un enfant. Il vaut mieux l’ignorer et l’enfant finit par se lasser. Milàn doit penser que s’il l’ignore, elle le laissera finalement. Mais elle est partie et elle est revenue plusieurs fois. À chaque fois, elle parlait. Milàn ne la regardait pas et ne réagissait pas. Alors, je me suis approché et j’ai attiré son attention. Elle m’a vu et s’est mise à me parler. Elle est gentille et drôle. Elle a beaucoup d’énergie et elle rit souvent. Elle sait plein de choses et elle nous les partage. Je lui réponds et Milàn fait l’interprète. Parfois, il ne le fait pas. Sa patience est déjà assez usée, mais il ne la perd pas. J’aime bien Gloria et Milàn tolère sa présence. Mais je sais qu’un jour, il perdra définitivement patience. J’espère qu’il ne s’énervera pas après elle. Peut-être que Milàn aime bien Gloria aussi, mais il ne le montre pas. Milàn ne montre rien sauf sa froideur et sa colère. On dirait que Gloria cherche à le faire sourire. J’espère qu’elle y arrivera, j’aimerais revoir le sourire de Milàn. Il a un sourire magnifique, comme celui de Nada. Mais il a disparu depuis… Sa mort. Milàn est très triste et je sais qu’il sourira en revoyant Papa. Papa le fera sourire. Je pense que d’autres peuvent le faire sourire, ce serait une bonne chose. Mais Milàn est têtu et ne sourira pas s’il sait que c’est ce que veut Gloria. Milàn fait les choses pour lui, pas pour les autres. Il les fait aussi pour les autres, mais d’abord pour lui. J’espère qu’il ne comprendra pas le but de Gloria. De toute façon, il l’oublie. Je lui rappelle qui elle est et ça l’agace. Il n’a pas envie de se souvenir des autres, seulement de notre famille. Ce n’est pas bien et je souffre de le voir comme ça. Il doit s’ouvrir au lieu de se fermer comme une huître.

C’est la nuit et Milàn dort. Il dort dans la mer, sur le sable. Comme toutes les nuits, je veille sur lui. Je m’inquiète et j’espère qu’il va bien dormir. Depuis la mort de Nada, Milàn dort mal. Il bouge et se retourne. Parfois, il se débat. Une fois, il s’est noyé. J’ai eu très peur et je lui ai donné un coup de nageoire dans le dos. Il a arrêté de s’étouffer et a respiré. Je n’ai pas compris pourquoi est-ce qu’il n’arrivait plus à respirer et il m’a dit qu’il faisait un cauchemar violent. Je ne savais pas encore ce qu’est un cauchemar, c’était la première fois que Milàn en faisait un à ma connaissance. Milàn n’a pas fait de cauchemar quand il était petit. Mais il en a fait après la mort de Nada. Il en fait beaucoup et presque chaque nuit. Il ne se repose pas, il lutte. Ça le fatigue et il se fatigue encore plus la journée en allant dans les Abysses. Je ne fais pas de cauchemar, mais j’en ai peur. J’ai peur pour Milàn et j’aimerais qu’il n’en fasse plus. Je ne sais pas si c’est possible d’arrêter de faire des cauchemars. S’il n’en a pas fait petit, il peut ne pas en faire grand ? J’espère que oui et qu’il n’en fera plus. Milàn mérite la paix, que ce soit autour de lui ou en lui. Il est en train de dormir et ne bouge pas. Il est en paix, pour le moment. Il ne dort pas depuis longtemps et peut-être qu’il dormira longtemps. Je le regarde et je regarde autour de nous de temps en temps. La mer est calme, il n’y a pas de danger à l’horizon. Soudain, je crois voir quelque chose en regardant vers la plage. Il y a quelqu’un sur le sable et je fixe l’ombre. La nuit, il n’y a personne. Mais cette nuit, il y a une personne. Je suis étonné et curieux. Ce n’est pas toutes les nuits qu’il y a quelqu’un à la plage et je veux voir qui c’est. Peut-être que c’est une personne que je connais ou une personne que je ne connais pas. Si c’est une personne que je connais, je lui dirai que je ne peux pas jouer avec elle maintenant. Je ne veux pas réveiller Milàn, il a besoin de dormir. Je le regarde et je regarde la plage. Milàn est en sécurité, alors je nage lentement jusque la plage. Silencieux, je m’approche. Ma tête sort de l’eau et je vois une fille allongée sur le sable. Elle est sur le ventre et essaie de se remettre debout. Elle n’y arrive pas, elle ne tient pas sur ses jambes. Elle a l’air fatigué et étourdi. On dirait qu’elle ne sait pas ce qu’elle fait. Elle tremble et tangue comme un bateau en pleine mer. Elle n’est pas bien et il n’y a personne pour l’aider. J’aimerais l’aider, mais je ne peux pas sortir de l’eau. Je la regarde et je tape mes nageoires sur l’eau pour attirer son attention. Elle tourne la tête, mais on dirait qu’elle ne me voit pas. Comment est-ce que je peux l’aider ? Il faudrait que je réveille Milàn, mais je ne peux pas le réveiller. Il est fatigué, mais la fille n’est pas bien. Elle ne peut pas rester comme ça et je n’ai pas le choix. Je retourne auprès de Milàn et je me frotte contre son dos. Milàn se réveille lentement et grogne. Il me demande en grognant ce que je veux, s’il se passe quelque chose. Je lui dis et Milàn grogne. Il ne veut pas aider la fille, mais il ne peut pas la laisser comme ça. J’insiste et Milàn grogne. Il va finir par me mordre si je continue. J’insiste encore et Milàn est agacé. Mais il me dit qu’il va l’aider et je suis content. Milàn nage jusque la plage et sort de l’eau. Il se sèche avec ses vêtements et marche jusque la fille. Il passe un bras dans son dos et l’autre sous ses genoux. Il la porte contre lui et se remet à marcher. Il disparaît et j’attends qu’il revienne. Le temps passe et Milàn revient. Il rentre dans l’eau et revient à sa place. Il ferme les yeux et va se rendormir. Je lui demande ce qui s’est passé et il me répond. Il a porté la fille et lui a demandé dans quel bungalow elle dort. Elle lui a répondu qu’elle dort dans le bungalow 11, là où Milàn devrait dormir aussi. Il l’a portée dans le bungalow 11 et l’a déposée sur son lit. Il a suivi ses indications et est reparti. Milàn se rendort et je le regarde. Il ne voulait pas l’aider, mais il ne pouvait pas ne pas l’aider. Milàn aide les autres, il ne peut pas s’en empêcher. Il a bien fait et m’a dit avant de s’endormir que la fille s’appelle Ophélia. C’est joli et j’espère que je reverrai Ophélia dans un meilleur état une prochaine fois.

La première fois que j’ai vu Vincent, c’était seulement quelques jours après notre arrivée à la Colonie. Il était avec une fille et ils s’entraînaient. Dès qu’ils sont entrés dans mon champ de vision, j’ai eu un réflexe. J’ai grandi et je me suis hérissé. Je me suis éloigné et j’ai rejoint Milàn. Il descendait dans les Abysses, encore. Je lui ai parlé du garçon et de la fille sur la plage et il m’a ordonné de ne pas m’approcher d’eux. J’ai acquiescé, j’étais d’accord. Ils pouvaient être dangereux, on ne savait jamais. En y réfléchissant, ce n’est pas possible. La Colonie est un endroit sûr et Milàn y est en sécurité. Il n’y a pas d’êtres dangereux là-bas, c’est certain. Mais nous avons tout de suite pensé qu’il ne fallait pas être en contact avec eux. Nous devions nous tenir loin d’eux et nous protéger. Nous ne pouvions avoir confiance en personne et nous étions méfiants envers eux. Milàn en particulier était fermé et froid. Il était agressif et la mer bouillonnait en accord avec ce qu’il ressentait. Peut-être qu’il était plus dangereux que les autres et il le reste dans la mer. J’ai revu le garçon et la fille plusieurs fois et je me suis approché d’eux deux mois après. J’étais curieux et je les observais. L’aura du garçon provoque de la peur, mais elle ne me touche pas. La peur est une émotion noire et je viens du noir. J’ai compris qu’il faisait peur à la fille pour qu’elle s’endurcisse. Milàn a fini par m’appeler et je me suis détourné des deux demi-dieux. Ça a recommencé quelques fois, jusqu’à ce que le garçon me remarque. Intrigué, je le fixais. Il me rendait mon regard et j’ai fui la première fois. Les deux fois suivantes, Milàn m’a appelé. La quatrième, je me suis rapproché du garçon. Je le regardais de mes yeux interrogateurs, parce qu’il vient aussi du noir. Mais le noir que je sens chez lui n’est pas le même que celui des Abysses ou des Divinités Primordiales. Ce noir est différent encore et le garçon m’a parlé. Je lui ai répondu, mais il ne m’a pas compris. C’est normal, il ne vient pas de la mer. Il me parlait et je lui répondais quand même. J’ai su qu’il s’appelle Vincent, mais je ne connais pas le prénom de la fille. Une fois, j’étais avec lui. Lorsque Milàn s’est montré et il a fait la rencontre de Vincent. Je savais qu’il l’oublierait quand Vincent serait parti. Mais je suis sa mémoire et je lui rappelle qui est Vincent. Au début, Milàn était distant. Il n’était plus agressif, mais froid. Vincent interrogeait Milàn et Milàn ne répondait pas à toutes ses questions. Il lui répondait sans mentir, mais omettait beaucoup. Il faisait l’interprète pour moi et je parlais aussi avec Vincent. Vincent est gentil et calme. Depuis deux mois, nous discutons tranquillement. Milàn ne dit jamais trop de choses et se tait parfois. Mais ils parlent et ça fait du bien à Milàn.



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Springbloom

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par Springbloom »

@Emma : aaaaaaaaaaaaaaaaaa il est là :D :D :D :D :D :D :D Magnifique, poétique, j'en perds les mots, je l'aime, j'aime sa fiche, je t'aime toi, j'aime le monde, j'aime Abysse et je l'aime lui (je l'ai pas déjà dit ? J'ai sans doute dû l'oublier, oups) J'avais beau tout savoir de l'histoire, j'ai été profondément touchée par la mort de Nada, tu as si bien construit leur histoire dans les premières parties ** (Tu sais, celle que tu disais "inutiles", vaste blague. Vraiment, ça colle parfaitement, ça permet d'introduire Nada et l'alternance entre leur point de vue en est d'autant plus passionnantes à lire, tu jongles sans problème et sans ennui aucun) Qu'est-ce que je peux dire comme commentaire inutile ? Ah oui, j'ai tellement tout dévorer que l'italique s'est imprimé sur ma rétine et mes yeux ont galérer à lire à partir de "Autres", j'aime beaucoup ton clin d'oeil à Nyx et Eros et je sens que tu apprécies toujours autant ce dernier :lol: (et ça me rappelle que, maintenant que j'ai fini le résumé, je vais pouvoir aller mettre à jour ce fameux Panthéon, j'ai une douzaine de gens à rajouter en plus du "Désir")

PS : Je pensais pas que tu mettrais des gifs de Disney de nouveau dans cette fiche, avec le pdv d'Iris que je fais pour Kahau je vais peut-être retirer mes gifs de Lilo et Vaiana du coup ou on va croire que je copie :lol:
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☼ Percy Jackson ☼ Milàn Košar III

Message par Eparm12 »

Ω SUITE DES LIENS Ω


C’était la semaine de notre arrivée à la Colonie et Milàn était allongé dans l’eau. Il flottait et se laissait porter par la mer. Ses yeux étaient fermés, mais il ne dormait pas. Milàn ne dormait pas beaucoup, ou il faisait des cauchemars. Il se reposait et tendait l’oreille. Il attendait un signe de Papa et ne voulait pas sortir de la mer. Je nageais autour de lui et je veillais sur lui. Je ne faisais confiance à personne et je n’aurais laissé s’approcher personne. J’étais plus gros que d’habitude et ma nageoire sur le dos était dépliée. Mon nez frémissait et je regardais partout. Le premier qui se serait approché de nous se serait fait transpercer par mon nez. Soudain, il y a une personne dans l’eau. Une personne est entrée dans l’eau, un intrus. Je tourne la tête vers lui et mon nez se pointe sur lui. Derrière moi, Milàn s’est remis debout. Il regarde dans la même direction que moi et je sens qu’il est tendu. Il est en colère et la mer commence à remuer en accord avec sa colère. Nous regardons une fille qui se baigne dans la mer. Je comprends que c’est une fille de Déesse Thalassa. La mer la reconnaît et est douce avec elle. Déesse Thalassa est une traîtresse, toutes les divinités de la mer sont des traîtresses à la mer. À cause d’elles, Dieu Poséidon est le roi de la mer. Mais il ne mérite pas de l’être, il n’aurait jamais dû l’être. Déesse Thalassa et Dieu Pontos étaient les souverains légitimes de la mer, mais Titan Océan et Titanide Téthys ont pris leur place. Après eux, Dieu Poséidon et Déesse Amphitrite ont pris leur place. Ils ne devraient pas régner sur la mer, ce n’est pas leur place. Mais ils l’ont gagnée grâce à Dieu Zeus et c’est injuste. Si Dieu Poséidon n’était pas devenu le roi de la mer, la mer serait mieux. Déesse Thalassa et Dieu Pontos auraient dû rester et combattre pour la mer. Ils ne l’ont pas fait et Titan Océan et Titanide Téthys ne l’ont pas fait non plus. Ils sont tous partis, ils ont laissé la mer entre les mains d’un tyran. J’en veux à Déesse Thalassa, Dieu Pontos, Titan Océan et Titanide Téthys pour avoir abandonné la mer aux Dieux Olympiens. La mer ne leur appartient pas, mais c’est ce qu’ils croient. À cause de ça, Nada est morte. Elle a été tuée par Triton, qui est le fils de Dieu Poséidon et de Déesse Amphitrite. S’ils n’avaient pas été les souverains, Triton n’aurait jamais tué Nada. Nada serait vivante et avec Papa. Papa n’est pas entré en guerre contre eux et je le comprends. Mais, si les Abysses n’entrent pas en guerre contre Dieu Poséidon et Déesse Amphitrite, personne n’entrera en guerre contre eux. Il n’y a que la guerre qui rendra la place de roi de la mer au dieu légitime de l’avoir. Je tape des nageoires sur l’eau et je garde mon nez pointé sur la fille de Déesse Thalassa. Mais Milàn est rapide, trop rapide pour moi. Il ressemble beaucoup à Papa dans ces moments-là, quand il combat. Et j’ai le temps de me tourner vers Milàn et de voir qu’il tient déjà son épée dans sa main. Ses sourcils sont froncés et son visage déformé par la rage. La mer s’agite et les vagues sont hautes. Elles sont de plus en plus hautes et fortes. Milàn hurle : « Toi ! Fille de Poséidon et sœur d’un assassin ! » Non, c’est faux. C’est la fille de Déesse Thalassa, pas de Dieu Poséidon. C’est la fille de Déesse Thalassa ! Je crie à Milàn. Mais Milàn ne m’écoute pas, il ne veut pas m’écouter. Il est furieux et la mer se sépare en deux. Milàn crée un couloir dans la mer où il n’y a plus d’eau, qui va jusque la fille de Déesse Thalassa. Elle est debout sur le sable, avec la mer de chaque côté d’elle. Des nageoires d’eau immenses comme des ailes se forment dans le dos de Milàn et Milàn se met à courir vite dans le couloir. Son épée est pointée sur la fille de Déesse Thalassa et les nageoires d’eau se transforment en vagues. Elles s’écrasent sur la fille de Thalassa et la noient presque. J’ai peur pour elle et pour Milàn. Milàn va la tuer s’il continue. Il va la tuer et le regretter. Milàn ne veut pas tuer, il ne veut pas blesser. Mais il est blessé et aveuglé par la colère. Il ne fait plus attention et ne se rend plus compte de rien. Je dois l’arrêter ou il s’en voudra. Je sais qu’il s’en voudra quand même après, mais je dois l’arrêter. La fille de Déesse Thalassa n’est pas Déesse Thalassa et n’est pas coupable. Je nage du plus vite que je peux dans l’eau à côté du couloir. Je rattrape Milàn et je saute sur lui au moment où il allait frapper la fille de Déesse Thalassa de son épée. Je lui rentre dedans et son épée redevient un bijou à son doigt. Je jette Milàn sur le sable et Milàn se relève d’un coup. Le couloir disparaît, la mer redevient une. Milàn me regarde, surpris. Il est choqué et encore plus énervé. Il va m’en vouloir, mais je préfère qu’il m’en veuille qu’il tue une personne. Milàn n’est pas un assassin, il est blessé. Il va retourner dans la mer pour combattre la fille de Déesse Thalassa, mais un satyre l’attrape par les bras. Il est dans son dos et lui donne un coup de sabot dans l’arrière du genou. Milàn crie de douleur et se débat. J’ai de plus en plus peur et Milàn a mal. Je ne veux pas qu’il ait mal et j’ai mal aussi. « Arrête ça tout de suite ! » Crie le satyre. Milàn ne répond rien, mais se débat plus fort. Les vagues sont très grandes et avalent plus de la moitié de la plage. Soudain, un jet sort de l’eau et touche le satyre au visage. Le jet est puissant et lui coupe un peu la joue. Le satyre crie et lâche Milàn. Milàn court vers la mer et plonge dedans. Soudain, la mer se calme. Milàn nage loin et s’enfonce dans l’eau. Il se rend à la Maison, je le sens. Je regarde la plage, la mer est redevenue lisse. Je suis désolé pour ce qui s’est passé et je bouge doucement mes nageoires. Je pars et je suis Milàn. Milàn se souvient de la fille de Thalassa parce qu’il la hait. La haine le fait se souvenir d’elle. Il l’évite et je l’évite aussi. Elle vient souvent à la plage et Milàn se tient loin d’elle. Il la hait profondément et je ne l’aime pas. Je ne la hais pas, elle n’est pas coupable. Mais elle est la fille de Déesse Thalassa et aussi une traîtresse.

Depuis que nous sommes à la Colonie, nous voyons une fille qui vient souvent à la plage. Elle a des longs cheveux et des yeux marron. Elle fait toujours la même chose, elle pose une serviette sur le sable. Elle s’allonge sur la serviette et ne bouge plus. Elle ne fait pas d’autre mouvement que marcher et s’allonger. Après, elle se lève et repart. La seule chose qu’elle fait est de parler quand une personne lui parle. Parfois, elle tourne la tête. C’est rare, parce qu’elle ne bouge pas. Même si elle ne bouge pas, nous nous sommes méfiés d’elle. Milàn s’éloignait, il ne restait jamais à côté d’elle. Je faisais pareil, j’étais avec Milàn. Finalement, le temps a passé. Milàn était de moins en moins agressif et méfiant. Il se méfie toujours et il est toujours en colère. Mais sa colère est en lui et il est froid. Il ne s’est pas rapproché de la fille et l’oublie à chaque fois qu’elle s’en va. Rien ne change pour Milàn, mais une chose a changé chez la fille. Elle dit toujours bonjour à Milàn, maintenant. Elle a commencé à lui dire bonjours il y a un moment, et elle continue de le faire. Au début, Milàn ne lui répondait pas. Il ne la regardait pas, il l’ignorait. Puis, il s’est mis à lui répondre. Il lui dit bonjour du bout des lèvres, mais il ne dit rien de plus. Il ne se souvient pas d’elle, mais je lui rappelle qui elle est à chaque fois. C’est peut-être pour ça qu’il lui dit bonjour, parce qu’elle vient souvent à la plage. Elle a raison de venir et de s’allonger sur le sable. J’adore aussi m’allonger sur le sable, dans l’eau. Je suis sous le soleil et je le sens sur moi. Il me réchauffe et je m’endors. Ça me fait du bien, c’est ce que je préfère. Alors je fais comme elle quand elle est là. Je bats des nageoires pour lui dire bonjour et je m’allonge sur le sable dans l’eau. Je me repose et je m’endors. La fille et moi, on s’allonge en même temps. On ne bouge plus en même temps et je suis sûr qu’on s’endort en même temps. Milàn est dans l’eau et flotte. Nous aimons ce calme, et la fille aussi.

Où tu vas ? Je demande à Milàn. Je bouge le nez et je bats des nageoires. Je tourne sur moi-même et je roule dans l’eau. J’ai envie de jouer avec Milàn, mais il sort de la mer. Quand il sort de la mer, c’est pour s’étirer sous le soleil. Peut-être qu’il va s’étirer sous le soleil et je me retourne à l’endroit. Je vois Milàn sortir de la mer et poser ses mains sur sa nuque. Il s’étire sous le soleil et je bats encore des nageoires. Milàn se sent bien aujourd’hui et il va sûrement s’asseoir sur le sable pendant un moment. Il aime le soleil et l’air. Je crois qu’il les aime presque autant que les Abysses. Je sais que Milàn choisirait les Abysses s’il devait choisir. Je sais que s’il m’entendait, il se mettrait en colère. Je sais qu’il n’hésiterait pas à aller dans les Abysses et y rester. Mais il n’a pas à choisir, il n’a pas à se couper de la terre. Je ne comprends pas pourquoi Milàn veut faire un choix. Il a déjà fait son choix et ça me rend très triste. Il le regrettera s’il reste dans les Abysses. La terre va lui manquer et il voudra y retourner. Milàn est un enfant de la mer et de la terre et ne doit pas choisir entre les deux. Mais je sais aussi qu’il a mal. Il a mal parce que Nada n’est plus sur la terre ni dans la mer. Nada n’est plus dans ce monde et Milàn a le sentiment que vivre dans la mer lui fera moins mal. Il n’a pas perdu Nada dans la mer, il l’a perdue sur la terre. C’est pour ça qu’il veut rester dans la mer, pour ne plus avoir mal. Mais il aura toujours mal dans la mer et il ne le voit pas. Je le vois et je lui ai dit qu’il ne doit pas faire ça. Mais il est têtu et ne m’écoute pas. Il a déjà fait son choix et je ne l’accepte pas. Il sera encore plus malheureux et je ne veux pas qu’il soit malheureux. Je veux qu’il soit heureux et il le sera dans la mer et sur la terre. Je m’arrête et je regarde Milàn. Ses bras sont le long de son corps et il regarde lui-même quelque chose dans le sable. Il le fixe et j’observe Milàn. Je suis intrigué et curieux. Je me rapproche lentement du bord alors que Milàn s’accroupit. Il tend une main et prend un objet. C’est un livre et je penche la tête sur un côté. Je sais ce qu’est un livre parce que Milàn m’en a déjà parlé. Un livre, c’est fait de pages. Les pages sont faites de phrases et les phrases sont faites de mots. On lit les phrases et les phrases font une histoire. Papi et Mamie lisaient beaucoup et Nada lisait souvent. Milàn a du mal à lire, mais il lit un peu. Milàn garde le livre et se redresse. Il se tourne vers moi et me demande si j’ai vu la personne à qui appartient ce livre. La personne ? Je secoue plusieurs fois la tête de haut en bas et je bats des nageoires. J’ai vu la personne, un garçon avec des cheveux bouclés. Ils sont moins bouclés que ceux de Milàn, mais bouclés quand même. Ils sont marron et dorés. Sa peau est blanche et ses yeux sont bleus comme le ciel. Je le dis à Milàn et Milàn hésite. Il hésite à aller rendre le livre au garçon parce qu’il ne veut pas quitter la mer. Il ne veut pas manquer un signe de Papa et je lui promets que je surveille la mer. Il peut aller lui rendre le livre avec l’esprit tranquille et Milàn me répond qu’il revient. Il part et je me tourne dans l’eau. Je regarde la mer et je la surveille comme promis. Je n’entends pas Milàn dans ma tête, il fait de son mieux. Milàn revient et me rejoint dans l’eau. Il soupire et ferme les yeux. Il se sent mieux dans l’eau et je lui demande de me raconter avant qu’il oublie. Milàn garde les yeux fermés et me dit qu’il est allé dans le bungalow 11 pour commencer. Il voulait faire le tour des bungalows, mais il a commencé par le bungalow 11 parce qu’il y a le plus de monde dedans. Il y a vu un garçon qui ressemblait à celui dont je lui ai parlé et lui a rendu le livre. Le garçon lui a pris le livre des mains et Milàn a froncé les sourcils. Il n’a pas compris son geste sec et était suspicieux. Mais il n’y a pas fait plus attention, ce n’était pas important. Le garçon l’a remercié « du bout des lèvres » d’après Milàn et Milàn a plissé les yeux. Il l’a laissé et est vite revenu dans la mer. Je lui ai dit que j’étais content de lui et que Papa n’avait rien fait. Alors Milàn a soupiré et a glissé sous l’eau. Parfois, je vois le garçon au livre. Il vient sur la plage et s’assoit. Il lit sur le sable, concentré. Je l’observe et il m’a déjà vu. Mais il ne s’est jamais approché, il se méfie. Je le comprends, je me méfie aussi. Mais je me méfie moins que lui. Milàn l’a oublié, mais pas moi. J’aimerais bien lui parler, peut-être qu’il se méfierait moins.


Plav et Éros


Milàn est dans les Abysses et je suis en train de sauter dans l’eau. Je bondis hors de l’eau et je sens l’air et le soleil sur moi. Je vole et je retombe rapidement dans l’eau. Quand je sens l’air et le soleil, je suis content. Non, je suis heureux. Je suis en suspension dans l’air et libre. J’ai l’impression de ralentir, que le temps s’arrête. À cet instant, je connais l’éternité. Est-ce que l’éternité est sauter dans l’eau ? C’est mon éternité à moi. J’adore sauter dans l’eau et j’adore sauter dans l’eau quand Milàn est sur mon dos. Il adore ça aussi et ça le fait sourire. Je ne le vois pas, mais je le sais. Je sais que chaque saut fait sourire Milàn et que Milàn sourit à chaque saut. J’aimerais revoir son sourire parce que son sourire me manque. Ce n’est pas grave s’il me manque parce que je suis heureux quand Milàn sourit. Tant pis si je ne le vois pas parce que son sourire est tout ce qui compte. Quand il y a un sourire sur son visage, c’est le bonheur. Mais il n’est pas sur mon dos et ne m’a pas appelé. Il est sûrement avec Pérasma et Katófli pendant que je saute. Alors je ne m’arrête pas et je continue de sauter. Je suis vif et heureux. Soudain, je sens un changement dans l’air. L’air devient plus lourd et il fait chaud. Il y a quelque chose qui est proche, quelque chose de fort. Quelque chose de familier, puissant. Quelque chose que j’aime, et je m’agite. Je tourne sur moi-même et je roule dans l’eau plusieurs fois. Je bats des nageoires et je tape dans tous les sens. Je reconnaîtrais toujours cette présence et je suis si heureux. Je saute en dehors de l’eau et l’eau éclate. Dieu Éros est là. Je ne le vois pas encore, mais il n’est pas loin. Il est tout proche, je le sens. Soudain, il apparaît dans l’air. Ses immenses ailes d’or se déplient dans son dos et ses pieds se posent lentement sur l’eau. Une lumière dorée l’entoure et son visage est de marbre. Dieu Éros est là. Je crie et je saute du plus haut que je peux. Je l’éclabousse : Dieu Éros ! Je suis si content de vous revoir ! Il est couvert d’eau et rit légèrement. Je bats encore plus des nageoires et je nage vite jusqu’à lui. Il se laisse glisser dans l’eau et je me jette dans ses bras. Il rit encore et me prend dans ses bras. Il me serre contre lui et sa chaleur m’enveloppe. Je sens que mon énergie et ma force augmentent. Il me donne de la force et de la vie. Dieu Éros fait toujours ça quand il est là. Il me renforce, il nous renforce. Il nous prête une partie de sa chaleur et de son énergie. C’est le frère de Papa et ils sont proches. Il vient le voir de temps en temps et Papa lui fait entièrement confiance. Il est toujours très gentil avec nous, il nous aime. Les Abysses l’aiment aussi et il a un lien particulier avec eux. Il a un lien particulier avec la nature et les êtres vivants qui ne sont pas des êtres humains. Il nous comprend et fait attention à nous. Mais Dieu Éros peut entrer dans des colères noires et les Abysses sont toujours avec lui. Les Abysses secondent Dieu Éros et le suivent dans ses colères. À chaque fois, le monde tremble. On dirait qu’il se fissure et va s’ouvrir si Dieu Éros décide de claquer des doigts. En un claquement de doigts de Dieu Éros, le monde disparaît. Ce serait triste, mais ce serait juste. Les colères de Dieu Éros sont justes et les Abysses croient que si le monde doit disparaître d’après Dieu Éros, alors il doit disparaître. Dieu Éros est terrifiant quand il est vraiment en colère, mais je n’ai pas peur de lui. Je suis avec lui, nous sommes avec lui. Il nous protège et nous le protégeons. Sans Dieu Éros, nous ne serions pas ce que nous sommes. Il a aidé Papa à nous créer et nous lui devons la vie. Nous faisons absolument confiance à Dieu Éros et il nous rend notre confiance. Nous ne le voyons pas souvent, mais nous sommes heureux quand nous le voyons. Et je suis trop heureux de le voir, il m’a manqué. J’espère qu’il voudra bien jouer avec moi et je me frotte contre lui. J’entends sa belle voix grave : « Comment vas-tu, mon beau ? ». Je me frotte encore contre lui : Bien ! Ça faisait longtemps ! Vous m’avez manqué ! Vous voulez bien jouer avec moi ? J’adore sauter ! Dieu Éros rit encore et sourit doucement. Il est toujours doux, je sens son amour dans ses gestes. « Cela aurait été avec un immense plaisir, mais ce sera pour une prochaine fois, car j’ai à faire. Mais, dis-moi, comment va ton frère ? » Je m’arrête et je le regarde. Je suis triste maintenant et je baisse la tête : D’accord… Milàn ne va pas bien. Nada lui manque. Elle me manque aussi… Dieu Éros me fait redresser la tête et me regarde. Son air est grave et il comprend. Il me murmure en caressant ma nageoire dorsale : « … Je suis vraiment désolé ». Je le regarde et il relève la tête. Il regarde l’horizon et ses sourcils se froncent. Son air s’assombrit et son corps se raidit. Il dit : « … Triton paiera pour ses crimes ». Je frémis et je me blottis encore plus contre lui. Dieu Éros me serre encore plus et continue : « Je suis désolé pour Nada et ses parents, mais ils reposent en paix désormais. » Je secoue lentement la tête de haut en bas et je ferme les yeux. J’espère que là où ils sont, Nada, Papi et Mamie sont bien… Dieu Éros caresse ma tête : « Ne t’en fais pas, je garde un œil sur Milàn, je le surveille. Et je m’occuperai de Triton, je te le promets, je vous le promets à tous. Sois sage jusqu’à mon retour ». Il sourit encore et je me blottis encore contre lui. Il va déjà repartir parce que Dieu Éros ne reste jamais longtemps. J’en suis triste, mais Dieu Éros a des choses à faire. Je me décolle de lui et je me recule lentement. Je le regarde et Dieu Éros me sourit. Il tapote le bout de mon nez : « À la prochaine, petit Plav ». Je bats des nageoires et ses ailes d’or se déplient. Dieu Éros sort de la mer, qui coule sur lui. Ses ailes se tendent sur les côtés et il me sourit une dernière fois. Elles battent et il s’est envolé. Dieu Éros est parti et je soupire. J’aurais aimé qu’il reste, il me manque déjà. Milàn n’a jamais vu Dieu Éros, mais peut-être qu’il le verra un jour. Dieu Éros veille sur lui et ça me rassure.
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Mimie99

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par Mimie99 »

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| 17 ans | Fils d’Hermès | Permanent | 1m78 | Défaut Fatal : Insouciance |
| 1er Avril 2003 | Bélier |« Mischief » | Avec Lemony Sugar |

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J'observe tranquillement Lemony pendant qu'il inscrit dans un carnet toutes les informations que je lui ai donné. À quel point est-ce dur à vivre que de passer son temps à tout oublier? Est-ce plus facile ou plus difficile que de savoir que l'on est condamné à mourir et qu'avant de tomber on risque d'avoir prononcé des propos désobligeants aux personnes que l'on apprécie le plus? Est-ce que j'aurais préféré avoir cette maladie plutôt que celle que j'ai? Je ne sais pas... mais je n'en ai pas l'impression. Pas si ça devait signifier avoir oublié des choses essentielles comme tous les coups faits avec Scotty. Ou de ne plus savoir qui il est. Évidemment, je ne peux pas vraiment savoir si ça aurait ces effets, mais peu importe. De toute manière, ça ne change rien. Ce n'est pas ce que j'ai et je vais mourir. Tôt ou tard. Peut-être que je devrais le dire à ceux que j'apprécie bien, ici. Sauf que je n'ai pas envie de voir la pitié ou le chagrin dans leur regard. Chiron me suffit. Peut-être que je pourrais voir avec lui s'il est possible de falsifier la cause de ma mort si c'est la maladie qui me met chaos en premier?

Peut-être.

Il suffirait de faire croire que je pars en quête, alors qu'au fond je vais à l'hôpital. Personne n'ira me chercher là. Et lorsque je succomberai... Chiron n'aura qu'à dire que ma quête s'est mal terminée. Humm... Je ne crois pas qu'il aimera l'idée de mentir à tout le monde sur quelque chose d'aussi bénin, mais ça m'éviterait bien des conversations déplaisantes. Je n'ai toutefois pas le temps d'y réfléchir davantage que Lemony termine d'écrire ce que j'ai dit et recommence à me parler. Un sourire léger et sincère étire mes lèvres lorsqu'il me questionne sur la position de la cuisine. Quant à l'accompagné... Pourquoi pas? Je pourrai chaparder deux ou trois choses. Voir même planifier mon coup là-bas? Humm... non. Intoxiqué les gens, ce n'est pas la chose la plus amusante. Enfin, ça me permettra peut-être de réfléchir et de trouver une idée. Avec enthousiasme je lance:

- Trouver la cuisine n'est pas la tâche la plus compliqué! C'est prendre quelque chose à manger quand ce n'est plus l'heure qui est le véritable défi! Mais tu as de la chance, je suis l'un des plus doués pour chaparder ci et ça. Allons-y!

Combien de temps il se souviendra de la raison pour laquelle il se trouve avec moi? C'est une bonne question. Mais au moins s'il me questionne plusieurs fois sur les mêmes sujets, ça m'évitera de me creuser la tête pour entretenir une conversation longue et efficace. Je ne suis pas encore tout à fait prêt mentalement pour discuter de plusieurs choses. J'ai de l'ordre à faire dans ma tête avant ça, et il n'y a aucun meilleur moyen pour le faire qu'en mangeant et préparant un coup!
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ChapelierFou

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par ChapelierFou »

Eparm: J'ai enfin finit ta fiche, elle est tellement belle *-*! Que ce soit la présentation, l'histoire ou le style, j'ai tout adoré! L'alternance entre Abysse et Nada est très bien géré, on les distingue facilement et c'est vraiment triste que ça se finisse sur Abysse qui se retrouve à devoir finir de raconter seul, comme il a commencé seul :cry: De plus, je trouve que le fait que les parents racontent rend vraiment ta fiche unique et poétique, ils sont extrêmement attachants et adorables ensembles, Abysse est clairement le meilleur parent divin et Nada est trop mignonne, et j'ai vraiment été touché par sa mort comme je ne l'avait pas été depuis longtemps par la mort d'un parent... En tout cas j'ai l'impression que tu as vraiment fais énormément de recherche sur Abysse et la Croatie, parce que ta fiche est extrêmement nourrie et riche en détail
Quand à Milàn lui-même, on l'a pas vu autant que ses parents mais au début j’espérai qu'il serait un peu heureux, mais tant pis X) Plus sérieusement, sa malédiction de l'oubli est hyper triste, sans parler du fait qu'il se sente abandonné et trahis par son père... J'espère que ça s'arrangera pour lui à la longue... Bref, j'ai adoré ta fiche et j'ai hâte de voir Milàn rp ^^
Eparm12

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par Eparm12 »

@Chap' : Encore merci d'avoir lu ma fiche et je suis hyper contente qu'elle t'ait plu. :D Oooow, rien que ça et merci ! *o* Voui, je suis contente que ce soit le cas et exactement... :roll: Merci merci merci et j'avoue qu'Abysses et Nada, c'est devenu un de mes ships préférés parce qu'ils sont si beaux... ♥ Haha, enfin un parent divin qui remonte la barre (et pas des moindres) ! :lol: 8-) Le but est que la mort de Nada vous touche, donc comme elle t'a touchée, j'ai atteint mon objectif et j'avoue que ça a été très difficile pour moi de l'écrire. x') Alors, il ne faut pas le dire, mais tout sort de ma tête (j'ai déjà été en Croatie, mais bon...). :mrgreen: Merci. *-*
Haha, ce n'est plus le cas, en effet. x') Un peu, mais, en vrai, ça va, Plav est sa mémoire. ^^ Ça, c'était au tout début, maintenant, il veut juste le retrouver et moi aussi, on verra ça...
Merciii. ♥
LSGI

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par LSGI »

Sacha Yeraz Jensen
Fils d’Hypnos | 15 ans | 1m80 | Rêveur | Avec Lizzie sur la plage



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Wow. Non mais pause ! Où j’ai atterri ? Ce n’est pas un monde miroir c’est un monde infernal ! Pas de sieste… mais enfin qui est ce petit être ? Pourquoi se prive-t-elle du doux plaisir de dormir ? Pourquoi se prive-t-elle de rêver un peu plus ? Pourquoi se prive-t-elle des messages si précieux de son subconscient ? Pourquoi se prive-t-elle des vérités cachées en elle-même ? Des fictions qui ne sont que le reflet de son elle profond ? Des inventions qui lui apprendront quels sont ses véritables désirs et ses véritables peurs ? De ce qui lui permet de se connaître mieux qu’elle ne le pourra jamais ? De voir sa véritable identité ? De découvrir ses mystères ? Ses mensonges que son cerveau conscient se raconte à lui-même ? Pourquoi… Je ne comprends pas. Je ne comprends pas du tout. Car plus que tout ça, plus que le simple plaisir de découvrir toutes ces choses et de se découvrir, c’est le plaisir de l’abandon à soi-même. Laisser son esprit prendre le contrôle, se contenter de regarder ou bien agir mais dans un environnement ou ni muscles ni sens ne sont utiles, où seul le cerveau règne. Et les émotions ! Si puissantes lorsqu’on plonge dans le sommeil ! Des émotions que parfois on ne ressent pas en étant éveillé… Je ne comprends pas. Est-ce que je pense ainsi car je suis un fils d’Hypnos ? Parce que j’aime me découvrir et découvrir les autres ? Parce que j’aime simplement rêver ? Parce que dormir est ma passion ? Peut-être ! Oh comme j’aime dormir. Bon et puis même si elle ne fait pas de sieste la petite extramonde doit bien dormir la nuit ! Pour ma part je dormirais bien là tout de suite. J’ai une envie de nager dans les nuages et voler dans les vagues… d’entendre les couleurs et d’observer les sons… Oh oui doux rêve qui m’appelle. Je pourrais presque voir des bras tendus vers moi qui m’accueillent, qui me disent « viens Sacha, ferme les yeux et dors… »
Mes yeux retombent sur le petit être féminin et elle me dit qu’elle comprend, mais qu’elle n’aime pas dormir, qu’elle préfère profiter du monde éveillée et apprendre à connaître les autres en étant dans le monde physique. Je lui souris en disant que c’est également un moyen de communiquer, même si personnellement je ne le maîtrise pas très bien. Elle rit en disant qu’elle l’a bien remarqué. Je ris à mon tour.
- Tu es bien gentille !
Et patiente ! Elle a quand même pris le temps… je ne sais pas combien de temps… de m’écouter baragouiner et finalement elle a compris et rit. Donc c’est beau ! C’est une réussite ! Lizzie l’extramonde est ajoutée à ma liste de contacts sympas !
Elle répond par une tirade, elle est davantage fatiguée désormais. Je ne sais pas trop de quoi elle parle pour être honnête, est-ce qu’on s’est perdu ? Elle est peut-être en train de rêver et elle imagine des choses ? Je me contente de lui adresser un large sourire et de répéter ses mots finaux qui me plaisent bien :
- Et voilà !
Elle se met ensuite à jouer de sa guitare apparue comme pas enchantement. Je fixe ses doigts gracieux sur les cordes, ils me font penser à une feuille au bout d’une branche qui effleure l’eau, tout en douceur mais on voit le changement dans l’eau, des sillons se formant, et ici de la même manière des notes arrivent. La musique m’envoûte totalement et je me sens bien, comme dans un rêve. Lizzie l’extramonde finit par me demander si sa musique me plaît et j’acquiesce sans oser répondre de peur de l’interrompre. La mélodie continue et bientôt une voix accompagne le son des cordes. Je ne comprends pas ce qu’elle dit au début… mais ensuite les mots me parviennent : « Sous le Soleil d’Apollon, tu peux fermer tes paupières, caressé par ses rayons, tu peux atteindre ce que tu espères, entends le son, et va rejoindre ton père. » Ce que je fais sans attendre. Lentement mon menton quitte ma paume et mon dos se déroule, je m’étends sur le sable, mes jambes se déplient et mes paupières se ferment. Avant que ma tête n’ait touché le sol je suis parti dans un monde où la lumière brille et la musique résonne.
naji2807

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par naji2807 »

Lizzie Brooks
12 ans, Née le 17 avril, 1m40, Fille d’Apollon non reconnue
Musicienne hors pair, Capricieuse, Avec Sasha sur la Plage

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Je ne sais pas ce que j'ai dit ou fait et sincèrement, je m'en moque un peu, je suis trop fatiguée pour débattre avec lui et puisqu'il dit qu'il me trouve gentille, je crois bien que je vais m'en contenter. Je lui adresse quand même un sourire, fatigué je l'admets, mais un sourire quand même, et j'accepte son compliment en répondant :
- Merci, toi aussi, quand tu ne pars pas dans tous les sens.
Parce que Dieu qu'il est fatigant... Ou Dieux qu'il est fatigant? Oh et puis on s'en moque. J'ai grandi pendant un long moment en apprenant avec Estelle qu'il n'y avait qu'un seul Dieu, et maintenant on me parle de tout un Panthéon... et en plus l'un d'eux serait soit disant mon père... Vraiment toute cette histoire me fatigue, et Sasha aussi me fatigue, à partir dans de grandes explications farfelues que je ne comprends pas plus que le reste... Je finis par lui dire qu'il a raison, même si ça m'arrache un peu la bouche parce que j'aime au contraire avoir le dernier mot... mais là franchement, je crois bien que je ne l'aurai jamais et que je dois me faire à l'idée...
Il semble très content de lui et pour un peu ça me donnerait encore plus envie de reprendre la discussion pour lui dire que non, pas de "et voilà", il raconte n'importe quoi, ses paroles n'ont aucun sens, mais comment peut-il ne pas s'en rendre compte bon sang! Mais au lieu de ça, et surtout parce que je suis trop fatiguée, je prends une grande inspiration pour me calmer et garde la bouche fermée.
Je suis également aidée au calme par ma guitare et par le fait de jouer. Au moins Sasha se tient maintenant au silence, il écoute, et il semble aimer, ce qu'il me confirme quand je l'interroge. Je continue donc de jouer sans faire très attention à lui, grattant les cordes et fredonnant doucement. Tout ceci m'apaise et, étonnement, je suis un tout petit peu moins fatiguée. Au bout d'un moment, je me force quand même à sortir de ma bulle... mais c'est pour découvrir que Sasha dort! Mais il se moque de moi ou quoi? Il dort?! Mais... Je cligne plusieurs fois des yeux, hallucinée, avant de me faire à l'idée et de penser qu'au moins quand il dort, il ne parle pas de trucs farfelus... et puis maintenant je peux m'éclipser sans être gênée! Je me lève donc doucement, emportant ma guitare avec moi et veillant à ce qu'il reste endormi, puis je m'éloigne lentement de lui pour revenir à la Colonie. Le mieux c'est sans doute de retourner dans le bungalow qu'on m'a attribué.
glamour123

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Nil

Message par glamour123 »

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JE ME SUIS PERDU.
JE NE SAIS PLUS QUELLE HEURE IL EST.
DEPUIS QUAND SUIS-JE PARTI ?
LA ROUTE EST LONGUE, INFINIE.
MES PENSÉES TOURBILLONNENT DANS LES AIRS.
ELLES NE S'ARRÊTENT JAMAIS.
J'AI OUBLIÉ QUI J'ÉTAIS.
ROM, OÙ ES-TU ? JE NE TE VOIS PLUS.


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Rom est le fruit d'une histoire d'amour, ça lui correspond bien. Cette histoire aurait pu être romantique, digne d'un conte de fée, mais ce n'est pas le cas. Loin de là. Pas de destinée, pas d'évidence, pas de coup de foudre. Pas de fleurs et chocolats non plus. Un simple et banal hasard, une rencontre comme une autre. Notre père est un homme lambda, il n'a rien de remarquable, rien d'original. Il a su très tôt qu'il voulait être médecin, il a réussi, il est devenu urgentiste. Son métier c'est sa passion. Il aime se sentir utile à la société, apporter son aide à ceux qui en ont besoin. On en aurait eu besoin, nous, de cet altruisme absolu, mais il a toujours donné sa priorité à son travail. Un café. Qu'est-ce qu'il y a de plus commun que cette boisson amère ? C'est en commandant un cappuccino au café du coin qu'il a rencontré notre mère. Até. Trois courtes lettres pour son prénom, ainsi que pour les nôtres. Até, comme son nom l'indique, est la folie de l'histoire. L'élément inattendu, impétueux. Si elle n'avait pas posé son regard sur lui, si elle avait juste passé son chemin, tout ça ne serait pas arrivé. Cette histoire se serait finie très vite. Rom ne serait pas né, moi non plus. Mais c'est arrivé. Elle était là, à côté de lui, elle l'a vu. Elle a souri, il a craqué. Il lui en n'a pas fallu beaucoup pour tomber sous son charme. Un vrai cœur d'artichaut, on aurait dit Rom. La ressemblance s'arrête là. Ils ont discuté toute la journée, elle lui a fait oublié ses responsabilités, ses obligations, le monde extérieur. Dans son esprit, en l'espace de quelques heures, elle est devenue son tout, sa raison d'être. Pour lui il était impensable de la quitter, ils sont repartis ensemble main dans la main. Son insouciance a duré un temps, pas longtemps. Até est tombée enceinte, ça faisait deux semaines qu'ils se fréquentaient. Lui ne l'avait pas vu venir. C'était un accident, un oubli, un moment d'égarement. Notre père, épris, a décidé qu'il était prêt à assumer un bébé. Até a accepté sa proposition, elle a emménagé chez lui. À l'époque il était trop aveugle pour voir les signes, les incohérences dans ses discours, le comportement étrange de la femme qu'il aimait. Il trouvait une explication rationnelle à ses sorties interminables, à ses oublis répétés, aux malheurs qui ne cessaient de s'accumuler autour d'elle. Partout où elle allait, un drame s'opérait. Selon lui, ce n'était jamais sa faute. Je crois que c'est sa naïveté qui lui a plu, à Até. Pour une fois qu'on ne rejetait pas la faute sur elle. Comment expliquer qu'elle soit restée aussi longtemps avec lui sinon ? Elle a porté Rom dans son ventre neuf mois avec tout l'amour et la tendresse qu'une mère peut avoir naturellement pour son enfant. Notre père était excité à l'idée de fonder un foyer, même si cela se faisait plus tôt qu'il ne l'aurait crû. D'un accident, Rom est devenu un bébé désiré, déjà aimé. Il est venu au monde un jour de neige, en janvier après les fêtes. C'était le plus beau cadeau qu'Até pouvait faire à notre père. Le mois qui a suivi la naissance de Rom a été synonyme de joie, de bonheur. Seulement la nouvelle est tombée, brisant cette délicieuse paix, Até était encore une fois enceinte. La coïncidence était trop grande, le masque s'est fissuré, l’aveugle a retrouvé la vue. Ils se sont engueulés, froidement, gravement et il a fait la seule chose qu'il n'aurait jamais dû faire : il l’a pointée du doigt, il l’a accusée. C’était sa faute. Comment est-ce que ça pouvait arriver si tôt ? Pourquoi ne prenait-elle pas de précautions ? Le faisait-elle exprès ? La colère d'Até s'est réveillée, elle lui a juré vengeance.
Ma naissance a marqué la fin de leur histoire d’amour.



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JE NE SAIS PLUS QUELLE HEURE IL EST.
DEPUIS QUAND SUIS-JE PARTI ?
LA ROUTE EST LONGUE, INFINIE.
MES PENSÉES TOURBILLONNENT DANS LES AIRS.
ELLES NE S'ARRÊTENT JAMAIS.
J'AI OUBLIÉ QUI J'ÉTAIS.
ROM, OÙ ES-TU ? JE NE TE VOIS PLUS.
JE ME SUIS PERDU.


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Dès son plus jeune âge Rom était guidé par ses pulsions. La violence, il y goutait chaque jour. Le soir, il débarquait à la maison avec des bleus, des entailles, un œil au beurre noir ou le visage en sang. Et ce con il souriait, la lèvre fendue, d'un sourire écarlate. Parce qu'il était fier. Oui il l'était, de s'être battu, d'avoir défendu les siens. Il est comme ça, prêt à tout pour défendre ceux qu'il aime. Rom ne sait pas se contrôler. Quand la colère le prend aux tripes, il n'a plus aucune limite. Il ne réfléchit pas, il fonce dans le tas, écrasant tout sur son passage. Il inflige beaucoup de dégâts, autant à lui-même qu'aux autres. Des corps meurtris, il en a laissé en masse derrière lui. Je ne me rappelle plus du nombre de fois où notre père est allé le chercher au poste de police parce qu'il s'était impliqué dans une bagarre de rue. Il ne lui en faut pas beaucoup pour partir en vrille. Manque lui de respect et il te frappe, insulte-moi et il te tabasse. Une fois lancé, il est pratiquement impossible de l'arrêter. Peu importe qui tu es, ton sexe, ton âge, ton statut, ta richesse, si tu le cherches tu vas le trouver. Dans ces moments là je n'ai aucun pouvoir sur lui, il n'écoute personne. Il vit à l'instinct, à l'impulsion. Rom c'est un peu une bête enragée, pour le capturer il faut l'abattre. Et encore, s'il tombe à terre il va se relever. Il pourrait avoir la jambe pétée qu'il trouverait le moyen de se remettre sur pieds. J'admire cette force qu'il a, cette détermination folle et irraisonnée qui résiste à toutes les épreuves. À cause de ça il n'est pas beaucoup aimé. Il inspire la crainte, les gens sursautent en sa présence, ils l'évitent. Quand ce n'est pas de la peur, c'est alors de la méfiance, du mépris et beaucoup de haine. On n'aime pas les garçons agressifs, on préférerait les voir derrière les barreaux d'une prison plutôt que dans la rue à côté de son gosse. Ce qu'ils ont tous oublié, c'est que Rom était aussi un gamin. Un gamin en colère qui s'est fait sa propre idée de la justice. S'il a cette réputation de mauvais garçon, c'est entièrement de ma faute. Si je n'étais pas né, les choses auraient été différentes. Até serait peut-être restée avec lui, il serait peut-être devenu un mec gentil, chiant mais apprécié. S'il m'entendait dire ça, il m'en collerait une. Selon lui je suis la plus belle chose qui lui soit arrivé. J'ai des doutes. Rom venait d'avoir dix ans quand tout a commencé. À l'époque je ne le lâchais pas d'une semelle, j'étais son ombre. Partout où il allait, j'étais là. Pas trop près, ni collé, mais jamais bien loin de lui. Si cela l'embêtait, il ne s'en est jamais plaint. C'était un jour d'école, je n'avais pas envie d'être seul durant la récréation alors j'ai insisté pour jouer aux billes avec lui. Il m'a intégré sans hésitation à son groupe, je me suis bien amusé. Le truc, c'est que j'étais en train de gagner la partie. Et ça n'a pas plu à ses amis qui ont pris la mouche parce qu'un minus tel que moi les battait. Un des gars m'a insulté avant de me pousser pour me faire partir du cercle. Ce garçon s'appelait Adrien. Il était dans la même classe que Rom, il avait son âge, les habitudes et les centres d'intérêts d'un enfant ordinaire. Pour être franc, il ne méritait pas entièrement ce qui lui est arrivé. Certes, il a eu un geste offensif envers moi mais c'est à peine si j'ai reculé de quelques centimètres. Il ne m'avait même pas fait mal. Le sang de Rom, lui, n'a fait qu'un tour. Son visage s'est déformé dans la seconde puis il s'est jeté sur lui, à coup de poings. Ils se sont battus et Rom, malgré son manque d'expérience, avait clairement l'avantage. Il s'est déchaîné, incapable de retenir sa force, incapable de comprendre qu'il était déjà allé trop loin. Sous l'intensité de ses coups, Adrien s'est effondré au sol, pleurant de douleur. Rom ne s'est pas arrêté. Il n'avait aucun remord à s'acharner sur lui alors qu'il était à terre et qu'il ne se défendait plus. Personne n'a rien fait pour l'empêcher d'agir. On était tous trop pétrifiés par la scène qui se jouait sous nos yeux. Une éternité s'est écoulée avant qu'un adulte ne vienne les séparer. Rom s'est débattu, il avait encore la rage, il voulait le finir. Le surveillant aussi s'en est pris, des coups, mais ce n'était rien comparé au corps inerte d'Adrien. Il y avait du sang partout. Sur son visage tuméfié, sur ses vêtements, sur le goudron, sur les mains de Rom. Personne n'aurait reconnu le petit garçon rieur qui jouait aux billes il y a cinq minutes. La bulle de silence a explosé, les pleurs et les cris des enfants terrifiés dans la cour ont résonné. À cette cacophonie s'est mêlée le son de la sirène d'une ambulance. Ils ont embarqué en horreur un Adrien inconscient, traumatisé, mais vivant. Je me suis retourné vers Rom, deux hommes l'avaient plaqué avec fermeté contre un mur. Je me suis approché d'eux, je leur ai dit de le lâcher, qu'il allait plus frapper personne, qu'il avait besoin de respirer, que c'était fini. Évidemment ils ne m'ont pas écouté, ils l'ont conduit jusqu'au bureau du proviseur. Rom a été renvoyé de l'établissement deux semaines, c'était sa punition, sa première expulsion. Depuis ce jour l'appel du sang lui est monté à la tête. C'est devenu son quotidien, son rythme de vie. Rom n'est pas un assoiffé, il ne cogne jamais pour le plaisir de cogner. Il a toujours une raison précise de frapper quelqu'un même si elle n'est pas valable pour tout le monde. Et moi dans tout ça je joue l'infirmier. Grâce à la profession de notre père, nous avons toute une panoplie de matériel à disposition à la maison. Et comme il n'était jamais là pour le soigner et que Blanche avait les mains tremblantes, je m'en suis chargé. J'ai appris à panser une blessure dans l'urgence, à désinfecter, même à recoudre. C'est l'une des seules choses que je suis en mesure de faire pour lui alors j'y tiens. Comme je le disais, des Adrien, il y en a eu des dizaines. Mais il est arrivé, parfois, que ce soit Rom à la place de la victime. Alors mes pansements ne servent plus à rien et je deviens le petit garçon le plus impuissant de la Terre. Un jour il s'en est pris à plus fort que lui. Ils étaient trois, il était tout seul, mais il aurait pu gagner, je le sais. Seulement, en plein milieu de l'affrontement, un quatrième homme s'est ramené contre lui. Il avait un couteau. Rom n'a aperçu la lame que trop tard, elle s'est plantée dans la partie droite de son abdomen. Je n'étais pas là quand ça s'est produit, je m'étais perdu devant une vitrine à deux rues de lui. J'ai entendu un cri, j'ai accouru, j'avais un mauvais pressentiment. J'ai retrouvé mon frère allongé sur le sol, laissé pour mort. J'ai jamais eu peur pour Rom. Même quand il sortait tard la nuit, je lui faisais entièrement confiance. Mais à cet instant où je me suis retrouvé à côté de lui dans une marre de sang, j'embrassais la terreur à pleine bouche. J'ai comprimé la plaie comme je le pouvais, j'ai hurlé, il fallait que quelqu'un appelle les secours. Ils sont venus, tellement tard, et on a rejoint l'hôpital le plus proche. Je tenais sa main, si fort, je voulais pas le lâcher, il devait savoir que j'étais là, que je partirais pas, que je me perdrais pas, que j'allais rester. La vérité c'est que si je l'avais lâché je me serais effondré. Presque aussi blessé que lui. J'ai passé la pire nuit de ma vie ce jour-là. J'ai erré dans les couloirs blancs, les yeux vides, la parole vide. J'étais tout seul à attendre, l'unique personne qui aurait pu me soutenir était en train de se faire opérer dans une des salles. Rom était en vie. Il avait frôlé la mort mais il respirait. Il s'en est rapidement remis, après tout c'est un dur à cuir Rom. Depuis, quand il ôte son tee-shirt et se pavane devant moi tel un crétin, il laisse voir au monde entier sa blessure de guerre. Une cicatrice qui prouve que lui aussi, il est vulnérable.


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DEPUIS QUAND SUIS-JE PARTI ?
LA ROUTE EST LONGUE, INFINIE.
MES PENSÉES TOURBILLONNENT DANS LES AIRS.
ELLES NE S'ARRÊTENT JAMAIS.
J'AI OUBLIÉ QUI J'ÉTAIS.
ROM, OÙ ES-TU ? JE NE TE VOIS PLUS.
JE ME SUIS PERDU.
JE NE SAIS PLUS QUELLE HEURE IL EST.


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Les démons. Mais aussi les terreurs, les vermines, les monstres, les voyous, les animaux, les vauriens. C'est ainsi qu'on nous appelle Rom et moi. Partout où nous allons nous sommes les ennemis, les personnes qu'on souhaite voir disparaître. On n'est pas aimés, on ne nous supporte pas. Ils nous maudissent, nous haïssent. Ils finissent tous par le faire, même les plus patients. Ils nous dévisagent, chuchotent sur notre chemin et crachent dans nos dos. La plupart ne nous connaissent pas. Mais ils entendent parler de nous, beaucoup, beaucoup trop, si souvent que les rumeurs prennent le pas sur la réalité. Si on les écoutait, Rom aurait passé six mois en détention pour mineurs, il aurait tué de sang froid un coq qui chantait trop fort et il aurait volé la poupée préférée d'une petite fille sans aucun scrupule. Tout ça est entièrement faux, il le sait et je le sais, c'est tout ce qui importe. Au début on démentait ces accusations. Rom est allé jusqu'à frapper un adulte pour blanchir mon nom. Sauf qu'on ne nous croyait pas, on ne nous écoutait plus. Et même si on n'avait pas commis ces crimes précis, on en avait fait plein d'autres, donc on était coupables quoiqu'il arrive. C'était de notre faute, toujours la nôtre, et jamais celle des autres. Las, on a fini par se taire, par garder le silence et les laisser parler. Ils peuvent nous coller autant d'étiquettes péjoratives qu'ils le veulent si ça les amuse, ça ne nous atteint plus. Je ne dis pas, rentrer dans une pièce et observer des regards noirs posés sur soi, c'est jamais agréable. Mais on s'y fait. On s'adapte. On les ignore. À la fin on ne les remarque même plus. Ce qui compte c'est Rom, c'est moi, et tant que nous ne sommes pas des monstres l'un pour l'autre, ça va. On vit avec, on survit. Il y en a un, parmi tout ce monde, qui nous déteste plus que les autres. C'est notre père. On peut le voir à travers ses yeux, il nous méprise. Il ne s'est jamais comporté comme la figure paternelle protectrice qu'il aurait dû être. Les embrassades, les histoires du soir, les parties de football, tout ça on ne l'a pas connu. Je n'ai pas souvenir de l'avoir déjà vu amorcer un seul signe de tendresse à notre égard. Pourtant il a aimé Rom, au début. C'était son premier fils, la chair de sa chair, le merveilleux enfant de la femme qu'il aimait. Mais tout cet amour s'est envolé à l'instant où Até a disparu de sa vie. Depuis Rom est son bourreau, celui qui replante et remue sans cesse le couteau dans une plaie qui ne veut pas se fermer. Il est froid avec lui. Amer. Écœuré. Toujours en colère. Il ne supporte plus son comportement, ses dérapages, ses excès de violence qui se multiplient et se multiplient. Il n'en peut plus de signer ses punitions, réparer ses erreurs, aller le chercher à l'hôpital ou au commissariat. Quand ils sont ensemble, il se tient éloigné d'un mètre. Il ne le touche pas, ne l'effleure pas, même par maladresse. Rom le dégoûte. Il ressemble tellement à notre mère. Ses yeux, la couleur de ses cheveux, la détermination qui traverse son regard, le sourire qu'il peut avoir, en coin, très léger, minime et si craquant. Tout chez lui évoque celle qu'il a perdu et ça, ça le tue. Alors il lui montre combien il le déteste. Il lui crie dessus, constamment, prétextant l'éduquer, et les gifles partent, sifflantes dans l'air, marquant de rouge sa joue. À l'intérieur Rom bouillonne. Résister lui demande des efforts inconsidérables. Il lutte contre sa nature, ses émotions, pour ne pas tomber dans une folie meurtrière. Je le sais, s'il le pouvait, il l'aurait battu à mort. Mais il se contient, à chaque fois, et enfile le masque d'une neutralité qui ne trompe personne. Parce que notre père il ne le frappera jamais, c'est l'exception. Ma faute, pour changer. Rom craint une chose, que si jamais il se rebelle, que ce soit moi, le plus faible des deux, qui en pâtisse. Voir notre père me frapper, il pourrait pas le supporter. Alors il préfère que ce soit sa peau qui bleuisse sous la morsure du choc plutôt que la mienne. La douleur il peut faire avec, la culpabilité non. Rom est toujours le premier à s'inquiéter pour moi. Petit, quand je trébuchais, c'était lui qui venait souffler sur l'égratignure. C'était lui qui parcourait le centre commercial à toute vitesse, hors d'haleine pour me retrouver alors que je m'étais perdu dans un rayon. Rom c'est mon grand frère, mon protecteur, mon modèle, ce que n'a jamais été notre père. C'est très simple, dans sa tête je n'existe pas, je n'aurais même pas dû naître. Je suis la cause de toute sa peine, je lui ai volé sa vie. En échange il a oublié la mienne. Ce n'est pas grave. Oui, la seule personne dont j'ai besoin c'est Rom. Tant qu'il est à mes côtés je peux vivre, je peux tout surmonter. Avec lui j'existe, je suis. Tous les deux nous sommes un peu comme des chats noirs. C'est pas qu'on porte malheur mais on le provoque, inévitablement. Ce trait de caractère, si sombre, est inscrit dans nos gènes, on l'a compris lors de la douzième année de Rom. Un satyre est venu toquer à notre porte et puis soudain tout s'est éclairé. Il avait entendu parlé de nous, la réciproque n'était pas vraie. Faut dire que Rom et moi partout où on va on fait du bruit, on passe rarement inaperçus, jusque-là rien d'inhabituel. Le plus dérangeant c'est que cet inconnu semblait nous connaître plus que nous-même. Ses insinuations étaient effrayantes tant elles étaient proches de la réalité. On l'a tous écouté. Et on a bien été obligés de le croire quand il a sorti ses sabots et ses cornes. Notre mère n'était pas n'importe qui. Elle n'était pas une femme ordinaire, elle n'était même pas humaine. Até était une déesse, celle de la Faute et de l'égarement, et cela faisait de nous des demi-dieux. Des sang-mêlé. Cette dernière pièce a permis de reconstituer l'ensemble du puzzle. Tout nous est apparu plus clair, plus logique. Avant même de savoir parler nous étions destinés à hanter nos semblables, à engendrer le malheur. En fin de compte il n'y avait pas d'action plus juste que celle de rejeter la faute sur nous. Et c'est précisément ce qu'a de nouveau fait notre père. Il a vrillé. La vérité sur nous, sur notre mère, venait de piétiner et réduire à néant les quelques souvenirs qu'il avait d'elle. Entre eux il n'y a jamais eu de l'amour, mais des mensonges, de la manipulation. Le peu de reconnaissance qu'il avait envers sa progéniture s'est volatilisé. Nous n'étions dorénavant rien de plus que des sales petits morveux, des fauteurs de troubles, des inconnus sous son toit. Rom quant à lui n'a pas été particulièrement affecté par ces révélations. Il m'a jeté un regard, a jugé ma réaction avant de tout bonnement accepter les faits. Dans mon esprit il aurait dû être troublé, retourné, un minimum choqué. Ce n'était pas le cas. Pour lui, être ou ne pas être un de demi-dieu ça l'importe peu. C'est une caractéristique administrative, certes originale, mais rapidement chiante. Elle était loin de le définir ou de le remettre en question. Qu'il soit humain ou demi-dieu, il allait continuer d'être le même, de se battre, de cuisiner, de fumer, de froncer les sourcils, de rire, de tomber amoureux. Le satyre nous a ensuite parlé d'un lieu destiné aux enfants semi-divins tels que nous. Le camp des sang-mêlé. Avec Rom on n'a pas hésité une seconde. On a fait nos bagages et on s'est tirés respirer l'air américain. La colonie est devenue notre nouveau terrain de jeu au plus grand désespoir de Chiron. S'il l'ignorait en nous envoyant son bouc, il a très vite compris que nous n'étions pas des gentils garçons. On ne s'est pas plus pliés aux règles ici que chez notre père. Rom a provoqué un nombre indécent de bagarres en à peine deux semaines. Ça ne lui foutait pas la trouille que ses adversaires aient des épées et des poignards. Il n'y a même pas prêté attention, il les a combattus avec toute l'ardeur et l'impulsivité qui le définissent. Chiron a vainement tenté de le contrôler en lui apprenant des techniques de combat. Je sais pas trop ce qu'il espérait, sans doute réussir à canaliser toute son énergie, mais au lieu de ça il n'a fait que lui donner le moyen d'attaquer fatalement le type en face de lui. Pour réparer son erreur, il a strictement interdit l'accès de l'armurerie à Rom. Si quiconque l'aperçoit en possession d'une arme, il sera sévèrement puni. Je ne peux pas lui donner tort, c'était ça ou voir le premier assassinat de l'histoire de la colonie. Rom ne s'en serait jamais remis. Rejetons d'Até, on a intégré le dortoir des sans-bungalow, celui d'Hermès. Là-dedans ça braille, ça hurle, ça pue, on ne s'entend pas penser, on ne fait pas deux mètres sans marcher sur l'affaire d'un autre. C'est un putain de bordel que je n'ai pas supporté longtemps, encore moins Rom. Il a eu la voix rauque, il les a tous menacés. Personne ne l'a pris au sérieux, c'était le petit nouveau après tout. Un coup de poing plus tard, une giclée de sang a tâché le sol, c'était le début d'un régime de terreur. Malheureusement ça ne fonctionne pas tout le temps, faut dire qu'il y a de sacrés spécimens dans le bungalow onze. Alors Rom se casse Dieu sait où, faire je ne sais quoi. Ça lui arrive d'avoir des secrets pour moi. Ils ne sont pas nombreux mais je sais qu'ils existent. Je ne peux pas lui en vouloir, il y a aussi des choses qu'il ignore sur moi. C'est d'ailleurs mieux ainsi. Avec Chiron, on a une relation spéciale. Comme il représente l'autorité, on a d'office un problème avec lui, et vice-versa. Il voudrait nous voir rentrer dans les rangs, à défaut ne pas nous voir mettre à feu et à sang le camp. C'est impossible. J'ai cessé de compter le nombre de fois où nous avons été convoqués dans son bureau, le nombre de punitions que nous avons reçu. De toute notre vie, on l'a vu plus souvent que notre père c'est pour dire. On ne s'est jamais remis en question pour autant.
Chiron n'est pas différent des autres, il a fini par perdre patience. C'est pour ça qu'il nous a rejetés, lui aussi.



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LA ROUTE EST LONGUE, INFINIE.
MES PENSÉES TOURBILLONNENT DANS LES AIRS.
ELLES NE S'ARRÊTENT JAMAIS.
J'AI OUBLIÉ QUI J'ÉTAIS.
ROM, OÙ ES-TU ? JE NE TE VOIS PLUS.
JE ME SUIS PERDU.
JE NE SAIS PLUS QUELLE HEURE IL EST.
DEPUIS QUAND SUIS-JE PARTI ?


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L'amour, le désir, j'y connais pas grand chose. Il n'y a que Rom que j'aime vraiment, personne d'autre. Mais pour lui je suis loin d'être le seul à avoir pénétré son cœur. Rom c'est un amoureux compulsif. Il tombe amoureux toutes les secondes, d'un prénom, d'un sourire, d'un accent, d'un rien, d'un tout. Que ce soit au combat ou en amour, il ne sait pas se contenir, se modérer. Il aime sans compter et il se donne à corps perdu dans chacune de ses relations. Quand Rom est amoureux, il s'arrache lui-même le cœur pour le tendre sur un beau plateau d'argent. Si on en prend soin, c'est magique. Je n'ai jamais vu Rom plus heureux et épanouis que quand il embrasse sa moitié. Mais le risque à être si passionné c'est qu'il en devient vulnérable. Si son cœur, au lieu d'être chéri, on le plante avec un couteau, c'est du sang qui éclabousse, des larmes et du sang. L'amour chez Rom c'est violent. Il vit ses émotions sans filtre avec une intensité folle. Amoureux, il fait jamais semblant. Il le crie sur tous les toits, on pourrait l'entendre à l'autre bout de la Terre. Alors quand la rupture est inévitable, c'est en morceaux que je le retrouve, anéanti, brisé. Dans sa tête c'est plus que l'orage, c'est la fin du monde. Rom ne peut pas s'imaginer finir ses jours tout seul, c'est impossible, ça lui fait trop peur. Il ne veut surtout pas devenir comme notre père, quitté par la femme de sa vie et incapable de se reconstruire. C'est pour ça qu'il aime autant, aussi fort, aussi facilement. Il ne veut pas lui ressembler. Mais c'est pas tous les jours simple d'aimer comme lui le fait. À peine son âme est-elle éprise qu'il éprouve l'envie irrésistible d'être avec l'élu de son cœur. C'est un besoin vital, une nécessité, il le faut, ou il en mourrait. Sauf que ses sentiments, ils sont souvent piétinés, balayés d'un revers de la main, négligés. Car il fait peur Rom, dans sa brutalité, dans son excès. Personne ne veut risquer d'être sa prochaine victime. S'ils savaient à quel point ils ont tort. Rom est peut-être agressif mais amoureux il se transforme, il se magnifie. Il sait prendre son temps, être attentif, doux et tendre selon ce que l'autre désire. C'est surtout que personne ne peut supporter de ne pas l'avoir rien que pour lui. Il faudrait lui crever les yeux pour qu'il n'aille pas voir ailleurs. Ce n'est pas de la frivolité ou un manque de sérieux de sa part. J'ai eu du mal à le comprendre, c'est si absurde. Rom n'a jamais aimé quelqu'un plus qu'un autre. Il n'a jamais fait de différences, jamais eu de favori. À chaque fois il a craqué, sans retenue, avec démesure, naturellement, pour une, deux, cinq, huit personnes à la fois. C'est cette multiplicité des sentiments qui lui a brisé le cœur si souvent. Même une fois séparés, Rom garde une attache particulière envers eux, presque malsaine. Si quelqu'un leur fait du mal, les blesse de quelque façon, il s'emportera de colère. Parce que l'amour ça s'éteint pas, jamais. Encore moins avec lui. Rom quand il tombe amoureux c'est pour la vie. Le pire, c'est qu'il est aussi capable de succomber plusieurs fois aux charmes d'une même personne. Et il lui donnera le monde, une deuxième fois, une quatrième fois. Il a la tête solide mais le cœur si faible et qu'on trouve ça charmant ou stupide il est comme ça, il ne changera pas. La première c'était Arianne. Rom était en maternelle quand il l'a rencontré, elle était dans sa classe. Un jour, au cours d'une récréation, elle est venue le voir et elle lui a offert une pâquerette. Accepter la fleur, c'était accepter ses sentiments. Il n'a pas trop réfléchi, il l'a prise, il est devenu son amoureux. Arianne c'est la première a avoir fait chavirer le cœur de Rom, mais c'est avant tout la seule a avoir fait le premier pas vers lui. Depuis, c'est toujours lui qui déclare sa flamme le premier, jamais l'inverse. C'est pour ça qu'elle est unique Arianne, elle a jamais eu peur de lui. Son amour pour Rom a duré moins d'une journée, jusqu'à ce que la fleur fane. Rom pourtant il l'avait gardé, précieusement, jamais il aurait pu la jeter. Mes ses sentiments avaient flétri, ils étaient déjà morts, envolés. Il ne s'est pas caché pour pleurer, il l'a fait devant tout le monde. Il aurait pu construire une forteresse autour de son cœur, se promettre de ne plus jamais se laisser séduire, il ne l'a pas fait. Au contraire, de son chagrin il s'est relevé, il a continué d'aimer. C'est un battant Rom, il ne faut pas l'oublier. En primaire, alors que tous les garçons de son âge n'étaient pas intéressés par les filles, lui il les regardait, attentivement. Raphaëlle elle courait vite, assez pour le rattraper quand ils jouaient dans la cour et puis elle sautait haut. Prenant son courage à deux mains, il lui a demandé si elle voulait bien être sa petite-amie. Elle n'a pas dit non. Pendant les pauses je les regardais avec un air dégouté se tenir par la main et se faire des bisous. Tout le temps il rougissait Rom. Mais ce qu'il préférait faire c'était nouer ses cheveux avec une tresse et la voir gagner ses matchs de football. Après deux jours, Raphaëlle a mis un terme à leur relation parce qu'elle préférait la compagnie des ballons à celle des garçons. Il a pleuré, dans mes bras cette fois. Au collège il y a eu Perla. Elle était intelligente, elle avait les meilleures notes de la classe et elle portait des lunettes. Je ne la trouvais pas très belle, personne ne le pensait, mais Rom lui il a craqué. Il lui a écrit une lettre d'amour qu'il m'a fait lire, elle était bourrée de fautes d'orthographe mais elle était authentique. Le lendemain il l'a déposé dans son casier et il a attendu planqué derrière une porte qu'elle ouvre l'enveloppe. Sauf que Perla n'a jamais ouvert la lettre, elle l'a jeté à la poubelle, ainsi que les sentiments de Rom. Après Perla il n'a plus jamais pleuré. Enfin, peut-être le fait-il encore mais jamais devant moi. Pour Rom, le physique, ça ne compte pas. Bien sûr que ça peut jouer dans ses coups de foudre mais il ne s'est jamais strictement arrêté à l'apparence de quelqu'un. Je le savais ça, pourtant, et j'ai quand même été sidéré le soir où il a ramené Marlon à la maison. Je suis resté toute la nuit à dormir sur le canapé, j'avais trop peur de les surprendre dans notre chambre. J'ignore si c'est avec Marlon qu'il a fait sa première fois ou si c'était avec Joy, Lola, Edward, Marguerite... Peut-être était-ce avec Pacôme ? Mais une chose est sûre, avec Marlon ce n'était pas une simple relation platonique. Déjà que les petits bisous sur le bout des lèvres me révulsaient alors voir Rom fourrer avidement sa langue dans sa bouche, c'était au-delà de mes forces. J'avais treize ans aussi, c'était une autre époque. Marlon aimait mon frère, personne n'aurait pu en douter. Dès que Rom apparaissait dans son champ de vision, son visage s'illuminait. Il l'aimait, beaucoup, sans doute trop, parce qu'il n'a pas supporté de le voir s'enticher d'une autre. Une fille qui plus est, ne l'aimait-il pas ? Mais comme je l'ai dit avant, Rom ne se contrôle pas, il peut tomber amoureux n'importe quand. Marlon a décidé de rompre, et c'est le choix qu'ont fait tous les ex de Rom. Il y a un paquet de demi-dieux, à la colonie, qui ont fait chavirer son cœur. Kahau était l'un d'entre eux. Il avait peut-être deux ans de moins que lui mais il ne s'en est jamais soucié. Ce qui lui a plu c'est son sourire, l'étincelle de vie dans son regard. Un matin, alors que Rom avait la tête dans le cul, Kahau l'a pris dans ses bras pour lui dire bonjour avant de repartir avec un sourire. J'étais à côté de lui quand c'est arrivé, j'ai immédiatement su ce qui a traversé son cœur. Il venait d'être transpercé par une flèche. À nouveau. Aussitôt il lui a couru après, il l'a rattrapé, il s'est déclaré. Kahau et Rom sont sortis ensemble une semaine et demi. Et une semaine et demi c'est long pour Rom. Je dois l'avouer, j'ai cru que ça pourrait durer entre eux. Parce que Kahau avait compris l'essentiel, il ne pouvait ni maitriser Rom, ni l'attacher. Il l'a accepté. Des deux, c'est Rom qui s'est brûlé les ailes. Il a lui-même été piqué de jalousie lorsque Kahau a souri à un autre. Ça, il ne pouvait pas le supporter. Vous pouvez le traiter d'égoïste, il le comprendra et vous pardonnera, moi pas. Kahau l'a quitté peu de temps après, il avait lui aussi besoin de sa liberté. Avec Verne c'était improbable. Tout ce qui est mécanique, construction et robotisation, ça ne l'intéresse pas. Il n'y comprend rien, on ne peut pas dire qu'il ait déjà cherché à le faire. Mais quand il était avec Verne, il buvait ses paroles. Rom s'est soudainement passionné pour les réseaux électriques, à moins que ce n'était pour le mouvement répétitif de ses lèvres ? Rom était le premier de Verne, le premier et le seul. Si Rom s'était attaché à lui à en mourir, ses sentiments n'étaient pas réciproques. Verne a réalisé, trop tard, qu'il ne pourrait jamais aimer Rom autant que lui le fait. J'aurais préféré qu'ils ne sortent pas du tout ensemble, ça m'aurait évité de le ramasser à la petite cuillère. Puis il y a eu Jack. Il est venu trouver Rom, une supplication sur la bouche. Il voulait mourir. Pendant des jours il l'a harcelé, imploré, insulté. Jack lui en voulait cruellement de ne pas satisfaire son désir de mort. Il s'est acharné tant et si bien qu'il a fini par obtenir ce qu'il voulait. Rom a disjoncté, il l'a tabassé. Contre toute attente Jack a eu le même sourire écarlate que lui et ça l'a déstabilisé. Il l'a porté jusqu'à l'infirmerie, c'était la première fois qu'il prenait soin de ce qu'il avait cassé. Il est resté près de lui un moment, à le fixer, à penser, jusqu'à ce qu'il se réveille. Son cœur a certainement flanché silencieusement ce jour là. Des mois se sont écoulés sans qu'il ne se passe rien entre eux. Mais l'été de ses seize ans, son regard a changé. Rom s'est mis à le désirer, à l'aimer douloureusement. Au début je n'ai pas pris leur relation au sérieux, je pensais que Jack serait comme les autres, éphémère. Mais ça a duré deux jours, deux semaines, puis deux mois. Tout l'été ils sont restés collés l'un à l'autre, à se dévorer des yeux, à s'embrasser, à se caresser, à baiser et à faire l'amour. J'étais le spectateur oublié d'une fusion que je ne croyais pas possible. Rom il n'a vu que lui durant tout ce temps, et si Jack n'était pas parti rejoindre sa troupe de théâtre itinérante, j'ignore jusqu'où ils auraient pu aller. Ils auraient pu se retrouver, je le sais, les retrouvailles auraient ressemblé à un feu d'artifice émotionnel. Mais on a nous aussi disparu alors cela ne s'est jamais fait. J'ignore si Rom pense encore à Jack, il ne m'a pas parlé de lui depuis longtemps. Il n'en reste pas moins spécial, deux mois ça s'oublie pas en un clin d’œil. Sur les routes nous avons rencontré El. El c'est une bombe à retardement qui peut exploser à tout instant. Elle était dangereuse, révoltée et délicieusement interdite. Rom lui a tout de suite plu dans le genre beau brun ténébreux. En revanche lui, il s'est laissé envoûté non pas par ses formes généreuses mais par son prénom. Deux lettres, c'était une de moins que lui. C'était inimaginable. Ensemble ils ont dévalisé tous les bars et les night-club de la ville. Toute la nuit ils dansaient, ils se perdaient, moi je buvais. Ils ont eu soixante-douze heures de folie exquise, puis Rom a ouvert les yeux sur la vérité. El avait menti. El ce n'était pas son prénom. El c'était le diminutif de Eleonore. Rom est rentré dans une colère noire, il s'est senti trahi. Elle s'est jetée à terre pour lui, elle n'avait plus honte de rien si c'était pour le récupérer. Ses larmes n'ont rien changé, Rom n'a plus jamais posé son regard sur elle. Cela faisait à peine cinq jours que nous étions de retour aux États-Unis lorsque Rom est tombé sur Honoka. Littéralement. Il courait à plein poumons sur l'avenue de Broadway quand il a percuté la jeune femme et son stand de fleurs. Ces dernières se sont répandues sur le trottoir, Honoka était dévastée. Il n'a pas hésité une seconde, il les a ramassées à main nue une par une. À la fin il avait les mains ensanglantées à cause des roses. Pour se faire pardonner Rom lui a offert un bouquet teinté de rouge, une excuse romantiquement violente, comme lui. Honoka et Rom formaient un couple inattendu. Ils étaient résolument opposés et pourtant ils s'attiraient. Contrairement à lui, Honoka était douce, discrète et délicate. Quand il était avec elle Rom se comportait en prince charmant. Personne n'aurait pu croire qu'il était capable de passer à tabac quelqu'un uniquement par excès de colère. Honoka tempérait sa folie aveugle, elle le complétait parfaitement. Si parfaitement que Rom a eu une idée des plus insensées. Il l'a demandé en mariage au bout d'une semaine. Et le pire c'est qu'elle a accepté. J'ai vu mon frère se marier à dix-huit ans, elle en avait six de plus que lui. Leur bonheur m'a ostensiblement fait sombrer. À cause de moi ils ont divorcé. Par ma faute ils se sont dit adieu. Je n'ai jamais culpabilisé, peut-être aurais-je dû. Rom s'est remarié peu de temps après. Il était sûr de lui, Diana était l'amour de sa vie. La fièvre de Las Vegas lui est montée à la tête, une heure qu'ils se connaissaient qu'ils se sont déjà passés la bague au doigt. Cette fois je n'ai pas eu peur, je savais d'avance que ça n'allait pas durer. J'ai eu raison, Diana s'est lassée de Rom au levé du jour. Le divorce prononcé, Rom a recollé les débris de son cœur tourmenté, a cramé l'extrémité d'une cigarette et il s'est relevé. Peu importe les peines, Rom il se relève toujours.
Dans toutes ses histoires j'étais là sans être là, absent mais éternellement présent pour écouter les ivresses amoureuses de Rom. Il y a une chose que je possède et que les autres ne pourront jamais avoir, même au prix d'une infinité d'efforts. Son amour inconditionnel. Rom m'aime au-delà du temps et de la raison. Parce que je suis son frère.



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MES PENSÉES TOURBILLONNENT DANS LES AIRS.
ELLES NE S'ARRÊTENT JAMAIS.
J'AI OUBLIÉ QUI J'ÉTAIS.
ROM, OÙ ES-TU ? JE NE TE VOIS PLUS.
JE ME SUIS PERDU.
JE NE SAIS PLUS QUELLE HEURE IL EST.
DEPUIS QUAND SUIS-JE PARTI ?
LA ROUTE EST LONGUE, INFINIE.


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Rom est un homme. Il n'est plus un petit garçon depuis longtemps, aussi bien physiquement que mentalement. Il se laisse même pousser la barbe quand l'envie lui prend. Il est grand Rom, un mètre quatre-vingt huit et il a les épaules larges. De nous deux c'est le plus responsable, on peut compter sur lui. Lorsqu'il donne sa parole à quelqu'un ce n'est jamais dans le vent, ses promesses il les tient coûte que coûte. Rom a toujours pris soin de moi. Enfants, c'est lui qui s'assurait que je ne manque de rien, que je n'ai ni froid ni faim. On dirait pas comme ça mais Rom est un bon cuisinier. Il a appris tout seul à couper les légumes, allumer le four et assaisonner les plats. Heureusement qu'il est là, je n'arrive même pas à casser un œuf sans m'en mettre plein les doigts. En apparence, Rom n'est pas le type le plus expressif de la Terre. Il a constamment les sourcils froncés qu'il soit irrité ou non, ce qui joue pour beaucoup dans son caractère intimidant. Néanmoins, quand ses lèvres s'étirent légèrement dans un sourire, personne ne pourrait lui résister. Il est beau Rom, et il dégage une aura effrayante mais terriblement séduisante. Au quotidien Rom est sociable, ouvert aux autres. Il aime rire, plaisanter, mais ce qu'il préfère c'est partager une cigarette au coin d'une terrasse. Ça lui arrive de boire aussi, avec modération, parce que c'est tout le temps lui qui conduit sur le chemin du retour. En soi Rom c’est pas un mec chiant, il peut s'accommoder à beaucoup de choses. Mais si tu le fous en rogne, que tu joues avec ce que tu n'aurais pas dû toucher, il n’a plus de limite. Il est brutal, agressif, sanguinaire, et surtout irréfléchi. Les plans il ne connait pas, il fonce la tête la première dans le tas. Rom est un homme de pulsions. Incontrôlable lui-même, ses émotions il les vit avec passion. Chez Rom tout se passe par le regard. Ses yeux, d'un bleu clair, reflètent toute l'ardeur et la fougue qu'il ressent. Son cœur est directement connecté à ses yeux. Un battement de paupière et il peut tomber amoureux. Il est romantique Rom mais pas dans le genre dîner aux chandelles, fleurs et chocolats. Son amour est imprégné de sincérité, d'honnêteté. Pour lui aimer c'est une vérité, une puissance et une manière d'être. Rom s'il n'a personne à aimer, il est incomplet. Il y a quelque chose qui cloche, un vide à combler. Et malgré sa violence Rom mérite d'être aimé, c'est quelqu'un de bien, vraiment.
En points forts Rom témoigne d'une immense détermination. L'ambition il n'en manque pas, il n'a pas froid aux yeux. Combinée à sa résistance, cela fait de lui un combattant acharné, peu avisé mais qui se relèvera, toujours. Ses points faibles sont malheureusement plus nombreux, ils se comptent en nombre de têtes. Chaque personne qu'il a aimé, qu'il aime, est sa plus grande faiblesse, moi le premier. Rom donnerait sa vie pour les protéger. L'impulsivité, également, mais c'est pas vraiment un secret.



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ELLES NE S'ARRÊTENT JAMAIS.
J'AI OUBLIÉ QUI J'ÉTAIS.
ROM, OÙ ES-TU ? JE NE TE VOIS PLUS.
JE ME SUIS PERDU.
JE NE SAIS PLUS QUELLE HEURE IL EST.
DEPUIS QUAND SUIS-JE PARTI ?
LA ROUTE EST LONGUE, INFINIE.
MES PENSÉES TOURBILLONNENT DANS LES AIRS.


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Il existe un phénomène selon lequel un battement d’ailes de papillon au Brésil peut provoquer une tempête au Texas. On l'appelle l'effet papillon. C'est une bien belle expression pour désigner l'une des origines du chaos, non ? En effet, il suffit de modifier un élément infime pour que le cours des événements s'en retrouve bouleversé. Un petit rien qu'est-ce que c'est ? C'est un lacet mal noué, une paire de lunette oubliée ou une bouteille d'eau vide. C'est tout et rien à la fois, c'est presque ridicule. Et pourtant, ce petit rien, il peut avoir des conséquences disproportionnées. Il est imprévisible et il peut provoquer un cataclysme, une guerre. De fil en aiguille il prend de l'ampleur et génère le désordre, la discorde, le chaos. Quel rapport avec Rom ? Il se trouve qu'il a hérité de ce pouvoir, il peut interférer dans le cycle naturel des actions. À cause de lui des situations catastrophiques ont vu le jour, la plus connue de la colonie étant l'intoxication alimentaire qu'il a déclenché. C'était sa faute, comme toujours. C'est arrivé lors du quinzième été de Rom au camp des sang-mêlé. Nous étions tous les deux assis à la table d'Hermès du pavillon-réfectoire. On buvait tranquillement un verre, d'eau malheureusement, quand Rom a renversé le contenu de son verre sur la table. Aspergé, je me suis relevé et dans ma précipitation j'ai heurté un fils d'Arès qui passait derrière moi. Ce dernier n'a pas apprécié d'être ainsi bousculé, il m'a craché à la figure une remarque des plus acerbes. Rom, qui n'a pas du tout supporté le ton employé, l'a empoigné par le col avant de lui mettre un crochet du droit. Tous les deux bouillonnaient de rage, ils se sont battus entre les tables et les chaises. Personne n'est intervenu pour les séparer. Ils ont poursuivi leur danse barbare durant plusieurs minutes jusqu'à ce qu'une fille d'Harmonie vienne calmer les choses en utilisant son pouvoir. J'ai récupéré Rom les cheveux décoiffés et le nez en sang. En sortant du pavillon réfectoire nous sommes tombés sur le jardinier qui ramenait des fraises fraichement cueillies. Devant l'état de Rom il s'est inquiété, il a déposé ce qu'il transportait par terre et il nous a accompagnés à l'infirmerie. Pendant ce temps les cagettes étaient laissées sans surveillance à la portée de tous. Des jeunes demi-dieux sont arrivés et ils se sont chamaillés juste à côté. Dans leur jeu, ils ont fait chuter un bidon d'eau usée non loin des fraises. Le liquide, comme pour le verre de Rom, s'est répandu sur les fruits rouges. Les enfants affolés et conscients de leur bêtise ont vite relevé le bidon avant de déguerpir de la scène du crime pour ne pas être punis. Le jardinier, après avoir laissé Rom entre de bonnes mains, et revenu prendre les cagettes pour les apporter au cuisinier. Celui-ci les a lavé mais le mal avait déjà été fait, les fraises étaient souillées, contaminées. Le soir, toute la colonie a mangé une délicieuse salade de fraises sans nullement se douter de l'infection dont elle sera victime. Nous avons passé les cinq jours suivants à monopoliser les toilettes et à vomir nos estomacs. On s'en souvient tous encore aujourd'hui, c'était loin d'être agréable à vivre. Quand son pouvoir s'est manifesté, on n'a pas tout de suite fait le rapprochement avec Rom. Ce n'était pour nous qu'une suite malencontreuse de faits sans lien logique entre eux. Mais je me suis rendu compte, à force de l'observer, que Rom était régulièrement au centre de ces catastrophes. Et si on remonte petit à petit la chaine, on finit par comprendre que l'origine du chaos, c'est Rom. Son pouvoir il ne le contrôle pas. Il peut agir à tout moment sans même qu'il ne le réalise. Les conséquences peuvent être immédiates ou à long terme, toujours aléatoires, personne ne pourrait prévoir ce qui va se passer. Ce pouvoir ne lui sert pas à grand chose, il le subit un peu comme les autres. En d'autres termes Rom il porte la poisse, c'est l'allégorie du karma.


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J'AI OUBLIÉ QUI J'ÉTAIS.
ROM, OÙ ES-TU ? JE NE TE VOIS PLUS.
JE ME SUIS PERDU.
JE NE SAIS PLUS QUELLE HEURE IL EST.
DEPUIS QUAND SUIS-JE PARTI ?
LA ROUTE EST LONGUE, INFINIE.
MES PENSÉES TOURBILLONNENT DANS LES AIRS.
ELLES NE S'ARRÊTENT JAMAIS.


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À compléter.


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ROM, OÙ ES-TU ? JE NE TE VOIS PLUS.
JE ME SUIS PERDU.
JE NE SAIS PLUS QUELLE HEURE IL EST.
DEPUIS QUAND SUIS-JE PARTI ?
LA ROUTE EST LONGUE, INFINIE.
MES PENSÉES TOURBILLONNENT DANS LES AIRS.
ELLES NE S'ARRÊTENT JAMAIS.
J'AI OUBLIÉ QUI J'ÉTAIS.


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× Nil Vantorre ×
× Dix-sept ans ×
× Demi-dieu, fils d'Até ×
× Petit frère de Rom ×
× Bouc-émissaire ×
× Paumé sur la route ×


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glamour123

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Rom I

Message par glamour123 »

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WANTING YOUR LOVE TO COME INTO ME
FEELING IT SLOW, OVER THIS DREAM
TOUCH ME WITH A KISS
TOUCH ME WITH A KISS
NOW YOU'RE ABOVE FEELING IT STILL
TELL ME IT'S LOVE, TELL ME IT'S REAL
TOUCH ME WITH A KISS, FEEL ME ON YOUR LIPS

Heavenly, Cigarettes after sex


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Nil est mon petit frère. On aurait pu naître jumeaux qu'on n'aurait pas été plus proches. Nous sommes indissociables. C'est lui avec moi, moi avec lui ou rien du tout. Si mon nom ne s'accompagne pas du sien, si ses pas ne suivent pas mon ombre, ma vie perd un peu de son sens. Je suis peut-être né dix mois avant lui mais je n'existe vraiment que depuis sa naissance. Je l'aime tant Nil, mon frère, mon guérisseur, mon allié. Nous deux c'est à la vie à la mort, dans la violence et le chaos, pour toujours. À jamais. Dit comme ça notre relation a des allures de serment, on n'est pas loin de la vérité. Rien ni personne ne pourra briser le lien qui nous unit. Les promesses sont inutiles, on n'a pas besoin de le dire, c'est une connexion viscérale. On se comprend sans se parler, c'est naturel entre nous. Avec Nil on a toujours tout partagé. On a commencé par vivre dans une petite maison, un de ces logements qui pourrit en banlieue. Notre père ne l'a pas acheté, évidemment que non, on n'avait pas l'argent pour, cette maison c'était un héritage familial. Il y avait seulement quatre pièces, une chambre, un salon, une cuisine et un petit bureau en plus de la salle d'eau. Eh bien ce bureau c'était notre chambre à Nil et moi. Moins de neuf mètres carré qu'on a partagé toute notre enfance. L'espace était peut-être ridicule mais on en a fait un lieu spécial. Les murs, décorés d'un papier-peint floral dégueulasse, on les a recouverts de posters. De la musique, du cinéma, des paysages... On avait même une carte du monde. Avec Nil on a fait un point noir sur tous les pays qu'on voulait visiter, à la fin le marqueur était sec. On vivait l'un sur l'autre, Nil ayant le lit du haut et moi celui du bas. On n'avait qu'une seule penderie pour deux, c'était pas beaucoup mais largement suffisant pour le peu de vêtements qu'on avait à ranger. Dix tee-shirts cinq pantalons chacun, j'avais intérêt à penser à faire tourner les machines ou on se retrouvait à devoir aller au collège à poil. On n'était pas les plus riches, loin de là, on survivait avec le seul salaire d'urgentiste de notre père. Déjà que ça ne représentait pas une grosse somme, surtout avec deux gosses à la charge, mais ce connard trouvait le moyen de faire des dons à des associations tous les mois, tant pis si nous on se serrait la ceinture. On a donc dû apprendre à vivre à partir de rien. Moi à transformer quelques légumes moisis en un dîner correct et Nil à recoudre un trou sans se piquer. Nil est habile de ses mains. Quand il se donne la peine, il peut faire des merveilles. C'est pour ça que je lui fais entièrement confiance pour soigner et panser mes blessures. Ça et parce que je n'ai pas le choix, je peux difficilement le faire moi-même. Si on nous compare aux autres enfants, on avait l'air de deux ploucs à porter d'une semaine à l'autre les mêmes tenues, à ne pas pouvoir s'acheter des bonbons à la boulangerie en sortant de l'école. Leurs moqueries m'ont énervé plus d'une fois. Je n'ai jamais eu honte de notre situation, Nil non plus, on a gardé la tête haute. Et ce n'est certainement pas une bande de gamins nés avec une cuillère d'argent dans la bouche qui allait nous faire baisser le regard par honte. Nil et moi avons toujours été ensemble, sauf une année, celle de ma première rentrée des classes. Nil n'était pas encore en âge d'aller à l'école alors il est resté à la maison. Mais à deux ans il était trop jeune pour s'occuper de lui-même, notre père a bien été obligé de faire un geste pour lui, il a engagé une nounou. Blanche qu'elle s'appelait. Elle était douce, prévenante, déjà adulte et réfléchie. C'est de Nil dont elle était le plus proche, parce qu'il était le plus petit et qu'il réclamait le plus d'attention. Cette affection était réciproque, il l'aimait beaucoup. Nil n'a jamais connu notre mère. Elle nous a abandonnés, il n'avait pas quatre jours. Alors Blanche a pris la place de la figure maternelle, il s'est attaché à elle en un battement de cils. Quand j'étais parti pour l'école, il l'attendait avec impatience derrière la porte d'entrée. Il détestait rester tout seul à la maison. Notre père abonné aux absents, il ne lui restait plus que Blanche. Et toujours dès qu'elle pénétrait les lieux elle le prenait dans ses bras, elle le recouvrait de baisers mouillés sur les joues et lui il riait. Il était encore innocent à cette époque, tout comme moi je l'étais. Toute la journée ils s'amusaient, à dessiner, à jardiner, à courir dans le parc. Mais ce que Nil préférait partager avec elle, c'était les instants de lecture. Ils s'installaient tous les deux sur le canapé bouloché, Nil sur les genoux de Blanche, sa tête reposait sur une de ses épaules et pendant qu'il suçait son pouce gauche, elle lui contait des histoires toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Et il l'écoutait avec une concentration unique tout en se perdant au milieu des mots. Nil doit sa dévotion pour les livres à Blanche, elle est son origine. Ça ne l'a jamais quitté. En grandissant, les ouvrages se sont entassés sur le sol de notre chambre. Il y en avait partout dans la maison, j'en ai même trouvé un qu'il avait oublié dans le tambour de la machine à laver. Son seul regret c'est qu'il était incapable de lire un livre sans aide, à chaque fois les lettres se mélangeaient et se confondaient sous ses yeux. Alors, toujours, il tendait un roman, un recueil de poésie, pour que Blanche les lise à haute voix. Son timbre berçait ses humeurs, Nil n'avait plus peur, il était d'un calme absolu. Moi aussi, le soir, je lui relisais ses passages préférés. À force j'ai pris l'habitude de tout lire à voix haute, même si Nil ne m'écoute pas, ce qui en énerve plus d'un. Ceux-là je les emmerde volontiers. Je n'ai jamais été jaloux de la relation entre Nil et Blanche. Nil avait besoin d'elle et elle a su lui apporter ce confort, cette chaleur. Du moment que lui souriait, j'étais pleinement heureux. Et puis je savais déjà que j'avais une place spéciale dans son cœur, parce que dès qu'il entendait la porte claquer après ma journée d'école, c'est vers moi qu'il se précipitait, pas elle. Cela suffisait à mon bonheur.


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Nil est un égaré. Quand il n'oublie pas les autres, il se perd lui-même. C'est un être de l'ombre, il est aussi discret qu'un murmure. Une seconde il peut être à tes côtés, la suivante envolé. Nil on ne peut pas le retenir, ce serait idiot d'essayer. Vain. Parce que c'est dans sa nature profonde de se perdre dans l'espace, dans le temps. Ça lui arrive souvent de sortir tard le soir, pendant des heures, et d'oublier de rentrer à la maison. Les premières fois je me suis inquiété. Nil, mon petit frère, seul dans la nuit, ça pouvait être dangereux. Surtout avec la réputation qu'on se tape, personne n'hésiterait à se venger, et il n'y aurait que la lune comme témoin. Mais ses dérives se sont répétées et j'ai compris que je n'avais pas à me faire un sang d'encre pour lui. Peu importe où il va, peu importe qu'il se perde, Nil finit toujours par retrouver le chemin de la maison, par revenir vers moi. Et quand ce n'est pas le cas, il y a, mystérieusement, une force qui me pousse dans sa direction. Je le sens au fond de moi, je sais où il se trouve. Mais des frayeurs, il m'en a fait, plusieurs. Un jour, Blanche nous a emmené au nouveau centre commercial de la ville. Nil avait sept ans, moi huit. Sur place il y avait du monde, beaucoup de monde, beaucoup de bruit. Tous les trois on a déambulé dans les allées, Blanche observant les devantures des magasins, Nil ses chaussures. On n'avait rien à faire là, rien à acheter, pas d'argent à dépenser. Mais j'ai fermé ma gueule parce que je préférais marcher ici plutôt que crever à la maison. Ça n'a duré qu'un instant, juste le temps de refaire mon lacet, et Nil avait disparu. Il n'était plus là, plus près de moi. Mes yeux se sont affolés, j'ai regardé partout autour du moi, il était introuvable. J'ai appelé son prénom, il n'a pas répondu. Je me suis tourné vers Blanche, elle n'avait pas encore compris. Il aurait mieux fallu qu'on reste ensemble pourtant mais je n'ai pas réfléchi, je me suis lancé tout seul à sa recherche. J'ai arpenté tous les couloirs, sillonné les passages, il demeurait absent. Je n'entendais plus rien, la foule s'était faite muette, j'ignorais les cris de mes muscles qui me priaient de me calmer. Nil devait bien être quelque part. Où ? Loin de moi. Il était trop loin. J'ai redoublé d'efforts, il fallait que le retrouve. J'ai interrogé les gens, pour savoir s'ils ne l'avaient pas vu, mais je n'ai obtenu que des réponses négatives, alors j'ai commencé à m'énerver. Huit ans j'étais pas grand mais déjà je faisais peur. Derrière mon regard noir, il y avait surtout de l'horreur. La crainte de perdre Nil. Et finalement je l'ai vu. Il était debout, au milieu du couloir, il attendait que je le trouve. Je me suis précipité vers lui et je lui ai hurlé dessus. Parce que sans lui, qu'est-ce que je vaux ? À quoi je sers ? C'est ma responsabilité de le protéger. Si on me l'enlève je ne suis plus rien, plus que du vide. Je suis seul. Protéger Nil c'est ma première raison de vivre. Tout le reste passe après. Alertée par le tapage que j'ai provoqué, Blanche nous a facilement rejoint. Elle s'est assurée que Nil allait bien, c'était le cas. Ce qu'elle n'a pas vu, c'est qu'il n'a plus lâché ma main du reste de l'après-midi. Comme ça on pourrait croire que le caractère déphasé de Nil est innocent. Peut-être même mignon, pourquoi pas. Sauf qu'avec lui, à cause de nous, c'est tout le contraire. Il attire les ennuis. Il provoque le malheur. Je pensais que Blanche ne nous quitterait jamais, qu'elle était trop attachée à Nil pour le laisser. J'y croyais follement, Nil n'y réfléchissait même pas. Pour lui elle faisait partie intégrante de sa vie. Elle était plus qu’une nounou, elle était sa famille. La mère qu’il n’a jamais eu. Le truc, c'est que Blanche avait une vie à côté. Elle ne s'occupait pas que de Nil. Elle avait son propre entourage, un mari à aimer, un potager à entretenir, des murs à repeindre. Et si la tendresse qu'elle avait pour Nil était bien réelle, elle n'était néanmoins pas acquise. Nil ne serait jamais sa famille, à elle. Après tout il ne représentait que l’objet de sa profession, ce pour quoi elle était payée. Et elle n’avait pas signée pour réparer toutes les erreurs commises par Nil. Les vases cassés, les boucles d’oreille égarées, ça elle pouvait supporter. Au final qu’est-ce que c’était ? Rien de plus que de la céramique, un bibelot, une pacotille. Et puis la boucle d’oreille elle n’y tenait pas tant que ça. Prises une par une ces petites actions sont insignifiantes. Limite elles ne comptent pas, elles vont de paire avec l’ignorance de la jeunesse. Mais avec Nil ce n'est pas juste une fois de temps en temps. Ses oublis se répètent tous les jours, plusieurs fois par jours. Si bien que pendant neuf ans, sans le faire exprès, Nil a joué avec sa patience. Il l’a poussée à bout, le vase s’est définitivement brisé, inondé par cette goutte de trop. Le pire, c’est que cette dernière faute, il en a été victime lui aussi. Ce n'est pas Nil qui l'a provoqué mais plusieurs de ses camarades de classe. Nous étions tous les trois en ville, Blanche promenait Pesto, un chien qu'elle avait adopté avant même de nous connaître, c'est pour dire à quel point il était vieux. Vieux mais vif et joueur. Nil adorait passer son temps avec lui, à le caresser et à lui lancer sa balle de tennis déchiquetée. Avec Blanche nous sommes partis cinq minutes, c'était une urgence, elle n'avait pas d'autre choix que de laisser Nil seul avec Pesto. Cinq minutes. Il devait nous attendre là, devant la boulangerie. Juste cinq minutes et nous serions de retour. Nil avait compris, il ne devait pas bouger, ne pas s'approcher de la route. C'est ce qu'il a fait. Mais pendant ces cinq petites minutes, il a croisé quatre garçons de sa classe. Quatre garçons qui ne l'aimaient pas, parce qu'il était tout le temps dans la lune, parce qu'il oubliait régulièrement son cahier. À l'école ils n'osaient pas l'approcher car j'étais à ses côtés. Sauf que là Nil était seul. Pour cinq minutes seulement. Le groupe s'est approché, ils ont commencé à se moquer de lui, à tirer son tee-shirt. Nil s'est défendu, il a essayé de les repousser. Le sentiment de puissance leur est monté à la tête, ils ont insisté, ils se sont fait plus oppressants. Dans le feu de l'action, Nil a lâché la laisse de Pesto qui en a profité pour cavaler droit vers la route. Droit vers les voitures. Droit vers le danger. Nil lui a couru après. Il l'a appelé. Cinq minutes ont suffi pour que Pesto se fasse renverser par une voiture. Le conducteur n'a pas eu le temps de freiner, il l'a écrasé. Nil a crié. Il s'est rué vers Pesto, il y avait beaucoup trop de sang. Il a tenté de le sauver, de compresser les plaies avec ses mains, c'était trop tard. Il était mort. Quand nous sommes revenus, cinq minutes plus tard, on a vu un attroupement. J'ai fendu la foule, Nil était agenouillé près du corps de Pesto, il pleurait. Je l'ai pris dans mes bras, il s'est accroché à moi. Blanche m'a suivi et ce qu'elle n'a vu, elle, ce n'était que le cadavre de son chien. Pourquoi ? Comment était-ce possible ? Elle n'était partie que cinq minutes. C'était trop peu pour qu'un tel drame se produise. Elle a regardé Nil, elle était partagée entre la tristesse et la colère. Il y avait beaucoup d'amertume. Nil il avait les yeux rivés sur elle. Il jaugeait sa réaction, il attendait la punition. Il ne pensait pas un instant qu'elle se détournerait de lui. Blanche ce n'était pas les autres adultes. Elle ne le pointait pas du doigt. Elle ne l'accusait pas. Nil s'est mis à trembler. Il l'avait pas fait exprès, il a répété ces mots. Mais dans l'esprit de Blanche c'était lui le coupable, lui le meurtrier, elle ne l'écoutait plus. Blanche nous a ramenés à la maison, en silence, puis elle est partie, aussi simplement. Le lendemain matin on l'a attendu. Elle devait nous conduire à l'école. Elle n'est jamais venue. On a raté les cours. C'est le soir, quand notre père est rentré, que Nil a appris la nouvelle. Blanche était en deuil, elle ne voulait plus de ce travail, elle a démissionné. Son ton était plein de reproches, il était énervé, mais Nil allait l'être encore plus lui. Il n'a pas attendu le lendemain, il s'est précipité à pied chez elle. Il faisait froid dehors, il avait oublié son manteau. Nil a sonné, il ne voulait pas y croire. Elle, elle pouvait pas le quitter. Pas Blanche. Pas elle. Et quand elle a ouvert la porte et qu'elle a posé son regard froid sur Nil, j'ai su avant lui qu'elle allait vraiment l'abandonner. Qu'elle ne l'aimait plus. Nil l'a supplié, il avait besoin d'elle. Les larmes ont dévalé ses joues, il était désespéré. Le voir dans cet état, ça m'a brisé le cœur. Ça m'a énervé, aussi. J'étais prêt à passer ma colère sur Blanche quand Nil m'a coupé dans mon élan. Il l'a fait à ma place. De la désolation il a basculé dans la rage. Ses cris ont giflé la nuit, il lui a craché à la figure des vérités qu'il ne pensait pas. Blanche a fini par en avoir marre, elle lui a refermé la porte au nez. Le message était clair, elle voulait qu'il s'en aille. Mais les dernières défenses de Nil ont sauté et il a tambouriné la porte de ses poings. J'ai été obligé de l'arracher de là, il voulait pas partir, lui il voulait pas la quitter.


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On s'est retrouvés seuls. C'était lui et moi contre le monde. On ne pouvait plus compter que sur nous-mêmes. Les gens nous détestaient. Ils nous critiquaient, nous insultaient. Et ceux que nous aimions désertaient. Sans Blanche la maison était bien vide. Silencieuse. Le rire de Nil ne résonnait plus. Il était d'un calme absent. Il avait mal, je le voyais mal. C'était terrible. Entre mes mots il s'est calmé. Mes promesses il les a écoutées, il les a entendues. Nil tu peux compter sur moi. Moi je vais pas partir. Je vais rester. Près de toi, avec toi. Toujours. Tu m'entends ? Toujours. En un sens ça l'a aidé. Sa main dans la mienne, il a de nouveau ouvert les yeux. Mais la blessure était trop profonde pour qu'elle soit guérie. Peu importe le temps, il y aura toujours une cicatrice invisible dans le creux de sa poitrine. Ce rejet a bouleversé sa vie, la mienne avec. Nil s'est brutalement refermé sur lui-même. Il s'est caché derrière ses pensées, ses livres, et mon dos. À l'école il ne souriait plus, il ne cherchait plus la présence des autres. Si ce n'était pas moi, il préférait être seul. J'ai fait exprès te retaper une année pour être dans sa classe, avec lui. Là je pouvais lui être utile, le soutenir, le défendre. Je le savais, il n'avait pas besoin de mon aide. Ce drame l'a fait grandir, vite, trop vite. Si j'ai redoublé c'était surtout pour lui prouver qu'il avait de l'importance à mes yeux, que mes paroles ne se perdraient pas dans le vent. Quand il l'a appris il s'est excusé, alors je l'ai frappé, pas trop fort, et enfin il m'a souri. Imaginez les deux frères Vantorre, ensemble, dans la même classe, c'était les prémices d'un enfer scolaire pour les professeurs. Moi je m'emportais violemment, souvent, pour un rien, et Nil lui séchait les cours. Toutes les matières qui ne l'intéressaient pas, il les oubliait. À la place il sautait par dessus le portail du collège et il allait se perdre sur les routes, les chemins abandonnés. Et si par mégarde il s'endormait sur un banc, plus personne ne le voyait de la journée. Dans ces moments-là Nil peut paraitre comme déconnecté de la réalité, isolé de notre temporalité. Ce n'est pas tout à fait faux. Mais Nil peut aussi devenir quelqu'un de très intelligent, de perspicace. Encore faut-il savoir éveiller son intérêt. Il ne faut pas interpréter son silence par un manque de savoir, au contraire, Nil est bien plus cultivé que moi. Juste il se tait parce que toute la conversation lui passe au dessus. Au début les professeurs lui ont reproché cette nonchalance, mais ils ont rapidement compris que ses mots étaient bien pires. Parce qu'ils sont toujours horriblement francs, honnêtes, et justes. Nil n'hésite pas à frapper là où ça fait mal, même si on ne veut pas l'entendre, et il se trompe rarement. C'est son caractère qui lui a attiré les foudres des responsables, des proviseurs. À nous deux je ne comptabilise plus le nombre de sanctions et d'exclusions que nous avons essuyé. Tout le temps nous étions renvoyés pour une faute que l'un ou l'autre avait commise. Et celui qui était le plus impacté par cette spirale infernale, c'était notre père. C'est lui qui devait signer les mots dans le carnet, lui qui était sans cesse convoqué par l'établissement pour échanger autour de notre comportement et, clairement, il avait autre chose à foutre que de ramasser la merde de ses rejetons. Après plusieurs conseils de discipline, nous avons été définitivement exclus de notre premier collège. Quelques mois plus tard, le second nous a également mis à la porte mais pour le coup c'était entièrement de ma faute. J'ai cogné un surveillant qui avait osé toucher Nil. Notre père nous a menacés de nous mettre dans un institut privé, ce qu'il a fait. Il n'a pas vraiment eu le choix en réalité, toutes les autres écoles publiques ont refusé notre dossier. Je m'en suis pris une belle le soir, il était furieux de devoir dépenser de l'argent pour nos deux petites gueules. Mais là encore nous avons rendu la vie infernale aux enseignants si bien que certains ont demandé à être mutés. Peut-être étions-nous dans l'excès. Peut-être, qu'à force d'entendre des sermons, on aurait dû se remettre en cause. Au final, est-ce qu'on ne pouvait pas simplement être des gosses sans histoire, à l'écoute, souriants ? Est-ce qu'on était obligés d'être des fauteurs de troubles ? Non, on n'y était pas contraints. Sauf que c'était plus fort que nous. C'était inscrit dans nos gênes. C'était dans ma nature d'exploser à chacune de mes pulsions, dans la nature de Nil d'oublier les clefs à l'intérieur après avoir claqué la porte. Tous les deux nous sommes comme ça et personne ne pourra nous changer. Nil ne me l'a jamais demandé, et moi non plus. C'est aux autres que ça posait vraiment problème. Et ça on s'en foutait pas mal. C'était nous deux contre le monde, je l'ai déjà dit. Ensemble on était prêts à faire face à tous les coups, à toutes les remarques, à toutes les accusations. Nil était ma force de vivre, le souffle de puissance qui me permettait de me relever après chaque échec. Les dents je les serrais pour lui. Nil le méritait. On le méritait tous les deux.


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L'arrivée de ce foutu satyre a balayé d'un revers de la main toutes nos certitudes. D'enfants porte-malheurs nous sommes devenus des sang-mêlés, des demi-dieux. Pourtant on n'avait rien de divin. Notre peau bronzait au soleil, notre sang coulait rouge. Turbulents, ça oui on l'était. Extraordinaires, non. Supérieurs aux autres, clairement pas. Avec Nil on a davantage été habitués à mordre le sol plutôt qu'à diriger les foules. Alors quand il nous a sorti qu'on était la supposée progéniture de la déesse déchue Até, on l'a pas cru. Encore moins notre père qui pensait tout connaître sur son ex-femme. Finalement il a réalisé qu'il ne savait rien d'elle, qu'elle était une parfaite inconnue. Nil et moi n'étions pas plus à ses yeux. Le soir même nous avons débarqué à la colonie les mains dans les poches. Nous sommes redevenus des nouveaux-nés prêts à découvrir un monde parallèle. Celui de la mythologie grecque. L'innocence en moins. Chiron nous a accueillis avec un grand sourire. C'est la première et unique fois qu'il l'a fait. Les fois suivantes, c'était surtout son regard inquisiteur qui nous recevait. Apparemment c'était un centaure occupé parce qu'il a demandé à un autre demi-dieu de nous faire le tour des lieux. Ce dernier parlait beaucoup. Avec ses mains. Et il ponctuait toutes ses phrases de grandes exclamations. C'est tout ce dont je me souviens. Mon esprit était encore scotché sur le corps de cheval de Chiron, j'ai pas tout suivi. Nil non plus. Le gars est parti, il nous a laissés devant notre bungalow. Le bungalow onze, celui des rejetés. De nous deux c'est Nil qui a eu le plus de mal à se plier aux règles du camp. Se lever à une heure précise, respecter un ordre de passage pour les douches, manger les repas à la table de son bungalow et pas à une autre, il trouvait ça absurde. Absurde et étouffant. Le pire c'était le couvre-feu, jamais il n'allait pouvoir s'y tenir. Il n'a pas pensé une seconde à s'y soumettre. Les harpies ne lui faisaient pas peur. Et il préférait largement se faire attaquer par l'une d'entre elles si cela voulait dire fuir le tumulte du bungalow Hermès. Et puis il y avait ses insomnies. Elles ont commencé à le prendre au piège après le départ de Blanche. Nil a perdu le sommeil. Depuis son lit il fixait le plafond. Ça pouvait durer des heures. Toujours il finissait par se lever en silence, il enfilait ses baskets usées et il allait s'égarer au milieu des paysages nocturnes. Ses insomnies ne se sont jamais arrêtées. Elles continuent encore aujourd'hui à lui ronger ses nuits. Tout ce temps j'ignore à quoi il le passe. Sans doute à marcher, à penser et à lire. Parce que oui, toute cette nouvelle vie, ça lui a apporté au moins un truc positif. Quelque chose d'irremplaçable. Il pouvait enfin surmonter sa dyslexie et lire par lui-même des livres. Tous les ouvrages grecs qu'il trouvait il les dévorait. En lisant il en a appris plus sur ce monde et donc sur notre mère. Até. Je crois que son histoire a soulagé un poids sur le cœur de Nil. D'une certaine manière, il s'est identifié à elle et il a pu comprendre d'où venait son égarement profond. Até était un bouc-émissaire, comme lui. Les fautes qu'il pouvait commettre, il ne les provoquait jamais volontairement, comme elle. Tout à coup il a compris pourquoi elle était partie. Pourquoi elle nous avait abandonnés. J'étais une erreur de parcours, un oubli de sa part, et Nil l'était tout autant. Le goût au fond de sa gorge n'en était que plus amer. Ses journées Nil les passait dans son coin. Loin des autres, loin du bruit. Les activités de groupes ne l'intéressaient pas, il préférait profiter de l'ombre d'un arbre pour lire un bouquin. Souvent je le rejoignais et on passait tout l'après-midi à cramer des clopes et à être l'un près de l'autre, tout simplement. Nil ne se mêlait pas beaucoup aux autres, c'était pas son genre de se faire des amis. M'avoir moi lui suffisait. Ce qui est paradoxal c'est que Nil déteste la solitude. Mais s'ouvrir à quelqu'un c'était prendre le risque de se faire rejeter à nouveau. Ça il n'aurait pas pu le supporter. La plaie était encore béante. Et vivre seul avec moi il savait faire, il y était habitué. L'année suivante nous sommes revenus à la colonie. À notre retour rien n'avait changé. Il y avait toujours autant de règles et on a foutu toujours autant de bordel. Jusque là rien d'anormal. Sauf que j'avais fêté en janvier mes treize ans et il était temps pour Até de me reconnaitre officiellement. On a tous cru qu'elle l'avait oublié parce qu'arrivés fin août on attendait toujours. Au grand soulagement de Chiron cette obligation lui est revenue en mémoire, bien que tardivement. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre venant d'elle et je n'ai pas été impressionné. C'était une cérémonie chiante, j'en suis sorti blasé avec un collier en argent autour du cou. Les enfants d'Arès avaient le droit à des armes mortels et moi à un vulgaire bijou. L'instinct maternel ça lui réussissait pas. L'été d'après Nil a aussi été reconnu, en toute modestie. Il a également reçu un collier, noir cette fois-ci. Finalement on leur a trouvé une utilité, on les a échangés. Ainsi Nil possède ma chaîne en argent et je porte constamment la sienne autour de mon cou. Elles vont de paire, comme nous deux. Peut-être n'était-ce pas si mal trouvé. Être reconnus n'a rien changé à nos vies. Certains demi-dieux avaient la possibilité de quitter le bungalow onze, pas nous. Après tout on ne faisait jamais partie de ces gens à qui la chance sourit. Par rapport aux autres divinités Até était plus que mineure, elle était un souvenir raturé. Et pour les oubliés, pas de bungalow. C'est comme ça, on n'avait pas le choix. On l'a rarement eu.


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Jusqu'aux quatorze ans de Nil nous n'étions que des pensionnaires semi-permanents de la colonie. L'été, au plus grand malheur de Chiron, on mettait le camp sens dessus sens dessous, et le reste de l'année il pouvait finalement se reposer. Sans nous dans les parages, tout était plus calme. Tout était plus tranquille. Certains diront que c'était ennuyant. Ils ne se comptent que sur les doigts d'une main. Ainsi pendant dix mois nous retrouvions notre quotidien moisi et une maison vide. Il nous arrivait parfois de croiser notre père dans la cuisine tard le soir. Alors le scénario était sensiblement le même à chaque fois. Il était d'abord surpris de nous voir, comme s'il nous avait oubliés, puis le mépris se peignait sur son visage. Les accusations fusaient, les gifles partaient. C'était un rituel salvateur pour lui, brutal pour moi et plein de culpabilité pour Nil. Il haïssait notre père pour ses actes. Si cela ne tenait qu'à lui, Nil se serait mis entre lui et moi pour me protéger. Mais il était de ma responsabilité de grand frère de le protéger lui, je ne pouvais laisser notre connard de père le frapper à ma place. Et tant que ce n'était que des paires de claques, je pouvais facilement l'endurer. Il cognait moins fort que certains gosses de rues. Avec Nil on avait conclu un marché, il devait m'attendre dans notre chambre et, surtout, qu'importe le motif, ne jamais intervenir. S'il enfreignait cette unique règle, notre père n'hésiterait pas une seconde à décharger toute sa colère sur lui aussi. Mais Nil ça n'a jamais été dans son caractère de respecter les règles, encore plus si cela me concerne. Un jour il l'a transgressée et notre vie a dérapé. Tout le monde rejette la faute sur nous, sur moi, sur Nil. Moi je peux comprendre, j'ai le sang chaud, je ne me contrôle pas. Mais Nil lui ne le fait jamais exprès. C'est de la maladresse, un oubli, un égarement. Mais volontaire ou non, Nil est en faute, c'est un éternel coupable aux yeux des autres. Ce jour-là, cet accident, il ne l'a pas fait exprès non plus. C'est parti d'un rien, d'un repas à préparer, d'une partie de foot. Pendant que j'étais dehors je lui ai laissé la cuisson des pâtes à surveiller. Je suis rentré plus tôt que prévu, la joue tuméfiée, j'avais réussi à me battre contre un de nos voisins. Nil était assis devant la télé, il la fixait passivement. Je me suis assis sur le canapé, j'ai zappé, il n'a pas protesté. Tout à coup j'ai senti une odeur, très forte, de brûlé. J'ai jeté un regard vers Nil, puis vers la cuisine. Il y avait de la fumée qui s'en échappait. Je me suis relevé brusquement, j'ai ouvert la porte. Je me suis pris en pleine gueule une vague de chaleur, c'était ahurissant. Ce que j'ai vu m'a cloué un instant sur place, la casserole de pâtes avait pris feu et celui-ci avait déjà commencé à s'étendre à toute la gazinière. Le gaz était ouvert, ça pouvait exploser à tout moment. J'ai senti des doigts agripper mon tee-shirt, c'était Nil. Alors j'ai réagi. Je l'ai porté dans mes bras, je l'ai fait sortir de la maison. J'ai tout laissé en plan à l'intérieur, de toute façon on avait rien à prendre. On est sortis sur la pelouse, à l'abri, en sécurité. Tout est allé très vite, la cuisine a explosé, un bruit assourdissant, la stupeur, le voisinage qui crie. Nil, derrière moi, protégé par mon corps, ne semblait pas être effrayé, il était absorbé par le ballet des flammes. Les pompiers sont finalement intervenus, vainement, il n'y avait rien à sauver. Ils se sont assurés qu'on allait bien, qu'on n'était pas blessés. Puis ils ont appelé notre père. Nil m'a lancé un regard fou, son teint avait blanchi. Il allait nous défoncer. J'allais tout prendre. Je l'ai rassuré comme je pouvais. La vérité c'est que j'avais peur au fond de moi, il pouvait être capable du pire. Il est arrivé sur les lieux de l'incendie, atterré. Toute sa vie, son passé, ses projets, étaient en train d'être consumés sous ses yeux. Nous avons passé la nuit dans la salle de repos de l’hôpital de notre père. Avec Nil on a dormi seuls, il avait une quantité monstrueuse de papiers à signer, d'appels à décrocher. Le lendemain on a fui l'établissement toute la journée, on a séché l'école, ça n'avait plus aucune importance. On retardait la confrontation. Mais on a bien été obligés de retourner le voir. Étant donné qu'on ne pouvait pas squatter indéfiniment l'hôpital, il a loué une chambre. Tous les trois dans une vingtaine de mètres carrés, on se sentait à l'étroit. L'ambiance était lourde, encore remplie de non-dits. Il a crevé l'abcès le premier. Son ton est monté crescendo, ivre de colère. J'ai pas flanché au premier coup, ce qui l'a énervé. Le deuxième je l'ai paré, grave erreur. Il était plus grand que moi, plus lourd, et il a utilisé son poids pour m'assommer à terre. Ma tête a cogné contre le carrelage, je voyais flou. Il a de nouveau levé son bras, il était loin d'en avoir fini avec moi. J'étais peut-être à terre mais ça ne lui suffisait pas. Il était aveuglé par la rage. Je me suis presque reconnu en lui, c'est ça qui m'a le plus effrayé. Soudain Nil a attrapé ses épaules et il lui a sauté dessus. En faisant ça il venait de cracher sur notre marché. Il venait de s'exposer. Ses ongles se sont plantés dans ses joues et il lui a presque arraché la peau. Notre père a crié, il l'a repoussé avec violence. Son visage saignait à cause des griffures. Je me suis levé en titubant, j'allais quand même pas rester abattu. Nil a bien vu ma faiblesse, il m'a écarté plus loin, hors du combat, il voulait pas que je me blesse davantage. Nil ne s'était jamais impliqué dans aucune de mes bagarres et voilà qu'il me sauvait. Impuissant, l'arcade en sang, j'ai vu notre père attaquer mon petit frère. Nil n'a jamais su se battre. Sauf qu'il était intelligent. Assez pour renverser la situation. Il l'a laissé s'épuiser à frapper dans le vide, Nil esquivait. Ce manège a duré un moment jusqu'à ce que Nil trouve l'opportunité, la faille. Il s'est saisi d'un objet au hasard, une lampe, et il l'a brisé contre son crâne. Notre père s'est effondré au sol. J'avais du mal à distinguer l'expression de Nil mais j'ai bien cru qu'il allait le tuer. En constatant qu'il ne bougeait plus, il s'est juste désintéressé de lui. Il est revenu vers moi, il s'est accroupi, a observé l'étendu des dégâts. Rien de grave. Il a nettoyé la plaie avec une serviette mouillée, il était doux et précautionneux. Puis il a dit qu'on ne pouvait pas rester ici, qu'il fallait partir. J'ai acquiescé.


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Nos pas nous ont menés à la colonie. On n'avait plus de maison, on n'en avait jamais eu, on ne savait pas où aller. Retourner au camp nous a semblé la meilleure option. Il nous fallait un endroit pour nous cacher, nous tenir en vie, loin des monstres, loin de notre père. Entre les deux il n'y avait pas beaucoup de différences, ils souhaitaient tous notre mort. Avec Nil nous avons décidé de ne pas le revoir. De le rayer de notre vie, aussi simplement. Il a été notre géniteur mais en aucun cas un vrai père, on se porte bien mieux sans lui. Il n'a pas cherché à nous contacter non plus, le sort de ses fils l'importait peu. Quand Chiron nous a vu franchir la barrière protectrice en plein hiver, il s'est inquiété. Il ne nous attendait pas avant la saison estivale, notre arrivée prématurée n'était pas normale. En effet, elle ne l'était pas, mais ils allaient devoir apprendre à vivre avec nous trois cent soixante cinq jours par an. C'est dans ces circonstances qu'on nous a collé l'étiquette de résidents permanents. Pendant presque un an et demi nous avons vécu enfermés dans une enceinte à suivre des cours, à s'entrainer et à partager notre intimité avec tous. Ce qui était devenu notre quotidien était loin d'être un rêve, particulièrement pour Nil qui se sentait étouffer, mais cette vie avait des avantages. On ne manquait plus d'argent. On avait toujours quelque chose à manger dans notre assiette. Une bibliothèque pour Nil, une infirmerie pour soigner mes blessures. Et c'est là-bas que j'ai rencontré Kahau et Verne. Jack aussi. Tous ils ont essuyé nos humeurs, mes excès, les absences de Nil. On a joué avec leurs nerfs, sans cesse, à la fin ils avaient envie de nous étriper eux aussi. Chiron le tolérait le moins. S'il avait pu nous foutre dehors il l'aurait fait je pense. Mais c'était la colonie et elle a été créée pour accueillir les demi-dieux tels que nous. Il ne pouvait pas juste nous renvoyer. C'était nous tuer en un sens. Nous offrir en repas aux monstres. Alors il a trouvé un autre moyen pour nous éloigner. Ils nous a confié une mission. En Europe un satyre avait besoin d'aide pour convaincre un autre demi-dieu de venir à la colonie et comme il habitait dans notre pays de naissance... C'était l'excuse parfaite. On s'est pas fait prier, on a sauté sur l'occasion. Quitter le bungalow onze, même si c'était un au revoir éphémère, on prenait sans hésiter. Ni une ni deux nos sacs étaient bouclés. Avant de partir Chiron nous a donné quelques drachmes à utiliser avec parcimonie, ce qu'il a dit, et des armes en bronze céleste. J'ai eu le droit pour la première fois de toucher une dague, ça m'a rendu bêtement content. Un vol d'avion plus tard, on a foulé le sol et on s'est sentis à nouveau libres. Libres de faire un détour par le centre ville si ça nous chantait, libres de parler notre langue natale. Nil était heureux, il n'affichait plus constamment cet air de mort dans l'âme, fatigué de vivre. Il souriait même plus souvent. On aurait aimé devenir pleinement insouciants mais on avait une mission à remplir, un satyre à rejoindre. La mission Nil s'en fichait pas mal. Escorter un enfant perdu, ce n'était pas son problème. S'il est venu c'était uniquement pour ne pas me laisser seul. Ça et pour pouvoir enfin respirer. J'ai pas été très utile non plus, c'est le satyre qui a fait tout le boulot. À peine nous a-t-il présenté le gosse de douze ans que l'idée de le jeter par la fenêtre m'a traversé l'esprit. Il était au moins autant insolent que nous, c'était maladif. L'idée n'a pas plu au satyre, évidemment. Je n'ai alors servi que d'interprète, de porte-parole, pendant que Nil se perdait dans la contemplation d'un tableau. Quand on lui a annoncé ses véritables origines, je me suis revu avec Nil, quatre ans en arrière. Il ne nous croyait pas. Mais contrairement à nous il refusait de l'accepter, de quitter sa mère. Lui il avait un foyer, une famille aimante, des amis précieux. Il ne voulait pas tout sacrifier pour intégrer la colonie et honorer un père qu'il ne connaissait pas. Ça je pouvais comprendre. Mais ce qu'il ne voulait pas entendre c'était qu'en restant ici il se mettait en danger, lui, et sa mère, ses proches qui comptent tant. La satyre a essayé d'être compréhensif et diplomate. J'ai compris que pour arriver à nos fins il fallait lui balancer à la gueule les dessous de la vérité. Il fallait lui faire peur. Et effrayer les autres c'était une seconde nature chez moi. Je l'ai affronté. Je lui ai fait prendre conscience que dans l'état où il était jamais il ne pourrait vaincre un monstre, protéger sa mère. Qu'elle finirait par être dévorée, comme lui. La détermination seule n'était pas suffisante. La preuve, il ne parvenait même pas à m'asséner un coup. Je l'ai bousculé, un peu, violemment. Le satyre a tenté de m'arrêter mais Nil l'a empêché. Lui aussi pensait que ma méthode pouvait fonctionner. Le gamin a finalement craqué, il a fondu en sanglots. Il m'a détesté de tout son être, j'étais assez solide pour l'encaisser. J'ai réussi à le faire changer d'avis, il a accepté de nous suivre. Sur le chemin du retour le satyre a dû gérer trois comportements instables, ça l'a épuisé. À l'aéroport Agros nous attendait pour nous accompagner jusqu'à la colonie. Au moment de traverser la barrière, Nil m'a pris à l'écart. Ses traits étaient graves. On aurait dit qu'il était dévasté. Il m'a dit qu'il ne voulait pas rentrer, qu'il en avait assez d'être faussement enfermé. Ce qu'il désirait c'était voyager, partir à l'inconnu. Il voulait goûter à la liberté plus longtemps. Quelques jours c'était trop peu. Il avait besoin de plus. Il m'a montré les drachmes, la dague, on avait de quoi survivre avec ça. Et puis il n'y avait rien qui nous retenait vraiment. Jack n'était là que l'été, on avait toute une année pour parcourir le monde, découvrir chacun des points noirs sur notre vieille carte. Cette perspective lui tenait tellement à cœur, j'ai pas pu lui refuser. La flamme derrière son regard elle était si belle, je voulais pas la voir s'éteindre. Je lui ai dit oui. Aussitôt on a déserté.


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J'ai laissé Nil nous guider. Au bout de vingt minutes de marche on s'est paumés. Quelqu'un de censé aurait fait demi-tour, nous on s'est enfoncés dans la forêt. En avançant au hasard on allait bien finir par regagner une route, puis un village, et enfin l'océan. Notre objectif ? Dénicher un bateau pour traverser l'Atlantique. Nil a découvert qu'il avait le mal de mer, il a passé quatorze jours à vomir ses tripes. Une fois les pieds sur terre, notre voyage a véritablement commencé. Nous avons vagabondé de ville en ville, usant nos chaussures, dormant dans des chambres payées à deux sous, mangeant des plats froids, des sandwiches, parfois des fruits. Toute notre vie tenait dans deux sacs à dos, on n'avait pas besoin de plus. Chacun de nos arrêts ne durait pas plus de quelques jours, une semaine. Avec le danger des monstres qui nous guettait à chaque instant, il fallait qu'on soit super vigilants. Même si on l'a été, ça ne nous a pas empêché de rencontrer plusieurs bestioles en chemin. On aurait pu y laisser notre peau, je le sais, mais on n'était pas décidés à mourir. Alors on s'est battus, ensemble. Heureusement ce n'était pas des espèces imposantes, on s'en est sortis avec des blessures mineures. Les dégâts auraient pu être bien pires. Au début on a réussi à vivre avec l'argent que Chiron nous avait donné. Notre périple ayant un coût, on a fini par en manquer. Si on ne voulait pas dormir dans la rue, il fallait trouver le moyen d'en gagner. Avec Nil nous avons donc enchaîné des petits boulots qui ne réclamaient pas trop de moyens. Parce qu'on était jeunes, on a attiré la méfiance de quelques patrons. Grâce au pouvoir de Nil on a effacé leurs doutes, le job était à nous. Nil s'est essayé à la plonge. On a été virés le soir même car il a cassé deux assiettes et trois verres. Distribuer des prospectus c'était pas fait non plus pour lui, il n'était pas assez avenant. La plupart du temps on a travaillé de paire dans les champs, je coupais et Nil ramassait. À deux le travail était moins épuisant et à la fin de la journée on avait de quoi se payer à bouffer. Mais de temps en temps, il nous arrivait de ne pas avoir assez pour dormir dans un motel alors on se reposait sur un banc, une motte de paille et on attendait que le soleil se lève pour reprendre notre périple. Ainsi durant neuf mois nous avons goûté à la vie de nomade. Tous les deux on ne s'est jamais sentis aussi bien. On ne vivait que pour nous et même si cette aventure avait son lot de difficultés, c'était exaltant. En juin, la question de retourner à la colonie s'est posée, on était au sommet d'une montagne. Viens on rentre pas, il a dit. J'ai souri à Nil, je n'en avais pas envie non plus. On a prévenu personne, on n'a pas réintégré la colonie. On a poursuivi notre voyage, direction l'Amérique du Nord cette fois. De ce pays on ne connaissait que le camp des sang-mêlé, il nous restait tant à découvrir. Arrivés là-bas on a volé une voiture. On s'est pas fait chopper. Notre errance a soudainement pris un rythme différent. Il s'est accéléré. Puisqu'on dormait dans la voiture, l'argent qu'on économisait on le mettait dans l'essence. Le moteur vrombissait, on pouvait aller loin, très loin avec. On a vu défiler des paysages citadins, des plateaux désertiques, on s'en est pris plein les yeux. Sur les routes on a fait la connaissance de pas mal de monde. Des locaux, des étrangers, de Honoka. Forcément je suis tombé amoureux d'elle avec la douceur qui émanait de ses gestes. Et son parfum de fleurs, envoutant. Rapidement on s'est mariés, je ne pouvais pas attendre plus longtemps. Elle m'a suivi dans cette folie, j'étais le plus heureux des hommes. Aveuglé par mon bonheur, je n'ai pas remarqué tout de suite le comportement de Nil. Il a changé. Il ne souriait plus. Il ne me regardait plus avec légèreté. Quand on était tous les trois, il prenait petit à petit de la distance vis à vis de moi, de Honoka, de nous. Son ton devenait froid, sec, brutal, lorsqu'il s'adressait à elle. Un soir je lui ai fait une réflexion, il l'a mal pris. Pour la première fois en dix-sept ans on s'est engueulés. Nil m'a balancé à la gueule tout ce qu'il pensait de ce mariage, qu'il était contre, que c'était un acte stupide de s'engager aussi jeune, puis il a critiqué Honoka et ça, ça m'a vraiment énervé. Comme à mon habitude j'ai réagi au quart de tour. J'ai eu envie de lui en coller une. Mais Nil restait mon frère et je ne voulais pas faire quelque chose que j'allais regretter. Je me suis rabattu sur la chaise sur laquelle j'étais assis. Elle s'est fracassée contre un mur. J'ai quitté la pièce dans la foulée, j'avais besoin d'air. Les jours suivants ont été proches de l'enfer. Je passais du temps avec Honoka mais mon cœur n'y était plus. Il était préoccupé par Nil qui marquait mon esprit de son absence. Il n'était plus là avec moi. Il errait ailleurs. J'ai fini par le revoir, un peu après. Sans doute qu'il avait pas beaucoup dormi car il affichait des cernes monumentales. Il ne m'a pas ignoré. Ça m'aurait tué. Il s'est posé devant moi, ses yeux me fixaient. Il attendait que je parle. Il y avait plein de questions qui bousculaient mon esprit mais j'ai dit la seule vérité qui importait. Il me manquait. Sans lui je n'étais pas heureux. J'avais besoin de lui dans ma vie. Sa main a accroché mon tee-shirt, ce vieux réflexe n'avait pas changé. Il m'a avoué la vérité. La vraie raison qui l'a poussé à agir de cette façon. Il avait peur. Il était terrifié à l'idée de me perdre. Le mariage c'était un engagement à vie, il pensait que Honoka allait m'emporter loin de lui. Que j'allais peu à peu me désintéresser de lui, que je finirais par le trouver trop collant, trop intrusif. Je suis tombé des nues, jamais je n'avais pensé ça. Pour Nil j'ai divorcé. C'était l'un des choix les plus durs de toute ma vie. Mais Nil en avait besoin alors je l'ai fait. De nouveau ensemble nous avons repris la voiture. Nous avons avalé les kilomètres, nous abreuvant de l'énergie américaine. On a transcendé le pays, traversé tous les états, c'était une folie pure. J'ai essayé d'apprendre à Nil à conduire. Ce n'était pas chose gagné mais il a réussi à nous emmener jusqu'à la côte ouest. On ne pouvait pas aller plus loin, après c'était l'océan. Il s'est garé en haut d'une bute, on a pris nos sacs, puis on a contemplé le couché du soleil. Alors qu'on était seuls on a soudainement entendu du bruit. Sur mes gardes, j'ai regardé tout autour de nous, prêt à dégainer la lame. Sauf que ce qui était à l'origine du bruit, ce n'était pas un monstre. C'était la voiture. Doucement mais inexorablement, elle descendait la pente. Impuissants, on a vu le tas de ferraille plonger dans le Pacifique. Nil avait oublié de mettre le frein à main. Nous avons recommencé à marcher, ce n'était pas grave. L'été est arrivé plus tôt qu'on ne le pensait, on était toujours sur les plages californiennes. Nil, sous le coup d'une impulsion, a dit tout haut ce à quoi je réfléchissais tout bas. Il était temps de rentrer au camp. La colonie était loin d’être notre maison mais elle n’en restait pas moins un repère.


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Si je n'avais pas existé ou si, pour une quelconque raison, Até m'avait emporté avec elle, l'histoire de Nil aurait été bien différente. À sa naissance Nil n’aurait pas reçu d’affection. Personne n’aurait repoussé une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. Personne ne l’aurait pris fort dans ses bras. Il aurait grandi sans jamais connaître l’amour maternel, paternel ou fraternel. L’amour, la tendresse, la douceur, seraient des concepts abstraits, des notions fantasmées, enviées chez les autres. Les choses de la vie n’auraient aucune saveur à ses yeux. Il ne jouirait ni d’un bon repas, ni d’une bonne musique. Pour Nil, respirer, manger, dormir, seraient des nécessités pour survivre. Il n’aurait jamais su ce que signifie vivre pour soi-même. Il n’aurait pas de rêve, pas d’ambition, pas d’objectif à atteindre. Si on lui demandait ses projets pour l’avenir, il ne saurait pas quoi dire parce qu’il ne connaîtrait pas la réponse à cette question. Son existence serait teintée de gris, de nuances fades et ennuyantes. Nil n’aurait jamais été touché par sa passion dévorante pour les livres. La poésie et les romans l’indifféreraient. Au contraire, sa dyslexie sévère ferait de lui le souffre-douleur de ses camarades de classe. À l’école, il aurait été harcelé dès les débuts de la maternelle. On lui reprocherait la blancheur de sa peau, la finesse de sa taille ou l'odeur nauséabonde qui collerait à ses vêtements. Les trois à la fois probablement. En dernier espoir Nil aurait tendu sa main vers la maîtresse, mais elle aussi l’aurait repoussé. Parce qu'il serait tout le temps en retard. Parce que ce serait toujours lui qui oublierait ses affaires de sport. À force d'entendre les mêmes accusations provenant des personnes de son entourage, Nil se serait convaincu lui-même qu’il n'était qu’une sombre merde. Un misérable. Un lamentable. Un garçon pathétique. Infâme. Qu’il ne méritait rien. Qu’il n’aurait rien et que ce serait parfaitement normal. Pendant un an, peut-être deux, Nil aurait entraperçu les contours de la joie et du bonheur aux côtés de sa nourrice Blanche. Avec elle, il aurait goûté à l’insouciance. Il aurait eu l’espace d’un instant le sentiment d’exister, d’appartenir à ce monde, d’être un enfant à peu près comme les autres. Avec un certain nombre de défauts, mais avec des qualités également. Mais parce que Nil, un jour, sans le faire exprès, aurait renversé et dispersé les cendres de la grand-mère de Blanche, anéantie, elle l’aurait abandonné sans état d’âme. L’unique personne qui pouvait lui faire du bien aurait disparu et il se retrouverait définitivement seul. Nil ne serait pas différent d’un orphelin rejeté dans une maison aux allures de prison. L’idée de considérer le petit bureau comme sa propre chambre ne lui aurait pas traversé l’esprit. Il n’aurait pas décoré celui-ci. Les murs seraient vierges de toute photo, de toute affiche, de toute marque personnelle. Un inconnu douterait si la pièce était vraiment habitée. Nil ne posséderait rien. Il n’aurait jamais célébré son anniversaire, noël ou toutes ces fêtes chaleureuses pour une personne lambda. De ce fait, il ignorerait le plaisir que peut procurer le déballage d’un cadeau. Il n’en aurait jamais fait non plus. Pas par égoïsme, mais parce qu’il n’aurait pas d’argent pour acheter quoi que ce soit. Il ne connaîtrait même pas la sensation du poids d’une pièce au creux de sa main. Aux heures de repas, Nil mourrait de faim. Les placards de la cuisine étant vides, poussiéreux, il aurait essayé de mordre sa chair pour se nourrir avant de se rabattre sur le lait périmé depuis une semaine au fond du frigo. Il l’aurait recraché directement avec une expression de dégoût peinte sur le visage. Si par malheur Nil tombait malade, il n’aurait personne sur qui compter pour lui chuchoter des paroles rassurantes, pour lui prescrire des médicaments. Il serait contraint d’attendre que les symptômes passent en silence, grelottant, poisseux entre quatre murs peu éclairés, mal aérés. À onze ans, un satyre l’aurait découvert, attiré par son odeur de demi-dieu. Il serait rentré dans le vif du sujet, il lui aurait annoncé qu’il était un sang-mêlé et que sa génitrice, Até, était en réalité une déesse. Celle de la Faute et de l’égarement. Ce qui expliquerait pourquoi il causait irrémédiablement des accidents autour de lui, pourquoi il était involontairement à l’origine des malheurs de ceux qui l’approchaient. Le satyre lui parlerait de la colonie en appuyant bien sur le fait que Nil aurait sa place là-bas. Pour s'échapper, il y serait allé. Mais il aurait découvert un endroit cloisonné par des règles qu’il ne comprendrait pas, un lieu oppressant qui enverrait des jeunes, non des enfants, se faire tuer au nom de Dieux qu’ils n’avaient jamais connus. Et pourquoi ? Juste parce qu’ils étaient leurs parents. Até n’aurait jamais été la mère de Nil. Elle n’aurait jamais rien fait pour lui, il ne ferait jamais rien pour elle. Ni pour qui que ce soit d’autre. Après une semaine à peine, Nil aurait déserté la colonie pour ne plus y revenir de toute sa vie. Dans cette version de l'histoire, Nil ne serait pas un vagabond. Il n'errerait pas. Il fuirait. Ses idées noires, ses souffrances, ses peurs. Notre père. Son père. Parce que Nil serait son exutoire. Il déverserait toute la colère qu'il a en lui sur son rejeton de fils. Notre père frapperait Nil. Il dépasserait les limites de ce que j'endurais. Il se servirait de sa ceinture pour le fouetter, l'écorcher vif. Et il prendrait un malin plaisir à voir apparaître les rayures rouges sur son dos pâle. Malgré les plaintes, les gémissements de douleur de Nil, il ne s'arrêterait qu'à la vue du sang. Pas avant. Tout ça Nil l'endurerait en silence. Toutes les émotions qu'il pourrait ressentir, il les enfermerait à l'intérieur de son esprit. Et même s'il avait l'envie d'en parler à quelqu'un, il n'y aurait personne pour l'écouter. Tous ses cris, ses larmes, ses "à l'aide" seraient oubliés dans le néant, jamais entendus. Écorchures incessantes, dos meurtri, incapacité à cicatriser. Ce serait de la rage qui coulerait dans ses veines. Le sang, il n'en aurait plus, il aurait imprégné la moquette. Toute morale, logique et raison auraient fini par le quitter. Une nuit. Cette nuit. Nil attendrait notre père. Il serait tard. Plus d'une heure du matin. Il rentrerait de sa journée de boulot. Nil entendrait la porte d'entrée claquer. Des grognements bestiaux. Des râles. Il serait à l'affût du mouvement de ses pas. Il se dirigerait vers la cuisine. Nil l'attendrait. Notre père pénétrerait dans la cuisine. Cette nuit, Nil ne serait plus un enfant battu. Il resserrerait sa prise sur le couteau. Trancherait la gorge de notre père. Le sang giclerait, éclabousserait son visage. Cette nuit, ce ne serait pas le sien. Il enjamberait le cadavre inerte, sortirait de la maison. Il marcherait dans toute la ville, il ferait froid. Nil ne ressentirait pas le froid. Il s'éloignerait du centre, il s'engouffrerait dans un coin oublié. Devant lui se tiendrait un pont. Haut. La chute serait mortelle. Il ne réfléchirait pas, il enjamberait la rambarde et sauterait dans le vide. Pour la première fois, Nil serait libre.
Dans un univers parallèle, mon petit frère est mort. Si je vous raconte ça, c'est pour vous montrer que la plus grande dépendance de Nil ce n'est pas l'alcool, ce n'est pas la cigarette, c'est moi. Si je n'avais pas existé, Nil serait déjà mort. Si demain je meurs, il n'aura plus de raison de vivre.


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glamour123

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Rom II

Message par glamour123 »

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Nil il a toujours une tête de déterré avec sa peau trop pâle là, et ses cernes sous les yeux. Il s'est perdu dans sa tête il y a longtemps et il ne trouve pas la sortie du labyrinthe. Ses pensées il ne les contrôle pas, elles dansent, elles virevoltent avec lui. Et le tourbillon de son esprit, parfois, il peut être dévastateur. Pour lui. Pour les autres, qui se prennent de plein fouet une dose brute de sincérité. Nil il pense trop. Mais comme moi je ne réfléchis pas assez, à nous deux c'est le bon équilibre. Nil c'est loin d'être un prince. Aux yeux de tous c'est un monstre, mais dans les miens se reflètent la vérité. Si vous pouviez le voir comme je le regarde, vous cesseriez de le pointer du doigt. Il m'aime pour ça Nil, car je ne vois pas en lui qu'un garçon perdu, à la tête ailleurs, qui sème le malheur. Nil déteste les adultes. Tous autant qu'ils sont à essayer de nous limiter, à essayer de nous contrôler. Les Dieux il les emmerde, clairement, jamais il n'ira les prier ou les vénérer. Les quêtes ne l'intéressent pas, il n'a rien à prouver. Nil n'est pas un héros, il laisse ce rôle aux autres. Pour réussir à éveiller son intérêt, il faut être persévérant. Tout ce qu'il juge inutile, il l'ignore et l'oublie dans la foulée. Si son esprit vagabonde, il ne va même pas vous remarquer. Un conseil, n'allez pas le déranger quand il est comme ça. Vous allez peut-être capter son attention deux secondes, mais vous allez surtout le contrarier. Et Nil de mauvais poil, c'est pas beau à voir. Nil il faut le laisser venir. C'est comme ça qu'on apprivoise un chat noir. On lui laisse de l'espace. On le laisse respirer. Il se sentira libre de venir vers vous s'il en a envie. Ou pas. Il ne faut pas oublier que c'est un solitaire. Il préfère mille fois la compagnie de ses livres à celle des humains. Je suis l'exception. Mais je suis un peu hors-jeu, non ? À la colonie on pourrait croire que Nil livre une partie de cache-cache où il est le seul participant. Dénicher sa cachette est loin d'être un jeu facile. La géographie du camp Nil la connait par cœur tant il l'a traversé en large et en travers. Il en connait tous ses recoins, même les plus sombres, surtout les plus sombres. Certains matins il se planque à un endroit et n'y bouge plus de toute la journée. Il lit, il enchaîne clope sur clope et, quand il est décidé, vide des bouteilles d'alcool. La vodka c'est sa marque de fabrique. Nil est sans doute pire qu'un gosse de Dionysos. Il a une bonne descente et s'il lui arrive de boire autant, c'est pour essayer de faire taire sa voix intérieure. Je préfère qu'il se saoule en ma présence, au moins je peux veiller sur lui. Parce qu'il ne le fera jamais pour lui-même. Nil est gaucher, je ne sais pas pourquoi je le précise. Il n'est jamais tombé amoureux. Il n'a jamais craqué pour personne, n'a jamais désiré le corps d'un autre. C'est de ma faute. Je crois que je l'ai dégouté à voir mon cœur éventré, flingué, par mes ruptures. Pour ne pas vivre la même chose, il a soufflé la bougie de ses sentiments affectifs. Elle est éteinte depuis Blanche et il a jeté le briquet du haut d'un pont. Nil n'est pas un guerrier. Lorsque ses pieds le trainent par hasard près des Arènes, il se contente d'observer d'un œil distrait les combattants. Il ne sait pas physiquement se battre, ses armes se sont plus les mots. Mais Nil a hérité d'un pouvoir d'Até qu'il a appris à maitriser à la presque perfection. Il a la capacité de rendre quelqu'un confus, de brouiller son esprit, de l'empêcher de réfléchir et de penser correctement pendant quelques instants. Il peut s'en servir sur des humains comme sur des monstres, il a juste besoin de fixer sa concentration. Il lui arrive très régulièrement d'en jouer afin qu'on le laisse tranquille ou pour qu'il passe inaperçu. En plus de lui être utile au quotidien, ce pouvoir lui correspond tellement. Un paumé qui paume les autres, c'est pas le comble ? Enfin, et le plus important, je ne le répéterai jamais assez, Nil est mon petit frère. Il est la personne la plus précieuse à mes yeux. Pour moi, il ferait n'importe quoi, il se couperait un bras, il tuerait. Pour lui, je ferais n'importe quoi, je me couperais un bras, je tuerais. Putain ce que je l'aime. Ne vous avisez jamais de le toucher.


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À compléter.


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× Rom Vantorre ×
× Dix-huit ans ×
× Demi-dieu, fils d'Até ×
× Grand frère de Nil ×
× Excessivement violent ×
× Passionnément amoureux ×


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glamour123

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par glamour123 »

Et voilà mes deux terreurs ! Merci à tous ceux qui ont pris le temps de les lire et de me faire des retours, cela compte beaucoup pour moi. J'ai plus ou moins mis trois mois à les écrire, oui c'est excessif... J'espère qu'ils vous plairont à vous, à défaut de vos personnages ! Pour toute idée de lien je suis preneuse, j'ai déjà quelques idées, entre fauteurs de troubles ils devraient bien s'entendre :lol:
Shinato

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par Shinato »

Bon trois mois d'écriture pour 1h30 de lecture. C'était incroyable. J'ai adoré lire l'histoire de Rom et Nil. Le fait que l'un raconte l'histoire de l'autre est super et ça montre vraiment le lien éternel entre les deux.
De plus, l'histoire alternative que raconte Rom complète parfaitement celle des deux frères et appuie davantage sur le fait que l'un ne peut pas vivre sans l'autre.
J'aime beaucoup les deux personnages et je trouve leurs caractères attachant (bien que je te l'accorde Rom est un poil impulsif :mrgreen: )
J'espère ne pas voir cette union mourir au cours du RPG
Pour ce qui est des liens, je n'ai que Yu Ra à te proposer puisque les autres sont nouveaux donc si tu as des idées n'hésite pas.

PS: j'ai trouvé l'anecdote de la diarrhée collective très amusante :lol:
ChapelierFou

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par ChapelierFou »

Eparm: :D Ça m'a fait plaisir de la lire de la lire écoute ^^ Pauvre toi, ton ship préféré c'est celui avec une personne mort et un pnj X) (et en même temps je vois pourquoi c'est ton préféré) Oui, on m'attendais depuis longtemps celui-là X) Et bien mission accomplie, et ça se sent quand on lit que tu partage la tristesse de tes personnages. Ben écoute, on dirais pas trop donc ça prouve que tu as réussis à rendre tout ça bien réaliste ^^
X') C'est pratique tant qu'il s'éloigne pas de la mer, ça risque de se compliquer après ^^ J'espère qu'ils se retrouveront alors ^^


Glamour: Je lis ta fiche plus tard ^^ (mais si c'est des fauteurs de trouble il y aura peut-être moyen de faire des liens avec George ^^)
Springbloom

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par Springbloom »

@Audrey : Bon, je vais pas séparer mon avis en Nil et Rom, parce que, comme tu le dis si bien, ils forment un tout, et analyser l'un sans l'autre c'est ne pas avoir compris l'essentiel. Je vais commencer par les bases débiles que tu dois déjà savoir : j'adore :D Même dans les détails les plus débiles, où, comme pour Rose, j'avais pas fait gaffe entre le lien du prénom du perso avec son parent divin. J'entends tellement parler de Rom et Nil depuis siiii longtemps que je n'ai même pas pensé à me dire que le nombre de lettres dans leur prénom pouvait avoir un sens. D'ailleurs, à ce sujet, j'ai même commencé à me demandé si ça partait pas encore plus loin et que tu leur avais donné des noms de "lieux" pour qu'ils aient toujours comme un point de repère dans l'espace, vu qu'ils ont tous les deux tendance à se perdre à leur manière. Les deux se complètent bien sans qu'il ne semble y avoir de redite ni de questions (sauf pour Blanche qui ploppe chez Nil sans qu'on sache de qui il s'agit) mais je pense honnêtement que c'est mieux de les avoir posté dans ce sens là pour la lecture. Pa seulement parce que Rom est l'aîné ou que c'est l'ordre dans lequel tu les as rédigées, mais parce que Rom est une meilleure entrée dans leur univers que Nil : son égarement est beaucoup plus matériel que celui de Nil. Et puis, je suis trop heureuse d'avoir de nouveau une fratrie au camp depuis le départ de Lièvre-de-Mars parce que ça manquait une histoire fraternelle vraiment soudée (enfin, il y a bien Octa avec Ethel et Cassiopée mais elles ne sont pas vraiment soeurs et ça à l'air houleux par moment, et le Scott de Mimie99 est mort en laissant Théo tout seul donc bon, les Vantorre font plez')

Je t'ajoute tes fiches demain matin, là pour une fois je vais vraiment me coucher tôt x)

PS : après avoir lu, je te confirme que Kahau et Verne collent parfaitement avec Rom
PPS : faut que je recalcule parce que je suis pas certaine qu'ils se soient croisés, mais il y a moyen de tenter un lien entre Anthea et Nil, sinon toujours un Hope et Rom vu qu'il passe son temps à casser des gueules et la sienne
glamour123

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par glamour123 »

Shinato : Wow, je ne pensais pas que la lecture de mes deux fiches allait te prendre 1h30 de ta vie ! Merci pour avoir vraiment pris le temps de les lire, et ton retour m'a fait plaisir. Oui c'est tout le concept de leurs fiches, appuyer le lien inconditionnel qui les unit. Rom, impulsif ? Juste un poil comme tu dis :lol: Non, normalement ils ne vont pas mourir, ce serait une torture pour moi je ne veux pas y penser T-T J'ai une vague idée pour Yu Ra, je te fais prochainement un message sur Discord, okay ? Et pour l'intoxication alimentaire j'ai mis du temps à ficeler tout le scénario mais je suis contente du résultat xD

Chap : Maintenant qu'ils sont là ils ne bougent plus, prends ton temps ! Et oui j'avais déjà pensé à George de mon côté, tu me diras :D

Elo : Moi aussi je te donne un petit cœur ♥ Je vais me permettre de garder le mystère sur l'origine des prénoms de Nil et Rom mais ce n'est pas une coïncidence s'ils ont tous les deux un lien avec des points géographiques... Huhuhu Et concernant les fratries, n'oublie pas Valentin et Aaron xD
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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par Eparm12 »

@Chap' : Merciii. ♥ ... Bien résumé. x))) Et c'est déprimant. T_T (Un de mes préférés, j'ai beaucoup trop de ships dans ma vie pour en choisir un fav, quoique...) Haha, tellement. XD Mais Abysses est enfin dans la place pour rattraper les autres. 8-) Parfait. ^^ Tant mieux (des fois, j'ai des bonnes idées). :mrgreen:
C'est ça... On verra ça... 8-)
ChapelierFou

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ [Chasse aux Monstres - Inscriptions ouvertes]

Message par ChapelierFou »

Glamour: Ca y est, j'ai tout lu! J'aime beaucoup tes deux frères; j'aime à quel point ils sont différents, Rom le passionné et Nil le rêveur, et à quel point ils se complètent et illustre les deux facettes de leur mère malgré eux, et leur relation est hyper touchante. Leur pouvoirs sont très cools et je suis curieuse de voir comment tu va jouer ceux de Rom ^^
Je vais me joindre à l'analyse de la forme de ta fiche et ajouter que le fait que ce soit le nom et la présentation de l'un mais avec l'histoire de l'autre illustre aussi le fait qu'ils troublent et perdent un peu les gens, mais ça reste facilement compréhensible, donc bravo pour a (et pour l'entièreté de tes deux fiches)
On peux parler des liens sur Discord ou par mp si tu veux alors ^^

Eparm:♥ Bon, au moins je vois que tu as un large stock de ships pour t'en remettre X) Surtout pour rattraper son frère, on va pas se mentir X) T'inquiètes pas que tu as souvent des bonnes idées ;)
On verra alors ^^
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