@Jadyna : Je ne te bizute pas, je t'exprime mon humble avis.
Encore merci, infiniment. *-* Merciii. Haha, je suis d'accord, et je trouve que tous nos persos se complètent bien.
Je t'en prie, il n'y a aucun problème. ^^
J'avais tout bien deviné, du coup, mais je voulais simplement en être sûre et certaine, parce que Requiem maîtrise ces formes de magie, donc merci beaucoup pour les précisions et oui, tu as parfaitement répondu à tout, merci! Et Requiem ne connaît pas les clans qui vivent à la Nouvelle-Orléans, alors il ne saura pas ce détail, mais le reste, oui.
Requiem
Adam et Heather interagissent entre eux tandis que je m’occupe de Seán, et je sens le regard d’Adam glisser sur nous alors que je tente de ramener l’esprit de mon homologue à nos côtés, tant il semble ailleurs, encore emprisonné dans sa vision d’horreur, ce que je comprends tout à fait. Néanmoins, à mon grand, non, mon immense soulagement, Seán ne me quitte pas des yeux et m’imite, ce qui me touche et me prouve sa bonne foi, faisant de son mieux afin de caler ses gestes sur les miens, nos mains toujours liées. Je le fixe, respirant de manière exagérée, ce qui lui facilite la tâche, jusqu’à ce qu’il se relaxe, tant au niveau mental que physique, ce qui est un excellent début. Cela dure un petit moment, pendant lequel je l’attends, sans jamais le brusquer, attentif à lui et rien qu’à lui, Adam veillant sur Heather. Il me faut aider Seán à recouvrer ses repères, et non à le perdre, quand je reprends la parole et lui fais part avec douceur de mes pensées les plus profondes. Cependant, j’ai volontairement omis de préciser que ce n’est pas pour moi que j’ai peur : j’ai peur pour eux, mes nouveaux compagnons, et non pas pour moi. Moi, Requiem, Nathanaël Lamour, je passe après eux, et suis le dernier auquel je pense depuis que je me suis réveillé dans le souterrain précédent. A dire vrai, je ne pense qu’à eux et Vivienne : le reste est secondaire, mais je me garde de l’énoncer à haute voix, certainement pour ne pas subir de quelconque remontrance, ce qui serait leur genre, à n’en point douter.
Soudain, tandis que je m’exprime et rassure patiemment Seán, ce dernier paraît surpris et s’empresse de me répondre que non, je ne l’incommode pas, et à mon tour d’être surpris par son exclamation et ses paroles. Il m’avoue qu’il est sur les nerfs à cause de tout cela, ce qui est, encore une fois, parfaitement compréhensible et le cas d’Adam, de nous tous, en soi, bien que ce dernier se maîtrise mieux que Seán, lorsqu’il enchaîne sur le fait qu’il sache que j’essaie de l’aider et qu’il m’en remercie sincèrement. Je digère ses mots, ne m’y attendant pas, et lui réplique presqu’en chuchotant, amusé et tout aussi franc :
-J’en suis heureux. Pensez à respirer lorsque notre situation devient critique, et ne l’oubliez pas, je lui signifie entretemps.
Je vous en prie, je termine,
et ceci est la moindre des choses. Vous pouvez compter sur moi.
Je lâche finalement ses mains et retourne auprès de la louve, Adam ayant grogné après son accès de folie, c’est-à-dire s’approcher seule du tunnel, et je lève un bras dans le but d’user partiellement de mes pouvoirs si un danger venait à la surprendre. Fort heureusement, il n’arrive absolument rien, et nous voilà tous trois dans le souterrain ensanglanté, Seán ne tardant pas à nous rejoindre. Adam est en accord avec l’emprunt de ce tunnel morbide, mais il ajoute que l’on reste prudent, et je ne manque pas l’avertissement qu’il lance à Heather, penaude, adoptant une expression semblable à celle de Seán plus tôt quand l’on discutait, proche de la honte. J’en souris, Adam ayant raison, mais moi-même estimant que le jugement de la louve n’est pas à négliger, et qu’elle ne se serait pas éloignée, son enfant dans son ventre, si elle avait pressenti une menace, et je remarque que Seán est plus concentré, focalisé sur notre chemin. Tout va bien pour l’instant, et une fois réunis, nous nous avançons cette fois à quatre dans le souterrain, côte à côte, lorsque la froideur du lieu me refroidit justement, me glaçant les veines, les entrailles et les organes. De la magie… Quelqu’un s’est récemment servi de magie ici, et les effluves de cette magie sont si intenses, que mon corps s’en contracte et les rejette au départ, me forçant à m’appuyer contre une paroi, la tête me tournant.
Le mal de tête dont j’avais déjà été victime en compagnie de ma Dame avant l’interruption impromptue de la réception me reprend et je cligne des yeux, me maintenant brièvement contre le mur avant de me remettre à marcher comme si de rien n’était, une main sous mon chapeau sur le haut de mon crâne et l’autre dessus, sur la bordure de mon couvre-chef, mes yeux voyant trouble, flou. J’ai la vue brouillée, qui se dédouble, et me frotte discrètement les paupières en espérant la faire évoluer. Pas maintenant, Requiem, Nathanaël, pas maintenant… L’on a besoin de toi, l’on… Non. Non, personne n’a besoin de toi, personne n’a jamais eu besoin de moi, personne. Personne, hormis Adah. Adah, qui n’est plus de ce monde, ne la méritant pas. Adah… Que… ? Pas maintenant. Mes compagnons. Le groupe. Le groupe avant tout. Nourrir ces songes égoïstes ne m’avancera à rien et m’enfoncera dans la noirceur vivace qui m’habite et à laquelle j’échappe depuis des années, l’enfermant à double-tour en moi. Elle ne doit pas reprendre le pas sur mon être, je ne la laisserais pas faire : je lutterais et l’empêcherais de gagner du terrain. Je la verrouillerais autant de fois qu’il le faudra afin qu’elle demeure scellée. Elle en est prévenue.
La magie se fait d’autant plus forte et insistante à mesure que l’on progresse, et nous pénétrons dans une salle. Aussitôt, j’ouvre des yeux exorbités et suis statufié, pétrifié, foudroyé sur place par le spectacle macabre auquel nous avons droit. La salle est circulaire, artificielle, et dans cette salle, se situe un autel en son centre, et… Le fantôme d’Adah s’impose immédiatement à mon esprit mais je l’en chasse, inspirant et expirant, et vérifiant que tout le monde se soutient, Heather faisant volte-face, sur le point de régurgiter les dernières choses qu’elle a mangées. Eteindre ses émotions. Ne pas être envahi par l’afflux de souvenirs refoulés. Le groupe. Le groupe. Le groupe avant tout. Adah, ma petite sœur, poignardée par ma propre mère le jour de la Moisson, jour maudit. Une sacrifiée. Ni la première ni la dernière d’une longue lignée… L’injustice à l’état pur. Adah, ma sœur chérie… Un cadeau, qui m’a été repris… Non. Requiem, non. Non ! Calme-toi. Calme-toi. Ce n’est qu’un souvenir. Le présent. Nous sommes au présent. Penser pratique. Pratique.
Tout d’abord, analyse la magie émanant, que tu perçois. De la noire. De la sacrificielle. Ces jeunes femmes ont toutes été sacrifiées et l’on s’est approprié leurs pouvoirs. Et, à mon grand dam, mon corps reconnaît ces formes de magie et les absorbe. S’engage un terrible combat entre le spirituel et le corporel, mes runes, dissimulées sous mon costume, s’échauffant et me brûlant, et j’en grimace. Ces magies sont… Repoussantes, immondes, ignobles, abjectes, je les hais, les abhorre, et pourtant, elles font partie de moi. Un paradoxe, un comble. Je n’ai jamais été aussi puissant qu’en exerçant et effectuant… De la magie interdite et des sacrifices. Si quelques minutes plus tôt, les relents de magie me siphonnaient, elles me fortifient, et j’en ai un haut-le-cœur et plaque une main sur ma poitrine, me contrôlant, toujours impassible mais en proie à des tourments internes. Pratique. Je m’avance précautionneusement au milieu des corps, m’agenouillant auprès d’eux et touchant de deux doigts leur gorge à la recherche de leur pouls, n’importe quoi, n’importe quel signe de vie, d’une éventuelle survivante à ce massacre, puis, constatant tristement qu’il n’y en a aucun qui se manifeste, je leur ferme leurs yeux, abaissant leurs paupières, et passe de l’un à l’autre, avant de me redresser en regardant dans le vague le dernier que je viens d’inspecter. Je fais des efforts surhumains pour ne pas m’affoler, et explique à mes compagnons mes observations d’une voix grave et morne, atone et neutre :
-Elles sont… Toutes mortes. Pas une seule… N’a survécu au rituel. Il s’agissait intégralement de sorcières de la Nouvelle-Orléans, en revanche, je ne peux pas les identifier. Je connais le sacrifice qui a été mis en place et achevé, et ses jeunes femmes, qui renfermaient une importante quantité de pouvoirs, ont été tuées et cette même quantité de pouvoirs a été récupérée pour un sort… De lien, je crois.
Je me tais, ne pouvant continuer de la sorte, et tressaille à la brûlure de mes runes, runes qui marquent également les dépouilles de toutes ces jeunes femmes sauvagement mutilées. Cela est atroce. Insoutenable, intolérable, mais je ne m’en détourne pas, une larme roulant silencieusement sur ma joue : je me mets en face de ce que j’ai moi-même pratiqué étant plus jeune, lorsque je n’étais conscient de rien, sous le joug de ma mère, qui nous avait embrigadés, Adah et moi, dans un cercle devenu spirale de souffrance, de sang et de violence. Ce que je ressens dans l’air me nourrit mais je le refuse, cependant, la magie s’insinue à l’intérieur-même de ma chair et voilà que déjà, mon mal de crâne s’estompe et je suis plus vigoureux que jamais. Cela me… Brise le cœur et me torture, mais je reste droit et digne, et prie pour qu’aucun de mes compagnons ne comprenne que j’ai été, à une époque, un sorcier hors-la-loi, sans aucune morale ni aucun scrupule.