@Fleur : Ce n'est pas vraiment ce que j'appellerais "être cash". ^^' Mais je te comprends, et ce n'est rien.
Je ne vois toujours pas trop pourquoi ça t'a tellement choquée, parce que personnellement, je considère davantage leur dispute comme celle qu'auraient pu avoir des personnages de films ou de séries lors de moments tendus, sans prendre en compte la véritable menace qui pèse sur eux, ce qui est comique, au final, avant qu'ils ne le réalisent subitement et s'allient pour la contrer.
Enfin, cette seconde partie de l'évènement est au top, mais fait très peur! Et le thème de la série, que je ne connaissais pas, est trop cool. ^^
Pour finir, j'ai deux questions : est-ce qu'on tourne à trois, et si oui, dans un ordre particulier, ou pas?
Lili
Finalement, quelques minutes après que les miroirs se soient inexplicablement arrêtés de trembler, sachant qu’il n’y a aucune explication rationnelle qui les faisait trembler, exceptée celle concernant le tueur, Eva et moi avons continué de marcher, empruntant plusieurs chemins au hasard, jusqu’à apercevoir la sortie se reflétant dans les glaces disposées autour de nous.
-Ah ! Eva, la sortie ! Je la lui montre du doigt.
Sauf que je n’ai pas le temps de m’extasier à ce propos, première fois de ma vie que je suis aussi heureux de quitter une attraction, aussi heureux tout court, en fait, non, il y a Nat’ avant tout qui me rend heureux, qu’une voix masculine retentit à côté de moi. Aussitôt, je fais volte-face et me retrouve devant… Jared. … Génial. Sens mon enthousiasme. Double génial. C’est décidément ma journée : à chaque fois que je tombe sur quelqu’un, c’est soit une des meufs du bahut, voire carrément de ma classe, soit un de ceux populaires et bagarreurs. Jared, c’est évidemment le genre qui sait se battre et se défendre bien comme il faut, et si je n’ai pas peur de lui puisque je n’ai peur de rien, pour l’instant, du moins, je ne me suis jamais trop approché de lui afin de le tester, car il me mettrait à terre en moins de deux secondes, avant de me dérouiller comme pas permis et de me réduire en charpie si ça le chante, alors, en règle générale, je ne fanfaronne pas pour éviter que mon joli visage ne finisse par étrangement ressembler à celui d’Elephant Man, et m’en tiens loin exprès : simple précaution, parce que combattre n’est pas mon délire et que la violence, c’est pour les faibles. Je me répète, mais c’est ce que je pense. Bref, il attire autant qu’il repousse, révulse, ce mec, mais presqu’immédiatement, le tueur s’impose à mon esprit distrait et je regarde Jared, affichant un air sincèrement surpris, pour une fois, et étant toujours torse nu, ce qui doit paraître bizarre aux yeux de tous ceux qui me voient avec Eva.
Je n’y prête aucunement attention, à vrai dire, je m’en f*us totalement, quand Jared repart et qu’en le suivant, Eva et moi sortons par ô miracle ! Hors du Palais des Glaces, dans lequel je commençais sérieusement à étouffer. Ce fut bien sympa, que de secourir Savannah puis de me promener avec Eva, la balade la plus romantique du siècle, rythmée par notre incessante dispute, mais j’en avais marre. Ras-le-bol, de tomber sur des gens du lycée, tout le monde et pas cet enf*iré de tueur, en revanche, à l’air libre, je me sens revigoré, redémarrant au quart de tour, à plein régime. A travers la foule compacte, je ne vois rien qui change de l’ordinaire dans cette partie où nous nous trouvons de la fête foraine, lorsque je remarque des secours et des flics s’agglutiner à l’entrée du Palais.
-Bah enfin, c’est pas trop tôt ! Je m’exclame en levant les yeux au ciel.
En croisant les doigts que Savannah s’en tirera, auquel cas, tant pis. Ce n’était pas comme si je n’avais pas fait de mon mieux en compressant sa blessure et en restant avec elle plus que nécessaire. En soi, je ne le réalise pas, mais je ne reviens toujours pas d’avoir aidé Savannah de la sorte. Bon, je l’ai laissée, maintenant, mais pas seule : la dernière fois, elle était entourée de Virgin et de Dakota, relativement calmes toutes deux, donc Savannah devrait être hors de danger. M’enfin, je ne respire pas que Jared m’arrache à ma contemplation, et je me retiens de relever insolemment les yeux au ciel.
Soudain, sans prévenir, Jared reprend sa course effrénée après avoir indiqué par où le tueur s’est enfui, et, sans réfléchir, je me lance à sa suite, me mettant aussi à courir sur mes petites jambes parce que d’une, le tueur est proche, de deux, qu’on est deux, justement, trois avec Eva, et que ça augmente considérablement nos chances de le coincer une bonne fois pour toute, et de trois, parce qu’on n’aura pas d’autre occasion comme celle-là, qui se présentera à nous. Jared a affirmé avoir vu le tueur entrer dans la maison hantée, où il a dû se cacher, et j’entre à mon tour dans l’attraction sans payer mon ticket, au nez et à la barbe du gars qui la surveille. A la revoyure. Pas le temps non plus de m’attarder sur ce genre de détails, on s’en br*nle, ce qui compte, c’est de mettre la main sur le tueur, qui a quand même charcuté Savannah ce soir, et détenant une flopée de victimes au compteur avant elle, qui s’y rajoute.
A l’intérieur de l’attraction, me doutant que Jared m’a devancé et Eva étant supposément derrière moi, je regarde autour de moi, sur mes garde, concentré, les sens focalisés sur la moindre chose qui trouble le décor de la maison, c’est-à-dire à peu près tout pour mon plus grand malheur. Le tueur pourrait être en train d’attendre, planqué, et surtout surgir de n’importe où, de nulle part, et nous planter. Charmant. Cependant, j’avance, j’avance à la vitesse d’une tortue, non, d’un p*tain d’escargot, car étant sur le qui-vive : je suis extrêmement méfiant, à tel point que l’adrénaline qui me fait encore bouger permute en stress, mon cœur battant fort, follement la chamade, si bien qu’il pulse sous mon crâne, chaque pulsation étant lancinante, un calvaire à endurer. Ce n’est vraiment pas le moment d’être pris d’étourdissements et de migraines…
Quand je pénètre dans une pièce où…
-P*tain de m*rde ! Fait ch*er ! Je sursaute violemment, des je ne sais quoi collant me tombant brusquement dessus.
P*tain, je grommelle, furieux et les nerfs en pelote.
Je ne suis pas venu là pour jouer et m’amuser, mais pour capturer un salopard qui… P*tain, toutes ces m*rdes d’Halloween ! Néanmoins, ceux qui les ont faites auraient sûrement été contents d’apprendre que leur taffe m’a fo*tu les jetons, parce que je ne m’y attendais pas, le but du truc, trop absorbé par le tueur, qui est droit devant. … Ou sur les côtés. Ou derrière. Mais il y a Eva, à côté ou derrière. Il vaut mieux qu’il ne soit pas derrière, définitivement pas. Punaise, et ça enchaîne, ma parole. J’avance toujours très lentement dans la salle, le décor étant trop réaliste à mon goût, et si Eva frissonnait mais pas moi, c’est moi qui frissonne et me cogne à des objets, même si on ne peut pas l’observer à cause de l’obscurité trouée de flashs luminescents. Afin de me donner bonne figure et me contrôler, conservant un minimum de sang-froid, je fixe un point droit devant moi et ne le quitte plus des yeux, ignorant tout ce qui me parasite, me demandant en même temps si mon instinct de survie ne m’a pas abandonné, ce qui doit être le cas, lorsque je débarque dans une autre pièce, pire que la précédente, car si la surprise provoquée n’est pas de la peur, c’est de la peur, réelle, de l’angoisse, qui monte
crescendo chez moi.
Dans la pénombre, mes yeux aux pupilles dilatées distinguent un lit, et sur ce lit, une forme humaine. Une personne assise, tournée de manière à ce qu’on puisse la discerner. Ou plutôt son masque. Je suis en face de lui. Du tueur. C’est son accoutrement. Mes yeux s’agrandissent. Mon premier réflexe est de faire un pas en arrière, demi-tour et de me barrer, le second de m’avancer encore, je ne sais plus sur quel pied danser, mon cœur va exploser dans ma poitrine d’un instant à l’autre, quand les flashs clignotent et je manque de hurler, réprimant la peur qui m’enserre telle un étau. Ma respiration, qui n’est pas au beau fixe depuis le départ, s’accélère, hachée, lorsque le masque tombe et apparaissent… Les traits cadavériques de Tyler dévoilés.
Tyler.
Tyler.
Le Tyler.
Qu’on croyait mort.
Mon cerveau bugge. Et, mon corps, comme mu par une volonté propre, rejette la séquence entière. Je plaque une main sur ma bouche, contenant un brutal haut-le-cœur. Des sentiments contradictoires m’animent, des questions, que je n’arrive pas à formuler de vive voix, je n’arrive à rien, puisque je reste figé sur place, comme pétrifié par la foudre, et c’est même plus qu’un coup de tonnerre. Tyler… Tyler serait… Le tueur ? Ce satané co*nard, qui m’a complètement pourri, fait chanter… Qui a entaillé Savannah ? Et tué plein de gens ? Mais… Je suis incapable de poursuivre ma réflexion, la seule chose que je peux faire étant de m’empêcher de vomir tandis que je ne me détache pas de cette vision d’horreur. On m’a cloué le bec.