@Naji : Mais oui, Naji, mais oui, biiieeennn sûûûr.
@Chap' : ... Je ne vois absolument pas de quoi tu parles.
Dom
Kyrill me fait chier. Sérieusement, il n’est pas amusant et en plus, il me file sans pression, cet enfoiré. Ca fait depuis notre altercation dans la ruelle qu’il s’est mis à me suivre et m’espionner à la manière d’un flic, alors que c’est pourtant un gars du milieu, comme moi, ce qui est franchement ironique et m’emmerde profondément. Il me troue le cul, à me surveiller, et si ça ne tenait qu’à moi, je lui aurais déjà fait ravaler depuis longtemps son arrogance et cet air supérieur qu’il affiche lorsqu’il est avec moi, mais ça ne dépend pas que de moi, il en va de mon pognon, que je récupèrerai coûte que coûte.
Mon patron a été très clair, il refuse que je la joue en solo et veut que je coopère avec Kyrill sans que rien ne lui arrive, ou je n’aurais ni ma prime, ni ma thune, sauf que j’en ai besoin, besoin de ça plus que de n’importe quoi d’autre dans ce monde pourri, et que je ne peux pas me permettre de foirer un contrat par orgueil et fierté. Ouais, clairement, j’ai ma fierté, Kyrill a la sienne et on ne peut pas se blairer, du moins, lui ne peut pas me voir sans avoir des envies de meurtre, mais je n’en ai rien à secouer, je n’en ai strictement rien à battre, il doit m’aider et il m’aidera, que ça lui plaise ou non, merde, à la fin.
En soi, j’aurais pu m’en tirer tout seul et me débrouiller, les puissants le savent, mais mon employeur de mes deux fait une fixette sur Kyrill et ça m’agace, parce que ça signifie que je devrai partager le blé avec lui, ce qui est hors de question. Quand bien même il me menacerait, il est exclu que je lui refile une partie de mon fric, et il peut se brosser pour ça, de toute façon, il n’a pas l’air de s’en soucier puisqu’il ne m’en a pas réclamé une seule fois, ce qui m’arrange, le reste, je m’en contrecarre. Je pourrai me payer de la bonne dure et pure, comme on en cultive en Amérique du Sud et commerce dans le coin, sans plus avoir Kyrill dans mes pattes qui me demande des comptes.
Ces ordures savent qui je suis, mais mon boss n’a pas jugé bon de respecter ça en me forçant à accepter un contrat en collaboration avec le petit-fils du parrain Semyon, qui a claqué suite à l’infiltration d’une grosse frappe dans sa branche, ce qui l’a faite imploser, niquant son empire. D’ailleurs, je m’interroge encore à ce propos, car c’est une vraie question : comment ce merdier a pu se produire, tandis que Semyon était le doyen, le plus tempéré et le plus estimé des parrains, honnêtement, ça me dépasse, toujours est-il que non, mon patron ne m’a pas « forcé » la main, mais la somme qu’il m’a proposée sur un plateau d’argent est au final si énorme, que je n’ai pas pu lui dire non, ou c’aurait été carrément con. M’enfin, en contrepartie, je dois me taper un mec ennuyeux et qui me casse les couilles depuis un mois. Il n’empêche que Kyrill est très utile : apparemment, il a un indic dans la police et joue allègrement avec, parce qu’il m’a sorti pas plus tard que la veille qu’une trentaine de cadavres auraient été découverts dans un entrepôt, un hôpital ou je ne sais quoi pas loin d’ici, et me voici à présent dans cet hôpital, à l’intérieur du bâtiment en ruines, en train de fouiner un peu partout, ne sachant pas trop ce que j’y cherche. Trouver les cadavres, ce serait bien, mais dénicher d’éventuels indices en rapport avec les familles mafieuses de New York, ce serait encore mieux.
Les flics ne m’ont pas repéré, Kyrill ne m’a pas emboîté le pas et doit encore traîner dehors, en tout cas, je suis seul, ce qui me convient parfaitement, et, silencieux et le regard acéré, les yeux plissés, extrêmement concentré, je scrute chaque chose qui entre dans mon champ de vision, les moindres détails, les examinant sous tous leurs angles et coutures, tout, absolument tout est passé au crible, lorsque mes sens surdéveloppés m’indiquent que quelqu’un s’approche, furtif. Une femme. Putain, manquait plus que ça. Si c’est un flic, je la descends direct, si c’est une personne du corps médical ou une civile, je verrais ce que je fais si elle se tient tranquille, ou non. C’est qu’elle a du cran, la nana, mais je ne vais certainement pas lui décliner mon identité, et puis quoi, encore.
Je ne me retourne pas, étant dos à elle, mais ma tête pivotant de manière à ce que je puisse poser un œil abyssal sur l’intruse, qui l’est au même titre que moi, et, le visage fermé, je fais exprès de faire coulisser le chargeur de mon Beretta, avant de virer lentement dans sa direction, plantant mes yeux marron sombre dans les siens, obscurcis, mais qui ne renferment pas d’âme plus noircie que la mienne. Cette femme n’est pas irrécupérable. Elle est dangereuse à la vue de son accoutrement, je l’observe attentivement grâce à ma vision périphérique, elle n’est pas à prendre à la légère, mais même si elle s’avère être une redoutable adversaire, je m’en fous d’elle et me contrefous de qui elle est et de ses motivations. Elle n’est rien ni personne pour moi, et du moment qu’elle ne s’immisce pas dans mes affaires, tout ira bien pour elle.
Mon regard est mauvais, sauvage, ma posture prédatrice, et, sans plus bouger, m’immobilisant, je la fixe, avant de lui répondre d’une voix d’outre-tombe :
-Un fantôme du passé.
. Pour la citation, je ne savais pas que tu l'aimais, mais c'est vrai qu'elle colle tellement bien aux psychopathes (et que nous on aime tellement les psychopathes 
(et Vanessa aussi maintenant que j'y pense si tu veux ^^) mais lui ne la reconnaît pas 
