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Abraham Griffin
C’est horrible. Tout est… absolument horrible. Quand j’ai appris pour ces duels, j’aurais vraiment aimé pouvoir me sauver de l’école et ne jamais y remettre les pieds. Déjà que j’ai du mal à retourner à ma Salle Commune le soir… Il faut dire que les énigmes, ce n’est pas mon fort. C’est un peu moins pire maintenant, mais quand même! Comment je vais faire pour aider mon équipe à accumuler des points si je n’arrive même pas à entrer dans ma Salle Commune? Pourquoi je me suis retrouvé à Serdaigle, au juste?
J’aime bien travailler, oui.
J’aime bien avoir de bonnes réponses et être doué. C’est vrai.
Mais pourquoi le monde est-il si rempli de haine envers moi pour me forcer à me joindre à une équipe? Je ne suis pas… à l’aise avec les gens, moi! Et je ne sais pas pourquoi ce grand, là, il est venu me voir pour me demander si je voulais venir dans son équipe. Il devait être désespéré pour m’adresser la parole… Il n’y avait que Thomas qui me parlait! Mon ami imaginaire, hein. Mais il a disparu. Peut-être qu’il a peur des fantômes…
J’ai peur des fantômes, moi.
Et il y en a un nouveau, maintenant! Je l’ai lu dans cet horrible journal. Au moins je n’étais pas dedans, cette fois. Mais je frissonne encore de toutes les choses que j’ai lues. Il y a des personnes vraiment pas fréquentables ici. Et beaucoup trop de méchantes choses qui se sont produites. Je n’aime pas ça, pas ça du tout. Allison a bien essayé de me rassurer, mais… je ne suis pas certain que ce soit très sécuritaire, par ici.
Et les duels…
J’en ai presque la nausée rien que d’y penser. Je ne suis pas vraiment certain d’être à la hauteur. Mais vraiment pas. En plus, ils vont tous être plus vieux et bien plus grand que moi. Je ne suis qu’une demi-portion à leurs yeux… sans doute. Une demi-portion un peu trop timide. Un peu trop effrayé par les autres autour de lui. Il a quand même fallu trois semaines à Allison pour me pousser à sortir de mon mutisme avec elle. Je la connaissais, mais… la famille des Serpents me fait un peu peur. Moins depuis une semaine, mais quand même.
J’arrive à la salle de métamorphose une dizaine de minutes en avance et m’installe tranquillement sur une chaise en me tournant les pouces nerveusement. Je regarde un peu partout lorsqu’un grand, très grand, fait son entrée. Il est vraiment grand… et il appartient à la famille des Serpents. Je frissonne et espère secrètement passer inaperçu. Il a peut-être l’air ailleurs, perdu dans ses pensées, mais on n’est jamais trop prudent… pas vrai?
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Allison Hunter
Malgré tous les évènements des dernières semaines, et depuis la rentrée, en fait, je me sens relativement bien. Voire satisfaite. D’accord, c’est assez inquiétant tout ce qui se passe et je ne peux pas nier la présence d’une boule de crainte dans mon ventre, mais! Je ne laisse pas ça me saper le moral. Je ne peux pas en dire autant de mon ami. Abraham semble vouloir disparaître dans le plancher dès que quelqu’un apparaît à côté de lui. Au moins, il a décidé de recommencer à m’adresser la parole. Et c’est une chance. J’aurais sans doute déprimé, sinon. Donc, en exceptant tous les évènements qui vont de travers dans l’école en ce moment, je me réjouis d’une chose. J’ai été admise dans l’équipe de l’autre, là. J’ai oublié son nom… il était dans le journal pourtant. Ah, oui! Spencer. L’équipe des Surmenés selon le journal.
Je n’ai aucune difficulté à croire que ce sera effectivement… dur.
Mais je n’ai pas pour habitude de capituler, d’autant plus qu’il a eu l’air d’avoir des doutes à mon sujet au départ. Je suis certaine qu’il ne regrettera pas de m’avoir dans son équipe au bout du compte et moi, j’ai bien l’intention de profiter de tous ses élèves plus âgés pour en apprendre le maximum. J’ai déjà relu une bonne majorité des livres concernant la matière de cette année… mais ce ne sera pas suffisant. Après tout, à part des sortilèges tous petits et inoffensifs on n’apprend rien qui peut vraiment servir dans un duel.
Et on ne l’a pas encore appris non plus.
Je crois toutefois parvenir à utiliser les sortilèges qui pourront m’être utile dans un duel. Quitte à travailler un peu plus que normalement. Je pourrais même commencer en arrivant dans la salle de classe! Endroit où je me rends à l’instant même. Si j’ai bien calculé la trajectoire, je vais être précisément là à l’heure dite. Quand j’y suis et effectivement à l’heure prévue, je vais rapidement m’asseoir à un bureau et attends tranquillement que tout commence.
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Souvenir – 15 septembre, en soirée
Il est là. Il est vraiment là. Je sens mes yeux s’embuer rapidement et me mets à trembler imperceptiblement. Mon grand frère est vraiment là! J’avance de deux pas, de tous petits pas, si lent et si rapide à la fois. Des petits pas qui semblent me rapprocher de plusieurs mètres, mais mon frère et son visage tuméfié sont encore à deux mètres. Je cligne rapidement des paupières pour essayer de contenir mes larmes, mais comme d’habitude ça ne change rien et je les sens couler sur mes joues.
- Ethy… souffle-t-il et c’est comme si je venais de recevoir un coup de Papa.
C’est sa voix. C’est vraiment, vraiment lui. Mes larmes redoublent et je sens la main d’Ely se refermer avec force sur la mienne. J’arrive à peine à sentir mes doigts tellement sa poigne est forte. Et elle tremble. Autant que moi. Est-elle triste aussi? Lorsque Kie commence à avancer vers nous, mes jambes flanchent sous moi et je me retrouve par terre. La main de ma grande sœur me glisse entre les doigts comme si elle est sous le choc. Elle aussi.
Une fois à mon niveau, Kie avance une main vers ma tête et je ferme les yeux. Je veux qu’il m’ébouriffe les cheveux comme il l’a toujours fait. Je le veux même si j’ai toujours détesté ça. Je veux mon frère. Mon grand frère. J’ai besoin de lui. Tellement… Je lève un regard humide vers lui lorsque je sens son contact sans le sentir. Tout ce que je sens, c’est un truc vraiment froid au niveau de ma tête. Il retire rapidement sa main et lâche :
- Je suis tellement désolé, Ethy…
- Tu as de quoi l’être! Gronde ma sœur d’un ton acide.
- Ely…
- Non! Non, Kie! Tu n’avais pas le droit de faire ça. Tu n’avais pas le droit de t’infliger…
La voix de ma sœur casse et pour la première fois de ma vie j’entends le sanglot dans sa voix. Elle continue pourtant rapidement sur un ton toujours aussi furieux, mais remplie d’un chagrin que je n’ai jamais entendu :
- Tu n’avais pas le droit, tu m’entends! Est-ce que tu as pris le temps de réfléchir au moins? Tu ne pourras pas revenir en arrière! Jamais! Tu te rends compte? Comment je suis censée faire pour vivre avec ça, moi! À quoi tu as pensé, Kie! Tu es tombé sur la tête?
- Je devais rester. Pour vous deux.
- Ça ne valait pas le coup de te condamner à vivre pour l’éternité dans une forme inconfortable! siffle-t-elle.
- Pour moi si.
- Pour moi non, Kie.
Je sens la main de ma sœur m’attraper par le bras, mais je résiste. Je n’ai pas envie de partir moi! Je veux rester avec mon frère. Avec mon frère… qui est un fantôme. Le débit de mes larmes augmente encore un peu et je ramène brusquement mon bras vers moi en jetant un regard méchant vers ma sœur. Elle n’a pas le droit de décider pour moi. Non, elle n’a pas le droit. Si je veux rester, je reste. Elle n’a qu’à partir si elle le veut.
Et elle le fait.
Et les larmes que j’aperçois dans ses yeux me donnent encore plus envie de pleurer. Je ne voulais pas blesser ma sœur… Je voulais… Je voulais seulement… Je me tourne vers mon frère et remarque rapidement la douleur et la compassion dans son regard transparent. Je vois le couloir à travers lui. C’est comme si on me pressait le cœur fermement dans la main jusqu’à ce qu’il se scinde en deux. Je n’ai jamais voulu voir mon frère comme ça… Non, jamais. Mais il est là! Il est vraiment là! J’essaie de ravaler mes sanglots, mais je n’y arrive pas. Kie tend à nouveau la main vers moi avant de s’interrompre dans son geste. Je le vois presque grincer des dents. Mais je n’entends rien. Tout est silencieux dans ses mouvements maintenant… Je réprime un sanglot en continuant de l’observer.
- Tout va bien aller, Ethy. Je te le promets… me dit-il doucement.
- Tu… Tu me manques tellement.
- Tu me manques aussi, Ethy…
Est-ce que les fantômes peuvent pleurer? Je jurerais voir des larmes dans ses yeux. J’aimerais tellement disparaître dans ses bras maintenant. Je voudrais tellement pouvoir lui dire que je n’arriverai pas à grand-chose sans lui. Je ne suis pas comme il l’était. Je ne sais pas comment faire pour oublier à l’école. Oublier mon passé. Oublier que je suis seul. Que je n’ai plus de frère. Sauf un fantôme.
Dans le moment présent…
Je n’ai pas revu mon grand frère depuis que je suis parti le jour où ma sœur et moi on a su que c’était lui la cause du remue-ménage chez les fantômes. Non, je ne l’ai pas revu. Je suis restée une dizaine de minutes avec lui après qu’Ely soit partie. Il est resté près de moi pendant toute la durée de ma crise de larmes. Je suis parti après, honteux. Je ne me suis pas retourné quand il m’a demandé de revenir. Et c’était aussi agréable que les tortures de Papa. Sauf que me retourner aurait signifié de pleurer encore et je n’en aurais pas été capable.
Déjà que les larmes me sont montés aux yeux à chaque fois par la suite lorsque quelqu’un me posait des questions à son propos. À propos de mon frère. La nouvelle a rapidement fait le tour de Poudlard. Et les mauvaises langues aussi… Je frémis rien que de repenser à tous ces curieux. Nymeria ne m’a rien demandé et je lui en suis reconnaissante. Je sais pourtant qu’elle le sait. Je le vois dans sa manière de me regarder parfois ou de la façon qu’elle essaie de me redonner le sourire. Mais je n’y arrive plus. J’ai seulement envie de rester dans mon lit, de ne plus aller en cours, de ne pas faire mes devoirs. Je me languis de mon frère encore plus qu’avant. Mais l’idée d’aller le voir, sous cette forme, ça me donne seulement envie de pleurer. C’est une illusion. Il est là, mais n’y est pas. Je peux lui parler et le voir, mais je ne peux pas… le sentir. Et il ne respire pas non plus. Et il est transparent. Il est coincé entre la vie et la mort…
Et ça me rend fou.
Et ça rend folle ma sœur aussi.
Je ne lui ai pas reparlé depuis… Elle a essayé plusieurs fois de venir me voir, mais je ne sais pas comment réagir maintenant. Quelque part, je comprends sa réaction. Je réagis un peu semblable. Mais… elle n’avait pas à lui crier dessus. J’aimerais tellement que tout redevienne comme avant…
Au moins, j’ai été pris dans l’équipe de Quidditch.
J’essaie d’en être content. Mais c’est dur. Je n’arrive qu’à penser à mon frère. Et c’est ce à quoi je pense aussi en me rendant vers la salle de classe de Soins aux créatures magiques. Je ne serai pas en retard, mais pas en avance non plus. Lorsque j’arrive enfin, je m’écrase dans un coin et enfonce mon visage entre mes mains. C’est à peine si je lève les yeux lorsque j’entends la voix calme de Victoire nous saluer et nous demander si on est prêt à s’entraîner. Puis il y a Roxanne. Roxanne toujours pleine d’énergie. Je relève un peu plus la tête, mais l’idée même de m’amuser ne m’enchante pas en ce moment. Je me lève toutefois et m’approche d’elles d’un pas traînant.
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James S. Potter
Je suis mortifié. Je suis vraiment, mais vraiment mortifié. Et ça fait deux semaines que ça dure. Je ne sais pas ce qui ne tourne pas rond chez moi, pour quelle obscure raison je fais toujours tout de travers. Il faut croire que la rentrée m’a vraiment mis dans la m*rde, qu’elle m’a collé l’étiquette de la malchance. Mais qu’elles étaient les chances que le nouveau fantôme soit Kieran? Je n’en veux même pas à Kalypso d’être partie sans dire quoi que ce soit. Et pour être tout à fait honnête, j’ai tout fait pour l’éviter ces dernières semaines…
Je me souviens encore de l’air de Kieran… en la voyant partir. Malgré toutes les marques horribles qui recouvraient son visage, j’ai vu la tristesse dans ses yeux. Une crispation fantomatique de mâchoire. Il a détourné les yeux une seconde, puis il m’a regardé moi. Je l’ai vu ouvrir la bouche pour prononcer un mot, sauf que j’ai décidé de partir en courant à mon tour. Dans une direction différente de celle de Kalypso. Après coup, je m’en veux un peu d’être parti comme ça. Il avait peut-être quelque chose d’important à me dire. Mais… j’avais peur que ce soit des reproches. Et puis… je ne sais pas quoi dire à un fantôme, moi! Un fantôme que j’ai connu vivant! Tous ceux qui sont ici… ça fait des siècles qu’ils sont morts pour la plupart… alors leur mort m’affectent moins. Mais Kieran? Il était de ma Maison. Il est jeune.
Je ne cesse de me demander ce qui a bien pu lui arriver, mais je ne suis pas curieux au point de demander à son frère ou à sa sœur. Je ne veux même pas m’imaginer si c’était Al. Mon petit frère à moi… Petit frère dont je ne sais pas comment entretenir une relation saine avec lui.
Mais sais-tu réellement entretenir des relations saines avec qui que ce soit, James? Les derniers évènements n’ont pas l’air d’aller en ma faveur. C’est peut-être loin d’être… dans ma nature que de me recroqueviller sur moi-même, mais je l’ai fait. Je me suis éloigné un peu de mes amis, de ma famille… Il faut que j’analyse tout ça… J’ai fait quelques coups d’éclat, mais rien de majeur. Rien qui ne porte vraiment ma signature.
Ce qui n’est pas dans mes habitudes.
Mais j’ai de la difficulté à me retrouver… Et en plus avec le journal de lundi! Merlin! J’aurais pu me passer de ce rappel brutal! Parfois, trop, c’est trop. Le seul point positif depuis la fête de la rentrée, je dirais que c’est le fait que j’ai réussi de convaincre Al de se joindre à mon équipe. Je n’ai pas envie qu’il soit dans une autre. Je ne veux pas jouer contre lui. Et puis, qui sait, peut-être qu’on arrivera à devenir de vrais frères? Peut-être qu’il réussira à me faire confiance? Je ne sais pas. Pour le moment, je me contente de faire les cent pas dans un couloir voisin à celui où se trouve la classe d’Études des Moldus. Et je ne lâche pas la Carte du Maraudeur des yeux. Si mon frère ne quitte pas sa Salle Commune d’ici dix minutes, je vais aller le chercher. Qu’il veuille me suivre ou non, il va venir.
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Joshua Flint
Souvenir – 15 septembre, en soirée
- Joshua?
Je fige brusquement et mes cousines avec moi. Je déglutis avec difficulté en me retournant, un serrement au ventre. Je reconnais cette voix. Je sais à qui elle appartient. Mais… mais c’est impossible. Je me fige d’autant plus lorsque je constate que j’ai raison. C’est bel et bien lui. Mon cousin. Mon cousin à qui j’ai à peine parlé lorsque nous étions à Poudlard ensemble. Lorsque nous en avions l’occasion. Kieran. Kieran Aylin…
- Jo-Josh… C’est qui? Me demande Amy d’une petite voix en serrant fortement ma main dans la sienne.
C’est à peine si je le sens tellement je suis foudroyé. Ça ne devrait pas être possible. Non, ça ne devrait pas. Je sens Mae s’emparer de ma deuxième main lorsqu’elle s’enquiert à son tour :
- Jo-Josh?
J’entends l’inquiétude dans leur voix et je vois le désarroi dans le regard de mon cousin. Je ne sais plus comment réagir, mais je finis par lâcher d’une voix éteinte :
- C’est un cousin, les filles. Notre… notre cousin. Kieran Aylin, le frère d’Ethan et Eleanor.
- Mais… mais il est… il est… souffle Amy sans arriver à poursuivre, de la frayeur dans sa voix.
- C’est un fantôme! S’exclame Mae, puis son visage se décompose.
Elle vient de comprendre. Elles ont toutes les deux compris. Kieran se rapproche et il fait une moue bizarre avant de dire :
- Je suis vraiment désolé, Joshua.
- Pour quoi?
- Pleins de trucs… Je… Enfin, ce n’est pas l’important. Je tenais seulement… je tenais seulement à ce que tu l’apprennes de moi. Et pas… de quelqu’un d’autre.
- Apprendre quoi?
- Mon… mon état. Je viens… J’arrive de…
- Ton frère et ta sœur? Je suppose qu’Eleanor l’a mal pris…
Il hoche de la tête et se passe une main dans ses cheveux fantomatiques. Mon cœur se serre un peu. Je ne suis pas prêt à voir l’un de mes proches, même ceux avec qui je n’ai pas autant parlé que j’aurais dû… je ne suis pas prêt à les voir comme ça. Savoir que quelqu’un est mort et en avoir la preuve irréfutable, ce n’est pas la même chose. Mes cousines doivent être du même avis, car elles se blottissent rapidement contre moi. Je leur jette un coup d’œil inquiet, Amy a des larmes qui coulent sur ses joues et Mae a les yeux humides. Je crispe la mâchoire, mais je contiens mes émotions autant que possible.
- Est-ce que tu m’en veux aussi?
- Non… Non. C’est juste… étrange. Très étrange. Et… ça me rappel à quel point on a un peu raté la chance d’être de vrais cousins…
Il acquiesce doucement et j’ajoute :
- Et je crois que je serais tenté de faire la même chose… s’il devait m’arriver quelque chose maintenant.
Il me regarde surpris et je baisse les yeux vers mes deux cousines. Nos cousines. Quand je tourne à nouveau mon regard vers lui, je vois qu’il a compris. Je sais pourquoi il a fait ça. Avec la vie que lui et moi avons vécue, la peur de la mort n’est pas vraiment… là. Il n’aurait pas eu peur de mourir. La seule peur que je le vois avoir dans cette situation, c’est l’idée de laisser son frère et sa sœur derrière lui. Seuls. Il me salue rapidement et s’éloigne les épaules basses, sans doute au souvenir de la discussion qu’il a eu avec sa sœur. Je me sens figer encore plus lorsqu’il traverse un mur, me rappelant de manière encore plus brutale ce qu’il est devenu.
Moment présent…
Je la déteste. Oh, oui. Je la déteste. J’en avais déjà assez sur les bras avec tous les derniers évènements… le plus récent étant celui du retour de mon cousin mort en fantôme. Je n’ai pas besoin que Breeta Skeeter en rajoute. Est-ce que j’ai besoin que l’on me rappelle à quel point ma vie est un désastre en ce moment? Non. Je devrais demander à Roxanne de lui faire avaler quelque chose, n’importe quoi qui l’empêcherait de raconter des âneries. Qui lui passerait l’envie d’écrire, au moins.
Et Ruby n’avait pas non plus besoin que toute l’école sache qu’elle avait abandonné l’équipe de Quidditch. Elle était plutôt douée, alors ça m’a un peu attristé, mais comme c’est Ilyass qui va la remplacer et pas un abruti fini de ma Maison que je finirai par avoir envie de balancer en bas de son balai. Chose qui ne devrait pas arriver avec Ilyass. Sauf s’il change radicalement de comportement. Ce qui serait franchement surprenant…
Au moins, mis à part ces éléments négatifs survenus il ne s’est pas vraiment passé autre chose pendant ces deux semaines. Si ce n’est que maintenant notre équipe de Duel est complété. C’est presque un cocon familial au point où on en est. Deux Weasley, quatre Aylin et un Flint. Je ne suis pas mécontent qu’Hetty ait accepté de rejoindre l’équipe. Quant à Ugo et Mozart, je ne les ai pas vraiment fréquentés… mais j’ai confiance autant que c’est possible pour moi en le jugement de Victoire, et Roxanne dans une moindre mesure.
-
Vous êtes prêtes pour l’entraînement? je questionne mes cousines avec un léger sourire.
-
Oui, autant que je peux l’être, lâche Amy.
-
Absolument! s’enthousiasme Mae.
La rencontre de Kieran les a profondément marquée, mais elles s’en sont remises depuis et nous avons discuté un peu avec lui. Deux fois depuis notre première rencontre sous sa forme de fantôme. C’est toujours aussi bizarre. Vraiment, bizarre. Mais comme il semble un peu avoir perdu ses moyens face à la colère de sa sœur, je me vois mal le laisser complètement seul. Mais comme je ne suis pas vraiment complètement à l’aise… je ne suis pas allé aussi souvent que j’aurais pu.
Dès que l’on arrive à la classe de Soins aux créatures magiques, ça ne prend pas bien longtemps avant que Victoire et Roxanne n’arrivent. Et chacune selon leur caractère, elles déclarent le tout commencé. En quelques sortes. Devant l’enthousiasme de Roxanne, Mae s’exclame à son tour :
-
Que oui qu’on va s’amuser!
Je me retiens pour ne pas lever les yeux au ciel lorsqu’elle tape dans ses mains et affiche un sourire sournois.
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Le journal est une plaisanterie. Vraiment, je ne sais pas à quoi il sert, si ce n’est que de détruire tous ceux qui se retrouvent dedans. Enfin, tout le monde sauf moi. Ça fait longtemps que ce genre de chose ne m’inquiète plus. D’ailleurs, c’est même à mon avantage! Malgré que j’exècre profondément la personne qui s’occupe de ce journal, je devrais peut-être aller lui glisser quelques mots. Lui faire quelques… révélations sur certains élèves de cette école.
Voir leurs visages défaits…
Ah, ça commencerait bien ma journée. Je suis encore déçu de ne pas avoir pu mener mon plan à bien, l’autre jour, avec Joshua. Certes, je me suis bien amusé avec Champignon et Ily-Mimi, mais ça s’est terminé rapidement. Et puis, bon, à choisir entre ces deux-là et une proie plus alléchante, on n’a pas à hésiter longtemps! Mais le petit c*n a décidé d’aller se cacher dans la jupe d’un prof. Quel mauviette. Il ne supportait pas, le pauvre petit, que je puisse m’en prendre à ces petites cousines? Ou peut-être à l’autre qui l’accompagnait… je ne me souviens plus de son nom… Qu’importe, j’ai dû réfréner mon ardeur, car je ne suis pas suicidaire et aller asticoter quelqu’un devant un prof, si ce n’est pas un prof la proie, ça ne sert à rien. Tu t’attires des emm*rdes sans même vraiment t’amuser.
J’ai été vraiment, mais vraiment catastrophé d’apprendre que Kieran était revenu en fantôme. J’étais tellement content d’avoir surpris l’annonce de sa mort! Bon sang, ça en faisait un de moins! Mais au lieu de me laisser savourer cette joie, le petit sal*ud a décidé de revenir et de s’ajouter à la bande de fantômes imbéciles qui peuplent ce château à la c*n. Au moins j’ai pu me réjouir à propos d’une chose…
Quand je l’ai su…
Oh, oui, quand je l’ai su…
J’étais dans un moment d’extase incroyable.
Il y avait une équipe qui se formait. Une équipe avec deux Potter et plusieurs autres Sangs-Vauriens. Je n’en croyais pas mes oreilles. James et Albus Potter, Kalypso Carrow, Sémélé Anders… Une petite de Poufsouffle. Et l’autre là. Champignon. Comment dire non à une équipe comme celle? À ce plateau d’argent remplie de proie appétissante à tourmentée? Oh, j’aurais pu me joindre à Spencer, après tout, Chimère en faisait partie et il est trop c*n pour voir que je l’exècre comme tous les autres. Mais je tiens à ce que Chimère soit sans cavalier servant, ou alors son frère, si je dois l’asticoter. C’est seulement là que ce sera vraiment drôle.
Mon équipe parfaite a, bien entendu, pas eu la bêtise de me le demander.
Mais ils ont été assez imbéciles pour accepter ma demande d’adhésion à leur groupe.
Je veux gagner, mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas m’amuser un peu à énerver mes compatriotes. Je ne m’arrête jamais à ça… Et me voilà donc, dans cette classe où on apprend des trucs sur les moldus. Je suis arrivé le premier et me suis glissé dans un coin où on ne m’apercevrait pas tout de suite en entrant.
Pour être franc, je m’attendais à ce que la première personne à arriver après moi soit le professeur Montgomery. Mais non, c’est la petite Carrow. Elle m’adresse un hochement de tête et pour ma part je lui retourne sa maigrelette salutation par une esquisse de sourire moqueur.
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Deux semaines. Deux semaines depuis la fête et ma crise de larmes. Une semaine et six jours depuis mes retrouvailles avec mon frère… Mon frère mort. J’ai encore les paroles que je lui ai jetées en mémoire. J’ai encore la rancœur qui m’a habité alors en plein ventre. J’ai encore la douleur de le voir comme ça au cœur. Comme des épines qui s’enfoncent un peu plus chaque jour dans ton cœur. Des épines pointues et éraillées qui détruisent tout. Il n’avait pas le droit de faire ça.
Je ne voulais pas de ça pour lui.
Rester coincé pour l’éternité? Nous voir vieillir puis mourir? Rester seul? Je pouvais veiller sur Ethan seule et vivre avec le regret, l’amertume et la colère de ne pas avoir pu veiller sur lui aussi. Mais il vient de retourner le couteau dans la plaie. Car maintenant il a choisi une voie où… où je ne peux rien faire pour lui. Je ne peux plus le protéger. Je peux le voir. Lui parler. Mais impossible de le toucher. Impossible de le réconforter, même si ça n’arrivait plus depuis quelques années. Impossible de se fournir mutuellement du réconfort.
Il était seul.
Pour l’éternité.
À chaque fois que je le voyais c’était ce à quoi je pensais.
Et Ethan!
Ethan n’a pas besoin de ça. Et je l’ai vexé aussi, même si je ne sais pas comment. Il m’évite. Mon petit frère, mon dernier petit frère m’évite. Rien que d’y penser et je sens des larmes me monter aux yeux. Mais je les ravale. Je ne peux plus me permettre ce genre de chose. Pas maintenant que tout le monde est au courant. Ils veulent réponse à leurs questions? Eh bien, tant pis pour eux. Je ne dirai rien et ne flancherai pas non plus. Peu importe si ça me déchire de l’intérieur. Peu importe.
J’ai bien vu Roxanne et Victoire par après. Je n’ai pas su me maîtriser devant elles, mais ce n’est pas une première avec Victoire. Et je sais que je peux compter sur elles deux. Seulement, c’est difficile de se laisser aller quand on a toujours refoulé. Je ne sais pas ce qu’elles pensent vraiment de ce qu’il s’est passé avec mon frère. Et au fond, je ne suis pas certaine de vouloir le savoir. Après tout, je le sais que c’était injuste. Cette situation est injuste pour tout le monde…
C’est avec un soupir que j’entre dans la salle de classe qui nous est attribué pour les entraînements de notre équipe de Duel. Je constate rapidement que Joshua, les cousines ainsi qu’Ethan sont arrivés. Ça ne prend pas une minute que je sens deux présences s’ajouter derrière moi. Roxanne et Victoire, j’en ai aucun doute. Et quand elles prennent la parole j’en ai la confirmation. J’essaie de ne pas m’avancer vers mon frère en le voyant s’avancer d’un pas aussi las et j’affirme:
-
Je suis prête.
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Peter Wild
Skittles a de l’audace d’avoir mis notre conversation dans son stupide journal. En même temps, ça montre aussi une chose… peu des professeurs que nous sommes l’apprécies. J’ai tout particulièrement apprécié la manière de Colin de congédier notre bonne mauvaise amie, Skittles. Quoique… la technique employée par Maeva n’était pas mauvaise non plus. Plutôt amusante même. Mais elle est hors de ma portée.
Pour le reste de ce qu’il y avait dans ce journal débile, je n’y ai pas vraiment prêté attention. Sauf en ce qui concerne l’équipe que je dois surveiller. Celle des Surmenés. L’équipe de Sneaky! Ça va être merveilleux, je le sens! Épique, sans doute! D’un autre côté, je suis là pour superviser et conseiller si on me le demande. Mais pas trop. Sinon il pourrait y avoir de l’injustice ou un déséquilibre entre les équipes.
19h00. La rencontre est à 19h00. Toutefois, je suis déjà à ma classe à 18h30. Je n’ai pas envie que des élèves arrivent trop en avance et que je ne sois pas là. Non pas que je ne leur fais pas confiance, voyons. C’est surtout, car je préfère ne pas les laisser seul. D’autant plus que certains pourraient avoir des questions. Ou pas.
Je m’installe rapidement à mon bureau, calé dans ma chaise et les deux pieds sur le bureau en question. Je regarde le plafond pour éviter de regarder la porte et risquer d’intimider les premiers arrivants qui viendront illuminer la pièce de leur présence. Ou l’assombrir.
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Gaby Montgomery
J’ai brûlé le journal. Oui, j’ai brûlé le journal après l’avoir lu et j’ai laissé les cendres sur le pas de la porte des appartements de cette stupide Breeta Skeeter. Elle est tellement… exaspérante. Heureusement, elle a eu l’intelligence de ne pas rapporter la conversation que j’ai eue avec elle concernant les attaques et l’avancement de l’enquête. En même temps, ce n’était pas glorieux pour elle de se retrouver affubler d’une tête de crapaud. C’était un accident, quand même. J’ai remédié à ce problème rapidement. Une heure, donc. L’entendre croasser était déplaisant après un moment.
Oui, je sais, la métamorphose d’humain n’est pas vraiment réglementaire. Mais c’était un accident.
La seule information utile qu’il y avait dans ce journal était l’heure de la rencontre avec l’équipe que je dois superviser ainsi que les membres qui la composent. Je ne suis pas vraiment emballé par le choix. Enfin, certains individus en particulier, mais tant pis! Je ferai en sorte de ne pas les laisser s’entretuer. C’est ça, mon travail, après tout. Non? Dans tous les cas, un sortilège de mutisme sur les éléments les plus perturbateurs de l’équipe des Perturbateurs devraient suffire à rendre les choses plus agréables.
Je n’ai aucun doute que ce sera très, oh, oui, très amusant. Même si je ne suis là que pour superviser et non pas pour prendre part. Ce qui est dommage. Mais on ne peut pas tout avoir. Les occasions de s’amuser quand on est professeur sont peu nombreuses… sauf pour Peter et moi, généralement. On sait outrepasser les règles sans vraiment les outrepasser.
Lorsque j’arrive dans ma salle de classe, il y a déjà quelques élèves présents et je m’exclame avec un grand sourire :
-
Vous êtes en avance, dites donc! J’ai hâte de voir comment vous vous débrouillerez!
Décidant de les laisser un peu plus entre eux, je me dirige vers mon bureau et m’assois dessus sans autre forme de procès. C’est le meilleur endroit pour attendre. Je regrette que Mr Bean ne soit pas présent et j’espère sincèrement qu’il n’est pas (ENCORE) allé fouiner du côté de la Volière.