● Les Chasseurs de Vie ● [Event 2: Le Commencement]

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Camsy

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions closes]+[Sondage]

Message par Camsy »

Soragame: Hihi merci, j’ai hâte de voir tous nos personnages se rencontrer ça va être intéressant! ;)
Hiyashinsu: Oui, c’était le but, j’aime beaucoup les personnages antipathiques! Merci beaucoup ça me fait plaisir :D
Octasecret

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions closes]+[Sondage]

Message par Octasecret »

Bonjour, est ce que je pourrais réserver Tату machine gun Kelly pour mon PNJ?
naji2807

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions closes]+[Sondage]

Message par naji2807 »

Je te réserve ça Octa :)
Camsy

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions 1 place homme restante]+[Sondage]

Message par Camsy »

Je ne sais pas du tout ce qu’est discord, mais si tu m’expliques je serais heureuse de communiquer avec vous par ce biais!
Et je veux bien un deuxième personnage si ça ne dérange pas!
Tally

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions 1 place homme restante]+[Sondage]

Message par Tally »

Hey Camsy !
C'est super simple ne t'en fais pas ;)
Il faut déjà que tu te crées un compte, normalement, si tu cliques sur le lien du discord du rpg, tu pourras le faire.
naji2807

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions 1 place homme restante]+[Sondage]

Message par naji2807 »

Camsy a écrit :Je ne sais pas du tout ce qu’est discord, mais si tu m’expliques je serais heureuse de communiquer avec vous par ce biais!
Et je veux bien un deuxième personnage si ça ne dérange pas!
Je te réserve la dernière place ;)
Pour Discord, il faut cliquer sur ce lien : https://discord.gg/uPxey7 et normalement en suite ils vont t'expliquer la suite, mais si tu ne comprends pas n'hésite pas à nous poser des questions ^^
Camsy

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions 1 place homme restante]+[Sondage]

Message par Camsy »

Merci beaucoup c’est hyper gentil! Je fais ça de suite :D
Je vous poste ma fiche ce soir (vers 3h du mat mdrrrr) ;)
Tally

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions closes]+[Sondage]

Message par Tally »

Je te chercherai. Je te trouverai. Je te ferai des bisous. 8-)
Tiine

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions closes]+[Sondage]

Message par Tiine »

Hello à toutes ! La fin des examens approchent à grand pas et j'ai profiter de mon vendredi soir pour rattraper mon retard dans la lecture de vos fiches :)

Les raisons pour lesquelles vous m'avez fait passer une bonne soirée :

@Mayossa : Parce que pauvre Ted quoi T.T je ne m'attendais tellement pas à la réaction de sa mère, pourtant si réaliste à la violence de la scène. Scène qui m'a rappelé le moment d'un de mes jeux-vidéos préférés <3 Etant adepte du karma (il n'y a pas longtemps j'ai eu encore un signe de lui en ma faveur je vous raconterai un jour sur discord XD) je le comprends à 100% !

@Naji : parce que tu as écouté mes audios et que tu sais que c'est une belle fiche. Je me suis attachée rapidement à Nat et à la façon dont il apprenait la vie à travers celle de Camille. Et puis parce que tu m'a surprise avec ton twist !

@Lumione : Parce que je suis super sensible à tous ce qui touche de près ou de loin à des histoires de fratrie et que j'adore le prénom Nathan, j'espère qu'il ne lui arrivera rien (où à Emma) durant l'émission, après tout, la rue n'est pas sûre dans ce RPG :?

@Camsy: Parce que Noah m'a fait rire malgré l'ennui de sa vie. A chaque fois que je lisais une ligne je me disais "ah ouais le gars pas du tout dans l'excès" et que c'est dramatiquement comique que même l'excès n'arrive pas à le satisfaire x)
Soragame

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions closes]

Message par Soragame »

Yes enfin!!! (juste avant parcousup pour me remonter le moral :lol:)
Springbloom

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Inscriptions Ouvertes]

Message par Springbloom »

OH YES !
Le jeu commence enfin ^^ Je suis pas certaine d'avoir bien tout compris aux règles par contre... la proie et le prédateur originels changent aussi après les jours de paix où sont toujours les mêmes ? Dans tous les cas, je relirais ça plus en détail quand j'aurais (enfin !) fini Kasper ^^

D'ailleurs, je ferais le premier message d'Antonio quand sa fiche sera fini (et je viens d'apprendre qu'elle allait faire plus d'un message, je suis désolée ^^' :? j'ai pas pour habitude de faire des fiches aussi longues :lol: )
naji2807

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Event 1: L'Annonce]

Message par naji2807 »

Nathaniel Leafer, dit Nathan ou Nat
19 ans, Rejeté

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Franchement, je n’arrive pas à croire que c’est arrivé, je n’arrive pas à croire que j’ai été sélectionné pour participer à cette émission. Je veux dire que bien sûr, ils ont dit que tout le monde avait sa chance, mais tout le monde, ce n’était pas moi. Dans mon esprit, les gens comme moi, les reclus de la société, n’avait aucune chance d’y participer… Et pourtant c’est réel, et bien réel, je vais aller sur un plateau télé, et ensuite… Ensuite je n’en sais rien, personne n’en sait rien d’ailleurs, et c’est ce qui terrifie Luka. Il avait arrêté de me faire la tête depuis quelques jours, persuadé que finalement, je resterai, et me pardonnant ma folie, mais maintenant que je sais que je vais partir, il boude à nouveau. Et moi je suis là, dans l’encadrement de la porte, comme un idiot, balançant entre la joie intense à l’idée de cette nouvelle aventure, et le déchirement de devoir quitter Luka. Il est allongé sur son lit, un bras en travers du visage, concentré à m’ignorer, et je soupire.
- Je vais partir, je dis pour la cinquième fois au moins.
Je veux qu’il me dise au revoir, je ne veux pas partir comme ça. Je ne sais pas combien de temps nous serons séparés, si cela durera seulement quelques jours ou plusieurs semaines… Or nous ne nous sommes jamais quittés plus d’une journée depuis que nous sommes ensemble. C’est l’avantage de vivre sous le même toit, de travailler au même endroit, bref, de tout faire ensemble. Et moi aussi ça me blesse de devoir le quitter, mais c’est pour notre bien à tous les deux. Luka ne supporte plus de me voir rester après le spectacle, de savoir que je rencontre des femmes… et je le comprends, mais j’ai besoin d’argent, je veux réaliser mon rêve de vivre dans une grande maison, un bel endroit, et cette émission pourrait être la réponse à tous nos problèmes. Mais Luka ne comprend pas, il dit que j’ai des rêves trop grands, que je pourrais me contenter de ce que nous avons là, que ça me suffirais si je l’aimais vraiment… Oui, il a osé dire ça… Je sais que c’était sous le coup de la douleur, de la colère, mais ça n’en a pas été moins violent, et je culpabilise bien sûr, mais Luka se trompe. Je rêve d’un avenir avec lui, d’un avenir meilleur avec lui…
- Alors va-t-en, finit-il par dire en soupirant.
Sa voix se brise un peu, comme si il retenait ses larmes, et je sens une boule se former dans ma gorge. Je vais devoir y aller, pour de bon, je ne peux pas me permettre d’être en retard. Mais je rentre tout de même dans la chambre et m’approche du lit. Je sais que Luka me regarde, ou qu’au moins il me voit, car il se tourne sur le côté, dos à moi, quand je m’assois sur le lit. Mon cœur se serre, mais je pose ma main sur son dos et il se crispe.
- Je t’en supplie, je ne veux pas partir comme ça. Dis moi au revoir au moins, s’il te plait.
Ma voix est suppliante, et le chagrin me submerge à l’idée qu’il puisse ne plus du tout me parler. Si l’émission dure des semaines, je ne tiendrai jamais sans que Luka m’ait embrassé une dernière fois…
- Je ne veux pas que tu partes.
Ses mots et le ton qu’il emploie me brise le cœur, et même si ma raison me hurle de ne pas faire ça, mon cœur me demande de rester. On s’en fiche de cet argent, de cet émission, hurle-t-il, seul Luka compte !
- Je vais revenir, je réponds pourtant, tout bas.
Il se retourne et me regarde avec un air sévère, les lèvres pincés et secouent la tête, mais ses paroles sont pleines de doute :
- Et si tu ne reviens pas ? Et si tu trouves quelqu’un là-bas ? Quelqu’un de plus beau que moi, de plus intéressant, de plus riche surtout ?
Cette fois c’est à moi de le regarder durement, blessé par ses paroles, et j’éloigne ma main, la colère faisant trembler ma voix :
- Tu crois que je pourrais aimer quelqu’un juste pour son argent ? Tu crois que je vais rencontrer un autre garçon et simplement t’oublier ? Tu penses vraiment que mes sentiments pour toi sont si risibles et ridicules que ça ?
Mes larmes menacent de couler, mais je les retiens, je me suis promis de ne pas pleurer, et encore moins de colère. Le visage de Luka perd de sa dureté, ses traits se relâchent et la colère cède place, une nouvelle fois au chagrin. Ses yeux bleu pâle brillent de larmes contenues eux aussi, et cette seule vision me refroidit moi aussi, et je tends la main vers lui une nouvelle fois, caressant sa joue.
- Je t'en prie Luka… Je ne veux pas partir sans te dire au revoir.
Il relève les yeux vers moi, et j’y vois une supplique silencieuse « ne pars pas », dit-elle. Mais il me connait, il connait ma détermination, il sait que je ne céderai pas, que je partirai même si il refuse de me dire au revoir, et que je me ferai pardonner en rentrant, parce que comme toujours, je préfère demander pardon que permission. Alors il se redresse en position assise, face à moi, et, sans que j’ai pu faire le moindre geste, passe ses bras autour de mon cou, me serrant si fort contre lui que j’ai l’impression qu’il ne me lâchera jamais. Et je le serre à mon tour, aussi fort que je le peux, l’embrassant dans le cou, m’imprégnant de son odeur pour ne pas l’oublier, comme si c’était seulement possible. Et quand il s’écarte, c’est pour mieux m’embrasser, un baiser doux et pourtant passionné, que je lui rends avec fougue, en fermant les yeux pour profiter de toutes les sensations.
Il me manque déjà, alors que je ne l’ai même pas encore quitté. Déjà je ne rêve que de revenir de cette émission, avec des gains si possibles, mais sinon, tant pis. Tant pis… Je pourrais ne pas y aller… Je pourrais rester ici… Je pourrais rester ici avec Luka, me contenter de ça. Chaque fois que je l’embrasse, c’est ce que je me dis, que je pourrais me contenter de ça, et ça seulement, toute ma vie. Mais ensuite, nous nous séparons, et la vie autour de nous se rappelle à ma mémoire, une vie pauvre, une vie que je ne veux pas, ni pour moi, ni pour lui. Alors j’irai… et je reviendrai avec de l’argent, et je ne quitterai plus jamais Luka, de toute ma vie. C’est ce que je me promets alors que nos lèvres se séparent et que le visage mouillé de larmes de Luka me fait face. Il m’embrasse encore, une nouvelle fois, et encore une autre, ses bras refusant de me lâcher quand je veux m’éloigner, et ne s’écartant qu’à regret, me libérant de son emprise, alors qu’en réalité, j’aurai voulu y rester à jamais.
Je me lève du lit, mais c’est comme si tout mon corps, toute mon âme me hurlait de rester, et je dois lutter contre mes propres émotions en plus de celle de Luka, si visible sur son visage. Mon cœur me fait si mal que j’en pleurai presque moi aussi, mais si je pleure, Luka arrivera à ses fins et je ne partirai plus… J’ai une chance unique, j’ai été sélectionné parmi des centaines, des milliers, je ne peux pas laisser passer ça comme ça.
- Je t’aime, je lui murmure avant de m’éloigner, ma main lâchant la sienne.
Je me sens vide tout d’un coup, alors que nos peaux ne se touchent plus, je me sens comme coupé de moi-même, comme si je m’éloignais de mon propre corps. Mes pieds avancent contre ma volonté, ils me font sortir de ma chambre et je jette un dernier regard dans celle-ci, vers Luka et ses yeux bleus si tristes, et ses cheveux blonds en bataille, et sa bouche qui s’entrouvre pour me répondre :
- Je t’aime, reviens vite, je t’en prie.

***


Arrivé là-bas, je suis apprêté, avec un costume qui me coûterait sûrement au moins la moitié de mes économies. Pourtant il ne me plait pas, je me sens coincé dedans, comme si je ne pouvais pas faire le moindre mouvement, et c’est un peu le cas d’ailleurs. Je suis aussi maquillé, mais ça ne me dérange pas, j’ai l’habitude du maquillage, avec les jeux de lumière c’est important de ne pas paraître trop pâle, que ce soit sur le plateau où l’on nous amène ou sur la scène du Moonlight. Pendant tout le temps que dure les préparatifs, Luka est dans mes pensées, à chaque instant, et le manque qui se fait sentir est de plus en plus dur à supporter.
Mais je me force à y faire face et laisse ma curiosité l’emporter quand nous nous retrouvons sur scène. J’observe tous les autres candidats, qui ont l’air de sortir tout droit d’un pressing, comme moi sans doute. Certains ont l’air plus à l’aise que d’autres dans ces tenues riches, peut être y a-t-il d’autres personnes comme moi ici. J’ai du mal à le croire en les voyant, mais après tout, on aurait du mal à penser que j’ai vécu dans la rue 4 ans en me voyant habillé comme ça.
N’empêche, je me demande ce que je fais là. Il y a des enfants du gouvernements… Toi aussi tu en es un, raille une voix dans mon esprit, mais je la fais rapidement taire. Que viennent-ils chercher ici ? Plus d’argent ? Plus de gloire ? Pourquoi ? N’en ont-ils pas assez ? Je me rends compte que la question que je me pose est la même que celle que me pose Luka chaque fois que je rentre tard le soir. Mais moi j’ai un but précis, je veux l’atteindre, et une fois que ce sera fait, j’arrêterai tout. N’est-ce pas ? Oui, je veux y croire, je veux croire qu’une fois que j’aurai ma maison, avec Luka, moi désir d’en avoir plus s’épuisera.
Le présentateur, Peter Finley a l’air bien à l’aise de son côté, et il parle aisément devant la caméra, échangeant quelques mots avec une des privilégiés avant de tous nous présenter. Mon regard s’attarde un peu plus sur celles qu’ils nomment « femmes des rues », je suis surpris qu’il y en ait autant comme moi. Enfin non, je comprends pourquoi elles ont voulu participer, mais je me demande pourquoi elles ont été prises. Pourquoi il y a si peu de gosses de riches, ils auraient dû être privilégiés non ? Ou alors ils ont vraiment été impartiales, justes ? J’ai du mal à le croire…
Après avoir fait les présentations, Peter nous laisse nous rasseoir et s’adresse un instant au spectateur, mais je ne l’écoute que d’une oreille, les yeux rivés sur la caméra, j’imagine Luka de l’autre côté, je l’imagine avec son air renfrogné, et je me demande ce qu’il pense de moi. Est-ce qu’il me trouve bien dans ce costume, ou est-ce que, comme moi, il pense que c’est trop ?
Quelqu’un crie « coupé », et nous emmène à nouveau dans les loges. Le costume me quitte aussi vite qu’il était arrivé, et les habits que l’on me met sont plus confortables, j’ai plus d’amplitudes de mouvement dedans, mais en même temps, ce n’était pas bien difficile en comparaison de ce costume inconfortable. Je suis malgré tout un peu surpris par nos nouveaux habits, à les voir, on dirait qu’on va partir en trek… Je ne suis pas le plus à l’aise dans la nature, j’ai toujours vécu à Londres, une grande ville où je sais bien me débrouiller. Mais si l’émission consiste à se dépatouiller dans un milieu sauvage, je vais être mal… Mais peut être moins mal que tous les gosses de riches qui ont l’habitude que tout leur tombe dans la bouche.
Le temps passe lentement, comme si je restais là, à me faire apprêter, pendant des heures et des heures… le manque de Luka est toujours présent, et je me demande si il disparaîtra, tout en espérant que ce ne soit pas le cas. Il me manque, et c’est douloureux, mais en même temps, ça me donne presque l’impression qu’il est là, avec moi, au moins en partie. Finalement, au bout d’un moment qui me paraît interminable, nous sommes amenés dans une autre pièce après avoir traversé un immense dédale de couloir. A l’intérieur, le buffet attire tout de suite mon attention, je commence à avoir un peu faim, mais je ne me jette pas dessus et écoute plutôt l’accompagnatrice qui nous explique que cette fois-ci, c’est nous qui allons écouter et regarder les écrans.
Et en effet, Peter apparaît sur les écrans, déroulant son speech avant de nous expliquer qu’une petite bande vidéo va être lancer avec les règles du jeu. Les premières images qui s’affichent me font pousser un léger soupir. On va donc bien devoir se débrouiller dans un milieu sauvage, et quel milieu, on dirait des espèces de ruines… et surtout, il y a une forêt, un milieu qui m’est inconnu, totalement inconnu…
Alors que la présentation commence, le premier mot qui m’interpelle est « Chasse ». Une chasse ? Qu’est-ce que ça signifie ? Je commence à me sentir anxieux, les battements de mon cœur s’accélèrent légèrement alors que j’écoute avec appréhension la suite. Quand il parle de semaines, mais surtout d’années j’étouffe un petit cri de douleur. Non… Non… Je ne peux pas avoir quitter Luka pour des années. Je lui ai promis de revenir vite. Je lui ai promis… Je pensais que ça ne durerait pas, ou seulement quelques semaines, juste le temps de gagner, ou de moins si je devais perdre, et alors je serai rentré auprès de lui…
La suite me glace le sang et je suis obligé de m’appuyer au mur dans mon dos. Ils ont parlé de tuer ? TUER ? Non je dois avoir mal compris. J’ai des sueurs froides maintenant, mon cœur ne bat plus, il tambourine, dans ma poitrine, et jusque dans mes tempes, à tel point que je n’entends presque plus la voix qui continuent ses explications à propos des équipes, et d’un jour de festivité. Elle parle de moi et j’ai envie de pleurer, de crier, mais surtout, de sortir d’ici, tout de suite.
Luka avait raison, j’aurai dû rester. J’aurai dû rester. J’aurai dû rester !! Pourquoi je suis parti ? Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi ? Oh par pitié faites que ce soit un mauvais rêve… Faites que je me réveille, dans ses bras, après cet horrible cauchemar. Ramenez-moi en arrière, ramenez auprès de lui, juste quelques heures en arrière, et laissez le me convaincre… Faites que je lui cède au lieu de jouer au c*n !
Je ne veux pas mourir… Parce que c’est ce que tuer signifie… La personne qu’on tue meurt… Et je ne veux pas mourir… Je veux revoir Luka, je veux le revoir, par pitié… J’ai la nausée, et je ne me rends compte, qu’en cherchant la sortie, que mes yeux sont embués de larmes qui roulent librement sur mes joues. Mes yeux croisent plusieurs caméras et la douleur qui m’assaille semble doublée quand j’imagine à nouveau Luka derrière son écran. Je ne peux pas imaginer sa peine… Il doit penser que je l’ai trahi, parce que j’ai rompu ma promesse, parce que je ne rentrerai pas bientôt, et que, pire encore, je ne rentrerai peut être pas du tout…
Non je ne veux pas croire ça. Ils ne peuvent pas nous obliger ! Je vais sortir d’ici, je ne veux pas de cet argent, je ne veux rien d’eux, je veux juste partir, je veux juste m’en aller. Mais mes jambes refusent de bouger, elles refusent de me porter et ma tête tourne, à tel point que j’ai l’impression que je vais tomber par terre d’une seconde à l’autre. J’attrape des mains un des fauteuils et me traîne pour en faire le tour et m’asseoir dessus. Mais rien ne change, ou en tous cas, la situation n’a pas changé. Je suis dans une pièce avec d’autres gens pour participer à une émission où je dois mourir, où les gens doivent me tuer, et où… non je ne pourrais jamais. Je ne pourrais jamais tuer quelqu’un… Je ne suis pas comme ça… Pitié faite que ce soit un canular, une blague, absurde et stupide… Mes yeux restent rivés sur l’écran, flou, mais rien ne se passe, et la douleur poursuit son chemin, continue de ravager mon cœur. Je voudrais me lever, crier au scandale, mais j’en suis incapable, je suis juste capable de regarder une des caméras comme un idiot, en imaginant Luka derrière son écran, et en essayant de faire passer toutes mes excuses dans ce regard.
- Je ne savais pas, je murmure, je te jure que je ne savais pas…
Yumeko

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Event 1: L'Annonce]

Message par Yumeko »

Daisy Aberline │20 ans │169 cm │Rejetée

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Je n'ai jamais été aussi mal à l'aise de toute ma vie que pendant l'émission où nous avons tous été présentés. Pourtant, mon visage n'exprimait pas grand chose... il n'exprime plus grand chose depuis si longtemps... Devant toutes ces caméras, sous le feu des projecteurs, j'avais l'impression d'être une bête de foire. J'étais loin d'être à ma place, mais je ne le suis nulle part, exceptée dans la rue. Je me suis sentie nue, et pourtant, habillée d'une robe longue, coûteuse, lumineuse et soyeuse, d'un or pale qui mettait en avant mon teint de porcelaine. Ma peau avait été nettoyée, même récurée, devenue rouge à force d'être frottée. Je ne m'étais pas lavée depuis des mois. Alors, pendant quelques minutes, j'ai pu profiter d'une douche chaude. Je ne me rappelle même plus de la dernière fois où j'ai pu en prendre une. C'est le meilleur moment que j'ai passé. Une simple douche chaude. Une fois propre, retirée d'une couche de crasse, portée comme une seconde peau, celle-ci avait l'odeur du propre, du savon, odeur qu'elle garde encore. J'ai eu le droit d'être épilée presque de la tête au pied. Mon Dieu, qu'est-ce que ça faisait mal mais aucun son n'est sorti de mes lèvres, je maudissais juste celle qui s'occupait de moi même si elle s'en moquait. Puis, ce fut le tour de mes cheveux de subir son traitement. J'avais une véritable tignasse emmêlée qui se transforma en une coupe élaborée et sophistiquée. Puis ce fut le maquillage qui faisait ressortir mes yeux immenses et mes pommettes saillantes. Dans le miroir, je ne me suis pas reconnue. J'avais l'impression d'être regardée par une inconnue. Il n'y avait rien de plus déroutant que de m'observer dans le miroir. Puis une fois terminée, je me suis retrouvée sur le plateau de télévision à côté de tous ces inconnus, les candidats, le présentateur, caméraman, et tous ces personnes dont je ne savais ce qu'ils faisaient. Je me suis obligée à regarder Peter Finley pendant qu'il parlait, me levant quand on me le demandait alors qu'il prononçait mon nom. Je n'étais pas à ma place, je ne me sentais pas à ma place parce que je ne l'étais pas. Certains candidats semblaient être dans leur élément et il y avait d'autres personnes comme moi. La majorité.
Puis, tout s'enchaîna, on nous fit quitter le plateau pour se retrouver à nouveau dans les coulisses. Je me sentis tout de suite mieux. Il n'y a plus de caméras, plus l'impression d'être scrutée à la loupe. La rue et l'anonymat me manque soudain. Dans un sens, cela avait quelque chose de réconfortant. Mais il y avait d'autres problèmes... Au moins, là, je n'ai pas froid même si je ne suis pas à l'aise. Je me retrouve dans la même loge que tout à l'heure, je suis comme une poupée qu'on déshabille, décoiffe, démaquille. A la place, un maquillage très simple et naturel. Je me sens déjà plus moi-même. A la place d'une coiffure complexe, deux tresses africaines. Puis je m'habille de vêtements sobres et confortables. Je me sens beaucoup mieux. On me demande de me séparer de tous mes effets personnels mais je rechigne à le faire, je n'en ai pas beaucoup mais il y a des choses que je souhaite garder par dessus tout comme des talismans. Quelques photos, les alliances de mes parents, un ours en peluche unique souvenir de mon enfance, un foulard qui appartenait à ma mère et qui a perdu son odeur depuis bien longtemps, la médaille d'honneur de mon père. Je finis par tout remettre sauf une chose, une unique chose, l'alliance de ma mère. L'objet est assez petit pour être dissimulé, la faisant disparaître discrètement, la faisant glisser à l'intérieur de ma manche en attendant de la cacher plus à l'abri encore. Tout cela est naturel, pour l'avoir fait de nombreuses fois, des centaines de fois. Mon visage ne montre rien. La rue m'a appris au moins une chose, à voler discrètement sans me faire prendre. Des années à améliorer ce que je sais faire de mieux maintenant. Je ne veux pas qu'on me confisque l'objet. Je ne veux pas suivre cette règle. Et personne ne remarque rien.
Puis on me conduit dans une autre pièce, quittant ma loge comme les vingt-quatre autres candidats, marchant dans un couloir avant d'arriver à destination. Ce n'est pas le plateau de tout à l'heure, c'est une pièce inconnue. Mon regard se pose partout, il observe la pièce sans fenêtre. Je le remarque tout de suite. C'est un salon où les lumières sont artificielles, il y a des grands fauteuils et canapés mais je ne m'y assois pas, préférant rester debout. Pourtant, ils semblent confortables et invitent à s'y installer. Certains le font naturellement, en profitant. Il y a un buffet dans un coin avec plein de petites choses à grignoter. Cela m'intéresse et je m'y approche mais je n'y touche pas pour le moment. La privation j'ai l'habitude, manger à ma faim, non. Il y a un écran géant éteint pour le moment mais il ne le restera pas... Notre accompagnatrice nous dit quelques mots avant de sortir de la pièce. La porte se referme, j'ai l'impression d'être enfermée, d'être prisonnière et je suis encore loin du compte. Puis l'écran s'allume et Peter Finley fait son apparition, un sourire éblouissant placardé sur son visage. J'observe discrètement les autres candidats pendant qu'il parle. Ils sont tous absorbés ou presque devant l'écran géant. Personne ne s'intéresse à moi, l'objet passe de ma manche et par un tour de passe-passe dans mon soutien-gorge, quand une vidéo se lance, faisant disparaître le visage du présentateur. Un village, des ruines, on dirait un ancien lieu de guerre où il n'y a plus âme qui vive, la végétation partout, la forêt autour. Puis une voix surgit de la vidéo, désagréable, métallique et j'ai l'impression qu'une corde s'enroule autour de mon cou. La chasse... ce mot résonne encore et encore mais rien ne s'exprime sur mon visage. Tout est intériorisé. Je quitte l'enfer de la rue pour un autre enfer. Un cauchemar qui s'approche de moi, rampe, pour venir me chercher, m'attraper et m'engloutir toute entière. Survivre, c'est une chose mais tuer en être une autre...
naji2807

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Event 1: L'Annonce]

Message par naji2807 »

Rosaleen Kemer
23 ans, rejetée

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J'ai été obligé de relire la lettre au moins 5 fois avant de réellement digérer l'information. Je l'ai reçu au bar de Louis, c'est lui qui est venu me l'apporter alors que j'étais dehors et que je n'avais reçu que quelques piécettes. Il m'a conseillé de ne pas trop l'ébruité, il a dit que ça ferait des jaloux, parce que beaucoup de gens ont participé et n'ont pas été retenu. D'ailleurs je ne sais même pas pourquoi j'ai été retenu... En vérité, je pensais que je ne recevrais rien, comme 90% des gens, et sans doute plus. Et au lieu de ça, je me suis retrouvée avec cette lettre, à me demander si c'était une mauvaise blague de la part de Louis ou si tout était vrai. Mais ça avait l'air officielle, et je connais le barman, il n'est pas du genre à faire ça, il est honnête, et je l'apprécie pour ça. Alors j'ai fini par admettre que ça ne pouvait qu'être réel, et je me suis sentie anxieuse et en même temps remplie d'espoir.
Mais une fois là-bas, c'est le malaise qui a dominé dans mon esprit. Déjà j'ai mal supporté les intrusions des maquilleuses et des coiffeuses. Étonnement, malgré mon ancien métier, si on peut dire que c'était un métier, je n'ai pas aimé être touché, même si ça n'avait pas pour but d'être intrusif. Je pense que la différence, c'est que là je n'avais le contrôle sur rien, contrairement à avant. Et puis je me sens nerveuse depuis le début de ma grossesse, plus qu'avant en tous cas, et ce changement d'environnement, ce changement tout court d'ailleurs, me rends mal à l'aise, comme si je n'étais pas à ma place. Et c'est un peu le cas, je ne suis pas à ma place dans cette robe trop cher pour moi, plus cher que tout ce que j'aurai pu gagner en une vie à faire la manche. Rien qu'en revendant cette robe, je pourrais offrir une vie meilleure à mon futur bébé... Je me sens nauséeuse à l'idée de l'argent qu'ils dépensent, qu'ils jettent par les fenêtres, pendant que nous mourrons de fin dehors...
Enfin nous... il n'y a pas que des pauvres ici, il y a aussi des privilégiés, ceux qui sont avec une cuillère en argent dans la bouche comme on dit. Pourtant ils nous ont tous habillés pareil, sans faire de distinction. Mais on voit bien que certains sont plus à l'aise que d'autres. Les lumières me font mal à la tête, ou c'est peut être le parfum trop sucré qui me donne la migraine, mais je me force tout de même à observer un peu les autres, et un visage attire mon attention. J'ai déjà vu cette fille quelque part... dans la rue... Hurricane! Oui c'est ça, son prénom me revient et je fronce les sourcils en me demandant ce qu'elle fait là. Tant mieux pour elle si elle a été sélectionnée, mais j'écarquille tout de même un peu les yeux quand Peter Finley la range dans la catégorie des prisonnières. Qu'a-t-elle fait pour atterrir en prison?
Ma tête me fait un peu trop mal pour que je réfléchisse très longtemps à la question, et de toute façon, après les présentations des garçons et un peu speech de Peter devant la caméra, nous sommes redirigés vers les loges où des mains me déshabillent pour m'habiller à nouveau. J'espère vraiment que ça ne va pas durer, parce que c'est quelque chose que je ne supporte pas... Je vois une des habilleuses froncés les sourcils devant mon ventre de début de grossesse et lui aboie dessus un "quoi?" peut être un peu trop agressif. Les hormones me travaillent, mais surtout, changer d'environnement n'arrange pas les choses. Pourtant une voix me répète que je suis là pour espérer avoir un meilleur avenir, et je me force à prendre une grande inspiration et à ne plus rien dire jusqu'à ce qu'on me laisse enfin tranquille.
On nous fait ensuite passer dans un dédale de couloir qui semble ne plus en finir avant d'arriver enfin dans une salle avec des fauteuils et un buffet. Mon ventre gargouille à cette vue, et sans attendre, tandis que la femme nous explique que nous allons avoir des explications, je me rue sur le buffet. Au passage, une jeune femme me retient par le bras et me dit avec angoisse :
- Ne vous approchez pas, je suis sûre qu'ils ont empoisonné la nourriture!
Je la regarde de la tête au pied avant de lui jeter un regard peu amène et de dégager mon bras en répondant :
- Eh bien tant pis.
Comme si ils n'avaient que ça à faire d'empoissonner de la nourriture. Il y a ici deux enfants de Ministre et on va me faire croire qu'ils auraient risqué leur vie? Mais bien sûr... Cette fille est folle, voilà tout. Et moi j'ai faim, mon bébé a faim, alors je ne vais pas me priver. La jeune femme secoue la tête comme si j'étais complètement inconsciente, mais je l'ignore et attrape le premier aliment à ma portée. Je ne sais pas ce que c'est, mais je m'en fous, j'ai faim, et c'est vraiment délicieux.
Les écrans s'allument et une voix se fait entendre alors que j'entame ma troisième bouchée, et je prends le temps de jeter un coup d'oeil pour voir Peter Finley nous refaire un speech. Puis l'ambiance change, et on nous présente les règles.
Mes mains tremblent quand la bande se termine, et j'ai l'impression que je vais recracher le peu que je viens d'avaler. Pourtant ça n'a rien à voir avec les nausées de grossesse... J'ai des sueurs froides, je me sens mal, l'angoisse me paralyse. J'entends la folle, toujours à côté de moi, murmurer :
- Je le savais, je le savais, je le savais, comme une hystérique.
Mais comment le lui reprocher... moi même je me sens devenir un peu hystérique. Il ne mettrait pas en danger des enfants de ministre, c'est ce que tu disais non? Et si ils avaient effectivement empoisonné la nourriture. J'ai vraiment envie de tout recracher, mais à la réflexion, si ils veulent nous faire participer à leur jeu, à leur tuerie, ils ne risquent pas de nous tuer tout de suite. Oui mais ils finiront par avoir ta peau, et pas que la tienne. Je porte instinctivement la main à mon ventre et secoue la tête.
- Vous n'avez pas le droit de faire ça! je dis à la caméra. Vous ne pouvez pas!
Bien sûr qu'ils peuvent, pourquoi est-ce qu'ils ne pourraient pas? Qui va les en empêcher? Les gens du gouvernement! Les parents de ceux qui ici, ils vont les faire sortir, et nous aussi avec un peu de chance. Tu rêves ma pauvre fille, même si ils font sortir leur gosse, tu ne seras pas sur la liste.
Je fais taire cette voix absolument insupportable, ça ne peut pas être vrai. Je ne peux pas perdre mon bébé, je ne peux pas mourir...
naji2807

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Event 1: L'Annonce]

Message par naji2807 »

Baltazar Caves
20 ans, Fils du Maire de Liverpool, PNJ

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Mon père était tellement en colère ce matin que j'ai cru que j'allais mourir de rire, mais rater le spectacle de son humiliation aurait été vraiment triste, alors je me suis contenter de rire sous cape devant lui, ce qui l'a fait encore plus sortir de ses gonds, un vrai cercle infernal, en tous cas pour lui. Pour résumer, il m'a dit que je n'avais pas intérêt à revenir après m'être ridiculiser devant tout le pays, et je lui ai assuré qu'une fois que j'aurai gagné des millions je ne remettrai plus les pieds dans sa maison de m*rde. Puis je suis parti en claquant la porte et en n'emportant que les vêtements que je portais, et quelques bijoux, surtout des bagues et ma montre.
Je me suis rendu aux studios où on m'a attifé avec un costume qui aurait bien plu à mon père, mais je ne pense pas qu'il regardera l'émission, il a bien trop honte de son fils. Et je m'en fous complètement, je suis ici pour le faire ch*er et pour me divertir. D'ailleurs il y a d'assez jolies filles ici, et quand Peter les présentent, je tourne mon regard vers elles. Il y en a qui vienne de milieux aisés comme Nala, et d'autres qui viennent de la rue, certaines même étaient en prison. Je trouve ça bizarre, mais j'ai l'habitude des filles des rues, j'en ramène souvent chez moi pour faire enrager mon père. Celles là ne me disent rien, elles ne viennent sans doute pas de Liverpool ou de ses environs.
Quand Peter nous présente, je me retiens de faire un doigt d'honneur à la caméra, juste pour mon père, je ne veux pas être viré comme ça, ce serait dommage, je me contente donc d'un sourire éclatant, je garde les hostilités pour plus tard.
On nous fait ensuite repasser par les loges où je me laisse déshabiller, puis rhabiller, glissant un ou deux sourire aux maquilleuses et aux habilleuses, qui font rougir certaines et lever les yeux au ciel à d'autres.
Pus nous sommes à nouveau guidé, cette fois-ci dans une pièce tout en longueur avec des sièges, et je me laisse tomber dans l'un d'eux. Je préfère la tenue qu'on a nous a fait porter cette fois, je me sens plus à l'aise dedans, c'est ça je porte le plus souvent, pas ces costumes m*rdiques que mon père adore et qui font de lui un "grand homme" alors que je serai ridicule et honteux. Enfin je ne sais même pas pourquoi je pense à lui. Bien installé dans le fauteuil que j'ai choisi, je regarde les écrans sur lesquels s'affichent Peter Finley, encore lui... Ils nous parlent d'une bande, qui se lance et me laisse clouer dans mon fauteuil. Les informations ont du mal à monter jusqu'à mon cerveau, et je finis par exploser de rire.
Mais quelle blague, quelle bonne blague vraiment! Et tout le monde y croit en plus, à cette blague de m*rde. C'est tellement drôle, encore plus drôle que mon père ce matin, et je continue à rire ne pouvant plus m'arrêter alors qu'autour de moi, certains s'effondrent. Mais qu'ils sont c*ns! Comme si c'était vrai, comme si ils allaient nous obliger à nous entre-tuer. Je ris tellement que ça me fait mal au ventre. Ils sont vraiment trop c*ns.
Tally

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Event 1: L'Annonce]

Message par Tally »

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J'ai envie de grogner sur le jeune homme qui tente de rajouter une couche de peinture supplémentaire sur mon visage. Je ne me suis jamais senti aussi peu à ma place que maintenant. L'odeur de maquillage et de parfum me donne le tournis. Je lance un regard suppliant à mon tortionnaire qui vient à nouveau de s'emparer d'une brosse dont j’ignore complètement l'utilité.

- Je pense qu'on peut s'arrêter là non ? je demande mal à l'aise en sentant mon visage de démanger.

Je porte ma main à mon visage mais le styliste est plus rapide que moi et la chasse d'une tape.

- Je vous interdit d'y toucher ! Vous allez tout gâcher, ôtez vos mains et tenez-vous tranquille !

C'est facile à dire pour lui ! Il fait certainement cela tous les jours, il doit avoir l'habitude. Son regard courroucé me fait renoncer à faire le moindre commentaire. Lorsque il a enfin terminé de me transformer en clown, une coiffeuse prend le relais. De ses mains expertes et armée d'une brosse et d'un sèche-cheveux, elle transforme ma chevelure bouclée et indisciplinée en une élégante mise en plis qui me laisse pantoise. Elle tresse ensuite quelques mèches de cheveux et les attache à l'aide d'un ornement serti de pierres précieuses dont je ne préfère pas deviner le prix. Mon styliste préféré réapparaît avec une robe longue en tulle carmin dont le corsage est constitué d'une dentelle très fine et dont la jupe et fendue à mi-cuisse. Il se repaît de mon regard appréciateur et m'aide à l'enfiler sans la tâcher de maquillage.

Je songe soudain à Riley ma cadette qui serais aux anges de prendre ma place et de se faire bichonner de la sorte. Je lui aurais volontiers laissé ma place. Je les imagine tous en rang d’oignons, sur le vieux canapé déchiré du salon, les yeux rivés sur l'écran minuscule de la télévision, prêt à crier mon nom dès qu'ils m'apercevront. Un sourire affectueux naît sur mes lèvres sans que je puisse m'en empêcher. Je me demande s'ils vont être capable de me reconnaître sous cet accoutrement. Le fond de teint a complètement dissimulé mes tâches de rousseurs et mes joues sont rosées artificiellement.

La suite des événements se déroulent à une allure folle. Je n'ai même pas le temps de détailler les autres filles que nous sommes poussées sur le plateau de l'émission. Tout est rutilant et neuf ici. Et dire que je dois me battre avec le directeur de la prison où je travaille pour avoir un peu de morphine ou de pénicilline. Cela me donne légèrement la nausée. Je m'aligne avec l'ensemble du groupe et détaille les visages uns à uns. Dans le lot, j'ai l'agréable surprise de reconnaître celui de Teddy. Mes lèvres s'étirent, ravie et soulagée de le voir ici dans son magnifique costume gris. Il est resplendissant, et je prend plaisir à le voir ainsi et non dans sa tenue de prisonnier.
Le présentateur, dans un élan de zèle, se met à présenter chaque participant un à un. Je rougis en entendant son commentaire déplacé lorsqu'il en arrive à moi.

A la suite de son petit discours, nous repartons aussi vite que nous sommes venu pour la deuxième partie de cette mascarade. Complètement égarée par le cours des événements, je me laisse porter par les organisateurs qui semblent savoir ce qu'ils font. Disparu les robes et les bijoux, nous nous revêtons tous d'un même uniforme rudimentaire et fonctionnel. Même si je suis plus à l'aise ainsi, j'ai du mal à comprendre se soudain revirement. J'espère que les épreuves ne sont pas trop sportives, je ne n'aurais aucune chance de tenir dans ce cas là. La même coiffeuse vient défaire tout ce qu'elle avait fait précédemment pour venir me confectionner deux tresses plaquées à sur crâne. Je la remercie chaudement lorsqu'elle me tend une lingette démaquillante pour mon visage. Quel bonheur ! Je sent enfin ma peau respirer.

Sans perdre une minute, nous sommes tous conduit dans un salon chaudement décoré où nous attendent une généreuse collation. Je trouve rapidement Teddy et me place a ses côtés pour prendre part à la suite des événements. L’appréhension me noue l'estomac et m'empêche d'avaler quoi que ce soit. Je me contente d'attendre, les yeux rivés sur l'écran en me triturant les doigts. L'image ne tarde pas à apparaître à l'écran. A mesure que la voix explique les règles du "jeu", je sens mon visage se décomposer et perdre toute sa chaleur. Sans m'en rendre vraiment compte, j'attrape l'avant bras de Teddy pour m'empêcher de tomber. Mes jambes tremblent tellement qu'elles vont bientôt pouvoir se disloquer. Comment cela pouvait-il être possible ?

Des protestations s'élèvent autour de moi, mais je n'entend presque plus rien. Je pense à mes frères et sœurs, à mon père, qui doivent hurler de désarroi à l'heure qu'il est. Je songe aussi à l'homme à côté de moi. Celui que j'ai encouragé à participer et qui se retrouve piégé par ma faute. J'ai gâché sa vie et celle de toute ma famille pour une bête question d'argent.
- Si tu savais à quel point je suis désolé... , je m'étrangle en baissant piteusement les yeux.
naji2807

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Event 1: L'Annonce]

Message par naji2807 »

Maggie Mitchels
22 ans, Prisonnière, délire paranoïaque de persécution, PNJ

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Cette fois-ci ça y est, j'ai déjoué leur plan, je me suis infiltré, et j'ai réussi à sortir de cette cage. Je savais qu'ils prendraient dans leur émission, parce que je sais ce qu'elle est vraiment. Ils veulent nous emmener là-bas pour se débarrasser de nous, de ceux qui leur font peur, comme ils ont fait avec mes parents. Bien sûr, je ne sais pas encore comment ils vont s'y prendre, si ils vont nous bourrer de médicaments, comme ils le font avec moi ici, ou si ils vont seulement nous tuer. Mais je ne les laisserai pas faire. Je vais y aller et je vais tout détruire de l'intérieur, parce que moi je sais ce qu'ils font, je sais quel est leur but!
Ils ne m'ont pas donné de médicaments ce matin, mais c'est un leurre j'en suis sûr. Malgré tout, je ne vais pas laisser passer cette occasion de lucidité. J'analyse tous leurs mouvements, le moindre détail, tandis qu'ils m'emmènent, me transfèrent, et me déplacent dans un bâtiment que je ne connais pas. Là-bas, on me malmène, on me touche alors que je ne le veux pas, et je lance des regards mauvais aux femmes qui posent les mains sur moi, m'habillent et me maquillent au point de me rendre méconnaissable. Pourquoi font-ils ça? Quel est leur but? Me rendre méconnaissable pour ne pas que certains me reconnaissent? Mais pourquoi? Ils ont peur de moi c'est certain, mais dans ce cas là pourquoi m'avoir laissé m'infiltrer? Il faut que je reste sur mes gardes, je suis sûre qu'ils vont essayer de se débarrasser de moi en première.
J'observe les autres avec attention, mais aussi suspicion. Il y en a peut être parmi eux qui ont pour mission de m'éliminer, comme cette fille qui a l'air si à l'aise avec le présentateur par exemple... C'est louche... Il est louche lui aussi d'ailleurs, beaucoup trop louche, surtout quand il m'interroge, me mettant très mal à l'aise. Il sait. Bien sûr qu'il sait. Je dois garder mon sang froid, c'est important. Reste concentrée Maggie, ils ne t'auront pas.
Mais pas le temps de m'appesantir, on me change déjà de tenue, m'enlevant cette robe noire, de toute façon trop serrée, pour des habits mieux ajustés. A nouveau je m'interroge sur tous ces changements, qui ne me plaisent pas beaucoup et m'angoisse encore un peu plus, mais je dois garder mon calme, ou au moins faire semblant, sinon ils vont me ramener dans cette cage, c'est sûr.
Et en parlant de cage, c'est un peu ce dans quoi nous nous retrouvons tous. Une cage plus grande que celle dans laquelle j'étais, et plus confortable, aussi, mais c'est une cage quand même. La preuve c'est qu'il n'y a pas de fenêtre, et une unique porte, comme dans ma cage.
Il y a un buffet, mais je sais que c'est un piège, j'en suis certaine, et j'essaie d'ailleurs de l'expliquer à la pauvre femme qui s'en approche, qu'elle commet une erreur, mais elle me repousse et je secoue la tête. Je ne peux pas être attentive pour tout le monde, et c'est moi la cible principale, donc tant pis pour elle, on ne pourra pas dire que je ne l'aurai pas prévenue.
La bande d'explication se lance et j'ouvre de grands yeux. Je le savais! J'avais raison! Je le savais! Je commence par le murmurer doucement avant de me mettre à crier :
- J'avais raison!!! Je le savais! Je le savais!!! Je le savais!!!
Je hurle et pars d'un rire jubilatoire. Maintenant tout le monde saura, maintenant plus personne ne pourra dire que je suis folle. J'avais raison, et ils sont tous tellement estomaqués, ils n'étaient pas prêts, mais moi si! Moi je le savais! Et je déjouerai leur plan, ils ne m'auront pas! Jamais, jamais, jamais!
Soragame

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Event 1: L'Annonce]

Message par Soragame »

March Bishop
-Tueuse à gage, Prisonnière-
-25 ans-

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Le directeur de la prison Monsieur Sharp, n'avait pas l'air de très bonne humeur lorsqu'il m'a annoncé la nouvelle, s'il avait pu m'éliminer il l'aurait fait. Je le soupçonne d'avoir tenter sa chance sans succès lui aussi. Après tout qui ne l'a pas tenter? Est-ce que j'ai été surprise? Carrément. Pourquoi moi? Ont-ils seulement lu mon dossier? Je ne suis pas une crème, je ne suis pas ici parce que j'ai volé de la nourriture ou des médicaments, je suis ici car j'ai tué, plusieurs fois. Alors pourquoi avoir pris le risque de me libérer? De toute façon, je ne suis pas assez stupide pour tenter quoi que ce soit, et je ne veux rien tenter. La mort ou la victoire, telle était ma condition quand je me suis inscrite et elle l'est toujours. Je ne veux pas passer ma vie à moisir dans cette prison, à revivre en boucle, les meurtres que j'ai commis, les meurtres qu'il a commis. Le corps d'Ava s'écrasant sur le sol, le sien peu après, par ma main en plus. Les visages effrayé qui s'éteignent. Les cris de ceux qu'il a torturé. C'est ma vie ici, je ne peux rien faire d'autre, ma liberté m'a été prise, aussi bien matériel que psychique. Je suis entouré de criminel qui me rappelle la raison de ma présence ici, et je dois faire face pour ne pas perdre la boule comme certaine. Alors avoir été sélectionné parmi des millier est une aubaine. Je ne laisserai pas ma chance s'envoler, je ne sais pas à quoi m'attendre, mais je suis prête à tout.

-Alors Zari, je t'avais dit que l'espoir faisait vivre.
Un sourire étire mes lèvres, alors qu'elle me regarde avec un détachement feint. Elle est curieuse je le sais, ce n'est pas tout les jours que l'on se fait convoqué chez le directeur. J'aurais bien aimé avoir une preuve à secouer sous son nez au risque de me prendre un coup de poing, tant pis. Je sais que ce n'est pas son genre, elle n'a pas postulé après tout. Tout ce qu'elle veut c'est revoir son fils, je la comprends après tout, c'est elle qui a raison, seulement je n'ai personne à revoir pour ma part.
-Ils m'ont pris, j'ai été sélectionné parmi tout New union. Moi la tueuse de sang froid comme tu dis. Je t'avais dit qu'il voulait de l'audience!
Elle hausse un sourcil, dissimule à peine son étonnement. Evidemment qu'elle est étonné. Je ne sais pas si tout cela s'est joué au hasard, ou si au contraire tout était prémédité, les dossiers évalué pour prendre les candidats les plus susceptible de faire du bruit. Cherchons les pire des prisonnier, les plus rejetés des rejetés et les plus riches des participants, mélangeons les et voyons ce que cela donne. Je ne sais pas qui sont les autres, mais j'imagine que cela sera ainsi.
-Garde toi de le dire Bishop, ou tu ne vivra pas jusqu'au lancement.
C'est un avertissement qu'elle me donne et elle a sans doute raison encore une fois. Mais je ne suis pas sage, je veux m'en venter, me pavaner devant ces prisonnières aux rêves déchu, leur montrer que moi, moi j'ai une porte de sortie. A quel point est-ce puéril? Pourquoi je ressens ce besoin idiot d'étaler un semblant de bonheur dans la face de ceux qui n'en ont pas? Je ne sais pas, et je ne vais pas chercher à le savoir. Et puis ce pseudo bonheur n'est qu'un plaisir éphémère, il ne tardera pas à m'échapper, je ne vais pas arrêter de cauchemarder je ne suis pas stupide.

Ils nous ont maquillé, habillé, comme si ont venait tous du même milieu, et évidemment pas du mien, pas de la rue, non, comme si nous étions tous de riche habitant. Il n'en ai rien pour moi et je ne suis pas la seule, ceux qui sont dans mon cas son facile à repérer, mal à l'aise dans ces costumes qui n'est pas eux, et sans être mal à l'aise pour autant, on reconnait ceux qui porte cette couche de maquillage comme une seconde peau. Personnellement si je n'ai jamais été habillé de la sorte je ne parait pas mal à l'aise, mais je sais qu'il est facilement devinable que je ne viens pas d'un milieu aisé. J'observe les autres candidats rapidement, essayant de repérer qui vient d'où. J'ai reconnu la petite rousse, et le grand métisse, je suis peut-être enfermé depuis deux ans mais je sais encore qui est au gouvernement, la prison n'est pas dépourvu de télé. En parlant de ça; les maquilleuse ont eu du mal à cacher mon visage légèrement tuméfié, rien de trop grave j'ai déjà vécu bien pire mais n'ayant pas écouté le conseil de Zari certaine prisonnière ce sont permis de me refaire une petite beauté à coup de poing. En tout cas elles ont tenté. Finalement mon regard se pose sur Peter, et puis le reste du paysage que je regarde amusé. Toute cette excitation qui est dégagée me fait doucement rire. Le chiffre qu'a annoncé le présentateur m'a quand même sidéré je savais que beaucoup avait tenté leur chance mais à ce point...J'observe de nouveau son échange avec la rousse qui tente tant bien que mal de dissimuler son stress, enfaite elle parait parfaitement à l'aise, et rien ne me montre qu'elle ne l'est pas, ou en tout cas je n'ai pas l'oeil assez aiguisé et concentré pour cela en ce moment, mais je suis prête à parier, peut-être à tord, qu'aujourd'hui personne est complètement à l'aise. Enfin je raconte n'importe quoi car je ne me sens en aucunement anxieuse, et je pense que les petits gosses de riches n'ont pas vraiment de raison de l'être après tout ils vont être les favori. C'est eux qui brillent en ce moment je ne suis pas dupe, quand on a vécu dans la richesse, on doit se sentir comme un poisson dans l'eau actuellement. Les présentation se terminent puis nous sommes démaquillé, déshabillée, pour nous remaquiller légèrement et nous rhabiller avec une tenue qui cette fois me sied parfaitement. Là je suis à l'aise! Puis nous sommes guidé dans un long couloir et la jeune rousse vient m'interpeller. Un sourire amusé étire mes lèves mais je n'ai pas le temps de lui répondre qu'on entre dans une autre pièce pourvu d'un buffet et de fauteuils qui m'on l'air bien plus confortable que n'importe quel endroit de la prison, même l'infirmerie. Puis l'écran s'allume, révélant un paysage sauvage, comme une ville en ruine, une forêt peut-être, j'écoute attentivement les explications, mon regard cesse de briller toute trace amusement quitte mes prunelles. J'ai l'impression d'écouter mon père parler, je ne dois pas respirer trop fort, pas bouger et surtout ne montrer aucun signe de faiblesse, mon visage ne doit rien exprimé, vide...vide.... J'ai réussi à l'imiter son magnifique regard vide, ses yeux glacé et simplement glacé. Et c'est ainsi que je regarde l'écran, comme si bientôt j'allais devoir tué à nouveau. Puis tout se coupe, et mon sourire revient. Ai-je peur? Pas encore, peut-être ce soir lorsque je serais dans mon lit, ou peut-être après, mais pour l'instant il n'y a aucun danger, alors je n'ai aucune raison d'avoir peur. Mes émotions déraillent peut-être, mais pour une fois je remercie mon père pour cela, pour ne pas céder à la panique ou a la colère. Je n'ai pas peur de mourir, c'est ce que je voulais en révélant mes crimes, et je savais des le début que c'était une issue possible en participant à cette émission. La victoire ou la mort. Mes yeux se posent sur la rousse, qui elle ne doit pas avoir l'habitude de ce genre d'environnement. Maintenant qui est à l'aise hein? Je me lève et m'approche d'elle avant de m'agenouiller.

-Calme toi princesse, pour l'instant tu ne risque rien.

Ma voix est assez calme mais je ne suis pas sûre que ce genre de parole soient celles attendu pour rassurer quelqu'un. Je ne veux pas qu'elle nous fasse une crise de panique sur ce sol pour autant, je veux la voir essayer de survivre comme les autres. Je veux la voir souffrir comme j'ai soufferts. Pas par cruauté, je ne veux pas qu'elle meurt, cela me serait bien égale, mais ce n'est pas mon objectif, pas pour l'instant. Alors je vais tenter de lui faire reprendre ses esprits.
Springbloom

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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Event 1: L'Annonce]

Message par Springbloom »

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HATE ME WHEN I'M GONE, I'LL MAKE IT WORTH WHILE I'M SUCCESSFULL
BUT WHEN I'M HERE I NEED YOUR KINDNESS 'CAUSE THE CLIMB IS ALWAYS STRESSFULL
CLUMSILY GAS MYSELF BY THINKING I'LL BE BETTER OFF ALONE
I'LL LEAVE MY PEACE IN PIECES ALL AROUND THE DECENT PEOPLE BACK AT HOME

'CAUSE I'M A BIG BOY, AN ADULT NOW OR NEARLY
IF I PULL THE WOOL BACK FROM MY EYES I CAN SEE CLEARLY
THE WORLD IS AT MY FEET AND I AM STANDING ON THE CEILING
AND I FALL, FALL, FALL, WHEN IT ALL COMES DOWN
AND I WON'T BE CRUSHED BY THE WEIGHT OF THIS TOWN
I FALL FROM THE SKY BUT I WON'T FALL FOREVER
I FALL BUT WHEN I RISE I'LL BE STRONGER THAN EVER

OFFICIAL MAN, DELUSIONS GRAND AND NOW I'M A FREE AGENT
I'M HERE TO MAKE A STAND FOR CAUSES I DON'T UNDERSTAND AND MAKE A STATEMENT
I FALL SHORT ON KNOWLEDGE, I DON'T EVEN WATCH THE NEWS
CAN'T BE ARSED WITH COLLEGE, IT'S NOTHING BUT A HUMAN ZOO

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I'M NOT DEFEATED, I BELIEVE THAT I CAN TURN THIS SHIP AROUND
DESTROY THE STATUS QUO UNTIL I KNOW I FOUND A COMMON GROUND
I'M NOT ALONE, I'M JUST FOCUSED IN MY ZONE, THIS IS EASY
I'M FINE, I JUST NEED TIME TO TURN THIS INTO HOME, I'M GOOD, BELIEVE ME
BELIEVE ME WHEN I SAY I'M GONNA BE

BIG EXPLOSIONS CRACK THROUGH THUNDEROUS MOUNTAINS
HEARTS EXPLODING, MINDS, VOLCANOES POP AND BLOW
I'M NOT ALONE, I'M NOT ALONE
WHO AM I KIDDING ? I'M SAD, NO IDEAS COMING
IT'S DRIVING ME MAD AND I'M FIGHTING IT
IT'S TURNING ME BAD, I'M LOADED, RAGE IS TAKING ME OVER
I JUST WANNA BE HOME WITH ALL MY FRIENDS AND FAMILY
MUM AND DAD, IT'S CLOSING IN ON ME, I NEED RECOVERY, COMING HOME
I'M COMING HOME AND I NEED CLOSURE, I NEED CLOSURE

'CAUSE I'M A BIG BOY, AN ADULT NOW OR NEARLY
IF I PULL THE WOOL BACK FROM MY EYES I CAN SEE CLEARLY
THE WORLD IS AT MY FEET AND I AM STANDING ON THE CEILING
AND I FALL, FALL, FALL, WHEN IT ALL COMES DOWN
AND I WON'T BE CRUSHED BY THE WEIGHT OF THIS TOWN
I FALL FROM THE SKY BUT I WON'T FALL FOREVER
I FALL BUT WHEN I RISE I'LL BE STRONGER THAN EVER


(Copyright : Raleigh Ritchie)


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KASPER, le gardien d'un mystérieux trésor, celui qui se cache au plus profond de mon imagination, et que seules les barrières hissées par mon fort intérieur pourront protéger, n'ayant jamais eu les moyens ni les capacités pour le faire pour de vrai

JOZEF, en souvenir de notre ancien pays, dont un certain Józef Piłsudski aurait permis l'indépendance ; Maman me rappelle souvent que bien que ce soit un honneur de porter son nom, de nombreuses personnes ont porté le nom de Józef sans le mériter, et que c'est la raison pour laquelle je ne dois jamais me reposer sur mes lauriers

SEWERYN, notre nom de famille, notre héritage polonais, et pour l'instant le seul nom de famille que je connaisse qui soit polonais ; Papa dit qu'il aurait des siècles et des siècles, qu'il daterait de l'époque où la Pologne était encore le Royaume des Deux Nations, quand notre famille était parmi les plus puissantes de Cracovie, reconnue pour son sérieux et sa rigueur dans les affaires judiciaires




3 JANVIER 2149 en plein milieu de l'hiver gallois, dans une chaumière recouverte d'une épaisse couche de neige, une forte odeur de feu de cheminée dans l'air

20 ANS a déambuler comme une ombre partout où je vais en espérant un jour trouver ma place ici bas

HÉMOPHILE, enfermé, prisonnier, à jamais considérer comme inapte et faible, réduit à ne jamais pouvoir réaliser mes plus grands rêves

GALLOIS et POLONAIS, curieux et improbable mélange sur ces terres, et pourtant bien réel

BISEXUEL bien que plus amoureux de mes comparses que de mes compagnes

AMBIDEXTRE parce qu'au fil des transfusions, il a bien fallu que j'apprenne à me servir de ma seconde main




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« Homme de verre, Éclat de verre, Fragile, Faible,
Kasper le gosse différent

Kasper le paria
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Fragments d'Exposition
Mouton noir et échappatoire





And these children that you spit on
As they try to change the world
Are immune to your consultations
They're quite aware of what they're going through

~ Bowie ~



Quand l'épidémie était apparue, il y a plusieurs décennies de ça, les aïeuls de Kasper Seweryn se trouvaient d'ores et déjà à l'abri de ce qui allait devenir New Union des années plus tard, quand le reste aurait disparu. Ses représentants les plus âgés, Roman et Liowska, avaient 4 enfants, tous des garçons, dont ils étaient on ne peut plus fiers. L'aîné de la famille, Henryk, en reprenant l'entreprise familiale de textile, a également pris femme. Persuadé de ses capacités à gérer les affaires, il en avait oublié un détail, celui que la mort peut venir nous frapper à tout moment : mort très jeune d'un accident, il ne connut jamais son fils, Narcyz, qui plus tard se débattit corps et âme pour récupérer l'entreprise face à son oncle qui a fait main basse dessus, jugeant cet héritage légitime. L'histoire tumultueuse entre les frères aînés Seweryn pourrait durer longtemps, mélange de nombreuses tensions et de coup bas peu habituels au sein d'une famille par le passé si unie, mais, en réalité, c'est le cadet de la famille, le jeune Mikołaj, qui est l'ancêtre de Kasper. Contrairement à ses frères qui préféraient le gris de la ville et les richesses que pouvaient apporter l'usine Seweryn, Mikołaj préférait la paix et le ciel de la campagne, même si celui-ci était aussi gris.

Dans sa petite bourgade du pays de Galles, éloignée de tout conflit familial, il ne gardait contact qu'avec ses parents, n'ayant jamais apprécié ses frères, et fonda sa propre famille, à l'écart des déboires Seweryn. Il transmit à ses enfants sa passion pour les arts, quels qu'ils soient, et aussi pour la contemplation du monde. Sa première fille devint une des premières poètes de ce nouvel Etat qu'était New Union, la seconde préféra s'enfoncer encore plus profond dans l'isolement, se mariant définitivement avec la nature en devenant une des bûcherons les plus douées de tout le pays de Galles. Quant à son seul et unique fils, Orest, il choisit de rester à la maison paternelle et de se lancer dans un mélange d'arboriculture et d'horticulture sur le vaste terrain vague qui se trouvait non loin.

Ce qu'Orest ignorait en épousant Cécilia, c'est qu'elle amènerait la maladie génétique au sein de sa famille, porteuse d'un gêne dont elle ne savait l'existence elle-même. Ils n'eurent ensemble qu'un seul et unique enfant, et ils le chérirent du mieux qu'ils le purent avec leurs quelques revenus. Ce n'était pas une vie toujours de tout repos, mais aucun d'eux ne s'était jamais plaint de leur train de vie. Orest mourut bien avant Cécilia, sans n'avoir jamais pu rencontrer son petit-fils. Il adressa en revanche ses dernières paroles à Rosa, alors enceinte de son fils Tómas : Meilleurs voeux et qu'il soit heureux, fier d'être un Seweryn.

Il n'a pas fallu longtemps au monde pour se rendre compte que quelque chose clochait avec le fils des Seweryn. Rien qu'à la naissance, il est apparu évident que le jeune Kasper ne serait pas comme les autres enfants. En dehors de son teint très pâle qui venait de ses gênes parentaux et de ses yeux bien plus clairs que la moyenne, le nouveau-né dont venait d'accoucher Mme. Rosa Seweryn était surtout extrêmement chétif, la peau couverte de tâches bleu-violet. Ce qui étonna le plus les infirmières, en-dehors de ces deux éléments, c'était l'absence de réactions de l'enfant face à son entrée dans le nouveau monde. N'importe quel bébé aurait crié, pleuré, se serait débattu, mais pas Kasper, qui semblait impassible, immobile. Et pour cause : à peine arrivé dans le monde des vivants, celui-ci était déjà prêt à revenir au néant.

Il fallu attendre encore près d'un mois d'examens pour que Rosa et Tómas Seweryn puissent enfin ramener leur fils dans son foyer. Entre temps, celui-ci avait une grande source de préoccupations pour le personnel médical, constamment sous surveillance et sous test. Kasper, bien qu'atteint d'hémophilie, avait été jugé apte à pouvoir vivre auprès de ses parents. Bien entendu, il paraissait évident pour quiconque qu'il ne pourrait pas indéfiniment se passer des services hospitaliers, mais le savoir à leur côté était déjà un grand soulagement pour ses parents. Eux, qui avaient toujours voulu avoir un enfant, ne voyait pas en lui une source de problème comme bon nombre d'infirmiers l'avaient laissé entendre, mais une source de joie : peu importe ce qu'on leur dirait sur leur enfant, il resterait à leurs yeux l'être parfait.

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Les premières années de la vie de Kasper ne furent pas de tout repos, entre les miles précautions que devaient prendre ses parents en plus de celles concernant les besoins d'un nourrisson. Plusieurs fois, ils durent retourner précipitamment à l'hôpital, le bambin ayant malheureusement heurté un des pieds de son lit, entraînant une hémorragie interne. Mais tout cela importait peu, les parents se relayant au chevet de leur enfant chaque fois qu'il se devait de se faire transfuser. Néanmoins, les problèmes rencontrés durant ces 4 premières années de vie ne furent rien face à ce que rencontra le jeune Kasper lorsqu'il découvrit le milieu scolaire. On avait pourtant prévenu les parents que le lieu n'était probablement pas adapté pour leur fils et que l'école ne l'accepterait peut être pas en raison des responsabilités et risques que cela impliquaient, mais ceux-ci avaient insisté pour que Kasper grandisse comme tout le monde, parce qu'il n'était pas différent des autres enfants.

Oh, oui, Kasper n'était pas différent. Et justement, tous les considéraient comme un des leurs : c'est bien cela qui fut à l'origine des ennuis qu'ils subiraient par la suite. Pourtant, Tómas et Rosa avaient bien prévenu leur fils que ce seraient une mauvaise idée que de faire les quatre cents coups, qu'il fallait qu'il reste calme et qu'il évite toute activité qui pourrait causer des dommages. Les enseignants étaient au courant, et Kasper était toujours sous surveillance : il ne pouvait n'y faire de sport, ni assister au récréation, ni jouer au ballon. Au début, il ne comprenait pas vraiment pourquoi la maîtresse restait dans la salle avec lui alors que ses autres camarades courraient jouer dehors, sur les balançoires et toboggans dont on lui avait interdit l'accès mais, petit à petit, de voir tous ces gens s'amuser ensemble, sans lui, rire et sourire alors qu'il restait à faire du coloriage a fait naître en lui un sentiment nouveau : l'envie.

Il est des sentiments qui peuvent amener à faire de terribles choses. Difficile de décrire ce qui pouvait bien se passer dans l'esprit de Kasper, qui avait pourtant bien retenu la leçon de ses parents, et il serait lui-même incapable car trop jeune pour réellement se souvenir. Quoiqu'il en fut, il arrivait parfois à la maîtresse de s'éclipser durant sa pause pour se soulager, toujours après avoir bien recommandé à Kasper, le nez entre ses crayons, de ne pas bouger. Mais, en ce lundi matin de mars, le petit enfant n'obéit pas : lorsque son enseignante eut disparu au petit coin, il s'échappa en courant de la salle ouverte. Il n'avait que très rarement l'occasion de courir, et pourtant, il adorait ça. Sa mère répétait sans cesse que c'était dangereux et qu'il ne devait pas, mais sentir le vent dans ses cheveux, ses jambes voler, c'était plus fort que lui : c'était jouissif. De facto, lorsqu'il arriva dans la cour de récréation en pleine ébullition, son coeur battait la chamade, plein d’allégresse et d'adrénaline ; la prof découvrirait d'un instant à l'autre qu'il s'était échappé, et il fallait qu'il en profite maintenant.

Et, pour la première fois de sa vie, il put jouer avec les autres dans la cour, courant pour attraper les autres et pour ne pas faire toucher. Il était heureux comme jamais, bien plus qu'il ne l'était, enfermé dans la classe presque toute la journée. Les autres enfants, qu'ils soient ses camarades de classes ou non, n'avaient pas hésité un seul instant à l'accueillir comme s'il avait toujours été des leurs, et Kasper comprenait enfin que la joie qu'il voyait chez eux par la fenêtre n'était rien comparée à ce qu'il ressentait une fois parmi eux. En fait, ce fut la première fois qu'il prit conscience d'à quel point il était seul dans la salle de classe. Là, entouré de tous les autres qu'ils côtoyaient lorsqu'il s'agissait de faire du découpage mais jamais de faire de l'escalade ou de glisser sur un toboggan, c'était totalement différent.

En fait, c'était la première fois que son esprit enfantin se sentait heureux. Bien entendu, il l'avait déjà été avec ses parents, dans leur petite maison de la banlieue d'Aberystwyth, mais là, la situation n'avait pas de rapport. S'il connaissait déjà certains noms, il parvint ici à savoir de quels enfants il était le plus proche et quels étaient ceux qui l'appréciaient du plus, ou, du moins, ceux qui étaient le plus en mesure de l'apprécier. Et puis, dans une course effrénée pour fuir un camarade devenu désormais chat et un Kasper insouciant désormais devenu souris, la chute arriva. Elle n'avait rien de bien violent, rien de bien soudain. Le pied de Kasper avait simplement rencontré une des grilles d'évacuation des eaux de pluie et n'avait pas su s'en échapper, laissant le petit enfant de quatre ans s'écraser de tout son long sur le sol un mètre plus loin. Certains lancèrent des regards fascinés face au vol plané que venait de faire Kasper, tandis que d'autres couraient chercher un quelconque adulte pour venir aider le garçon en larmes.

Kasper, lui, pleurait pour de multiples raisons, mais personne ne s'en souciait. La seule chose qui importait, sur l'instant, c'était que le jeune hémophile s'était écorché les deux genoux car sa maîtresse n'avait pas été attentive, et que le sang qui s'en échappait ne semblait pas vouloir s'arrêter de couler. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Kasper fuit arraché à ses quelques secondes de bonheur, à la cour, à ses camarades de classes et peut-être ses amis d'une récréation. En quelques instants, le cours des choses venaient de s'inverser : maintenant que tout le monde connaissait le problème du garçon à la peau pâle et au prénom bizarre, plus rien ne serait jamais pareil.

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L'enseignante avait été virée de l'école. A son retour, deux semaines plus tard, les regards s'étaient levés sur le passage de Kasper. On l'avait toujours trouvé un peu bizarre, sans pour autant jamais l'exclure des groupes, mais désormais, il était devenu un mouton noir, la chose qu'on ne peut ignorer et que tout le monde refuse d'approcher. Isolé à l'arrière de la classe, isolé durant les récrés, désormais étroitement surveillé par deux personnes qui se relayaient, il était désespérément seul en permanence. Parfois, on daignait bien jouer avec lui, mais c'était toujours à contrecœur et sur les ordres de l'enseignant. Une fois chez lui, les parents de Kasper restaient avec lui, faisant du mieux qu'ils pouvaient pour qu'il oublie sa solitude quotidienne : eux qui avaient toujours voulu voir leurs enfants grandir comme les autres, ils prenaient petit à petit conscience de l'utopie de ce souhait.

Abandonné dans un coin, sujet aux regards pleins de sous-entendus, Kasper cherchait un moyen de s'échapper de son quotidien morose. Un jour qu'il était encore seul dans la classe, à faire un coloriage sur un quelconque dessin-animé, un crayon bleu dans le main, l'idée lui vint. Il retourna subitement sa feuille sur la face vierge de toute encre et laissa sa main aller et venir comme il le sentait. Le résultat n'était pas totalement celui qu'il avait espéré, mais cela n'empêcha pas Mme. Fleurette de venir le complimenter à propos du dessin de chevalier. Kasper, lui, n'était pas satisfait et se jura qu'il recommencerait et qu'il s'améliorerait.

A la fin de l'année, début juin, le soleil rayonnait tant dehors que Mme. Fleurette n'avait pas réellement le coeur à rester à l'intérieur de la salle. Jugeant que Kasper ne reproduirait plus les événements de trois mois plus tôt, toujours calme au-dessus d'une montagnes de feuilles noircies ou découpées, et qu'elle se reposerait mieux dehors, elle se décida à l'emmener dans la cour de récréation, en le gardant bien sous sa surveillance. Il ne cacha pas un seul instant sa joie : à peine eut-il reçu la nouvelle qu'il s'empara de trois feuilles et quelques crayons avant de se précipiter derrière sa prof. Désormais, il ne cherchait plus à voir les autres et à courir avec eux, mais simplement à trouver le meilleur coin de la cour qui pourrait stimuler son imaginaire.

Bien vite, il se rendit compte que, en-dehors du plaisir que cela lui procurait d'être enfin dehors et de pouvoir profiter de l'extérieur pour s'inspirer de nouveaux dessins, la cour de récréation avait la capacité de devenir une scène bien plus grande que celle délimitée par les bords de ses feuilles. Bientôt, les feuilles et les crayons laissèrent juste place à un enfant et à son imagination qui, incapable de réellement défaire un dragon, trouvait dans la branche morte d'un des platanes de la cour l'épée invincible qui pourrait terrasser le moindre monstre qu'il rencontrerait. Dans un coin retranché de la cour, à l'abri des plus grands bruits mais toujours visible par sa professeur, Kasper rayonnait, seul. Au sein de son imagination, les bancs devenaient des corniches infranchissables, les arbres des créatures monstrueuses, et le moindre rebord un château hanté.

Les autres enfants regardaient mal le petit énergumène s'agiter dans son coin, sans se mélanger aux autres, mais ils continuaient de l'ignorer. Mme. Fleurette, elle, appréciait énormément le jeune enfant, qu'elle prenait un peu en pitié pour sa situation non-désirée et sa manière de s'en dépêtre en autodidacte, qu'elle trouvait plus que courageuse. Au cours des deux années suivantes, elle permit à Kasper d'aller avec les autres en récréation, toujours sous sa surveillance, se prêtant quelques rares fois à ses jeux. Voyant sa passion pour les mondes imaginaires et sa créativité débordante, elle finit par lui apprendre à lire, ce que Kasper fit avec joie. Son apprentissage se fit rapidement, et il se mit ainsi à lire les livres qui se trouvaient sur les étagères de la maison Seweryn, passionné par leur contenu, qu'il soit des plus réalistes, des plus abrutissants ou totalement abracadabrantesques. Les mots dansaient devant ses yeux, et c'était tout ce qui importait.

Enfin, la maternelle prit fin, et Kasper dut quitter Mme. Fleurette et ses enseignements supplémentaires pour la primaire. L'école n'avait rien à voir, et Kasper le comprit bien vite : pour autant, il ne changea pas son comportement. De la même manière que dès l'instant où il rentrait chez lui il se lançait dans des histoires extravagantes où il allait délivrer un dragon des mains d'une terrible princesse, il poursuivait ses histoires durant les pauses, solitaire petit garçon que personne ne comprenait. Dans ce nouveau lieu où personne ne le connaissait, Kasper ne cherchait pas à connaître quiconque, et on lui rendait bien. On ignorait sa maladie, on ignorait tout si ce n'est son nom, et on s'en fichait. Pour tous, c'était l'enfant bizarre qui prononçait des mots incompréhensibles, se persuadant qu'il s'agissait d'incantations de magicien, rien de plus que ça : et ça ne gênait en rien Kasper, qui pouvait continuer de lire et de vivre ses propres aventures.

Mais les rumeurs vont vite bon train, et les enfants sont bien rapidement méchant entre eux, que ce soit sans s'en rendre compte ou bien par défi qu'ils regretteront. Qui fut la source de la rumeur n'était pas le plus important, mais il vint aux oreilles de deux enfants que le gosse bizarre avait un sang particulier car infini. Il ne s'agit pas là de dire que les enfants on bêtes et qu'ils croient tout ce qu'on leur dit : les enfants sont des enfants avant d'être autre chose, et croit en la magie de la vie, prenant conscience au fil des désillusions que celle-ci n'existe pas. Dans le cas de Kasper et de ces deux futurs agresseurs, la magie existait encore, et tout était possible. Après qu'il lui est ouvert la main pour voir effectivement le sang s'en écoulé indéfiniment, il fut décidé que Kasper n'était réellement pas fait pour le milieu scolaire et la vie avec les autres : désormais, il serait élevé à l'hôpital avec les autres enfants qui s'y trouvaient.

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I'D RATHER SIT ALONE AND SIT WITH A BEER
FIND MYSELF A CORNER, YOU FIND ME UP HERE
WON'T YOU LIKE TO DANCE ?
SHOW ME HOW TO DANCE, AND I'M IN
HOLY SHIT IT'S FUN JUST TO JUMP UP AND DOWN
PICK ME UP AND I'LL SWING YOU AROUND
I TOUGHT YOU COULDN'T DANCE. TAKE A CHANCE

SO KAYLA WON'T YOU HOLD ON TO ME
YOU KEEP ON LOOKING AROUND THE ROOM
I'M FINE WITH NOTHING MORE THAN WHAT I SEE
IT SENDS ME SPINNING AROUND THE ROOM

I REACH ACROSS THE ROOM, YOU ALREADY KNEW
YOU CRACK A LITTLE JOKE AS THE FIRE GREW
THE WIND BLOWS IT AWAY
WILL I SEE YOU AGAIN ?

I DON'T KNOW WHAT THIS IS
WHAT COULD IT BE ?
I'M NOT LOOKING FOR LOVE
BUT LOVE'S LOOKIN FOR ME
AND IT'LL DO WHAT IT MIGHT
BUT THIS IS JUST FOR TONIGHT

SO KAYLA WON'T YOU HOLD ON TO ME
YOU KEEP ON LOOKING AROUND THE ROOM
I'M FINE WITH NOTHING MORE THAN WHAT I SEE
IT SENDS ME SPINNING AROUND THE ROOM
SPINNING AROUND THE ROOM


(Copyright : MyKey)


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Fragments d'Inspiration
Harold et Thundera





I love her
Not for the way she danced with angels
But for the way the sound of her name
Could silence my demons

~ Pointdexter ~


Kasper avait failli mourir. Si ça n'avait pas été grâce à un professeur qui passait non loin de l'expérience en cours, il se serait vidé de tout son sang sur le bitume de la cour. Dans son lit d'hôpital, le jeune enfant s'ennuyait à mourir, sans livre ni feuille pour s'occuper l'esprit, et incapable de se lever pour combattre l'air, encore faible. Sa mère et son père venaient souvent le voir durant sa convalescence, amenant avec eux quelques occupations et quelques conversations et anecdotes joyeuses. Néanmoins, Kasper ne souriait que très rarement : en fait il craignait que sa nouvelle future vie soit aux antipodes de celle qu'il vivait avant. Comment pourrait-il continuer de vivre des aventures épiques au sein d'une chambre aussi petite ? Et même, quand serait-il de l'école ?

Ses parents, entre deux silences comprenaient bien son désarroi : le petit enfant voulait plus que tout retrouver les grands espaces, peu importe le danger qu'ils pouvaient bien représenter pour lui et sa maladie. Après une discussion houleuse, il fut décidé qu'il irait dans une école adaptée, à proximité de l'hôpital, mais qu'il rentrerait vivre chez ses parents le reste du temps. Tout le monde s'en satisfaisait, Kasper comprit. Il ne lui restait plus qu'une seule semaine à passer dans cette chambre et il serait libre d'aller où il voulait dans son jardin.

Elle fit son apparition le troisième soir. Alors que Kasper somnolait, un vent avait soulevé les rideaux qui entouraient son lit, le sortant de sa transe. En se redressant pour voir ce qu'il se passait, il avait entendu du bruit de l'autre côté. Il lui était encore fortement déconseillé de se lever en absence d'un infirmier, mais il s'était tout de même glisser en-dehors de ses draps pour voir de quoi il s'agissait. Une fenêtre avait été ouverte, et c'était de là que venait le courant d'air, du moins c'était ce qu'il croyait, jusqu'à ce qu'il voit, de l'autre côté de la pièce, celle qui regardait le ciel nocturne. Elle devait avoir a peu près son âge, une chevelure rousse flamboyante descendant le long de ses côtes amaigries, tranchant totalement avec son visage pâle aux regards vitreux. On aurait presque dit qu'un fantôme aux cheveux de feux venait d'apparaître en fauteuil roulant dans la pièce.

- Qui es-tu ?, lui demanda Kasper, surpris par cette intrusion dans son petit dortoir habituellement toujours vide.

Elle ne répondit pas, se contentant de fixer un point dans le ciel, sans doute une étoile. Kasper ne comprenait rien à celle qui lui faisait face. Il avait vu de nombreuses personnes avoir des comportements étranges ici, quelque soit leur âge, mais il semblait toujours avoir conscience du lieu où il se trouvait : là, l'inconnue semblait ailleurs, dans une sorte de transe incompréhensible, et elle ignorait complètement Kasper, si seulement elle l'avait vu. Il réitéra sa question : sans succès. Elle ne bougeait pas un cil, figée, paralysée dans le temps. Une brise glaciale s'engouffra dans la pièce, et Kasper claqua des dents avant de fermer la fenêtre.

- Tu penses que, lorsqu'on meure, on devient une étoile, et que, lorsque celle-ci s'efface, c'est qu'on nous a totalement oublié ?

Elle n'avait pas fait un seul mouvement : seules ses lèvres avaient bougé pour laisser échapper ce son rauque, grave et étonnant venant d'une aussi jeune fille. Du haut de ses presque huit ans, Kasper était surpris par les propos qu'elle tenait : on aurait dit qu'ils sortaient tout droit d'un des livres qu'ils lisaient sans vraiment trop en comprendre le contenu moral et philosophique. Elle, en comprenait elle le sens ? Voyant que Kasper ne réagissait pas à sa question, à laquelle elle n'attendait pas vraiment de réponse, elle continua.

- Si je meurs demain, aucune nouvelle étoile n'apparaîtra dans le ciel. J'ai toujours rêvé de devenir une étoile, de briller aux yeux du monde entier, de devenir un être que l'on ne peut détester, aimer de tout ceux qui me verrait. Tu penses que tu pourrais m'aider à devenir une étoile ?

Elle s'était enfin tournée vers lui, détachant pour la première fois son regard de la vitre désormais refermée. Kasper ne put s'empêcher d'avoir un mouvement de recul lorsqu'il aperçut les deux iris gris tempête l'implorant d'accepter, deux yeux rougis par des larmes qu'elle avait dû effacé avant qu'il ne la voie. Il acquiesça, sans vraiment savoir ce qu'il pourrait bien y faire.

- Je suis Kasper. Comme le fantôme.

- Je suis Kayla. Et j'en serais bientôt un.

Et, comme elle était apparu, elle disparut, faisant légèrement grincer les roues de son fauteuil en faisant demi-tour. Kasper resta planté là, à regarder l'endroit où elle s'était tenue, n'ayant pas le courage de la suivre.

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Au vu de son âge, il s'était attendu à la retrouver dans la cour de l'école le jour de la rentrée, mais elle n'y était pas. Il n'avait parlé à personne de sa rencontre avec Kayla, parce que même lui n'était pas certain que ce ne fusse pas un rêve et qu'on se moquerait de lui si on apprenait qu'il confondait rêve et réalité. Qui plus est, le fait qu'elle ne fusse pas là le jour de la rentrée tenait à confirmer l'hypothèse qu'il avait probablement rêvé. Ou même, mais il ne préférait pas y penser, que Kayla était partie à tout jamais.

Même en retenant cette hypothèse, Kasper n'avait pas pu s'empêcher, le soir venu, de se glisser en-dehors de chez lui pour contempler la voûte à la recherche d'une nouvelle étoile. Il lui était arrivé quelque fois de contempler le ciel nocturne, mais discerner quelque chose dans cet amas était bien trop difficile pour lui. Alors il avait fermé les yeux, se concentrant, ne répétant en boucle tout ce qu'il savait d'elle : son prénom. Kayla, cinq lettres, deux syllabes, un doux son qui n'évoquait en lui rien d'autre que ce regard implorant. Il ne savait pas vraiment s'il l'avait pris en pitié, mais, ce qui 'était certain, c'était qu'elle l'avait prise au dépourvue et qu'elle lui rappelait son rôle imaginaire de chevalier télékinésiste qui se doit de sauver quiconque le demande. Quand il rouvrait les yeux, aucune étoile n'apparaissait ou ne brillait plus que les autres : il ne savait pas quoi en penser.

A l'école, tout se passait mieux. La plupart des autres élèves semblaient normaux, comme lui, mais d'autres étaient difformes, en fauteuil, parfois chauves. A mesure du temps qu'il passait là, il découvrit qu'il faisait parti des rares chanceux qui avaient encore ses deux parents et/ou qui n'avaient pas été abandonnés par eux. En revanche, après plusieurs mois restés sur place, dans son coin habituel à ne pas se mélanger aux autres, spectateurs des autres vies et acteur de celle qu'il avait inventé pour lui, il remarqua que de nombreux enfants partaient de l'école et n'en revenaient pas, tandis qu'ils découvraient parfois de nouveaux visages et de nouveaux prénoms. Il avait fini par questionner son professeur à ce sujet, et il s'était brouillé en explication : Kasper comprit seulement que certains enfants guérissaient et que d'autres tombaient malades et venaient donc un temps dans l'école. Malgré ses explications maladroites, Kasper n'était pas bête, notamment parce que ses parents lui répétaient souvent : lui ne guérirait pas.

Peu de temps après ces réponses, il ne put s'empêcher de se demander si Kayla avait guéri elle aussi. La jeune fille ne parvenait pas à quitter ses pensées, l'hantant comme un fantôme pouvait vous hanter. Elle ne lui était apparu qu'une seule fois, mais, au vu du peu de contact social qu'il avait avec autrui, elle lui avait fait l'effet d'une bourrasque inoubliable. Si elle était guérie, se sentait-elle mieux là où elle était ? Peut-être qu'au moins, quelqu'un se souviendrait réellement d'elle et elle pourrait devenir une étoile...Plus d'une fois, il était arrivé à Kasper de sortir observer le ciel nocturne, allongé dans l'herbe. C'était presque un fait quotidien, à vrai dire : Kayla l'obnubilait. Ces quelques mots qu'elle avait prononcés étaient comme gravés dans son esprit. A maintes reprises, il s'était lui aussi demandé s'il pourrait devenir une étoile s'il venait à mourir, et qui se souviendrait de lui une fois ses parents morts. Kayla peut-être. Elle se souviendrait de lui comme le fantôme qui ne faisait peur à personne comme lui se souvenait d'elle comme celle qui en deviendrait peut-être un.

Une année, puis quatre se sont écoulées, sans aucun heur dans la vie de Kasper. Celle-ci n'était pas des plus trépidantes par ailleurs, mais il se satisfaisait de sa solitude, des regards de soutiens de autres élèves et enseignants : il faisait parti des rares qui ne partiraient jamais, après tout. Au cours des dernières années, son trait s'était amélioré et il était devenu un talent rare dans le dessin : sa mère ne cessait de dire que ses dessins prenaient vie sous la mine de son crayon et qu'il devrait arrêter de griffonner ses pattes de mouches autour, qui gâchaient selon elle ses chefs-d'oeuvre. Kasper ignorait ses remarques : ses "pattes de mouches" c'était ses pensées les plus profondes, ses rêves, toutes les histoires qu'ils imaginaient pour les personnages qu'il créait. Des histoires sans fin, des histoires fantastiques, celles qu'ils ne pourraient jamais réellement vivre mais qui, pourtant, sur le papier, vivaient, elle.

- Harold le chasseur de géants ? Il ne s'appelle pas Jack dans l'histoire du haricot magique ?

Comme elle avait disparut, elle était revenue. Un jour où Kasper avait dû passer un examen de contrôle, elle s'était glissée dans sa chambre et s'était posée juste à côté de son lit, avant de s'emparer du dessin qu'il était en train de faire. Elle avait grandi : ses cheveux étaient désormais plus courts, et un des mèches était tressée, adoucissant le rouge flamboyant qu'elles dégageaient. Son regard gris n'exprimaient plus aucune tristesse ni crainte, mais une grande force de caractère et une détermination sans faille. Kayla tranchait complètement avec celle qu'il avait autrefois aperçu, et la seule qui rappelait bien à Kasper à qui il faisait face, c'était les roues sur son fauteuil.

- Harold a rien à voir avec cette histoire pour les enfants, grommela Kasper en lui retirant le dessin des mains. Où t'étais passée ? T'es pas censé avoir cours avec nous ?

- Mouais, minauda-t-elle en faisant rouler les rayons pour se placer en face de lui, au bout du lit dans lequel il était assis. J'étais ici et là, un peu partout à la fois, je suppose. Et j'avais pas le temps pour les cours.

- Qu'est-ce que tu peux bien avoir à faire à douze ans pour ne pas avoir à étudier ? Tout le monde se doit d'aller à l'école, c'est obligatoire.

- Pas moi, fit-elle en haussant les épaules. Il faut que j'apprenne à mourir avant que le jour n'advienne, sinon j'ai trop peur de rater mon seul moment. Imagine si je meurs dans une position ou une situation défavorable, en faisant une grimace ou aux toilettes...Horrible. Je me dois d'être un minimum présentable pour le seul moment que l'on retiendra de moi.

Elle était à l'opposé de ce dont Kasper se souvenait. Il y avait toujours le même ton pessimisme, mais plus du tout le même comportement. On aurait dit qu'elle essayait de combattre la fillette apeurée qu'il avait rencontré. Qu'elle essayait de combattre la peur de la mort. Ou même...la mort elle-même. Tout son corps ne répondait qu'à ce seul but, cet unique objectif, de vaincre la Mort. Et cela donnait des idées à Kasper. Elle ne cessait de proliférer dans son esprit.

- Kayla ?

Elle semblait surprise qu'il souvienne de son nom.

- Je pense que je sais comment t'aider à trouver la plus belle de toutes les morts. Tu serais en mesure de revenir la semaine prochaine ? J'ai un autre examen à passer, je serais de nouveau à l'hôpital.

Intriguée par la proposition, elle acquiesça avant de sourire. Un sourire que Kasper n'avait jamais vu de personne, suivie de cette même voix grave et puissante, qui se mariait merveilleusement bien aux deux prunelles orageuses de sa porteuse.

Je savais que j'avais bien fait de venir dans ta chambre. Tu es vraiment un fantôme gentil, petit Kasper.

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Kayla est revenue la semaine suivante pour découvrir Thundera. Thundera était forte, indépendante, libre et sauvage ; elle avait surpassé son handicap en apprenant à léviter. Tout le monde la connaissait et la respectait, à telle point que la Mort lui avait accordé la possibilité de vivre plusieurs fois, certaine qu'elle saurait faire bonne usage de ces capacités. A eux deux, Thundera et Harold parcourait la terre entière pour amener la justice là où elle avait disparut. Thundera la guerrière aux cent vies, capable de voler, et Harold le chevalier magicien prêt à tout pour défendre ses valeurs. Il formait un duo invincible, unis dans l'adversité, dans la défaite tout autant que dans la victoire.

Elle avait adoré le personnage. Le croquis de départ que je lui avais fait, celui d'une jeune femme au regard et à la chevelure de braise, s'est amélioré grâce à ces conseils. Tous les deux, nous avons construit nos deux personnages durant toute l'après-midi, les faisant naître aussi bien dans nos esprits que sur une dizaine de feuilles que j'avais amenée. Je voyais déjà les aventures que les deux personnages vivraient, presque indestructibles, et je nous imaginais les vivre ici, par des mots et des silences complices. Le regard déterminé et froid de la semaine dernière s'était adoucit et brillait désormais d'un nouvel éclat, une lueur de joie et d'espoir.

- Kayla, je te promets que je reviendrais te voir, lui juré-je à la fin de la journée, conscient que mes prochains examens seraient dans longtemps et que je n'avais aucune raison d'aller à l'hôpital pour la revoir en dehors de ce temps.

Après réflexion, il n'y avait qu'un seul moyen de s'assurer que Kasper soit envoyé à l'hôpital. Il avait bien conscience que ce serait une source d'inquiétude pour ses parents, un danger pour lui même et que, en réalité, il pourrait attendre le prochain examen pour revoir Kayla. Il avait bien vécu des années sans elle, avec juste son jardin et sa solitude pour faire vivre les histoires qui naissaient dans son esprit : pendant plus d'une demi-douzaine d'années, Harold n'avait jamais eu besoin de personne à ses côtés pour combattre le mal. Mais, sans Thundera, Harold perdait de sa vivacité, et, sans Kayla, Kasper perdait de son inspiration : les aventures d'Harold étaient beaucoup plus ternes et ne le passionnaient plus comme avant. Cependant, il fallait qu'il trouve une véritable manière de se blesser, une raison valable qui passe pour un accident et pas pour un acte délibéré.

Deux jours plus tard, il était relié à une intraveineuse dans son lit d'hôpital, la paume de sa main droite complètement bandée. Au milieu de la nuit, il avait réveillé ses parents, la main ensanglantée par une coupure due au livre qu'il lisait : le papier était tâché de gouttes rouges. Il avait souffert et était extrêmement affaibli, mais il ne pouvait se défaire du sourire sur son visage. Lorsque son infirmier disparut, elle fit son apparition, ses roues couinant sur le carrelage tout juste lavé. Elle dégageait une énergie nouvelle, tout comme Kasper, à vrai dire : ils avaient tous les deux hâte de reprendre l'aventure.

Trois années s'écoulèrent ainsi, Kasper venant régulièrement rejoindre Kayla grâce à des blessures infimes pour n'importe qui, mais potentiellement mortelles pour n'importe qui d'autre. Elle avait bien conscience qu'il mettait sa vie en danger pour elle et que c'était débile qu'il fasse ça pour une future morte. Un jour, elle avait fini par lui avouer qu'elle n'atteindrait jamais la majorité, avec un regard triste qu'il n'avait plus vu depuis le soir où il l'avait rencontré. Elle souffrait de plus en plus de sa maladie à mesure que le temps passait, et, malgré ses sourires chaque fois qu'elle voyait Kasper, il s'apercevait bien qu'elle agonisait, lentement mais sûrement. D'une pâleur presque cadavérique, elle en avait aussi les traits, fatigués et tirés. Elle n'avait pas seize ans que son visage était déjà émacié.

- Kasper, j'ai pris ma décision. J'en ai marre d'attendre la mort, et de ne voir que la douleur me répéter qu'elle ne tardera pas. J'ai décidé de partir moi à même à sa recherche, déclara-t-elle avant de marquer un temps d'arrêt et de poursuivre : j'espère que je pourrais un peu danser avec les étoiles...

Pour dire vrai, la nouvelle ne l'étonnait qu'à peine. Il s'était préparé à l'éventualité, comme s'il savait que le jour viendrait, et il était persuadé que l'information ne lui ferait rien. Le hic, c'était qu'il s'était persuadé tout seul qu'il ne resterait neutre face à la nouvelle. Peut-être était-ce parce que Thundera venait de donner sa quatre-vingts dix-neuvième vies pour sauver celle d'Harold, encore, et qu'elle était désormais vulnérable à toute attaque, mais il ne put s'empêcher de laisser une larme perler sur sa joue pâle.

Kasper avait tendue sa main à celle de la jeune fille, lui murmurant doucement "et si tu dansais plutôt maintenant". Baignant dans l'incompréhension, elle l'avait prise, avant de se sentir soulevée par les bras de Kasper ; il n'était pas spécialement musclé, mais le corps de Kayla était aussi léger qu'une plume : on aurait dit que ses os s'entrechoquaient entre eux dans le peu d'espace qu'ils avaient. Elle n'avait plus quitté son siège depuis des années, en-dehors des nuits passée seule dans sa chambre, et ne plus sentir le métal froid sous ses bras lui faisaient tout étrange. Kasper, un bras sous ses épaules et l'autre sous ses genoux, la porta jusqu'en dehors de l'hôpital, après quelques pirouettes stupides qui la firent rire aux éclats. Elle ne se souvenait pas de la dernière fois qu'elle avait pu profité des rues calmes d'Aberystwyth, toujours maintenue dans les environs de l'hôpital.

Après plusieurs minutes de marche crépusculaire, ils s'étaient tout deux posés dans une prairie de la banlieue est, où un vilain air marin parvenait. Kayla était plus que jamais aux anges : c'était la plus belle danse qu'on ne lui ai jamais proposé. Elle qui avait toujours été persuadée qu'elle ne pourrait plus jamais faire un seul pas, elle venait d'en faire à la veille de son entrée dans l'au-delà. Et pas des moindres : elle était allongée dans l'herbe la plus verte à ses yeux, contemplant, fascinée, son dernier coucher de soleil, le plus beau sur terre à ses yeux.

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I DON'T EVEN KNOW MYSELF AT ALL
I THOUGHT I WOULD BE HAPPY BY NOW
THE MORE I TRY TO PUSH IT I REALIZE
GOTTA LET GO OF CONTROL

GOTTA LET IT HAPPEN
SO LET IT HAPPEN

IT'S JUST A SPARK
BUT IT'S ENOUGH
TO KEEP ME GOING
AND WHEN IT'S DARK OUT
NO ONE'S AROUND
IT KEEPS GLOWING

EVERY NIGHT I TRY MY BEST TO DREAM
TOMORROW MAKES IT BETTER
AND I WAKE UP TO THE COLD REALITY
NOT A THING HAS CHANGED

BUT IT WILL HAPPEN
GOTTA LET IT HAPPEN

AND THE SALT IN MY WOUNDS
ISN'T BURNING ANYMORE THAN IT USED
IT'S NOT THAT I DON'T FEEL THE PAIN
IT'S JUST I'M NOT AFRAID OF HURTING ANYMORE

AND THE BLOOD IN THESE VEINS
ISN'T PUMPING ANY LESS THAN IT EVER HAS
AND THAT'S THE HOPE I HAVE
THE ONLY THING I KNOW IS KEEPING ME ALIVE
ALIVE

IT'S JUST A SPARK
BUT IT'S ENOUGH
TO KEEP ME GOING
SO IF LET GO OF CONTROL
NOW I CAN BE STRONG
AND WHEN IT'S DARK OUT
NO ONE'S AROUND
IT KEEPS GLOWING

IT'S JUST A SPARK
BUT IT'S ENOUGH
TO KEEP ME GOING
SO IF I KEEP MY EYES CLOSE
WITH THE BLIND HOPE
AND WHEN IT'S DARK OUT
NO ONE'S AROUND
IT KEEPS GLOWING


(Copyright : Paramore)


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Re: ● Les Chasseurs de Vie ● [Event 1: L'Annonce]

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Fragments d'avenir
Je serais le forgeron de ma propre vie



L'avenir est là ; il nous appelle,
ou plutôt il nous tire à lui :
cette traction ininterrompue,
qui nous fait avancer sur la route du temps,
est cause aussi que nous agissons continuellement

~ Bergson ~
- Il y a une chose que je voulais te demander avant qu'on en rentre, Kasper. J'ai demandé à être incinéré demain, et je voudrais que tu disperses les cendres. Tu pourrais faire ça, pour moi ?

La nuit était tombée, et aucun des deux n'était plus en mesure de voir l'autre, ce qui n'empêcha pas Kasper d'acquiescer et Kayla de deviner le geste. Les lueurs orangées de la fin du crépuscule avaient laissé place à une voûte céleste scintillante, et Kasper se demandait si une nouvelle étoile y verrait le jour demain ; Kayla, elle, se demandait si elle brillerait aussi longtemps que Kasper vivrait : tous deux avaient déjà accepté de se quitter à jamais.

- Il y a une chose que je ne t'ai jamais demandée, Kasper. Quand je serais morte, qui te permettra d'être une étoile à ton tour ?

Ce fut la dernière question que Kayla lui posa, sur le chemin du retour, et il fut pas en mesure de répondre. La nuit, il ne put dormir, conscient que son amie vivait ses derniers instants. Qui se souviendrait de lui quand il serait mort, qui le ferait briller ? Et même, lorsqu'il serait mort, qui ferait briller Kayla ? Toutes ces questions le hantaient, le taraudaient et ne cessaient de le faire douter et le remettre en question : la fatigue ne parvint même pas à l'atteindre.

Il n'avait versé aucune larme. Lorsqu'il se rendit à l'accueil, le lendemain, prêt à exaucer le dernier souhait de Kayla, à savoir le même que Thundera, être dispersée sur une prairie mitoyenne de la mer, il n'arborait aucune autre expression que celle à laquelle il avait habitué tous les infirmiers : une neutralité des plus totales, une blasitude horripilante. Il ne voulait pas qu'on sache qu'il était touché, vulnérable : il en avait marre d'être toujours perçu ainsi, comme celui qu'on devait prendre en pitié.

- Kayla m'a demandé de disperser ses cendres.

Il ne s'était pas aperçu que sa voix avait mué au cours de l'année de ses quinze ans. A l'approche de ses seize années d'existence, sa voix était devenue presque aussi rauque et grave que celle de Kayla dans ses derniers jours.

Le responsable de l'accueil haussa un sourcil circonspect avant de taper sur son clavier, ce qui semblait durer une éternité. A mesure qu'il cliquait sur les touches, ses sourcils semblaient de plus en plus se froncer, son regard allant de l'écran à l'adolescent qui lui faisait face.

- Ecoute, petit, j'ai pas que ça à faire de répondre aux blagues des jeunes qui passent dans le coin. Ici, on cherche à sauver des vies, on s'amuse pas. La fille que tu cherches, là, Kayla, elle existe pas. On a jamais eu de Kayla, ni ici, ni à la morgue, depuis la création de New Union. Nada dans les archives, alors fous le camp, j'aime pas les enfants comme toi.

Kasper ne bougea pas pour autant, ce qui sembla agacer l'interne derrière le bureau, préoccupé par d'autres affaires. Il devait être nouveau, parce que tout le monde où presque le connaissait. Peut-être simplement que c'était lui qui se payait sa tête parce qu'il avait l'air d'un adolescent débile, avec son acné qui parsemait son visage. Kasper réitéra la demande. L'interne l'ignora avec un roulement d'yeux exaspéré. Kasper n'en démordit pas et répéta une nouvelle fois la question, précisant qu'il était certain que la patiente se trouvait dans cet hôpital puisqu'il l'avait côtoyé pendant sept ans. L'interne haussa un sourcil et lui demanda son nom, qu'il tapa sur l'ordinateur.

Kasper ignorait ce que l'interne lisait sur son écran, mais ses sourcils ne cessaient de se mouvoir, se haussant et se fronçant toutes les secondes. Bien qu'essayant de rester stoïque, un profond malaise commençait à envahir le jeune homme qui ne comprenait pas ce qu'il se passait. Si Kayla n'était pas inscrite dans les registres, que faisait-elle dans l'hôpital ? Et puis, même, si elle traînait simplement dans l'établissement depuis le début, qui avait organisé sa mort et avait transporté son corps à l'incinérateur ? Tout ça n'avait aucun sens, et Kasper commençait à avoir mal à la tête. Le visage blême de l'interne n'aidait en rien à améliorer son état.

- Veuillez patienter quelques secondes, Monsieur Seweryn, je vous prie.

Il décrocha son téléphone et pianota sur le clavier. Avant que son interlocuteur n'ait pu répondre, Kasper sentit ses mains se mettre à trembler, et il croisa les bras pour les dissimuler. Il se sentait soudainement terriblement mal, presque sur le point de défaillir. Une violente migraine s'emparait de lui, et il n'était pas en mesure de suivre la conversation téléphonique face à lui. Il s'effondra sur le sol.

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- Réveille-toi, Kasper. Il faut qu'on parle.

Enième consultation, énième même phrase répétée en boucle. Kasper pourrait penser chacun des mots qu'il allait dire avant même qu'il ne les prononce. N'est-ce pas étonnant après presque quatre ans de consultations deux fois par semaine ? Il soupira, croise les bras et fixe le plafond crème du cabinet : au moins, l'appui-tête était confortable. Aujourd'hui encore, comme à son habitude, il allait sans doute lui prescrire les mêmes médocs inutiles que les fois précédentes, et il ne les prendrait pas. Il était majeur depuis bientôt deux ans, il avait passé l'âge d'obéir à ses parents qui lui recommandaient de faire attention, paniqués à l'idée que leur unique fils déjà malade physiquement ne le devienne également mentalement.

- Comprends bien, Kasper, reprit le psychologue pour le vent, il faut que tu acceptes que Kayla est le fruit de ton imagination, que tu l'as inventé pour passer outre ta maladie et ta solitude. Elle n'a jamais existé ailleurs que dans ton esprit. Tant que tu ne l'auras pas affirmé, nous ne pourrons pas aller plus loin dans ta thérapie.

Au fur et à mesure des années, il lui était arrivé de plus en plus souvent de ne plus faire preuve de délicatesse avec Kasper, lui annonçant de but en blanc qu'il avait passé sept ans de sa vie avec pour seule amie une hallucination. Peut-être qu'il devait changer de psychiatre, en fait. Se faire rabrouer toutes les semaines que votre enfance n'a rien eu de normal n'est en général pas des plus faciles à admettre. Et, pourtant, Kasper encaissait sans rien dire, et ce à chaque fois. Le psychiatre semblait ne rien comprendre à son état, sain d'esprit et de corps alors qu'aucun des deux ne devraient normalement aller bien. Il avait bien essayé plusieurs fois d'étudier le comportement de Kasper en état d'hypnose, mais c'était peine perdue, Kasper restait muet comme une tombe.

Kasper admirait néanmoins sa persévérance. Bien qu'il n'en ait que de très vagues souvenirs, le psychiatre et lui-même s'étaient déjà vus avant le fameux jour de la mort de Kayla, mais depuis celui-ci, Georges Hemmings (puisque c'était son nom) était fasciné par le cas Seweryn et voulait absolument poursuivre jusqu'au bout avec le patient. Il l'avait dit : il n'en démordrait pas. Et Kasper l'avait assuré : lui non plus ne cracherait jamais ses sentiments vis-à-vis de la non-existence de Kayla ou les aventures qu'ils avaient vécu ensemble. Moins Georges en savait, plus en sécurité Kasper se sentait : la moindre information qu'il apprendrait suffirait à Kasper pour avoir l'impression que sa bulle de protection, en place depuis bientôt vingt ans, explose et ne soit plus rien face au monde extérieur.

Peut-être bien que ce jour-là, Kasper en avait eu marre de mentir à Georges, de lui cacher la vérité. Il avait, depuis le lendemain de sa " mort ", accepté que Kayla ne fusse qu'un rêve qu'il s'était construit, de la même manière qu'ils avaient bâti Harold et Thundera tous les deux et c'était même ce qui avait causé sa première crise de panique qui l'avait fait s'effondrer sur le carrelage glacial du hall d'accueil de l'hôpital. Mais il avait accepté, avec difficultés certes, que Kayla n'était qu'une image. Kasper n'était pas fou et en avait conscience, et il n'avait aucunement besoin de l'aide d'un quelconque psychiatre pour s'avouer ses hallucinations et en chercher l'origine.

Car Kasper avait fini par comprendre pourquoi il s'était bâti cette amie, pourquoi il avaient passé autant de temps ensemble, pourquoi elle était aussi spéciale, différente, aussi dure de caractère et aussi philosophique. Et sans jamais requérir l'aide de personne, parce qu'il n'en avait pas besoin. Peu importe les diplômes de George, il ne suffirait pas à ce qu'il comprenne ce que Kasper allait faire, et, surtout, durant toutes ces années, il avait craint qu'on ne l'en empêche : c'était probablement pour ça d'ailleurs qu'il s'était toujours tu. Mais, maintenant, il pouvait tout dire. Il était trop tard pour revenir en arrière.

- Dites, Georges, je vous ai déjà dit quels avaient été les derniers mots de Kayla ?

- Dis les moi donc, fit-il, surpris par la remarque, en tournant son calepin pour arriver sur une feuille vierge : cela faisait longtemps que Kasper ne lui avais rien dit, et ça se voyait dans ses yeux qu'il brûlait d'envie de comprendre mieux le jeune homme.

- Elle m'a dit " Quand je serais morte, qui te permettra d'être une étoile à ton tour ? ". C'était une référence à la première discussion que nous ayons eu, le soir de notre rencontre. Elle était persuadée qu'elle mourrait dans peu de temps ce jour-là, et elle s'inquiétait de son avenir post-mortem.

Georges notait tout, mais comme celui qui cherchera un sens plus tard, ne comprenant pas maintenant. Kasper avait beau être heureux de faire autant d'impression, il ne cherchait plus à continuer la thérapie et voulait définitivement mettre un terme à toute cette histoire : il ne laisserait pas le temps à Georges de se questionner, il lui donnerait toutes les clés et lui pointerait les serrures, à lui de voir s'il voulait voir au-delà.

- J'aimerais vous dire qu'il m'aura fallu de longues années pour comprendre ce que signifiait cette phrase, mais je crois que c'est l'interne qui, de par le simple " il n'y pas de Kayla dans tout New Union, et ce depuis sa création " qui m'a permis de savoir ce qu'il m'était arrivé. Ne vous vexez pas, je suis sûr que vous êtes très bon psychiatre, mais je n'ai rien d'un fou qui ne saurait différencier rêve et réalité, plus d'un vieil érudit qui aurait testé des champignons hallucinogènes et se demanderait si ses visions ont eu un sens. Je l'ai donc trouvé, et oeuvre à celui-ci depuis que Kayla a disparu. J'attendais mon opportunité, et maintenant, elle m'est tombée entre les mains.

Les réactions de Georges feraient presque rire Kasper tant elles sont comiques. Lui, qui doit au moins avoir quinze de plus que le jeune homme, semble totalement décontenancé par son comportement soudainement très franc. D'une certaine manière, il rappelle un peu à Kasper lui quand il essayait de rester le plus neutre possible face à toute information pouvant le déstabiliser, mais en échouant lamentablement. Jugeant que le suspens ne durait que trop, Kasper continua son monologue.

- D'après vous, pourquoi Kayla se demanderait si elle deviendrait une étoile ?

Georges haussa les épaules, sans que Kasper ne puisse déterminer s'il souhaitait juste le laisser continuer ou s'il n'avait aucune idée de la réponse. Dans tous les cas, sa question n'attendait pas spécialement de réponse.

- Elle voulait vivre. Incapable de pouvoir être celle qu'elle voudrait être, elle espérait pouvoir vivre, subsister quelque part dans les esprits des autres, vivre grâce à eux cette vie rêvée. Et moi, contrairement à elle, je suis en mesure d'être celui que je veux, l'espace d'un instant. J'ai tout donné pour pouvoir le Kasper que vous ne vouliez pas que je sois, et désormais je l'ai atteint et je me fiche de savoir si je mets ma vie en danger ou non. A partir d'aujourd'hui, quoi qu'il advienne, je n'aurais aucun doute, contrairement à Kayla : je sais que j'aurais vécu en sachant qui j'étais et que je mourrais en étant ce que j'ai toujours voulu être, avant devenir un étoile à mon tour. Regardez moi bien briller !

Et, sur cette dernière phrase, il était sorti de la pièce, bien décidé à ne plus y remettre les pieds.

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- Oh mon dieu, Kasper, ne me dis pas que tu as fait ça !

Ses deux parents étaient en état de choc. Aucun des deux ne reconnaissaient leur fils, pas dans cette attitude. Son psychiatre, le Dr. Hemmings, les avait cependant prévenus dans l'après-midi que Kasper s'apprêtait très probablement à faire quelque chose de grave, potentiellement mortel, mais ils n'avaient jamais imaginé que ce fusse également le cas des quatre dernières années.

- Je ne veux pas le croire, je ne veux pas le croire...ne cessait de répéter sa mère. Tu aurais pu mourir, es-tu complètement inconscient ?

- Et alors, tu vois bien que je suis toujours en vie, que j'ai réussi à m'en sortir sans problème ? Il est vrai que j'ai eu quelques blessures mineures, que j'ai eu quelques bleus et autres coupures qui m'ont ramené à Aberystwyth, mais elles n'ont jamais semblé vous déranger plus que les précédentes.

Il n'en revenait pas que ses propres parents ne le soutiennent pas dans ces projets. Eux qui avaient si souvent répétés qu'ils désiraient plus que tout au monde que Kasper grandisse comme tous les autres et qu'il ne soit pas considéré comme différent, les voilà à s'inquiéter de lui, sur le chemin de l'âge adulte, et à vouloir lui tracer toute sa vie ? Et pourquoi, en plus ? Pour qu'il passe le reste de son temps enfermé entre les murs de l'hôpital, à l'abri du danger ? Il en était hors de question.

- Oui mais...

- Oui mais quoi ? répliqua Kasper à son père. Je ne suis plus un " enfant comme les autres ", c'est ça ? C'est différent parce que vous venez de l'apprendre ? A quoi est-ce que vous vous attendiez de ma part, bon sang, j'allais pas rester toute ma vie docilement assis derrière une feuille ! Avouez, vous priiez pour que je ne quitte jamais ma soif artistique pour que je reste toute ma vie sagement assis derrière un bureau, solitaire, mais sauf !

Kasper était rouge de colère et écumait de rage. Toute celle qu'il avait contenu à chaque fois qu'il s'était entraîné, seul, chaque fois qu'il s'était dit qu'il pourrait le faire, que ce n'était qu'un autre hématome et qu'il aurait la volonté d'oublier la convalescence et de partir d'aplomb une fois guéri. Toujours plus exigeant avec lui même, seul face au monde et à lui-même, il s'était dépassé jour après jour, semaine après semaine, année après année afin de devenir un véritable athlète, à l'opposé de ce dont on rêvait pour lui. Et, lorsque, enfin, il demandait à ses parents de croire en lui, il l'abandonnait ? C'était inimaginable.

Ils essayaient de protester, mais aucun de leur argument ou bafouille n'étaient valable, ne faisant qu'augmenter le courroux de leur fils.

- Oui, je me suis inscris à Nihil. Que je sois pris ou pas ne change rien. Je trouverais un nouveau moment, une nouvelle opportunité de prouver ma valeur. Je n'y vais pas pour gagner, j'y vais pour prouver que je peux être indépendant et réussir là où tout le monde pensait que j'échouerais. J'étais convaincu que vous comprendriez. Je suis plus que déçu de voir que non.

Ses parents restaient immobiles, se lançant des regards paniqués sans qu'aucun son ne franchisse leurs lèvres. Kasper soupira : il était temps pour lui de faire ses preuves. Il allait tracer sa propre route vers les étoiles, aux yeux du monde entier, et, enfin, on reconnaîtrait que sa différence ne fait en rien de lui un paria.

- Je suis ce que vous avez fait de moi, lança-t-il à ses parents en guise d'adieu. Ne l'oubliez pas.

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Intelligence without ambitions
Is like a bird without wings

~Dali ~
" Je suis ce que vous avez fait de moi "

Très ironique comme phrase, sachant que Kasper ne l'est pas du tout, en apparence, non ? Il l'adore et ne se lasse pas de la répéter à tout ce qui l'ont connu avant et qui ne comprennent pas ses changements des dernières années.

Au fond, bien sûr, Kasper est et sera toujours le gosse rêveur qu'il a toujours été, au talent artistique indéniable, aussi bien en terme de plume que de crayon (Kasper n'a jamais vraiment eu l'oreille musicale) et il n'a jamais cherché à démentir cette partie de lui : c'est même pour lui les fondements de son être, l'origine à laquelle il revient toujours, la base certaine qu'il ne peut remettre en question. Il ne pourrait pas se passer de son imagination, en quête permanente d'inspiration et de nouvelles expériences. Toute sa vie est guidée par son désir perpétuel de nouvelles aventures, de nouvelles découvertes. Sa curiosité sans faille aide sans doute à le pousser à aller toujours de l'avant et à se dépasser, à chercher plus loin.

Bien que solitaire et peu participatif à l'oral en cours, Kasper a donc toujours été un bon élève. Ce qu'on lui apprenait ne lui suffisait jamais, il avait toujours soif de savoir plus et partait de lui-même à la recherche d'informations, parfois superflues. S'il avait eu des amis, peut-être que ceux-ci l'aurait trouvé agaçant de par ses anecdotes qui n'intéressaient personne, mais il n'en avait pas. Comprenez bien : de toute son enfance, il n'avait jamais rien eu d'autres à faire que d'apprendre et créer, parce que c'était sans danger et que ça lui permettait de développer son intelligence.

Effectivement, Kasper est intelligent, en théorie (bien qu'il ait essayé de mettre en pratique quelques unes de ses compétences, avec plus ou moins de succès). Son aptitude à emmagasiner un savoir illimité ont fait de lui une source de vocabulaire hors norme, quitte à être un peu vieillot, ce qui colle bien à son style. Sa mémoire est abondante de souvenirs plus ou moins utiles, mais vous pouvez comptez sur lui pour vous rappelez ce que vous étiez censé faire. Il sait analyser le comportement des autres, leur gestuelle, pour mieux chercher à les déstabiliser, ce qui l'affaiblit sur un point : quand on le déstabilise lui, ça l'horripile.

Car Kasper a clairement le sang chaud, parfois impulsif et pas toujours très réfléchi, ce qui est très amusant vu les qualités intellectuelles qu'ils possèdent. Il a conscience de ce défaut et tente comme il le peut de le corriger, mais c'est plus fort que lui : il a tellement tout donné pour en arriver là, à la sueur de son front et à l'agonie de ses veines, il a donné toute son énergie pour s'améliorer, pour prouver aux autres qu'il n'est pas un moins que rien.

A l'origine, comme la plupart des autres enfants, Kasper ne faisait pas attention à la manière dont on le regardait. Et puis, au fil du temps, les regards ont commencé à être lourd, pesant, et les remarques et précieux conseils parentaux sont devenus des lois à transgresser, insupportables barrières que Kasper ne voulait que franchir. Enfant, Kasper n'avait pas toujours cherché à devenir Harold : c'était un fantasme débile, un homme surpuissant et indestructible, totalement irréaliste. Et puis, avec le temps, Harold s'était assagi, était devenu plus réaliste, moins invincible et victorieux sur tous les champs de bataille, mais toujours respecté par les autres, qu'importe ses défauts, tout comme Thundera et son handicap qu'elle avait su dépassé.

La vérité, ce n'est pas que Kasper est un gosse capricieux, orgueilleux ou égoïste, petit prétentieux qui cherche à faire le malin en mettant sa vie en danger en prétendant se foutre de mourir, c'est que Kasper a pris conscience que tous ceux qu'il avait rencontré au cours de sa vie, y compris ses parents, et qui avaient prétendus ou non qu'il était normal, ne l'avait en réalité jamais pris pour tel. Toujours, dans leur cerveau, le fait qu'il fusse hémophile restait gravé, comme une marque indélébile. Kasper était la petite chose fragile, vulnérable, qu'il fallait à tout prix garder protégé et sauf. Personne ne l'avait jamais vu lui, n'avait jamais voulu voir son potentiel, ce qu'il rêvait de faire, de devenir. Et le garçon de vingt ans ne cesse de rêver et d'espérer qu'un jour, lorsqu'il prouvera aux autres qu'il peut faire comme tout le monde, dépasser sa maladie et s'en sortir en vie, il sera enfin reconnu comme tous. Parce que, tout se que cherche le garçon rêveur qu'est Kasper est ce qu'à déjà acquis Harold : le respect et, au-delà de ça, l'amour d'autrui.

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But people are like oceans, she shrugged
You cannot know them by their surfaces.
Kasper croit bien n'avoir jamais reçu aucune remarque comme quoi il était une perle de beauté rare. En revanche, on l'a de nombreuses fois fait remarquer qu'il passait difficilement inaperçu au milieu d'une foule. Il ignore cependant s'il s'agissait là d'un compliment ou non, ou simplement d'une remarque sur le fait qu'une fois de plus, il faisait tâche. Comme si le fait de traîner presque en permanence à proximité de l'hôpital ne suffisait pas à lui rappeler qu'il était malade, il avait hérité d'un physique qui le rappellait à tous.

Une peau très pâle qui ne brunit jamais au soleil, aussi blanche qu'un galet exposé aux rayons diurnes, marquée çà et là par de nombreuses cicatrices qui ne disparaîtront pas. Si déjà avoir le teint d'un malade qui n'a plus côtoyé le jour depuis des mois ne suffisait pas, Kasper a en permanence deux grands cernes sous les yeux, presque ineffaçables, comme s'ils témoignaient en permanence de son état de fatigue aussi bien physique que psychologique.

Sa mère lui répétait souvent que ceux-ci renforçaient son regard, tout comme le violent contraste entre ses yeux et sa peau. Elle décrivait souvent son visage d'enfant comme une étendue de sable désertique où on apercevrait deux oasis rédempteurs, ce qui le faisait sourire, et lui dire que ce n'était que des mirages, ses iris disparaissant dès l'instant où ses joues se soulevaient pour témoigner de sa joie. Si personne ne l'avait jamais décrit dans l'ensemble comme extrêmement beau, il avait en revanche reçu des compliments à ne plus quoi savoir en faire sur le bleu de ses yeux. Pourtant, il n'est pas rare de croiser deux iris azur à New Union, mais d'aucuns jurent que ceux de Kasper renvoient quelque chose de particulier, qu'on ne saurait y distinguer le ciel s'il s'y reflétait tant ils sont clairs. Personnellement, parfois, ceux-ci lui font un peu peur. Quand il voit mon reflet, c'est comme la seule chose qu'il remarque, ces deux yeux qui lui font face, qui le fixent, si clairs qu'il croit y distingue son âme : le jeune garçon a l'impression d'être mis complètement à nu dès qu'on cherche à soutenir son regard.

Parlant de chose remarquable, en-dehors de ses yeux, c'est sa manière de se tenir qui marque les gens. Pas sa peau pâle à laquelle les gens on finit par s'habituer, ou ses cheveux tantôt bruns, tantôt blonds en fonction du soleil, adepte de la position qui va le mieux avec le vent, mais bien son comportement en société. Il ignore bien pourquoi d'ailleurs. Il a conscience d'être souvent quelqu'un de très délicat dans ses gestes, comme en témoigne ses mains qui ne ressemblent pas du tout à celle que pourrait avoir le fils d'un homme qui cultive, mais ce fait est dû au fait qu'on lui a enseigné à faire attention au moindre de ses mouvements.

Anecdote amusante - si jamais vous chercher de l'amusement en ces quelques mots - malgré sa taille moyenne, dans le mètre soixante-quinze, Kasper parait souvent plus grand aux gens parce qu'il porte de très longs manteaux. D'ailleurs, son style vestimentaire lui vaut souvent d'être qualifié comme rétro : pas mal de ses vêtements sont un héritage lointain d'avant New Union, voire même de bien avant l'épidémie, alors ça rajoute un peu à la tâche qu'il est déjà dans ce décor.

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