@Morgane : Ne t'excuse jamais pour la longueur d'un RP (ou je devrais m'excuser aussi
), tu écris ce que tu veux et j'ai beaucoup aimé ton RP.
Haha.
(Personnellement, j'ai vu le film et si je l'ai trouvé très bien, il ne m'a pas surprise et j'ai été un peu déçue d'avoir assez facilement deviné la fin pendant mon visionnage, mais peut-être que je lirai le livre un jour. ^^)
J'ai écrit qu'il avait une bosse sur le front.
Si ça ne te convient pas ou que d'autres choses ne te conviennent pas dans mon RP, dis-le-moi et je changerais en fonction.
Celyn Blevins17 ans│Américano-gallois│#4
Quand j’étais plus jeune, j’avais peur du noir. Mes parents et Dilwyn avaient beau me répéter encore et encore, inlassablement, que tout irait bien une fois couché, que je n’avais pas à m’en faire, que rien n’allait arriver, je ne pouvais pas m’en empêcher après le divorce, après avoir vécu ce noir dans lequel j’avais la terrifiante impression de replonger chaque nuit alors qu’il n’en était rien. Cette horrible expérience avait été le déclencheur de cette peur commune, et si, en grandissant, elle s’est atténuée voire dissipée, il en reste des résidus : lorsque tombe la nuit, je me sens en sécurité chez moi, mais nulle part ailleurs, une sensation de malaise m’étreignant quand je suis à l’extérieur, que ce soit dehors ou chez un copain, et je ne suis toujours pas parvenu à la faire disparaître. D’ailleurs, elle ne disparaîtra probablement plus jamais à partir de maintenant que j’ai vécu le noir une deuxième fois, elle me suivra indéfiniment et même lorsque je me dis que je ne suis qu’un idiot, qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur, que ce n’est pas rationnel, je n’y peux rien. Je ne suis pas resté sans rien faire, je ne reste jamais sans rien faire, j’ai combattu cette peur et je la combats toujours, mais elle est plus forte que moi malgré le fait que je lui tienne obstinément tête. Je lui fais face, la défie en la regardant droit dans les yeux et l’affronte, mais si je ne me rends pas, elle a l’avantage, qu’elle garde. Je me démène pour la dominer depuis longtemps, sauf que c’est inutile, ça ne sert à rien, mais je n’abandonnerai pas même si ça ne sert vraiment plus à rien à présent.
J’ai eu peur. J’ai eu affreusement peur parce que j’ai cru que le noir s’était définitivement installé, avant que je n’en sorte comme je m’apprête à sortir de cette chambre inconnue. Ouvrir sa porte me fait du bien, et je ne sais pas pourquoi le simple fait de l’ouvrir me soulage à un tel point, mais c’est le cas, ça me soulage, car j’ouvre la porte de la lumière dans les ténèbres et l’emprunte pour m’évader du noir, ou c’est le noir qui a fait que la porte apparaisse et que je puisse la passer. Que ce soit l’un ou l’autre, le résultat est que je suis vivant, que j’ai tous mes moyens et que je franchis son seuil. Donc, en dépit de l’apparence de la chambre dans laquelle je me trouve, je me sens mieux. Le noir m’a secoué, mais pouvoir bouger à ma guise me rassure en quelque sorte tandis que ma situation actuelle me préoccupe. Je me demande comment j’ai pu être déplacé dans mon sommeil, ou est-ce moi qui me suis déplacé, mais les messages que j’ai reçus prouvent que j’ai été déplacé parce que je ne suis pas seul. A ce propos, je pense que j’aurais nettement préféré l’être, car ça signifie que tous mes camarades de classe sont là et que j’ignore ce qui nous attend. Si ce n’est effectivement qu’un jeu, pourquoi pas, même si on aurait pu prendre la peine de nous prévenir qu’on y participerait, mais si ça n’en est pas un, du genre une mauvaise plaisanterie, et qui pourrait tourner mal, être seul aurait été une garantie que personne d’autre ne soit blessé de quelque manière que ce soit.
Déjà, le froid me blesse. Il y a un chauffage, mais il ne fonctionne pas ou on ne l’a pas allumé, ce qui est normal vu l’état des lieux : les murs sont décrépits ainsi recouverts de moisissure et troués par endroit, le sol est glacial et le lit défoncé. Quant aux trois lampes suspendues au plafond, elles ne semblent pas fonctionner non plus. Enfin, une odeur nauséabonde flotte dans la pièce. J’ai tellement froid que je me concentre davantage sur le froid que sur l’odeur, ce qui m’aide à en faire fi, le froid étant le pire.
Le même froid que j’ai ressenti dans le noir… Néanmoins, grâce à lui, j’ai aussi les idées claires, et si je ne suis pas assuré, je sais ce que je dois faire : puisque je n’arrive pas à contacter mon père, ce qui est étonnant, je compte rejoindre les gens de ma classe, qui ne sont définitivement pas loin, et nous aviserons ensemble. Il faut que nous nous réunissions et que nous nous en allions d’ici, parce que jouer à un jeu, c’est une chose, mais rester ici en est une autre et que je crois que nous finirons malades à cause du froid régnant et de l’humidité dans l’air. C’est pourquoi nous devons faire vite. Cependant, si je peux faire vite, j’ai une main en moins et je dois arranger ça rapidement, ou mes muscles ou mes os ne se répareront pas correctement. Dans ce but, j’ai besoin de lumière, de glace et de quelque chose avec lequel je pourrais immobiliser mon poignet. En atterrissant sur le matelas, j’ai eu très mal, et mon poignet me fait très mal, mais ce n’est pas grand-chose, la douleur ayant été renforcée par le choc mental. J’ai déjà eu pire en jouant au football, donc un poignet tordu ou cassé, en espérant qu’il soit seulement tordu, n’est rien comparé à un claquage ou une déchirure.
Je m’en occuperai après avoir retrouvé les autres, et je m’aventure dans un couloir qui n’est pas en meilleur état que la chambre que je viens de quitter. Instinctivement, je referme un bras sur moi dans une vaine tentative de me réchauffer au moins un peu, laissant l’autre pendre le long de mon corps, car je ne peux pas solliciter ma main invalide, alors que je regarde d’un côté puis de l’autre, sans distinguer quoique ce soit dans la pénombre ambiante. Je m’immobilise durant quelques secondes, le temps de me donner du courage, soupire et allais appeler dans le vide pour manifester ma présence, lorsqu’une silhouette obscure prend forme dans mon champ de vision confus. Mon souffle se coupe, je me raidis et les battements de mon cœur s’accélèrent légèrement sous la crainte tandis qu’un frisson descend le long de ma colonne vertébrale. Néanmoins, je ne perds pas mon sang-froid, me contrôle et fixe la silhouette en plissant les yeux, quand une tête aux cheveux roux émerge soudain de l’ombre. Des cheveux roux ? Mes yeux s’écarquillent de surprise alors qu’un petit sourire étire mes lèvres, la crainte refluant.
-Stan ? Je l’interroge en chuchotant.
Stan. Stan est avec moi. Stan est dans ma classe et il est le meilleur ami d’un certain Teddy. Je ne les connais pas personnellement, mais je sais que Stan et Teddy sont toujours ensemble et passent leur temps à faire des plaisanteries aux autres. Ils sont si proches, qu’ils paraissent inaccessibles, et j’admire leur amitié rafraîchissante, même si j’ai déjà entendu beaucoup de gens se plaindre d’eux. Pour une raison qui m’échappe, Stan ne m’a jamais rien fait, je dois être chanceux à en croire ceux qui ont subi les tours de Teddy et lui, et, mieux que ça, il est la seule personne au lycée qui prononce parfaitement mon prénom, parce qu’il connaît l’irlandais, ce que j’ai découvert lorsqu’il a un jour juré en langue irlandaise. Il doit avoir du sang irlandais, c’est sûr et certain, et c’est amusant quand on sait que je suis à moitié américain et à moitié gallois : nous serions tous deux britanniques. En tout cas, Stan n’est pas quelqu’un de méchant, et je me mets à courir dans sa direction, lorsque Stan m’interpelle. Il n’y a pas de doute, c’est bel et bien lui, je reconnais sa voix. Il m’a posé une question de manière intelligible, mais avec difficulté, et je ralentis et lui réponds doucement en continuant d’avancer :
-Non, pas du tout… Je suis content de te v…
Je m’interromps à sa hauteur, quand je suis capable d’observer Stan de près, mes mots mourant sur ma langue. Il ne va pas bien. Il est trop proche du mur, ses jambes tremblent et il a l’air épuisé. Non, il n’est pas épuisé, il est… Défoncé. Il peine à se tenir debout, ses yeux sont rouges et il n’est pas complètement ancré dans la réalité. Je m’en inquiète aussitôt, fronçant les sourcils et tendant les bras vers lui pour le rattraper si jamais il s’effondre.
-Stan, tu…
Ce qui m’inquiète d’autant plus est la grosse bosse qui a poussé sur son front. Que lui est-il arrivé ? Il a dû se cogner, mais était-ce au lycée, chez lui ou en tombant ici ? Est-ce qu’il a enduré la même chose que moi, le noir et la chute ? Peu importe, la seule chose qui compte est que Stan n’est pas bien.
-Attends, doucement… Appuie-toi sur moi.
N’ayant cure de ma propre blessure, je comble la distance qui nous sépare encore et passe délicatement un bras autour de sa taille pendant que mon autre main fait passer un des siens sur mes épaules et agrippe son poignet. Je grimace franchement de douleur, mais garde le silence tandis que je lui parle avec calme, l’urgence transparaissant cependant dans ma voix :
-Il faut que tu te reposes, et comment est-ce que tu t’es blessé au front ?