Petite mise à jour de mes lectures en anglais:
The handmaid's tale de Margaret Atwood:
Je ne saurai dire à quel point ce livre me révolte, m'horrifie, me glace le sang... Depuis le début de sa lecture il me trotte dans la tête et me hante.
Margaret Atwood parvient à entretenir le suspens du début à la fin en distillant ses informations au compte-goutte. Tandis que le lecteur se convainc qu'un tel retournement, une telle société ne pourrait pas se mettre en place, l'autrice nous prouve le contraire. Bien sûr, elle a en tête le régime nazi et toutes ses pratiques, l'ex-URSS et cette cruelle séparation que représente le rideau de fer, le terrorisme islamiste montant dans les années 80 mais aussi toutes ces communautés religieuses extrêmes telles que les amishs, les mormons... De cet amalgame historique naît sa finalement très probable République de Gilead.
Le récit couvre trois périodes charnières: avant le changement, la période d'endoctrinement et le présent de l'action. L'héroïne, Defred (Offred en VO) jongle brièvement entre les unes et les autres de façon assez décousue ce qui donne rapidement cette sensation de frustration et d'avidité quant aux informations mais surtout laisse tout le loisir au lecteur de combler les blancs avec toutes les horreurs qu'il peut imaginer.
Le récit à la première personne s'attarde sur le ressenti de Defred. Car il y a ce qu'elle parait et ce qu'elle retient en elle. On la sent littéralement prisonnière de son corps tant on l'a dépossédée de tout: elle n'a plus de nom (Defred est la façon de nommer indifféremment toutes les servantes qui se succèdent chez ce commandant), plus de sentiments (elle les réprime pour ne pas se trahir et survivre dans cette société) et surtout elle ne dispose même plus de son corps. Ce qui lui reste, ce sont ses souvenirs douloureux et lointains, mais néanmoins vitaux, qui pourraient la faire basculer dans la folie si elle s'y attarde de trop et l'éventualité de mettre fin à ses jours si elle en trouve le moyen.
Certains pourront trouver cette femme très lâche, s'attendant à de l'action et des soulèvements à la Hunger Games ou Divergente, moi je la trouve très courageuse et surtout très forte pour endurer tout cela sans craquer. Dans cette société qui brise les individus et où sont entretenues terreur, paranoïa, délation, elle prend bien plus de risques qu'un lâche à sa place. La résistance et la rébellion commencent par là: défier les règles imposées, même les plus petites. Ce traitement réaliste est tout à l'honneur du livre.
Pour finir je parlerai de la série dont j'ai pu voir à ce jour les quatre premiers épisodes. Je la conseille vivement à toute personne qui voudrait vraiment approfondir l'univers et mesurer toute l'ampleur de l'horreur de cette société car elle va jusqu'au bout des choses (ce qu'on pourrait reprocher éventuellement au livre qui ne montre que ce que Defred connait, c'est à dire bien peu). Du point de vue ambiance, elle restitue bien ce sentiment de terreur, d'horreur, d'oppression et de malaise qui est le nôtre lors de la lecture avec en plus un décalage entre avant/après intelligemment accentué par la bande son et la photographie.
Niveau: Intermédiaire (proche avancé)
Un vocabulaire un peu plus poussé et des constructions de phrases un peu plus complexes mais rien d'insurmontable.
Alphas: Origins de Ilona Andrews:
Une tentative de création d'un nouvel univers mélangeant la fantasy et la science fiction de la part de mon couple d'auteurs préféré. Le résultat est honorable mais pas aussi stimulant que leurs autres séries (Kate Daniels, Hidden Legacy, Innkeeper Chronicles). Car, d'une part, il manque cette touche de vraie originalité qui créé l'étincelle et fait toute la différence d'habitude et, d'autre part, le format court ne permet pas vraiment de développer les personnages et leur relation ce qui est d'habitude un des grands points forts de leurs histoires. Je n'ai pas retrouvé non plus le mordant de leurs dialogues, dommage !
Niveau: Intermédiaire
Pas de difficultés ni de subtilités particulières.
Hidden Legacy 3: Wildfire de Ilona Andrews:
Encore un tome qui nous emporte dans l'action et les rebondissements sur les chapeaux de roue.
Cependant, mes craintes en apprenant qu'il s'agissait de l'ultime tome se sont avérées justifiées: je le trouve en dessous des deux précédents car il ne délivre pas la même intensité dramatique et semble précipité dans sa résolution. A la fin de ma lecture je garde une sensation de trop peu et de superficiel.
J'estime qu'un quatrième tome n'aurait pas été du luxe pour développer correctement tout ce qui est abordé:
La relation Rogan/Rhynda qui ne fait pas douter un seul moment, exploiter correctement les prétendants pour Nevada afin d'accentuer le sentiment d'insécurité perçu chez Rogan dans le tome précédent
Et donner le temps aux auteurs de brouiller leurs pistes:
Toutes les révélations du tome sont prévisibles: du faux enlèvement à la nature d'Arabella en passant par l'endroit où sont cachées les infos...
Pression de l'éditeur pour en faire une trilogie ou choix des auteurs ? En tout cas je trouve cela un peu dommage car cette série avait le potentiel pour être vraiment extraordinaire dans son intégralité.
Ceci dit, ça ne m'a pas empêchée de passer une nuit blanche à le lire dès qu'il a été disponible sur ma liseuse et je ne me suis pas ennuyée un instant !
La fin est ouverte et donne l'espoir de retourner un jour dans cet univers très intéressant. Qui sait si les auteurs ne se laisseront pas tenter ?
Niveau: Intermédiaire
Pas de difficultés ni de subtilités particulières.
American Gods de Neil Gaiman:
Première incursion dans un roman de Neil Gaiman et c'est un coup de coeur. J'ai aussi bien été séduite par l'univers et ses personnages que par l'écriture de l'auteur qui donne une ambiance vraiment particulière à cette histoire un peu fourre-tout mélangeant road trip, enquête, mystique et quête identitaire. Le rythme est très lent, très introspectif, ce qui peut en dérouter plus d'un, mais ne m'a aucunement ennuyée.
D'un côté nous avons les anciens dieux qui ont vécu des millénaires mais dont les méthodes de culte sont totalement inappropriées pour la société moderne, ce qui les met en danger de disparition, et de l'autre, nous avons les nouveaux dieux, fruits immédiats d'une société de consommation et de course au progrès, puissants et influents, mais qui peuvent disparaître aussi vite qu'ils sont apparus.
Et au milieu, il y a Shadow, le personnage principal. Être discret, posé, mesuré, observateur et diplomate dont on imagine que ces traits de caractère ont été façonnés et amplifiés par son séjour en prison. D'un immédiat sympathique, il le devient encore plus au fil du récit. Étonnamment sage, droit et loyal pour un ancien taulard, il est pétri de valeurs et de principes auxquels il ne déroge jamais, quitte à se mettre en danger.
Tout au long du récit plane la question de son identité : être ordinaire ou extraordinaire ? Car avec un nom pareil, on est en droit de douter de sa nature. Mais peu importe la réponse finalement, on sait dès le départ que son rôle dans le dénouement est crucial. Car, avec les dieux, rien n'est jamais laissé au hasard et son enrôlement doit bien faire partie d'un plan (mais lequel ?).
Je me suis risquée à lire le roman en anglais, ce qui s'est avéré ne pas être une mince affaire à cause de l'emploi régulier de mots argotiques et de la retranscription littérale des accents de plusieurs personnages. Cependant, j'ai pu bénéficier d'une édition plus riche agrémentée d'une introduction et d'une postface intéressantes de l'auteur et surtout de la nouvelle "The monarch of the Glen" où ont été confirmées mes théories sur le vrai nom de Shadow. Je suis à présent très tentée de compléter ma découverte de l'univers American Gods avec Anansi Boys et la nouvelle "Black Dog".
Niveau: Intermédiaire/Avancé
Utilisation régulière de phrases complexes, personnages qui s'expriment en argot ou avec des accents très prononcés littéralement retranscrits.
The old man and the sea de Ernest Hemingway:
Très court roman (112 pages) lu en anglais pour le plaisir de découvrir pour la première fois le style de Hemingway. Pour cette initiation à l'auteur, j'avais jeté mon dévolu sur l'Adieu aux armes mais me rappelant du magnifique film d'animation fait par le russe Alexander Petrov dans les années 90, vraie prouesse artistique tout en peinture au doigt sur des plaques de verre, je me suis finalement orientée vers celui-ci.
C'est donc, la tête pleine des magnifiques tableaux animés du film, qui m'ont accompagnée tout au long de ma lecture, que j'ai dévoré cette histoire.
Le style est simple et ne pose aucune difficulté en anglais. Une fois le vocabulaire de la pêche et du monde marin acquis, l'histoire se déroule très vite, emportée par une narration très efficace et prenante.
Hemingway nous dépeint un vieil homme très touchant par sa solitude et son sursaut d'orgueil. Les trois jours en mer ont été pour moi les plus intéressants à suivre. La façon dont le vieil homme se projette sur le poisson et finit par se dédoubler pour mener une sorte de discussion avec sa conscience et les différentes leçons que chacun peut tirer de cet échange font tout l'intérêt de cette lecture.
Niveau: Intermédiaire
Nécessite de se familiariser avec le vocabulaire de la pêche et du monde marin.
Recap