Il est grand temps que je mette à jour mes lectures pour apporter quelques points supplémentaires à ma maison: 6 points pour
Gryffondor !
Ministère de la Magie:
Le cycle de Troie T3: La chute des rois de David Gemmell (Priam, Agamemnon, Ulysse, Enée, Hector, Andromaque... les rois, reines, princes et princesses s'y comptent à la pelle)
Et voilà, c'est déjà la fin du cycle avec cet ultime tome qui relate la guerre de Troie, avec son siège de la ville, que nous connaissons surtout par l'Iliade d'Homère, puisque c'est un des rares textes sur le sujet qui nous soit parvenu. Gemmell s'est fait plaisir dans sa propre réinterprétation des événements, ajoutant sa pierre à l'édifice de toutes les revisites proposées par différents auteurs au fil des siècles, empruntant parfois à certaines, débordant même sur l'Eneïde de Virgile, et affichant une préférence marquée pour des personnages en particulier.
Globalement c'est une réinterprétation plus noble et moins cruelle, qui redore le blason du héros au traître talon, adoucit la mort du grand héros troyen, place le roi conteur sur un piédestal, sauve pas mal d'enfants pour la morale, et donne un meilleur rôle aux femmes que simples figurantes pleureuses qu'on s'échange en trophée de guerre pour rajouter une esclave à son harem et quelques rejetons supplémentaires à sa lignée.
Sur certains points c'est mieux, mais sur d'autres c'est un peu trop idyllique à mon goût et ça retire du charme brutal propre à ce genre d'épopées. J'ai encore une fois beaucoup aimé le rythme insufflé par Gemmell à son récit, alternant moments épiques avec moments de désespoir, rendant l'histoire palpitante et riche en émotions.
Cependant, si j'ai bien aimé la rationalisation des personnages et des événements, pour faire un récit purement historique et vraisemblable dont serait exempt toute intervention divine, je suis passée à côté des histoires d'amour supposées remplacer les dites interventions dans la motivation des personnages. Ce n'est clairement pas le fort de l'auteur, ou du moins, nous n'avons pas la même sensibilité. Et c'est probablement pour cela que le dénouement me laisse mitigée.
Mais dans l'ensemble je trouve que c'est un cycle réussi qui se lit vraiment très bien et donne envie de se replonger dans les différentes mythologies et épopées de l'antiquité.
Forêt interdite:
Petit Pays de Gaël Faye (le personnage vit les troubles qui agitent le Rwanda et le Burundi, avec les massacres perpétrés par entre ethnies)
En 1994, j'avais à peu près le même âge que Gaby au moment des événements au Rwanda. Tous les soirs au journal de 20h, alors que nous mangions en famille, nous découvrions avec horreur les images des massacres perpétués par les Hutus sur les Tutsis. Des familles entières, hommes, femmes, enfants, sans exception, décimées sous nos yeux à coup de machettes et autres outils agricoles, sommairement exécutées à la kalach et entassées comme de vulgaires charognes dans d'atroces charniers livrés aux dégâts du soleil brûlant d'Afrique.
Si à cette époque j'avais déjà entendu le mot génocide, en se référant au peuple amérindien, je n'avais jamais encore eu l'occasion de lui attribuer une telle ampleur horrifique. Dans ma tête, influencée par tous les westerns hollywoodiens, les indiens d'Amérique avaient presque tous disparus parce qu'ils ne se battaient pas à armes égales contre les fusils et canons des colons. Je revoyais naïvement les mises en scène de vaillantes batailles où des hommes, des guerriers, affrontaient d'autres guerriers, mais jamais je ne m'étais posé la question de la justification de tout ceci ni de ce qu'il advenait des femmes et des enfants.
Avec le génocide Rwandais, je le découvrais pour la première fois et je ne pouvais fermer les yeux ou m'en soustraire, désormais trop âgée pour en ignorer la cruauté et l'absurdité mais en même temps encore trop jeune et trop tendre pour endurer sans conséquences. L'actualité venait de m'offrir ma première incursion dans la noirceur humaine (pas la dernière malheureusement) et ce n'était pas une fiction. En dehors de ma bulle d'insouciance, je découvrais un monde fou et brutal que je ne comprenais pas.
En lisant Petit pays j'ai revécu tout ce processus, j'ai revu ces images d'actualité et je me suis totalement identifiée à Gaby, forcé de perdre son innocence et lui aussi plein d'incompréhension face à l'aberration du monde. A la différence que pour lui la violence était bien plus concrète, à sa porte, décimant ses proches, corrompant ses amis et l'obligeant à faire des choix horribles pour sa propre survie.
J'ai particulièrement apprécié le ton pudique du livre qui reflète bien cette innocence du personnage, une plume juste et poétique mais qui laisse tout de même transparaître des éclats de conscience graduels d'un drame qui se prépare de longue date. Comme l'expression d'une peur endémique constamment refoulée par le jeune garçon qui ne réalise pas totalement (ou n'assume pas ?) ce qu'il est et ce que cela implique: un métis français et rwandais avec des origines Tutsis.
Le gros point fort du livre est qu'il ne prend pas de parti. Certes le jeune garçon est entouré de personnages aux idées bien arrêtées, mais lui-même refuse d'adhérer à quoi que ce soit et rejette en masse la haine de l'autre qui s'est emparée des deux camps. Il nous relate l'enchaînement des événements tels qu'il les a vécus et interprétés avec sa vision d'enfant, se posant toujours des questions qui l'empêchent de rentrer à son tour dans le cercle vicieux de la violence et des représailles.
Mais le résultat est tout de même là, le lecteur est interpellé sur un certain nombre de questions comme l'origine de cette haine ethnique, l'inaction de l'ONU, le rôle de la France dans le génocide ou encore les représailles sanglantes du Front Patriotique Rwandais (FPR). Gaël Faye se garde bien de donner des détails ou même son avis sur ces points, laissant au lecteur le soin, si il le souhaite, de s'instruire et de se forger sa propre opinion par ses recherches et ses connaissances personnelles.
Au final on ne garde que ce constat de centaines de milliers de vies gâchées et de toutes ces enfances volées, à l'image de celles de Gaby et de sa jeune soeur. C'est ce qui fait de ce livre une oeuvre bouleversante qui continue de toucher bien au delà de sa dernière page.
C'est le coeur qui lâche en dernier de Margaret Atwood (les personnages manquent à tout moment de se faire liquider si ils ne se plient pas au règlement de leur drôle de prison)
Le coup de coeur de La servante écarlate n'a pas été réitéré, mais Margaret Atwood n'en propose pas moins un livre intéressant et intelligent qui nous invite à réfléchir à la nature humaine et à notre société de consommation.
Avec ses personnages finalement assez caricaturaux qu'on n'a aucune obligation d'aimer pour apprécier l'histoire (perso je ne pouvais pas me blairer Charmaine), elle met en évidence, souvent de façon très cocasse, les leviers présents en chacun de nous tels que frustration, fantasme ou besoin de reconnaissance, qui permettent à ceux qui en ont les moyens, de manipuler les masses jusqu'à ce qu'elles se placent d'elles-mêmes dans des situations de plus en plus aliénantes et dangereuses.
Dans un premier temps le roman se concentre sur la mise en place d'une situation très malsaine et malaisante avant de faire apparaître les ficelles de manipulations à niveaux multiples qui nous poussent dans une seconde partie de roman plus rythmée et surtout plus glaçante en révélations.
On retrouve cette narration ironique et grinçante qui avait contribué au charme de La servante écarlate et qui semble être la griffe Atwood dans ses dystopies. Malgré la lenteur du récit on ne s'ennuie pas un instant et le livre peut être lu très rapidement.
Le final, quant à lui, est peut-être ce qui m'a un peu déçue. Il essaie de passer pour un twist mais on le voit venir de trop. Ceci dit, il a le mérite de laisser le lecteur tout à son débat intérieur sur les nombreux thèmes abordés dans le roman.
Le Terrier:
Le cycle de Troie T2: Le bouclier du tonnerre de David Gemmell (Andromaque et Ulysse sont roux)
Le moins que je puisse dire, c'est que j'ai littéralement dévoré ce second tome de la première à la dernière page, toujours plus curieuse et avide de découvrir tous les petits détails ingénieux brodés par Gemmell autour de la trame de fond bien connue de la guerre de Troie.
Encore une fois, c'est dans les vides laissés par l'Histoire qui nous indique seulement les mariages, les naissances, les conflits, les alliances, etc. que l'auteur trouve matière à alimenter le suspens, souvent de façon très tordue et ironique.
Tandis que l'alternance de points de vue est toujours de mise, les personnages légendaires continuent de se multiplier et de se creuser dans leur complexité.
Le tome précédent se concentrait sur Helicon/Enée, Ulysse, Andromaque et Priam. Dans celui-ci Hector a une place plus importante et Agamemnon et Achille font leur entrée en scène, ainsi que la plupart des rois qui auront un rôle à jouer dans la suite des événements.
Je note encore une fois cette dualité des personnages, qui possèdent tous une part d'ombre qui les rend très humains dans leurs qualités et leurs défauts, bien loin des demi-dieux infaillibles qu'ils sont supposés être. Au passage, je ne peux m'empêcher de remarquer que tous ceux qui ont bon fond se trouvent alliés à Troie et donc, condamnés soit à périr, soit à connaître les pires épreuves. Dur dur de s'attacher à eux sans un pincement au coeur quand on connaît déjà leur destin...
Ceci dit, ni Priam, ni Agamemnon ne sont de bons rois et encore moins des humains recommandables. Leurs qualités sont au service de leurs vices qui les poussent dans une guerre d'égo où doit se déterminer quel souverain a le plus de pouvoir et de richesses. Aussi détestables l'un que l'autre, c'est donc par la jeune génération de princes héros qui se trouve embarquée dans les alliances par l'entremise de leurs pères (pour la plupart des vieux rois pourris et corrompus par le pouvoir et l'avidité), que le lecteur finira par peut-être préférer un camp à l'autre.
Tandis que les grands du monde se livrent bataille à coup de complots, d'assassinats et de bassesses, en parallèle, Gemmell continue de faire appel à des héros ordinaires, tels Calliadès et Banoclès, qui permettent de suivre les manoeuvres militaire et nous rappellent que toutes les victoires des grands héros légendaires n'auraient pu être sans le sacrifice de milliers de soldats de basse extraction que l'histoire ne retiendra pourtant pas.
Bref, ce Cycle de Troie continue merveilleusement son aventure haletante dans un élan épique qui ne se dément pas. Gemmell tire toujours aussi habilement les ficelles d'un destin implacable qui amène désormais les grecs aux portes de la cité de Troie. On se réjouit d'avance des confrontations et ruses tant attendues et en même temps, on se demande en quelle mesure l'auteur réussira à nous surprendre dans ce déroulement inscrit de longue date dans l'Illiade. Sa marge de manœuvre s'amenuise, mais les petites altérations et inventions de son cru, mises en place dans les deux premiers tomes, pourraient bien exprimer tout leur potentiel retors dans l'ultime tome. A suivre donc !
Gringotts:
The illuminae files T2: Gemina de Jay Kristoff & Amie Kaufman (Hanna, fille du commandant du vaisseau, a assez de moyens pour se permettre des caprices de star que son papa lui accorde tous).
Bien en dessous du premier mais pas mauvais pour autant, loin de là même. Pour moi son défaut majeur est d'être du Young Adult. Autant dans le premier c'était compensé par son aspect ascenseur émotionnel et des effets de surprise très réussis, autant ici tout ça est tombé à plat à cause d'une vigilance accrue de ma part et d'indices pas assez subtiles, et du coup j'ai encore plus de mal à passer outre les "résurrections" qui sont la caractéristique négative de cette série et que je qualifierai de syndrome YA. (le premier tome serait classé en diamant chez moi si l'un des deux héros était bel et bien mort et ce tome gagnerait vraiment en intérêt si le retournement final était avéré)
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J'ai globalement ressenti moins d'attachement pour les personnages qui suivent la même dynamique que ceux du premier tome, moins de danger aussi, je n'avais pas cette sensation d'oppression à chaque page à voir l'étau se refermer inexorablement sur des personnages englués dans les toiles de plusieurs araignées. Après une introduction un peu longuette qui sert à placer les personnages et leur relation triangulaire, l'action démarre et ne se relâche pas, créant du suspense et de l'addiction, mais les grandes émotions et les surprises colossales ne sont finalement pas au rendez-vous, diminuant le plaisir.
Même si cette expérience de lecture particulière, qui vous pousse toujours autant à tourner le livre dans tous les sens pour en apprécier chaque détail de texte et de dessin, est encore sacrément stimulante, elle manque de la fraîcheur de la découverte et souffre de l'utilisation trop flagrante de mêmes schémas. Ceci dit, au niveau de la trame de fond le suspens est à son comble et n'importe quel lecteur aura à coeur d'en découvrir le fin mot dans l'ultime tome de la série. A suivre donc.
Poudlard Express:
The illuminae files T1: Alexander de Jay Kristoff & Amie Kaufman (des vaisseaux qui fuient désespérément dans l'espace pour échaper à un poursuivant mortel)
Alors que tous les lecteurs de mon entourage ont cédé les uns après les autres à la tentation Illuminae et en reviennent enchantés, je me suis laissée séduire, en brave mouton curieux que je suis, encouragée de surcroît par une promotion numérique VO sur les trois tomes de la série.
Toute heureuse de pouvoir me plonger à mon tour dans ce roman de science-fiction qui semble jouer furieusement avec les émotions de son lecteur, dès les premières pages, j'ai ressenti quelques frayeurs. Pas à cause de l'histoire, mais à cause de la forme du contenu très riche en matériel graphique, pas forcément adapté à une liseuse (je ne compte plus mes mauvaises expériences avec les ebooks illustrés...).
Mais, ouf, tout s'affiche nickel. Tantôt en fond de texte, tantôt en plein écran, les images les plus riches en détails sont ensuite scindées en deux pour mieux lire les données... Bref, il y a quelqu'un qui a vraiment pensé au lecteur numérique et qui a tout fait pour que son expérience soit au top malgré les 6 à 7 pouces d'une liseuse. Un très bon point pour l'éditeur VO !
Donc, passé ce petit coup de sueur que j'aurais pu m'éviter si j'avais lu ne serait-ce qu'un peu les commentaires des lecteurs, je peux enfin me plonger dans le roman. Enfin... si on peut appeler cela un roman. C'est plutôt un dossier qui accumule toutes sortes de matériels pour tenter de reconstituer la chronologie d'un événement dantesque et dramatique. Plans, schémas, comptes rendus, logs de conversations, extraits d'un journal intime, descriptions de passages sonores ou de vidéo surveillance... autant de documents très froids et souvent impersonnels qui à priori ne peuvent pas aider à s'immerger dans l'ambiance ou s'attacher à des personnages.
Et pourtant ça fonctionne très bien. Il n'est pas difficile de projeter ses propres pensées et émotions sur les personnages en s'imaginant dans leur situation, faire les mêmes découvertes atroces et devoir agir dans un milieu de plus en plus hostile où les dangers se multiplient et s'accumulent de façon exponentielle.
Et en même temps, pendant ma lecture, je me disais à chaque fois que cette absence de point de vue interne, qui écarte pensées et états d'âmes, laissait tout de même une grande marge de manoeuvre, aussi bien sur les caractères des personnages que sur leurs intentions (comme le chantait si bien Dalida: paroles, paroles, paroles...). Mais en me disant cela, je n'avais pas osé pousser le truc aussi loin qu'une certaine grosse révélation qui pour le coup te fait faire une chute libre émotionnelle de la mort qui tue version tour de la terreur à Disneyland.
Donc côté émotions, pari gagné pour ce premier tome qui emmène sur des montagnes russes et accélère le rythme pour ne plus être lâché avant le final.
J'avoue cependant que si l'approche originale gomme pas mal l'aspect YA du roman en nous épargnant pas mal des écueils du genre, ce sont précisément les points YA qui subsistent tout de même qui m'empêchent de classer ce premier tome en diamant. Notamment ces derniers retournements de fin qui ont un peu retiré de mon plaisir. Mais ce fût minime comparé au reste.
Je ne peux m'empêcher de finir en parlant de la VO. On pourrait s'attendre à quelque chose de facile à lire, étant donné que c'est du YA, mais ce serait oublier qu'on est dans de la SF où il est question de vaisseaux à réparer, d'intelligence artificielle, de hacking, etc. avec des documents qui tiennent très souvent de l'ordre technique et qui donc emploient du vocabulaire plutôt spécialisé auquel il est préférable d'être un peu familiarisé pour ne pas se sentir trop perdu et découragé.
Et puis il y a aussi cet aspect conversations en abrégé, style SMS, constamment censurées par des surlignages noirs pour cacher les différentes déclinaisons de ass, fuck, shit, bastard et autres mots doux, qui mettent à l'épreuve votre champ lexical de la vulgarité (ça rappelle les vieux exercices d'anglais type "fill the blanks" lol). C'est très déroutant, mais on finit par s'y faire.
Recap