CecileM a écrit :Je m'inscris à la consigne 11d- Lire un livre d'un auteur né en avril avec :
"La joie de vivre" d'Emile Zola. Zola est le 2 avril 1840.
Je valide cette consigne.
https://booknode.com/la_joie_de_vivre_03129
Douzième tome de la série des Rougon-Macquart (entre "Au Bonheur des dames" et "Germinal"), "La Joie de vivre" apparaît rapidement comme un tome à part. En effet, on n'y retrouve pas, comme dans les autres tomes, l'étude d'un certain milieu sociologique. Il s'agit simplement du récit de l'écoulement de la vie d'une famille qui vit dans un village de Normandie, près de la mer. De même que le mouvement de la marée, du flux et du reflux, Zola décrit la répétition des jours, avec ses grands malheurs et ses petits bonheurs : "Ah ! quel éternel recommencement, dans ces misères quotidiennes !". Mais par l'intermédiaire du personnage de Lazare, il insuffle à son roman un profond pessimisme (on sait qu'au moment de la rédaction du roman, Zola vivait une période difficile, il passe mal la quarantaine, il perd sa mère, son ami Flaubert est mort) . Lazare, est un personnage qui est obsédé par la mort, il a lu Shopenhauer, et se demande à quoi bon vivre et se fatiguer puisque, de toute façon, nous sommes tous condamnés : "Comment vivre, demanda-t-il, lorsque à chaque heure les choses craquent sous les pieds?" A quoi, le docteur Cazenove répond : "Mais vivez, est-ce que vivre ne suffit pas ? La joie est dans l'action." A l'opposé du personnage de Lazare s'oppose celui de Pauline, dont la santé et l'élan généreux vers les autres symbolisent cette force toujours renaissante de la vie. Le thème des sciences est très présent dans le roman (parmi les passions successives de Lazare, il y a eu la chimie, puis la médecine). Pour moi, l'acmé du roman se situe véritablement au moment de l'accouchement de Louise, vers la fin, accouchement très difficile car l'enfant est mal positionné et pendant lequel se livre le duel de la vie et de la mort. Zola décrit de façon très explicite l'accouchement douloureux avec les termes techniques et les actions du docteur et de la sage-femme, les autres personnages étant présents pour aider. C'est un passage à la fois très émouvant et très beau.
Au pessimisme de Lazare, on pourra aussi opposer l'obstination à vivre du grand-père, malgré la goutte dont il souffre à chaque moment et sa paralysie. La fin ne s'en termine pas moins sur la question du suicide :
alors qu'on apprend, à la dernière page que la bonne vient de se pendre, le grand-père, " ce misèrable sans pieds ni mains, qu'il fallait coucher et faire manger comme un enfant, ce lamentable reste d'homme dont le peu de vie n'était plus qu'un hurlement de douleur, cria dans une indignation furieuse : "Faut-il être bête pour se tuer !"
Il est utile de savoir que le premier titre de Zola pour ce roman était "Le mal de vivre" et qu'il a finalement opté pour l'ironie du titre "La joie de vivre".
remarque : j'avais choisi la consigne du mois de naissance de l'auteur pour ce livre parce que je trouvais le titre était tout à fait approprié mais je ne m'attendais pas du tout qu'une scène centrale du livre était justement une scène d'accouchement