Un pendentif
Je veux rentrer chez moi ! Il fait noir... Je suis tombée, je suis perdue... C'est un comble pour moi ! C'est insensé !
Il faut peut-être que je vous explique qui je suis et d'où je viens pour que vous puissiez comprendre mais je ne sais pas par où commencer. Et surtout, je commence à être vieille et ma mémoire n'est plus ce qu'elle était...
Tout a commencé en 1920. Le jour où l'on m'a déballée, j'étais belle et fringuante dans mon bel écrin. J'étais fière de l'argent pur qui m'entourait et d'être le cadeau de communion de la jeune Jacqueline. À l'époque, je n'étais pas encore un pendentif, non ! J'étais précieuse, j'étais une petite boussole. La gamine n'en avait jamais vu mais elle a vite appris à m'utiliser. Malheureusement pour moi, qui rêvait d'aventures, elle n'avait pas le droit de me sortir de l'appartement. Quelle idée aussi de m'offrir à un enfant franchement ?! Du coup, je ne me souviens pas bien de cette époque... C'est en 1963 que j'ai vécu mes plus belles années. Je devins boussole de pirates à Quibron ! Nous étions perdus sur une ile déserte et j'étais le seul espoir pour Christian et ses amis de revoir la terre ferme ! Quelques années plus tard, ce jeune garçon m'emmena aussi faire de l'alpinisme, puis nous avons passé notre permis bateau ensemble après après avoir fait l'armée.
Quand je vous dis que je ne suis pas un simple pendentif !
Malheureuseusement pour moi, au fil du temps, je fus encore oubliée... Mais je restais dans la famille ! Je fus redécouverte en 2004, changeait d'appartement ou plutôt de tiroir pour ne vraiment réapparaitre qu'en 2010. Elle était marrante la gamine, persuadée que j'avais appartenu à sa grand-mère. Qu'est-ce que j'ai pu rigoler. À sa grand tante et à son oncle oui, mais c'est tout ! Mais au moins, elle m'a aimé. J'ai eu le droit d'être nettoyée avec du produit d'argenterie ! Et après, direction, la bijouterie. J'étais fière...
C'est là qu'on m'a collé un machin en étain pour me transformer en pendentif. En étain oui, pas en argent ! J'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre. Mais au moins, j'ai découvert Paris ! Et j'ai été utile tous les jours ! Bah oui, faut dire que la petite, elle m'aimait beaucoup et elle était tout le temps à vélo. Elle avait pas de GPS et son sens de l'orientation n'était pas très bon. Alors, moi, autour de son cou, je la guidais, à chaque fois qu'elle en avait besoin.
Le soir, chez elle, je dormais sur la table de nuit. Chez les autres, elle me mettait toujours dans son sac, en faisant bien attention.
Et puis, y'a eu le grand con !
Dès qu'elle l'a vu, j'ai su qu'elle était foutue. Elle avait des étoiles dans les yeux. Au début, elle faisait attention. À moi, et à ne pas se faire avoir. Et puis elle a fini par baisser sa garde et me poser sur la table de nuit chez lui aussi. Sauf que la nuit dernière, j'ai glissé derrière le lit. Quelques heure après ma chute, elle est partie en claquant la porte, en pleurant. Le grand con lui avait dit qu'il ne voulait rien de sérieux. Il mentait, je l'ai entendu pleurer lui aussi après.
Mais lui, on s'en fout ! Vu les moutons qui m'entourent, il ne sait pas faire le ménage...
Combien de temps je vais rester là moi ?
Il saura à qui je suis s'il me trouve dans un an ?
J'ai peur... Je veux rentrer chez moi...
J'étais bien moi avec cette famille... On n'a jamais su où on allait mais on s'en moquait...
S'il vous plait ?
Au secours...
Le sac plastique non recyclable du super marché
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