Écrire une histoire à partir d'un tableau

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Nadia974

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Écrire une histoire à partir d'un tableau

Message par Nadia974 »

Bonjour à toutes et à tous,

Cimetière d'un monastère sous la neige - Friedrich
Image

Je vous propose un petit exercice qui consiste à raconter une histoire fantastique à partir de ce tableau. Il n'y a aucune consigne d'écriture donc laissez libre cours à votre imagination.
J'ai hâte de vous lire. :)
A bientôt,
Nadia.
Mijak

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Mijak »

Je m'arrêtai à une centaine de mètres de l'église. La visibilité réduite par l'obscurité de l'endroit et la neige qui tombait rendait ma présence peu évidente, surtout pour la file d'hommes et de femmes habillés de noir qui avançaient, deux par deux, vers ce qui restait de la haute porte qui n'était plus aujourd'hui qu'un encadrement s'élevant seul au milieu des ruines. Derrière, au fond de ce qui avait été l'immense bâtiment religieux, s'élevait miraculeusement une partie de la voûte qui terminait l'édifice. Haute de plusieurs dizaines de mètres, celle-ci semblait bizarrement penchée, comme si un mouvement tectonique en avait altéré la stabilité.
De là où j'étais, je voyais aussi les inquiétants environs ; ce qui avait du être la grande clairière protégeant ce lieu de culte de la vue des autres hommes. Aujourd'hui ce n'était plus qu'une grande place parsemée d'arbres morts de froid au milieu d'une forêt tout aussi morte.
La vingtaine d'homme et de femmes qui s'avançaient, défilant religieusement vers l'église, le faisaient en silence. Le bruit du vent emplissait l'air froid qui me glaçait la peau sous mes couches de vêtements. Les formes monstrueuses des arbres morts, aux coins de mes yeux, prenaient parfois place dans mon esprit pour y implanter des graines d'une imagination dont je me serais bien passée. Je repensais malgré moi à tout ce que je savais sur ce lieu, depuis sa construction il y a des siècles, jusqu'à l'évènement terrible qui en avait précipité la chute, et sa désertion de la part de ses fidèles. J'avais, en plus de tout ça, le souvenir des rumeurs, des légendes, des peurs de ceux qui racontaient ce qu'ils pensaient connaître de l'histoire, et qui subsistai en moi comme une très légère potentialité, un doute éphémère qui ne tenait pas face à mes convictions rationnelles. J'étais ici pour une raison précise, pensai-je alors. Celui qui m'avait appris le rassemblement de ces personnes, petits enfants, arrière-petits enfants, peut-être même arrière-arrière petits enfants des fidèles de l'église ; il m'avait communiqué l'information pour que je garde un œil sur leurs agissements. Ainsi donc j'étais, accroupis dans la neige, à observer le défilé funèbre de ces hommes et de ces femmes qui marchaient vers l'église. Autour de celle-ci, plantés comme des fleurs morbides ou juste derniers vestiges de catastrophes naturelles, s'élevaient des croix et des pierres tombales plus ou moins détruites. Un cimetière, pensai-je. Ces gens-là venaient veiller leurs morts.
Alors que le soleil, derrière l'épais rideau de nuages à l'ouest, tombait par-delà l'horizon ; la dernière paire de fidèles passa l'encadrement de la haute porte.

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(c'est chouette comme jeu =) et le tableau est très beau. A quand le prochain avec une autre image ?)
Nadia974

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Nadia974 »

Merci Tommy de ta participation :)

J'ai beaucoup apprécié tes descriptions, je me suis vue moi aussi accroupi dans la neige regardant ces files d'hommes et de femmes...
Sinon pour le prochain, j'attends encore un peu, il y a d'autres membres qui sont en train d'écrire et ils n'ont pas tout à fait fini. Dès que ce sera fait, je remettrai un autre tableau ou une image.

A bientôt.
x-Key

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par x-Key »

Bon, c'est l'histoire qui m'est venue lorsque j'ai regardé le tableau. J'ai essayé de faire que ça colle le plus possible à l'image en tenant compte de mes idées... Aprés, je ne sais pas si ça a vraiment marché ^^


- Tu sais Alex, j’ai lus dans un livre que ça ne se faisait pas de mettre un lit d’enfant dans une chambre tant que l’enfant n’était pas né.
- Jan, s’il-te-plait, épargnes-moi ces vieilles superstitions. Ce que ton bouquin ne disait pas c’est qu’après la naissance, les parents doivent galérer pour réussir à monter dans l’urgence le lit du bébé en question.
- Le père tu veux dire, ajouta-t-elle d’un air moqueur.
- Oui, le père exactement, tu sais très bien le montage de meuble et moi on est …
- … fusionnel ?
Il ne put retenir un sourire devant la mine taquine de Jan qui le fixait de ses yeux rieurs. Il lâcha le volant d’une main et vint la poser sur le ventre rond de sa femme. Celle-ci vint entrelacer ses doigts aux siens. Bientôt huit mois qu’ils savaient qu’ils allaient être parents. Au début, ça les avait complètement terrifiés. Ils venaient juste de se marier, lui aurait trente ans dans l’année, elle venait d’en avoir vingt-six, leur carrière professionnels était en train de décoller et ils n’avaient pas le moins du monde pensé à avoir un enfant dans l’immédiat. Alors, quand le test de grossesse s’était avéré être positif, ça les avait un peu déstabilisé. Le garder ou non ? Ils s’étaient donnés du temps pour réfléchir. Puis la date limite d’avortement était arrivée mais à ce moment là, l’évidence leur semblait flagrante : cet enfant, ils allaient l’avoir. N’empêche, ça les angoissait beaucoup cette idée qu’ils allaient devenir responsables d’un petit être tout droit sortie de leurs entrailles. Lui essayait de le cacher, mais l’inquiétude de Jan se lisait souvent clairement sur son visage. Et dés que la plaisanterie fut passée, l’habituel masque de nervosité vint à nouveau se plaquer sur ses traits, sur la petite ride qui se formait sur son front, dans le plissement de ses sourcils, dans la façon dont elle se mordillait les lèvres. Il ramena sa main sur le volant et poussa un soupir. Les trois semaine qu’il restait avant l’arrivée du bébé allait être longues.
Jan se tourna vers la fenêtre, posant son regard sur le paysage enneigé autour de la route. Ses cheveux blonds étaient relevés en un chignon négligemment arrangé et des mèches tombaient, éparses, le long de sa nuque. Son souffle formait un léger nuage de buée contre la vitre glacée. Les yeux perdus dans la vague, elle semblait très éloignée. Le calme était revenu et, hormis le ronronnement du moteur et la chanson All I need de Radiohead qui résonnait doucement dans la voiture, ont n’entendait plus aucun bruit. Alex avait le sentiment que dans ces moments là, une barrière invisible mais tenace se dressait entre eux deux, les séparant momentanément.
- Jan, pour la énième fois, tout va bien se passer.
Elle hocha imperceptiblement la tête, sans décoller son regard des arbres blancs qui défilaient, plantés dans le fossé de plusieurs mètres attenant à ce côté de la route. Alex se pencha un instant, pour baisser le son de la radio. La voix du chanteur s’atténua doucement. Il reprit :
- Je comprends que tu…
Sa phrase demeura sans suite. En face d’eux, un pick-up noir émergea à toute allure de l’angle du virage. Il n’entendit pas le crissement des pneus sur le bitume verglacé tandis qu‘il enfonçait la pédale de frein, ni le cri horrifiant que poussa Jan. Il n’eut même pas le temps de comprendre ce qu’il se passait que, déjà, le véhicule leur rentrait dedans de plein fouet.
Le pare-choc se retrouva projeté sur la chaussée. Le pare-brise explosa en morceaux. Des débris de carrosserie se mirent à voler en tout sens. Le bruit métallique et strident de la tôle froissée saccagea le silence de l’hiver. Dérapant sur la route gelée, la voiture fit une embardée de plusieurs mètres jusqu’à ce que les roues arrière se retrouvent dans le vide du fossé. Une fraction de seconde s’écoula. Un temps infime qui pour Alex sembla durer une éternité. L’idée qu’ils allaient être en retard chez les parents de Jan lui effleura l’esprit.
Puis la voiture bascula dans le vide.
Le monde chavira, se changeant en un chaos d’images brouillées et de sons déformés.
Partant en tonneaux le long de la pente, tout le côté conducteur du véhicule fut arraché. La portière arrière resta accroché le long d’une branche morte, le rétroviseur fut propulser en l‘air. Alex se couvrit instinctivement le visage de ses bras. Des bouts de verre et de métal se mêlaient aux gerbes de neige, rentrant et sortant de l’habitacle au rythme de la descente infernale. Dans sa course folle la voiture rencontra un arbre et dévia à nouveau de sa trajectoire. Puis elle immobilisa sa chute quelques mètres plus bas.
La radio continuait de cracher dans l’air les paroles de la chanson qui ressortait par les hauts parleurs d’une voix enraillée. « You are all I need, you're all i need, I'm in the middle of your picture, lying in the reeds… » Puis elle rendit l’âme et se fut le silence complet. Alex papillonna des yeux un instant, tachant de rassembler ses esprits. L’airbag en face de lui s’était crevé et il sentait une douleur cuisante à l’endroit où son front avait du heurter le volant. Il le toucha du bout des doigts et eut un haut le cœur en ramenant sous ses yeux sa main pleine de sang. Les premières secondes d’hébétement passée, l’égarement fit vite place à la panique. A travers le trou où aurait du se trouver le pare brise, il voyait le tronc de l’arbre qui avait définitivement mis un terme à la course folle de la petite Twingo désormais épave. Il crut d’abord que c’était un arbre mort, tombé sur le sol. Mais jetant un œil au paysage alentours, il réalisa subitement que l’arbre était normalement planté dans la terre, se dressant vers le ciel. C’était lui qui voyait le monde d’une nouvelle façon. Il était toujours sanglé sur son siège par sa ceinture de sécurité. Et la voiture était couchée sur le côté passager. La place du mort.
- Jan !
Elle était juste en dessous de lui. Sa ceinture avait lâché et elle se retrouvait étendue contre la portière jouxtant le sol, face contre terre, le visage ensanglanté, la joue posée dans la neige à l’endroit où avait été la vitre avant de voler en éclat elle aussi. Pris d’un affolement sans nom, il se tortilla sur son siège, essayant de se détacher.
- Jan ! Je t’en pris, répond-moi, parvint-il à lâcher d’une voix cassée, le cœur battant la chamade dans sa cage thoracique.
Tout ça n’était pas réel. Ne pouvait pas être réel. Il y a quelques minutes, ils se chamaillaient encore quant à la chambre du bébé, et maintenant, elle était peut être… Non ! Ne pas y penser. Elle était vivante. L’autre alternative n’était pas imaginable. Impensable.
Il continuait de se débattre avec la ceinture coincée dans son attache quand elle céda brusquement, et qu’il tomba de son siège. Il se retint de justesse au tableau de bord en ruine, évitant in extremis de s’écraser sur Jan toujours immobile. Il se laissa doucement glisser jusqu’à elle.
Son visage était aussi pâle que la neige qui recouvrait le sol. Ses cheveux s’étaient détachés et tombaient mollement sur ses épaules, son visage. Des cheveux blonds mouillés et ensanglantés. Il retint son souffle, se pencha au dessus d’elle. Du bout des doigts, il écarta doucement les mèches qui recouvraient ses yeux clos. Il ne put retenir un soupir de soulagement quand il vit ses paupières tressaillir faiblement.
- Ma chérie, tu m’entends ?
- Alex ?
Elle lui jeta un regard horrifié.
- Tu saigne ! Qu’est-ce…
La fin de sa phrase se perdit dans un sanglot.
- Tu as mal quelque part ? S’affola Alex.
- J’en sais rien, partout. J’ai du mal à respirer.
Il passa doucement une main dans sa nuque et l’autre sur sa hanche et, aussi délicatement que possible, l’aida à se mettre sur le flanc. Il tourna son regard vers les jambes de sa femme. Ou du moins, vers l’endroit où elles auraient dû être si le siège côté passager ne lui était pas tombé dessus, l’emprisonnant en partie sous sa carcasse métallique. Elle grimaça, elle posa une main vacillante sur son ventre. Une larme coula le long de sa tempe, jusque dans ses cheveux salis d’hémoglobine.
- Jan, qu’est-ce qu’il y a ? Demanda-t-il d’une voix rauque, terrorisé à l’idée de ce que pourrait être sa réponse.
- Il… il m’a donné un coup de pied, murmura-t-elle en essayant de sourire. Je crois qu’il va bien Alex. Le bébé va bien.
Il sourit à son tour, tentant de cacher son inquiétude. La dernière des choses qu’il voulait s’était affoler Jan plus qu’elle ne devait déjà l’être. D’un geste rassurant, il se mit à passer doucement le bout de ses doigts contre la joue de sa femme tandis qu’il détaillait des yeux le siège renversé. L’assise de celui-ci avait carrément été arraché de la carcasse de la voiture. Il aurait sans doute pu le déplacer si le toit du véhicule n’était pas venu s’encastrer dedans, l’emprisonnant et bloquant d’un même fait Jan.
Celle-ci leva vers lui un regard inquiet.
- Alex, qu’est-ce qui se passe ?
- Tu arrive à bouger tes jambes ?
Il tachait de maitriser le ton de sa voix, mais sus dés l’instant où il posait la question que c’était peine perdue. Jan ferma les yeux, respira profondément. Quelques secondes s’écoulèrent, puis elle secoua la tête, sans un mot. Ce n’était de toute façon pas nécessaire. Il se décala légèrement sur le côté, et tenta de la positionner complètement sur le dos, mais son visage se tordit de douleur.
- Fais-moi sortir d’ici, souffla-t-elle d’une voix tremblante.
- Je crois que tu es coincée, j’y arriverai pas, il répondit en secouant la tête, le cœur au bord des lèvres à l’idée de lui faire à nouveau du mal.
Elle plongea son regard transperçant dans celui de son mari.
- Alex, j’ai dit : sors-moi de là.
Il se redressa au maximum du possible, attrapa Jan sous les aisselles, et essaya de la tirer en arrière aussi doucement que possible. Mais tout ce qu’il réussit à faire c’est de lui arracher un nouveau cri de douleur.
- Je peux pas Jan.
Il se baissa et posa ses lèvres sur le front souillé de sang de sa femme.
- Je suis désolé, t’es coincée, j’y arrive pas.
Il resta ainsi, penché au dessus de son visage un instant. Il ne pouvait pas la libérer. Ce qu’il restait du toit de la voiture coinçait complètement le siège. Avec la simple force de ses bras, il ne pouvait rien faire. Il avait besoin d’aide.
Il tâtonna dans ses poches. Là, dans son jean, il y avait quelque chose. Il plongea une main dans sa poche et en ressorti son portable. Apparemment il était intact. Il l’alluma, les mains tremblantes. L’écran s’éclaira. Les battements de son cœur s’accélèrent dans sa poitrine. Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Les longues minutes qu’il venait de perdre auraient pus s’avérer cruciales si Jan avaient été blessée. Il jeta un regard furtif vers elle. Et encore, rien n’affirmait qu’elle ne le fût pas. Hémorragie interne, fracture, œdème, la liste était longue et mentalement, il s’interdit d’y penser.
Il allait appeler le 911, numéro d’aide international. Il enverrait du secours et on les sortirait de là. Il enfonça la touche du 9. Un petit bip résonna dans l’atmosphère silencieuse. Il s’apprêtait à entrer la suite du numéro quand les mots « Batterie faible » s’affichèrent en gros sur l’écran. Le logo de son opérateur téléphonique s’afficha, et l’appareil s’éteignit. Il jura et, de colère, jeta le téléphone devenu inutile par le trou du pare brise. Quel con il faisait ! Il n’avait même pas pensé à recharger son foutu portable. Se maudissant intérieurement, il sentit le regard de sa femme posé sur lui. Elle avait suivit le moindre de ses gestes en silence. Jan ne possédait pas de portable, elle avait toujours jugé ça inutile, et jusqu’à présent, Alex lui avait donné raison. Pour sa part, il ne s’en servait que pour le travail. C’est pourquoi, étant en vacances, il avait complètement oublié de recharger la batterie.
Ils restèrent silencieux durant une minute qui sembla durer une éternité. Ce fut Jan qui vint briser le calme ambiant.
- Tu dois aller chercher de l’aide, souffla-t-elle.
- Il est hors de question que je te laisse ici, contesta-t-il immédiatement.
- Si, tu dois le faire. Pour revenir avec les secours.
- Je veux pas te laisser seule Jan.
- Je sais, et je veux pas non plus que tu t’en aille, mais on a pas le choix. Tu dois y aller. Pour moi, et pour lui, elle ajouta en prenant une des mains de son mari et en la posant sur son ventre à côté de la sienne.
Il soupira, résigné. Elle avait raison, il le savait. Il hocha la tête, sans prononcer un mot. Puis, il enleva son manteau et le rabattit sur Jan qui commençait à frissonner. Le froid lui mordait la peau mais ça n’avait pas d’importance. Puis, il se pencha et l’embrassa de toutes ses forces.
- Je reviens vite, je te le promets.
- Je bougerais pas d’ici, répondit-elle un léger sourire aux lèvres.
Il essaya de sourire à son tour mais n’y parvint pas, sachant trop bien que la plaisanterie de Jan n’avait pour but que de cacher sa peur. Et il pouvait le comprendre. Car effrayé, il l’était lui aussi.
Il s’extirpa de la carcasse du véhicule en passant par le trou du pare brise. Il tituba un instant dans la neige. La blancheur du paysage le frappa de plein fouet. De gigantesques arbres se dressaient vers le ciel comme des monstres de branches mortes et stalactites de glace figés. Des arbres, partout. Il était encerclé. Il s’éloigna de la voiture, ou du moins de ce qu’il en restait et se dirigea vers la pente plus loin, derrière lui, d’où ils avaient dégringolés. Elle était raide et il n’en voyait pas le bout. Il fut soudain pris d’un horrible sentiment d’impuissance et ne fut pas certain de pouvoir parvenir à remonter jusqu’à la route. C’était pourtant sa meilleure chance de trouver du secours. S’il arrivait jusqu’en haut, il pourrait essayer d’arrêter une voiture. La plupart des gens possédaient des téléphones mobiles, et même si ce n’était pas le cas, il pourrait être conduit vers un endroit d’où alerter les secours serait possible.
Il commença son ascension, s’enfonçant dans la neige fraiche à chacun de ses pas. Il n’avait pas fait trente mètres qu’il fut pris de vertiges qui firent basculer le monde autour de lui et qu’il trébucha, se retrouvant à genoux sur le sol enneigé. Une douleur fulgurante lui vrilla l’intérieur du crane. Deux gouttes de sang s’écrasèrent dans la poudreuse. Rouge et blanc. L’effet des deux couleurs mélangées était saisissant. Il remarqua alors la teinte de sa chemise. Elle était initialement grise. Un gris clair simple et passe partout. Il aimait la sobriété de cette couleur. A présent, elle était d’un rouge foncé et écœurant quand on en savait l’origine. Elle était imbibée d’hémoglobine, sa blessure à la tête continuait de saigner. Plus tôt, il l’avait jugé sans importance. Peut être la blessure était-elle moins bénigne qu’il l’avait pensé. Il ne décida de ne pas y faire attention. Seul Jan comptait, il devait trouver quelqu’un, et vite. Pourtant il dut se rendre à l’évidence, il ne pourrait jamais réussir à remonter la pente.
Il attendit que le malaise fut passé et tacha de se redresser en s’appuyant à un tronc rugueux. C’est à cet instant qu’il le vit. Un peu plus loin, au milieu des arbres, un chemin de terre serpentait vers le fond de la forêt. Malgré l’épaisse couche de neige qui recouvrait le sol, il restait nettement visible grâce aux congères qui le bordaient. Et aussi grâce aux traces de pas qui le suivaient. Il avait neigé un peu plus tôt dans la journée or les traces n’étaient pas recouvertes, elles étaient donc récentes. Si quelqu’un était passé par là, c’est que ce chemin devait bien mener quelque part. Alex s’approcha en commençant à greloter. La neige l’avait complètement trempé et le vent glacial qui soufflait n’arrangeait en rien les choses. A chaque nouvelle bourrasque, il avait l’impression que de minuscules aiguilles s’enfonçaient dans chaque fibre de son corps transit.
Il arriva juste au bord du chemin. Les empruntes étaient nombreuses, plus d’une personne était passée par là. Il enjamba le monticule de neige et se planta au milieu du passage. Deux voies s’ouvraient à lui, toutes deux s’enfonçant vers une partie différente de la forêt. Laquelle devait-il prendre ? Il se souvint d’un poème de Robert Frost qu’il avait appris étant petit :

Deux routes divergeaient dans un bois jaune
Et désolé de ne pas pouvoir prendre les deux
Et ne sois qu'un seul voyageur, je suis resté longtemps
A regarder l'une des deux aussi loin que je le pouvais,
Jusqu'au point où son virage se perdait dans les broussailles…


Il préférait de loin la version originale anglaise, les traductions avaient toujours, à son goût, appauvrirent le texte d’origine. Toujours étant que, aussi représentatives de sa situation que ces phrases l’étaient, il n’en était pas moins plus avancé. Finalement, il opta pour la direction dans lesquelles les empruntes se dirigeaient. Avec un peu de chance, il tomberait sur les gens qui avaient laissé leur trace.

Il marchait depuis une bonne vingtaine de minutes maintenant. Il ne voyait pas la fin du chemin et il avait froid. Il ne sentait presque plus ses doigts. Il s’obligea à les remuer, essayant de retrouver la mobilité de ses phalanges engourdies. Il se demanda combien de temps encore Jan pourrait tenir. Seule et piégée dans la carcasse de la voiture, surement pas longtemps. La neige se remit à tomber. Alex jura. Il ne manquait plus que ça.
Le chemin se mit monter le long d’une petite colline parsemée d‘arbre. Arrivant au sommet, il se fraya un chemin parmi les troncs et se figea, le souffle coupé par ce qui venait de se révéler à ses yeux. Une église, ou du moins ce qu’il lui sembla être les restes d’une église. L’immense bâtisse en ruine se dressait face à lui dans toute sa splendeur passé, au milieu des arbres, au milieu de nulle part. Les reliefs de son architectures ressemblaient à des branches mortes, s‘entrelaçant entre elles et s‘étendant vers le ciel le long de la pierre froide et abîmée. Des vitraux brisés perçaient la façade par endroit, leurs tessons acérés et fragile semblant sur le points de finir en poussières à leur tour. La longue plainte du vent qui s’infiltrait par le moindre interstice le fit frissonner. Jamais Alex ne se serait attendu à tomber sur un tel spectacle de désolation. Il connaissait bien la route qui passait par ici, et jamais il n’avait entendu parler d’une quelconque ruine qui se trouvait dans les bois alentours.
En s’avançant, il aperçut des petites formes qui émergeaient ça et là du sol crevassé et irrégulier. Il plissa les yeux, essayant de mieux les discerner, et se figea quand il comprit ce qu’elles étaient. C’était des vestiges de croix chrétiennes et de pierres tombales. Il se trouvait au beau milieu d’un cimetière. Un corbeau croassa. « La touche final à ce tableau horrifiant » pensa-t-il.
Il continua d’avancer, un malaise s’installant en lui à chaque nouveau pas qu’il faisait vers la bâtisse. Il avait la dérangeante impression qu’il n’aurait pas dû se trouver là et l’horrible sentiment d’être épié ne faisait que renforcer son anxiété. Pourtant, les empruntes dans la neige continuaient dans cette direction, il se borna donc à les suivre.
Il fit encore deux pas quand le cri d’un autre corbeau résonna dans l’immensité de la forêt, le stoppant net dans son mouvement. L’animal en question se posa sur la branche d’un arbre prés de lui. Sa petite tête noire se tourna vers Alex tandis qu’il le fixait de ses yeux sombres et perçants. Menaçant. « Tu vas finir par te flanquer la frousse tout seul, mon vieux » se dit-il en tentant de se rassurer. En vain, il devait l‘avouer. La simple vue de l‘oiseau suffisait à lui nouer l’estomac. Il s’obligea à détourner le regard, des frissons lui parcourant l’échine. Il allait reprendre sa progression quand un mouvement furtif attira son attention derrière une des pierres tombales. Encore un corbeau ? Il en doutait.
- Il y a quelqu’un ?
Les tremblements de sa voix le surprirent, mais il réussit à se convaincre que ce n’était dû qu’au froid. Il tendit l’oreille, mais seul le silence lui répondit. Il resta immobile un instant, dans le calme total, toujours aussi oppressant. Il se pencha et ramassa sur le sol une vieille branche morte à l’aspect plutôt solide. Pointant son arme de fortune devant lui, il s’en approcha doucement, retenant sous souffle. Un craquement retentit, et la chose derrière la pierre se remit à bouger. Il se retint de crier lorsqu’une petite silhouette émergea de derrière la pierre. C’était une fillette, les bras levés devant son visage. Une longue robe noire presque transparente retombait mollement sur son petit corps trop maigre que l’on discernait à travers le tissu. Sur ses épaules frêles elle portait simplement une veste, noire elle aussi. Alex resta cloué sur place, trop décontenancé pour pouvoir esquisser le moindre geste.
- Ne me fais pas de mal, murmura-t-elle d’une petite voix craintive.
- Te…te faire du mal ? Demanda-t-il en reprenant ses esprits.
Il réalisa soudain qu’il tenait toujours fermement entre ses mains la branche morte et fut frappé par ce qu’il avait failli faire avec.
- S’il te plait, ne me fais pas de mal, elle laissa échapper dans un petit glapissement terrorisé.
- Je ne vais rien te faire, n’ais pas peur. Qu’est-ce que tu fais ici ?
Elle abaissa doucement ses bras. Alex fut frappé par la fragilité imprégnée sur ses traits. Des cheveux sombres pendaient le long de son visage faisant ressortir la pâleur de sa peau. Sous ses yeux, de profondes cernes violacées lui donnaient un air presque effrayant. En croisant son regard, il eu le sentiment de revoir les deux yeux menaçants du corbeau quelques minutes plus tôt.
- Je viens te chercher, elle répondit.
- Me chercher ?
- Il faut que tu viennes, la femme avec toi dans la voiture… Viens.
Et elle s’enfuit en courant par là où il était venu. Alex resta figé sur place, incapable de bouger ou d’émettre le moindre son. Il suivit l’enfant des yeux. Ce ne fut que lorsqu’elle parvint au sommet de la colline qu’elle se retourna.
- Viens, lui cria-t-elle.
Retrouvant l’usage de ses jambes, il se mit à courir à son tour. Voyant qu’il la suivait, la petite reprit sa course. Il ne comprenait rien, nageait dans le chaos le plus complet. Que faisait cette gamine là, au milieu de nulle part ? Elle avait parlé de Jan. Pourquoi ? Que c’était-il passé ? Les questions se mélangeaient dans sa tête tandis qu’il continuait à courir, fixant le dos de la fillette dans lequel volaient ses long cheveux foncés. Plus rien n’avait d’importance. Il se tordit la cheville et faillit se rétamer sur le sol mais se rattrapa à un arbre et repris sa poursuite sans tenir compte de la douleur. Une seule idée l’obsédait, rejoindre Jan le plus vite possible. Il avait été stupide de la laisser seule. Il n’aurait jamais dû la laisser.
Plusieurs fois, il eu peur d’avoir perdu l’enfant. Elle courrait vite, plus vite que lui, et sa petite silhouette se perdait de temps à autres derrière les troncs massifs des arbres. Mais à chaque fois, elle réapparaissait ici ou là, et il poursuivait son chemin vers Jan. Il commençait à avoir la tête qui tournait, quand émergeant d’un tournant, il se retrouva dans la clairière où leur voiture avait atterris.
Mais le véhicule avait disparu.
Alex balaya les lieux des yeux. C’était impossible, il devait se tromper. La fillette se tenait au centre de la clairière, immobile. A côté d’elle, se trouvait le tronc renversé qu’Alex avait vus par le trou du pare brise un peu plus tôt. Il n’avait pas eu tord. C’était bien le bon endroit. L’incompréhension l’assomma. Il tituba vers l’enfant qui le fixait de ses petits yeux de corbeaux noirs.
- Qu’est-ce… qu’est-ce que ça veut dire ? Où est Jan ?
- Je devais te faire venir ici.
Il se figea à quelque centimètre d’elle, frappé par le changement brutal de son ton. Il n’avait plus rien d’effrayé mais était au contraire sec et menaçant.
- Je ne comprends pas.
- Je le devais, assura-t-elle calmement.
- Pourquoi ?
- Pour se venger. De vous.
- Nous ?
- Des vivants. Celui qui nous a tué à survécu.
- Tu es complètement cinglée, lâcha-t-il en s‘éloignant de la fillette.
Un rictus se forma sur les lèvres de celle-ci. Ses petits yeux vifs le détaillaient avec attention. Elle ne tint pas compte de la remarque d’Alex et reprit :
- Quelqu’un dois payer. Et tu es là.
Alex recula, les entrailles nouées. Cette petite lui faisait peur. Elle n’avait rien de l’enfant chétive qu’il avait vue dans le cimetière. Des frissons lui parcoururent l’échine mais cette fois ce n’était pas à cause du froid. Ou était Jan ? Il parcourut des yeux le sol. Pas la moindre trace, pas le moindre débris. C’était ici, il le savait. Il en était certain. Alors, qu’est-ce que tout cela signifiait ? C’était impossible. Il était en train de perdre la tête lui aussi. Il fit volte-face, décidé à trouver le chemin et à revenir sur ses pas. Il devait trouver sa femme.
Il failli hurler quand, se retournant, il tomba sur trois silhouettes encapuchonnées qui s’avançaient doucement vers lui. Elles portaient de longues robes noires qui tombaient à leur pieds, balayant la neige sur le sol. Les capuches sur leur tête cachaient tout de leur visage. Instinctivement, Alex revint vers la fillette. Si celle-ci lui l‘effrayait, les trois silhouettes le terrifiaient. Il y avait quelque chose de dérangeant et de peu naturelle dans leur façon d’avancer, calme et imperturbable, vers lui. Le seul bruit de leur robe sombre sur le sol enneigé suffisait à le rendre nerveux. L’enfant se mit à rire. Il se tourna vers elle, et sentit son cœur s’emballer dans sa cage thoracique. D’autres approchaient derrière lui. Partout. Tout autour. Il était encerclé. Il sentit son corps s’engourdir. L’incompréhension lui faisait tourner la tête. Qui était ces gens ? Des larmes d’impuissance naquirent sur ses joues. Jan, il devait la retrouver. Que se passait-il ? Pourquoi ? Ce matin, quand il s’était réveillé, c’était une simple journée ordinaire. Qu’est-ce qui fait que les choses peuvent déraper à ce point ? Devenir un tel chaos ? Quatorze. Ils étaient quatorze autour de lui. Ils se resserraient. La petite fille continuait à rire. L’une des silhouettes dégaina un long couteau de sa manche. Il eu à peine le temps de voir l’éclat de la lame scintiller. Une douleur fulgurante se répandit dans sa cage thoracique. Il ferma les yeux.

Il ouvrit les yeux, la lumière l’aveugla. Des silhouettes étaient penchées au dessus de lui. Les sons et les formes se mélangeaient. Il avait l’impression que sa tête allait exploser. Une voix, douce et calme se détacha des autres :
- Monsieur, calmez-vous, tout vas bien. Vous avez eu un accident, vous vous rappelez ?
Le pick-up, le fossé, la neige, Jan, les moines. Tout lui revint subitement.
- Ma femme…
- Elle est ici, à l’hôpital, avec vous. Tout va bien. Vous vous souvenez de ce qu’il s’est passé ?
Il secoua la tête. Rien n’avait de sens. Ses pensées se mélangeaient. Il revoyait la fillette, les ombres encapuchonnées, la voiture disparue. La neige qui continuait de tomber.
- Vous avez eu un accident de voiture avec votre femme. Le conducteur du véhicule qui vous à heurté à prévenu les secours. Vous étiez inconscient quand ils sont arrivés. C’est fini maintenant. Vous allez bien tout les trois.
- Tout les trois ?
Elle sourit.
- Oui, votre femme a accouché en arrivant. Depuis quelques heures, vous êtes le père d’une jolie petite fille.


Alex sorti de l’hôpital quatre jours plus tard avec sa femme et leur petite fille Alice.
Plus tard, poussé par la curiosité, il fit des recherches sur le bois où ils avaient eu leur accident. Un monastère avait un jour été construit en ces lieux et avait était abandonné après un incendie mortel d’origine criminel qui avait tout ravagé. Il arrivait que des gens viennent visiter les lieux. Le jour du drame, plusieurs familles se trouvaient là-bas.
Ce jour là, quinze personnes avaient péris. Quatorze moines. Ainsi qu’une petite fille de huit ans.
lily

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par lily »

Bravo à vous deux! Key je trouve pas les mots! Ton histoire est génial!
dede1422

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par dede1422 »

Cela va faire 10 Minutes que j'ai fini de lire la petite histoire de Marie ( x-Key) , et je n'arrive pas tellement à mettre les mots sur ce que je ressent par rapport à celle-ci.

L'histoire est trés bien construite, le contenu est Magnifique. Un peu sombre, un peu mystérieux, J'aime beaucoup les histoires comme ça. La fin, est pas tellement une fin je dirais, plutôt une ouverture. Par rapport à ça, on peut imaginer beaucoup de suites. C'est assez énigmatique. Cette ' fin ' me fais un peu pensé a : La fôret des Damnés. On ne s'attend pas à ce que l'histoire finisse comme ça, et elle est assez mystérieuse, comme l'histoire de Marie. On peut imaginer beaucoup de suite .

Bref, Une trés bonne petite histoire !
Je te relis quand tu veux Marie :p
NoMu

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par NoMu »

Terreur Nocturne.



Il courrait, courrait à en perdre haleine. Il ne savait pas quoi il fuyait ainsi, ni pourquoi. Il n’était certain que d’une chose, il le faisait pour sauver sa vie, son âme. Il n'avait plus souvenir de rien, c’était tout ce qui lui restait, tout ce qui le constituait.

Ne sachant plus quand, où, ni pourquoi, il s’arrêta soudainement. Le flanc transpercé de douleur, son cœur menaçant d’éclater. La respiration rauque et saccadée, le souffle lui manquant, il s’assit.
Après avoir calmé les battements erratiques de son cœur, et retrouvé un peux du souffle béni, il observa où il se trouvait.
Il était dans une clairière, au milieu d’une forêt lugubre, désertée de toute vie. Les hauts arbres qui la peuplaient étaient de pauvres hères torsadés, le cœur anéantit. Leurs feuillages oubliés depuis de nombreuses années. Leurs branches partaient en vrille vers le ciel étoilé, dans un dernier sursaut pour la vie.
L’hiver était là, le sol, dur et rocailleux, était recouvert d’une douce nappe blanche. Où que porta son regard, c’était un paysage de dévastation. Le sol crevassé, la caillasse remplaçant l’herbe, les arbres tordu et sans vie. Ils attendaient la mort avec toute leur solennité.
En levant son regard vers le ciel, il put contempler la nuit étoilée, la brillante splendeur des astres illuminant la voûte céleste. Et le ciel surplombant ce paysage chaotique.
Mais la température continuait de chuter, et plus le temps passait, plus il sentait le froid le prendre dans sa douce étreinte. Le brouillard s’était levé, rampant à même le sol, fin d’abord, mais doucement, lentement, de plus en plus épais.. Bientôt presque opaque.

Et là, un sentiment qu’il commençait à connaître, la peur le reprenait. Cette peur instinctive qui vous tordait le ventre, avec laquelle vos jambes tremblent sans même savoir pourquoi. Une peur si primale qu’il pleurait, les larmes dévalant ses joues glacées.
Il se remit à courir. A fuir le mal qui le chassait, qui avait fait de lui sa proie. La peur qui le torturait lui donnait des ailes. Malgré son éprouvante fatigue, il continuait, parcourant cette terre inconnue, aussi vite qu’il le pouvait.. Mais toujours, il le sentait, cela se rapprochait.. Cela arrivait.
A bout de souffle, ses dernières forces l’abandonnant, il s’écroula face contre terre, tout son corps criait grâce. Il ne pouvait plus avancer.. Alors, il se permit quelques secondes de repos. Et vit où il était.. Dans un cimetière, devant les ruines de ce qui avait dû être une ancienne église, mais au vu de l’état, cela devait remonter à plusieurs siècles. Les tombes étaient vieilles, horriblement vieille.. Il ne savait pas d’où le malaise qui parcourait son corps pouvait provenir.. Il se pensait en sécurité. « Ce doit être une terre sanctifiée ici, je ne risque plus rien » se disait-il.

D’un coup, les ténèbres furent sur lui. D’oppressantes ténèbres, qui lui serraient le cœur. Et il sut que la chose était là, prête à s’emparer de sa vie, de son âme…
Alors, les sinistres ténèbres se refermèrent sur lui, prête à le foudroyer, et à prendre ses derniers biens si précieux. L’obscurité l’enserra dans un dernier baiser de mort, sa bouche s’ouvrit sur un dernier cri …

Et il se réveilla en hurlant.

Regardant autour de lui, il sut que c’était son ancien cauchemar qui était revenu le hanter. Mais il était sauf. Il était en sécurité, bien à l’abri au fond de son lit, dans sa maisonnette à deux pas de Coven Garden, à Londres.
Pourtant, une sensation de malaise désormais familière lui tenaillait le ventre.
Il tourna son regard vers la fenêtre. Les ténèbres voilaient le paysage, oppressantes. A travers la vitre, un effroyable faciès le regardait, affichant un rictus empli de haine.
Mijak

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Mijak »

Y'a plus beaucoup de participants :|
A quand le nouveau sujet ? :)
Nadia974

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Nadia974 »

Bonsoir,

Tout d'abord je te tiens à tous vous remercier de votre participation, vous m'avez régalé !

@Key j'ai dévoré ton histoire, bravo !
@No-Mu c'était très bien également.

Donc voilà, je reviens vous proposer un tableau adapté d'une oeuvre de Friedrich encore.

Naufrage

Image

Toujours le même principe, à vous de jouer !
Mijak

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Mijak »

Elle m'a bien inspiré celle-là.
Je mets la partie pertinente de ce que j'ai écrit.


___________________________


A mesure qu'ils progressaient à travers la tempête vers la forme grandissante, la visibilité semblait s'améliorer. Victor, en tête, pouvait déjà esquisser les contours de la forme qui semblait très chaotique. Il y avait des piques qui partaient, des plaques qui semblaient s'élever vers le ciel ou bien en diagonale. Mais d'ici il ne pouvait dire s'il s'agissait d'une formation naturelle ou bien d'un élément artificiel.
Ils marchèrent encore, sentant la fatigue les rattraper, et peu à peu leurs pas sembla plus aisé ; leur progression moins pénible. Xavier, derrière son frère, parvenait clairement à voir Martin, à quelques mètres de lui. Il se retourna et vit aussi clairement Pierre, qui fermait toujours la marche. Il pressa le pas, sentant lui aussi l'épuisement le gagner, et rejoignit Victor.
– On dirait que la tempête se calme.
Le capitaine tourna la tête et vit ce que son frère voulait dire. Quelques heures auparavant, chacun ne pouvait voir que celui qui le précédait. Maintenant, il pouvait distinguer nettement tous ses hommes.
– Oui, fit-il. Continuons. Nous ne devons plus être loin.
En effet, la forme devant eux grossissait de plus en plus, et avec la tempête qui perdait de sa force, Victor avait bon espoir de pouvoir identifier cette chose d'ici peu.
Enfin, plusieurs dizaines de minutes plus tard, Victor butta contre quelque chose qui saillait du sol. Il se rattrapa avec ses bras en avant, puis s'arrêta pour regarder ce qui l'avait fait chuter.
Il se trouvait sur un plan plus élevé que les autres ; comme une grande marche naturelle formée par la glace. Curieux, il regarda vers ses hommes légèrement en contrebas, et ceux-ci s'arrêtèrent, bouche bée, regardant un point derrière lui. Il fronça les sourcils et se retourna.
Devant lui, la tempête et les tourbillons de neige en suspension semblaient s'écarter, comme des nuages chassés par le vent, ou bien une obscurité dispersée par des torches que l'on allume peu à peu. Le champ de vision se prolongea jusqu'à plusieurs centaines de mètres, au-delà de quoi la barrière de neige grise et tourbillonnante formait un mur opaque. Il tourna à nouveau la tête, puis pivota dans tous les sens, et comprit que la tempête avait créé un cercle d'environ un kilomètre de diamètre autour de la forme, la masse immense, le chaos qui émergeait de la glace face à eux ; maintenant bien visible et identifiable.
C'était un enchevêtrement de plaques de glaces, comme si deux banquises s'étaient confrontées l'un à l'autre à grande vitesse, montant ainsi l'une sur l'autre, se brisant, se perçant, et créant les piques qu'il semblait avoir perçues de loin, à travers la tempête. Autour de cet amas violent, le choc qui semblait à l'origine de tout ça avait aussi perturbé le sol, créant des irrégularités comme celle sur laquelle Victor avait trébuché, et certaines parfois hautes de plus d'un mètre.
– Mon dieu, mais qu'est-ce qui a pu provoquer ça ? fit alors Martin à gauche de Victor.
– Regardez le ciel !
C'était François qui pointait du doigt un point au dessus de leur tête. Ils levèrent les yeux et virent que les nuages eux aussi semblaient se former en un cercle et laisser la voûte céleste totalement visible à l'intérieur de ce sanctuaire chaotique.
– Tu peux faire un relevé, François ? demanda Victor sans se retourner.
– J'ai déjà commencé, capitaine.
Pierre arriva à leur niveau et lâcha son paquetage.
– Bon dieu d'merde, fit-il en regardant le paysage meurtri.
– Tu penses qu'on est arrivé ? demanda Xavier en se tournant vers son frère.
Victor hocha la tête. Il n'avait pas besoin des relevés pour le lui confirmer. Il se souvenait de la dernière entrée du journal de bord ainsi que des explications évasives de Norbert Fras, et un frisson le parcourut tandis que son esprit esquissait l'ébauche du scénario qui avait amené le Prodige à sa perte.

64e jour.
Jeremy est mort ce matin. Je l'ai retrouvé sur sa couche, endormi à jamais, et froid comme de la glace. Nous ne sommes plus qu'une dizaine, et le bois vient à manquer. Aujourd'hui encore, nous avons heurté d'énormes blocs de glace qui flottaient. Je ne comprends pas comment nous n'avons pas encore été confronté à la banquise, comment Le Prodige ne s'est-il pas pris dans la glace. A la latitude où nous devons être s'étend l'éternel continent blanc. Pourquoi continuons-nous à naviguer ? Est-ce Dieu qui nous guide et teste notre force ? Sommes nous parvenus aux confins de Son Royaume ? Ou bien avons-nous dépassé les limites et avons-nous atterri en Enfer ? Tous les jours, de plus en plus de blocs de glace passent autour du bateau, nous avons de la chance que les gros ne nous heurtent pas. Allons-nous couler comme ça ? De toute façon, la route qui nous est tracée n'est qu'un sursis. La glace va nous prendre bientôt, si ce n'est par la mer, ce sera par notre sang qui gèlera. Je sens déjà mes pensées ralenties, mes membres qui ne m'obéissent qu'à moitié, et ma respiration haletante. Combien de jour vais-je encore devoir faire semblant de guider ce vaisseau fantôme ?


– Regardez !
Victor suivit la main tendue de Xavier et chercha des yeux ce qui avait fait réagir son frère de la sorte.
– A droite de l'amas, à demi enfoui. La poupe d'un navire.
Depuis que la tempête s'était dissipée, leurs voix portaient beaucoup mieux, et un étrange silence s'était d'ailleurs imposé autour d'eux. Victor regarda où indiquait son frère, et tenta de repérer la forme dont il parlait malgré l'obscurité toujours présente du crépuscule permanent à cette latitude. Il vit alors, penchée sur le côté et émergeant péniblement de la glace, la poupe du Prodige. Sans un mot, il se mit en marche, suivit par le reste du groupe.
Ils arrivèrent après quelques minutes assez près pour pouvoir lire l'inscription sur le navire qui identifiait formellement le vaisseau comme étant le Prodige. « Mon dieu, pensa Victor. Comment ce navire est-il arrivé ici ? Comment s'est-il enfoncé si loin sur la banquise ? » Il se remémora les mots du capitaine, et se dit : « est-ce vraiment une route qui leur a été ouverte à travers les glaces ? Et ce chaos… comme si les deux bords d'une gigantesque plaque de glace s'étaient refermés sur le navire d'un coup. Comme si la glace l'avait happé. »
Le témoignage de Fras laissait entendre qu'ils s'étaient échoués. Ou bien était-ce Victor qui avait reconstruit le témoignage inconsciemment de manière à le rendre rationnel, logique, en accord avec la pensée commune ? Qu'avait dit Fras réellement ? Il ne parvenait pas à s'en souvenir.
– Comment un navire peut-il être pris ainsi dans la glace ? Il n'a pas coulé. C'est comme si la glace s'était formée autour du navire, l'emprisonnant à moitié englouti.
– Il faut faire des clichés, dit alors Victor. Martin ?
Il se tourna vers le timonier qui portait l'appareil photographique. Victor pris le lourd instrument et l'ouvrit, le positionnant de manière à avoir bien en vue ce qui s'étendait devant leurs yeux. Il prit un cliché, puis arrangea la prise de vue pour saisir la poupe du Prodige.
– Il nous faut aller dedans, dit-il alors.
Pendant un moment, personne ne réagit.
– Quoi ? s'exclama Xavier. Tu es fou ! Si la glace craque autour du navire, il pourrait sombrer et nous emporter tous avec lui !
Victor se tourna vers son frère, les sourcils foncés, puis se mordit la lèvre inférieure.
– Oui, probablement, admit-il. Merde ! François ?
– Oui capitaine. Nous nous trouvons bien à l'endroit indiqué par le journal de bord. Les écarts doivent être dus à l'orientation de Norbert Fras et à son mauvais calcul du temps de marche.
– Nous devons retourner sur nos pas, dit Xavier plus calmement. Nous avons les preuves suffisantes, et il n'y a rien de plus à tirer de cet endroit.
Victor hocha la tête et jeta un dernier coup d'œil sur la poupe du navire pris dans la glace.
Une fois qu'ils furent assez loin de l'amas de glace, le capitaine se retourna encore une fois et fixa le mur de neige au loin, se promettant qu'il parviendrait, sur les pas de son aïeul, à percer le mystère de ce Royaume de Glaces.

_______________

Merci pour l'exercice !
Nadia974

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Nadia974 »

Coucou Tommy,

Merci pour ce joli récit. Je trouve ton écriture efficace, tes descriptions justes. Le récit colle parfaitement au tableau. Je me suis projetée très facilement dans ce groupe d'hommes...
Donc encore merci de ta participation, tu me régales à chaque fois. :)
Mijak

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Mijak »

Derien et merci pour les compliments =)
Mais les gens ne répondent pas :| . Pfff. Ces sujets devraient avoir le droit d'apparaître dans les Dernières entrées, sinon personne ne vient se perdre dans ce coin-ci du forum.
Ou alors les gens n'ont juste pas envie.
Nadia974

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Nadia974 »

Fréquentant assidûment le chat du site, je peux te confirmer que cette section n'est pas forcément remarquée dans "vos essais" et beaucoup d'inscrits ne viennent carrément pas sur le forum... :roll:
loliiipop

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par loliiipop »

Trop de fautes ===> Supprimé :oops:
Dernière modification par loliiipop le sam. 22 oct., 2011 12:50 pm, modifié 1 fois.
Nadia974

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Nadia974 »

Bonjour loliiipop,

Ton texte est très court, c'est dommage. Je n'ai pas du tout réussi à rentrer dans l'histoire, il manque trop de descriptions. De plus, il y a énormément de fautes de grammaire et d'orthographe... :cry:

Merci quand même de ta participation et bonne continuation pour l'écriture. :)
Mijak

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Mijak »

Faudrait faire un sujet différent pour chaque image, que les gens puissent choisir à quoi ils répondent. Et sinon, à quand la prochaine image ? =D
Nadia974

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Nadia974 »

Oui tu as raison, ce serait mieux en effet d'ouvrir un sujet différent à chaque fois. Sinon pour la nouvelle image, je sais pas trop, je réfléchis à ce que je pourrai proposer. Je pensais à une photo choc cette fois ci, un truc qui interpellerait et pourquoi pas autre chose que du fantastique...même si l'histoire pourrait être sur ce thème. Je voulais mettre en place petit à petit des contraintes d'écriture, mais je m’aperçois que même en donnant libre cour à l'imagination, le sujet n'a pas vraiment de succès. :(
Tu en penses quoi Tommy ?
Mijak

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Mijak »

Je pense que le fait que Virgile et/ou Miracl aient cessé d'afficher les mises à jour de cette section dans les nouvelles entrées sur la page d'accueil y est sûrement pour beaucoup dans le fait que personne n'est au courant de ce qui se passe ici. Rien que savoir que cette section existe... Enfin, je trouve que de nouvelles images, ça serait une bonne idée, et pourquoi pas oui autre chose que du fantastique, après tout, ça inviterait à se diversifier. Et pour les contraintes, libre à toi, moi tant que je peux écrire et que le sujet ne me révulse pas...
Sinon, pour la participation, je ne vois pas de solution. Peut-être en parler aux admins, mais cette section est aussi visiblement faite pour que des membres y postent certains de leurs écrits, alors c'est assez flou, et bref j'en sais rien en fait.
Corsicaaa2a

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Corsicaaa2a »

(désolée je n'ai pas vu le second sujet, j'ai donc traité la première image)

_Stella, je vais à la chasse, tu restes ici cet après midi ?
_Ah oui papa, j'ai des tas de devoirs, je ne pense pas sortir.
_D'accord, me répondit mon père. A ce soir alors, fit-il en claquant la porte impatiant de retrouver ces compagnons de chasse.
Fille d'un pompier trés appréçié dans la région, j'ai perdu ma mère à l'âge de 5ans. Mes souvenirs d'elles sont trés flous. Je me rappelle de nos quelques escapades de ci de là dans des endroits parfois lugubres et parfois magiques. Elle aimait sortir et prendre l'air, être en contact avec la nature, me racontait mon père. Montant les escaliers de la petite maison que mes parents avaient acheté ensemble afin de pouvoir m'élever correctement, je regarda mon agenda, et ne vis que des maths. Je ne voulais pas les faire aujourd'hui, je détestais ça, n'y voyant aucun intérêt. Aprés tout, si l'on savait compter et faire des calculs, cela suffisait. "Et puis tant pis ! C'est le week-end, je les ferai demain." pensais-je. Je pris mon coupe vent, sans trop savoir pourquoi, je me dirigea vers la porte d'entrée, puis, du coin de l'oeil apperçus une photos de ma mère. Elle était si belle, avec ses cheveux couleur cuivre et ses yeux vert avec une touche d'orange ocre et une peau extrêment pâle qui faisait ressortir ses magnnifiques yeux, elle me paraisait si belle. Pris d'un étrange élan, je sortis dehors. Je pris ma vielle voiture -cadeau de noël, et ancienne voiture de mon père lors de sa jeunesse- et me dirigea sur une route inconnue, laissant mon esprit vagabonder. Je me retrouva dans un endroit vide de toute vie -du moins, cela en donnait l'impression- quand tout à coup, une jeune femme à la peau pâle se figea l'air impassible au milieu de la route. Mon pied se mit automatiquement sur la pédale de frein et je fus propulsée en avant avec violence, avant de retomber sur le dossier de mon siège. J'étais secouée, je ne savais pas ce qu'il venait de se passer. Me revint alors l'étrange silhouette de la jeune femme. Je leva la tête, il n'y avait personne. Aucune voiture, aucune personne aux alentours. Je me gara sur la chaussée, -ne sachant trop pourquoi j'agissais ainsi- respira profondément puis coupa la moteur avant de m'extirper de l’habitacle. Le froid était saisissant, et j'enroula mes bras autour de mon corps afin de me réchauffer. Bizarrement, l'endroit m'était familier. Sur ma droite, il y avait un immense champs et sur ma gauche -endroit où ma voiture se situait-, se trouvait des arbres gigantesques qui semblait s'étendrent à l'infini. Poussé par une envie étrange, je m'engouffrais dans cette forêt de chênes. Après quelques minutes, quelque chose me frappa. Comment ne l'avais-je pas remarqué plus tôt ? Il émanait de cette forêt une sensation effrayante. Non pas à cause de la noirceur des arbres qui se formait au fur et à mesure de mes pas, ni à ma sensation d'être épiée de toute part. Cette sensation venait avant tout du bruit. Je tendis l'oreille. Rien. Rien sinon le rien. On entendait seulement le bruit de mes pas, le vent qui soufflait et ma respiration qui se faisait haletante. On aurait dit que l'endroit était vide de toute vie, or mis les arbres et moi. D'habitude, il y a toujours des animaux, des oiseaux ou des écureuils. Là, rien. C'était effrayant ce manque de son, ce son qui nous est malgré tout familier et réconfortant. La neige commença à tomber par petits flocon d'abord, puis par gros. J'étais vraiment seule au milieu de cette immense forêt, et je me disais, au fur et à mesure que je m'y engouffrais, si j'allais réussir à retrouver mon chemin. D'instinct, j'esseya de repérer un indice auquel je pourrais me référer. Mais malheureusement, tout se ressemblait ici. Puis, je vis une sorte de lumière. Pas éclatante, mais assez pour la discerner parmi cette obscurité. Mes pas furent plus rapides, surtout qu'un souffle qui n'était pas le miens, se faisait de plus en plus, se rapprochant de moi de manière menaçante. Je me mis presque à courir. "Qu'es-ce-que j'étais venue foutre ici ?!" pensais-je. Trébuchant sur une racine d'un des arbres qui ressortait du sol, je mis mes mains à terre afin d'amortir la chute. Voyant l'épaisse neige sous mes paumes, je releva la tête. Je retenus un cri étouffé. L'endroit était saisissant, et terrifiant à la fois. Il n'y avait plus autant d'arbres, ils restaient néanmoins présents. Au milieu de cette "ronde" formait pas les chênes se trouvait une sorte d'abbaye. Enfin ce qu'il en restait. Il n'y avait plus qu'une vulgaire façade, mais qui émanait toutefois un esprit magique. Mon esprit me frappa brutalement. C'était un été, j'avais alors 5 ans lorsque ma mère m'avait emmené dans cet endroit dans le dos de mon père partit -une fois n'est pas coutume- à la chasse. Elle m'avait alors expliqué l'histoire qu’emprisonnait cette demeure religieuse. Un moine avait recueillis une petite enfant noire et avait abusé d'elle. Il l'avait réduit en esclavage et le soir la violait, alors qu'elle n'avait que 8 ans. Puis un jour, la fille sortit de la cachette que lui avait attribué le moine en lui ordonnant de ne pas sortir, et un autre moine la vit. Etant au courant de l'histoire, il l'avait chassé de l'abbaye en lui disant de ne plus jamais revenir ici. Pris de colère, le moine - le violeur-, mis le feu à l'abbaye, tuant ainsi tous ceux qui s'y trouvaient ainsi que la petite fille noir, morte écrasée sous les éboulements de la demeure, qui voulait s'échapper des flammes. A ce que m'avait raconté ma mère, la petite fille venait ici tout les soirs afin de se venger, et tuait quiconque oserait s'approcher de l'endroit où elle a enduré milles souffrances et où elle est décédée. Prise de panique je regarda autour de moi, le crépuscule était là, il n'allait pas tarder à faire nuit. Soudain je vis des croix de tombeaux, qui semblait avoir soufferts du temps. Je me rappela alors que ma mère avait ajouté que toutes les croix présentes, étaient les personnes mortes lors de l’incendie mais aussi, des personnes mortes mystérieusement dans ses bois -tuées probablement par la fillette, pensait ma mère-. Je voulu alors rebrousser chemin, quand tout à coup, je vis la silhouette de tout à l'heure, mais cette fois-ci plus clairement.
_Maman ?! dis-je ahurie, pensant que je devais rêver. Le jeune femme souris, heureuse, puis triste. Elle regarda le soleil une dernière fois avant que celui-ci ne se couche pour laisser place à la nuit noire, puis disparue. Je fus prise de sanglots, et cria, cria.
_Maman ! Ne me laisse pas ! Reviens, s'il te plaît ! Maman ! Je m'accroupie sur la neige à présent fondue et me roula en boule, tout en continuant d'appeler ma mère, par cris, par murmures, puis me tût, sombrant dans un sommeil mouvementé. Je vis ma mère, au milieu des flammes, me criant de courir. J'avais 5 ans, c'était le même lieu, la même abbaye, il faisait nuit cependant. Elle avait terminé son histoire lorsque sans crier gare, un feu jaillit de nul part et emporta ma mère dans d’incandescentes flammes de plus de 5 mètres. Plus loin, enfouie dans la forêt, qui ici semblait sécurisante en comparaison du feu, se trouvait une petite fille à la peau noir, vêtue d'une longue traîne noir délabrée et déchirée qui s'apparenté plus à un haillon. Elle riait d'un air malsain, heureuse de s'être une fois de plus vengée.
_Stella ! me cria mon père. J'étais au bord de la chaussé, appuyée sur mon volant, le rire de la fillette qui résonnait encore dans ma tête.
_Stella ! repris mon père.
_Hein ? j'émergea, reprenant peu à peu connaissance. Papa ?
_Je suis là, chérie.
_Qu'es-ce-qui s'est passé ? répondis-je.
_Tu t'es sûrement endormie après t'êtres arrêtée.
_Probablement.
_Aller, on rentre. Des policiers étaient là, apparemment mon père s'était fait beaucoup de soucis, il a alors appelé la police pour se lancer à ma recherche. C'est lui qui prit le volant. Je vis dans sa sacoche, un album.
_C'est quoi cet album, lui dis-je en essayant de la prendre.
_C'est rien du tout ! lâcha t-il en me reprenant l'objet.
_Papa, qu'es-ce que c'est ? Je n'ai jamais vu cet album, pourquoi ? Il soupira mais ne dit rien. Puis un éclat traversa mon esprit.
_Papa, comment maman est morte déjà ?
_Je te l'ai dit 10 fois. Elle est morte dans un accident de voiture alors que tu allais sur tes 6 ans, ta mère à voulu te préparer une immense fête et un camion l'a percuté. Je n'y croyais pas. J'étais sûr que mon père me mentait.
_Papa, comment maman est morte ? Et réponds moi sans mensonges cette fois s'il te plaît. Nous étions devant la maison à présent, il coupa la moteur et regarda devant lui les yeux vides, remplis d'images qui défilaient dans sa tête.
_Vous étiez partie dans une de vos escapades lors d'un été, un endroit effrayant pour une fille de ton âge d'ailleurs, surtout la nuit. J'étais à la chasse et je pensais que vous étiez à la maison. Mais je m'étais trompé. Vous avez passé toute l'après midi là bas. Et un feu s'est déclaré alors que la nuit tombait. Tu as survécus mais ta mère a était prise par les flammes et on a rien put faire... Il baissa la tête, c'était lui qui était venu éteindre le feu avec d'autres pompiers.
_Si j'étais venu plus tôt, j'aurais peut-être pût la sauver,...
_Papa arrêtes ce n'est pas ta faute. Une larme coula sur son visage ridé par la tristesse.
_Tiens, c'est l'album où se trouvent les derniers clichés de toi et ta mère dans cette forêt. Il me le tendit.
_C'est les photos avant sa mort... Je ne voulais pas te le dire, j'avais peur que tu m'en veuilles et que tu retournes dans cet endroit lugubre. D'ailleurs, tu t'es garée juste à l'entrée du bois, j'ai eu peur, et mes souvenirs sont revenus. J'avais peur qu'il te soit arrivé quelque chose à toi aussi. J'ai pris l'album, en supposant que tu étais là.
_Désolée papa... Merci pour l'album.
_Tu veux bien attendre d'être dans ta chambre pour l'ouvrir ? Je...
_Oui, le coupais-je, t'inquiète pas. En rentrant je regarda l'album avant de me coucher, tout en repensant à cette journée à la fois magique et horrible à la fin. Il y avait des photos de moi et de ma mère -l'appareil devait être posé sur un rocher vu l'angle de vue-. Nous étions dans cet endroit,...l'abbaye et dans le coins de la photos se trouvait une racine d'arbre qui sortait du sol. Je lâcha brusquement l'album en émettant un hoquet terrifié. "Ce n'est pas possible ?!" pensais-je. Je repris l'objet afin de regarder la fin. Les derniers clichés de l'album nous montraient moi et ma mère, enlacés devant l'abbaye éclairée par le soleil de l'été, heureuse et riant aux larmes. Je carressa la photos, heureuse d'avoir un souvenirs heureux immortalisé sur des photos. Mias c'était également un souvenir affreux... J'avais 5 ans, et c'est ici qu'elle est morte mystérieusement, comme toutes ces autres personnes, devant mes yeux et ceux de la fillette noire au sourire diabolique. En m'endormant, le visage de ma mère m'apparût, éclairé par le crépuscule, elle souriait une fois encore. Mais son sourire se fendit et elle disparut dans les arbres. Le noir m'apparaissa à présent, j'étais perdue au milieu de la forêt, sanglotant et appelant ma mère avec des cris stridents qui résonnaient dans la nuit noire qui s'imposait à moi. Le rire de la fillette résonna dans les tréfonds du sous-bois.
Allis

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Allis »

J'ai préféré la première image, donc voilà ma p'tite histoire ^^

C'était il y a longtemps. J'avais une vingtaine d'années. Les pays du nord étaient ceux que je trouvais les plus beaux. Ainsi, dès que je le pouvais, je m'échappais dans ces pays venteux, froid, enneigés.
Cette année là, j'avais choisi la Russie. Une fois fait le tour des régions plus « touristiques », j'avais voulu voir les zones de « campagnes ». Ainsi, perdue avec délice dans la forêt gelée, la neige crissant sous chacun de mes pas, je me dirigeais tranquillement vers les ruines que les villageois du hameau m'avaient signalés. J'aime les ruines. Elle sont une marque de notre passé, mais aussi une preuve de notre vie éphémère, en montrant que ce que nous laissons de solide ne survit pas, contrairement à nos pensées. Comme le diraient les romantiques, seule la nature survit et se renouvelle tandis que l'homme s'éteint et laisse sa place.
Mais j'aimais ces lieux isolés pleins de mélancolie. Et j'aimais la solitude. Moi, une nouvelle Chateaubriand? Peut-être. Mais plutôt une Lamartine.

Ainsi j'approchais des ruines. Une ancienne église, plutôt du style chrétien catholique, ce qui était plutôt étonnant en Russie orthodoxe. Je m'arrêtais à plusieurs mètres de la porte. Derrière, on voyait le fond de l'église, encore debout, et quelques pierres. Je souriais. Quelle était donc l'histoire de ce lieu? Cette église avait-elle été brûlée, ou étais-ce le temps et les intempéries qui l'avaient ainsi réduite?
Je me rapprochais encore, avant de m'arrêter. Des silhouettes encapuchonnées, deux par deux, entraient dans les restes su lieu de culte. Ils ne me virent pas. J'hésitais à les suivre. S'agissait-il d'une vieille coutume d'ici, de venir prier dans ces restes, qui peut-être avaient vécu un événement mémorable? Ou bien quelques chrétiens russes aimaient venir ici se remémorer le temps passé? Ou célébrer une fête religieuse? Finalement, la curiosité fut la plus forte. Dès que la longue file fut entièrement entré, je me rapprochais de la porte. Je sursautais. De là ou j'étais, au seuil même de l'église, je ne voyais rien à l'intérieur. Rien que de la neige, et le pan de mur restant au fond.

J'entrais. Une bouffée de chaleur me saisit. Et là, j'écarquillais les yeux. La pièce spacieuse, dans laquelle je venais d'entrer n'avait plus rien de l'église, à part son pan de mur au fond. Le reste des murs, qui un instant auparavant n'étaient rien que le paysage avec quelques pierres au sol démarquant ce qui avait été le mur, étaient tendus de velours rouge. Des lustres d'or et de cristal pendaient au plafond. Au sol, ce n'était plus de la neige mais un sol de marbre blanc. L'église était devenue une salle de bal, remplis d'une multitude de personnages aux riches habits, assis sur des causeuses, discutant en grignotant et en buvant des coupes remplies d'alcool.
Je reculais d'un pas, effarée, me retrouvais assise par terre, le cul dans la neige, en face des ruines de l'église, vides, froides, au sol de neige et au murs inexistants. Je clignais des yeux, regardais autour de moi. J'étais toujours dans cette forêt russe, froide et perdue, loin des villes et des vivants. Je fronçais les sourcils. Le froid avait-il un effet sur moi? Peut-être n'étais-je pas assez couverte, que je risquais de tomber dans les pommes et mourir là, gelée. Mais je savais que c'était faux.
Je me relevais. Rentrais de nouveau. La salle de bal me faisait face de nouveau. Je scrutais attentivement la scène. Les convives avaient commencé à danser. Un orchestre se tenait au fond de la salle, devant le pan de mur au fond de l'église. Je m'en rapprochais. De ces grands trous ou avaient du se tenir des vitraux, j'apercevais mon monde. La forêt froide et enneigée. Pourtant, je voyais aussi des carrosses en contrebas. Je me notais d'aller voir après si de l'extérieur ils étaient réellement là. L'entrée de la salle était fermée par une lourde porte. Étais-je donc bloquée à l'intérieur? Tous ces jeunes couples étaient-ils des fantômes, revivant une époque passée? Les tenues, toutes plus belles les unes que les autres, devaient dater du dernier tsar de Russie. J'avais vu des tableaux de cette famille du tsar, des photos de cette ancienne époque, avant le communisme de Lénine puis Staline. Les robes étaient superbes. Les fantômes semblaient si heureux. Je songeais à partie, invisible dans ce monde qui n'était pas le mien, quand je vis un jeune homme s'approcher dans ma direction. Je cherchais des yeux ce qui pouvait bien l'intéresser, quand il s'arrêta devant moi, inclina son buste, et s'adressa à moi.
-M'accorderiez-vous cette danse?
Effarée, je cherchais un moyen de m'échapper, quand je me rendis compte que j'étais habillée d'une sublime robe blanche. Des bijoux me paraient. Je portais une sorte de couronne sur la tête. J'étais aussi époustouflante que les autres femmes. Ma tenue chaude et mes chaussures pour la neige avaient comme disparus.
-Mais je ne sais pas...
Il eut un sourire qui me stoppa net, et je me sentit rougir tandis qu'il me prenait la main.
-Oh Maria, je sais bien qu'il s'agit de votre premier bal. Mais vous ne pouvez pas me refuser cette danse. Je vous aime tant Maria...
Je ne dis rien, et le bel homme m'emmena sur la piste. Bien que je n'ai jamais appris à danser, mes pieds semblaient suivre sans problème le rythme de la musique et les pas de mon cavalier. Nous dansâmes pendant des heures. J'étais comme sur un nuage, dans la peau d'une autre, dans les bras du bel inconnu. Finalement, nous finîmes par nous asseoir sur une causeuse. Tandis qu'il partait nous chercher à boire, une fillette s'approcha de moi.
« Oh Maria, vous étiez si beaux tous les deux! »
Je lui souris. Les traits de la jeune adolescente m'étaient étrangement familier. Anastasia, me soufflait une voix intérieure. Je me figeais. Elle, continuait à sourir.
« Tatiana s'est trouvé un cavalier aussi. Par contre Olga n'a pas eu de chance, son prince n'était pas là ce soir. ». Je me sentais étouffer. J'étais Maria Romanov, une des filles du dernier tsar de Russie. Et je me sentais mal. Très mal; J'eus soudain envie de partir loin, très loin, de revenir à ma réalité. Car je savais qu'ils avaient été assassinés dans des conditions affreuses, et je ne voulais pas jouer le rôle d'une jeune femme amoureuse qui était morte avant d'avoir pu épouser celui qu'elle aimait. Car c'était bien ce que la femme semblait vouloir me dire. Je tombais inconsciente.

En me réveillant, je m'aperçus que j'étais dans une sorte de cave, avec ma famille. Non. Avec les Romanov. Je tenais Anastasia dans mes bras, Olga tenait Tatiana, mes parents essayaient de protéger mon jeune frère. Le futur tsar. Avec nous, des serviteurs. Des hommes nous tenaient en joue. Ils tirèrent. Nous mourûmes. J'entendis les cris, les coups de feu. Je n'étais pas morte. Les balles avaient été déviées par les bijoux de ma robe. Je hurlais. Ils m'achevèrent. Ma dernière pensée fut pour mon bien-aimé, qui ne me reverrait jamais.
C'était bien moi qui hurlais. J'étais devant l'église, sanglotant, effrayée, horrifiée. Je tournais les talons et courut lojn, très loin. Les habitants du village crurent que j'avais sombré dans la démence. Je ne remis jamais les pieds en Russie.

Maintenant, je suis vieille. J'ai fait des recherches récemment. Les Romanov ont bien été tués dans cette « cave ». Tous. Et une des enfants, Maria ou Anastasia, a bien hurlé avant d'être achevée, dernière vivante pour quelques instants. J'ai retrouvé la famille du jeune homme, maintenant décédé, qui avait tant aimé Maria. Il ne s'est jamais marié, et a finalement appris que personne, ni elle ni Anastasia n'avaient survécues. Triste histoire. Affreuse, pour moi. Je ne m'en suis jamais remise. Et je suis tombée amoureuse d'un homme avec qui j'ai dansé une nuit.
Triste histoire oui, triste histoire....
Allis

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Allis »

C'est une bonne idée de topic, mais il faudrait de nouvelles images ^^
Elo971

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Elo971 »

Allis j'ai adoré ce que tu as écrit vraiment ^^
C'est vrai que de nouvelles images seraient pas mal ^^ Mais rien ne t'empêche d'en poster ou même de créer de nouveaux sujets dans cette section en ajoutant les tiennes ^^ Nadia ne t'en voudra pas rassures toi :P
Bonne soirée :)
Allis

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Re: Ecriture sur le fantastique

Message par Allis »

ah merci :D
bon je penses que je vais créer un topic et mettre des images alors ^^, je n'ose pas en ajouter sur celui-là
Yololpoplove

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Une peinture, une histoire

Message par Yololpoplove »

Bonjour! J'ai eu l'idée d'un petit jeu tout simple qui vous aidera à développer votre créativité. Et bien chaque personne va mettre l'image d'un tableau qu'il aime bien, avec le nom de la toile et celui du peintre, et la personne qui suit devra inventer une histoire courte à partir de ce tableau, puis poster à nouveau un. Donc je commence avec un très connu, mais pas simple pour autant:

Image
La Joconde, de Léonard de Vinci
cielle

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Re: Écrire une histoire à partir d'un tableau

Message par cielle »

Allez, j'essaye !

Je serre mon portable si fort que les jointures de mes mains blanchissent. Je m'agrippe à lui comme s'il était mon dernier espoir, la seule chose que je puisse conserver. La colère secoue mon corps de spasmes irréguliers. Comment a t-elle osé me faire ça ? A t-elle seulement réfléchi à l'impact que cet SMS allait avoir sur moi ?
Je relis les deux lignes, tremblant.
C'est fini entre nous. Je te déteste pour ce que tu as fait a Meghan.
Je pousse un cri rageur. La garce ! Elle croit s'être débarrassée de moi ? Elle ne s'en tirera pas aussi facilement ! Les traits de mon visage se crispent, jusqu'à ce que je devienne méconnaissable. Des passants effrontés me regardent, curieux. Je leur lance un regard noir qui suffit à les faire fuir. Les humains sont des lâches.
Je te déteste pour ce que tu as fait à Meghan.
Cette phrase me brûle les yeux. Je n'arrive pas à y croire. Je ne veux pas y croire. Je tends le bras par dessus le pont, et je lâche mon portable. Je le regarde tomber. Un petit "floc", et plus rien. Trois cent euros partis en fumée. Ce n'est pas ma faute. Je ne pouvais pas rester avec ce message sous les yeux. Les humains sont des lâches.
Comme si la vue de mon téléphone perdu m'attristait, je me mets à pleurer. De grosses larmes roulent sur mes joues, dégoulinent le long de mon visage, s'écrasent sur mon pull. Je n'ai jamais pleuré aussi fort. Je me tiens à la rambarde du pont, dans une fureur indescriptible, sanglotant, reniflant, gémissant. Son nom résonne dans ma tête. Coralie. Coralie. Coralie. Pardonne moi, je suis désolé. Reste avec moi. Ne me quitte pas. Meghan... Meghan, tu ne dois pas en tenir compte. Je n'avais pas toute ma tête, ce soir là. C'est elle qui m'a provoqué. Oui, c'était une provocation. Les flics peuvent bien m'attraper, me foutre en taule, si tu restes avec moi, Coralie. Je te jure que je n'ai pas voulu. C'est de la faute de Meghan. J'étais ivre. Pitié, Coralie. Est ce que ça t'importe vraiment, que je l'ai violée ? On pourrait tout recommencer. C'était une erreur. Tout le monde fait des erreurs, parce que les humains sont des lâches...
Pris d'un excès de rage, je me tords de douleur. Je me pince les joues, je me griffe les avants-bras. Si je dois pourrir en prison, autant mourir. Dans ma folie, je bute contre la rambarde. Cela me rappelle qu'il y a un fleuve, au dessous de moi. Cette réalité me fait taire immédiatement. Je ravale mes pleurs, je me penche. Les eaux noires semblent m'appeler. Une boîte de conserve dérive, seule. Je me penche un peu plus. Tiens, n'est ce pas Coralie, à la surface ? Je vois ses longs cheveux blonds, son sourire parfait, ses lèvres douces... Je veux la rejoindre.
" - Il est là !"
Je ne les ai pas vus venir, ces sales flics. Oh, ils ont sorti le grand jeu, pour moi. Trois voitures, autant de sirènes, et le triple de policiers. Deux d'entre eux s'avancent vers moi d'un pas décidé.
"- Il est là ! Répète un rouquin. C'est le salaud qui a violé Meghan Atman !"
Je le reconnais, lui. Brian Dooper. Il m'a balancé, alors. Il m'a trahi. Les humains sont des lâches.
J'ai une soudaine envie de lui casser la figure. Avant que les policiers ne puissent me saisir, je cours en direction de Brian, et je le roue de coups. Il grimace, me supplie d'arrêter. Je n'ai pas l'intention de le faire. Je le frappe, je le frappe, je déverse toute ma haine contre lui, contre Meghan, contre Coralie, contre la vie, dans ces coups. Je veux qu'il meure.
On m'arrache au rouquin. Il se tortille par terre. Je ricane. Un flic me mets les menottes aux poignets. Je ne me débats même pas.
" - C'est fini, mon gars, me dit il."
Non, ce n'est pas fini. Non ! Les mots qu'il vient de prononcer m'agitent. Le regard tourmenté, je me tourne vers lui, je lui assène un coup de pied dans les parties, et je sprinte jusqu'au pont. Trois flics me courent après. Chacun d'entre eux dégaine son pistolet. Wow. C'est trop d'honneur.
Je me positionne en équilibre sur la rambarde. Avec les menottes, c'est un peu difficile, mais le banc situé juste à côté m'aide. Les flics ont baissé leurs pistolets.
" - Fais pas ça, petit... Lâche le plus grand."
Je lui réponds par un sourire méprisant. Je suis libre. Je fais ce que je veux. Je pivote et je regarde le fleuve. Il m'appelle. Je lui souris, à lui aussi. Je crie. A m'en crever les tympans. Et je saute.
Les humains sont des lâches.



Voilà, j'avais déjà vu ce tableau en couverture de la nouvelle Le Horla, alors je voulais que mon héros soit un peu fou, pour y faire écho :)
cielle

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Re: Écrire une histoire à partir d'un tableau

Message par cielle »

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Et pour la suite, "Danse à la ville" de Renoir
Arwen14

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Re: Écrire une histoire à partir d'un tableau

Message par Arwen14 »

Coucou !

L'idée est vraiment cool, je vais y participer ^^


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(Danse à la ville de Renoir)

***

J'attendais cette soirée avec grande impatience ! Mon cœur s'emballait, et je ne pouvais contrôler mes émotions. La salle de réception était vraiment immense, et toutes ces personnes de haut rang social réunies en un seul lieu ! C'était vraiment très impressionnant ! J'avoue avoir été quelque peu mal à l'aise, avec cette belle robe blanche ressemblant à une robe de mariée. Ma meilleure amie me l'avait prêtée, car elle ne voulait pas se rendre à cette fête mondaine - elle en a horreur - et m'a demandé d'y aller à sa place ! Je ne comprends toujours pas pourquoi elle les déteste tant, mais quoi qu'il en soit, elle m'a donné cette chance et je l'ai saisi sans aucune hésitation. Cette occasion n'apparaît qu'une fois dans une vie !
Tous semblaient se connaître, et discutaient sous les bruits des verres qui trinquaient. Je regardais à gauche, je regardais à droite, dans l'espoir de trouver un homme. Oui, un homme riche qui pourrait faire mon bonheur. Et c'est à ce moment, où je m'adonnais à toutes sortes de réflexions, qu'un jeune hommes s'est penché vers moi. Il était élégamment vêtu, avec un beau costume noir et des gants blancs. Il me faisait penser à un personnage de roman, tellement il me semblait irréel. Il m'a complimenté sur ma robe, et m'a tendu sa main en me proposant de danser. Je l'ai prise, et ai accepté sa galante invitation.
C'est ainsi que nous entamions notre première danse, sous le chant harmonieux des violons.
Arwen14

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Re: Écrire une histoire à partir d'un tableau

Message par Arwen14 »

Prochain tableau : "La Liberté guidant le peuple" d'Eugène Delacroix

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