Patria de Fernando Aramburu

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caribou33

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Patria de Fernando Aramburu

Message par caribou33 »

Le Roman d' Euskadi .

<< PATRIA >> , fresque monumentale sur les années de plomb au Pays basque, vécues du côté des victimes, a déclenché un séisme en Espagne lors de sa parution (septembre 2016) .
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Il pleut dans "Patria".
Comme si jamais le village imaginaire de Guipùzcoa, inventé par Fernando Aramburu, ne pouvait connaître de saisons heureuses.

Pluies fines et persistantes d'automne, rafales froides d'hiver, rideau d'averses vertes de mars, avec des nuages qui s' accrochent aux montagnes toutes proches.

Il pleuvait quand "Txato" est tombé sous les balles d'un assassin d' ETA, juste à la porte de son garage, en sortant de l'immeuble où il vivait.

À peine la météo a-t-elle annoncé une promesse de soleil en ce jour où l' ETA proclame son adieu aux armes.
Le lendemain,la veuve de Txato , Bittori, est allé sur sa tombe. Elle s'est assise sur le ciment et, comme d'ordinaire, a parlé au mort pour lui dire qu'elle allait revenir au village.

Ainsi commence "PATRIA", fresque monumentale de l'histoire actuelle du Pays basque qui pour la première fois, raconte le destin de deux familles, amies depuis l'enfance, que le meurtre de Txato sépare tragiquement.

En Espagne, lors de sa parution, voilà deux ans, "Patria" a provoqué un séisme, un phénomène éditorial jamais connu ces dernières décennies, 500.000 exemplaires vendus.
Des débats animés à la télévision. Un objet de discussions lors de "tertulias" officielles ou improvisées autour des comptoirs .
Une controverse en Euskadi.
Et une prise de conscience.
Cet ouvrage d'un Basque de "San Sebastiàn", âgé de 59 ans, exilé à Hanovre, où il donne des cours d' espagnol depuis 1985, est écrit du point de vue des victimes.
De celles qui ont perdu un fils, un frère, un mari dans ces années de plomb. Alors, les regards se détournaient, les amis se taisaient et tournaient le dos.

La vie continuait sans eux tandis que le village célébrait les seigneurs de la guerre et communiait dans un mélange de pression sociale et de convictions pour une lutte qui n'avait plus de sens.

En cela, ce récit est unique tant il dit, à travers l'incroyable portrait des deux matriarcats, celui de Bittori et celui de Miren, son ancienne amie, la la société basque des quarante dernières années: les filles abertzales , (patriotes , revendiquant un mouvement nationaliste) , avec la même frange sur le front, les garçons aux boucles d'oreilles et aux muscles durs, champions de hand-ball comme leurs pères étaient pelotaris.

Il retrace avec la précision de ces romans paysans du XIX ° siècle, les rendez-vous sur la place de l' église, les bars où on passe du hard rock , où la tirelire n'est pas là pour recevoir un pourboire mais pour donner l'obole aux prisonniers de "l'État madrilène", héritier du franquisme, la pesanteur d'un monde reclus dans
lequel toute réussite sociale devient une trahison.

"Patria" ne s'embarrasse pas de littérature. C'est un roman brut. Une lourde table de bois noir, comme celles que l'on trouve dans les restaurants de campagne, aux angles coupants, sans fioriture,inamovible, posée dans le décor d'introspection de l' Espagne actuelle.

On comprend mieux le fracas qui en a résulté.

Car Fernando Aramburu ne passe rien sous silence. Pas plus la lâcheté des villageois, la chafouine-rie du clergé, la fatigue du médecin, que les séances de torture à Intxarraundo, auxquelles est soumis Joxe Mari, le fils aîné qui a choisi la lutte armée.

Il dit surtout de façon magistrale la lassitude d'un pays et quatre décennies d'une guerre évanouie.

Yves Harté.

Cet ouvrage semble être une formidable révélateur avant d'être un ouvrage littéraire, genre:fiction/littéraire.

références:
Date de publication originale : 6 septembre 2016
Traduction en français : Claude Bleton
Auteur : Fernando Aramburu
Genre : Fiction littéraire
Récompenses : Prix national de littérature narrative
Editions : Actes Sud
Parution en français : mars 2018
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