Altérée [YA, action, homosexualité] - ROMAN PUBLIÉ

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Mimori

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Altérée [YA, action, homosexualité] - ROMAN PUBLIÉ

Message par Mimori »

Mesdames, messieurs et autres personnes,

J'ai l'immense plaisir de vous annoncer que Altérée, cette histoire dont j'ai partagé le début avec vous il y a déjà trois ans de cela, est à présent disponible gratuitement au format PDF sur mon site internet ! (En plus des voies de distribution habituelles.)

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Image


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Résumé :

Olivia est Altérée : son corps a muté pour lui procurer un don unique, communément appelé le gêne, et elle en mourra prématurément.
Dans un monde où les siens sont poussés vers la sortie, elle voit ses convictions s'effondrer le jour où on l'enrôle de force dans un traitement expérimental bancal. Nouvelle vie, nouveau but ; bien décidée à mettre un terme à cette situation, Olivia modèle l'avenir au fil des rencontres.
Ils s'appellent Malika, Clara, Abdel, Alix... et leurs vies sont liées.
Pourront-ils s'en sortir sains et saufs ?

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Première chronique par sa toute première lectrice (un grand merci !)
https://raphaellakay.wordpress.com/2017 ... g-r-untel/


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Page Booknode du roman :
https://booknode.com/alteree_02377435

N'hésitez pas à l'ajouter dans vos envies pour accroitre sa visibilité !


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J'ai été incroyablement heureuse de pouvoir vivre cette aventure.
Et j'espère bien évidemment qu'il y en aura d'autres.
Mais en attendant, pourquoi ne pas embarquer dans celle-ci avec moi ?

Merci. Merci beaucoup.
Merci à l'infini.

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Retrouvez-moi sur Twitter : @gruntel_writer
Dernière modification par Mimori le lun. 25 févr., 2019 10:41 am, modifié 57 fois.
Mimori

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Mimori »

CHAPITRE 1



Je ne connais rien de mieux que ces matins de fin de semaine où l'odeur du café embaume la maison, quand la pluie tapote sur les stores et qu'une soudaine nostalgie se love au creux de l'âme. Ce que je n'aime pas, en revanche, c'est qu'il faut bien se lever à un moment ou un autre.
Le retour à la réalité est aussi brutal que le passage des draps de flanelle au parquet glacé. Un vent vif et humide me cingle le visage quand j'ouvre les volets ; le ciel est gris, maussade. Quelques gouttes de pluie viennent tomber sur mes pieds nus juste avant que je ne ferme la fenêtre. C'est toutefois un faible grésillement qui achève de m'extraire à la torpeur caractéristique du dimanche. Je descends les marches de l'escalier sur la pointe des pieds et tends l'oreille.
« Krrch... La mise en place du recensement obligatoire des individus Altérés permettra une plus grande accessibilité aux traitements expérimentaux. Le gouvernement souhaite à terme soigner le gêne Altéré dans tout l'hexagone. Il est important de rappeler que les traitements expérimentaux permettent actuellement à un sujet sur dix de vivre cinq ans de plus. »
J'attends la suite mais le journaliste enchaîne déjà sur une autre actualité. La distraction a beau maintenant me guetter de près, je saisis néanmoins quelques bribes d'informations ; le Centre Décisionnaire, haut lieu de prises de décisions politiques, et accessoirement remplaçant de l'ancien système Parlementaire, va prochainement recevoir une nouvelle beauté, conformément au plan d'aménagement de la rive droite de la capitale.
Tant d'argent jeté par les fenêtres pour quelque chose qui aurait dû être fait avec plus de soin dès le départ.
Dépitée, j'entre dans la pièce collée à l'entrée. Grand-père est assis à la table de la cuisine, bien emmitouflé dans une vieille robe de chambre aux couleurs passées. Il trempe tant sa tartine de pain beurré dans le café qu'elle tombe en morceaux juste au moment de croquer dedans.
« Foutaises ! S'exclame-t-il en gesticulant. Quelle bande de...
— Bonjour, grand-père. »
Il lève la tête pile à l'instant où un bâillement me fait monter les larmes aux yeux. Ses longs cheveux poivre et sel noués en queue de cheval tranchent avec sa belle peau noire.
« Olivia ! Tu n'es pas en cours ?
— Il n'y a pas cours le dimanche, dis-je doucement. »
Son expression se brouille un instant mais il se reprend et me sourit.
« Évidemment, marmonne-t-il. »
Je me pince les lèvres, perplexe. Le problème, c'est que plus rien ne lui semble évident depuis un certain temps déjà. Bien décidée à ne pas m'attarder sur le sujet, je fais chauffer du lait puis tire une chaise pour m'asseoir en face de lui. Il a l'air fatigué ; je me demande s'il a dormi cette nuit. Mais au lieu de formuler cette question qui me taraude tant, je désigne le poste de radio du doigt.
« Qu'est-ce qu'ils racontent, encore ?
— Ils veulent recenser tous les Altérés pour mieux les intégrer aux traitements expérimentaux... plus de cobayes pour plus de résultats. Moi, je dis que ça va faire plus de mal que de bien. Tu sais combien sont morts, avec leurs bêtises ? »
Je comprends immédiatement que j'aurais mieux fait de m'abstenir : grand-père s'enflamme toujours à ce sujet. Pendant cinq bonnes minutes, il me parle d'un complot qui viserait à rayer les Altérés de la surface de la terre. Il raconte que dans quelques mois, les voisins dénonceront ceux qui ne sont pas allés se faire recenser et que de toute manière, rien n'est jamais fait dans leur intérêt. Il dit beaucoup de choses, mais je ne l'écoute plus vraiment.
Soudain, il se tait et me regarde dans le blanc des yeux.
« Dis-moi, tu ne penses tout de même pas aller te faire recenser !
— Non. Bien sûr que non. »
Il soupire, soulagé, et trempe les lèvres dans le café. J'essaie d'agir aussi naturellement que possible ; en réalité, je ne suis pas tout à fait honnête. J'y pense, et pas seulement car je risque d'avoir de gros ennuis si je ne me fais pas recenser à temps. J'aimerais simplement avoir l'impression de pouvoir enfin prendre le contrôle de ma vie, quitte à faire la démarche bien avant la date limite. Ainsi, je n'aurais peut-être pas le sentiment qu'on me force la main.
Grand-père se lève et va vider son bol dans l'évier. Il fait un brin de vaisselle puis s’essuie les mains et se dirige vers la porte qui donne sur le salon. Je frôle son poignet du bout des doigts quand il passe près de moi. Suite à quoi il pile net, fronce les sourcils et me dit d'un ton sec :
« Tu ne devrais pas utiliser ton gêne sur moi. »
Je le regarde s'en aller sans oser prononcer un seul mot.
Qu'est-ce que le gêne Altéré ? Un véritable fardeau.

* * *


Je suis censée retrouver Malika au parc vers quatorze heures. La maison de grand-père n'est pas très loin du centre-ville d'Amiens et puisqu'il pleut, je prends mon temps. Les quartiers que je traverse sont tristes et délabrés. Ils sont formés de longues rues bordées de petites maisons serrées les unes contre les autres et pareilles à des sortes de coquilles vides alignées sous le ciel noir. Certains volets sont fermés tandis que d'autres claquent au vent, à croire qu'il n'y a pas âme qui vive aux environs.
J'emprunte une ruelle étroite qui remonte en zigzag le long des habitations. Je tourne ensuite à droite. A partir de là, les rues sont plus larges et nettement moins vides. Il y a même du monde au café du coin : les passants se pressent à l'intérieur pour s'abriter. Le parc n'est pas très loin de là, longé par des barres d'immeubles vétustes. Des affiches qui clament « faites-vous dépister » ou « un don pour une vie » sont placardées aux murs, et quelques graffitis aux couloirs criardes les recouvrent partiellement.
Je retiens ma respiration. Malika m'attend à deux pas d'un arbre dont les feuilles ont été, pour la plupart, emportées par le vent. Elle grelotte sous sa parka beige, et pour cause : sans parapluie, elle est trempée jusqu'aux os. Ni une ni deux, je me précipite vers elle. Mes chaussures s'enfoncent dans la boue qui éclabousse sans vergogne le bas de mon pantalon.
« Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Si j'avais su, je serais passée te prendre. »
Je lui tends le bras pour qu'elle puisse s'abriter avec moi. Elle secoue la tête avec énergie et je reçois quelques gouttes d'eau en plein visage lorsque ses cheveux suivent le mouvement de son corps. Cet assaut ne m'atteint pas ; avec ses grands yeux animés, Malika me lance des regards qui me font craindre de prendre un air éperdu, vaguement dissimulé sous une frêle carapace de nonchalance. J'aperçois les mélanges complexes caractéristiques des couleurs chaudes qui entourent ses pupilles, similaires aux tons sombres des journées d'automne, aux feuilles mortes et aux châtaignes tombées du haut des arbres qui se dénudent sous la fureur des éléments.
« Oh, non, très mauvaise idée. Ma mère n'aurait certainement pas aimé te voir à la maison. A vrai dire, elle ne sait même pas que je suis ici. »
Je m'efforce de sourire. Ce n'est pas une grosse surprise : beaucoup de gens ont une peur bleue des Altérés, en partie parce qu'on leur a appris à grandir dans son ombre. Sa mère n'échappe pas à la règle.
« Alors, quelle est donc cette chose que tu voulais m'annoncer de vive voix ?
— J'ai reçu les résultats du test, dit-elle d'un ton grave. »
Je la regarde dans le blanc des yeux, bouche bée, suspendue à ses lèvres. Une brusque bourrasque de vent me fouette les joues.
Le dépistage du gêne Altéré chez les enfants et les adolescents n'a été rendu obligatoire que l'année dernière, peu après notre départ du lycée. Si le gêne est encore indécelable à la naissance, c'est dans cette tranche d'âge qu'il s'active le plus souvent. Les enfants sont turbulents, alors la prévention permet d'éviter les accidents. Au final, seule la famille est mise au courant et le recensement n'est pas obligatoire. Du moins, il ne tardera pas à le devenir.
Le recensement et le dépistage des adultes est également facultatif pour le moment, en partie parce que les chances d'être le porteur d'un gêne dormant avoisinent le zéro absolu ; auparavant, on considérait le gêne Altéré comme une simple maladie et non pas comme une possible menace. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : on se faisait dépister pour son propre bien, pas pour celui des autres, et certainement pas pour devenir un fichier classé au milieu de milliers d'autres, rien de plus qu'un nom exposé à la moindre investigation.
J'étais déjà au courant à l'époque, je ne voyais donc pas l'intérêt de me faire dépister. Mais je ne m'étais jamais imaginé que Malika puisse avoir envie de le faire.
« Je suppose qu'ils sont négatifs, sinon ta mère vous aurait déjà jetées dehors, toi et tes valises. »
Elle me donne un coup de coude. Je glousse, espérant détendre l'atmosphère, mais reprends mon sérieux dès qu'elle ouvre la bouche pour parler.
« Eh bien, dit cette dernière, je n'ai pas le gêne. »
Je me racle la gorge.
« C'est bien, vraiment bien.
— Avec toutes ces histoires de recensement, je voulais en avoir le cœur net. »
Malika me lance un drôle de regard. Elle me presse le bras et renifle.
« Je suis désolée. Je ne devrais pas m'en réjouir alors que toi...
— J'ai eu dix ans pour me faire à cette idée, dis-je en balayant l'air d'un revers de la main. Je suis sérieuse, tu sais. Je suis contente pour toi. Je préfère te savoir hors de danger. »
Elle hoche la tête mais ça ne suffit pas pour autant à effacer son air contrit. Malika s'inquiète pour moi, comme elle l'a toujours fait. Elle est comme ça, c'est tout. Nous allions au même lycée et même si aujourd'hui nous ne suivons pas les mêmes cours à l'université, rien n'a changé.
Je détourne le regard pour échapper au sentiment douloureux qui me noue le ventre, en vain. En effet : rien n'a changé.
Malika éternue. Je lui propose d'aller boire un coup au café. Nous nous pressons sous la pluie et je pousse la porte de l'établissement sans plus attendre ; une petite cloche tinte quand elle s'ouvre. Le salle est grande et, surtout, bien chauffée. La majeure partie de la pièce est occupée par plusieurs tables rectangulaires entourées de banquettes de couleur prune et de vieilles chaises en bois. Si l'état du papier peint bleu marine laisse à désirer, les bouteilles d'alcool sont parfaitement alignées derrière le comptoir. Juste devant, les tabourets sont tous pris. Le propriétaire a des progrès à faire en matière de décoration, mais l'endroit reste malgré tout agréable et chaleureux.
On se pose sur une banquette près des fenêtres, à l'écart des autres clients. L'endroit a beau être moins fréquenté qu'avant, il y a toujours des habitués. Nous choisissons nos boissons et notre commande arrive ; Malika entoure sa tasse de thé des mains tandis que je bois une gorgée de bière avant de grimacer.
« Deux façons différentes de se réchauffer les entrailles, me dit-elle d'un air malicieux. »
J'ai beau sourire à la remarque, je n'écoute pas vraiment. Les hommes au comptoir portent des masques semblables à ceux des chirurgiens qui opèrent dans les hôpitaux. On sait depuis longtemps que le gêne Altéré ne se transmet pas dans l'air mais ce genre de comportement persiste malgré tout. Quoi qu'il en soit, l'insulte a de quoi me faire hisser les cheveux sur la tête.
« Et sinon, comment va ton grand-père ? »
Je reprends mes esprits tant bien que mal.
« Il fait aller. Il ne s'en est jamais vraiment remis, tu sais.
— Qu'est-ce qu'il pense de tout ça ?
— Du recensement ? Des dépistages ? Hmm... je ne pense pas pouvoir t'expliquer son avis sans me montrer ne serait-ce qu'un brin grossière. »
Malika laisse échapper un gloussement. Ses yeux, toutefois, trahissent une anxiété que je ne peux ignorer. Je sais qu'elle a quelque chose derrière la tête mais j'attends qu'elle formule clairement sa question pour y répondre.
« Tu comptes te faire recenser ?
— Je ne sais pas. Mais bon, je n'aurais bientôt plus le choix si la motion est adoptée. Et elle ne sera, n'est-ce pas ? Ça nous pendait au nez.
— Oui, mais tu sais comment ça marche. Le temps que les choses se mettent en place, un an peut s'écouler... et un an, c'est suffisant pour en gagner cinq.
— Pas forcément. Après tout, on ne sait pas comment ils choisissent leurs patients. Ils pourraient très bien passer à côté de mon cas... de toute façon, je pèse encore le pour et le contre. Si je me fais embarquer pour les essais après le recensement, ça me fera peut-être cinq ans de plus à vivre, mais pour en faire quoi ? Ils ne mettront un terme aux traitements que lorsqu'ils trouveront un remède. Alors si cette année est ma dernière ici, je n'ai pas envie de la gâcher. »
Je me pince les lèvres, habitée par l'étrange impression d'en avoir dit trop. Pendant ce temps-là, Malika boit une nouvelle gorgée ; une petite goutte de thé brille au coin de sa bouche. Je détourne le regard.
« Tu es positive, dis donc, me dit-elle. »
Les hommes au comptoir s'esclaffent. Je me sens mal à l'aise. Peut-être que j'aurais dû la conduire ailleurs. Peut-être que je n'aurais pas dû sortir du tout. Malika pose une main sur la mienne ; je tressaille.
« Je ne vais pas pouvoir rester longtemps, me confie-t-elle. Si ma mère l'apprend...
— Ce n'est pas grave, c'est déjà bien. Je suis contente de t'avoir vue. D'habitude, tu ne sors jamais le week-end.
— C'est ce que m'a mère m'a dit. Elle renifle mes écarts de conduite à des kilomètres à la ronde... c'est vrai que je n'aime pas sortir le dimanche, à cause du couvre-feu. Mais j'avais envie de t'annoncer la nouvelle le plus vite possible. »
A quinze heures tapantes, il n'y aura plus personne dans les rues. Ceux qui disposent d'une dispense pour le travail pourront encore circuler librement mais les autres devront cesser toute activité pour se cloîtrer à la maison, afin d'éviter les débordements de fin de week-end.
Trois jeunes sont morts le mois dernier.
« Et puis le téléphone, c'est tellement craignos... ajoute Malika avec un sourire.
— Je m'étonne de trouver un tel mot dans votre vocabulaire, jeune fille.
— Adil a une mauvaise influence sur moi, je crois. »
Je me souviens parfaitement d'Adil, son petit frère, avec ses lunettes rondes et ses airs de premier de la classe. J'ai du mal à l'imaginer en train de dire quoi que ce soit de vulgaire. Même « zut » sonnerait mal dans sa bouche.
Malika jette un coup d’œil à sa montre. Par réflexe, je lève les yeux vers la grande horloge suspendue juste en face de moi. Il est déjà quatorze heures trente.
« J'ai peur que ce soit un peu juste, dit-elle. »
Au même moment, la porte du café s'ouvre et un courant d'air glacial envahit la salle. Les hommes au comptoir sortent tandis que Malika se frictionne les bras. Apparemment, même son gros pull à col roulé ne parvient pas à la tenir au chaud.
« Je vais te raccompagner. Tu verras, je te promets que tu rentreras pile à l'heure.
— Tu ne peux pas. Et si ma mère te voit ? J'imagine déjà la scène qu'elle me fera.
— Je m'arrêterai à l'angle de la rue. Comme ça, elle ne me verra pas. »
Je finis mon verre et passe ensuite la langue sur mes lèvres pour ne pas en perdre une goutte. Malika sourit, amusée. Elle se laisse convaincre.
« Tu ne lâches rien, dit-elle. »
J'essaie en vain de chasser le rouge qui me monte aux joues.

* * *


Nous partons dès qu'elle vide sa tasse ; le propriétaire du café ferme boutique juste derrière nous. Dehors, il pleut encore. Malika se colle à moi pour éviter les gouttes d'eau. Le temps ne va pas en s'améliorant mais elle ne perd pas pour autant son sourire. Il faut croire que même la pluie ne peut pas avoir raison de sa bonne humeur habituelle. Cela fait partie de son charme, part indissociable de son attractivité indéfectible, ce petit je-ne-sais-quoi qui ne la quitte pas et qui me colle à la peau. Nous marchons vite, et mon cœur peine à suivre.
Malika habite à l'écart du centre-ville dans un petit pavillon à deux étages. D'après ce que j'ai pu observer, c'est un coin plutôt tranquille. D'ordinaire, j'évite le quartier dès que possible. Il fait pourtant partie des moins délabrés, notamment parce que beaucoup de familles y vivent et que rien ne s'y passe jamais, mais sa mère a des yeux de faucons ; si jamais elle me voyait, ce serait la fin du monde.
« On se dit à lundi, alors ?
— Eh bien... je suppose que c'est le moment ou jamais pour t'en parler, non ? A vrai dire, je pense arrêter mes études.
— Hein ? »
Malika pile net et me tire par le bras. Ses grands yeux écarquillés me lancent des éclairs, et c'est déjà bien plus que je suis capable d'encaisser. Sa réaction me prend au dépourvu ; j'ai tout de suite envie de faire machine arrière pour ne pas lui causer de la peine.
« Pourquoi ? »
Elle pose une main sur sa bouche lorsqu'elle se rend compte qu'elle s'égosille en pleine rue et jette ensuite un regard paniqué aux fenêtres puis à sa montre. Je me penche en avant afin de l'observer à mon tour : quatorze heures quarante-cinq. Nous nous remettons à marcher tandis qu'elle continue de pester à voix basse.
« Tu choisis toujours le bon moment, aussi ! »
Sa maison est à l'angle de la prochaine rue.
« Je ne suis pas sûre de vouloir passer mes derniers jours à étudier d'arrache-pied, dis-je. Ça ne me servira pas à grand chose, et sûrement pas à prendre soin de mon grand-père. J'ai besoin d'y voir plus clair. Et pour ça, il va me falloir beaucoup plus de temps libre. Mais on se reverra pour en parler, ne t'inquiète pas.
— Ah oui ? Et quand, si je peux plus te voir au campus ?
— Tu as peur qu'on s'éloigne ? C'est ça ? »
Malika détourne le regard. Ses joues rougissent.
« Oui.
— Mais pourtant, si jamais j'intègre les essais...
— C'est parce que je suis égoïste. Je pense au temps qu'il te reste, à ce que cinq années supplémentaires signifieraient... il y a une clinique pas très loin et les visites sont autorisées, alors que si tu abandonnes les cours, je ne te verrais pas du tout. Je travaille si dur que je quitte à peine la maison. »
Elle attrape soudainement ma main. J'ouvre la bouche pour happer une grande goulée d'air frais. La pluie clapote contre le parapluie.
« Si c'est ce que tu veux, fais-le. Mon avis n'a pas d'importance.
— On ne s'éloignera pas. Je te le promets, dis-je.
— Je te crois. Quant à toi, n'oublie pas que je suis là si tu veux en parler. Je sais que c'est dur pour toi en ce moment. Tu n'as pas à porter ça toute seule. »
Malika presse ma main une dernière fois avant de filer chez elle en m'épargnant un coup d'œil en arrière. Je la regarde s'éloigner sans piper mot jusqu'à ce qu'elle disparaisse pour de bon. J'attends un peu, un pied sur le trottoir, un pied sur la voie, et je rebrousse chemin. J'ai encore en tête la vision de la goutte de thé au coin de ses lèvres.
Il est bientôt quinze heures. Il pleut des cordes mais je prends néanmoins le risque de me mettre à courir. Il faut que j'en profite ; dans quelques semaines, il gèlera et il faudra que j'évite de telles escapades.

* * *


Une fois rentrée, je trouve grand-père affalé devant la télévision. Deux journalistes tirés à quatre épingles apparaissent à l'écran. Je me penche pour attraper la télécommande posée sur la table basse et baisse le son d'un cran.
« Tu sens l'alcool, note grand-père.
— Je suis majeure et vaccinée. »
Je lui adresse un sourire auquel il ne répond pas.
« Pardon pour ce matin. Je n'aurais pas dû faire ça. »
Grand-père fronce les sourcils. Sait-il au moins de quoi je parle ?
« Ne t'en fais pas pour ça. Alors, les cours ? »
Je m’assieds à côté de lui. Un petit logo s'affiche en haut de l'écran de télévision pour informer l'audimat que le couvre-feu vient de commencer. Je prends une grande inspiration avant de répondre :
« C'était bien. »
Dernière modification par Mimori le mer. 20 sept., 2017 8:57 pm, modifié 1 fois.
missmistery

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par missmistery »

c'est bien pour un premier chapitre j'aime bien le contexte de l'histoire et le personnage d'Olivia c'est pas le style d'histoire que je lis mais j'aime aussi je veux bien la suite ^^
en tout cas pour ton problème de page blanche ça va vite s'arranger :)
quand le chapitre deux sera sortie tu pourras me prévenir sur mon mur ??
Aller bonne soirée !!
Laurence53

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Laurence53 »

Bonsoir Booknaute Vénérable!
Ce premier chapitre est très bien écrit donc fort prometteur. J'aime les personnages auxquels on s'attachent vite, j'aime surtout ton écriture, stylée qui parvient à rendre cette histoire mystérieuse intéressante. Je serai donc au RDV pour le chapitre 2.
Comme tu t'en doutes, le genre fantastique n'est pas du tout ma tasse de thé et tu as d'autant plus de mérite de m'avoir accrochée avec ce texte. D moment que tu y ajoutes pas un vampire ou un Alien ou un :twisted: ou un :mrgreen: , moi ça me va! Encouragements, car plus on écrit moins on a peur de cette satanée page blanche.... :D
opheliepeudupin1997

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par opheliepeudupin1997 »

Je trouve sa dommage que tu ne previenne pas quand une suite est posté... Je triuve que se serais plus pratique parce que si on va voir a chaque fois et je rien n'est posté sa peu devenir lassant surtout que ces une bonne histoire:) Alors pourrais-tu sto reflechir a leventualiter de venir nous prevenir? En tout cas sa he que si tu me previenns je viendrais faire un tour;) mais si tu previens pas je risque d'oublier car je suis quelqu'un de tete en l'aire :p mais après c'est a toit de voir;) bonne soiree:)
Mimori

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Mimori »

@Loohine : Merci beaucoup ! Je pense le poster Dimanche, si tout va bien. ;)

@missmistery : Merci, c'est très gentil ! Entendu !

@Laurence53 : Je suis d'autant plus touchée de savoir que tu l'apprécies si ce genre n'est d'ordinaire pas ta tasse de thé. Ne t'inquiète pas, il n'y aura aucune créature fabuleuse ! :lol: Merci énormément pour ces compliments. Je dois avouer que depuis que j'ai décidé d'exposer mon histoire ici, j'ai beaucoup moins de mal à écrire, avoir des lecteurs est très stimulant !

@opheliepeudupin1997 : J'avais au départ abandonné l'idée de prévenir car je passe souvent en coup de vent ici à cause de mes études, et quand on se lance comme ça on a aucune idée du nombre de personnes qui vont vouloir être prévenues. Mais si tu trouves que c'est vraiment peu pratique, alors compte sur moi pour te prévenir ainsi que tous ceux qui le voudront. ;)

En tout cas, merci à vous tous de m'avoir accordé votre temps.
District

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par District »

Coucou !
J'ai vu ton message sur mon mur qui m'a vraiment donné envie.
Je suis donc passée faire un tour et vraiment, j'accroche. L'écriture est fluide, c'est bien expliqué. J'aime bien le contexte...Et en plus on veut savoir la suite à cause de la phrase du grand-père ! :mrgreen: Quand tu posteras le chapitre 2 je veux bien que tu me préviennes s'il te plaît.
Bonne fin de soirée !
Mimori

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Mimori »

CHAPITRE 2



Mes parents étaient Altérés. Ils ont intégré les traitements expérimentaux dès leur lancement et sont morts six mois après, à une semaine d'intervalle seulement, des suites des blessures entraînées par le programme. J'ai à mon tour découvert que j'étais Altérée quelques années plus tard ; j'avais tout juste neuf ans.
Outre les porteurs sains, pas si communs que ça, le gêne se manifeste de quatre façons différentes : on parle d'aspects. Dans un premier temps, l'aspect offensif s'oppose à l'aspect défensif : le premier cause du tort aux autres tandis que le second se contente uniquement de protéger le porteur du gêne. Le troisième, l'aspect curatif, permet de se soigner soi-même ou autrui. Un aspect mineur ne représente quant à lui aucun danger, tout comme il ne permet pas de changer la vie d'un individu de manière significative. Mais dans tous les cas, il est impossible d'éviter les dommages collatéraux.
L'effet mortel : voilà le grand ennemi des Altérés. L'activation du gêne entraîne inévitablement des conséquences sur le corps et l'esprit, et aucun médicament au monde ne saurait le contrer. Il précipite la mort et l'agonie comme le temps récolte ce qu'il sème, sans exception et sans états d'âme, avec la précision et le tranchant de la faux, ici plus réelle que symbolique.
Mon gêne présente un aspect curatif : je suis en mesure de soigner et alléger les souffrances de quiconque d'un simple contact physique. Certains pourraient dire que c'est une chance, toutefois je trouve que je n'ai aucune raison de m'en réjouir. J'ai toujours considéré ce don comme la plus grande ironie du sort ; s'il s'était déclaré bien plus en avance, j'aurais pu aider mes parents. Néanmoins, je serais aussi sûrement morte à l'heure qu'il est... car plus le gêne s'active tôt, moins longtemps on reste en vie. Mon pronostic vital n'est donc pas très encourageant. Dans mes moments d'égarement, fort nombreux, je me demande même parfois ce que je fais encore parmi les vivants.
Aujourd'hui, je ne me sers pratiquement plus de mon gêne mis-à-part pour apaiser grand-père dans ses mauvais jour. Le soucis, c'est qu'ils sont de plus en plus récurrents. Pour le moment, je souffre surtout de longues migraines et de nausées, mais je ne me fais pas d'illusions ; je sais que ça ne tardera pas à empirer.
Tout finit toujours par s'envenimer.

* * *


Fatiguée, je soupire bruyamment en passant les bras en dehors des couvertures. La chair de poule se répand comme une traînée de poudre sur la surface de ma peau nue, devenue frémissante au contact de l'air frais. Le contraste, rendu encore plus saisissant par le manque de sommeil qui pèse sur mes paupières, m'assomme plus qu'il ne me tient éveillée. J'ai passé la nuit à fixer les chiffres lumineux du radio-réveil ; les heures se sont écoulées lentement sans que je ne puisse trouver le sommeil.
Mon problème, c'est que je pense trop, et tout le temps. Entre les cours et les problèmes que j'accumule ici, vivre à cent à l'heure, ce n'est pas toujours facile. Je me disais donc qu'en abandonnant mes études, je pourrais lâcher un peu de pression.
Il faut croire que j'avais tort.
Je finis toujours par m'imposer un rythme soutenu et un mode de vie trop compliqué, et cette fois encore, je me rends compte bien tardivement qu'il y a des choses pour lesquelles je ne suis pas qualifiée. Je ne suis à la maison du matin au soir que depuis une semaine, mais c'est bien suffisant pour me rendre compte que chaque être humain atteint un jour ses propres limites. Or, j'ignore les miennes depuis bien trop longtemps. Je ne peux pas être partout à la fois et gérer deux vies d'une main de maître tout en guettant le moindre faux pas, rongée par l'appréhension. Vérifier le gaz, vérifier l'éclairage, les robinets, retrouver les papiers disséminés dans la maison, si ce n'est perdus au fin fond d'un tiroir oublié de tous, garder un œil sur tout et veiller au grain, sans pour autant faillir à mener ma propre barque, d'essayer de respirer, ou simplement d'exister, avant le noir le plus complet.
Mais ai-je vraiment le choix ? Le fait est qu'il me reste beaucoup à faire avant de mourir, et cette simple idée occupe mes pensées à longueur de temps, bien décidée à éclipser toutes les autres, y compris les obligations auxquelles je me sens liée. Comment faire autrement, quand on est Altéré ?
Le parquet craque sous les chaussons de grand-père lorsque celui-ci traverse le couloir. J'attends encore un peu, le visage collé tout contre l'oreiller, puis je me lève. J'ouvre les volets et enfile un haut plus chaud avant de descendre les escaliers. Une bonne odeur de café se propage déjà dans toute la maison. Maintenant, c'est tous les jours le week-end.
Pour le meilleur et pour le pire.
« Il faut qu'on parle, dis-je de but en blanc en entrant dans la cuisine.
— Eh bien, dès le matin... je ne crois pas que ce soit une bonne idée. »
Il se tourne pour me faire face et se fige. Ses cheveux sont en bataille.
« J'ai beaucoup réfléchi, cette nuit. Je suis désolée, mais je ne peux plus faire comme si de rien n'était. Je ne peux pas rester les bras croisés alors que tu... »
Les mots restent coincés dans ma gorge. Je fixe mes pieds, incapable de le regarder en face en sachant ce que je m'apprête à dire. Je suis épuisée et de mauvaise humeur. Autrement dit, j'ai intérêt à faire preuve de tact, sinon cela promet d'être un cocktail explosif. Il me faut plusieurs secondes pour aller jusqu'au bout de ma pensée.
« As-tu vu un médecin quand j'étais occupée ailleurs ?
— Bien sûr que oui, qu'est-ce que tu t'imagines ?
— Et alors ? Qu'est-ce qu'on t'a conseillé ?
— De prendre des médicaments. De me reposer. D'aller dans une résidence spécialisée. C'est ça que tu veux, Olivia ? Te débarrasser de moi ?
— Mais non, ne raconte pas n'importe quoi ! »
Je serre les poings, agacée. C'est encore plus dur que ce que je m'étais imaginé. Il en faudra plus pour qu'il se décide à m'écouter ; grand-père est une forte tête qui a tendance à démarrer au quart de tour. Un peu comme moi, avec le temps.
« Ce n'est pas ce que je voulais dire, s'excuse grand-père. »
J'évite son regard. C'est là, c'est exactement là, je pourrais presque mettre le doigt dessus. Il y a quelque chose en moi qui ne s'était pas manifesté depuis longtemps et qui ne demande qu'à sortir, quelque chose de grand et de physique, un sentiment, puissant, comme une onde de choc qui m'a empêchée de dormir durant de trop nombreuses années. Il me faudrait du courage, rien qu'un tout petit peu, pour parvenir à aborder le sujet qui me tient tant à cœur. 
« Je te promets que j'aimerais juste avoir une conversation avec toi. Une vraie conversation, pour une fois. »
Grand-père est devenu une véritable tombe après la mort de mes parents. Quand on est enfant, ce n'est pas les questions qui manquent ; et pourtant, j'avais l'impression de m'adresser à un mur au moment même où j'avais le plus besoin de réponses. Certains pensent que c'est mieux ainsi et qu'il ne faut pas en dire trop, mais je ne suis pas d'accord. J'aurais voulu savoir.
Et aujourd'hui, il ne me répond pas non plus, comme si je n'étais toujours pas en âge d'être mise au courant. Il évite mes questions et se montre au final plus blessant qu'autre chose.
« Écoute, je n'ai pas la prétention de dire que je sais comment tu te sens, ni comment tu le vis. Je ne peux commenter que ce que je vois. Et ce que je vois, c'est que même si tu es conscient de la situation, tu refuses tout de même de réagir, que ce soit d'une manière ou d'une autre. Mais peut-être que tu pourrais te sentir mieux si jamais tu... »
Je me tais. Au lieu de m'écouter, grand-père touille son café, les yeux rivés sur un point précis derrière moi. Il répète ainsi le même mouvement sans s'arrêter, et j'ai du mal à conserver mon calme lorsque j'entends, encore et encore, le bruit de la petite cuillère qui rencontre les bords de la tasse. Je me retourne et me mords la joue quand je comprends. La chose qui attire tant son attention est un petit cadre posé sur la commode de l'entrée, juste à côté d'un joli bouquet de fleurs artificielles qui prend la poussière. Je m'avance dans sa direction.
« Tu ne comprends pas. Je ne peux pas te laisser, dit-il alors. Je ne peux pas te laisser parce que je leur ai promis de veiller sur toi. Quelle piètre promesse, n'est-ce pas ? Qu'ai-je accompli de bien pour toi ? Et aujourd'hui ? Je ne suis même plus capable de me souvenir de ce que j'ai fait la veille. »
Je passe l'index sur le verre qui protège la photo. On y voit mes parents, très jeunes, qui sourient et se tiennent par les épaules. Ma mère venait tout juste d'apprendre qu'elle allait avoir un bébé.
« C'est vrai que ça n'a pas toujours été rose, dis-je, mais tu assombris le portrait. »
Je m'écarte de la commode et croise le regard de grand-père. Ses yeux sont humides. J'ai toujours su ce qu'il cachait derrière ses airs de grand révolutionnaire : une blessure profonde qui ne peut être soignée, pas même avec du temps, si sinueuse qu'elle a su s'emparer des moindres recoins de son âme, adepte du jeu du chat et de la souris. Il joue si bien son rôle qu'il m'arrive parfois de l'oublier.
« S'il y a une chose que je sais, c'est que je n'ai pas été exemplaire. Tes parents, eux, n'ont jamais pensé à quelqu'un d'autre que toi. Ils savaient que tu avais plus de chance que quiconque d'avoir le gêne. On leur a offert l'espoir de pouvoir passer plus de temps avec toi et de t'offrir un avenir meilleur si jamais tu étais comme eux. Ils avaient eu si peur pendant la grossesse, tu sais. Alors ils l'ont saisi en plein vol, quitte à se brûler les ailes. »
Il marque une pause et immobilise enfin sa main. Le silence me ronge de l'intérieur. Finalement, il baisse les yeux et continue sur sa lancée : 
« Je leur en ai longtemps voulu. Et puis, peu après qu'ils soient partis, j'ai enfin compris. Je t'avais à ma charge, je te voyais grandir à leur place... mais j'ai réalisé que comprendre ne signifie pas pour autant cesser de souffrir, ni même cautionner. Je m'en voulais, et je m'en veux encore, d'avoir été si dur avec eux vers la fin. Nous avions beau être en désaccord, ils ne méritaient pas ça. Je ne te parle pas de certaines choses parce que je ne veux pas que tu finisses comme moi, que tu te tortures l'esprit avec ça.
— Et pourtant, j'aurais aimé que tu m'en parles. Vraiment. Je ne les ai pas connus aussi longtemps que toi. Les souvenirs qui persistent le plus, ce sont ceux des derniers jours, les plus douloureux, et sûrement les plus pénibles. Le reste est moins clair, moins intense, et il y a encore beaucoup de choses que j'ignore.
— Je suis désolé, Olivia. »
Grand-père se lève et, contre toute attente, me prend dans ses bras. Son geste est maladroit et manque de m'étouffer mais il a au moins le mérite d'être spontané ; les élans d'affection ne sont pas sa spécialité, alors j'apprécie le moment à sa juste valeur. Il est là, réel, honnête, compatissant, comme il aurait dû toujours être. C'est plus fort que moi : les larmes me piquent les yeux. Quelques secondes s'écoulent puis il s'écarte brusquement, à croire que tout n'a été que le fruit de mon imagination, un vague moment de divagation qui me laisse pourtant encore émue.
« Le café doit être froid, grommelle-t-il. »
Il faut croire qu'il y a des choses qui ne changent pas.
« J'aimerais que tu acceptes de te faire aider, dis-je alors d'une voix rauque.
— Olivia, s'il-te-plaît...
— Tu veux me protéger et être là pour moi, ça, je l'ai compris. Mais il est plus que temps que tu considères au moins cette option. Je ne compte pas te forcer la main, pas tant que tu seras capable de te débrouiller tout seul. Je te demande juste d'y penser de manière objective.
— Mais si on m’envoie finir mes vieux jours ailleurs, qui t'empêchera de faire des bêtises ?
— Je suis grande. Maintenant, c'est à moi de t'empêcher de faire des bêtises. »

* * *


Il y a des jours où le monde entier semble être en fragile équilibre entre le calme et l'effervescence, à l'image de ce jeudi, alors que l'après-midi touche à sa fin et que les gens rentrent du travail. La ville est à moitié préservée, comme à l'abri dans une bulle de silence tandis que les premières voitures s'engagent dans les ruelles étroites.
Je passe le long des portails en mauvais état, dans le quartier qui abrite l'école primaire. Les enfants attendent leurs parents dans la cour et jouent à « démasque l'Altéré », un jeu récemment devenu très populaire, pour tromper l'ennui. Chacun d'entre eux a un papier de couleur différente. Celui qui hérite du papier noir doit être démasqué puis pourchassé : il endosse le rôle de l'Altéré. Inutile de dire que je suis bien contente de n'y avoir jamais joué quand j'étais plus petite.
Je pénètre à l'intérieur de la supérette du coin. Si l'endroit n'est pas très grand, il reste tout de même assez bien fourni. On y trouve de tout, et c'est bien suffisant pour les courses de dernière minute. Puisque grand-père m'a envoyée faire quelques achats en centre-ville, et ce après m'avoir copieusement qualifiée de « ventre sur pattes », je remplis mon panier de produits en tout genre, de quoi satisfaire deux bouches pendant plusieurs jours. Ce minuscule magasin sert aussi de boulangerie depuis la fermeture de la dernière du quartier, située non loin d'ici, quelques semaines auparavant. Le pain n'est pas franchement très bon ni même très frais, mais il faut savoir se satisfaire de ce qu'on a, surtout par les temps qui courent.
Arrivée en caisse, je reconnais Thomas, un garçon avec qui j'allais au collège. Ses cheveux blonds, un poil trop longs, rebiquent au niveau de sa nuque. Son regard glacial se pose sur moi ; il me détaille rapidement de haut en bas, comme pour me signifier que je n'ai rien à faire ici. Pas de doute possible, il est bien resté le même.
« Il y a des promotions sur le rayon frais, me fait-il savoir. »
Je décline poliment son offre et pose mes articles sur le tapis roulant. Les choses auraient pu s'arrêter là mais, au moment de lui remettre l'argent, je remarque une légère coupure le long de sa mâchoire... petite erreur de rasage, sans doute.
Et là, c'est plus fort que moi.
Mon index effleure la paume de sa main juste avant que ses doigts ne se resserrent autour des pièces. Le contact est bref, rapide, presque indétectable. Je baisse les yeux, range la monnaie dans ma poche de pantalon et relève le col de ma veste. Pas besoin de le regarder pour savoir ce qui est en train de se passer : alors que sa blessure s'efface lentement, une autre en tout point identique apparaît sur mon visage.
S'il ne remarque rien pour l'instant, il s'en apercevra plus tard quand il passera devant un miroir ou une vitre, au moment de se laver ou juste avant d'aller se coucher. J'ai beau être connue comme le loup blanc, rien ne me dit qu'il fera le lien ; je l'espère tout de même. J'aime croire que de petits actes de gentillesse peuvent faire changer d'avis même le plus ardent des opposants. A chacun sa méthode. Le gêne est pour de bien nombreuses raisons une mauvaise chose, toutefois il faudrait apprendre à vivre sans en avoir peur le temps de trouver une solution.
Mais bien entendu, il pourrait tout aussi bien venir frapper à ma porte en criant à la tentative d'assassinat.
« Bonne fin de journée, lui dis-je en sortant. »
Je sors du magasin d'un pas pressé, sentant la migraine pointer le bout de son nez, et emprunte les petites rues pavées qui mènent au parc. De nouvelles affiches sont collées sur les murs des immeubles. Elles arborent toutes le même message : « le recensement, c'est maintenant ». Je ne doute pas une seule seconde qu'elles seront déchirées et recouvertes de graffitis dans les jours à venir.
Sauf si plus de gens souhaitent croire en quelque chose, en un monde où tous les enfants vivraient au-delà de la vingtaine. Comme mes parents.
Et un peu comme moi.

* * *


Je range mes achats dès que j'arrive à la maison. Les placards ainsi que certaines parties du réfrigérateur paraissent moins vides et même si ce n'est pas le grand luxe non plus, cela fait plaisir à voir. Les légumes sont colorés et variés, prêts à accompagner viande et poisson avec un soupçon de sauce ; le quotidien est ponctué de plats simples mais bons, que demander de plus ? Je plie les sacs que j'ai utilisés et passe une main sur mon front. J'ai mal à la tête et la peau me tiraille à l'endroit où j'ai soigné Thomas, toutefois, j'ai connu pire, et il en faudra plus pour m'arrêter.
Un rapide coup d’œil dans le salon m'informe que grand-père regarde une chaîne d'information en continu. Les journalistes rapportent apparemment une hausse exponentielle du recensement volontaire, sûrement à cause du nouveau projet de loi. Ils passent en boucle les mêmes images : on y voit de gigantesques files d'attentes qui s'étendent devant les hôtels de ville, un peu partout dans le pays. Difficile de passer à côté de ce phénomène hors norme qui touche aussi bien les petites villes de campagne que les grandes aires urbaines. Ils parlent de prise de conscience collective et de mouvement populaire.
Je me masse les tempes, lasse.
« Tu te rends compte ? Peste alors grand-père. Ces pauvres gens se rendent à l'abattoir sans même le savoir. C'est en provoquant l'opinion qu'on fait avancer les choses ! Pas en baissant les bras ! »
Si je lui proposais d'aller manifester dans les rues, il accepterait sans hésiter.
« Et si j'allais nous mijoter un bon repas pour ce soir ? Ça te dit, un bœuf bourguignon ? Ça changerait un peu, tu ne penses pas ?
— Ma foi, je n'en ai pas mangé depuis longtemps.
— Alors je prends ça pour un oui. »
Je presse son épaule, l'air de rien, et retourne ensuite dans la cuisine pour prendre un cachet d'aspirine. En un instant, tout bascule. J'ai à peine le temps d'ouvrir la porte du placard qu'une douleur aiguë, aussi soudaine que coriace, m'arrache un cri. La poignée me glisse des mains et le sol se dérobe sous mes pieds ; frappée de plein fouet, je perds l'équilibre et manque de heurter le coin de l'évier dans ma chute. Une grande bouffée de chaleur me monte à la tête et alors que j'essaie de me relever, l'air semble me faire défaut. J'ai comme un poids sur la poitrine, une enclume qui chasse l'oxygène de mes poumons, en un claquement de doigt, un battement de cils, plus rien. Je suffoque.
Je lève les yeux et vois le visage de grand-père penché sur le mien, ses lèvres qui bougent au ralenti, sa silhouette qui se dédouble soudainement et ses traits qui se floutent jusqu'à le rendre méconnaissable. Ce n'est plus qu'une immense ombre à la gueule béante et tout porte à croire qu'elle est sur le point de m'avaler.
Plusieurs images se superposent, différentes couches de souvenirs qui s'ajoutent à la réalité. Je revois mes parents avant que tout ne se dégrade, les journées au parc, les crêpes au chocolat, les kermesses et les sorties d'école.
Et soudain, il n'y a plus que leurs beaux visages abîmés, les affiches de propagande, les masques bleus, les cercueils et le « bip » strident du moniteur. Tout se mélange pour créer une horreur sans nom, un cauchemar dont j'aurais préféré ne jamais hériter.
La peur. C'est la peur qui cherche à m'emporter.
Tout s'éteint. Les couleurs se flétrissent. La lumière s'assombrit.
Juste avant que je ne tourne de l'œil, je garde la sensation de mes épaules qui ploient sous les mains de grand-père. Un picotement me brûle la peau et un cri étouffé, déjà lointain, m'accompagne quand je passe de l'autre côté.
Et puis ensuite, plus rien.
Dernière modification par Mimori le mer. 20 sept., 2017 8:59 pm, modifié 1 fois.
Laurence53

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Laurence53 »

Bonjour Mimori! Alors ce chapitre est tout aussi réussi que la premier. Je suis épatée par la description du malaise: très bonne fin! On s' y croirait! A bientôt.
opheliepeudupin1997

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par opheliepeudupin1997 »

C'est tout simplement génial!! :3 Vivement la suite;) !!!!
District

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par District »

Coucou, un deuxième chapitre très réussi aussi !
J'ai beaucoup aimé le dernier paragraphe, où elle raconte ses souvenirs et son malaise, c'est très bien écrit.
Vivement la suite!!
missmistery

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par missmistery »

j'aime beaucoup ce chapitre le premier nous mettais dans le bain et le second nous permet d'en apprendre plus sur Olivia j'aime énormément tes chapitre son bien développé et ton histoire deviens très claire j'aime beaucoup !
prévient moi pour là suite !! ^^
Elfi49

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Elfi49 »

Bon, j'avais dit que je passerais, mais j'étais trop prise par mes histoires que j'ai mis du temps à venir, mais me voilà !!!
Et... je suis pas déçue d'être venue. ^-^
Alors d'abord, j'ai vu "homosexuelle" j'ai eu un sourire, j'aime ces histoire avec ce genre de relation, tu as gagné un point avec ça.
Ensuite, ton histoire commence bien, c'est originale, ton écriture est fluide, et sympa. Pas de fautes, un rythme sympa, tu n'explique pas tout d'un coup et c'est ça qui est génial. Que tu nous laisses un peu dans le flou expliquant au fur et à mesure des chapitres. J'adore.
Ajoute-moi, dans ta liste de prévenus. Je veux connaître la suite. ;)
Mimori

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Mimori »

CHAPITRE 3



J'ouvre les yeux au beau milieu d'une inspiration, à cheval entre deux mondes. Au début, il n'y a rien, puis mon existence s'octroie de la matière, se stabilise, et je prends soudainement conscience de mon éveil. J'existe. Le monde irradie de blancheur mais mes pensées, elles, restent engourdies et hors d'atteinte, particulièrement difficiles à saisir. Tout n'est que vapeur, tout se dissipe rapidement. Je peine à y voir clair.
Un « bip » sonore résonne à mes oreilles, tout près, à intervalles réguliers. Il me semble familier, comme s'il ne m'avait jamais quittée. Pourquoi ? Impossible de m'en souvenir. Impossible de me souvenir de quoi que ce soit.
J'inspire profondément. 
« Bip. »
J'expire. Une douleur naît dans ma poitrine.
« Bip, bip. »
J'inspire, j'expire.
Combien de temps s'est-il écoulé ? Des heures ? Des jours, peut-être ? Je n'en sais rien. Le temps s'écoule entre mes doigts aussi facilement que du sable sec, à la manière des minuscules grains qui glissent et s'entrechoquent contre les parois en pente des sabliers.
Bien que beaucoup de choses soient encore confuses, il m'est de plus en plus facile d'émettre des raisonnements. Si j'ignore encore où je suis et ce que j'y fais, je sais maintenant que la lumière blanche au-dessus de mes yeux provient des néons clairs suspendus au plafond. Cet éclairage agressif trahit sa vocation première en m'aveuglant sans vergogne ; j'ai du mal à m'habituer, d'une part, à la sensation désagréable qui m'incommode, mais aussi à cette sorte de flou artistique qui en résulte, déstabilisant, et qui trouble les indices dont je pourrais user.
Mes poignets sont liés mais j'arrive tout de même à bouger les doigts. Quelque chose de doux et lisse se froisse au contact de mon index, et un autre sens m'aide à lever le voile sur ce mystère : des draps, ce sont des draps. Encouragée par cette découverte, je tourne la tête sur le côté. C'est peu mais tout juste assez pour faire tanguer les couleurs claires et les formes angulaires qui m'entourent ; j'ai comme l'impression d'être à bord d'un bateau.
Quelques secondes s'écoulent. Je cligne des yeux et les contours se précisent, enfin. J'aperçois une table de chevet blanche dont la surface paraît bien vide. Rien d'autre. Je tente de bouger le reste de mon corps mais l'épreuve se révèle vite insurmontable.
J'abandonne.
« Bip, bip, bip. »
Une cacophonie inconnue me parvient alors, sorte de cocktail de paroles étouffées, de grincements et de bruits de pas. J'écoute avec intérêt ; l'agitation se rapproche et gagne en force. Puis, une ombre immense se penche sur moi. Cette fois-ci, pas de doute possible. Tout me revient en mémoire.
Grand-père. C'est bien lui, je ne rêve pas ! Il ressemble pourtant trait pour trait à une apparition. Je le vois qui se tient debout, juste à côté du lit, telle une statue inondée de lumière, et les lignes de son visage sont adoucies par les cascades blanches qui descendent des néons.
« Olivia, est-ce que tu m'entends ? J'ai très peu de temps devant moi. »
Grand-père se penche un peu plus en avant pour presser ses doigts glacés contre ma main. Son visage m'apparaît alors en contre-jour et des ombres dessinent l'arrête de son nez.
« J'ai essayé de les en empêcher mais je n'ai rien pu faire. »
Il s'apprête à ajouter autre chose quand une nouvelle série de bruits l'interrompt.
« Monsieur. Vous devez partir, maintenant.
— Laissez-moi encore cinq minutes.
— Monsieur, j'insiste. »
C'est à ce moment précis que tout s'accélère. Des invectives fusent et la tension monte d'un cran. Les échanges s'intensifient, des corps se bousculent. S'ensuivent des éclats de voix, des grognements et quelques reniflements. Des semelles de chaussures crissent sur le sol et soudain, grand-père disparaît. Il n'y a plus que cette lumière éblouissante qui brille au-dessus de ma tête. Rien d'autre.
Je n'arrive plus à le voir.
« Olivia, je ne t'en veux pas. Tu comprends ? Je... »
La porte claque brutalement et le silence se construit autour de ces agaçants « bip, bip » de moins en moins espacés. Ils coïncident avec les coups violents qui battent la mesure contre mes tempes.
Un râle m'échappe.
Je ferme les yeux.
Tout devient un peu plus clair, comme après une douche froide. La douleur aiguise mes sens. Elle me tient éveillée. Je remarque enfin le grésillement des néons, le fil de la perfusion relié à mon bras et le grincement du matelas quand j'arrive à bouger les pieds. J'identifie même ce qui m'entoure poignets et chevilles : des sangles de cuir bien épaisses et trop serrées. Et si j'ignore toujours ce que je fais ici, je sais maintenant que ces « bip » stridents et familiers proviennent d'un moniteur, une boîte noire pourvue d'un écran et de boutons qui me surveille de l'autre côté du lit.
J'essaie de mettre du sens sur les choses qui m'entourent. Malheureusement, établir des connexions n'est pas toujours une expérience très agréable.
Grand-père a dit qu'il ne m'en voulait pas. De quoi parlait-il ? Je me souviens à peine de ce qu'il s'est passé avant. Avant que tout ne me semble compliqué et confus. Avant que je ne me retrouve attachée je ne sais où et complètement à l'ouest.
Seule.

* * *


J'attends ce qui me semble être une éternité avant que la porte de la chambre ne s'ouvre à nouveau. Lasse, angoissée et presque désespérée, je tends le cou pour tenter d'apercevoir qui fait son entrée. Toutefois, je suis encore trop faible pour parvenir à voir quoi que ce soit. Ce simple effort me donne le tournis.
Quelqu'un approche d'un pas léger. Une main apparaît alors dans mon champ de vision, puis un bras, un buste, et enfin, un corps tout entier. Je frissonne. C'est un médecin ; je reconnais la grande blouse dont la blancheur m'aveugle presque ainsi que le stéthoscope pendu autour de son cou.
J'essaie d'ouvrir la bouche pour parler mais j'ai la gorge sèche, et les mots ne trouvent aucune porte de sortie.
« Heureuse de vous voir parmi nous, et bienvenue dans le programme expérimental, me dit-elle. Votre participation aux essais va faire avancer la recherche visant à éradiquer le gêne Altéré. »
Elle tapote une seringue et enfonce l'aiguille dans le tube de la perfusion. Outrepassant la sensation d'avoir avalé des lames de rasoir, je déglutis péniblement et trouve à peine la force d'articuler un début de phrase, quelques mots à peine, hachés et incompréhensibles, comme un nouveau-né mal assuré.
Impassible, elle hausse un sourcil en griffonnant quelque chose sur un dossier.
« Reposez-vous. »
Je suis incapable de protester.
Dernière modification par Mimori le mer. 20 sept., 2017 8:59 pm, modifié 4 fois.
Laurence53

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Laurence53 »

Bonjour Mimori!
J'ai lu le chapitre 3 d'une traite! De mieux en mieux, à mon goût....j'ai beaucoup aimé l'écriture "cinématographique" que tu empruntes dans ce chapitre - c'est très visuel- et tout est ressenti du point de vue de ton héroïne...Super!

J'ai lu aussi ton avertissement:
1) MERDE pour tes exams!
2) Tu devrais pouvoir t'en sortir avec ce chapitre 6... mais qu'y a-t-il donc qui cloche avec lui? Note, au retour des exams, je suis sûre que tout sera résolu!

(Je ne te cause même pas du chapitre 10 de mon "Coco" qui est en ligne. )Les études sont plus importantes que tout. Bonne bûche!
opheliepeudupin1997

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par opheliepeudupin1997 »

Même si c'est un chapitre court il reste quand même très bon!!;) Vivement la suite :3
Mimori

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Mimori »

Laurence53 : Merci beaucoup ! Tu trouves ? Je suppose que cet effet colle bien à la découverte d'un nouvel environnement, c'est comme si on voyait à travers ses yeux.
Merci !!! Je suis en plein contrôle continu et je me ramasse que des bananes. :roll:
Disons que le chapitre 6 marque l'introduction d'un nouveau personnage (spoiler alerte!!) et que j'ai du mal à définir la relation que ce nouveau personnage et Olivia vont avoir. Je sais ce qu'ils pensent l'un de l'autre mais je n'arrive pas à le mettre à l'écrit. Ça, ajouté au contexte du chapitre, c'est super dur. Mais je viens d'avoir une idée... Faut voir si ça marche.
Merci pour ton commentaire en tout cas.

kirachevalierdemeraude : Eh oui ! Beaucoup de révélations seront à venir. Merci pour tes encouragements!!

opheliepeudupin1997 : Merci !!
lovebook08 : Que de suspens... ;)
Elfi49

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Elfi49 »

Ouah. Ok, il est court, mais il est bon. La vache, alors on l'oblige à faire cette expérimentation. Bon sang, j'accroche de plus en plus. Hâte à la suite, bon sang !! Préviens-moi !
missmistery

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par missmistery »

Me voilà désoler s'avoir mis du temps mais j'ai eu quelque petit soucis avec internet en tous cas concernant ce chapitre il est comme les autre trop bien j'ai toujours aimée ce style d'histoire même si je n'en lis pas beaucoup et ton style d'écriture est juste ... Il n'y a pas de mots pour d'écrire ce que je ressent en lisant tes chapitres voilà rien a redire hormis le faite qu'ils sont un peu long même ce n'ai pas vraiment un problème bon je vais arrêter mon commentaire ici si on je vais t'écrire un roman XD Aller bonne chance pour le prochain chapitre et tous mon encouragement pour ne pas tomber sur la malédiction de la page blanche ^^
Mimori

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Mimori »

texte supprimé
Dernière modification par Mimori le mer. 20 sept., 2017 9:00 pm, modifié 2 fois.
Laurence53

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par Laurence53 »

Bonjour Mimori! Superbe chapitre, à nouveau, très bien écrit, où chaque mot est pesé et judicieusement choisi. L'univers hospitalier et la maladie sont extrêmement bien rendus. Tu entretiens le mystère: mais que va-t-il arriver à cette pauvre jeune fille ? IL n'est pas pensable que sa vie soit écourtée si rapidement! J'attends la suite avec impatience.
missmistery

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par missmistery »

Hey !!
Alors bon ce chapitre tu vas t'en douter j'adore et ce qui me plait c'est les réflexions qu'elle fait et les visions aussi mais surtout je trouve en Olivia une jeune fille forte elle prend tout sur elle sens rien dire et c'est ce qui me plaît chez elle. J'espère pour elle que le traitement de sons lendemain sera mieux que les précédent.
PS: t'en fait pas pour les long chapitres ils ne me dérange pas t'en que ça (parce qu'il sont trop bien !!)
Je ne sais pas si tu en a besoin mais je te "ré" encourage pour la suite ^^
opheliepeudupin1997

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Re: Altérée [science-fiction, tragédie, homosexualité]

Message par opheliepeudupin1997 »

Oh non la pauvre !! J'espère que sa va aller pour elle!! Et surtout qu'elle va bientot sortir de cet hospital... Vivement la suite ;)
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