Oneiris - Duologie + Novella [Heroic fantasy]

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Question banale AF : quel est votre perso préféré ?

Alice
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Achalmy
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Mars
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Soraya
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Ace
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Zane
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Connor
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Vanä
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Wilwarin
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louji

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Re: Oneiris, Tome I (terminé) et II (à venir) [Heroic fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :
louji a écrit :Heyo !! :D Bon, on attaque avec le prologue, bien plus court et (j'espère) digeste que celui du tome 1 :?
On y retrouve une jeune femme rencontrée dans le chapitre 19, pour vous aider à vous rappeler :D
Encore une fois, même si Oneiris est mon bac à sable, je suis toujours preneuse de remarques en tout genre, sur la forme ou le fond (ça peut m'aider pour mes histoires futures !) ;)



Prologue
Ma'an



An 500 après le Grand Désastre, 3e mois de l’été, Ma’an, Terres du Sud.



Accoudée au rebord de l’unique petite fenêtre qui donnait sur les champs entourant Ma’an, Alessa guettait. Le moulin dans lequel elle s’était installée, juste sous le toit, appartenait à sa guilde. Ils l’avaient envoyée en poste :arrow: Pas hyper élégant, comme formulation. "Ils l'avaient assignée à ce poste" ? :arrow: Ui, c'est plus sympa "assigner" merci ;) ici une semaine plus tôt, quelques jours après la confrontation avec le Nordiste et l’Occidental. Comme elle avait fui la bataille, les chefs l’avaient… punie. Elle était un élément trop important pour qu’ils la chassassent tout bonnement. Alors on lui avait demandé de surveiller les allées et venues de voyageurs, guettant d’éventuelles proies.
Lors de l’affrontement avec le Nordiste, elle l’avait pris de court en bloquant son attaque grâce à ses bottines aux semelles couvertes de fines plaques d’acier. Une vieille astuce qui lui avait sauvé la mise à plusieurs reprises. Un enseignement qu’elle tenait de sa guilde.
Alessa serra les dents. Elle aurait pu fuir cette ville de misère ; avec les années, elle avait accumulé assez de pièces pour s’en sortir en autonomie. Néanmoins, sa loyauté envers son clan l’en empêchait. C’était Greg qui l’avait sortie du caniveau, alors qu’elle était une énième orpheline rôdant près des bordels, là où une mère inconnue l’avait mise au monde. Greg était un Chasseur exilé de ses contrées, un homme bourru, mais étonnamment bienveillant, qui sauvait chaque année des dizaines de jeunes filles. Sans lui, Alessa serait peut-être un cadavre au fond d’une ruelle, violée puis saignée à mort par l’un des poivrots pestilentiels qui pullulaient dans la cité. Ou elle serait devenue comme sa mère, un corps vidé d’esprit qui vendait ses chairs pour un toit et du pain. J'adore ces trois dernières phrases. :) :arrow: Merci ! :D


Alessa manquait s’endormir sur ses bras croisés lorsqu’elle aperçut du mouvement au milieu des champs dorés qui l’entouraient sur des lieues. Intriguée, elle se redressa en plissant les yeux. Un groupe de voyageurs à cheval. Elle attendit quelques minutes, le temps qu’ils s’approchassent un peu plus, pour les dénombrer. Quatre personnes, suivies d’une monture chargée de vivres.
De potentielles proies ?

Une dizaine de minutes plus tard, le groupe s’arrêta près du moulin. C’était un piège mis en place par la guilde des années plus tôt : un puits se trouvait juste à côté, mine d’or pour les voyageurs qui souhaitaient se désaltérer. Quelle bande de salauds :lol: :arrow: Des voleurs ou pas des voleurs ? :lol:
Penchée à la fenêtre, Alessa les détaillait avec attention. Deux hommes et deux femmes, tous provenant de contrées différentes, à entendre leurs accents. Alors qu’une adolescente menue menait par la bride son cheval pour lui donner à boire, Alessa écarquilla les yeux. Au milieu des trois têtes brunes, des cheveux d’or retinrent :arrow: Je serais plutôt partie sur un plus-que-parfait, ici, mais c'est toi qui vois. ^-^ :arrow: Non, effectivement, après relecture le plus-que-parfait me semble plus cohérent :) son attention. Muni d’un bâton et d’une longue tunique, l’homme ne pouvait qu'être Oriental. Mais, surtout, il était familier à Alessa.
Lorsque ses souvenirs firent la connexion, son cœur s’écrasa contre ses côtes. Il s’agissait de l’un des individus que leur guilde avait poursuivi. Elle chercha frénétiquement un deuxième visage parmi les autres voyageurs. Elle tomba dessus sans mal : c’était le deuxième homme qui constituait le groupe. Difficile à manquer avec sa tignasse brune agrémentée d’une tresse, son tatouage sombre qui ressortait de son cou comme une cicatrice et les deux sabres qui l’accompagnaient.
Alessa dut se mordre la lèvre pour s’empêcher de hurler. L’enflure qui avait amputé son mentor se trouvait sous son nez. Ay caramba, mon petit Al', tu es à peine revenu des morts que tu as déjà des ennemis ! :lol: :arrow: C'est plus fort que lui :lol:

— Où est-ce que nous allons dormir ? s’enquit l’Oriental en tendant une poignée d’herbe tendre – rare dans les environs, surtout à cette saison – à sa monture.
Alessa continuait de les guetter depuis la petite ouverture du moulin. Nerveuse, elle faisait tournoyer sa dague entre ses doigts agiles. Elle ne pouvait pas intervenir maintenant : le Chasseur était redoutable et accompagné de trois dangers potentiels. Tu n'as pas idée à quel point ils sont dangereux, toi. Ils viennent de contribuer à buter un Dieu :lol: :arrow: Vu sous cet angle... :roll:
— Nous pouvons retourner à l’auberge où nous nous sommes rencontrées, proposa la femme sudiste à l’adresse de sa compagne de route, qui était manifestement la plus jeune.
— Je ne me rappelle pas le chemin, avoua cette dernière d’une voix hésitante.
— Vous connaissez le nom de l’auberge ? demanda alors le Chasseur.
Sa voix tranchante à l’accent prononcé fit grimacer Alessa. Elle se rappelait sans mal ses traits sévères, ses prunelles d’acier, son souffle court alors qu’il envoyait ses élégants sabres dans sa direction. Alessa savait se battre – Greg l’avait souvent félicitée pour ses capacités –, :arrow: Pas de virgule après une incise comme ça, il me semble… :? :arrow: La question est : pourquoi j'en ai mis une ? :lol: En vrai, merci d'avoir relevé ^^ et ce Chasseur avait été un ennemi à sa hauteur. Une brûlante envie d’en découdre lui tiraillait le ventre. Néanmoins, elle prenait son mal en patience, faisait tournoyer sa dague, s’imaginant l’enfoncer dans sa gorge avec un plaisir malsain.

Alessa se réfugia dans les écuries qui jouxtaient La Rasade en attendant le coucher du soleil. Installée dans un tas de foin, elle vérifiait sa lame. Son plan ne nécessitait pas d’armes plus conséquentes. Et puis, ce n’était pas pratique de se battre à l’épée dans l’une des chambres minuscules de l’auberge. Alors elle espérait que sa première tentative fût la bonne.
Le cas contraire, elle devrait se battre – ou fuir. J'aurais plus tendance à dire fuir, chérie. :lol: :arrow: Il vaut mieux, surtout s'il s'agit de se battre dans une chambre minuscule :roll:

Alessa prit soin d’attendre que les étoiles fussent confortablement installées dans le ciel pour agir. Grimpant sur le toit des écuries, elle atteignit sans mal celui de l’auberge. Elle ne savait pas où logeaient son ennemi et ses compagnons, mais elle aurait vite fait le tour des chambres. Avisant une gouttière sur le bord du toit, elle en testa la solidité avant de se suspendre pour prendre appui sur un rebord de fenêtre. Les rideaux étaient tirés et les vitres fermées. Avec cette chaleur, n’importe quelle personne sensée ouvrirait les battants.
Chambre vide, conclut la voleuse en se déplaçant à la prochaine fenêtre. Cette fois, la vitre était ouverte et l’air encore chaud faisait onduler les vieux rideaux jaunis par le soleil. Un couple dormait paisiblement dans un lit double. Alessa les ignora et passa à la prochaine chambre. Question, y'a personne en bas de la rue qui risque de la voir et de se demander ce qu'une jeune femme fout à passer d'une fenêtre à l'autre ? :arrow: C'est en pleine nuit, ça limite le nombre de passants... Puis, même s'il y en a, il faut avoir le réflexe de lever le nez vers le 2e étage :)
Cette fois-ci, elle reconnut les deux femmes du groupe, qui partageaient une chambre. La Sudiste occupait le lit et l’Occidentale était roulée an boule sur un large fauteuil. Elle pouvait dire merci à sa silhouette menue. Toujours sans un bruit, mais rongée d’excitation et d’appréhension, Alessa enjamba le vide pour atteindre l’avant-dernière fenêtre du deuxième étage. Une chambre à lit simple était occupée par l’Oriental. Au comble de la frustration, Alessa s’efforça de calmer ses nerfs en pelote. Elle avait trouvé tous les autres membres du groupe ; il ne restait qu’une chambre à explorer.
Il y était forcément.

Les vitres grandes ouvertes pour laisser passer un peu d’air, le Nordiste était allongé de tout son long sur la couchette, un bras posé sur son torse dénudé et l’autre serré sur ses sabres. Silencieuse, Alessa s’accroupit sur le rebord de fenêtre et étudia la chambre. Le couchage était serré contre le mur à gauche et une table agrémentée d’une chaise et d’une coupe d’eau occupait la partie droite de la pièce. Le haut du Chasseur, jeté négligemment sur le dossier du siège, n’était qu’un haillon mal taillé. Alessa était persuadée qu’il portait des vêtements convenables lors de leur affrontement, des jours plus tôt. S’était-il fait dépouiller ? Heuuu… pas exactement, on va dire. Carboniser, plutôt. :arrow: Le terme est plus adapté :lol: En se penchant lentement en avant, Alessa chercha les preuves d’un quelconque affrontement. Néanmoins, elle ne vit aucune blessure ou contusion. Galadriel est passée par là. Tiens, d'ailleurs, ça soulève une question intéressante : Lefk et Galadriel ont littéralement recréé un corps humain pour y réinsérer l'âme d'Al ? Parce que de l'ancien corps, il devait pas rester grand-chose… :? :arrow: Il en restait rien, effectivement :roll: Ils ont recréé son corps sans les blessures récentes (il a donc quand même conservé son tatouage et de vieilles cicatrices).
Avec un pas souple et léger, elle glissa dans la chambre. Seuls les bruits de la ville endormie et leurs respirations étaient audibles. Alessa se forçait à rester calme malgré ses muscles tendus et son cœur furieux. Son coup devait être précis, mortel. Si le Chasseur se réveillait, c’était fichu. Choupette, je veux pas te casser dans ton délire, mais à mon avis, il est déjà réveillé depuis longtemps. :arrow: :D
Lentement, la voleuse s’approcha. La respiration profonde du Nordiste soulevait légèrement sa poitrine. D’un coup d’œil, Alessa avisa les deux katanas qui reposaient le long de son flanc. Elle en tirerait sûrement une bonne somme d’argent. Ramenant son regard vers le visage de sa cible, Alessa se figea brusquement. Ses yeux étaient grand ouverts et ses lèvres souriaient doucement. Héhéhé. :lol: :arrow: À peine prévisible :lol:
Sans plus réfléchir, Alessa tendit le bras vers la gorge du jeune homme. Vif, le Nordiste détourna son bras, agrippa le second et l’attira vers lui. Déséquilibrée, la voleuse gronda et s’empêtra entre les jambes du Chasseur. Wouh, déjà ? 8-) :arrow: Ils sont rapides, ces deux-là 8-) Elle parvint à libérer son bras et plaqua sans hésiter la lame contre la gorge de sa cible. Néanmoins, elle sentait un contact gelé contre son propre cou.
— Comme tu as fui la première fois que l’on s’est affrontés, je suppose que tu n’es pas prête à m’abattre au prix de ta vie, souffla-t-il d’un ton narquois en pressant légèrement sa lame de glace contre la glotte de la voleuse.
— Tu étais réveillé.
— Je garde toujours un œil ouvert.
Alessa fronça le nez : quelle arrogance ! Si ce qu’il affirmait était vrai, Ava, le meilleur tire-sou de leur clan, n’aurait jamais réussi à lui prendre ses sabres. C’était ce vol qui avait mené au combat entre les deux Chasseurs. Et à la mutilation de leur chef.
— Tu n’es qu’un stupide Chasseur imbu de lui-même, gronda-t-elle à voix basse en se penchant vers lui dans une silencieuse provocation. Et il en est fier. :mrgreen: :arrow: Je crois, oui, malheureusement :lol:
— Et toi une pitoyable assassine. OUCH. :lol: :arrow: (Peut-être un peu susceptible le stupide Chasseur imbu de lui-même :roll: )
La pique manqua faire perdre le contrôle à Alessa. Elle se mordit violemment la lèvre pour ne pas se jeter sur lui et le fusilla du regard en silence. Soudain, il éloigna sa dague de glace de quelques centimètres.
— Écoute, voleuse, je ne te veux aucun mal. Si tu repars et promets de me laisser tranquille, nous pouvons en rester là.
— Et puis quoi encore ? cracha-t-elle en le forçant à reculer la tête avec sa lame.
Il grimaça un rictus contrit.
— J’ai laissé derrière moi un certain nombre de cadavres au cours des dernières semaines. (Il lui adressa un regard presque préoccupé.) Je ne voudrais pas que tu en fasses partie.
— Oh, je ne vaux pas assez pour toi ? Je ne suis pas assez forte ?
— Non, bien au contraire, rétorqua le Nordiste d’un ton plus sec. Tu es une adversaire coriace. Je me rappelle ta tactique avec les bottes renforcées de métal… Une bonne astuce.
Alessa ne laissa rien paraitre de la satisfaction guerrière qui l’envahissait. Elle avait beau détester le Chasseur pour ce qu’il avait fait, elle lui reconnaissait un talent indéniable au combat. Alors être complimentée par ce même Chasseur sur ses techniques…

— Les lois de mon clan voudraient que je te tue.
— Mais tu tiens trop à la vie pour ça, la nargua le Nordiste avec un sourire narquois.
— Qui te dit que je ne pourrais pas te battre ?
Un éclat amusé étincela dans les prunelles d’un gris-bleuté du jeune homme.
— Imaginons que tu me battes. Ce qui n’arriverait pas, je tiens à préciser. Bref, imaginons que tu me battes, murmura-t-il d’une voix charmeuse, je suis sûre que tu seras ravie d’apprendre que mes trois compagnons – tous Élémentalistes – te tomberont dessus.
La gorge de la jeune femme se contracta. "Oh shit." :lol: :arrow: Pensée la plus cohérente qui soit XD C’était la raison pour laquelle son plan était constitué d’une seule attaque : une fois égorgé, le Chasseur n’aurait pas pu appeler à l’aide et elle serait partie avant même que les autres voyageurs prirent conscience de la mort de leur compagnon.
Mais, à présent, c’était fichu.

Dans une ambiance tendue et électrique, ils se dévisageaient en chiens de faïence. Alessa savait que c’était à elle de décider. S’enfuir, comme elle l’avait fait une quinzaine de jours plus tôt, pour avoir la vie sauve, ou sauver l’honneur de Greg et risquer de périr ?
Elle pinça les lèvres. Sa loyauté se confrontait à son désir de liberté. Et, à la façon dont le Chasseur la dévisageait avec amusement, il se doutait de son dilemme.
— Alors, qu’est-ce que tu décides ? lança-t-il au bout de quelques secondes de silence.
Crispée, Alessa fouilla son regard à la recherche d’une lueur mauvaise. Elle avait peur qu’il se lançât à sa poursuite si jamais elle s’enfuyait. Elle n’était pas orgueilleuse au point de se croire capable de le vaincre.
— Tu me donnes ta parole d’honneur, de guerrier du Nord, que tu ne me planteras pas un couteau dans le dos une fois que je serais partie ?
Ses yeux s’écarquillèrent de surprise. Il ne devait pas s’attendre à ce qu’elle évoquât des principes nordistes. Alors qu’il s’était montré placide jusqu’ici, un sourire mordant déchira son visage et ses prunelles se mirent à luire dans l’obscurité. Alessa avait de nouveau affaire au loup sauvage qu’elle avait affronté au péril de sa vie. J'adore quand Al est comme ça, ça fait tellement de bien de le voir en mode sauvage ! :mrgreen: :arrow: Ouais, carrément, même s'il fait presque plus animal qu'humain là :mrgreen: M'enfin, j'adore écrire cette partie de son caractère, impitoyable et sauvage, ça fait partie de lui !
— Je te le jure, affirma-t-il aussitôt en agrippant le manche de son sabre court.
Inquiète, Alessa recula, mais il se contenta d’incliner légèrement le menton, la garde de son arme entre les doigts. Elle avait vu Greg le faire : c’était le salut nordiste, témoignage sincère d’honneur et de respect. Si jamais il venait à l’attaquer après avoir effectué ce geste, il serait considéré comme un paria, un homme sans âme guerrière.
Alors qu’Alessa se redressait, plus sereine, mais toujours méfiante, le Chasseur s’avança au bord de son lit. La jeune femme plissa les yeux en resserrant sa prise autour du manche de sa dague.
— Néanmoins, voleuse, je tiens à te prévenir, reprit le Chasseur dans un murmure presque conspirateur. La prochaine fois que je te croise, je te déclare :arrow: provoque, plutôt, non ? :arrow: Ui, z'est plus zoli en duel à mort.
Le cœur d’Alessa accéléra brusquement. Il n’avait pas lâché cette affirmation à la légère ; elle le voyait dans son regard implacable, dans le pli sérieux de ses lèvres. Elle s’efforça de masquer la panique qui s’engouffrait entre ses tripes.
— D’accord. (Elle toisa sans savoir quoi faire le visage du Chasseur, qui répondit par un sourire désinvolte.) À la prochaine fois, alors.
— Entraîne-toi, voleuse, car tu ne fais pas le poids actuellement. Ce mec n'a AUCUN respect. :lol: :lol: :arrow: La diplomatie ne fait partie de son vocabulaire :roll:
Alessa rougit de honte, mais serra les dents pour ne pas l’insulter. La vérité était particulièrement blessante, dans sa bouche. Furieuse de sa faiblesse, elle fit brusquement demi-tour et commença à grimper sur la fenêtre.
— Ton nom ? lança alors le Chasseur en bondissant de son couchage.
— Alessa, révéla-t-elle après quelques secondes d’hésitation.
Tandis que le Nordiste ouvrait la bouche pour lui apprendre sa propre identité, une voix féminine s’éleva derrière la porte :
— Al ? Tu es avec quelqu’un ? Lilice ? :) :arrow: Ui :D
À peine le Chasseur s’était-il tourné qu’Alessa bondissait. Elle enjamba avec agilité l’espace menant à la dernière fenêtre du deuxième étage de l’auberge et agrippa la gouttière. Souple et rapide, elle escalada le mur jusqu’au toit et prit enfin le temps de souffler.
Elle entendait des murmures de voix provenir de la chambre du Chasseur. Curieuse, elle s’en approcha et s’accroupit au bord du toit.
— Je t’ai entendu parler avec quelqu’un, déclara la voix qui l’avait fait fuir.
— Quelqu’un dans la rue, répondit le Nordiste d’un ton tranquille. Il faisait du boucan, alors je lui ai demandé d’aller voir ailleurs.
— Ah bon ? Notre fenêtre est ouverte, mais je n’ai rien entendu.
— Alice, tu sais comme moi que tu as le sommeil lourd. Aiiiie. :lol: :arrow: À comprendre : "tu ronfles" :lol:
Un instant de silence. « Alice » devait être en train d’encaisser la remarque.
— Tu ne retournes pas te coucher ? reprit le Chasseur d’une voix étonnée.
— Je n’arrive pas à dormir.
— Tu n’aurais pas dû laisser Soraya accaparer le lit.
Soraya ? Alessa plissa les yeux. C’était un prénom sudiste répandu, mais…
— C’est une Impératrice, s’offusqua Alice d’un air indigné.
Alessa, qui cueillit la nouvelle en ouvrant grand les yeux et la bouche, prêta tout juste attention au reste de la discussion. Ah ben oui ma chérie, tu sais pas encore à qui tu t'attaques ! :arrow: C'est un peu traumatisant comme discussion à surprendre, en y réfléchissant :geek:
— Et toi une Reine, soupira le Nordiste. Alice, va dormir. Si tu veux, je te laisse mon lit.
— N-Non, pas la peine !
— Demain, nous devons repartir. Une longue route t’attend jusqu’à Vasilias.
— Je sais, souffla Alice d’un ton à peine audible.
Il y eut un silence dans la chambre. Alessa se demanda si la compagne de route du Chasseur avait fini par céder. Néanmoins, alors qu’elle s’apprêtait à s’en aller, la voix reprit :
— J’aimerais beaucoup rencontrer Vanä et Mars. Ils t’ont quand même sauvé la vie.
Même perchée à deux mètres au-dessus de la chambre, Alessa entendit le lourd soupir du Nordiste.
— Vanä va repartir pour Enetari avec Wil. Ils sont pressés, l’Épine attend leur retour impatiemment.
De nouveau surprise par ses propos, Alessa haussa les sourcils. Le Chasseur semblait entouré de hautes figures : une impératrice, une reine, deux Sages… Que faisaient-ils dans une auberge de misère au milieu de la ville la plus mal famée d’Oneiris ? Ils se remettent d'un combat à mort avec Calamity. J'veux dire, c'est d'une banalité… :lol: :arrow: Un passe-temps quand y'a plus grand-chose à faire d'autre :geek:
— Je ferai vite, lui assura Alice d’un ton las.
— Bon, d’accord, finit par céder le Chasseur avec un nouveau soupir. Ce que tu es obstinée. Nous nous levons avec le soleil, demain. Wil a reçu un message de Vanä grâce aux oiseaux : ils nous attendent à la sortie est de la ville.
— D’accord. (Quelques secondes de silence.) Merci, Achalmy.
Un sourire étira légèrement les lèvres d’Alessa. Elle avait enfin le nom de son futur adversaire. Dis, choupette, t'es juste un petit peu suicidaire, ou totalement ? :lol: Parce qu'après avoir entendu ça, moi, je me serais barrée en courant, à ta place. :roll: :arrow: Pour l'instant, rien n'est pré-destiné pour elle !

Bon. J'aime beaucoup ce prologue :) Je me souviens plutôt bien d'Alessa, son fight avec Al avait été très classe, agréablement surprenant. M'enfin bon, face à trois Élémentalistes plus un Chasseur trop doué qui a eu la Marque Noire avant sa Maturité, y'a pas de risques qu'elle gagne. Pas tout de suite, en tout cas.
Mais du coup, ça donne déjà énormément d'intérêt à la suite, parce que je me demande vraiment quand est-ce qu'on va la recroiser.
(J'ai eu une idée tordue. Est-ce que, vers la fin du T2, il est possible qu'ils s'affrontent, et qu'elle gagne et le tue, rétablissant ainsi "l'équilibre" que la résurrection contre-nature d'Al a causée ? Est-ce que, une fois qu'il aura réussi à ramener les Dieux sur Oneiris, il ne va pas se laisser mourir en digne guerrier du Nord qui veut honorer la mort ? :? Oui, j'ai des questions bizarres. :lol: )

Au niveau style, à part les deux ou trois broutilles que j'ai relevées, il n'y a absolument rien à dire. C'est fluide, super agréable à lire, la narration est vraiment au poil et l'équilibre entre action, description et dialogues est tip top. Donc j'ai vraiment rien de plus à dire, à part le classique… j'attends la suite !! :mrgreen:

Allez. Bizouz !
Holà !

Contente qu'il te plaise, il t'est en partie dédié ;) C'est toi qui m'as donné envie d'exploiter le personnage d'Alessa ! Et, oui, elle avait prévu de faire son coup dans l'ombre et la discrétion, mais c'est raté :roll: Même seule face à Al, elle n'a actuellement pas les capacités de le vaincre (surtout qu'il n'était pas au top de sa forme quand ils se sont affrontés la 1e fois :? ).
Et moi je me pose la même question :lol: Parce qu'au vu de la tournure actuelle que j'ai donnée au scénario, il n'y a pas de raison de la recroiser... Mais j'ai une petite idée, je la garde dans un coin de ma tête ! :)
(XD Tu veux absolument le voir mourir, hein :lol: En vrai, ce serait sympa, mais un poil dramatique je crois (dans la mesure où il va doucement changer d'avis sur sa résurrection et sur la voie qu'il veut donner à sa vie future :geek: ))

Merci, c'est gentil ! :) C'est vrai que j'ai écrit ce prologue assez facilement, je pense pas que ça durer tout le tome 2 :lol: M'enfin, on verra bien !

Bye ;)
vampiredelivres

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Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Oneiris, Tome I (terminé) et II (à venir) [Heroic fantasy]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :
Prologue
Ma'an



An 500 après le Grand Désastre, 3e mois de l’été, Ma’an, Terres du Sud.



Une dizaine de minutes plus tard, le groupe s’arrêta près du moulin. C’était un piège mis en place par la guilde des années plus tôt : un puits se trouvait juste à côté, mine d’or pour les voyageurs qui souhaitaient se désaltérer. Quelle bande de salauds :lol: :arrow: Des voleurs ou pas des voleurs ? :lol: Des voleurs fourbes :lol:

Alessa dut se mordre la lèvre pour s’empêcher de hurler. L’enflure qui avait amputé son mentor se trouvait sous son nez. Ay caramba, mon petit Al', tu es à peine revenu des morts que tu as déjà des ennemis ! :lol: :arrow: C'est plus fort que lui :lol: En même temps, vu qu'il se comporte comme un véritable abruti, parfois… :lol:

Alessa continuait de les guetter depuis la petite ouverture du moulin. Nerveuse, elle faisait tournoyer sa dague entre ses doigts agiles. Elle ne pouvait pas intervenir maintenant : le Chasseur était redoutable et accompagné de trois dangers potentiels. Tu n'as pas idée à quel point ils sont dangereux, toi. Ils viennent de contribuer à buter un Dieu :lol: :arrow: Vu sous cet angle... :roll: Bah, elle le verra bien par elle-même d'ici bientôt XD

Sa voix tranchante à l’accent prononcé fit grimacer Alessa. Elle se rappelait sans mal ses traits sévères, ses prunelles d’acier, son souffle court alors qu’il envoyait ses élégants sabres dans sa direction. Alessa savait se battre – Greg l’avait souvent félicitée pour ses capacités –, :arrow: Pas de virgule après une incise comme ça, il me semble… :? :arrow: La question est : pourquoi j'en ai mis une ? :lol: En vrai, merci d'avoir relevé ^^ Mais de rien :) et ce Chasseur avait été un ennemi à sa hauteur. Une brûlante envie d’en découdre lui tiraillait le ventre. Néanmoins, elle prenait son mal en patience, faisait tournoyer sa dague, s’imaginant l’enfoncer dans sa gorge avec un plaisir malsain.

Alessa se réfugia dans les écuries qui jouxtaient La Rasade en attendant le coucher du soleil. Installée dans un tas de foin, elle vérifiait sa lame. Son plan ne nécessitait pas d’armes plus conséquentes. Et puis, ce n’était pas pratique de se battre à l’épée dans l’une des chambres minuscules de l’auberge. Alors elle espérait que sa première tentative fût la bonne.
Le cas contraire, elle devrait se battre – ou fuir. J'aurais plus tendance à dire fuir, chérie. :lol: :arrow: Il vaut mieux, surtout s'il s'agit de se battre dans une chambre minuscule :roll: Surtout s'il s'agit de se battre face à Al, j'ai envie de dire… À ton avis, Al vs Lily, qui gagne ? :ugeek:

Chambre vide, conclut la voleuse en se déplaçant à la prochaine fenêtre. Cette fois, la vitre était ouverte et l’air encore chaud faisait onduler les vieux rideaux jaunis par le soleil. Un couple dormait paisiblement dans un lit double. Alessa les ignora et passa à la prochaine chambre. Question, y'a personne en bas de la rue qui risque de la voir et de se demander ce qu'une jeune femme fout à passer d'une fenêtre à l'autre ? :arrow: C'est en pleine nuit, ça limite le nombre de passants... Puis, même s'il y en a, il faut avoir le réflexe de lever le nez vers le 2e étage :) Ouais m'enfin bon… :?

Les vitres grandes ouvertes pour laisser passer un peu d’air, le Nordiste était allongé de tout son long sur la couchette, un bras posé sur son torse dénudé et l’autre serré sur ses sabres. Silencieuse, Alessa s’accroupit sur le rebord de fenêtre et étudia la chambre. Le couchage était serré contre le mur à gauche et une table agrémentée d’une chaise et d’une coupe d’eau occupait la partie droite de la pièce. Le haut du Chasseur, jeté négligemment sur le dossier du siège, n’était qu’un haillon mal taillé. Alessa était persuadée qu’il portait des vêtements convenables lors de leur affrontement, des jours plus tôt. S’était-il fait dépouiller ? Heuuu… pas exactement, on va dire. Carboniser, plutôt. :arrow: Le terme est plus adapté :lol: En se penchant lentement en avant, Alessa chercha les preuves d’un quelconque affrontement. Néanmoins, elle ne vit aucune blessure ou contusion. Galadriel est passée par là. Tiens, d'ailleurs, ça soulève une question intéressante : Lefk et Galadriel ont littéralement recréé un corps humain pour y réinsérer l'âme d'Al ? Parce que de l'ancien corps, il devait pas rester grand-chose… :? :arrow: Il en restait rien, effectivement :roll: Ils ont recréé son corps sans les blessures récentes (il a donc quand même conservé son tatouage et de vieilles cicatrices). Il aurait ragé s'il avait perdu son tatouage, je suppose… :lol:
Avec un pas souple et léger, elle glissa dans la chambre. Seuls les bruits de la ville endormie et leurs respirations étaient audibles. Alessa se forçait à rester calme malgré ses muscles tendus et son cœur furieux. Son coup devait être précis, mortel. Si le Chasseur se réveillait, c’était fichu. Choupette, je veux pas te casser dans ton délire, mais à mon avis, il est déjà réveillé depuis longtemps. :arrow: :D
Lentement, la voleuse s’approcha. La respiration profonde du Nordiste soulevait légèrement sa poitrine. D’un coup d’œil, Alessa avisa les deux katanas qui reposaient le long de son flanc. Elle en tirerait sûrement une bonne somme d’argent. Ramenant son regard vers le visage de sa cible, Alessa se figea brusquement. Ses yeux étaient grand ouverts et ses lèvres souriaient doucement. Héhéhé. :lol: :arrow: À peine prévisible :lol: Nan mais c'est Al, ça…
Sans plus réfléchir, Alessa tendit le bras vers la gorge du jeune homme. Vif, le Nordiste détourna son bras, agrippa le second et l’attira vers lui. Déséquilibrée, la voleuse gronda et s’empêtra entre les jambes du Chasseur. Wouh, déjà ? 8-) :arrow: Ils sont rapides, ces deux-là 8-) Après Al² et Soralmy, voici Al²-2.0 ! :lol: Elle parvint à libérer son bras et plaqua sans hésiter la lame contre la gorge de sa cible. Néanmoins, elle sentait un contact gelé contre son propre cou.

— Tu n’es qu’un stupide Chasseur imbu de lui-même, gronda-t-elle à voix basse en se penchant vers lui dans une silencieuse provocation. Et il en est fier. :mrgreen: :arrow: Je crois, oui, malheureusement :lol:
— Et toi une pitoyable assassine. OUCH. :lol: :arrow: (Peut-être un peu susceptible le stupide Chasseur imbu de lui-même :roll: ) Mais naaaaan… :roll:

— Imaginons que tu me battes. Ce qui n’arriverait pas, je tiens à préciser. Bref, imaginons que tu me battes, murmura-t-il d’une voix charmeuse, je suis sûre que tu seras ravie d’apprendre que mes trois compagnons – tous Élémentalistes – te tomberont dessus.
La gorge de la jeune femme se contracta. "Oh shit." :lol: :arrow: Pensée la plus cohérente qui soit XD Clairement. À ce stade, je me serais juste barrée. C’était la raison pour laquelle son plan était constitué d’une seule attaque : une fois égorgé, le Chasseur n’aurait pas pu appeler à l’aide et elle serait partie avant même que les autres voyageurs prirent conscience de la mort de leur compagnon.

Ses yeux s’écarquillèrent de surprise. Il ne devait pas s’attendre à ce qu’elle évoquât des principes nordistes. Alors qu’il s’était montré placide jusqu’ici, un sourire mordant déchira son visage et ses prunelles se mirent à luire dans l’obscurité. Alessa avait de nouveau affaire au loup sauvage qu’elle avait affronté au péril de sa vie. J'adore quand Al est comme ça, ça fait tellement de bien de le voir en mode sauvage ! :mrgreen: :arrow: Ouais, carrément, même s'il fait presque plus animal qu'humain là :mrgreen: M'enfin, j'adore écrire cette partie de son caractère, impitoyable et sauvage, ça fait partie de lui ! Ça fait partie de lui, c'est ce qui fait tout le charme du personnage :)

— Alice, tu sais comme moi que tu as le sommeil lourd. Aiiiie. :lol: :arrow: À comprendre : "tu ronfles" :lol: Et on disait que la diplomatie ne fait pas partie de son vocabulaire… là, il l'a presque dit avec tact. :lol:

Alessa, qui cueillit la nouvelle en ouvrant grand les yeux et la bouche, prêta tout juste attention au reste de la discussion. Ah ben oui ma chérie, tu sais pas encore à qui tu t'attaques ! :arrow: C'est un peu traumatisant comme discussion à surprendre, en y réfléchissant :geek: "J'ai voulu tuer un gars qui se balade au quotidien avec une Impératrice, une Reine, deux Sages et encore quelques bons élémentalistes… OH WAIT ! :o "

De nouveau surprise par ses propos, Alessa haussa les sourcils. Le Chasseur semblait entouré de hautes figures : une impératrice, une reine, deux Sages… Que faisaient-ils dans une auberge de misère au milieu de la ville la plus mal famée d’Oneiris ? Ils se remettent d'un combat à mort avec Calamity. J'veux dire, c'est d'une banalité… :lol: :arrow: Un passe-temps quand y'a plus grand-chose à faire d'autre :geek: Y'en a qui jouent à Pokémon et y'en a d'autres qui tuent des dieux.

Un sourire étira légèrement les lèvres d’Alessa. Elle avait enfin le nom de son futur adversaire. Dis, choupette, t'es juste un petit peu suicidaire, ou totalement ? :lol: Parce qu'après avoir entendu ça, moi, je me serais barrée en courant, à ta place. :roll: :arrow: Pour l'instant, rien n'est pré-destiné pour elle ! Mwais. J'ai hâte de voir ce que ça va donner, du coup !
Oh, merci, c'est chou ! :)
Ben en même temps, elle voulait surprendre Al, et y'a pas grand monde qui en soit capable, donc… :? Disons que les personnes (humains) capables de vaincre Al en combat singulier se comptent sur les doigts d'une main, non ?
J'ai très peur de ta "petite idée", m'enfin bon… c'est peut-être juste mon sadisme sous-jacent qui me souffle de mauvaises idées, et que toi, tu es totalement innocente. J'y crois moyennement, mais on va dire ça pour l'instant. :mrgreen: Ben ce serait d'autant plus dramatique de le voir mourir de manière aussi triste, après qu'il ait enfin décidé que sa deuxième vie vaut être vécue ! :twisted: (Quand je parlais de mon sadisme… :mrgreen: )

On verra bien, mais j'ai confiance en toi ! Biz' !
cochyo

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par cochyo »

Ah ! Ça fait plaisir à lire !
J’ai hâte de voir leurs prochaines rencontres.
louji

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Re: Oneiris, Tome I (terminé) et II (à venir) [Heroic fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :
louji a écrit :
Prologue
Ma'an



An 500 après le Grand Désastre, 3e mois de l’été, Ma’an, Terres du Sud.



Alessa dut se mordre la lèvre pour s’empêcher de hurler. L’enflure qui avait amputé son mentor se trouvait sous son nez. Ay caramba, mon petit Al', tu es à peine revenu des morts que tu as déjà des ennemis ! :lol: :arrow: C'est plus fort que lui :lol: En même temps, vu qu'il se comporte comme un véritable abruti, parfois… :lol: :arrow: Souvent, même :roll:


Alessa se réfugia dans les écuries qui jouxtaient La Rasade en attendant le coucher du soleil. Installée dans un tas de foin, elle vérifiait sa lame. Son plan ne nécessitait pas d’armes plus conséquentes. Et puis, ce n’était pas pratique de se battre à l’épée dans l’une des chambres minuscules de l’auberge. Alors elle espérait que sa première tentative fût la bonne.
Le cas contraire, elle devrait se battre – ou fuir. J'aurais plus tendance à dire fuir, chérie. :lol: :arrow: Il vaut mieux, surtout s'il s'agit de se battre dans une chambre minuscule :roll: Surtout s'il s'agit de se battre face à Al, j'ai envie de dire… À ton avis, Al vs Lily, qui gagne ? :ugeek: :arrow: Oula, j'ai aucune hésitation ! :lol: Lilith sans aucun doute :D Sa magie est bien plus puissante et diversifiée et son style de combat plus polyvalent ;) En plus, Al est trop inexpérimenté et impulsif :roll:

Les vitres grandes ouvertes pour laisser passer un peu d’air, le Nordiste était allongé de tout son long sur la couchette, un bras posé sur son torse dénudé et l’autre serré sur ses sabres. Silencieuse, Alessa s’accroupit sur le rebord de fenêtre et étudia la chambre. Le couchage était serré contre le mur à gauche et une table agrémentée d’une chaise et d’une coupe d’eau occupait la partie droite de la pièce. Le haut du Chasseur, jeté négligemment sur le dossier du siège, n’était qu’un haillon mal taillé. Alessa était persuadée qu’il portait des vêtements convenables lors de leur affrontement, des jours plus tôt. S’était-il fait dépouiller ? Heuuu… pas exactement, on va dire. Carboniser, plutôt. :arrow: Le terme est plus adapté :lol: En se penchant lentement en avant, Alessa chercha les preuves d’un quelconque affrontement. Néanmoins, elle ne vit aucune blessure ou contusion. Galadriel est passée par là. Tiens, d'ailleurs, ça soulève une question intéressante : Lefk et Galadriel ont littéralement recréé un corps humain pour y réinsérer l'âme d'Al ? Parce que de l'ancien corps, il devait pas rester grand-chose… :? :arrow: Il en restait rien, effectivement :roll: Ils ont recréé son corps sans les blessures récentes (il a donc quand même conservé son tatouage et de vieilles cicatrices). Il aurait ragé s'il avait perdu son tatouage, je suppose… :lol: :arrow: Carrément XD Il l'aurait sûrement refait, mais comme c'est hyper douloureux, il aurait pas été super ravi :?
Avec un pas souple et léger, elle glissa dans la chambre. Seuls les bruits de la ville endormie et leurs respirations étaient audibles. Alessa se forçait à rester calme malgré ses muscles tendus et son cœur furieux. Son coup devait être précis, mortel. Si le Chasseur se réveillait, c’était fichu. Choupette, je veux pas te casser dans ton délire, mais à mon avis, il est déjà réveillé depuis longtemps. :arrow: :D
Lentement, la voleuse s’approcha. La respiration profonde du Nordiste soulevait légèrement sa poitrine. D’un coup d’œil, Alessa avisa les deux katanas qui reposaient le long de son flanc. Elle en tirerait sûrement une bonne somme d’argent. Ramenant son regard vers le visage de sa cible, Alessa se figea brusquement. Ses yeux étaient grand ouverts et ses lèvres souriaient doucement. Héhéhé. :lol: :arrow: À peine prévisible :lol: Nan mais c'est Al, ça…
Sans plus réfléchir, Alessa tendit le bras vers la gorge du jeune homme. Vif, le Nordiste détourna son bras, agrippa le second et l’attira vers lui. Déséquilibrée, la voleuse gronda et s’empêtra entre les jambes du Chasseur. Wouh, déjà ? 8-) :arrow: Ils sont rapides, ces deux-là 8-) Après Al² et Soralmy, voici Al²-2.0 ! :lol: :arrow: C'est pas mal Al²-2.0 ! Elle parvint à libérer son bras et plaqua sans hésiter la lame contre la gorge de sa cible. Néanmoins, elle sentait un contact gelé contre son propre cou.

— Alice, tu sais comme moi que tu as le sommeil lourd. Aiiiie. :lol: :arrow: À comprendre : "tu ronfles" :lol: Et on disait que la diplomatie ne fait pas partie de son vocabulaire… là, il l'a presque dit avec tact. :lol: :arrow: On va dire qu'il s'améliore :v

Alessa, qui cueillit la nouvelle en ouvrant grand les yeux et la bouche, prêta tout juste attention au reste de la discussion. Ah ben oui ma chérie, tu sais pas encore à qui tu t'attaques ! :arrow: C'est un peu traumatisant comme discussion à surprendre, en y réfléchissant :geek: "J'ai voulu tuer un gars qui se balade au quotidien avec une Impératrice, une Reine, deux Sages et encore quelques bons élémentalistes… OH WAIT ! :o " :arrow: "Il serait peut-être temps de faire demi-tour..."

De nouveau surprise par ses propos, Alessa haussa les sourcils. Le Chasseur semblait entouré de hautes figures : une impératrice, une reine, deux Sages… Que faisaient-ils dans une auberge de misère au milieu de la ville la plus mal famée d’Oneiris ? Ils se remettent d'un combat à mort avec Calamity. J'veux dire, c'est d'une banalité… :lol: :arrow: Un passe-temps quand y'a plus grand-chose à faire d'autre :geek: Y'en a qui jouent à Pokémon et y'en a d'autres qui tuent des dieux. :arrow: Serais-tu en train de critiquer l'un de mes anciens passe-temps favori ? 8-)
Oh, merci, c'est chou ! :)
Ben en même temps, elle voulait surprendre Al, et y'a pas grand monde qui en soit capable, donc… :? Disons que les personnes (humains) capables de vaincre Al en combat singulier se comptent sur les doigts d'une main, non ?
J'ai très peur de ta "petite idée", m'enfin bon… c'est peut-être juste mon sadisme sous-jacent qui me souffle de mauvaises idées, et que toi, tu es totalement innocente. J'y crois moyennement, mais on va dire ça pour l'instant. :mrgreen: Ben ce serait d'autant plus dramatique de le voir mourir de manière aussi triste, après qu'il ait enfin décidé que sa deuxième vie vaut être vécue ! :twisted: (Quand je parlais de mon sadisme… :mrgreen: )

On verra bien, mais j'ai confiance en toi ! Biz' !
Hmm, pour les personnages capables de battre Al (ou, du moins, de faire match égal), ils sont plus que ça quand même :) Tous les Maîtres d'Armes d'Oneiris sont au moins de son niveau et il doit bien y avoir quelques puissants Élémentalistes capables de le défaire... Mais ils sont pas nombreux, effectivement ^^
Je crois que c'est ton sadisme qui parle :lol: Parce que ma petite idée implique un dénouement plutôt sympa autant pour Achalmy qu'Alessa... M'enfin, à voir :)
Effectivement, ce serait rageant :D :lol: Et t'es bien le genre de personne capable de le faire !
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

cochyo a écrit :Ah ! Ça fait plaisir à lire !
J’ai hâte de voir leurs prochaines rencontres.
Hello !
Merci pour ton retour et ton enthousiasme :D

A plus ;)
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Bon, autant le prologue a coulé facilement, autant certains passages des premiers chapitres ont été laborieux à écrire... N'hésitez pas à me le dire ! :roll:


***

Partie 1
Voyages

***



Chapitre 1
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois du printemps, à quelques lieues de Gahana, Mor Avi.



Les mouettes criaient au-dessus de nos têtes depuis la veille au soir, signe que les terres étaient proches et que notre voyage allait prendre fin. Les exclamations sauvages et criardes des oiseaux me donnaient mal à la tête, mais me rassuraient quant à la proximité de notre destination. Pour moi qui n’avais jamais pris la mer – du moins, pas aussi longtemps – ces semaines écoulées sur le navire marchand m’avaient épuisée et miné le moral.
Soraya et moi avions choisi le premier bateau en direction des Terres au-delà-des-Mers. Il avait appareillé au début de l’automne, alors que le printemps s’installait doucement sur Mor Avi. L’inversement des saisons nous avait retardées pendant trois semaines, le temps que l’hiver quittât définitivement le continent mystérieux.
Malgré les jours passés à étudier Mor Avi pendant le trajet maritime, malgré les leçons de mes professeurs, malgré les paroles encourageantes de Soraya, je redoutais de débarquer à Gahana. Le peuple, les coutumes, la langue, les croyances… tout était différent. La différence ne m’effrayait pas, au contraire : elle m’intriguait, éveillait mon intérêt pour les Humains et le monde. En réalité, j’avais peur de ne pas m’adapter, de ne pas être capable de m’intégrer la vie quotidienne des Aviriens. C’était pourtant essentiel pour notre mission. Trouver la Déesse perdue du Temps nécessitait de se renseigner auprès du peuple. Or, si j’étais incapable de me fondre parmi eux…
— Alice ?
La voix chaude de Soraya m’arracha à ma rêverie. Installée au bastingage à côté de moi, elle observait l’océan sans fin et ses vagues de mille nuances bleues. Sa natte de cheveux bruns remuait dans son col à cause des rafales salées. J’étais justement sortie sur le pont pour les sentir. Le sentiment d'oppression dans la cale, l'obscurité à peine percée par les lampes à huile, l'humidité et les sinistres grincements, me rendaient nerveuse. Le vent, libre, imprévisible, sur mon visage et dans mes cheveux, me détendait.
— J’espère que nous trouverons rapidement une auberge, soufflai-je en levant le nez pour observer le vol d’une mouette à hauteur des voiles de coton écru.
— Je ne pense pas qu’elles vont manquer, répondit l’ancienne Impératrice avec un soupçon de moquerie dans la voix. Pas à Gahana, la plus grande ville marchande de Mor Avi, en tout cas.
Même si elle avait raison, la boule d’angoisse qui s’était logée dans mon ventre des semaines auparavant ne voulait pas s’estomper. J’étais si loin de chez moi, si loin de mes proches et des personnes avec qui j’avais envie d’être, que je ne pouvais m’empêcher d’avoir peur.

Je n’avais pas pu revoir ma famille avant de partir et le sort de ma mère et de mon petit frère me taraudait. Après la mort de mon père, presque deux mois plus tôt, qu’était-il advenu du trône occidental ? Comme j’avais été proclamée morte dans mes Terres natales, je doutais que ma mère eût espéré mon retour. Avait-elle laissé mon frère cadet devenir Roi ou avait-elle instauré une régence en attendant qu’il grandît ? Il n’avait que quatorze ans, après tout.
Un soupir franchit mes lèvres alors que je posais le menton sur mes bras croisés. Aurais-je un jour de nouveau une place dans cette famille ? J’avais fui la demeure royale au printemps dernier, sans un au revoir pour mes parents, et m’étais retrouvée liée à une folle prophétie. Une prophétie qui ne s’était jamais réalisée, car elle provenait de l’imagination tordue d’un Dieu déchu qui s’était caché sous les traits d’un Noble. Ace Wessex Bastelborn, l’homme le plus riche des Terres de l’Ouest, était en réalité Aion, le Maître de la matière et des éléments. Et il nous avait dupés pendant des années avant de finalement révéler sa véritable nature.
Malheureusement, même après avoir vaincu l’ancien Élu qui l’avait déchu des cieux, Aion n’avait pas récupéré sa divinité. Lefk et Galadriel, les Dieux de la Mort et de la Vie, n’avaient pu le ramener, affaiblis par l’absence des divinités jumelles du Temps et de l’Espace. Kan et Eon s’étaient exilés il y avait cinq cents ans, après avoir déclenché le Grand Désastre pour punir les Hommes de leur affront.
À présent, j’étais en chemin pour retrouver Kan, la Déesse protectrice de mes contrées, et maîtresse du Temps.

Ma cape de voyage claquait dans le vent au même rythme que celle de Soraya. Nous étions vêtues de manière semblable : pantalon en toile, bottines adaptées au voyage, chemise épaisse, veston en cuir léger et cape pour résister aux rafales pluvieuses. Le printemps s’installait sur Mor Avi, alors nous n’avions pas prévu de vêtements trop chauds. Dans le pire des cas, nous avions une bonne réserve de pièces afin d’acheter le nécessaire.
Soraya, qui était habituée aux tenues les plus raffinées depuis sa naissance, avait tout de même insisté pour emmener un châle, des bijoux et des gants en soie. En réalité, ces accessoires allaient de pair avec le rôle qu’elle allait tenir dans les Terres au-delà des Mers. Elle devait se faire passer pour une marchande sudiste venue commercer avec les Aviriens. Quant à moi, j’étais en quelque sorte son assistante. Traductrice, comptable, scribe… toutes les leçons inculquées depuis mon enfance allaient m’aider à tenir mon rôle. Soraya ne maîtrisait pas très bien l’avirien, alors ma présence lui était réellement nécessaire.
Nos rôles n’étaient pas indispensables à la réalisation de notre mission. Mais nous nous étions mises d’accord en amont du trajet de ne pas voyager sous notre réelle identité. C’était d’ailleurs impossible – on nous aurait prises pour des folles. Mais s’inventer un passé, des objectifs, des souhaits pour l’avenir nous avait, en quelque sorte, permis d’oublier qui nous étions vraiment. Se glisser dans la peau d’une marchande et de son aide nous offrait l’opportunité d’alléger notre esprit et notre cœur. Et cela nous permettrait de nous fondre dans la masse, une fois arrivées à Gahana.

Lorsque d’imposants nuages d’un gris menaçant cachèrent le soleil, Soraya partit s’abriter dans la cale. Pour ma part, j’attendis les premières gouttes. Lorsqu’elles commencèrent à chatouiller mon visage, je soupirai puis me décidai à descendre.
Les regards des marins comme des autres voyageurs s’accrochèrent à moi tandis que j’arpentais prudemment les marches en bois branlantes. Avec le vent ragaillardi par la colère du ciel, les vagues avaient grossi et le navire tanguait. Légèrement nauséeuse, je me précipitai vers le hamac que Soraya et moi partagions. Nous avions obtenu une place contre un mur avec un bout de paillasse. Nous alternions, chacune profitant du hamac à tour de rôle pendant la nuit.
Tandis que j’évitais les cages de poulets, les caisses d’artillerie, les tonneaux d’alcool et les sacs de grain, plusieurs hommes grognèrent à mon passage. Je les ignorai, ne pouvant tout de même pas empêcher la chair de poule de grimper le long de mes bras. Les passagers masculins du bateau avaient tenu deux jours avant de nous coincer contre un bout de mur, Soraya et moi. Je me demandais souvent ce que nous serions devenues sans nos pouvoirs. Seules les étincelles avec lesquelles j’avais assommé plusieurs hommes et immobilisé certains autres m’avaient épargnée du viol.
Soraya n’avait pas été aussi tendre. Dès qu’un marchand avirien ivre avait touché sa cuisse, elle lui avait brûlé la main si fort qu’il avait fallu l’amputer. Plus personne n’avait osé l’approcher après cet incident. Ce n’était pas seulement un geste déplacé pour l’Impératrice, c’était un outrage. Le Sud, matriarcal depuis des siècles, avait une notion de consentement plus développé que sur d’autres Terres.

Soraya jouait avec son collier, allongée dans le hamac, lorsque je parvins jusqu’à elle. Elle m’adressa un regard furtif de ses jolis yeux mordorés puis s’enquit :
— Tu veux le hamac pour la fin du voyage, comme j’ai dormi dedans la nuit dernière ?
— Non, non, refusai-je en me laissant choir sur le tas de paille.
Les semaines que j’avais passées à dormir à la belle étoile, que ce fût avec Aion et les troupes royales ou Achalmy, m’avaient habituée à un confort de vie plus humble.
— Nous sommes bientôt arrivées, tu crois ? demanda soudain Soraya d’un ton grincheux.
— Nous devrions débarquer avant la tombée de la nuit. J’ai entendu le capitaine parler de quelques heures.
— Tant mieux, je n’en peux plus de ce navire. Il sent l’humidité, il grince de partout, l’air passe et, surtout, il est infesté de rats répugnants.
Je me permis un petit rire en comprenant parfaitement qu’elle ne parlait pas d’animaux. Étant les deux seules femmes du voyage, nous avions dû faire face, en plus des tentatives d’attouchements, aux remarques acides, aux regards appuyés, aux coups de coude dans les couloirs et à l’exclusion des rares moments de convivialité. Puisque nous les avions chassés de nos couchages, ils nous avaient chassées de la vie du navire.
— Tu es sûre que nous allons trouver Kan ?
La question de l’Impératrice me fit rouvrir les yeux. Je m’étais assoupie, pendant quelques minutes. J’attendis d’avoir pleinement recouvré mes esprits avant de répondre.
— Je ne suis sûre de rien. Je ne suis même pas certaine que Kan soit à Mor Avi. C’est Dame Galadriel qui m’a envoyée. J’espère simplement qu’elle ne s’est pas trompée.
— J’espère aussi, grommela-t-elle en laissant tomber son bras dans le vide.
Elle avait la peau dorée, comme gorgée de soleil. La mienne était pâle, encline à rougir au moindre coup, physique ou de soleil.
— Ce serait bête d’avoir fait le voyage pour rien, ajouta Soraya d’un ton blasé.
Je soupirai en fermant de nouveau les yeux. Moi aussi, je priais les Dieux de nous orienter sur le bon chemin. J’avais tout aussi mal vécu le trajet et désespérais à l’idée de le réaliser en sens inverse. Alors, si nous devions revenir les mains vides à Oneiris… ce serait trop.
— Alice ? (Comme je ne disais rien, elle souffla doucement : ) Tu dors ?
— Non, non, je t’écoute.
— Si nous réussissons… si nous trouvons Kan et la convainquons de retrouver les autres Dieux… Est-ce que tu rentreras chez toi ?
— Bien sûr que oui, répondis-je sans hésiter un instant. C’est ce que j’attends le plus.
— Plus que de retrouver ton Chasseur ?
La remarque me fit brusquement rougir et j’ouvris la bouche pour protester. Je me ravisai à temps, déglutis péniblement puis déclarai :
— Ma famille me manque terriblement. Je n’ai pas revu ma mère et mon frère depuis des mois. Et… (Ma voix se brisa légèrement.) Ils s’imaginent que je suis morte, alors je dois à tout prix rentrer pour leur prouver que non.
— Nous aurions pu faire un détour par le Château du Crépuscule pour que tu voies ta…
— Non, la coupai-je fermement, nous aurions pris du retard. Le trajet de Ma’an jusqu’à Vasilias nous a déjà pris du temps. Nous sommes arrivées parfaitement au bon moment pour acheter une place à bord du navire. Un jour de plus et il n’y avait plus de bateau pour Mor Avi avant une semaine.
Soraya ne répondit rien, sûrement convaincue par mon argument. Que croyait-elle ? Que la possibilité de rentrer chez moi, de discuter avec ma mère, serrer Ash dans mes bras et me balader à cheval dans les vergers, ne m’avait pas effleuré l’esprit ? Bien au contraire. Alors que nous remontions vers Vasilias, après avoir quitté Wilwarin et Vanä à Ma’an, j’avais failli demander à Soraya de faire le détour. Néanmoins, notre vitesse de marche n’était pas assez rapide et nous aurions été en retard.
En retard par rapport à quoi ? souffla une voix moqueuse au fond de mon crâne.
C’était vrai, nous n’avions pas de délai. Pas de date fatidique. Mais les espoirs des Dieux reposaient sur moi. L’avenir de mes Terres était en suspens. Alors je refusais de flâner, de me laisser aller, et je préférais aller immédiatement de l’avant. Plus rapidement j’aurais retrouvé Kan, plus rapidement je serais de retour chez moi.
Et, plus que tout au monde en ce moment, j’avais besoin d’un foyer.

L’esprit à la fois vide et trop plein, je suivais du doigt les courbures du bois à ma droite. Quelques heures seulement et nous aurions enfin les pieds sur le sol ferme. J’attendais le débarquement avec impatience. De prendre un bon repas chaud et d’avoir un lit digne de ce nom, aussi.
— Soraya ?
La jeune femme émit un grognement épuisé puis marmonna :
— Oui ?
— Est-ce que… tu rentreras chez toi, une fois que nous serons rentrées ?
— Je ne sais pas. (Comme j’attendais qu’elle poursuivît, elle finit par expliquer en grommelant : ) Contrairement à toi, je ne serai pas la bienvenue à Lissa. Le Sud ne m’a jamais vraiment aimée.
Elle lâcha un rire grave.
— Oui, j’en ai conscience, je ne suis pas stupide et aveuglée à ce point par ma personne. J’adore mes Terres et le peuple qui y vit. J’apprécie chaque repas et chaque étoffe qu’on me propose. Je tombe amoureuse chaque mois d’un nouveau concubin. Je pense que notre culture est la plus diversifiée d’Oneiris, en raison de l’expansion de notre empire, et qu’elle doit être protégée et entretenue à tout prix. Mais… je…
Même séparée d’elle par plusieurs dizaines de centimètres, je l’entendis déglutir péniblement.
— Je ne crois pas être faite pour diriger.
Sa révélation m’arracha un sourire attristé. J’en avais pris conscience il y avait des mois, lorsque j’avais été témoin de son enlèvement par son propre frère. Dastan Samay – qui était aussi mon ancien fiancé – m’avait alors expliqué le comportement enfantin et égoïste de sa petite sœur. Comme il était né homme, l’aîné de l’ancienne Impératrice Samay n’avait jamais pu accéder au trône. Quelques mois plus tôt, après avoir fui le champ de bataille, Dastan avait brisé des siècles de tradition matriarcale en prenant le pouvoir au Palais d’Or. Comme j’avais été occupée par monts et par vaux à subir les désirs des Dieux, je ne savais pas vraiment comment le peuple avait réagi. Pour l’avoir fréquenté quelques jours, l’aîné des Samay me semblait être un homme ambitieux et froidement calculateur. Oui, il saurait prendre des choix essentiels pour le Sud. Mais saurait-il se faire aimer du peuple comme les Sudistes avaient toujours adoré leurs Impératrices ?
Comme Soraya ne disait plus rien, peut-être vexée par mon manque de réponse immédiate, je finis par souffler d’un ton doux :
— Personne n’est figé dans le temps, Soraya. Nous avons tous le droit et l’opportunité de changer. Ce n’est pas parce que tu as été une mauvaise dirigeante la première partie de ta vie que tu n’auras plus la chance de faire tes preuves.
— Dastan fera tout pour m’éloigner du pouvoir. Il me préfère dans les bordels luxueux de Lissa que dans la salle du trône.
Je rougis de la comparaison avant de soupirer discrètement. Les Sudistes, à la manière des Nordistes, étaient bien plus… ouverts, concernant la vie conjugale. Pendant le voyage, Soraya m’avait conté de nombreuses anecdotes à propos de ses partenaires. Hommes, femmes, Nordistes, Orientaux, seuls ou à plusieurs… elle avait peut-être tout exploré, sans jamais être déçue. À côté d’elle et de ses expériences, je me sentais comme une enfant tout juste mature. Préoccupée par mon souhait d’annuler mes fiançailles, je ne m’étais jamais demandé quel genre de partenaire j’avais envie d’avoir.
Évidemment, je pensais à Al. Il me manquait. En dehors de ma famille proche et de quelques amies au Château, je m’étais rarement attachée aussi fort à quelqu’un. Nous étions loin l’un de l’autre depuis moins de deux mois, mais j’avais déjà envie de le revoir. La dernière nuit de que nous avions passée ensemble, blottis l’un contre l’autre à même le sol, me semblait lointaine et diffuse. Je regrettais d’avoir refusé son baiser, cette soirée-là. Je ne m’étais pas sentie assez forte pour accepter cette part de lui en sachant que je n’en aurais pas plus. Pourtant, j’estimais à présent que ce geste affectueux m’aurait aidé à surmonter la séparation. Je n’avais rien de lui pour me raccrocher à son souvenir – si ce n’étaient ses bras protecteurs autour de moi, son regard sévère, mais bienveillant, et sa voix basse près de mon oreille. Peut-être me sentirais-je aujourd’hui plus courageuse si j’avais la certitude que son affection était sincère et qu’il attendait tout aussi impatiemment que moi nos retrouvailles.

Alors que mon estomac commençait à se creuser à la perspective du dîner à venir, l’agitation augmenta sur le navire. Les matelots allèrent s’affairer sur le pont et les quelques autres voyageurs qui avaient payé pour une place dans la cale commencèrent à rassembler leurs affaires. Comprenant que nous approchions des côtes, je me redressai et touchai l’épaule de Soraya qui dépassait du hamac. Elle grogna dans son demi-sommeil.
— Nous sommes arrivées à Gahana.


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DanielPagés

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Oui, on sent que ça a été plus laborieux et il y a quelques maladresses mais j'aime bien. Et puis les balades en bateau ça me fait toujours rêver ! Bien sûr elles auraient pu aussi affronter du vrai mauvais temps, de la tempête où le navire risque de se mettre en travers et de chavirer et où tout le monde craint pour sa vie... :lol:
J'ai adoré la main baladeuse qui prend feu !! :lol: toutes les filles devraient être équipées de ce genre de pouvoir !!

Allez les petites remarques :

Il était parti au début de l’automne - pourquoi pas "il avait appareillé..." (voir remarque "partir", plus bas)

Or, si j’étais incapable de me fondre à eux… (me fondre à eux...§§)

L’oppression de la soute, son obscurité malgré les lampes à huile, son humidité et ses grincements, me rendait nerveuse. - (je propose :)le sentiment d'oppression dans la cale, l'obscurité à peine percée par les lampes à huile, l'humidité et les sinistres grincements, me rendaient nerveuse. (une soute c'est plutôt pour contenir des fluides, liquides ou pas > soute à eau, à charbon)

à hauteur des voiles beiges.- à hauteur des voiles de coton écru. (le mot beige me gêne, parceque je le vois mal s'adapter à des voiles que je définirais aussi par une texture, par le côté brut, naturel, pour la couleur de la matière. Ecru parle mieux de tout ça. On pourrait aussi faire ressortir la crasse, la brûlure du soleil ou des cristaux de sel...)

la boule d’angoisse qui s’était logée dans mon ventre il y avait des semaines ne voulait toujours pas partir - s'évacuer, disparaitre, s'estomper, ... (Le verbe "partir" est l'un des verbes dits "faibles". Le remplacer le plus souvent possible par un verbe plus riche, plus précis est un de tes objectifs pour ton tome 2 :D)

Comme j’avais été proclamée morte dans mes Terres natales, je doutais que ma mère avait attendu mon retour. - Que ma mère ait -attendu/espéré/cru à - mon retour

Une prophétie qui n’avait jamais eu lieu, - Hum... une prophétie qui n'existait pas, une fausse prophétie ou qui ne s'était jamais réalisée ? c'est pas trop clair

ces accessoires allaient de paire avec le rôle qu’elle allait tenir - de pair

Nous alternions pour savoir qui allait profiter du hamac pour la nuit. - Hum... si elles alternent il n'y a pas de problème pour savoir... peut-être tourner la phrase autrement : nous alternions, chacune profitant du hamac à tour de role pendant la nuit

la chair de poule de grimper mes bras - le long de mes bras

Seules les étincelles avec lesquelles j’avais assommé plusieurs hommes et immobilisé d’autres m’avaient épargnée le viol. - immobilisé certains autres - épargnée du viol ou épargné le viol (accord part passé)

Nous sommes bientôt arriver, tu crois ? - arrivés

l’exclusion des rares moments de convivialité - que veux-tu dire ? intimité ?

J’attendis d’avoir pleinement recouvert mes esprits avant de répondre. - recouvré (c'est le verbe recouvrer et pas recouvrir) :D

ajouta Soraya d’un ton blasé. - Attention, contrairement à l'usage courant que vous en faites, en français, blasé ne veut pas dire "dégoûté" mais qui par trop d'expérience ou d'habitude a perdu de l'intérêt pour quelque chose. T'es blasée quand tu n'apprécies plus les applaudissements à la fin du spectacle, parceque c'est tous les jours et que ça ne te touche plus...

L’avenir de mes Terres était en suspend. - en suspens


Allez, continue !
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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Oui, on sent que ça a été plus laborieux et il y a quelques maladresses mais j'aime bien. Et puis les balades en bateau ça me fait toujours rêver ! Bien sûr elles auraient pu aussi affronter du vrai mauvais temps, de la tempête où le navire risque de se mettre en travers et de chavirer et où tout le monde craint pour sa vie... :lol:
J'ai adoré la main baladeuse qui prend feu !! :lol: toutes les filles devraient être équipées de ce genre de pouvoir !!

Allez les petites remarques :

Il était parti au début de l’automne - pourquoi pas "il avait appareillé..." (voir remarque "partir", plus bas)

Or, si j’étais incapable de me fondre à eux… (me fondre à eux...§§)

L’oppression de la soute, son obscurité malgré les lampes à huile, son humidité et ses grincements, me rendait nerveuse. - (je propose :)le sentiment d'oppression dans la cale, l'obscurité à peine percée par les lampes à huile, l'humidité et les sinistres grincements, me rendaient nerveuse. (une soute c'est plutôt pour contenir des fluides, liquides ou pas > soute à eau, à charbon)

à hauteur des voiles beiges.- à hauteur des voiles de coton écru. (le mot beige me gêne, parceque je le vois mal s'adapter à des voiles que je définirais aussi par une texture, par le côté brut, naturel, pour la couleur de la matière. Ecru parle mieux de tout ça. On pourrait aussi faire ressortir la crasse, la brûlure du soleil ou des cristaux de sel...)

la boule d’angoisse qui s’était logée dans mon ventre il y avait des semaines ne voulait toujours pas partir - s'évacuer, disparaitre, s'estomper, ... (Le verbe "partir" est l'un des verbes dits "faibles". Le remplacer le plus souvent possible par un verbe plus riche, plus précis est un de tes objectifs pour ton tome 2 :D)

Comme j’avais été proclamée morte dans mes Terres natales, je doutais que ma mère avait attendu mon retour. - Que ma mère ait -attendu/espéré/cru à - mon retour

Une prophétie qui n’avait jamais eu lieu, - Hum... une prophétie qui n'existait pas, une fausse prophétie ou qui ne s'était jamais réalisée ? c'est pas trop clair

ces accessoires allaient de paire avec le rôle qu’elle allait tenir - de pair

Nous alternions pour savoir qui allait profiter du hamac pour la nuit. - Hum... si elles alternent il n'y a pas de problème pour savoir... peut-être tourner la phrase autrement : nous alternions, chacune profitant du hamac à tour de role pendant la nuit

la chair de poule de grimper mes bras - le long de mes bras

Seules les étincelles avec lesquelles j’avais assommé plusieurs hommes et immobilisé d’autres m’avaient épargnée le viol. - immobilisé certains autres - épargnée du viol ou épargné le viol (accord part passé)

Nous sommes bientôt arriver, tu crois ? - arrivés

l’exclusion des rares moments de convivialité - que veux-tu dire ? intimité ?

J’attendis d’avoir pleinement recouvert mes esprits avant de répondre. - recouvré (c'est le verbe recouvrer et pas recouvrir) :D

ajouta Soraya d’un ton blasé. - Attention, contrairement à l'usage courant que vous en faites, en français, blasé ne veut pas dire "dégoûté" mais qui par trop d'expérience ou d'habitude a perdu de l'intérêt pour quelque chose. T'es blasée quand tu n'apprécies plus les applaudissements à la fin du spectacle, parceque c'est tous les jours et que ça ne te touche plus...

L’avenir de mes Terres était en suspend. - en suspens


Allez, continue !
Gros bizzoux
Pour les navires, je pense toujours à toi effectivement :D :lol:
Ah, j'avoue que je n'ai pas inclus la tempête... si elles arrivent à débarquer à Gahana sans soucis, ce sera déjà pas mal !
Carrément, ça éviterait bien des em*erdes :roll:

Merci beaucoup pour les remarques, j'ai tout corrigé ! (Et ça prouve bien que ça a été compliqué :oops: )

Encore merci pour ton retour et profite bien de la semaine ;)
Bizous
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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :Bon, autant le prologue a coulé facilement, autant certains passages des premiers chapitres ont été laborieux à écrire... N'hésitez pas à me le dire ! :roll: T'inquiète, on est là pour ça ! :)


***

Partie 1
Voyages

***



Chapitre 1
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois du printemps, à quelques lieues de Gahana, Mor Avi.



Les mouettes criaient au-dessus de nos têtes depuis la veille au soir. Signe :arrow: Pourquoi ne pas mettre juste une virgule ? que les terres étaient proches et que notre voyage allait prendre fin. Les exclamations sauvages et criardes des oiseaux me donnaient mal à la tête, mais me rassuraient quant à la proximité de notre destination. Pour moi qui n’avais jamais pris la mer – du moins, pas aussi longtemps – ces semaines écoulées sur le navire marchand m’avaient épuisée et miné le moral.
Soraya et moi avions pris le premier bateau en direction des Terres au-delà-des-Mers. Il avait appareillé au début de l’automne, alors que le printemps s’installait doucement sur Mor Avi. J'aime beaucoup le parallèle avec le T1 et Al qui se dépêche pour choper le dernier bateau en direction des Terres au-delà-des-Mers mais qui finit par le rater. L’inversement des saisons nous avait retardées pendant trois semaines, le temps que l’hiver quittât définitivement le continent mystérieux.
Malgré les jours passés à étudier Mor Avi pendant le trajet maritime, malgré les leçons de mes professeurs, malgré les paroles encourageantes de Soraya, je redoutais de débarquer à Gahana. Le peuple, les coutumes, la langue, les croyances… tout était différent. La différence ne m’effrayait pas, au contraire : elle m’intriguait, éveillait mon intérêt pour les Humains et le monde. En réalité, j’avais peur de ne pas m’adapter, de ne pas être capable d’intégrer :arrow: "de m'intégrer à", non ? (Intégrer une information vs s'intégrer à quelque chose) la vie quotidienne des Aviriens. C’était pourtant essentiel pour notre mission. Trouver la Déesse perdue du Temps nécessitait de se renseigner auprès du peuple. Parce qu'elle va se balader tranquilouchette en plein milieu de la populace ? :shock: Or, si j’étais incapable de me fondre parmi eux…
— Alice ?
La voix chaude de Soraya m’arracha à ma rêverie. Installée au bastingage juste à côté de moi, elle observait l’océan sans fin et ses vagues de mille nuances bleues. Sa natte de cheveux bruns remuait dans son col à cause des rafales salées. J’étais justement sortie sur le pont pour les sentir. Le sentiment d'oppression dans la cale, l'obscurité à peine percée par les lampes à huile, l'humidité et les sinistres grincements, me rendaient nerveuse. Le vent, libre, imprévisible, sur mon visage et dans mes cheveux, me détendait.
— J’espère que nous trouverons rapidement une auberge, soufflai-je en levant le nez pour observer le vol d’une mouette à hauteur des voiles de coton écru.
— Je ne pense pas qu’elles vont manquer, répondit l’ancienne Impératrice avec un soupçon de moquerie dans la voix. Pas à Gahana, la plus grande ville marchande de Mor Avi, en tout cas.
Même si elle avait raison, la boule d’angoisse qui s’était logée dans mon ventre il y avait des semaines ne voulait toujours pas s'estomper. J’étais si loin de chez moi, si loin de mes proches et des personnes avec qui j’avais envie d’être, que je ne pouvais m’empêcher d’avoir peur.

Je n’avais pas pu revoir ma famille avant de partir et le sort de ma mère et de mon petit frère me taraudait. Après la mort de mon père, presque deux mois plus tôt, qu’était-il advenu du trône occidental ? Comme j’avais été proclamée morte dans mes Terres natales, je doutais que ma mère eût espéré mon retour. Avait-elle laissé mon frère cadet devenir Roi ou avait-elle instauré une régence en attendant qu’il grandît ? Il n’avait que quatorze ans, après tout. On a vu bien pire comme jeune roi chez nous XD
Un soupir franchit mes lèvres alors que je posais le menton sur mes bras croisés. Aurais-je un jour de nouveau une place dans cette famille ? J’avais fui la demeure royale au printemps dernier, sans un au revoir pour mes parents, et m’étais retrouvée liée à une folle prophétie. Une prophétie qui ne s’était jamais réalisée, car elle provenait de l’imagination tordue d’un Dieu déchu qui s’était caché sous les traits d’un Noble. Ace Wessex Bastelborn, l’homme le plus riche des Terres de l’Ouest, était en réalité Aion, le Maître de la matière et des éléments. Et il nous avait dupés pendant des années avant de finalement révéler sa véritable nature.
Malheureusement, même après avoir vaincu l’ancien Élu qui l’avait déchu des cieux, Aion n’avait pas récupéré sa divinité. Lefk et Galadriel, les Dieux de la Mort et de la Vie, n’avaient pu le ramener, affaiblis par l’absence des divinités jumelles du Temps et de l’Espace. Kan et Eon s’étaient exilés il y avait cinq cents ans, après avoir déclenché le Grand Désastre pour punir les Hommes de leur affront.
À présent, j’étais en chemin pour retrouver Kan, la Déesse protectrice de mes contrées, et maîtresse du Temps.

Ma cape de voyage claquait dans le vent au même rythme que celle de Soraya. Nous étions vêtues de manière semblable : pantalon en toile, bottines adaptées au voyage, chemise épaisse, veston en cuir léger et cape permettant de résister aux rafales pluvieuses. Le printemps s’installait sur Mor Avi, alors nous n’avions pas prévu de vêtements trop chauds. Dans le pire des cas, nous avions une bonne réserve de pièces afin d’acheter le nécessaire. Dans le pire des cas. Je le sens pas. :lol:
Soraya, qui était habituée aux tenues les plus raffinées depuis sa naissance, avait tout de même insisté pour emmener un châle, des bijoux et des gants en soie. En réalité, ces accessoires allaient de pair avec le rôle qu’elle allait tenir dans les Terres au-delà des Mers. Elle devait se faire passer pour une marchande sudiste venue commercer avec les Aviriens. Quant à moi, j’étais en quelque sorte son assistante. Traductrice, comptable, scribe… toutes les leçons inculquées depuis mon enfance allaient m’aider à tenir mon rôle. Soraya ne maîtrisait pas très bien l’avirien et les chiffres, alors ma présence lui était réellement nécessaire.
Nos rôles n’étaient pas indispensables à la réalisation de notre mission. Mais nous nous étions mises d’accord en amont du trajet de ne pas voyager sous notre réelle identité. C’était d’ailleurs impossible – on nous aurait prises pour des folles. Possiblement, oui. Mais s’inventer un passé, des objectifs, des souhaits pour l’avenir… nous avait, en quelque sorte, permis d’oublier qui nous étions vraiment. Se glisser dans la peau d’une marchande et de son aide nous offrait l’opportunité d’alléger notre esprit et notre cœur. Et cela nous permettrait de nous fondre dans la masse, une fois arrivées à Gahana.

Lorsque d’imposants nuages d’un gris menaçant cachèrent le soleil, Soraya alla s’abriter dans la cale. Pour ma part, j’attendis les premières gouttes. Lorsqu’elles commencèrent à chatouiller mon visage, je soupirai puis me décidai à descendre.
Les regards des marins comme des autres voyageurs s’accrochèrent à moi tandis que j’arpentais prudemment les marches en bois branlantes. Avec le vent ragaillardi par la colère du ciel, les vagues avaient grossi et le navire tanguait. Légèrement nauséeuse, je me précipitai vers le hamac que Soraya et moi partagions. Nous avions obtenu une place contre un mur avec un bout de paillasse. Nous alternions, chacune profitant du hamac à tour de rôle pendant la nuit.
Tandis que j’évitais les cages de poulets, les caisses d’artillerie, les tonneaux d’alcool et les sacs de grain, plusieurs hommes grognèrent à mon passage. Je les ignorai, ne pouvant tout de même pas empêcher la chair de poule de grimper le long de mes bras. Les passagers masculins du bateau avaient tenu deux jours avant de nous coincer contre un bout de mur, Soraya et moi. Je me demandais souvent ce que nous serions sans nos pouvoirs. Seules les étincelles avec lesquelles j’avais assommé plusieurs hommes et immobilisé certains autres m’avaient épargnée du viol.
Soraya n’avait pas été aussi tendre. Dès qu’un marchand avirien ivre avait touché sa cuisse, elle lui avait brûlé la main si fort qu’il avait fallu l’amputer. Plus personne n’avait osé l’approcher après cet incident. Ce n’était pas seulement un geste déplacé pour l’Impératrice, c’était un outrage. Le Sud, matriarcal depuis des siècles, avait une notion de consentement plus développé que sur d’autres Terres. Ils ont un office de la population quelque part en Europe ? Parce que j'aimerais bien m'installer ! :D

Soraya jouait avec son collier, allongée dans le hamac, lorsque je parvins jusqu’à elle. Elle m’adressa un regard furtif de ses jolis yeux mordorés puis s’enquit :
— Tu veux le hamac pour la fin du voyage, comme j’ai dormi dedans la nuit dernière ?
— Non, non, refusai-je en me laissant choir sur le tas de paille qui m’avait servi de lit un jour sur deux durant le voyage.
En réalité, les semaines que j’avais passées à dormir à la belle étoile, que ce soit avec Aion et les troupes royales ou Achalmy, m’avaient habituée à un confort de vie plus humble.
Je me maudis d’avoir repensé à cette époque lorsque la voix d’Al se mit à résonner dans ma tête. Pas seulement sa voix, mais aussi le bruit de sa respiration profonde lorsqu’il marchait, ses grondements lorsqu’il combattait, la façon dont sa voix se modulait lorsqu’il souriait, son ton bienveillant lorsqu’il m’expliquait la différence entre deux champignons. Il était simple et complexe en même temps. Parfois aussi facile à comprendre qu’un livre ouvert et de temps au temps aussi mystérieux que l’origine des étoiles. Le Big Bang, Lilice. Quoique vous en êtes même pas à la machine à vapeur, donc on peut toujours courir pour vous inculquer la théorie de l'atomistique…
Alice, soupirai-je mentalement en me laissant doucement aller sur la paillasse, arrête. Et voilà qu'elle se parle toute seule. On l'a officiellement perdue ! :lol:
— Nous sommes bientôt arrivées, tu crois ? demanda soudain Soraya d’un ton grincheux.
— Nous devrions débarquer avant la tombée de la nuit, répondis-je, la remerciant en silence de m’occuper l’esprit à autre chose. J’ai entendu le capitaine parler de quelques heures.
— Tant mieux, je n’en peux plus de ce navire. Il sent l’humidité, il grince de partout, l’air passe et, surtout, il est infesté de rats répugnants.
Je me permis un petit rire en comprenant parfaitement qu’elle ne parlait pas d’animaux. Étant les deux seules femmes du voyage, nous avions dû faire face, en plus des tentatives d’attouchements, aux remarques acides, aux regards appuyés, aux coups de coude dans les couloirs et à l’exclusion des rares moments de convivialité. Puisque nous les avions chassés de nos couchages, ils nous avaient chassé de la vie du navire. J'aime bien le parallèle. ^-^

— Tu es sûre que nous allons trouver Kan ?
La question de l’Impératrice me fit rouvrir les yeux. Je m’étais assoupie, pendant quelques minutes. J’attendis d’avoir pleinement recouvré mes esprits avant de répondre.
— Je ne suis sûre de rien. Je ne suis même pas certaine que Kan soit à Mor Avi. C’est Dame Galadriel qui m’a envoyée. J’espère simplement qu’elle ne s’est pas trompée.
— J’espère aussi, grommela-t-elle en laissant tomber son bras dans le vide.
Elle avait la peau dorée, comme gorgée de soleil. La mienne, pâle et encline à rougir au moindre coup, physique ou de soleil, n’avait rien de charmant.
— Ce serait bête d’avoir fait le voyage pour rien, ajouta Soraya d’un ton blasé. C'est vrai que c'est tellement pénible de voyager :roll:
Je soupirai en fermant de nouveau les yeux. Moi aussi, je priais les Dieux de nous orienter sur le bon chemin. J’avais tout aussi mal vécu le trajet et désespérais à l’idée de le réaliser en sens inverse. Alors, si nous devions revenir les mains vides à Oneiris… ce serait trop.
— Alice ? (Comme je ne disais rien, elle souffla doucement : ) Tu dors ?
— Non, non, je t’écoute.
— Si nous réussissons… si nous trouvons Kan et la convainquons de retrouver les autres Dieux… Est-ce que tu rentreras chez toi ?
— Bien sûr que oui, répondis-je sans hésiter un instant. C’est ce que j’attends le plus.
— Plus que de retrouver ton Chasseur ?
La remarque me fit brusquement rougir et j’ouvris la bouche pour protester. Tu vas t'enfoncer toute seule Je me ravisai à temps, déglutis péniblement puis déclarai :
— Ma famille me manque terriblement. Je n’ai pas revu ma mère et mon frère depuis des mois. Et… (Ma voix se brisa légèrement.) Ils s’imaginent que je suis morte, alors je dois à tout prix rentrer pour leur prouver que non.
— Nous aurions pu faire un détour par le Château du Crépuscule pour que tu voies ta…
— Non, la coupai-je fermement, nous aurions pris du retard. Le trajet de Ma’an jusqu’à Vasilias nous a déjà pris du temps. Nous sommes arrivées parfaitement au bon moment pour acheter une place à bord du navire. Un jour de plus et il n’y avait plus de bateau pour Mor Avi avant une semaine.
Soraya ne répondit rien, sûrement convaincue par mon argument. Que croyait-elle ? Que la possibilité de rentrer chez moi, de discuter avec ma mère, serrer Ash dans mes bras et me balader à cheval dans les vergers, ne m’avait pas effleuré l’esprit ? Bien au contraire. Alors que nous remontions vers Vasilias, après avoir quitté Wilwarin et Vanä à Ma’an, j’avais failli demander à Soraya de faire le détour. Néanmoins, notre vitesse de marche n’était pas assez rapide et nous aurions été en retard.
En retard par rapport à quoi ? souffla une voix moqueuse au fond de mon crâne.
C’était vrai, nous n’avions pas de délai. Pas de date fatidique. Mais les espoirs des Dieux reposaient sur moi. L’avenir de mes Terres était en suspens. Alors je refusais de flâner, de me laisser aller, et je préférais aller immédiatement de l’avant. Plus rapidement j’aurais retrouvé Kan, plus rapidement je serais de retour chez moi.
Et, plus que tout au monde en ce moment, j’avais besoin d’un foyer. Ou d'Al pour te serrer dans ses bras 8-)

L’esprit à la fois vide et trop plein, je suivais du doigt les courbures du bois à ma droite. Quelques heures seulement et nous aurions enfin les pieds sur le sol ferme. J’attendais le débarquement avec impatience. De prendre un bon repas chaud et d’avoir un lit digne de ce nom, aussi.
— Soraya ?
La jeune femme émit un grognement épuisé puis marmonna :
— Oui ?
— Est-ce que… tu rentreras chez toi, une fois que nous serons rentrées ?
— Je ne sais pas. (Comme j’attendais qu’elle poursuivît, elle finit par expliquer en grommelant : ) Contrairement à toi, je ne serai pas la bienvenue à Lissa. Le Sud ne m’a jamais vraiment aimée.
Elle lâcha un rire grave.
— Oui, j’en ai conscience, je ne suis pas stupide et aveuglée à ce point par ma personne. J’adore mes Terres et le peuple qui y vit. J’apprécie chaque repas et chaque étoffe qu’on me propose. Je tombe amoureuse chaque mois d’un nouveau concubin. Je pense que notre culture est la plus diversifiée d’Oneiris, en raison de l’expansion de notre empire, et qu’elle doit être protégée et entretenue à tout prix. Mais… je…
Même séparée d’elle par plusieurs dizaines de centimètres, je l’entendis déglutir péniblement.
— Je ne crois pas être faite pour diriger.
Sa révélation m’arracha un sourire attristé. J’en avais pris conscience il y avait des mois, lorsque j’avais été témoin de son enlèvement par son propre frère. Dastan Samay – qui était aussi mon ancien fiancé – m’avait alors expliqué le comportement enfantin et égoïste de sa petite sœur. Comme il était né homme, l’aîné de l’ancienne Impératrice Samay n’avait jamais pu accéder au trône. Quelques mois plus tôt, après avoir fui le champ de bataille, Dastan avait brisé des siècles de tradition matriarcale en prenant le pouvoir au Palais d’Or. Comme j’avais été occupée par monts et par vaux à subir les désirs des Dieux, je ne savais pas vraiment comment le peuple avait réagi. Pour l’avoir fréquenté quelques jours, l’aîné des Samay me semblait être un homme ambitieux et froidement calculateur. Oui, il saurait prendre des choix essentiels pour le Sud. Mais saurait-il se faire aimer du peuple comme les Sudistes avaient toujours adoré leurs Impératrices ? Il va surtout essayer de renverser le système matriarcal, cet abruti. :roll:

Comme Soraya ne disait plus rien, peut-être vexée par mon manque de réponse immédiate, je finis par souffler d’un ton doux :
— Personne n’est figé dans le temps, Soraya. Nous avons tous le droit et l’opportunité de changer. Ce n’est pas parce que tu as été une mauvaise dirigeante la première partie de ta vie que tu n’auras plus la chance de faire tes preuves.
— Dastan fera tout pour m’éloigner du pouvoir. Il me préfère dans les bordels luxueux de Lissa que dans la salle du trône.
Je rougis de la comparaison avant de soupirer discrètement. Les Sudistes, à la manière des Nordistes, étaient bien plus… ouverts, concernant la vie conjugale. Pendant le voyage, Soraya m’avait conté de nombreuses anecdotes à propos de ses partenaires. Hommes, femmes, nordistes, orientaux, seul ou à plusieurs… la femme avait peut-être tout exploré, sans jamais être déçue. À côté d’elle et de ses expériences, je me sentais comme une enfant tout juste mature. Préoccupée par mon souhait d’annuler mes fiançailles, je ne m’étais jamais demandé quel genre de partenaire j’avais envie d’avoir. Tout ce que je désirais, c’était quelqu’un pour m’aimer et m’être loyal. Quelqu’un dont je serais moi-même amoureuse. Naïvement, je m’étais imaginé un Occidental, Noble ou roturier, qui serait toujours là à mes côtés. Mais l’amour allait et venait – Soraya me l’avait bien fait comprendre au fil de ses narrations – et il n’était pas toujours évident de promettre l’éternité à son compagnon.
Et il y avait Achalmy. Et on entre dans le vif du sujet. :mrgreen:

Son prénom me serrait le cœur, sa voix absente semblait bourdonner dans mes oreilles, je cherchais parfois son regard métallique sans m’en rendre compte… Il me manquait comme personne ne m’avait manqué. Il fallait dire que, à part ma famille proche et quelques amies au Château, je ne m’étais jamais autant attachée à quelqu’un. Nous étions loin l’un de l’autre depuis moins de deux mois, mais j’avais terriblement envie de le revoir. Nous avions pourtant déjà été séparés pendant une longue période : entre l’attaque du camp nordiste par le comte Wessex Bastelborn et nos retrouvailles dans le Noyau s’étaient écoulés trois mois et demi.
La dernière nuit de que nous avions passée ensemble, blottis l’un contre l’autre à même le sol, me semblait lointaine et diffuse. Je regrettais d’avoir refusé son baiser, cette soirée-là. Je ne m’étais pas sentie assez forte pour accepter cette part de lui en sachant que je n’en aurais pas plus. Pourtant, j’estimais à présent que ce geste affectueux m’aurait aidé à surmonter la séparation. Je n’avais rien de lui auquel m’accrocher – si ce n’étaient ses bras protecteurs autour de moi C'que j'disais plus haut. 8-) , son regard sévère, mais bienveillant, et sa voix basse près de mon oreille. Peut-être me sentirais-je aujourd’hui plus courageuse si j’avais le souvenir de ses lèvres sur les miennes, si j’avais la certitude que son affection pour moi était sincère et qu’il attendait tout aussi impatiemment que moi nos retrouvailles.
Je n’avais pas été assez courageuse pour m’ouvrir à lui et il n’avait pas été assez déterminé pour se promettre à moi. J’étais trop apeurée, déstabilisée, par les sentiments que j’avais pour lui. Il était effrayé par les chaînes que je risquais de lui imposer si nous entamions une relation. Nous étions donc tous les deux incapables de prendre une décision.

Alors que mon estomac commençait à se creuser à la perspective du dîner à venir, l’agitation augmenta soudainement sur le navire. Les matelots allèrent s’affairer sur le pont et les quelques autres voyageurs qui avaient payé pour une place dans la cale commencèrent à rassembler leurs affaires. Comprenant que nous approchions des côtes, je me redressai et touchai l’épaule de Soraya qui dépassait du hamac. Elle grogna dans son demi-sommeil.
— Nous sommes arrivées à Gahana.
Hey !

Bon, c'est pas mal. On sent que tu étais plus à fond dans le prologue (probablement le fait d'exploiter un nouveau personnage et un nouveau pdv, non ? :) ), mais ça reste très bon. Je crois que, sur la forme, Danou a fait le principal, donc je vais plutôt m'attaquer au fond pour ma part.

J'adore le background de Soraya, ta manière d'exploiter le personnage. Elle a beau paraître superficielle et un peu prétentieuse au premier abord, elle reste très lucide – probablement parce que, même si elle se considère mauvaise dans le domaine, elle reste une reine – et ça la rend particulièrement intéressante. Et puis, j'aime beaucoup sa manière de voir les relations humaines, même si Alice l'interprète probablement un peu aussi à sa façon.
En tout cas, elles m'ont l'air de former un duo relativement équilibré, et plutôt débrouillard, donc j'espère qu'elles n'auront pas trop de difficultés à trouver Kan (Ha. Ha. Ha. J'y crois tellement. :roll: :lol: )
Pour Alice… C'est toujours sympa d'avoir son point de vue. Elle reste une profonde idéaliste, et ça se sent dans le positivisme général de sa narration, mais on sent qu'elle a mûri, et c'est super intéressant de voir à quel point elle a évolué entre la gamine qui a quitté son palais parce qu'elle ne voulait pas se marier et la jeune femme qui part à la recherche d'une Déesse disparue. On a traversé un sacré bout de chemin.

Au niveau des descriptions, rien à redire (en tout cas, après le passage de Daniel ^-^), c'est fluide et agréable à lire, et on sent que tu as volontairement placé certains termes de la navigation, donc c'est vraiment cool. Après, j'aurais bien aimé que l'histoire s'attarde un peu sur le bateau ou que les filles subissent une bonne vieille tempête. Mais bon. :mrgreen:

Allez, bizzz !
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :
louji a écrit :Bon, autant le prologue a coulé facilement, autant certains passages des premiers chapitres ont été laborieux à écrire... N'hésitez pas à me le dire ! :roll: T'inquiète, on est là pour ça ! :)


***

Partie 1
Voyages

***



Chapitre 1
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois du printemps, à quelques lieues de Gahana, Mor Avi.



Les mouettes criaient au-dessus de nos têtes depuis la veille au soir. Signe :arrow: Pourquoi ne pas mettre juste une virgule ? :arrow: Pas faux :ugeek: :lol: que les terres étaient proches et que notre voyage allait prendre fin. Les exclamations sauvages et criardes des oiseaux me donnaient mal à la tête, mais me rassuraient quant à la proximité de notre destination. Pour moi qui n’avais jamais pris la mer – du moins, pas aussi longtemps – ces semaines écoulées sur le navire marchand m’avaient épuisée et miné le moral.
Soraya et moi avions pris le premier bateau en direction des Terres au-delà-des-Mers. Il avait appareillé au début de l’automne, alors que le printemps s’installait doucement sur Mor Avi. J'aime beaucoup le parallèle avec le T1 et Al qui se dépêche pour choper le dernier bateau en direction des Terres au-delà-des-Mers mais qui finit par le rater. :arrow: Oh, bonne mémoire pour te souvenir de ce point :D L’inversement des saisons nous avait retardées pendant trois semaines, le temps que l’hiver quittât définitivement le continent mystérieux.
Malgré les jours passés à étudier Mor Avi pendant le trajet maritime, malgré les leçons de mes professeurs, malgré les paroles encourageantes de Soraya, je redoutais de débarquer à Gahana. Le peuple, les coutumes, la langue, les croyances… tout était différent. La différence ne m’effrayait pas, au contraire : elle m’intriguait, éveillait mon intérêt pour les Humains et le monde. En réalité, j’avais peur de ne pas m’adapter, de ne pas être capable d’intégrer :arrow: "de m'intégrer à", non ? (Intégrer une information vs s'intégrer à quelque chose) :arrow: Yup ! ^-^ la vie quotidienne des Aviriens. C’était pourtant essentiel pour notre mission. Trouver la Déesse perdue du Temps nécessitait de se renseigner auprès du peuple. Parce qu'elle va se balader tranquilouchette en plein milieu de la populace ? :shock: :arrow: Pas exactement comme ça, mais le but est de pas trop faire tache non plus :) Or, si j’étais incapable de me fondre parmi eux…
— Alice ?
La voix chaude de Soraya m’arracha à ma rêverie. Installée au bastingage juste à côté de moi, elle observait l’océan sans fin et ses vagues de mille nuances bleues. Sa natte de cheveux bruns remuait dans son col à cause des rafales salées. J’étais justement sortie sur le pont pour les sentir. Le sentiment d'oppression dans la cale, l'obscurité à peine percée par les lampes à huile, l'humidité et les sinistres grincements, me rendaient nerveuse. Le vent, libre, imprévisible, sur mon visage et dans mes cheveux, me détendait.
— J’espère que nous trouverons rapidement une auberge, soufflai-je en levant le nez pour observer le vol d’une mouette à hauteur des voiles de coton écru.
— Je ne pense pas qu’elles vont manquer, répondit l’ancienne Impératrice avec un soupçon de moquerie dans la voix. Pas à Gahana, la plus grande ville marchande de Mor Avi, en tout cas.
Même si elle avait raison, la boule d’angoisse qui s’était logée dans mon ventre il y avait des semaines ne voulait toujours pas s'estomper. J’étais si loin de chez moi, si loin de mes proches et des personnes avec qui j’avais envie d’être, que je ne pouvais m’empêcher d’avoir peur.

Je n’avais pas pu revoir ma famille avant de partir et le sort de ma mère et de mon petit frère me taraudait. Après la mort de mon père, presque deux mois plus tôt, qu’était-il advenu du trône occidental ? Comme j’avais été proclamée morte dans mes Terres natales, je doutais que ma mère eût espéré mon retour. Avait-elle laissé mon frère cadet devenir Roi ou avait-elle instauré une régence en attendant qu’il grandît ? Il n’avait que quatorze ans, après tout. On a vu bien pire comme jeune roi chez nous XD :arrow: C'est clair :lol: 7 ans ? :geek:

Ma cape de voyage claquait dans le vent au même rythme que celle de Soraya. Nous étions vêtues de manière semblable : pantalon en toile, bottines adaptées au voyage, chemise épaisse, veston en cuir léger et cape permettant de résister aux rafales pluvieuses. Le printemps s’installait sur Mor Avi, alors nous n’avions pas prévu de vêtements trop chauds. Dans le pire des cas, nous avions une bonne réserve de pièces afin d’acheter le nécessaire. Dans le pire des cas. Je le sens pas. :lol: :arrow: Nan mais au cas où... :roll:

Tandis que j’évitais les cages de poulets, les caisses d’artillerie, les tonneaux d’alcool et les sacs de grain, plusieurs hommes grognèrent à mon passage. Je les ignorai, ne pouvant tout de même pas empêcher la chair de poule de grimper le long de mes bras. Les passagers masculins du bateau avaient tenu deux jours avant de nous coincer contre un bout de mur, Soraya et moi. Je me demandais souvent ce que nous serions sans nos pouvoirs. Seules les étincelles avec lesquelles j’avais assommé plusieurs hommes et immobilisé certains autres m’avaient épargnée du viol.
Soraya n’avait pas été aussi tendre. Dès qu’un marchand avirien ivre avait touché sa cuisse, elle lui avait brûlé la main si fort qu’il avait fallu l’amputer. Plus personne n’avait osé l’approcher après cet incident. Ce n’était pas seulement un geste déplacé pour l’Impératrice, c’était un outrage. Le Sud, matriarcal depuis des siècles, avait une notion de consentement plus développé que sur d’autres Terres. Ils ont un office de la population quelque part en Europe ? Parce que j'aimerais bien m'installer ! :D :arrow: Même si leur empire est grand, il ne va pas jusqu'en Europe :(

Soraya jouait avec son collier, allongée dans le hamac, lorsque je parvins jusqu’à elle. Elle m’adressa un regard furtif de ses jolis yeux mordorés puis s’enquit :
— Tu veux le hamac pour la fin du voyage, comme j’ai dormi dedans la nuit dernière ?
— Non, non, refusai-je en me laissant choir sur le tas de paille qui m’avait servi de lit un jour sur deux durant le voyage.
En réalité, les semaines que j’avais passées à dormir à la belle étoile, que ce soit avec Aion et les troupes royales ou Achalmy, m’avaient habituée à un confort de vie plus humble.
Je me maudis d’avoir repensé à cette époque lorsque la voix d’Al se mit à résonner dans ma tête. Pas seulement sa voix, mais aussi le bruit de sa respiration profonde lorsqu’il marchait, ses grondements lorsqu’il combattait, la façon dont sa voix se modulait lorsqu’il souriait, son ton bienveillant lorsqu’il m’expliquait la différence entre deux champignons. Il était simple et complexe en même temps. Parfois aussi facile à comprendre qu’un livre ouvert et de temps au temps aussi mystérieux que l’origine des étoiles. Le Big Bang, Lilice. Quoique vous en êtes même pas à la machine à vapeur, donc on peut toujours courir pour vous inculquer la théorie de l'atomistique… :arrow: Ils ont déjà des notons d'électricité (Élémentalistes obligent) et de changement d'état chimique, chaque chose en son temps :lol:
Alice, soupirai-je mentalement en me laissant doucement aller sur la paillasse, arrête. Et voilà qu'elle se parle toute seule. On l'a officiellement perdue ! :lol: :arrow: Les personnages qui se parlent, y'a rien de plus croustillant :lol:
— Nous sommes bientôt arrivées, tu crois ? demanda soudain Soraya d’un ton grincheux.
— Nous devrions débarquer avant la tombée de la nuit, répondis-je, la remerciant en silence de m’occuper l’esprit à autre chose. J’ai entendu le capitaine parler de quelques heures.
— Tant mieux, je n’en peux plus de ce navire. Il sent l’humidité, il grince de partout, l’air passe et, surtout, il est infesté de rats répugnants.
Je me permis un petit rire en comprenant parfaitement qu’elle ne parlait pas d’animaux. Étant les deux seules femmes du voyage, nous avions dû faire face, en plus des tentatives d’attouchements, aux remarques acides, aux regards appuyés, aux coups de coude dans les couloirs et à l’exclusion des rares moments de convivialité. Puisque nous les avions chassés de nos couchages, ils nous avaient chassé de la vie du navire. J'aime bien le parallèle. ^-^ :arrow: Merci !

— Tu es sûre que nous allons trouver Kan ?
La question de l’Impératrice me fit rouvrir les yeux. Je m’étais assoupie, pendant quelques minutes. J’attendis d’avoir pleinement recouvré mes esprits avant de répondre.
— Je ne suis sûre de rien. Je ne suis même pas certaine que Kan soit à Mor Avi. C’est Dame Galadriel qui m’a envoyée. J’espère simplement qu’elle ne s’est pas trompée.
— J’espère aussi, grommela-t-elle en laissant tomber son bras dans le vide.
Elle avait la peau dorée, comme gorgée de soleil. La mienne, pâle et encline à rougir au moindre coup, physique ou de soleil, n’avait rien de charmant.
— Ce serait bête d’avoir fait le voyage pour rien, ajouta Soraya d’un ton blasé. C'est vrai que c'est tellement pénible de voyager :roll: :arrow: Pour elles, c'est assez fatigant :roll: (surtout le voyage par la mer)
Je soupirai en fermant de nouveau les yeux. Moi aussi, je priais les Dieux de nous orienter sur le bon chemin. J’avais tout aussi mal vécu le trajet et désespérais à l’idée de le réaliser en sens inverse. Alors, si nous devions revenir les mains vides à Oneiris… ce serait trop.
— Alice ? (Comme je ne disais rien, elle souffla doucement : ) Tu dors ?
— Non, non, je t’écoute.
— Si nous réussissons… si nous trouvons Kan et la convainquons de retrouver les autres Dieux… Est-ce que tu rentreras chez toi ?
— Bien sûr que oui, répondis-je sans hésiter un instant. C’est ce que j’attends le plus.
— Plus que de retrouver ton Chasseur ?
La remarque me fit brusquement rougir et j’ouvris la bouche pour protester. Tu vas t'enfoncer toute seule :arrow: Elle s'est ravisée, ouf :roll: Je me ravisai à temps, déglutis péniblement puis déclarai :
— Ma famille me manque terriblement. Je n’ai pas revu ma mère et mon frère depuis des mois. Et… (Ma voix se brisa légèrement.) Ils s’imaginent que je suis morte, alors je dois à tout prix rentrer pour leur prouver que non.
— Nous aurions pu faire un détour par le Château du Crépuscule pour que tu voies ta…
— Non, la coupai-je fermement, nous aurions pris du retard. Le trajet de Ma’an jusqu’à Vasilias nous a déjà pris du temps. Nous sommes arrivées parfaitement au bon moment pour acheter une place à bord du navire. Un jour de plus et il n’y avait plus de bateau pour Mor Avi avant une semaine.
Soraya ne répondit rien, sûrement convaincue par mon argument. Que croyait-elle ? Que la possibilité de rentrer chez moi, de discuter avec ma mère, serrer Ash dans mes bras et me balader à cheval dans les vergers, ne m’avait pas effleuré l’esprit ? Bien au contraire. Alors que nous remontions vers Vasilias, après avoir quitté Wilwarin et Vanä à Ma’an, j’avais failli demander à Soraya de faire le détour. Néanmoins, notre vitesse de marche n’était pas assez rapide et nous aurions été en retard.
En retard par rapport à quoi ? souffla une voix moqueuse au fond de mon crâne.
C’était vrai, nous n’avions pas de délai. Pas de date fatidique. Mais les espoirs des Dieux reposaient sur moi. L’avenir de mes Terres était en suspens. Alors je refusais de flâner, de me laisser aller, et je préférais aller immédiatement de l’avant. Plus rapidement j’aurais retrouvé Kan, plus rapidement je serais de retour chez moi.
Et, plus que tout au monde en ce moment, j’avais besoin d’un foyer. Ou d'Al pour te serrer dans ses bras 8-) :arrow: Aussi :mrgreen:

Sa révélation m’arracha un sourire attristé. J’en avais pris conscience il y avait des mois, lorsque j’avais été témoin de son enlèvement par son propre frère. Dastan Samay – qui était aussi mon ancien fiancé – m’avait alors expliqué le comportement enfantin et égoïste de sa petite sœur. Comme il était né homme, l’aîné de l’ancienne Impératrice Samay n’avait jamais pu accéder au trône. Quelques mois plus tôt, après avoir fui le champ de bataille, Dastan avait brisé des siècles de tradition matriarcale en prenant le pouvoir au Palais d’Or. Comme j’avais été occupée par monts et par vaux à subir les désirs des Dieux, je ne savais pas vraiment comment le peuple avait réagi. Pour l’avoir fréquenté quelques jours, l’aîné des Samay me semblait être un homme ambitieux et froidement calculateur. Oui, il saurait prendre des choix essentiels pour le Sud. Mais saurait-il se faire aimer du peuple comme les Sudistes avaient toujours adoré leurs Impératrices ? Il va surtout essayer de renverser le système matriarcal, cet abruti. :roll: :arrow: Ben, au passage, ça risque d'arriver effectivement... Mais le matriarcat s'est installé dans la société et ça mettra du temps à s'équilibrer ou à s'inverser, même si Dastan instaure la gouvernance mixte :)

Comme Soraya ne disait plus rien, peut-être vexée par mon manque de réponse immédiate, je finis par souffler d’un ton doux :
— Personne n’est figé dans le temps, Soraya. Nous avons tous le droit et l’opportunité de changer. Ce n’est pas parce que tu as été une mauvaise dirigeante la première partie de ta vie que tu n’auras plus la chance de faire tes preuves.
— Dastan fera tout pour m’éloigner du pouvoir. Il me préfère dans les bordels luxueux de Lissa que dans la salle du trône.
Je rougis de la comparaison avant de soupirer discrètement. Les Sudistes, à la manière des Nordistes, étaient bien plus… ouverts, concernant la vie conjugale. Pendant le voyage, Soraya m’avait conté de nombreuses anecdotes à propos de ses partenaires. Hommes, femmes, nordistes, orientaux, seul ou à plusieurs… la femme avait peut-être tout exploré, sans jamais être déçue. À côté d’elle et de ses expériences, je me sentais comme une enfant tout juste mature. Préoccupée par mon souhait d’annuler mes fiançailles, je ne m’étais jamais demandé quel genre de partenaire j’avais envie d’avoir. Tout ce que je désirais, c’était quelqu’un pour m’aimer et m’être loyal. Quelqu’un dont je serais moi-même amoureuse. Naïvement, je m’étais imaginé un Occidental, Noble ou roturier, qui serait toujours là à mes côtés. Mais l’amour allait et venait – Soraya me l’avait bien fait comprendre au fil de ses narrations – et il n’était pas toujours évident de promettre l’éternité à son compagnon.
Et il y avait Achalmy. Et on entre dans le vif du sujet. :mrgreen: :arrow: Fallait bien :lol:

La dernière nuit de que nous avions passée ensemble, blottis l’un contre l’autre à même le sol, me semblait lointaine et diffuse. Je regrettais d’avoir refusé son baiser, cette soirée-là. Je ne m’étais pas sentie assez forte pour accepter cette part de lui en sachant que je n’en aurais pas plus. Pourtant, j’estimais à présent que ce geste affectueux m’aurait aidé à surmonter la séparation. Je n’avais rien de lui auquel m’accrocher – si ce n’étaient ses bras protecteurs autour de moi C'que j'disais plus haut. 8-) :arrow: Prescience 8-) , son regard sévère, mais bienveillant, et sa voix basse près de mon oreille. Peut-être me sentirais-je aujourd’hui plus courageuse si j’avais le souvenir de ses lèvres sur les miennes, si j’avais la certitude que son affection pour moi était sincère et qu’il attendait tout aussi impatiemment que moi nos retrouvailles.
Je n’avais pas été assez courageuse pour m’ouvrir à lui et il n’avait pas été assez déterminé pour se promettre à moi. J’étais trop apeurée, déstabilisée, par les sentiments que j’avais pour lui. Il était effrayé par les chaînes que je risquais de lui imposer si nous entamions une relation. Nous étions donc tous les deux incapables de prendre une décision.
Hey !

Bon, c'est pas mal. On sent que tu étais plus à fond dans le prologue (probablement le fait d'exploiter un nouveau personnage et un nouveau pdv, non ? :) ), mais ça reste très bon. Je crois que, sur la forme, Danou a fait le principal, donc je vais plutôt m'attaquer au fond pour ma part.

J'adore le background de Soraya, ta manière d'exploiter le personnage. Elle a beau paraître superficielle et un peu prétentieuse au premier abord, elle reste très lucide – probablement parce que, même si elle se considère mauvaise dans le domaine, elle reste une reine – et ça la rend particulièrement intéressante. Et puis, j'aime beaucoup sa manière de voir les relations humaines, même si Alice l'interprète probablement un peu aussi à sa façon.
En tout cas, elles m'ont l'air de former un duo relativement équilibré, et plutôt débrouillard, donc j'espère qu'elles n'auront pas trop de difficultés à trouver Kan (Ha. Ha. Ha. J'y crois tellement. :roll: :lol: )
Pour Alice… C'est toujours sympa d'avoir son point de vue. Elle reste une profonde idéaliste, et ça se sent dans le positivisme général de sa narration, mais on sent qu'elle a mûri, et c'est super intéressant de voir à quel point elle a évolué entre la gamine qui a quitté son palais parce qu'elle ne voulait pas se marier et la jeune femme qui part à la recherche d'une Déesse disparue. On a traversé un sacré bout de chemin.

Au niveau des descriptions, rien à redire (en tout cas, après le passage de Daniel ^-^), c'est fluide et agréable à lire, et on sent que tu as volontairement placé certains termes de la navigation, donc c'est vraiment cool. Après, j'aurais bien aimé que l'histoire s'attarde un peu sur le bateau ou que les filles subissent une bonne vieille tempête. Mais bon. :mrgreen:

Allez, bizzz !
B'soir !

Oui, effectivement, j'étais plus enthousiaste et confiante avec le prologue, mais la sérénité d'écriture revient avec l'avancée du T2 ^^ J'espère que ça restera comme ça !

Je suis contente que Soraya te semble déjà intéressante au 1e chapitre, car elle fait partie des points que je tiens vraiment à travailler dans le T2 :) Eh, oui, derrière son arrogance et son aspect un peu "je m'en-foutiste", elle est très réaliste et plutôt perspicace :)
Et, voui, Soraya (comme les autres personnages) sont toujours teintés du PDV d'Al ou d'Alice ^^ Mais le but c'est de vraiment développer les personnages secondaires et d'essayer de leur donner une consistance au-delà des PDV des 2 protagonistes =D
Oui, elles vont plutôt bien de pair... en tout cas, moi j'aime bien écrire leurs scènes ^^
Pour Alice, oui, elle ne perdra jamais son côté idéaliste, mais c'est sa nature profonde il faut dire :) Mais, oui, même pour moi, j'ai le sentiment qu'elle a grandi, évolué, et qu'elle est devenue un personnage plus sympa à suivre même :D

Merci ^^ Oui, j'ai essayé de mettre quelques termes, mais j'ai clairement des lacunes dans le domaine (aussi la raison pour laquelle le voyage en bateau ne s'étire pas :? ), car je n'ai jamais vraiment été familière au thème :oops: Mais j'ai attaqué Les Aventuriers de la mer de R. Hobb, alors j'espère en apprendre un peu plus ! :D

Un grand merci pour ton retour et à bientôt !
DanielPagés

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

vampiredelivres a écrit : Elle reste une profonde idéaliste, et ça se sent dans le positivisme général de sa narration,
Juste une remarque pour Sarah (mais Coline peut en profiter aussi ;) ) : il ne faut pas confondre "positivisme" et "positivité".
Le "positivisme" est une théorie philosophique tenue par Auguste Comte au 19e siècle et la "positivité", dans le cas présent, c'est la capacité pour le personnage à être constructif, positif, plutôt que négatif.
Pour le cher Auguste Comte et ses théories, reviens voir tes bouquins de philo ou fouille dans google, ton ami !! :lol:

Bizoux
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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par Florance »

Voui !! La suite !!

Prologue :
Je me souviens d'Alessa !!
Pour raconter ma vie après l'avertissement, je me suis souvenue de l'événement et j'ai suspecté un des je ne sais plus qui présent, et puis je me suis très rapidement souvenue de cet échec.
Désolée Alessa, mais je t'aime bien hein ? :roll:

A voir avec la suite mais appeler ce chapitre prologue... Je ne sais pas. Je suis toujours pour plus d'Oneiris mais bon. Un jour j'ai lu un truc qui dit en gros pourquoi évité les prologues... (Avec comme question centrale est-ce vraiment nécessaire ? Oui parce que c'est Oneiris, mais pour toi, tu peux peut-être y réfléchir.)

Pas si différent Greg et Alchamy. Face de sauvage glacial qui cache un cœur tout fondant. (La phrase ne veux rien dire mais je n'ai plus la vrai expression en tête.) :lol:

Alchamy ne fait plus la tête ?
J'ai presque cru qu'il allait se faire avoir. Une vrai optimiste moi. Mais je me disais aussi qu'il était trop surpuissant pour ça. :lol:

Willy, celui qui murmure à l'oreille des zoiseaux et bien plus et surtout le grand Mars !! (Je crois que c'était dans cet ordre.)
Et du coup pourquoi pas d'au revoir pour Mars ?
Et elle a pu au final ? Les saluer ?

Je plains un peu Alessa qui se lance dans une quête qui s'annonce très ardu. A moins qu'elle attende un moment ou Alchamy fait le con, qu'Alice lui en veuille, pour lui proposer de se liguer contre lui.
D'un autre côté, j'ai peur qu'il déprime encore parce qu'il n'est pas mort. (Chose totalement compréhensible mais en même temps... Ciel mais quelle idée mec !)
D'un autre côté encore, vu que j'aime bien Al, j'ai irrationnellement peur qu'il se foire lamentablement une ultime fois.
Bon sang faites vite la paix ! Greg a tenté, Greg a foiré, faut assumer et laisser Alice chouchouter Alchamy !


Chapitre 1:
Le nom de lieu ne me dis rien. (Mais bien sûr que si c'est vital !)
Edit : Au final si.

Soraya !! Elle apparait totalement différente dans se chapitre. Très bon début. Sérieux elle gagne tellement en profondeur !
Quelque part entre Alice et elle ya moyen de faire une très belle amitié ! Elle se complètent tellement ! Au niveau des capacités, mais aussi de l'expérience... Et puis on avait Alice pas encore reine, mais déjà tellement confiance et Soyara, ex-impératrice qui n'a plus la foi. La maturité face à l'enthousiasme d'une enfant (qui s'est un peu calmé mais qui reste présente et qui doit rester présente).

Ah ! Les affres de la vie amoureuse. (En fait je ne m'y connais qu'à travers les livres.)
Il a proposer un bisou ? :o :shock: Bon en même temps en fait Alchamy avait déjà en quelque sorte déjà fait des avances. Le jour où Alice s'y met faudra faire la fête. Toute adorablement timide cette petite.
Mais sinon cette proposition là c'est quelque part où c'est une scène coupé ?

Avec une Alice nostalgique, j'ai tellement envie de relire tout le premier tome.
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Florance a écrit :Voui !! La suite !!

Prologue :
Je me souviens d'Alessa !!
Pour raconter ma vie après l'avertissement, je me suis souvenue de l'événement et j'ai suspecté un des je ne sais plus qui présent, et puis je me suis très rapidement souvenue de cet échec.
Désolée Alessa, mais je t'aime bien hein ? :roll:

A voir avec la suite mais appeler ce chapitre prologue... Je ne sais pas. Je suis toujours pour plus d'Oneiris mais bon. Un jour j'ai lu un truc qui dit en gros pourquoi évité les prologues... (Avec comme question centrale est-ce vraiment nécessaire ? Oui parce que c'est Oneiris, mais pour toi, tu peux peut-être y réfléchir.)

Pas si différent Greg et Alchamy. Face de sauvage glacial qui cache un cœur tout fondant. (La phrase ne veux rien dire mais je n'ai plus la vrai expression en tête.) :lol:

Alchamy ne fait plus la tête ?
J'ai presque cru qu'il allait se faire avoir. Une vrai optimiste moi. Mais je me disais aussi qu'il était trop surpuissant pour ça. :lol:

Willy, celui qui murmure à l'oreille des zoiseaux et bien plus et surtout le grand Mars !! (Je crois que c'était dans cet ordre.)
Et du coup pourquoi pas d'au revoir pour Mars ?
Et elle a pu au final ? Les saluer ?

Je plains un peu Alessa qui se lance dans une quête qui s'annonce très ardu. A moins qu'elle attende un moment ou Alchamy fait le con, qu'Alice lui en veuille, pour lui proposer de se liguer contre lui.
D'un autre côté, j'ai peur qu'il déprime encore parce qu'il n'est pas mort. (Chose totalement compréhensible mais en même temps... Ciel mais quelle idée mec !)
D'un autre côté encore, vu que j'aime bien Al, j'ai irrationnellement peur qu'il se foire lamentablement une ultime fois.
Bon sang faites vite la paix ! Greg a tenté, Greg a foiré, faut assumer et laisser Alice chouchouter Alchamy !


Chapitre 1:
Le nom de lieu ne me dis rien. (Mais bien sûr que si c'est vital !)
Edit : Au final si.

Soraya !! Elle apparait totalement différente dans se chapitre. Très bon début. Sérieux elle gagne tellement en profondeur !
Quelque part entre Alice et elle ya moyen de faire une très belle amitié ! Elle se complètent tellement ! Au niveau des capacités, mais aussi de l'expérience... Et puis on avait Alice pas encore reine, mais déjà tellement confiance et Soyara, ex-impératrice qui n'a plus la foi. La maturité face à l'enthousiasme d'une enfant (qui s'est un peu calmé mais qui reste présente et qui doit rester présente).

Ah ! Les affres de la vie amoureuse. (En fait je ne m'y connais qu'à travers les livres.)
Il a proposer un bisou ? :o :shock: Bon en même temps en fait Alchamy avait déjà en quelque sorte déjà fait des avances. Le jour où Alice s'y met faudra faire la fête. Toute adorablement timide cette petite.
Mais sinon cette proposition là c'est quelque part où c'est une scène coupé ?

Avec une Alice nostalgique, j'ai tellement envie de relire tout le premier tome.
Coucou Inès ! :D Ça fait plaisir de te voir ;)

Prologue :

Oh, tant mieux, que tu te souviennes d'elle, même si c'est pour son échec :lol:

Ce prologue aurait été un chapitre 1 si je n'avais pas adopté le PDV interne à la 1ère personne... Mais je ne peux pas adopter un autre PDV que celui d'Al ou d'Alice si ce n'est dans un prologue/épilogue... Je l'ai pas écrit dans le but de placer absolument un prologue, plutôt dans le but de réintroduire l'univers et les personnages ^^

C'est pas grave, j'ai tout à fait compris :lol:

Non, il s'est calmé par rapport à sa résurrection... (du moins, dans le T2 ^^)

"Willy, celui qui murmure à l'oreille des zoiseaux" :arrow: J'aime beaucoup ! :lol:
On ne voit pas Mars dans le prologue car il est encore avec Vanä en train d'attendre le retour des Al² & co :) Mais pas trop d'inquiétude, il reviendra bientôt ;)

Oula, Alice n'est pas retorse au point de se liguer avec autrui pour faire du mal à Al :roll: :lol:
(Ciel, quelle plaie ce mec, c'est vrai :v )
Ne t'inquiète pas trop trop non plus pour cette histoire de duel à mort, il s'agit d'un détail dans l'histoire ;)

Chapitre 1 :

Haha, c'est parce que j'ai plus utilisé l'appellation "Terres au-delà des Mers" que "Mor Avi" dans le tome précédent ^^
Yes, faut dire qu'elle avait pas trop eu l'occasion d'être présentée dignement dans le T1... Mais elle va avoir l'occasion de se rattraper ! ;)
Ouep, elles peuvent très bien s'entendre comme s'opposer complètement... une balance, qui peut vite pencher plus d'un bord, mais elles vont apprendre à s'apprivoiser et à se comprendre ^-^

Eh oui, surtout que ces deux-là sont tellement pas clairs :roll:
Oui ! :lol: C'est passé de manière presque invisible, mais c'était à la fin du dernier chapitre...
Spoiler
— Alice.
Mon prénom, chuchoté à mon oreille, me fit légèrement sursauter. Je me tournai de nouveau vers Al, qui avait la tête penchée vers mon cou. Il redressa lentement le menton. Ses yeux luisaient. Gentiment, il se pencha en avant. Quand je compris ce qu’il s’apprêtait à faire, je reculai brutalement. Une expression surprise se peignit sur le visage de mon ami.
— Je… Pardon, bredouilla-t-il en s’empourprant d’embarras."

:arrow: Juste à ce moment-là (et il se prend violemment un rateau :lol: )
Mais, oui, s'ils veulent entamer quelque chose sérieusement, ce sera à Alice de faire le 1er pas, car Al a déjà signifié qu'il était OK :?

Oula, c'est ambitieux, ça risque de te prendre du temps... :lol: :roll:

Un grand merci pour ton commentaire et à plous ! :D
Florance

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par Florance »

louji a écrit :
Florance a écrit :Voui !! La suite !!

Prologue :
Je me souviens d'Alessa !!
Pour raconter ma vie après l'avertissement, je me suis souvenue de l'événement et j'ai suspecté un des je ne sais plus qui présent, et puis je me suis très rapidement souvenue de cet échec.
Désolée Alessa, mais je t'aime bien hein ? :roll:

A voir avec la suite mais appeler ce chapitre prologue... Je ne sais pas. Je suis toujours pour plus d'Oneiris mais bon. Un jour j'ai lu un truc qui dit en gros pourquoi évité les prologues... (Avec comme question centrale est-ce vraiment nécessaire ? Oui parce que c'est Oneiris, mais pour toi, tu peux peut-être y réfléchir.)

Pas si différent Greg et Alchamy. Face de sauvage glacial qui cache un cœur tout fondant. (La phrase ne veux rien dire mais je n'ai plus la vrai expression en tête.) :lol:

Alchamy ne fait plus la tête ?
J'ai presque cru qu'il allait se faire avoir. Une vrai optimiste moi. Mais je me disais aussi qu'il était trop surpuissant pour ça. :lol:

Willy, celui qui murmure à l'oreille des zoiseaux et bien plus et surtout le grand Mars !! (Je crois que c'était dans cet ordre.)
Et du coup pourquoi pas d'au revoir pour Mars ?
Et elle a pu au final ? Les saluer ?

Je plains un peu Alessa qui se lance dans une quête qui s'annonce très ardu. A moins qu'elle attende un moment ou Alchamy fait le con, qu'Alice lui en veuille, pour lui proposer de se liguer contre lui.
D'un autre côté, j'ai peur qu'il déprime encore parce qu'il n'est pas mort. (Chose totalement compréhensible mais en même temps... Ciel mais quelle idée mec !)
D'un autre côté encore, vu que j'aime bien Al, j'ai irrationnellement peur qu'il se foire lamentablement une ultime fois.
Bon sang faites vite la paix ! Greg a tenté, Greg a foiré, faut assumer et laisser Alice chouchouter Alchamy !


Chapitre 1:
Le nom de lieu ne me dis rien. (Mais bien sûr que si c'est vital !)
Edit : Au final si.

Soraya !! Elle apparait totalement différente dans se chapitre. Très bon début. Sérieux elle gagne tellement en profondeur !
Quelque part entre Alice et elle ya moyen de faire une très belle amitié ! Elle se complètent tellement ! Au niveau des capacités, mais aussi de l'expérience... Et puis on avait Alice pas encore reine, mais déjà tellement confiance et Soyara, ex-impératrice qui n'a plus la foi. La maturité face à l'enthousiasme d'une enfant (qui s'est un peu calmé mais qui reste présente et qui doit rester présente).

Ah ! Les affres de la vie amoureuse. (En fait je ne m'y connais qu'à travers les livres.)
Il a proposer un bisou ? :o :shock: Bon en même temps en fait Alchamy avait déjà en quelque sorte déjà fait des avances. Le jour où Alice s'y met faudra faire la fête. Toute adorablement timide cette petite.
Mais sinon cette proposition là c'est quelque part où c'est une scène coupé ?

Avec une Alice nostalgique, j'ai tellement envie de relire tout le premier tome.
Coucou Inès ! :D Ça fait plaisir de te voir ;)

Prologue :

Oh, tant mieux, que tu te souviennes d'elle, même si c'est pour son échec :lol:

Ce prologue aurait été un chapitre 1 si je n'avais pas adopté le PDV interne à la 1ère personne... Mais je ne peux pas adopter un autre PDV que celui d'Al ou d'Alice si ce n'est dans un prologue/épilogue... Je l'ai pas écrit dans le but de placer absolument un prologue, plutôt dans le but de réintroduire l'univers et les personnages ^^

C'est pas grave, j'ai tout à fait compris :lol:

Non, il s'est calmé par rapport à sa résurrection... (du moins, dans le T2 ^^)

"Willy, celui qui murmure à l'oreille des zoiseaux" :arrow: J'aime beaucoup ! :lol:
On ne voit pas Mars dans le prologue car il est encore avec Vanä en train d'attendre le retour des Al² & co :) Mais pas trop d'inquiétude, il reviendra bientôt ;)

Oula, Alice n'est pas retorse au point de se liguer avec autrui pour faire du mal à Al :roll: :lol:
(Ciel, quelle plaie ce mec, c'est vrai :v )
Ne t'inquiète pas trop trop non plus pour cette histoire de duel à mort, il s'agit d'un détail dans l'histoire ;)

Chapitre 1 :

Haha, c'est parce que j'ai plus utilisé l'appellation "Terres au-delà des Mers" que "Mor Avi" dans le tome précédent ^^
Yes, faut dire qu'elle avait pas trop eu l'occasion d'être présentée dignement dans le T1... Mais elle va avoir l'occasion de se rattraper ! ;)
Ouep, elles peuvent très bien s'entendre comme s'opposer complètement... une balance, qui peut vite pencher plus d'un bord, mais elles vont apprendre à s'apprivoiser et à se comprendre ^-^

Eh oui, surtout que ces deux-là sont tellement pas clairs :roll:
Oui ! :lol: C'est passé de manière presque invisible, mais c'était à la fin du dernier chapitre...
Spoiler
— Alice.
Mon prénom, chuchoté à mon oreille, me fit légèrement sursauter. Je me tournai de nouveau vers Al, qui avait la tête penchée vers mon cou. Il redressa lentement le menton. Ses yeux luisaient. Gentiment, il se pencha en avant. Quand je compris ce qu’il s’apprêtait à faire, je reculai brutalement. Une expression surprise se peignit sur le visage de mon ami.
— Je… Pardon, bredouilla-t-il en s’empourprant d’embarras."

:arrow: Juste à ce moment-là (et il se prend violemment un rateau :lol: )
Mais, oui, s'ils veulent entamer quelque chose sérieusement, ce sera à Alice de faire le 1er pas, car Al a déjà signifié qu'il était OK :?

Oula, c'est ambitieux, ça risque de te prendre du temps... :lol: :roll:

Un grand merci pour ton commentaire et à plous ! :D
Elle ne le ferait même pas pour s'amuser un peu ? Trop gentille cette gamine. Comment les gens peuvent ils se résoudre à lui faire du mal ?

Si je me souvient de ce passage ! :lol:

Je suis quasiment certaine que je ne verrais tellement pas le temps passé.
Pour le meilleur niveau vie littéraire mais pour le pire niveau vie scolaire.

Et sinon oui je suis toujours en BTS. Là je vais aller faire un stage. Je tremble face au rapport à faire et tout. :? :lol: Voilà pour ma vie.

On va vite retrouver Aion ou pas ?
Et sinon des moments avec Al2 et juste eux. <3 Ils sont trop choupis.
Mieux, toute la suite d'un coup !
J'adore ce monde, j'adore les personnages et j'adore l'histoire !
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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Florance a écrit :
Elle ne le ferait même pas pour s'amuser un peu ? Trop gentille cette gamine. Comment les gens peuvent ils se résoudre à lui faire du mal ?

Si je me souvient de ce passage ! :lol:

Je suis quasiment certaine que je ne verrais tellement pas le temps passé.
Pour le meilleur niveau vie littéraire mais pour le pire niveau vie scolaire.

Et sinon oui je suis toujours en BTS. Là je vais aller faire un stage. Je tremble face au rapport à faire et tout. :? :lol: Voilà pour ma vie.

On va vite retrouver Aion ou pas ?
Et sinon des moments avec Al2 et juste eux. <3 Ils sont trop choupis.
Mieux, toute la suite d'un coup !
J'adore ce monde, j'adore les personnages et j'adore l'histoire !
Non, elle est beaucoup trop gentille pour ça :lol:

Ah ! Finalement c'est revenu :D

Effectivement, ça t'empêcherait d'avancer dans les cours... :roll:

OK, tu es en 2e année c'est bien ça ? Et ça te plaît ? Tu penses poursuivre tes études ou t'arrêter là ? ^^ Tu vas faire ton stage où ? :P Et, oui, le rapport, ça fait peur, mais si tu t'y prends pas tout au dernier moment, ça va aller !

Pour Aion... J'avoue qu'il avait une place dédiée dans le T1... Le T2 se concentrera plus sur Kan et Eon ^^
Oh, merci beaucoup x3
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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par cochyo »

J’avoue ne pas trop comprendre... elles espèrent simplement tomber sur lui au détour d’une ruelle ? :)
Bon chapitre.
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

cochyo a écrit :J’avoue ne pas trop comprendre... elles espèrent simplement tomber sur lui au détour d’une ruelle ? :)
Bon chapitre.
Hello !

Oula, non, elles sont pas naïves à ce point :lol:
Non, elles vont commencer par se renseigner auprès du peuple et aussi dans les lieux de culte de Mor Avi... Mais j'en dis pas trop trop :P
DanielPagés

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Week-end (vendredi, samedi, dimanche) Comédie du livre à Montpellier... Tu descends pas à la mer, Coline ? ;)
Oui, ya des rencontres dans l'air ! :lol:
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Week-end (vendredi, samedi, dimanche) Comédie du livre à Montpellier... Tu descends pas à la mer, Coline ? ;)
Oui, ya des rencontres dans l'air ! :lol:
Je travaille vendredi et samedi :( Puis ce week-end, je monte à Paris pour un séjour que mes cousins et moi avons offert à nos grands-parents... Mais ç'aurait été un plaisir de te voir à Montpellier :D

(Un jour, on y arrivera :( )
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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

B'soir (ou b'jour), voilà le 1er chapitre d'Al... qui s'est assagi, à sa façon ! :roll:
Bonne lecture ^-^




Chapitre 1
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois de l’automne, au pied des collines de Minosth, Terres de l’Ouest.



Les chênes et frênes du domaine de Zane s’étaient colorés de jaune, rouge et orange. Les dernières traces vertes provenaient des aiguilles des résineux et de la colline au pied de laquelle la cabane était installée. Mon ancien maître avait autrefois acheté les terres à des fermiers du village d’à côté pour une somme misérable – la proximité avec les Collines de Minosth et ses bandits ne facilitait par les cultures.
À présent, le Maître d’Armes Zane Soho était connu à travers tout l’Ouest et le Nord pour son enseignement de l’art du combat. Il avait formé une cinquantaine d’élèves depuis une dizaine d’années, certains pendant quelques mois, d’autres durant toute leur enfance – comme moi. C’était un homme patient, bienveillant et rigoureux, des qualités plus qu’essentielles quand on devait former des enfants ou des adolescents retors et arrogants. Zane avait éduqué les filles et fils des Nobles alentour, mais aussi de simples fermiers ou de Chasseurs venus du Nord. Il me semblait même qu’une marchande sudiste lui avait envoyé un fils pendant une saison.
Sa réputation n’était plus à faire. Et Mars expérimentait à présent ses remarquables talents de combattant.
J’avais rencontré l’Occidento-Sudiste quelques mois plus tôt, alors que je descendais vers Vasilias dans le but de retrouver Alice. Le Souffleur – qui était en réalité un guérisseur – avait tenté de m’arrêter afin de se remplir les poches grâce à la prime offerte pour ma capture. Il s’était révélé être un piètre combattant et m’avait supplié de l’épargner. Alors que je pensais ne jamais revoir le bougre, il m’avait ensuite sauvé la mise en me libérant de la troupe occidentale qui avait réussi à me capturer. Nous avions voyagé ensemble pendant quelques temps avant d’être séparés de nouveau. Je l’avais abandonné au beau milieu de la nuit – entre les mains bienveillantes de Vanä – dans le but d’accélérer la cadence pour atteindre Ma’an. Rongé par la culpabilité de l’avoir laissé seul et de ne pas avoir remboursé ma dette auprès de lui, je l’avais retrouvé en compagnie de Vanä après les événements du Noyau. Il en avait pleuré de joie.
Les larmes qui coulaient à présent sur ses joues étaient en revanche pleines de douleur et de colère.
— Mars, lançai-je en me laissant tomber de la barrière qui délimitait l’arène de sable où l’on s’entraînait au maniement des armes. On reprendra plus tard, repose-toi.
Le jeune homme, prostré par terre, secoua vigoureusement la tête. Les lèvres pincées, ses yeux ambrés larmoyants plantés dans ceux de Zane, il lui tint tête jusqu’à ce que mon ancien maître soupirât.
— Al n’a pas tort, marmonna Zane en se frottant la nuque. Tu t’entraînes sans relâche depuis deux semaines, ton corps comme ton esprit sont à bout.
— Je peux encore me battre, répliqua-t-il avec humeur en se redressant péniblement.
En constatant que ses jambes tremblaient, je me déplaçai derrière lui et lui donnai un petit coup dans le genou. À bout de forces, il s’écroula aussitôt dans le sable.
— Mars, murmurai-je en m’accroupissant près de lui, c’est pas comme ça qu’on apprend.
— Je veux être fort, susurra-t-il en levant les yeux vers moi. Peut-être pas aussi fort que toi ou Maître Soho, mais plus fort que je ne le suis actuellement.
J’esquissai un sourire et l’attrapai par le col pour le redresser. Il avait des grains de sable coincés dans la barbichette à son menton.
— Tu es devenu bien plus doué depuis ce jour où tu m’as affronté.
Le souvenir douloureux de notre rencontre éclata dans ses iris d’ambre.
— Tu aurais pu me briser les jambes et je n’aurais rien pu faire contre, déclara-t-il à tout vitesse dans un souffle haché. J’étais faible, pleutre, et je le suis toujours.
Agacé par son apitoiement, je le forçai à me regarder bien en face.
— Si tu manquais effectivement de capacités quand je t’ai rencontré, tu es aujourd’hui plus doué. Quant à la lâcheté… (Je pouffai, ce qui le fit rougir d’embarras.) Je ne trouve pas que tu t’es montré lâche lorsque tu as débarqué parmi une troupe royale afin de me faire libérer. Ni lorsque tu as voulu m’accompagner en direction de la ville la plus dangereuse d’Oneiris.
— C’est parce que tu étais avec moi, avoua Mars en baissant le menton. À tes côtés, je me sens invincible. Seul… c’est différent.
J’entendis Zane rire sous cape. À mon tour gêné par les propos de Mars, je grommelai avant de répondre :
— Moi aussi, je me sens plus fort lorsque je suis accompagné. Ceci nous concerne tous, Mars. Et… par les Dieux, essaie d’avoir plus confiance en toi et en tes capacités. Il n’y a pas beaucoup d’Hommes capables aussi bien de guérir que d’allumer un feu ou de tirer à l’arc.
— Tu es d’ailleurs plutôt doué pour ça ! intervint Zane en s’approchant de son nouvel élève. Pour le lancer de couteaux, c’est autre chose… mais les arcs, tu sais comment te débrouiller.
Le jeune homme rougit de plaisir et ramassa son béret qui traînait sur le côté pour se cacher le visage. Avec un soupir, je me relevai puis tendis la main à mon ami.
— Merci, chuchota Mars en acceptant mon aide.
Je haussai les épaules puis sortis de l’arène.

Nous étions ici depuis deux semaines. Après avoir quitté le Noyau, Alice, Soraya, Wilwarin et moi nous étions dirigés vers Ma’an, où nous avions retrouvé Vanä et Mars. Après quelques échanges, les deux Orientaux étaient repartis chez eux afin de faire leur rapport au haut-conseil de l’Est, l’Épine. Soraya ayant refusé de retourner au Palais d’Or, elle nous avait accompagnés jusqu’à Vasilias, où Alice s’était payé une place à bord d’un navire en direction de Mor Avi. La Sudiste s’était décidée à l’accompagner, ce qui avait allégé ma conscience. J’étais mort de trouille à l’idée de laisser Alice voguer seule vers les Terres au-delà des Mers. Elle s’était évidemment endurcie au cours de nos péripéties avec les Dieux, mais elle gardait une certaine naïveté et une trop grande empathie. Des facteurs agaçants qui la rendaient incapable de blesser autrui – et donc de se protéger elle-même. Soraya Samay était une Élémentaliste tout à fait convenable et une femme qui n’avait pas peur de s’affirmer. J’espérais qu’elle saurait protéger Alice si nécessaire.
Après avoir quitté les deux jeunes femmes, Mars et moi avions traversé l’Ouest jusqu’au domaine de Zane. En plus de présenter mon récent compagnon à mon ancien maître, cette pause nous avait permis d’apprendre à Mars les bases du combat armé. Et il en aurait bien besoin s’il s’entêtait à m’accompagner dans le Nord.
Car là où j’allais, aussi bien des bêtes sauvages que des clans nordistes agressifs nous attendaient. Si la mission d’Alice la menait jusqu’à Mor Avi, mon propre objectif se situait loin au nord, au niveau de la chaîne de montagnes qui délimitait mes Terres. C’était là-bas que Galadriel soupçonnait le Dieu de l’Espace de s’être exilé. L’essence d’Eon se trouvait encore sur Oneiris, mais elle était trop diffuse pour que les divinités protectrices pussent l’atteindre. C’était, du moins, les dires de Galadriel. J’espérais sincèrement que la Déesse de la Vie ne se trompait pas. Dans le cas contraire, ce serait une sacrée trotte réalisée pour rien.

Mars traînait les pieds derrière moi tandis que nous nous dirigions vers la petite masure où Zane rangeait les armes, armures et autres outils. Malgré mes encouragements, le Souffleur gardait une mine sombre et un regard lointain. Il s’était entraîné dur depuis deux semaines pour apprendre l’essentiel du combat et la fatigue devait commencer à lui ronger le moral.
— Je crois qu’il y a de la truite pêchée dans la rivière voisine et des légumes marinés pour midi, annonçai-je par-dessus mon épaule, espérant raviver l’étincelle de vie au fond de mon ami.
Il marmonna quelques mots incompréhensibles en guise de réponse. Je me tournai vers lui et tendis la main. Étonné, Mars haussa un sourcil sombre.
— Ton épée, ajoutai-je avec un demi-sourire devant sa confusion.
Il me la donna maladroitement et me suivit à quelques mètres de distance pendant que je rangeais l’équipement dans la petite masure. J’inspirai avec plaisir l’odeur de métal, de graisse et de cuir. Du bout des doigts, je frôlais les protections légères dont je m’étais paré pour apprendre les postures de défense, les épées en bois pour esquisser des tactiques offensives, les cibles en liège criblées de trous – flèches, projectiles, couteaux – et les pièges dont se servait Zane pour me mettre à l’épreuve.
J’avais passé de riches années à ses côtés, alternant entre les armes et les chiffres. Mon ancien maître n’avait négligé aucun pan de mon éducation : histoire, littérature, mathématiques, sciences et art du combat. Plus qu’un simple mentor, Zane avait été un véritable père de substitution.

— Al ! lança la voix de Zane depuis l’arène. Une fois que tu auras terminé de ranger l’équipement, tu pourras me retrouver près du grand chêne ?
— Ouais ! répondis-je aussitôt, non sans me demander la raison pour laquelle il voulait me voir seul à seul.
Mars m’aida à ranger les armes et morceaux d’armures qu’il avait utilisés pendant son entraînement puis se dirigea vers la cabane principale pour aider à la préparation du repas. J’attendis quelques instants qu’il se fût éloigné pour m’approcher du plus haut arbre du domaine. Zane attendait sous ses branchages orangés, les yeux levés vers le ciel et un léger sourire aux lèvres. Mon ancien maître appréciait la nature et sa beauté brute. Sûrement l’une des raisons pour lesquelles il s’était installé dans l’Ouest. Les paysages y étaient plus variés et épargnés de la neige éternelle.
— Tu voulais me voir, soufflai-je d’une voix intriguée en allant m’appuyer contre le tronc épais du chêne.
Il m’adressa un regard bienveillant. Les feuilles colorées se reflétaient dans ses yeux bleu marine. Avant de prendre la parole, il posa la main sur le manche d’une arme à sa hanche que je n’avais pas remarquée jusqu’ici.
— Je ne voulais pas que Mars écoute cette conversation, expliqua doucement mon maître en m’adressant un clin d’œil.
Je sentis une boule d’appréhension se loger dans ma gorge malgré le ton léger de Zane. Que cachait-il à Mars ?
— C’est à propos du voyage ? demandai-je aussitôt en fronçant les sourcils. Crois-moi, Zane, j’ai tout fait pour le raisonner. Mais se borne à vouloir m’accompagner.
Mon maître s’esclaffa puis secoua la tête, sourire aux lèvres.
— Je sais tout ça, Al. Connor et moi-même avons essayé de le convaincre de laisser tomber. Mais nous avons dû nous rendre à l’évidence : Mars veut absolument partir avec toi. Grand bien lui fasse, je crois que ce voyage l’aidera à grandir sur de nombreux plans.
Surpris des propos de mon ancien maître, je ne répondis pas tout de suite. Si ce n’était pour me rappeler les dangers auxquels j’allais exposer Mars, de quoi voulait-il me parler ?
— Je voulais simplement te demander ton avis, cher élève, souffla Zane d’un air amusé en constatant mon impatience.
— « Cher élève » marmonnai-je d’un air boudeur avant de reprendre mon sérieux : mon avis à propos de quoi ?
— De cette lame.
Précautionnent, il détacha l’étui à sa taille et me le déposa entre les mains. Un katana, d’une taille identique à celle de Kan, le plus petit de mes deux sabres. À voir son fourreau vierge de coup, son manche aux tissus vivement colorés et sa garde étincelante, l’arme était neuve ou presque. Intrigué, je dévisageai Zane en la sortant de sa gaine. La lame était belle et, je n’en doutais pas, terriblement tranchante. Avec quelques gestes vifs, je testai sa souplesse et son équilibre. Je n’avais rien à redire – si ce n’était que je m’étais déjà habitué à mes propres sabres. Néanmoins, je soupçonnais Zane de vouloir l’offrir à quelqu’un d’autre que moi.
Avec un sourire, je soupesai le katana entre mes paumes puis lâchai :
— Mars va l’adorer.
Une lueur satisfaite éclaira les prunelles bleutées de mon mentor.
— Tu penses ? J’espère qu’elle n’est pas trop lourde pour lui.
— Non, ça devrait aller ! le rassurai-je en la tendant de nouveau face à moi pour en admirer la finition. Tu l’as fait forger il y a combien de temps ?
— Je suis allé la chercher ce matin chez le forgeron du village, me révéla Zane avec un sourire crispé. À un jour près, je ne vous la donnais pas à temps…
— Nous aurions décalé notre départ, on n’est pas à un jour près, lui appris-je avant de ranger la lame dans son étui. C’est un très beau présent que tu lui fais. Il va être ravi et honoré.
— Connor a participé, prit bon de préciser Zane en récupérant le fourreau. Et… je me suis attaché à ce maladroit. Je lui retrouve un petit quelque chose de toi quand tu étais plus jeune. Comme il n’a pas d’arme digne de ce nom, j’ai pensé que c’était l’occasion de lui offrir une lame correcte qui l’accompagnerait pendant plusieurs années.
— Vous avez bien fait !
Alors que Zane m’adressait un énième sourire satisfait, je m’enquis en marmonnant légèrement :
— Mais pourquoi papa et toi ne m’avez pas prévenu ? J’aurais pu participer au financement de la lame… Elle a dû vous coûter cher.
— Elle coûtait le prix qu’elle valait, se contenta de répondre Zane d’un air mystérieux avant d’ajouter : et Connor et moi ne voulions pas te vider les poches alors que tu as peu de revenus. Comme nous gagnons de l’argent grâce à nos professions respectives, nous pouvons nous permettre ce genre d’écart. Pour toi… c’est plus délicat.
— Je ne suis pas si pauvre, maugréai-je, néanmoins reconnaissant qu’ils eussent pensé à ma situation actuelle, plutôt délicate. Mais… merci. Ça me fait plaisir que vous pensiez à Mars.
— C’est tellement rare de te voir t’attacher à quelqu’un, avoua Zane d’un air penaud. Connor et moi voulions marquer le coup.
Ses propos me crispèrent pendant quelques secondes. Je ne pouvais pas le contredire. Déchiré par l’abandon de mon père et hanté par la mort de ma mère, j’avais toujours été réticent à lier des amitiés avec mes diverses rencontres. Que ce fussent des Chasseurs avec qui j’avais partagé un coup à boire ou des filles que j’avais serrées contre moi pendant une nuit, j’avais toujours pris soin de disparaître assez rapidement. Avant ma rencontre avec Alice, et si ce n’étaient Zane et mon père, je n’avais aucune relation proche.
Il avait fallu attendre l’arrivée de la princesse dans ma vie pour que je découvrisse des personnes avec lesquelles j’avais envie de passer du temps. Vanä, Mars, Wilwarin… et, bien sûr, Alice. Chacun avait réussi à faire sa petite place au sein de mon cœur, marquant mon esprit par sa marginalité ou sa bienveillance. Car il me semblait que c’était quelque chose qui avait manqué à ma vie. Depuis mon plus jeune âge, j’avais vécu dans des contrées hostiles, entouré d’un peuple rude et prompt à verser le sang. Je m’étais entraîné au combat pendant des années, persuadé que ce serait ma raison de vivre et mon gagne-pain jusqu’à la fin de mes jours.
À présent un peu plus mature et fort de rencontres diverses, je songeais doucement à ce que la vie pouvait offrir de moins brut et sauvage. Après avoir fait couler le sang – celui des adversaires ou le mien – pendant des années, après avoir donné ma vie pour les Dieux, je songeais que mon destin ne tenait parfois qu’à un fil.
Et que je devais prendre soin de ce fil.

Le fourreau en partie caché derrière son dos, Zane pénétra dans la cabane juste derrière moi. Une forte odeur d’épices régnait dans l’habitation. Mon estomac se réveilla aussitôt, arrachant un sourire à Zane lorsqu’il l’entendit gargouiller.
— Toujours présent pour manger, murmura mon ancien maître tandis que nous nous déchaussions.
— C’est essentiel pour vivre, répliquai-je d’un ton pince-sans-rire avant de lui adresser un large sourire. J’apprécie les plaisirs de la vie, c’est tout.
Après nous êtes débarrassés de nos vestons, nous rejoignîmes Mars et mon père, occupés à mettre le couvert. La marmite laissait s’échapper un délicieux fumet. Une boule de pain dépassait à moitié d’un torchon sur la table. Sans attendre plus longtemps, j’attrapai un couteau et en tranchai une part. Je la coinçai aussitôt entre mes dents.
— Al, soupira mon père en me jetant un regard désapprobateur. Bientôt dix-neuf ans et toujours un enfant désobéissant…
— Moi, je l’ai bien élevé, je ne sais pas d’où il tient ça, bougonna Zane et glissant discrètement le sabre derrière deux sacs de grains.
Connor et Mars rirent doucement puis entreprirent de servir les bols. La truite était frite et assaisonnée d’épices venues du Sud. Quant aux légumes, les avoir fait mariner dans du bouillon avait rehaussé leurs saveurs.
— Toujours aussi bon, Connor, souffla Zane en jetant un regard reconnaissant à son ami d’enfance.
— Merci, murmura mon père, tandis que Mars renchérissait sur les compliments.
Comme j’étais occupé à mâcher, il me jeta un coup d’œil rapide avant de retourner à son assiette. Je grommelai intérieurement. Depuis que je l’avais retrouvé au campement de la Maturité, mon père ne cessait de chercher mon approbation. À croire que les rôles étaient inversés.

Zane attendit la fin du repas pour offrir son présent à Mars. Alors que les deux adultes et le guérisseur se réchauffaient avec des tisanes, mon ancien maître se leva.
— Mars, nous avons quelque chose pour toi, déclara-t-il d’une voix mystérieuse.
Mon ami se raidit sur sa chaise et leva un regard stupéfait vers Zane. Ce dernier se pencha légèrement vers lui et souffla :
— Je vais te demander de fermer les yeux.
Sans broncher, le guérisseur s’exécuta aussitôt. D’une démarche souple, Zane alla récupérer le fourreau caché derrière les sacs de grain puis le déposa délicatement sur la table à manger. Les épaules de Mars tressaillirent lorsque l’étui produisit un petit bruit mat.
— Tu peux rouvrir les yeux, souffla gentiment mon père.
Presque timidement, Mars entrouvrit les paupières puis observa l’arme sans réagir. Il chercha des explications auprès des deux adultes puis tourna la tête vers moi. Je haussai les épaules puis lâchai :
— Regarde de plus près.
Avec des mains tremblantes d’anticipation, le Souffleur souleva le fourreau, écarquilla les yeux, puis tira lentement le manche. Sa bouche se décrocha lorsque la lame brilla sous la lumière douce de cette belle journée d’automne.
— C’est… pour moi ? murmura-t-il avec stupéfaction en nous dévisageant à tour de rôle.
— Il semblerait, le raillai-je avant de rouler des yeux. Ben oui, imbécile.
Ses joues s’empourprèrent, mais je savais que ce n’était pas à cause de ma moquerie. Il était touché par le geste, ne se sentait peut-être pas à la hauteur d’un tel présent, avait honte de la somme qui avait dû être dépensée pour l’achat. Je connaissais bien ces sentiments : je les avais expérimentés lorsque mon père m’avait transmis Kan et Eon, les deux sabres élémentaires qui m’accompagnaient depuis plus de deux ans. Héritages de mes familles paternelle et maternelle, les deux lames étaient à présent ce que j’avais de plus précieux.
— Je… bredouilla Mars en observant le katana sous toutes les coutures. Je… n’ai pas les mots. (Il posa des yeux embués sur les deux hommes et moi-même avant de reprendre d’une voix étranglée d’émotion : ) Merci beaucoup. Vous n’avez pas idée d’à quel point ça me touche. Je vous suis extrêmement reconnaissant.
— Je n’y suis pour rien, révélai-je avec un sourire contrit. Ce sont eux qui ont eu l’idée.
— Maître Soho, Maître Dillys, souffla Mars avec gravité en se levant maladroitement.
Il empoigna le manche du sabre et inclina la tête pendant quelques secondes. Une expression ravie passa sur les visages des deux hommes. Même moi, je souriais. Le salut nordiste. Plus belle preuve de respect et d’honneur dans notre culture.
Il n’aurait pas pu mieux remercier Zane et mon père.


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DanielPagés

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Bien, bien ! Il est devenu plus humain on dirait... :D à force de mourir et de revenir à la vie !
La fin est jolie...

Allez quelques remarques comme d'hab :

le Maître d’Armes Zane Soho était connu à travers tout l’Ouest et le Nord pour son entraînement guerrier.- je dirais plutôt "pour son enseignement de l'art du combat"
"entrainement" eme semble un peu ambigü : ce peut être lui qui est entraîné...

les filles et fils des Nobles alentours - je dirais, deux possibilités "alentour"sans s, ou "à l'entour" qui est un peu vieillot, mais me semble plus adapté dans ce cas.

Sa réputation n’était plus à refaire - on dit : "à faire"

Alice s’était payé une place au bord d’un navire - à bord"

En plus de vouloir présenter mon récent compagnon à mon ancien maître, cette pause nous avait permis d’apprendre à Mars les bases du combat armé. Et il en avait bien besoin s’il s’entêtait à m’accompagner dans le Nord. -
1- "présenter" va avec "nous avait permis de" donc "vouloir" est de trop.
2- J'écrirais plutôt : "il en aurait bien besoin, s'il..."

Le cas contraire, ce serait une sacrée trotte réalisée pour rien. - "dans le cas contraire"

son fourreau imberbe de coup - ?? vierge, tu veux dire ? imberbe c'est qui n'a pas de poils... Tu veux dire qu'il n'a jamais servi ? ou un truc comme ça ?
Si j'ai bien compris tu veux dire "sans une éraflure".

alors que tu as peu de revenus - c'est là qu'on se dit : "au fait, il vit de quoi ce vagabond ?" remarque c'est dans beaucoup de romans ou nos héros ont toujours la pièce qu'il faut dans la bourse alors qu'ils ne passent jamais à la banque ! :lol:

Voilà...

Sinon, à Montpellier petit salon malgré la foule... Trop d'auteurs et de libraires. Nous, on était tassés, un peu invisibles !
Mais beaucoup de temps passé avec Vincent - et Gaëlle venue de Toulouse pour l'occasion. Ils ont réussi à me faire dédicacer le dernier roman de Damasio pendant que j’essayais de vendre quelques livres ! ;)
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Bien, bien ! Il est devenu plus humain on dirait... :D à force de mourir et de revenir à la vie !
La fin est jolie...

Allez quelques remarques comme d'hab :

le Maître d’Armes Zane Soho était connu à travers tout l’Ouest et le Nord pour son entraînement guerrier.- je dirais plutôt "pour son enseignement de l'art du combat"
"entrainement" eme semble un peu ambigü : ce peut être lui qui est entraîné...

les filles et fils des Nobles alentours - je dirais, deux possibilités "alentour"sans s, ou "à l'entour" qui est un peu vieillot, mais me semble plus adapté dans ce cas.

Sa réputation n’était plus à refaire - on dit : "à faire"

Alice s’était payé une place au bord d’un navire - à bord"

En plus de vouloir présenter mon récent compagnon à mon ancien maître, cette pause nous avait permis d’apprendre à Mars les bases du combat armé. Et il en avait bien besoin s’il s’entêtait à m’accompagner dans le Nord. -
1- "présenter" va avec "nous avait permis de" donc "vouloir" est de trop.
2- J'écrirais plutôt : "il en aurait bien besoin, s'il..."

Le cas contraire, ce serait une sacrée trotte réalisée pour rien. - "dans le cas contraire"

son fourreau imberbe de coup - ?? vierge, tu veux dire ? imberbe c'est qui n'a pas de poils... Tu veux dire qu'il n'a jamais servi ? ou un truc comme ça ?
Si j'ai bien compris tu veux dire "sans une éraflure".

alors que tu as peu de revenus - c'est là qu'on se dit : "au fait, il vit de quoi ce vagabond ?" remarque c'est dans beaucoup de romans ou nos héros ont toujours la pièce qu'il faut dans la bourse alors qu'ils ne passent jamais à la banque ! :lol:

Voilà...

Sinon, à Montpellier petit salon malgré la foule... Trop d'auteurs et de libraires. Nous, on était tassés, un peu invisibles !
Mais beaucoup de temps passé avec Vincent - et Gaëlle venue de Toulouse pour l'occasion. Ils ont réussi à me faire dédicacer le dernier roman de Damasio pendant que j’essayais de vendre quelques livres ! ;)
Oui, à force de mourir, il finit par comprendre la leçon, tu l'as dit :lol:

Merci pour toutes les remarques, je corrige ;)
Quant aux revenus d'Al... avant sa rencontre avec Alice et son implication dans cette quête sans fin, il vivait de la vente de ses chasses et de contrats de mercenaire dans l'Ouest :)

Ah oui, j'imagine bien ! C'est compliqué d'être visible pour un petit éditeur... :?
Mais contente pour toi que tu aies pu croiser Vincent et Gaëlle (je ne connais pas cette dernière en revanche :geek: ), c'est toujours plus sympa d'échanger en face-à-face :D Et aussi très cool d'avoir Les furtifs avec la signature de Mr Damasio ;)

Merci pour ton retour et à très bientôt ;)
vampiredelivres

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :B'soir (ou b'jour), voilà le 1er chapitre d'Al... qui s'est assagi, à sa façon ! :roll:
Bonne lecture ^-^



Chapitre 1

Achalmy[/mid]



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois de l’automne, au pied des collines de Minosth, Terres de l’Ouest.



Les chênes et frênes du domaine de Zane s’étaient colorés de jaune, rouge et orange. Winter is coming. Les dernières traces vertes provenaient des aiguilles des résineux et de la colline au pied de laquelle la cabane était installée. Mon ancien maître avait autrefois acheté les terres à des fermiers du village d’à côté pour une somme misérable – la proximité avec les Collines de Minosth et ses bandits ne facilitait par les cultures.
À présent, le Maître d’Armes Zane Soho était connu à travers tout l’Ouest et le Nord pour son entraînement guerrier. Il avait formé une cinquantaine d’élèves depuis une dizaine d’années, certains pendant quelques mois, d’autres durant toute leur enfance – comme moi. Mais du coup… Al a dû voir passer pas mal de monde au cours de son entraînement… comment ça se fait qu'il soit aussi peu sociable au premier abord ? C’était un homme patient, bienveillant et rigoureux, des qualités plus qu’essentielles quand on devait former des enfants ou des adolescents retors et arrogants. Comme toi ! Zane avait éduqué les filles et fils des Nobles alentours, mais aussi de simples fermiers ou de Chasseurs venus du Nord. Il me semblait même qu’une marchande sudiste lui avait envoyé un fils pendant une saison.
Sa réputation n’était plus à refaire. Et Mars expérimentait à présent ses remarquables talents de combattant.

J’avais rencontré l’occidento-sudiste quelques mois plus tôt, alors que je descendais vers Vasilias dans le but de retrouver Alice. Le Souffleur – qui était en réalité un guérisseur – avait tenté de m’arrêter afin de se remplir les poches grâce à la prime offerte pour ma capture. Il s’était alors révélé être un piètre combattant et m’avait supplié de l’épargner, ce que j’avais accepté. Alors que je pensais ne jamais revoir le bougre, il m’avait :arrow: J'aurais rajouté un "ensuite" ici, ou alors un autre marqueur temporel quelque part dans la phrase. sauvé la mise en me libérant de la troupe occidentale qui avait réussi à me capturer. Nous avions voyagé ensemble pendant quelques temps avant d’être séparés de nouveau. Je l’avais abandonné au beau milieu de la nuit – entre les mains bienveillantes de Vanä – dans le but d’accélérer la cadence pour atteindre Ma’an. Rongé par la culpabilité de l’avoir laissé seul et de ne pas avoir remboursé ma dette auprès de lui, je l’avais retrouvé en compagnie de Vanä après les événements du Noyau. Il en avait pleuré de joie.
Les larmes qui coulaient à présent sur ses joues étaient en revanche pleines de douleur et de colère.

— Mars, lançai-je en me laissant tomber de la barrière qui délimitait l’arène de sable où l’on s’entraînait au maniement des armes. On reprendra plus tard, repose-toi.
Le jeune homme, prostré par terre, secoua vigoureusement la tête. Les lèvres pincées, ses yeux ambrés larmoyants plantés dans ceux de Zane, il lui tint tête jusqu’à ce que mon ancien maître soupirât.
— Al n’a pas tort, marmonna Zane en se frottant la nuque. Tu t’entraînes sans relâche depuis deux semaines, ton corps comme ton esprit sont à bout.
— Je peux encore me battre, répliqua-t-il avec humeur en se redressant péniblement. Mais oui mon chat=. :roll:
En constatant que ses jambes tremblaient, je me déplaçai derrière lui et lui donnai un petit coup dans le genou. À bout de forces, il s’écroula aussitôt dans le sable.
— Mars, murmurai-je en me laissant choir à genoux près de lui, ce n’est pas comme ça qu’on apprend.
— Je veux être fort, susurra-t-il en levant les yeux vers moi. Peut-être pas aussi fort que toi ou Maître Soho, mais plus fort que je ne le suis actuellement.
J’esquissai un sourire et l’attrapai par le col pour le redresser. Il y avait des grains de sable coincés dans la barbichette à son menton.
— Tu es devenu bien plus doué depuis ce jour où tu m’as affronté.
Le souvenir douloureux de notre rencontre éclata dans ses iris d’ambre, le faisant grimacer.
— Tu aurais pu me briser les jambes et je n’aurais rien pu faire contre, déclara-t-il à tout vitesse dans un souffle haché. J’étais faible, pleutre, et je le suis toujours.
Agacé par son apitoiement, je le forçai à me regarder bien en face.
— Si tu manquais effectivement de capacités quand je t’ai rencontré, tu es aujourd’hui plus doué. Quant à la lâcheté… (Je pouffai, ce qui le fit rougir d’embarras.) Je ne trouve pas que tu t’es montré lâche lorsque tu as débarqué parmi une troupe royale afin de me faire libérer. Ni lorsque tu as voulu m’accompagner en direction de la ville la plus dangereuse d’Oneiris.
— C’est parce que tu étais avec moi, avoua Mars en baissant le menton. À tes côtés, je me sens invincible. Seul… c’est différent.
J’entendis Zane rire sous cape. À mon tour gêné par les propos de Mars, je grommelai avant de répondre :
— Moi aussi, je me sens plus fort lorsque je suis accompagné. Ceci nous concerne tous, Mars. Et… par les Dieux, essaie d’avoir plus confiance en toi et en tes capacités. Il n’y a pas beaucoup d’Hommes capables aussi bien de guérir que d’allumer un feu ou de tirer à l’arc.
— Tu es d’ailleurs plutôt doué pour ça ! intervint Zane en s’approchant de son nouvel élève. Pour le lancer de couteaux, c’est autre chose… Traduction, c'est une catastrophe ambulante :mrgreen: mais les arcs, tu sais comment te débrouiller.
Le jeune homme rougit de plaisir et ramassa son béret Oh damn, so frenchy ! :lol: qui traînait sur le côté pour se cacher le visage. Avec un soupir, je me relevai puis tendis la main à mon ami.
— Merci, chuchota Mars en acceptant mon aide.
Je haussai les épaules puis sortis de l’arène.

Nous étions ici depuis deux semaines. Après avoir quitté le Noyau, Alice, Soraya, Wilwarin et moi nous étions dirigés vers Ma’an, où nous avions retrouvé Vanä et Mars. Après quelques échanges, les deux Orientaux étaient repartis chez eux afin de faire leur rapport au haut-conseil de l’Est, l’Épine. Soraya ayant refusé de retourner au Palais d’Or, elle nous avait accompagnés jusqu’à Vasilias, où Alice s’était payé une place au bord d’un navire en direction de Mor Avi. La Sudiste s’était décidée à l’accompagner, ce qui avait allégé ma conscience. J’étais mort de trouille à l’idée de laisser Alice voguer seule vers les Terres au-delà des Mers. Elle s’était évidemment endurcie au cours de nos péripéties avec les Dieux, mais elle gardait une certaine naïveté et une trop grande empathie. Des facteurs agaçants qui la rendaient incapable de blesser autrui – et donc de se protéger elle-même. Soraya Samay était une Élémentaliste tout à fait convenable Mais pourrait-elle être une femme convenable pour toi…? :mrgreen: et une femme qui n’avait pas peur de s’affirmer. J’espérais qu’elle saurait protéger Alice si nécessaire. Vu ce que j'ai déjà lu, il peut être tranquille.
Après avoir quitté les deux jeunes femmes, Mars et moi avions traversé l’Ouest jusqu’au domaine de Zane. En plus de vouloir présenter mon récent compagnon à mon ancien maître, cette pause nous avait permis d’apprendre à Mars les bases du combat armé. Et il en avait bien besoin s’il s’entêtait à m’accompagner dans le Nord.
Car là où j’allais, aussi bien des bêtes sauvages que des clans nordistes agressifs nous attendaient.

Si la mission d’Alice la menait jusqu’à Mor Avi, mon propre objectif se situait loin au nord, au niveau de la chaîne de montagnes qui délimitait mes Terres. C’était là-bas que Galadriel soupçonnait le Dieu de l’Espace de s’être exilé. L’essence d’Eon se trouvait encore sur Oneiris, mais elle était trop diffuse pour que les divinités protectrices pussent l’atteindre. C’était, du moins, les dires de Galadriel. J’espérais sincèrement que la Déesse de la Vie ne se trompait pas. Le :arrow: "Dans le" plutôt cas contraire, ce serait une sacrée trotte réalisée pour rien.

Mars traînait les pieds derrière moi tandis que nous nous dirigions vers la petite masure où Zane rangeait les armes, armures et autres outils. Malgré mes encouragements, le Souffleur gardait une mine sombre et un regard lointain. Il s’était entraîné dur depuis deux semaines pour apprendre l’essentiel du combat et la fatigue devait commencer à lui ronger le moral.
— Je crois qu’il y a de la truite pêchée dans la rivière voisine et des légumes marinés pour midi, annonçai-je par-dessus mon épaule, espérant raviver l’étincelle de vie au fond de mon ami.
Il marmonna quelques mots incompréhensibles en guise de réponse. Je me tournai vers lui et tendis la main. Étonné, Mars haussa un sourcil sombre.
— Ton épée, ajoutai-je avec un demi-sourire devant sa confusion.
Il me la donna maladroitement et me suivit à quelques mètres de distance pendant que je rangeais l’équipement dans la petite masure. J’inspirai avec plaisir l’odeur de métal, de graisse et de cuir. Du bout des doigts, je frôlais les protections légères dont je m’étais paré pour apprendre les postures de défense, les épées en bois pour esquisser des tactiques offensives, les cibles en liège criblées de trous – flèches, projectiles, couteaux – et les pièges dont se servait Zane pour me mettre à l’épreuve.
J’avais passé de riches années à ses côtés, alternant entre les armes et les chiffres. Mon ancien maître n’avait négligé aucun pan de mon éducation : histoire, littérature, mathématiques, sciences et art du combat. Plus qu’un simple mentor, Zane avait été un véritable père de substitution.

— Al ! lança la voix de Zane depuis l’arène. Une fois que tu auras terminé de ranger l’équipement, tu pourras me retrouver près du grand chêne ?
— Ouais ! répondis-je aussitôt :arrow: virgule ? non sans me demander la raison pour laquelle il voulait me voir seul à seul.
Mars m’aida à ranger les armes et morceaux d’armures qu’il avait utilisés pendant son entraînement puis se dirigea vers la cabane principale pour aider à la préparation du repas. J’attendis quelques instants qu’il se fût éloigné pour m’approcher du plus haut arbre du domaine. Zane attendait sous ses branchages orangés, les yeux levés vers le ciel et un léger sourire aux lèvres. Mon ancien maître appréciait la nature et sa beauté brute. Sûrement la raison pour laquelle il s’était installé dans l’Ouest, où les paysages étaient plus variés et épargnés de la neige éternelle, plutôt que dans nos Terres natales. :arrow: J'aurais tourné cette phrase un peu différemment, elle me paraît un peu hachée.
— Tu voulais me voir, soufflai-je d’une voix intriguée en allant m’appuyer contre le tronc épais du chêne.
Il m’adressa un regard bienveillant. Les feuilles colorées se reflétaient dans ses yeux bleu marine. Avant de prendre la parole, il posa la main sur le manche d’une arme à sa hanche que je n’avais pas remarquée jusqu’ici.
— Je ne souhaitais pas que Mars écoute cette conversation, expliqua doucement mon maître en m’adressant un clin d’œil.
Je sentis une boule d’appréhension se loger dans ma gorge malgré le ton léger de Zane. Pour quelles raisons voulait-il me voir en face-à-face ? Que cachait-il à Mars ?
— C’est à propos du voyage ? demandai-je aussitôt en fronçant les sourcils. Crois-moi, Zane, j’ai tout fait pour le raisonner. Mais il se borne à vouloir m’accompagner.
Mon maître s’esclaffa puis secoua la tête, sourire aux lèvres.
— Je sais tout ça, Al. Connor et moi-même avons essayé de le convaincre de laisser tomber. Mais nous avons dû nous rendre à l’évidence : Mars veut absolument partir avec toi. Grand bien lui fasse, je crois que ce voyage l’aidera à grandir sur de nombreux plans.
Surpris des propos de mon ancien maître, je ne répondis pas tout de suite. Si ce n’était pour me rappeler les dangers auxquels j’allais exposer Mars, de quoi voulait-il me parler ?
— Je voulais simplement te demander ton avis, cher élève, souffla Zane d’un air amusé en constatant mon impatience.
— « Cher élève » marmonnai-je d’un air boudeur Quel gamin :lol: avant de reprendre mon sérieux : mon avis à propos de quoi ?
— De cette lame.
Précautionnent, il détacha l’étui à sa taille et me le déposa entre les mains. Un katana, d’une taille identique à celle de Kan, le plus petit de mes deux sabres. À voir son fourreau imberbe :arrow: Heuuu… Nan. de coup, son manche aux tissus vivement colorés et sa garde étincelante, l’arme était neuve ou presque. Intrigué, je dévisageai Zane en la sortant de sa gaine. La lame était belle et, je n’en doutais pas, terriblement tranchante. Avec quelques gestes vifs, je testai sa souplesse et son équilibre. Je n’avais rien à redire – si ce n’était que je m’étais déjà habitué à mes propres sabres. Néanmoins, je soupçonnais Zane de vouloir l’offrir à quelqu’un d’autre que moi.
Avec un sourire, je soupesai le katana entre mes paumes puis lâchai :
— Mars va l’adorer.
Une lueur satisfaite éclaira les prunelles bleutées de mon mentor.
— Tu penses ? J’espère qu’elle n’est pas trop lourde pour lui.
— Non, ça devrait aller ! le rassurai-je en la tendant de nouveau face à moi pour en admirer la finition. Tu l’as fait forger il y a combien de temps ?
— Je suis allé la chercher ce matin chez le forgeron du village, me révéla Zane avec un sourire crispé. À un jour près, je ne vous la donnais pas à temps…
— Nous aurions décalé notre départ, on n’est pas à un jour près, lui appris-je avant de ranger la lame dans son étui. C’est un très beau présent que tu lui fais. Il va être ravi et honoré.
— Connor a participé, prit bon de préciser Zane en récupérant le fourreau. Et… je me suis attaché à ce maladroit. Je lui retrouve un petit quelque chose de toi quand tu étais plus jeune. Ah tiens ? Comme il n’a pas d’arme digne de ce nom, j’ai pensé que c’était l’occasion de lui offrir une lame correcte qui l’accompagnerait pendant plusieurs années.
— Vous avez bien fait !
Alors que Zane m’adressait un énième sourire satisfait, je m’enquis en marmonnant légèrement :
— Mais pourquoi papa et toi ne m’avez pas prévenu ? J’aurais pu participer au financement de la lame… Elle a dû vous coûter cher.
— Elle coûtait le prix qu’elle valait, se contenta de répondre Zane d’un air mystérieux avant d’ajouter : et Connor et moi ne voulions pas te vider les poches alors que tu as peu de revenus. Comme nous gagnons de l’argent grâce à nos professions respectives, nous pouvons nous permettre ce genre d’écart. Pour toi… c’est plus délicat.
— Je ne suis pas si pauvre, maugréai-je, néanmoins reconnaissant qu’ils eussent pensé à ma situation actuelle, plutôt délicate. Mais… merci. Ça me fait penser, qu'est-ce qu'il fait au quotidien, Al, pour remplir ses poches ? Ça me fait plaisir que vous pensiez à Mars.
— C’est tellement rare de te voir t’attacher à quelqu’un, avoua Zane d’un air presque triste. Connor et moi voulions marquer le coup.
Ses propos me crispèrent pendant quelques secondes. Je ne pouvais pas le contredire. Déchiré par l’abandon de mon père et hanté par la mort de ma mère, j’avais toujours été réticent à lier des amitiés avec mes diverses rencontres. Ça répond à la question que je posais en début de chapitre. :) Que ce fussent des Chasseurs avec qui j’avais partagé un coup à boire ou des filles que j’avais serrées contre moi pendant une nuit, j’avais toujours pris soin de disparaître assez rapidement. Avant ma rencontre avec Alice, et si ce n’étaient Zane et mon père, je n’avais aucune relation proche.
Il avait fallu attendre l’arrivée de la princesse dans ma vie pour que je découvrisse des personnes avec lesquelles j’avais envie de passer du temps. Vanä, Mars, Wilwarin… et, bien sûr, Alice. Chacun avait réussi à faire sa petite place au sein de mon cœur, marquant mon esprit par sa marginalité ou sa bienveillance. Car il me semblait que c’était quelque chose qui avait manqué à ma vie. Depuis mon plus jeune âge, j’avais vécu dans des contrées hostiles, entouré d’un peuple rude et prompt à verser le sang. Je m’étais entraîné au combat pendant des années, persuadé que ce serait ma raison de vivre et mon gagne-pain jusqu’à la fin de mes jours.
À présent un peu plus mature et fort de rencontres diverses, je songeais doucement à ce que la vie pouvait offrir de moins brut et sauvage. Après avoir fait couler le sang – celui des adversaires ou le mien – pendant des années, après avoir donné ma vie pour les Dieux, je songeais que mon destin ne tenait parfois qu’à un fil.
Et que je devais prendre soin de ce fil. Hé ben, le chemin qu'il a parcouru avec Mars semble lui avoir été bénéfique… Pour peu, il en viendrait presque à regretter d'avoir fait son drama king :roll: :mrgreen:

Le fourreau en partie caché derrière son dos, Zane pénétra dans la cabane juste derrière moi. Une bonne odeur de cuisine :arrow: C'est peut-être un p'tit peu vague ^-^ régnait dans l’habitation. Mon estomac se réveilla aussitôt, arrachant un sourire à Zane lorsqu’il l’entendit gargouiller.
— Toujours présent pour manger, murmura mon ancien maître avec un rire tandis que nous nous déchaussions.
— C’est essentiel pour vivre, répliquai-je d’un ton pince-sans-rire avant de lui adresser un large sourire. J’apprécie les plaisirs de la vie, c’est tout.
Après nous êtes débarrassés de nos vestons, nous rejoignîmes Mars et mon père, occupés à mettre le couvert. La marmite laissait s’échapper un délicieux fumet. Une boule de pain dépassait à moitié d’un torchon sur la table. Sans attendre plus longtemps, j’attrapai un couteau et en tranchai une part. Je la coinçai aussitôt entre mes dents.
— Al, soupira mon père en me jetant un regard désapprobateur. Bientôt dix-neuf ans et toujours un enfant désobéissant…
— Moi, je l’ai bien élevé, je ne sais pas d’où il tient ça, bougonna Zane et glissant discrètement le sabre derrière deux sacs de grains. J'adore Zane et Connor :lol:
Connor et Mars rirent doucement puis entreprirent de servir les bols. La truite était frite et assaisonnée d’épices venues du Sud. Quant aux légumes, les avoir fait mariner dans du bouillon avait rehaussé leurs saveurs.
— Toujours aussi bon, Connor, souffla Zane en jetant un regard reconnaissant à son ami d’enfance.
— Merci, murmura mon père, tandis que Mars renchérissait sur les compliments.
Comme j’étais occupé à mâcher, il me jeta un coup d’œil rapide avant de retourner à son assiette. Je grommelai intérieurement. Depuis que je l’avais retrouvé au campement de la Maturité, mon père ne cessait de chercher mon approbation. À croire que les rôles étaient inversés.

Zane attendit la fin du repas pour offrir son présent à Mars. Alors que les deux adultes et le guérisseur se réchauffaient avec des tisanes, mon ancien maître se leva.
— Mars, nous avons quelque chose pour toi, déclara-t-il d’une voix mystérieuse.
Mon ami se raidit sur sa chaise et leva un regard stupéfait vers Zane. Ce dernier se pencha légèrement vers lui et souffla :
— Je vais te demander de fermer les yeux.
Sans broncher, le guérisseur s’exécuta aussitôt. D’une démarche souple, Zane alla récupérer le fourreau caché derrière les sacs de grain puis le déposa délicatement sur la table à manger. Les épaules de Mars tressaillirent lorsque l’étui produisit un petit bruit mat.
— Tu peux rouvrir les yeux, souffla gentiment mon père.
Presque timidement, Mars entrouvrit les paupières puis observa l’arme sans réagir. Il chercha des explications auprès des deux adultes puis tourna la tête vers moi. Je haussai les épaules puis lâchai :
— Regarde de plus près.
Avec des mains tremblantes d’anticipation, le Souffleur souleva le fourreau, écarquilla les yeux, puis tira lentement le manche. Sa bouche se décrocha lorsque la lame brilla sous la lumière douce de cette belle journée d’automne.
— C’est… pour moi ? murmura-t-il avec stupéfaction en nous dévisageant à tour de rôle.
— Il semblerait, le raillai-je avant de rouler des yeux. Ben oui, imbécile. Al… :roll:
Ses joues s’empourprèrent, mais je savais que ce n’était pas à cause de ma moquerie. Il était touché par le geste, ne se sentait peut-être pas à la hauteur d’un tel présent, avait honte de la somme qui avait dû être dépensée pour l’achat. Je connaissais bien ces sentiments : je les avais expérimentés lorsque mon père m’avait transmis Kan et Eon, les deux sabres élémentaires qui m’accompagnaient depuis plus de deux ans. Héritages de mes familles paternelle et maternelle, les deux lames étaient à présent ce que j’avais de plus précieux.
— Je… bredouilla Mars en observant le katana sous toutes les coutures. Je… n’ai pas les mots. (Il posa des yeux embués sur les deux hommes et moi-même avant de reprendre d’une voix étranglée d’émotion : ) Merci beaucoup. Vous n’avez pas idée d’à quel point ça me touche. Je vous suis extrêmement reconnaissant.
— Je n’y suis pour rien, révélai-je avec un sourire contrit. Ce sont eux qui ont eu l’idée.
— Maître Soho, Maître Dillys, souffla Mars avec gravité en se levant maladroitement.
Il empoigna le manche du sabre et inclina la tête pendant quelques secondes. Une expression ravie passa sur les visages des deux hommes. Même moi, je souriais. Le salut nordiste. Plus belle preuve de respect et d’honneur dans notre culture.
Il n’aurait pas pu mieux remercier Zane et mon père. C'était beau.
Bon. Bon bon bon… bonbon. :roll:
Al semble s'être assagi. C'est presque triste, parce que du coup, les rares remarques narquoises qu'il se permet font un p'tit peu too much à mon sens. Mais après, ce n'est que mon avis.

J'aime beaucoup la manière dont tu abordes ce chapitre, un petit rappel sympa des évènements et de ce qui s'est passé pendant l'ellipse entre les deux tomes, et ensuite, on repart dans l'action. Je reste quand même un peu sur ma faim, vu qu'il ne s'est réellement rien passé et que l'action n'est que sur le point de débuter, mais bon, c'est toujours comme ça au début d'un tome, nan ? :)

Je trouve rien de mieux à dire, en fait, donc bizzz ! :oops:
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :
louji a écrit :B'soir (ou b'jour), voilà le 1er chapitre d'Al... qui s'est assagi, à sa façon ! :roll:
Bonne lecture ^-^



Chapitre 1

Achalmy[/mid]



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois de l’automne, au pied des collines de Minosth, Terres de l’Ouest.



Les chênes et frênes du domaine de Zane s’étaient colorés de jaune, rouge et orange. Winter is coming. :arrow: Tu l'as dit ! Les dernières traces vertes provenaient des aiguilles des résineux et de la colline au pied de laquelle la cabane était installée. Mon ancien maître avait autrefois acheté les terres à des fermiers du village d’à côté pour une somme misérable – la proximité avec les Collines de Minosth et ses bandits ne facilitait par les cultures.
À présent, le Maître d’Armes Zane Soho était connu à travers tout l’Ouest et le Nord pour son entraînement guerrier. Il avait formé une cinquantaine d’élèves depuis une dizaine d’années, certains pendant quelques mois, d’autres durant toute leur enfance – comme moi. Mais du coup… Al a dû voir passer pas mal de monde au cours de son entraînement… comment ça se fait qu'il soit aussi peu sociable au premier abord ? :arrow: Il l'explique plus bas, mais c'est un traumatisé des relations sociales pour faire simple :roll: :lol: C’était un homme patient, bienveillant et rigoureux, des qualités plus qu’essentielles quand on devait former des enfants ou des adolescents retors et arrogants. Comme toi ! Zane avait éduqué les filles et fils des Nobles alentours, mais aussi de simples fermiers ou de Chasseurs venus du Nord. Il me semblait même qu’une marchande sudiste lui avait envoyé un fils pendant une saison.
Sa réputation n’était plus à refaire. Et Mars expérimentait à présent ses remarquables talents de combattant.

J’avais rencontré l’occidento-sudiste quelques mois plus tôt, alors que je descendais vers Vasilias dans le but de retrouver Alice. Le Souffleur – qui était en réalité un guérisseur – avait tenté de m’arrêter afin de se remplir les poches grâce à la prime offerte pour ma capture. Il s’était alors révélé être un piètre combattant et m’avait supplié de l’épargner, ce que j’avais accepté. Alors que je pensais ne jamais revoir le bougre, il m’avait :arrow: J'aurais rajouté un "ensuite" ici, ou alors un autre marqueur temporel quelque part dans la phrase. :arrow: Yep, merci !

— Mars, lançai-je en me laissant tomber de la barrière qui délimitait l’arène de sable où l’on s’entraînait au maniement des armes. On reprendra plus tard, repose-toi.
Le jeune homme, prostré par terre, secoua vigoureusement la tête. Les lèvres pincées, ses yeux ambrés larmoyants plantés dans ceux de Zane, il lui tint tête jusqu’à ce que mon ancien maître soupirât.
— Al n’a pas tort, marmonna Zane en se frottant la nuque. Tu t’entraînes sans relâche depuis deux semaines, ton corps comme ton esprit sont à bout.
— Je peux encore me battre, répliqua-t-il avec humeur en se redressant péniblement. Mais oui mon chat=. :roll: :arrow: Essaye encore... :roll:

— Tu es d’ailleurs plutôt doué pour ça ! intervint Zane en s’approchant de son nouvel élève. Pour le lancer de couteaux, c’est autre chose… Traduction, c'est une catastrophe ambulante :mrgreen: :arrow: Exactement XD mais les arcs, tu sais comment te débrouiller.
Le jeune homme rougit de plaisir et ramassa son béret Oh damn, so frenchy ! :lol:
:arrow:
Spoiler
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Mais pourrait-elle être une femme convenable pour toi…? :mrgreen: :arrow: Soralmy le retour :lol: et une femme qui n’avait pas peur de s’affirmer. J’espérais qu’elle saurait protéger Alice si nécessaire. Vu ce que j'ai déjà lu, il peut être tranquille. :arrow: Yop !

Si la mission d’Alice la menait jusqu’à Mor Avi, mon propre objectif se situait loin au nord, au niveau de la chaîne de montagnes qui délimitait mes Terres. C’était là-bas que Galadriel soupçonnait le Dieu de l’Espace de s’être exilé. L’essence d’Eon se trouvait encore sur Oneiris, mais elle était trop diffuse pour que les divinités protectrices pussent l’atteindre. C’était, du moins, les dires de Galadriel. J’espérais sincèrement que la Déesse de la Vie ne se trompait pas. Le :arrow: "Dans le" plutôt :arrow: Oui, merci ^^ cas contraire, ce serait une sacrée trotte réalisée pour rien.

— Al ! lança la voix de Zane depuis l’arène. Une fois que tu auras terminé de ranger l’équipement, tu pourras me retrouver près du grand chêne ?
— Ouais ! répondis-je aussitôt :arrow: virgule ? :arrow: Ouip ! non sans me demander la raison pour laquelle il voulait me voir seul à seul.
Mars m’aida à ranger les armes et morceaux d’armures qu’il avait utilisés pendant son entraînement puis se dirigea vers la cabane principale pour aider à la préparation du repas. J’attendis quelques instants qu’il se fût éloigné pour m’approcher du plus haut arbre du domaine. Zane attendait sous ses branchages orangés, les yeux levés vers le ciel et un léger sourire aux lèvres. Mon ancien maître appréciait la nature et sa beauté brute. Sûrement la raison pour laquelle il s’était installé dans l’Ouest, où les paysages étaient plus variés et épargnés de la neige éternelle, plutôt que dans nos Terres natales. :arrow: J'aurais tourné cette phrase un peu différemment, elle me paraît un peu hachée. :arrow: Effectivement, thanks !

Surpris des propos de mon ancien maître, je ne répondis pas tout de suite. Si ce n’était pour me rappeler les dangers auxquels j’allais exposer Mars, de quoi voulait-il me parler ?
— Je voulais simplement te demander ton avis, cher élève, souffla Zane d’un air amusé en constatant mon impatience.
— « Cher élève » marmonnai-je d’un air boudeur Quel gamin :lol: :arrow: Un peu susceptible le coco :lol: avant de reprendre mon sérieux : mon avis à propos de quoi ?
— De cette lame.
Précautionnent, il détacha l’étui à sa taille et me le déposa entre les mains. Un katana, d’une taille identique à celle de Kan, le plus petit de mes deux sabres. À voir son fourreau imberbe :arrow: Heuuu… Nan. :arrow: Yep, j'ai pas corrigé après le passage de Danou, alors il reste les trucs bizarres :oops: de coup, son manche aux tissus vivement colorés et sa garde étincelante, l’arme était neuve ou presque.

— Je ne suis pas si pauvre, maugréai-je, néanmoins reconnaissant qu’ils eussent pensé à ma situation actuelle, plutôt délicate. Mais… merci. Ça me fait penser, qu'est-ce qu'il fait au quotidien, Al, pour remplir ses poches ? :arrow: Avant d'être embarqué dans ce bazar avec Alice, il vivait de la vente de sa chasse et de contrats de mercenaire dans l'Ouest ^^ Ça me fait plaisir que vous pensiez à Mars.
— C’est tellement rare de te voir t’attacher à quelqu’un, avoua Zane d’un air presque triste. Connor et moi voulions marquer le coup.
Ses propos me crispèrent pendant quelques secondes. Je ne pouvais pas le contredire. Déchiré par l’abandon de mon père et hanté par la mort de ma mère, j’avais toujours été réticent à lier des amitiés avec mes diverses rencontres. Ça répond à la question que je posais en début de chapitre. :) :arrow: Et ui... Faut dire qu'il a pas fait beaucoup d'efforts pour mieux connaître toutes ces personnes... Mais, de ce PDV là aussi, il va apprendre à "grandir" ^^ Que ce fussent des Chasseurs avec qui j’avais partagé un coup à boire ou des filles que j’avais serrées contre moi pendant une nuit, j’avais toujours pris soin de disparaître assez rapidement. Avant ma rencontre avec Alice, et si ce n’étaient Zane et mon père, je n’avais aucune relation proche.

Et que je devais prendre soin de ce fil. Hé ben, le chemin qu'il a parcouru avec Mars semble lui avoir été bénéfique… Pour peu, il en viendrait presque à regretter d'avoir fait son drama king :roll: :mrgreen: :arrow: De là à regretter, je sais pas :lol:

Le fourreau en partie caché derrière son dos, Zane pénétra dans la cabane juste derrière moi. Une bonne odeur de cuisine :arrow: C'est peut-être un p'tit peu vague ^-^ :arrow: Anéfé :roll: régnait dans l’habitation. Mon estomac se réveilla aussitôt, arrachant un sourire à Zane lorsqu’il l’entendit gargouiller.
— Toujours présent pour manger, murmura mon ancien maître avec un rire tandis que nous nous déchaussions.
— C’est essentiel pour vivre, répliquai-je d’un ton pince-sans-rire avant de lui adresser un large sourire. J’apprécie les plaisirs de la vie, c’est tout.
Après nous êtes débarrassés de nos vestons, nous rejoignîmes Mars et mon père, occupés à mettre le couvert. La marmite laissait s’échapper un délicieux fumet. Une boule de pain dépassait à moitié d’un torchon sur la table. Sans attendre plus longtemps, j’attrapai un couteau et en tranchai une part. Je la coinçai aussitôt entre mes dents.
— Al, soupira mon père en me jetant un regard désapprobateur. Bientôt dix-neuf ans et toujours un enfant désobéissant…
— Moi, je l’ai bien élevé, je ne sais pas d’où il tient ça, bougonna Zane et glissant discrètement le sabre derrière deux sacs de grains. J'adore Zane et Connor :lol: :arrow: Oui, ils sont rigolos, je les aime bien aussi :lol:


— Il semblerait, le raillai-je avant de rouler des yeux. Ben oui, imbécile. Al… :roll: :arrow: Ouais, pour la douceur, on repassera :lol:
Ses joues s’empourprèrent, mais je savais que ce n’était pas à cause de ma moquerie. Il était touché par le geste, ne se sentait peut-être pas à la hauteur d’un tel présent, avait honte de la somme qui avait dû être dépensée pour l’achat. Je connaissais bien ces sentiments : je les avais expérimentés lorsque mon père m’avait transmis Kan et Eon, les deux sabres élémentaires qui m’accompagnaient depuis plus de deux ans. Héritages de mes familles paternelle et maternelle, les deux lames étaient à présent ce que j’avais de plus précieux.
— Je… bredouilla Mars en observant le katana sous toutes les coutures. Je… n’ai pas les mots. (Il posa des yeux embués sur les deux hommes et moi-même avant de reprendre d’une voix étranglée d’émotion : ) Merci beaucoup. Vous n’avez pas idée d’à quel point ça me touche. Je vous suis extrêmement reconnaissant.
— Je n’y suis pour rien, révélai-je avec un sourire contrit. Ce sont eux qui ont eu l’idée.
— Maître Soho, Maître Dillys, souffla Mars avec gravité en se levant maladroitement.
Il empoigna le manche du sabre et inclina la tête pendant quelques secondes. Une expression ravie passa sur les visages des deux hommes. Même moi, je souriais. Le salut nordiste. Plus belle preuve de respect et d’honneur dans notre culture.
Il n’aurait pas pu mieux remercier Zane et mon père. C'était beau. :arrow: :)
Bon. Bon bon bon… bonbon. :roll:
Al semble s'être assagi. C'est presque triste, parce que du coup, les rares remarques narquoises qu'il se permet font un p'tit peu too much à mon sens. Mais après, ce n'est que mon avis.

J'aime beaucoup la manière dont tu abordes ce chapitre, un petit rappel sympa des évènements et de ce qui s'est passé pendant l'ellipse entre les deux tomes, et ensuite, on repart dans l'action. Je reste quand même un peu sur ma faim, vu qu'il ne s'est réellement rien passé et que l'action n'est que sur le point de débuter, mais bon, c'est toujours comme ça au début d'un tome, nan ? :)

Je trouve rien de mieux à dire, en fait, donc bizzz ! :oops:
Bonbonnière ?
Ui, il s'est assagi, mais pas sur tous les plans non plus ^-^

Oh, c'est gentil, parce que j'arrive pas à savoir si j'aime bien ce chapitre ou pas :lol: Je le trouve chou, mais assez creux, je sais pas trop... x')
Et le côte casse-cou d'Al et l'action reviennent dès le prochain chapitre de leur PDV, j'essaie de te rassurer :''D

T'inquiète, je vais pas te faire une remarque sur la longueur de ton com, ce serait ironique venant de moi :roll: :lol:
Déjà merci beaucoup de ton com ! ;)

A plous !
TcmA

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

Hiello Sunshine!

Désolée de ne pas avoir lu tes chapitres plus tôt aaaaaaah :oops:

Chapitre 1
En effet, comme tu l'as dit, on sent que l'écriture est un peu plus forcée, mais le chapitre n'en est pas trop affecté, je trouve!
Comme toujours, j'ai été emportée ☆

Ça fait plaisir de retrouver Alice, ma petite poupette (va y avoir beaucoup de poupettes :lol: ) ! Elle a toujours cette petite pointe de mélancolie qui me donne envie de lui faire des câlins et de la rassurer ;^;

Soraya, aaaahlala, Soraya! Je ne vais pas répéter ce qu'on dit les autres, mais je l'aime beaucoup!
Avec ces deux chapitres, on voit vraiment ta volonté de développer les persos secondaires, c'est top!

Très très cool, j'ai bien hâte de voir dans quel bourbier elles vont se retrouver! Et de découvrir Mor Avi (je ne me souviens plus de si on voyait déjà la ville dans le T1... :? )!

Chapitre 2
Comme toujours, c'est beau sa maman :D Et comme tu l'as dit, on sent que l'assurance et le plaisir d'écrire se réveillent, c'est topissime :3

Cet Al un peu plus mature est très plaisant à lire! (Et j'ai pas encore ressenti l'envie de lui mettre une tape à l'arrière de la tête, c'bien Al, c'bien...)

Mars ♡
Connor ♡
Zane ♡
J'suis vraiment contente de les retrouver, eux, ils sont super choupis!
Mars est une poupette. Je l'aime d'amour.
Zane est tellement adorable, j'ai pas arrêté de sourire comme une patate pendant la plus grosse partie du chapitre :lol:
Et bien sûr, Connor est très chou lui aussi!
(Je crois que Sarah m'a conditionnée, j'ai peur qu'il leur arrive quelque chose maintenant ;^; pas toucher aux poupinous choupis ;^; )

J'ai très hâte de lire la suite *^*

La bise ~
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :Hiello Sunshine!

Désolée de ne pas avoir lu tes chapitres plus tôt aaaaaaah :oops:

Chapitre 1
En effet, comme tu l'as dit, on sent que l'écriture est un peu plus forcée, mais le chapitre n'en est pas trop affecté, je trouve!
Comme toujours, j'ai été emportée ☆

Ça fait plaisir de retrouver Alice, ma petite poupette (va y avoir beaucoup de poupettes :lol: ) ! Elle a toujours cette petite pointe de mélancolie qui me donne envie de lui faire des câlins et de la rassurer ;^;

Soraya, aaaahlala, Soraya! Je ne vais pas répéter ce qu'on dit les autres, mais je l'aime beaucoup!
Avec ces deux chapitres, on voit vraiment ta volonté de développer les persos secondaires, c'est top!

Très très cool, j'ai bien hâte de voir dans quel bourbier elles vont se retrouver! Et de découvrir Mor Avi (je ne me souviens plus de si on voyait déjà la ville dans le T1... :? )!

Chapitre 2
Comme toujours, c'est beau sa maman :D Et comme tu l'as dit, on sent que l'assurance et le plaisir d'écrire se réveillent, c'est topissime :3

Cet Al un peu plus mature est très plaisant à lire! (Et j'ai pas encore ressenti l'envie de lui mettre une tape à l'arrière de la tête, c'bien Al, c'bien...)

Mars ♡
Connor ♡
Zane ♡
J'suis vraiment contente de les retrouver, eux, ils sont super choupis!
Mars est une poupette. Je l'aime d'amour.
Zane est tellement adorable, j'ai pas arrêté de sourire comme une patate pendant la plus grosse partie du chapitre :lol:
Et bien sûr, Connor est très chou lui aussi!
(Je crois que Sarah m'a conditionnée, j'ai peur qu'il leur arrive quelque chose maintenant ;^; pas toucher aux poupinous choupis ;^; )

J'ai très hâte de lire la suite *^*

La bise ~
Yellow !

Pas de soucis, c'est vraiment pas dramatique ! x)

Chapitre 1 :
Oui, certains passages doivent paraître un peu... "raides", mais bon ^^'

Ben oui, la pauvre, elle pensait rentrer chez elle mais... que dalle :lol:
Yop, Soraya, c'est un des enjeux du T2, j'verrai si je m'en sors :P

Alors, Mor Avi, c'est le nom du continent (CF la carte dans le sommaire du T2 ;) ) et regroupe donc de nombreuses villes... Et, non, on n'a rien vu de Mor Avi dans le tome précédent :)

Chapitre 1² :
Merci ! =D

T'inquiète, ça va venir la tape à l'arrière du crâne 8-) :lol:

Ui, j'aime bien écrire des scènes avec Zane et Connor, je les aime bien ensemble :lol:
Mais pourquoi il leur arriverait quelque chose ? :c Chuis pas comme Sarah moi :evil:

Merci bien pour ton retour et à bientôt ! :D
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Bonzoir !
Débarquement à Gahana pour Alice et Soraya... J'espère que le chapitre vous plaira... N'hésitez pas à me dire si les descriptions sont hachées et/ou lourdes, j'ai le sentiment d'avoir eu du mal x')
Merci !




Chapitre 2
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois du printemps, Gahana, Mor Avi.



Le soleil déclinait tandis que nous approchions de Mor Avi.
Soraya et moi avions réussi à nous glisser sur le pont arrière, près du bastingage, afin d’observer le débarquement. À présent clairement visible à l’horizon, le port de Gahana s’offrait à nous. En forme de croissant de lune, ses deux extrémités délimitaient le bassin d’accostage. Un phare de la même taille que la plus haute tour du Château du Crépuscule se dressait sur la pointe gauche. La pluie s’étant calmée, les vagues s’échouaient plus paisiblement contre les côtes.
— Défendre le port ne doit pas être difficile, commenta Soraya en ramenant sa natte de cheveux dans le creux de sa nuque.
Je m’étonnai pendant quelques secondes de son commentaire. Je n’aurais pas cru que ce serait la première pensée qu’elle exprimerait.
— Le croissant naturel des côtes les protège, finis-je par approuver en appréciant autant la beauté du paysage que les stratégies de défense mises en place par les aviriens.
J’apercevais effectivement, tout le long des bras du bassin d’accostage, un chemin de ronde délimité par des bouts de mur où étaient fixées d’immenses arbalètes. Des tourelles étaient installées à intervalles réguliers, protégées par un toit et une enceinte en pierre. Des braseros éclairaient la fin du jour et donnaient de la visibilité aux quelques soldats qui circulaient.
Autour de nous, les matelots s’activaient, ajustant les voiles et réglant sans cesse les cordages pour profiter au mieux d'un vent inconstant aux abords de la terre. Sur ce dernier point, j’aurais pu les aider, mais leur apathie des dernières semaines m’en empêchait. Sans compter que les marins, tous bons travailleurs, étaient dirigés par un capitaine sérieux et prudent. Ils n’avaient donc pas besoin d’assistance.

Soraya et moi appréciâmes le spectacle que nous offrait l’entrée du port et l’esquisse de la ville en arrière-plan. Gahana s'étageait sur le flanc d'une colline et s’étendait sur un vallon à l’est. De loin, je devinais déjà que la structure de la ville déviait de celle de Vasilias. Dans la capitale de mes contrées, le port était le lieu de vie principal et la place du marché se trouvait juste à côté. Il s’agissait du centre de la cité, cœur du commerce et de la vie sociale. À Gahana, les habitations se dressaient en longs blocs séparés par des routes interminables. Je ne voyais pas de zone dégagée qui indiquerait une place forte. Ou étais-je trop loin pour l’apercevoir ?
Le soir tomba brutalement lorsque le soleil glissa derrière la colline de Gahana. Le navire venait d’entrer dans le bassin d’accostage, voiles basses carguées. D’autres embarcations, du bateau de commerce comme le nôtre à la barque du pêcheur, évoluaient dans le port dans l’attente de s’ancrer ou de partir en haute mer. Un trois-mâts occupait l’appontement principal, entouré d’une dizaine de chaloupes où des silhouettes lointaines s’agitaient. Le reste des docks était un mélange diffus d’embarcations en mouvements, de voyageurs pressés, de matelots bruyants et de marchandises entreposées. Les badauds nous jetèrent à peine un regard alors que nous approchions doucement d’un quai de débarquement momentanément vide.
Les autres voyageurs qui ne faisaient pas partie de l’équipage attendaient impatiemment l’arrivée. Certains se firent bousculer sans douceur par des marins gênés dans leur travail. Prudentes, Soraya et moi nous fîmes minuscules contre le garde-fou. Nos maigres affaires attendaient dans la cale, en compagnie des marchandises du navire. Pour voyager, nous avions fait léger ; seulement trois besaces : une pour chacune d’entre nous afin de transporter quelques effets personnels et une troisième réservée à notre matériel de campement et à quelques ustensiles.
Il fallut une bonne demi-heure de manœuvre guidée par les barques d’accostage avant que Soraya et moi pûmes descendre. Quelques matelots nous toisèrent d’un air mauvais pendant que nous empruntions la planche de traverse. L’un d’eux grommela « Bon débarras » un peu trop fort, ce qui lui valut un regard assassin de Soraya. Comme l’homme gardait son attitude arrogante, l’Impératrice laissa quelques flammèches naître au bout de ses doigts. Avec une grimace, le marin fit demi-tour en jurant tout bas.
— Mes Terres me manquent, souffla Soraya d’une voix tremblante – de colère ou d’appréhension, je n’étais pas certaine. J’espère que les Aviriens, hommes comme femmes, seront accueillants et respectueux.
— D’après les leçons que mes professeurs m’ont inculquées, il s’agit d’un peuple serein et juste.
— Comme les Orientaux ?
— En effet, acquiesçai-je avec un sourire, les visages de Wilwarin et de Vanä s’esquissant furtivement dans mes pensées.
Je n’avais pas eu l’occasion d’échanger longtemps avec les deux Sages. Si j’avais côtoyé Wil pendant quelques jours, appréciant sa bienveillance et son calme, je n’avais pu discuter que quelques heures avec Vanä. La femme – qui était alors accompagnée d’un guérisseur, Mars – nous attendait à Ma’an et était très vite repartie à Enetari, où l’Épine attendait qu’elle leur rendît compte. Moins douce que Wil, la Sage s’était de même montrée d’un sang-froid exemplaire. Je comprenais pourquoi Al l’admirait – elle avait les qualités qui lui faisaient défaut.

J’enfonçai le nez dans le col de ma cape dans une vaine tentative de me protéger des effluves écœurants des docks. Poisson, iode, sueur animale et eau croupie se mélangeaient dans les courants qui soulevaient nos cheveux et faisaient claquer nos vêtements. Si le ciel s’était quelque peu dégagé, le vent restait tenace. J’appréciais de sentir son souffle – ma nature d’Élémentaliste occidentale aidait – mais Soraya grimaçait tandis que nous remontions les quais à contre-courant.
Sans repères particuliers, il nous fallut un moment avant de trouver un chemin qui nous éloignait du port. Nous dûmes esquiver du bétail en déplacement, des groupes de matelots chargeant des vivres sur les navires en préparation, des voyageurs aussi confus que nous et les marchands de poisson qui nous hélaient sans cesse. Les chiens couraient entre nos jambes, des enfants venaient mendier en s’agrippant à nos vêtements.
Lorsqu’une première petite fille apparut devant moi, ses maigres jambes pâles nues malgré la fraîcheur, ses cheveux sales coincés dans le col de sa tunique effilée, son visage crasseux rougi par les rafales humides, je manquai m’agenouiller devant elle pour la serrer dans mes bras et lui offrir un peu de chaleur. Il n’y avait pas – ou très peu – de nécessiteux dans mes Terres. En échange de parcelles et de titres, les Nobles devaient s’occuper des Hommes qui peuplaient leur territoire et leur assurer un travail et un toit.
Sans Soraya, bien plus familière à ce genre de manœuvre, pour m’avertir, les compagnons de la fillette m’auraient sûrement dépouillée de ma bourse pendant que je compatissais au sort de la petite. L’Impératrice m’avait gourmandée pour ma naïveté et mon inattention, avant de se tenir près de moi pour s’assurer que personne ne tentait de me voler.
Alors que je pensais retrouver la bonne humeur en débarquant à Gahana, je ne sentais que le dépit, l’impuissance et la frustration grandir en moi. À quel point la misère avait-elle empoisonné cette ville pour que nous dûmes nous méfier d’enfants ?

Comme anesthésiée par la traversée du port, je prêtai tout juste attention au paysage. Avec les rafales humides et glacées qui traversaient les rues et faisaient s’envoler les marchandises, les petits commerces ambulants replièrent leurs présentoirs et s’en allèrent, les plus pauvres avec leurs affaires sous le bras, les plus aisés en carriole. Les habitants, sentant revenir la pluie, coururent s’abriter chez eux et les voyageurs se hâtèrent vers les auberges. La foule semblait fiévreuse tandis que l’orage menaçait au loin.
Je recouvrai mes esprits après avoir grimpé une volée de marche qui donnait sur l’une des longues routes que j’avais aperçues depuis le navire. Comme je l’avais soupçonné, la rue sablonneuse menait vers l’est jusqu’à perte de vue, où Gahana semblait s’étendre comme un corps échoué.
De part et d’autre de la grande voie s’étiraient des rangées d’habitations disparates. Le rez-de-chaussée était souvent occupé par une échoppe et un ou deux étages la surplombaient. Les maisons, pressées les unes contre les autres au point qu’elles en devenaient tordues, avaient des façades aux couleurs vives, mais défraîchies par le soleil et le vent. Comme la rue s’inclinait très légèrement en provenant de l’est, des rigoles avaient été creusées dans le sol, aux pieds des habitations. En prêtant plus attention à leur parcours, je remarquai que les petites tranchées descendaient jusqu’au port.
Soraya rabattit le capuchon de sa cape lorsque des gouttelettes commencèrent à tomber. Nous nous remîmes en marche et empruntâmes la grande rue, observant avec envie les petits restaurants qui fleurissaient au bas des habitations. Nous ne croisâmes pas d’auberge pendant quelques minutes, si bien que nous grimpâmes une petite volée de marches qui menait à une route parallèle, quelques mètres au-dessus de celle que nous venions de quitter.
La ville était ainsi constituée de longues routes parallèles qui grimpaient jusque sur la colline qui surplombait la ville. Comme nous montions à la recherche d’une auberge et quittions doucement le port, je compris que les familles un peu plus aisées logeaient ici. Les maisons, toujours proches et petites, mais moins collées les unes aux autres, se faisaient face, seulement séparées par la route. Nous trouverions sûrement une auberge digne de ce nom dans le quartier.

Alors que nous accélérions le pas, pressées par la bruine qui s’était mise à tomber, je levai le nez vers la colline et plissai les yeux dans l’obscurité naissante. Par logique, les baraquements que je distinguais grâce aux torches allumées sur les parois devaient être ceux d’un corps armé, gouvernemental ou religieux. Les habitations sans importance n’étaient pas installées dans un lieu aussi stratégique.
— Alice, par ici ! lança Soraya en se précipitant sous le porche d’une habitation à la façade d’un rouge fané.
Elle s’engouffra par la porte sans hésitation et je la suivis rapidement. À l’intérieur, la salle commune n’était occupée que par une demi-douzaine de clients. Éclairée chaleureusement par des lanternes fixées au mur, la salle de restauration était meublée d’un comptoir qui prenait la moitié du mur en face de nous et d’une dizaine de tables en bois clair délavé.
Nous déposâmes nos sacs avec un soupir de soulagement avant de rabattre nos capuchons. Quelques secondes plus tard, un homme d’une quarantaine d’années, tablier usé autour du cou, s’approcha de nous. Il grimaça brièvement en remarquant les traces boueuses que nous avions laissées sur son parvis avant de nous adresser un mince sourire de politesse.
— Bonsoir, mesdames. Comment puis-je vous aider ?
Sa maîtrise de notre langue était irréprochable. Je n’étais pas certaine de parler l’avirien avec autant d’aisance… L’homme devait être habitué à une clientèle de voyageurs.
— Nous voudrions le repas et un couchage pour ce soir, répondis-je après quelques secondes d’hésitation.
— Très bien. (Il observa brièvement nos affaires.) Voulez-vous que je fasse monter vos effets personnels dans votre chambre ?
— Oui, s’il vous plaît.
Il hocha la tête, nous indiqua une table libre puis disparut dans les cuisines, d’où s’échappait un fumet qui creusait mon estomac un peu plus à chaque seconde.
Soraya s’étendit sur sa chaise en poussant un long soupir. Ses traits s’étaient tirés.
— Tout va bien ? murmurai-je en ôtant ma cape pour l’étendre sur le dossier de mon siège.
— J’ai connu un confort de vie plus… agréable.
Je grimaçai un sourire contrit. Je connaissais ce sentiment. Il m’avait beaucoup traversée, alors que je passais mes premières nuits à la belle étoile en compagnie d’Achalmy. Néanmoins, avec les mois écoulés, j’avais eu le temps de m’habituer à ce train de vie. Pour Soraya, qui avait brutalement été arrachée à son trône, l’adaptation devait être plus compliquée.

Lorsque l’homme revint, il avait deux bols dans les mains. Il les déposa devant nous sans un mot puis repartit s’occuper d’autres clients.
— Pas très loquace, l’Avirien, remarqua Soraya en l’observant du coin de l’œil.
Entourant le bol de mes mains dans l’espoir de me réchauffer, je levai le regard du bouillon de légumes et de riz pour observer l’aubergiste. Comme la plupart des Aviriens, il avait une silhouette assez longiligne, accordée par des membres plus grands que chez nous. De même, ses cheveux noirs avaient une teinte violette sous la lumière orangée. Son visage étiré, aux os longs et fins, lui donnait un air de rapace. De la même manière que nos coutumes et notre langue étaient distinctes, les Aviriens se différenciaient par leur physique.
Sans plus attendre, je pris une cuillère de soupe. Le riz, gorgé de bouillon, était fondant et parfumé en bouche. Les légumes, légèrement épicés, rehaussaient le goût du plat. Certains m’étaient complètement inconnus. L’un d’eux, rougeâtre, était légèrement sucré.
— Des carottes ? marmonna Soraya pour elle-même en isolant un morceau dans sa cuillère.
— Je n’en avais jamais goûtées de cette variété.
— Moi non plus. Ce n’est pas si mal.
Lorsque nous eûmes terminé nos bols, nous payâmes le repas et la chambre puis nous nous installâmes dans deux fauteuils en face de la cheminée. Les prix étaient largement abordables ; je ne pensais pas que nous nous étions fait avoir – sans compter que le tenancier avait pris notre argent sans rechigner malgré la différence de devises. Et je n’étais pas trop inquiète : avec la bourse de Soraya combinée à la mienne, nous avions une bonne marge.
Soraya n’avait pas réellement de biens à présenter, dans son rôle de marchande sudiste. Elle prétendrait que ses bijoux et ses accessoires étaient un aperçu de ce que sa caravane possédait et était prête à commercer. De toute façon, nous ne comptions pas nous éterniser à Mor Avi et nous amuser à jouer nos rôles plus que nécessaire.

Alors que l’Impératrice et moi nous détendions face aux flammes paresseuses, une adolescente d’une quinzaine d’années s’approcha de nous. Ses yeux foncés aux iris immenses – encore une particularité avirienne – nous dévisagèrent avec excitation tandis qu’elle s’agenouillait près de la cheminée.
— Vous venez d’Oneiris ? s’enquit-elle avec un accent haché.
— Je parle avirien, lui appris-je en utilisant sa langue. Si tu préfères parler ainsi.
— Et votre amie ?
— Je ne le comprends pas bien, avoua Soraya, qui avait tout de même des bases.
— Alors je parlerais votre langue, nous rassura la jeune fille avant de m’adresser un rictus ravi. J’étais sûre que vous étiez Oneiriannes !
Nous utilisions si peu notre gentilé que le mot me fit sourire. Tressés, ses cheveux noirs aux reflets violets me rappelèrent soudain l’aubergiste.
— Tu es la fille du propriétaire ? demandai-je en jetant un coup d’œil par-dessus mon épaule.
— Oui, je m’appelle Gen Lia.
Lia de la vague, traduisis-je mentalement, souriant face à l’habitude des aviriens de donner des significations à leurs noms.
Tosa est un peu froid envers les étrangers, mais vous représentez notre clientèle principale.
— Ne t’inquiète pas, la rassurai-je avec un regard bienveillant. Pour sa défense, nous sommes arrivées toutes mouillées et sans même frapper à la porte.
— Nous ne toquons jamais, répliqua l’adolescente avec un rire sonore.
Soraya esquissa un demi-sourire avant de retourner à la contemplation de la cheminée. Les flammes jetaient un éclat doré sur sa peau, inondant ses yeux mordorés d’or liquide et faisant scintiller ses boucles brunes. J’enviais sa beauté naturelle et comprenais mieux pourquoi les hommes la dévisageaient partout où elle allait.
— Et vous venez d’où, exactement ? reprit Gen Lia, une étincelle dans les yeux. D’Enetari ? Il paraît qu’on habite dans les arbres, là-bas !
— C’est vrai, acquiesçai-je avec un petit rire devant son expression admirative. Mais ne venons pas d’Enetari. (Je me redressai pour qu’elle vît Soraya.) Mon amie vient des Terres du Sud, de Lissa, plus précisément.
— Lissa ?
— La plus belle cité sudiste, nichée au cœur d’une oasis. On y trouve le Palais d’Or, la demeure impériale.
Je me gardai bien de préciser que la régnante sudiste elle-même était avachie à nos côtés.
— Les Impératrices, murmura soudain Gen Lia d’un air rêveur. J’en ai entendu parler… Ça doit être incroyable, des contrées où les femmes règnent.
— Ce n’est pas le cas, à Mor Avi ? intervint Soraya, qui était très réactive sur ces sujets-là.
— Ce sont les Gardiens qui règnent, murmura l’adolescente, soudain intimidée. Et les Gardiens ne se définissent pas selon leur âge, genre ou force. Ils… (Elle nous jeta un regard intrigué.) Il faut que nous connaissiez notre religion et notre Dieu pour comprendre.
— Les Gardiens sont les… représentants de votre Dieu, c’est bien cela ? soufflai-je d’un ton hésitant, intimidée à l’idée de la vexer.
— C’est tout à fait ça ! En fonction de leur représentation de Rug Da, les Gardiens s’installent dans un Sak, un Sanctuaire, puis lui dédient leur vie. Ce sont eux qui gèrent la société, à Mor Avi.
— Rug Da… chuchota Soraya en observant les flammes de la cheminée. Le Changeur. Votre Dieu.
La perspective du monothéisme semblait la rendre perplexe. Je souris, sachant déjà que la religion avirienne était plus complexe qu’elle ne le laissait penser.
— Et vous, d’où êtes-vous originaire ? me questionna Gen Lia en se redressant, de nouveau curieuse et excitée comme une puce.
— Je viens de Vasilias, la capitale des Terres de l’Ouest.
L’air pensif, l’adolescente hocha la tête.
— Oui, je connais. La plupart des bateaux viennent de Vasilias. (Elle pinça les lèvres en se retenant soudain de sourire.) Et… comme vous êtes Occidentale, peut-être connaissez-vous le Château du Crépuscule ?
Dans les moindres recoins.
— Pas vraiment, répondis-je d’un air désolé, sentant ma gorge se serrer face au mensonge. Mais nous n’avons pas vraiment le droit de nous y rendre, il est réservé à la famille royale.
Les yeux de la jeune fille se mirent à pétiller.
— La famille royale… J’aimerais tellement les voir en vrai ! (Devant mon rictus involontaire, elle rougit puis baissa le nez.) Excusez-moi, j’ai entendu dire que la princesse et le roi étaient morts… Je ne voulais pas vous rappeler la perte de votre souverain.
De mon père.
Comme les larmes commençaient à me piquer les yeux, je me détournai, prétextant une soudaine émotion d’Occidentale attachée à sa monarchie. Soraya me jeta un regard désolé en apercevant mon visage défait. La mort de mon père, brutale et rapide, me taraudait comme jamais. J’avais le sentiment de n’avoir pu lui dire adieu, de n’avoir pu faire mon deuil comme je le devais. Emporté par la folie de Calamity, le fantôme de mon père continuait de hanter mes cauchemars. Je le revoyais, au milieu du vent et du sable, écrasé par sa propre monture, ses cheveux grisonnants fouettant sauvagement son visage sévère. Il n’avait pas toujours été cet homme bourru et calculateur. Le comte Wessex Bastelborn, le Dieu Aion, l’avait changé, l’avait manipulé, avait fait ressortir les pires facettes de sa personnalité.
Je me rappelais ses épaules larges lorsqu’il me laissait grimper dessus pour observer par-dessus les remparts, son sourire de connivence lorsqu’il faisait croire à ma mère qu’une simple histoire m’attendait pour le soir, alors que nous avions déjà prévu une bataille de polochons. Je me souvenais de ses yeux indigo, fiers et bienveillants, plantés dans les miens tandis que je faisais surgir mes premières étincelles, vers l’âge de huit ans. La façon dont il soulevait ma frange de cheveux noirs pour m’embêter, sa main puissante et rassurante entre mes omoplates lorsque j’étais intimidée par des rencontres diplomatiques.
Il avait été un père aimant et ma conscience faisait tout pour me le rappeler.

Les larmes roulaient bel et bien sur mes joues. À la fois émue par les souvenirs et agacée par ma faible résistance au chagrin, je séchai rapidement mes joues à l’aide de ma manche de chemise. Gen Lia, sûrement perturbée par mon excès d’émotion, restait silencieuse.
J’attendis d’avoir repris contenance avant de me tourner de nouveau vers elle. Je lui adressai un sourire penaud en serrant mes mains l’une dans l’autre pour les empêcher de trembler.
— Excuse-moi, la perte de mon roi et de sa fille m’a beaucoup touchée.
— C’est moi qui suis désolée, bredouilla Gen Lia en s’empourprant de gêne.
Elle semblait vouloir dire quelque chose, mais son embarras l’en empêchait.
— Tu as d’autres interrogations ? murmurai-je gentiment en me penchant vers elle.
Surprise que je l’eusse percée à jour, elle sursauta légèrement puis m’observa d’un air incertain.
— En fait… Il paraît qu’il y a… des… Humains capables de contrôler les éclairs et de faire trembler le sol, à Oneiris.
Amusée par le mélange de crainte et d’envie qui perçait dans la voix de la jeune fille, Soraya esquissa un sourire en coin puis se pencha. Et, sans prévenir, elle bondit de son fauteuil en criant. Effrayée, Gen Lia voulut reculer, oublia qu’elle était agenouillée puis trébucha.
Tosa ! hurla-t-elle en fondant en larmes.
Une seconde plus tard, l’aubergiste sortit des cuisines, l’air inquiet.
— Gen Lia ? Avrok’mun ?
Tout va bien ?
Honteuse de la mauvaise blague que lui avait joué Soraya, je me levai et m’agenouillai près de Gen Lia, lui tendant une main rassurante.
Figaz, soufflai-je en avirien d’un ton mortifié. Heyo Soraya jui sale.
Désolée. Soraya voulait te faire une blague.
Les yeux encore écarquillés de peur, Gen Lia mit du temps avant d’accepter mon aide.
Figaz, marmonna l’Impératrice à son tour en détournant le regard.
Je soupirai discrètement puis observai Gen Lia, qui s’était éloignée de Soraya. Elle semblait soudain bien plus tendue.
— Nous n’allons pas te faire de mal.
— Alors… vous en êtes capables ? s’étonna Gen Lia en ouvrant grand la bouche.
Comme j’hésitais, Soraya s’approcha de la cheminée. Elle adressa un petit hochement de tête à Gen Lia puis tendit les doigts. Avec douceur, quelques flammèches s’étirent vers elle, comme attirées par la peau caramel de la Sudiste. L’adolescente avirienne écarquilla les yeux tandis que l’Impératrice faisait remonter lentement le feu sur son bras, comme un serpent s’enroulant sur sa peau.
Trel, chuchota Gen Lia en se levant doucement, encore intimidée par les capacités de Soraya.
Elle braqua soudain les yeux sur moi. Je me sentis étrangement dangereuse dans son regard. Elle me toisait comme si j’étais prête à exploser d’un moment à l’autre.
— Et toi ?
Légèrement crispée, j’hésitai pendant quelques secondes. J’avais peur de l’effrayer en faisant surgir l’électricité de mes mains. Néanmoins, tandis que ses yeux à la fois émerveillés et terrifiés me dévisageaient, j’eus soudain une idée.
Avec un petit sourire, je murmurai « ruiz », air, puis fis se soulever quelques mèches de cheveux dans le col de l’adolescente. Elle poussa un petit couinement surpris avant de se retourner.
— C’était toi ? bredouilla-t-elle en passant une main dans son cou.
— Oui, avouai-je avant de tendre les mains devant moi.
Tout doucement, pour ne pas lui faire peur, je commençai à éclairer mes doigts de quelques étincelles bleutées. Le visage de Gen Lia, teinté de bleu, se transforma. Ses lèvres minces s’étirèrent jusqu’à ses oreilles aux lobes pointus, ses yeux se noyèrent d’admiration et ses traits de tirèrent de ravissement.
Trel, trel… Trel ! s’exclama-t-elle en piétinant sur place.
Incroyable.
Amusée par sa joie soudaine, j’augmentai le flux et l’électricité crépita entre mes doigts jusqu’à former une toile luminescente entre mes mains.
Et les yeux de Gen Lia continuèrent de scintiller toute la soirée.


Dernière modification par louji le jeu. 16 déc., 2021 10:04 am, modifié 5 fois.
DanielPagés

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

J'avais un peu oublié qu'il y avait un nouveau chapitre... mais c'est fait !
Bon, on n'a pas beaucoup avancé, mais j'aime bien ces étapes exotiques et j'adore la rencontre avec Gen Lia. Les auberges (comme les marchés et les ports) sont décidément des lieux où grouille une vie passionnante, où on peut sentir l'âme d'un monde !
Oui, le début a été un peu laborieux, semble-t-il.

J'ai noté quelques bizarreries, comme d'hab. :

Autour de nous, les matelots s’activaient, ajustant la position et le déploiement des voiles, nouant et déplaçant des cordes, s’assurant de la direction et de la puissance du vent. - ajustant les voiles et réglant sans cesse les cordages pour profiter au mieux d'un vent inconstant aux abords de la terre ?

Sur ce dernier point, j’aurais pu les aider, mais leur apathie des dernières semaines m’en empêchait. - pas bien compris ce que tu veux dire...

Gahana grimpait une colline - sur le flanc d'une colline ? ou s'étageait sur le flanc d'une colline ?

L’obscurité tomba brutalement lorsque le soleil glissa derrière la colline de Gahana. - ce qui suppose que derrière il n'y a rien de plus haut que cette colline, c'est plat jusqu'à l'horizon ? Le mot obscurité est un peu violent, non ? si le soleil se cache ça fait plutôt de l'ombre... l'obscurité vient tout de même un peu plus tard, même sous les tropiques où le passage à la nuit est rapide.

Le navire venait d’entrer dans le bassin d’accostage, grandes voiles baissées. - voiles basses carguées (un jour faudra que tu grimpes à bord d'un grand voilier ;) )

en attente de s’ancrer ou de partir en mer profonde - ou de sortir en haute mer ? ou d'appareiller vers la haute mer ?

Nos maigres affaires nous aidaient à occuper le moins d’espace possible. - (c'est pas les affaires qui aident, mais leur maigreur... :D) le peu de volume de nos maigres affaires nous aidait ?

les petits commerces amovibles - ambulants, plutôt, non ? amovible s'applique plutot à quelque chose de matériel et simple.

les voyageurs se hâtèrent dans les auberges - vers les auberges

je levai le nez vers la colline et plissai les yeux dans l’obscurité. - jusque là t'as l'air d'y voir bien clair... donc je suggèrerais d'installer la nuit à partir de ce moment pour être en cohérence avec ce que tu racontes ensuite : ... et plissai les yeux dans l'obscurité qui s'installait

les baraquements que je distinguais grâce aux torches allumées sur les parois devaient être un corps armé, gouvernemental ou religieux. - devaient appartenir (ou être ceux d') à un corps gouvernemental, armé ou religieux...

et d’une dizaine de tables en bois défraîchi - défraîchi ? pour le bois c'est pas évident. décoloré ? délavé ?

nous payâmes le repas et la chambre puis nous installâmes dans deux fauteuils
Alors que l’Impératrice et moi nous détendions face aux flammes paresseuses

Dans les deux phrases ci dessus les verbes sont "s'installer" et "se détendre", il est donc logique d'écrire 'nous nous installâmes' et 'nous nous détendions'

nous sommes arrivées toutes mouillées et sans même toquer. - ahah ! je fais toujours la guerre à toquer... 'frapper à la porte' serait bien mieux !

Je me souvenais ses yeux indigo - en principe on se souvient de... quelque chose et on se rappelle... quelque chose


Bon, voilà ! J'aime bien ton monde ! alors, continue !

Tu es en vacances bientôt ?
J'ai de la lecture pour toi...
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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

Bonzoir Sunshine :3

Patate que je suis, j'avais zappé que Mor Avi était juste un continent :oops: Ach

Ce chapitre est vraiment super! J'aime beaucoup quand tu prends le temps de poser le paysage: la port, la ville, les rues, l'auberge... On a l'impression d'y être, me gusta beaucoup. ♥

J'aime beaucoup Soraya (choquant, hein? XD). Je suis vraiment contente que tu développes les persos secondaires, parce qu'il y a que du bon *^*

On en parle de la petite choupinette adorable? Gen Lia. Alors, outre le fait que cette scène était par-faite, sa curiosité enfantine est trognonne. Toute leur conversation était très attendrissante, j'ai vraiment adoré aaaaaaah (づ。◕‿‿◕。)づ

Et puis, s'il y a un truc que je trouve intéressant plus que tout dans les livres, c'est la culture et les langues. ET LA, J'EN AI EU PLEIN LES YEUX. Yes, please, more, please :3

J'ai juste tiqué sur quelques petites choses :
louji a écrit :La défense du port ne doit pas être difficile

:arrow: Défendre le port ne doit pas être difficile? Je ne sais pas, j'ai un peu buté dessus quand j'ai lu la phrase :v
louji a écrit :D’autres embarcations, du bateau de commerce comme le nôtre à la barque du pêcheur, évoluaient dans le port en attente de s’ancrer ou de partir en mer profonde.
:arrow: J'aurais plus dit "dans l'attente"? Après, je peux totalement me gourer :v
louji a écrit :Ce sont les Gardiens qui règnent, murmura l’adolescent, soudain intimidée.
:arrow: Juste un petit e à adolescente :D (bonjour, je suis un détail)

J'ai hâte de lire la suite \O/ C'est vraiment top! Continue comme ça :D
louji

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Re: Oneiris, tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :J'avais un peu oublié qu'il y avait un nouveau chapitre... mais c'est fait !
Bon, on n'a pas beaucoup avancé, mais j'aime bien ces étapes exotiques et j'adore la rencontre avec Gen Lia. Les auberges (comme les marchés et les ports) sont décidément des lieux où grouille une vie passionnante, où on peut sentir l'âme d'un monde !
Oui, le début a été un peu laborieux, semble-t-il.

J'ai noté quelques bizarreries, comme d'hab. :

Autour de nous, les matelots s’activaient, ajustant la position et le déploiement des voiles, nouant et déplaçant des cordes, s’assurant de la direction et de la puissance du vent. - ajustant les voiles et réglant sans cesse les cordages pour profiter au mieux d'un vent inconstant aux abords de la terre ?

Sur ce dernier point, j’aurais pu les aider, mais leur apathie des dernières semaines m’en empêchait. - pas bien compris ce que tu veux dire...

Gahana grimpait une colline - sur le flanc d'une colline ? ou s'étageait sur le flanc d'une colline ?

L’obscurité tomba brutalement lorsque le soleil glissa derrière la colline de Gahana. - ce qui suppose que derrière il n'y a rien de plus haut que cette colline, c'est plat jusqu'à l'horizon ? Le mot obscurité est un peu violent, non ? si le soleil se cache ça fait plutôt de l'ombre... l'obscurité vient tout de même un peu plus tard, même sous les tropiques où le passage à la nuit est rapide.

Le navire venait d’entrer dans le bassin d’accostage, grandes voiles baissées. - voiles basses carguées (un jour faudra que tu grimpes à bord d'un grand voilier ;) )

en attente de s’ancrer ou de partir en mer profonde - ou de sortir en haute mer ? ou d'appareiller vers la haute mer ?

Nos maigres affaires nous aidaient à occuper le moins d’espace possible. - (c'est pas les affaires qui aident, mais leur maigreur... :D) le peu de volume de nos maigres affaires nous aidait ?

les petits commerces amovibles - ambulants, plutôt, non ? amovible s'applique plutot à quelque chose de matériel et simple.

les voyageurs se hâtèrent dans les auberges - vers les auberges

je levai le nez vers la colline et plissai les yeux dans l’obscurité. - jusque là t'as l'air d'y voir bien clair... donc je suggèrerais d'installer la nuit à partir de ce moment pour être en cohérence avec ce que tu racontes ensuite : ... et plissai les yeux dans l'obscurité qui s'installait

les baraquements que je distinguais grâce aux torches allumées sur les parois devaient être un corps armé, gouvernemental ou religieux. - devaient appartenir (ou être ceux d') à un corps gouvernemental, armé ou religieux...

et d’une dizaine de tables en bois défraîchi - défraîchi ? pour le bois c'est pas évident. décoloré ? délavé ?

nous payâmes le repas et la chambre puis nous installâmes dans deux fauteuils
Alors que l’Impératrice et moi nous détendions face aux flammes paresseuses

Dans les deux phrases ci dessus les verbes sont "s'installer" et "se détendre", il est donc logique d'écrire 'nous nous installâmes' et 'nous nous détendions'

nous sommes arrivées toutes mouillées et sans même toquer. - ahah ! je fais toujours la guerre à toquer... 'frapper à la porte' serait bien mieux !

Je me souvenais ses yeux indigo - en principe on se souvient de... quelque chose et on se rappelle... quelque chose


Bon, voilà ! J'aime bien ton monde ! alors, continue !

Tu es en vacances bientôt ?
J'ai de la lecture pour toi...
Bisoux
Oh, pas de soucis, ça n'allait pas s'envoler ! ;)

Oui, c'est vrai que le rythme est un peu plus lent que le début du T1... En espérant rendre ces étapes intéressantes quand même ^^ Et, effectivement, c'est toujours sympathique d'écrire sur des lieux de ce genre, c'est assez libre et imprévisible :D
Anéfé, j'étais pas du tout à l'aise avec le début de la description du port... Je savais pas du tout comment aborder la chose, sans compter que je m'y connais pas assez sur tout ce qui est maritime (ça doit bien se sentir :lol: ). Mais je le laisserai de côté pour le reprendre peut-être plus tard et je saurai peut-être trouver des tournures plus sympa ^^

Pour les remarques :

- As usual, tu as le don de rendre des phrases "bateau" (sans mauvais jeu de mot) beaucoup plus sympathique... !
- L'équipage se montre assez froid et méprisant envers Alice et Soraya parce qu'elles n'ont pas exactement cédé à leurs charmes... C'est ça que je voulais traduire par "apathie" :?
- S'étageait c'est bien ! Puis c'est bien l'idée que je voulais faire ressortir :)
- Il n'y a rien de plus grand sur des centaines de kilomètres, mais y'a quand même une grosse chaîne de montagnes plus loin à l'ouest... Et, effectivement, c'est un peu exagéré obscurité ;)
- Ui. Gé 1 un peux onte de ma mékonaiçansse du monde maritime :oops: :(
- HAUTE MER. C'EST LE TERME QUE JE CHERCHAIS AU MOMENT DE L'ÉCRITURE ARGH. Merci :D
- Effectivement :''D
- Ambulants, c'est plus joli, merci :)
- Yep !
- Tu n'aimes pas ce verbe ou c'est qu'il est passé dans la langue courante alors qu'il est inexact ? ;)
- Argh, je me rappelais que le "de" ne se plaçait pas toujours, mais c'était avec "se rappeler", pas "se souvenir" :(

Merci beaucoup pour toutes tes remarques ! ;)

Oui, je suis vacances depuis aujourd'hui, j'ai rendu mon mémoire hier ;) Du coup, tu peux tout m'envoyer ! :D
Bizouze
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