Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

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Judas_Cris

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

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51




Les jours passaient ainsi, selon le même rythme calculé à l’avance.
Vel disposait de sa propre chambre dans la tour du Haut-Sage, mais Saham le réveillait à la même heure que ses propres recrues, et il commençait l’entrainement matinal avec l’arrière-garde pendant une heure avant d’avoir droit à un petit déjeuné de fortune. Les Elfes ne mangeaient presque rien le matin, si ce n’est une maigre petite galette de céréales pâteuse et fade. Certains elfes consommaient un peu d’alcool à cette heure, mais le vin elfique était si fort qu’il était bu coupé avec de l’eau, et Vel trouvait ce mélange si étrange qu’il ne tenait pas à y goûter. Saham était généralement avec lui lors de la prise du petit déjeuné, et passait le repas à détailler les petites erreurs qu’il avait commise, puis le conseillait sur la manière de ne plus les commettre. Faire preuve d’humilité lorsqu’on a le ventre vide, après une nuit courte et une heure d’entrainement militaire intensif était très difficile, mais Saham n’était jamais cruelle ou cassante, et il avait conscience d’apprendre beaucoup sous la tutelle de cette professeure attentive.
Une fois l’estomac à moitié rempli –il préférait le voir à moitié plein qu’à moitié vide- il disposait encore de trois bonnes heures avant midi. Il avait une heure à lui avant ses cours d’elfique ; heure qu’il utilisait soit à dormir, soit à essayer de lire les quelques parchemins que lui avait donné Gilhio – un ensemble d’écritures si petites qu’il arrivait à peine à les déchiffrer. Ensuite venait ses deux heures avec Hyllma, une Elfe d’âge mure qui maitrisait la langue humaine aussi bien que son elfique ou que la langue naine et les dialectes de la région du Cadran, et qui servait de traductrice à la troupe de Lassam ainsi que, dans le cas présent, de professeure lorsque le besoin apparaissait. L’Elfique était une langue difficile, avec des syllabes régulières et des syllabes irrégulières qui changeaient la prononciation d’un même mot suivant le temps employé. La conjugaison, chose si simple en langue humaine, s’appliquait en elfique non plus seulement au verbe, mais à toutes les syllabes irrégulières de la phrase ; tant et si bien que Vel n’avait plus l’impression d’apprendre une langue mais quatre – les quatre temps majeurs de l’elfique : le passé, le présent descriptif, le futur, et le génératif. Il mémorisait bien les syllabes régulières, comme les suffixes et les préfixes, mais avait du mal avec un vocabulaire de base qu’il fallait mémoriser dans quatre temps différents –la langue elfique contenait en réalité huit temps usités, mais mêmes les Elfes se contentaient souvent des quatre majeurs à l’oral, alors que narrer un récit demandait d’utiliser des temps bien plus complexes. Hyllma avait un jour essayé de le mettre à l’écriture elfique, mais Vel l’avait vite persuadée que c’était inutile : rien qu’acquérir les notions de base lui permettant de déchiffrer ce qui était lettre et ce qui était indication de tonalité lui prendrait plus d’un mois, et ils n’avaient pas autant de temps. Il préférait se concentrer sur la langue parlé, et Hyllma avait fini par lui donner raison.
Après cela, il partait déjeuner avec la troupe de Saham –laquelle avait passé le reste de la matinée à entretenir le fort. Les mages se mêlaient parfois à eux mais parlaient peu. Le repas était bien souvent fade au gout de Vel. Il avait bien une fois demandé s’il pouvait avoir du sel, mais avait reçu des regards si étonnés qu’il s’était rétracté. De manière générale, le repas était un temps de repos et de calme.
Son après-midi était entièrement consacrée à ses études avec le Haut-Sage, dans la tour et au dehors. Les exercices de base se multipliaient, et il apprenait peu à peu à mieux maitriser son aura et les forces de son corps. Gilhio appelait ça l’harmonie des énergies, et Vel se rendait compte qu’il la pratiquait parfois de manière inconsciente lors d’un combat. En jouant sur cet équilibre d’énergie magique –l’énergie de son âme- il pouvait modifier de façon infime les réactions de son corps. Ce n’était qu’à peine détectable, mais l’optimisation de ses énergies d’âme rendait peu à peu son corps plus rapide et plus précis lors des entrainements du matin et du soir. Vel pratiquait ainsi des exercices d’un drôle de style qui consistait à bouger très lentement, en affinant le plus possible ses énergies lors du mouvement, jusqu’à accélérer le mouvement par la seule force de l’âme. Ce qu’il faisait s’apparentait bien souvent à une drôle de gymnastique où il exécutait des mouvements complexes d’équilibre, ce qui impliquait de maitriser à la fois son équilibre extérieur et intérieur. Si Vel avait d’abord râlé face à cet enseignement étrange, force lui était de constater que son esprit, comme son corps, renforçaient leur puissance et leur précision par ces pratiques.
Le Haut-Mage le laissait bien souvent en autonomie pour ce genre d’exercice et Vel, lors de ses entrainements magiques dans la cour, apercevait quelques fois le Pirahis ou la Toca qui le regardait. Ces deux-là semblaient trainer dans le camp sans véritable but : ils n’effectuaient aucune tâche, ne faisaient aucun tour de garde… A vrai dire, les seuls fois où Vel les surprenaient, ils étaient en train de l’observer. Il avait bien essayé de poser des questions sur eux aux soldats de Saham, avec son petit niveau d’Elfique, mais il se heurtait à une sorte de tabou à leur égard. Qui étaient-ils ? La Toca s’appelait Narï –on le lui avait dit lors du Raj’talä – et le Pirahis avait combattu à ses côtés lors de la prise de la Cytadelle, certes, mais il ne savait rien de plus sur eux.
Vel avait parfois l’impression d’être au cœur d’un grand isoloir : si rien ne lui était refusé, on veillait très attentivement à le laisser dans l’ignorance. Il n’était pourtant pas aveugle : il avait remarqué que les tours de gardes avaient doublés, tout comme les effectifs affectés aux remparts. Par ailleurs, il ne voyait plus certaines escouades pendant des jours, avant qu’elles ne réapparaissent, portant des traces de blessures à peine guéries ou ayant remplacés leurs armures…
Il n’était pas idiot, quelque chose se passait dehors : les Elfes ne restaient pas paisiblement installés dans la Cytadelle.
Mais le quotidien l’occupait toujours. Après ses entrainements magiques, il allait rendre compte de sa journée à Gilhio. Après cela, il allait rendre visite à Haw –qui se portait de mieux en mieux- et à Hans, toujours plongé dans le coma. Le Sylve l’examinait souvent, et lui certifiait qu’il s’éloignait chaque jour plus de la mort, mais que seul le temps le verrait peut-être se réveiller un jour… Plus triste que ça, Hawathanalt lui annonça qu’il comptait rejoindre les Nains. Une promesse le liait à Hadriem, et il comptait bien la remplir. Selon ses estimations, les Nains devaient à présent être en vue de la Barrière, grande chaine de montagnes à l’est des Grandes Plaines, passage obligé pour qui souhaitait traverser le désert de Glass afin de rejoindre le continent Est par la terre –la procession mortuaire de leur ancien Roi ne pouvant pas embarquer par voie maritime jusqu’aux montagnes du Couchant. Les montagnes devraient ralentir considérablement une telle armée, et Haw estimait qu’il les aurait rejoints en moins d’une semaine s’il chevauchait jour et nuit : cela faisait d’ailleurs plusieurs jours qu’il emmagasinait de l’énergie dans ses pierres précieuses dans l’optique de ce voyage.
Cela attristait Vel de le voir partir, mais le Sylve comptait s’éclipser sous peu, dès qu’il aurait l’accord des Elfes.
Lorsque la Nuit tombait ensuite, Vel allait généralement manger avec la troupe du Capitaine Saham, avant d’entamer les combats du soir. C’était alors un tête à tête entre lui et elle, et l’Elfe guerrière n’acceptait aucun spectateur. Alors que sa troupe prenait sa part de tâches d’entretien du fort et de tours de gardes, Vel et Saham se défiaient à l’épée. Il n’était ici nulle question de bouclier ou de stratégie : c’était une confrontation de force, de vigueur et de technique. Un duel. Ils se battaient avec des épées émoussées, certes, mais ni l’un ni l’autre ne retenait ses coups. Si les premiers soirs, Vel avait rapidement fini à terre à chaque manche, couvert de bleus et peinant à se relever parfois, il progressait chaque jour, et arrivait bientôt à tenir une confrontation prolongée. Il n’avait jamais gagné, et sentait que parfois Saham laissait passer des occasions pour le laisser produire son escrime, juste pour lui permettre de tenter des choses. D’autres fois, par contre, elle coupait immédiatement court à une de ses attaques, ou mouvement, lorsqu’elle estimait que l’ouverture était trop grande. Cela ne satisfaisait pas Vel, et il s’efforçait de créer des attaques ne laissant pas d’ouvertures, se servant parfois de postures et techniques qu’il avait apprises pendant ses exercices d’équilibre. Ce genre de création semblait plaire à Saham, aussi Vel s’y appliquait particulièrement, affinant toujours plus ses mouvements et exploitant son corps à fond. L’aspect le plus surprenant lorsqu’on se battait contre la Capitaine, c’était sa force. Elle était puissante, bien plus que son gabarit ne le laissait penser. Si sa rapidité de mouvement était moindre que la sienne –« l’âge ralenti le corps » disait-elle- ses réflexes étaient encore impressionnants, et son sens du combat n’avait pas d’égal, que ce soit dans le timing ou la technique. Vel estimait que c’était lorsqu’il se battait avec elle qu’il progressait le plus.
Ce soir-là, il était venu avec pour objectif de remporter sa première victoire –chose qu’il n’avait jamais réussi jusqu’à présent- mais il trouva le petit terrain sablonneux, où ils se retrouvaient d’habitude, étonnamment vide. Intrigué, il s’avança encore, mais ne vit toujours personne. Dans son dos, un soldat lui dit, dans un langage humain approximatif, que Saham s’entretenait avec Lassam ce soir, et qu’elle lui conseillait de simplement prendre du repos.
Vel trouvait cela étrange, mais ne le fit pas savoir.
Il se retrouvait cependant enfin sans surveillance, et devait disposer de deux heures avant le coucher… Le temps des réponses allait peut-être enfin venir.

< >


« L’escouade quarante-trois a été décimée. »
La terrible sentence avait été prononcée d’une voix neutre, aux relents de fer. Lassam, comme toujours, ne montrait aucun signe de sentimentalisme : c’était un constat, froid et réaliste. Saham, elle, affichait sans crainte son inquiétude.
« C’était de jeunes soldats, se remémora-t-elle, pourtant bien formés… Y a-t-il des informations supplémentaires ?
- Non, les Reliquaires ont simplement constatés leurs décès il y a trois heures. Ils effectuaient une sortie le long du fleuve Kabrit lorsqu’ils se sont fait prendre. Cela faisait plusieurs jours que les Mages signalaient d’importants mouvements dans cette zone, et nos éclaireurs ont récemment identifiés plusieurs chefs de tribus Enra en déplacement avec leurs Arch’ams au complet. Les rapports semblent se regrouper sur ce point : l’ennemi a déployé les Enras dans les Grandes Plaines pour immobiliser nos troupes ici. Pendant ce temps, le nord du continent est en proie aux ravages de la guerre. Malhem craint une attaque sur la Forêt-mère : il ne nous enverra pas de renfort, et sa visite à la Cytadelle semble de moins en moins probable…
- Mais que veut-il qu’on fasse ? Il est le Général, il doit bien avoir un plan ?
- La guerre au nord doit être notre priorité : nous ne devons pas lâcher de terrain face à l’ennemi, reprit-il sans répondre à sa question. Nos avant-postes sur la Chaine des trois Géants sont tout ce qui reste de nos forces dans cette région, et cela faisait presque trois semaines qu’ils étaient totalement coupés du monde. Impossible pour nous de savoir précisément ce qui se passe dans le Nord sans nos avant-postes, aussi, j’ai dépêché l’escouade Staria là-bas, accompagnée de quatre de nos Portiers.
- Oui, j’ai été prévenue par mes soldats. C’est une manœuvre très risquée : les mages Portiers nécessitent un long apprentissage avant d’être opérationnels, et nous en manquons toujours…
- C’est un risque que je prends : nous ne pouvons pas perdre les Avant-postes des Montagnes. La Région de Vert-feuille a été entièrement ravagée par les légions de l’Ombre alors que nous étions occupés ici, à la Cytadelle : si nous perdons nos phares dans le Nord, ce genre de drame se reproduira sans que nous ne puissions rien faire.
- Certes, mais…
- Il n’y a plus à discuter. J’ai reçu un message il y a une heure : l’escouade Staria a accomplie sa mission. L’avant-poste de Germ a été repris, et les Portiers auront établis une connexion sous-peu.
- Ils vont donc revenir, alors. Tu comptes renouveler la garnison de Germ et y placer un Reliquaire, afin de disposer d’un phare, n’est-ce pas ?
- Non, ce n’est plus le temps de plier sous les assauts. Je compte reprendre tous les avant-postes de la Chaine des trois Géants sous 48h.
- Si vite ?
- Oui, il n’y a pas à attendre : c’est là notre chance de raffermir notre poigne sur le Nord. Nous ne pouvons passer à côté et nous contenter de défendre : il nous faut attaquer.
- Et comment comptes-tu mener ton attaque ? s’étonna Saham. Il y a des centaines de kilomètres entre nous et la Chaine des trois Géants, les Arch’ams des Enras dans les grandes plaines et l’arrière-garde de l’armée de l’Ombre dans la région de Vert-Feuille ! Les Portiers ne peuvent transporter au maximum qu’une dizaine de personnes par jour, comment comptes-tu faire pour reprendre tous les Avant-postes ?
- Justement, il me faut pour ce faire une dizaine de personne. Un grand mouvement de troupe ne servirait à rien : la configuration des montages et des avant-postes ne permet certainement qu’à une centaine d’ennemis d’y demeurer. »
Saham en demeura bouche-bée.
« Tu comptes monter un commando ? Dix soldats pour en affronter cent ? C’est une folie…
- Au contraire : c’est notre seule carte à jouer. C’est aussi la raison de ta présence ici : je souhaite que tu mènes cet assaut.
- Lassam, je suis Capitaine de l’arrière-garde, pas…
- Tu es une combattante d’exception, une magicienne puissante, et une Capitaine parfaite. C’est toi que je veux, c’est un ordre. Tu ne seras pas seule, tu auras également dix guerriers d’élites à tes côtés : l’escouade de Staria, ainsi que nos deux invités, Raven et Narï. As-tu confiance en eux ?
- Je leur confierais ma vie, contrairement à toi sans doute.
- Tu vois : tu es la personne idéale pour mener cette équipe. T’en sens-tu capable ?
- De prendre trois forts tenus par une centaine d’ennemis, avec seulement dix hommes ? »
Elle y réfléchit sérieusement. Son âge était avancé, certes, mais elle entretenait fort bien ses capacités physique –elle n’avait que très peu perdue de sa puissance d’antan. Les années l’avait peu à peu fait murir, et depuis qu’elle avait quitté le combat de front, on lui donnait du ‘tan, le suffixe de sagesse. Elle avait vécu plus d’une bataille, tenu plus d’une épée, tué plus d’un ennemis… Elle pensait avoir eu son heure de gloire, dans sa jeunesse, et se complaisait à présent à… à quoi ? N’avait-elle pas envie d’agir ? Saham n’aimait pas se plier aux codes et cérémonies elfiques, et se faisait une fierté de contrarier les cérémonieux, ceux qui s’appliquaient à suivre la route que la tradition a tracé… Alors pourquoi avait-elle posée l’épée ? Pourquoi avait-elle accepté de devenir Capitaine de l’arrière-garde, alors qu’elle savait très bien que c’était pour la maintenir loin des combats ? C’était un hommage, certes, mais était-ce vraiment fait pour elle ?
Ce genre de question revenait constamment en elle depuis quelques temps. Elle aimait beaucoup ses soldats d’arrière-garde, mais quelque chose en elle lui chuchotait « je suis capable de bien plus que ça. »
Elle était une guerrière, une magicienne, et une Capitaine. C’était ce qu’elle avait toujours été.
Prendre trois forts tenus par une centaine d’ennemis, avec dix des meilleurs hommes de l’armée Elfique ? A trente ans, je l’aurais fait, se dit-elle. Suis-je encore ce genre de personne ? Non, bien entendu, c’est le sens même du mot maturité. Et pourtant… C’est un défi. Est-ce que je peux le faire ?
Elle releva la tête et lança un sourire féroce.
« Allons, Lassam… bien sûr que je peux le faire ! Donne-moi ces dix hommes et ces avant-postes seront à toi dans la journée ! »
Il sourit à son tour, d’un air qui semblait dire « je le savais ». Saham s’en moquait bien, car elle se sentait plus jeune tout d’un coup, et il se pouvait bien qu’elle soit alors capable de tout…
« Et donc, tu veux reprendre la Chaine des trois Géants, résuma-t-elle. Que faire après ? Maintenant que je vois une partie de ton plan, je me dis que tu ne peux pas vouloir t’arrêter là…
- En effet, si on veut que nos avant-postes résistent, il nous faut les garnir au plus vite de soldats, et nos troupes ne sont pas les plus adaptés à la Montagne et à ce genre de positions… Il nous faudrait une garnison permanente là-bas, si on veut avoir une chance de les tenir plus longtemps.
- Mais ça ne suffira pas sans possibilité de ravitaillement dans la plaine en bas. Les terres de Vert-Feuille ont brulées, certes, mais tant qu’elles seront occupées par l’arrière-garde de l’Ombre, nous risquons d’être attaqués par deux flancs…
- Tout à fait, c’est aussi mon raisonnement. L’Ombre a laissé dans la région bien peu de serviteurs… Assez pour nous immobiliser dans les Montagnes, certes, mais pas assez pour résister à une offensive en nombre.
- Si on utilise les Portiers, ça nous prendrait beaucoup trop de temps pour rassembler ne serait-ce qu’une division de l’armée dans les Montagnes…
- Ce n’est pas ce que je prévois. »
Il claqua des doigts, et la porte en bois du bureau s’ouvrit sur le Sylve Hawathanalt. Ce dernier avait revêtu une robe de mage Elfe, comme il y en avait des centaines dans la Cytadelle : s’il relevait ne serait-ce que son capuchon, il pourrait passer pour un Elfe. Il paraissait bien portant, un miracle si l’on réalisait que deux semaines plus tôt il agonisait encore.
« Vous avez écouté notre conversation ? demanda Saham, méfiante.
- Sur la demande du Lieutenant Lassam, clarifia Haw. Si ça peut vous rassurer, j’ai confiance en vous pour l’assaut des avant-postes.
- Ce n’est pas pour rassurer mon Capitaine que je vous ais convoqué, le repris Lassam. Veillez résumer à Saham la mission que je vous ai donnée.
- Je me dois, s’exécuta Haw, de retourner auprès du Haut-Général Hadriem, qui dirige actuellement la procession de l’ancien Roi Nain Hekz qui doit le porter au tombeau. Lorsque je les aie quittés pour venir secourir mes amis, à la Cytadelle, j’ai également fait la promesse de revenir l’assister. Je vais donc partir sur les traces des Nains dès demain, et le Lieutenant Lassam souhaite en profiter pour que je délivre un message.
- Quel genre de message ? demande Saham, qui commençait à comprendre.
- Le Lieutenant Lassam, avec l’aval du Général Malhem, invite les Nains à rejoindre le combat contre l’Ombre. Depuis le sac d’Oroban, ses forces armées ont émergées dans la forêt Gum et ont plongé cette région dans le chaos : nul ne sait vraiment ce qui s’y passe –tant que nous n’aurons pas repris les avant-postes, bien entendu- mais il ne fait aucun doute que la colonie Naine du Nord, qui se situe dans la baie de la mer de la Borée, est, ou sera, menacée par la guerre. Les Nains doivent donc prendre conscience du danger de la menace, et le Lieutenant Lassam leur propose l’alliance suivante : si les Nains envoient une armée raisonnable débarrasser la Région de Vert-Feuille –ou du moins ce qui en reste- de l’arrière-garde de guerriers qui la contrôle, les Elfes s’engagent à leur céder les quatre avant-postes de la Chaine du Géant, leur offrant ainsi une position facilement défendable face aux assauts venus du Nord, ce qui leur fournirait un point stratégique s’ils se trouvent contraints d’envoyer des troupes aider leur colonie nordique.
- Malin, avoua Saham, les Nains ont tout à y gagner…
- Ce qui mettrait fin à deux de nos problèmes principaux : tenir les avant-postes –que les Nains tiendront bien mieux que nous, étant habitués à évoluer en terrain montagneux-, et se débarrasser de l’arrière-garde qui stationne dans la Région de Vert-Feuille, annonça Lassam.
- Reste notre troisième problème : les Enras.
- J’ose à espérer que lorsqu’ils verront les Nains bien en place derrière eux, les privant du soutien de l’Ombre, ils remonteront bien vite plus au Nord. Lorsqu’ils seront plus loin, nous pourrons faire la jonction avec les Nains, investir les villes d’Ebène et Nwa, par exemple, et former une ceinture défensive qui préserve le sud du continent de la guerre.
- Si tout se passe bien, mais c’est peu probable, nuança la Capitaine.
- Ça vaut tout de même le coup d’essayer, répondit Lassam. Tout ce que tu as à faire, c’est t’emparer de ces trois forts dans les Montagnes, afin de nous permettre d’honorer la promesse que je vais faire aux Nains.
- Je le ferais, compte sur moi là-dessus, assura-t-elle, déterminée.
- Maitre Sylve, vous pouvez disposer à présent, le congédia Lassam. Exécutez l’autre tâche que je vous aie confiée, et allez vous reposer. Nous nous voyons demain matin pour votre départ.
- Entendu, Lieutenant. Bonne soirée à vous deux. »
Et il sortit de la pièce. La Capitaine ne se risqua même pas à demander quelle était cette autre tâche.
« Il a repris du poids depuis la dernière fois que je l’ai vu, marmonna-t-elle.
- Les Moine-guerriers sont solides. Mais parlons d’autre chose… Comment se passent tes journées avec le prisonnier ? »
Cela l’intrigua.
« De quoi parles-tu ?
- Je veux des nouvelles de l’entrainement de l’Humain.
- Ah, ça se passe bien : Gilhio l’a pris sous son aile, et Vel apprend très vite.
- A quel point sait-il se battre ? » voulu savoir Lassam.
Elle lui sourit férocement.
« Tu serais surpris si tu savais. Cela fait une semaine qu’il s’entraine à la manière d’un militaire, et il est déjà capable de tenir tête à six hommes de l’arrière-garde.
- L’un après l’autre ? demanda le Lieutenant, soupçonneux.
- Non, tous à la fois, en mêlée. Je ne te mens pas, Lassam : ce gosse a vraiment un don.
- Tu exagères : ce n’est qu’un humain, et il savait à peine tenir une épée lorsque nous avons pris la Cytadelle.
- Vel a grandi dans le combat, Lassam. Il vit dans les rues depuis qu’il a une dizaine d’année, il a connu plus de combats que bien de nos soldats vétérans ! Tu sais que l’espérance de vie des gosses de rues est courte, non ? Pour survivre, ils doivent continuellement se battre, et progresser toujours plus. Il a passé deux ans de sa jeune vie à l’Arène d’Oroban, un an lui a suffi pour en devenir le Champion. Gilhio lui enseigne la maitrise de son énergie d’âme depuis six jours, et il arrive déjà à affiner ses mouvements en duel. Je le forme à l’épée depuis une semaine, et il parvient à me faire face pendant plus d’une heure. Lassam : ce gosse progresse vite, c’est un don qu’il a, une faim dévorante de pouvoir. Ce n’est pas le fruit du hasard s’il est doué : le monde a exigé de lui qu’il apprenne vite s’il voulait survivre, et il s’est révélé que c’était ce qu’il faisait le mieux. Il sera bientôt au niveau de ton escouade si il continu ainsi. »
Lassam leva un sourcil.
« Ne va pas trop vite en besogne, Saham. Et puis-je te rappeler qu’il reste officiellement notre prisonnier jusqu’à nouvel ordre ? En aucun cas ce n’est un allié.
- Tu es toujours si formel dans les formes ! Si Malhem était là, il…
- Malhem n’est pas là ! rugit Lassam. C’est moi qui gère l’armée ici, moi ! J’en ai assez que tu fasses fi de mon autorité ! Je suis ton supérieur, alors c’est à moi que tu rends des comptes ! Compris ?
- Mes excuses, plia Saham avec surprise, je ne voulais pas insinuer le contraire.
- Malhem est à la Forêt-mère, reprit-il plus calmement. Il ne semble pas s’occuper des affaires du Nord, mais je compte bien remplir ce rôle : je protègerais la civilisation de cette menace si Malhem ne veut pas s’en occuper. »
Il est sous pression, comprit Saham. Il est jeune, le plus jeune Lieutenant de notre centenaire, et pourtant c’est lui qui se retrouve en première ligne, ici, dans cette guerre qui nous dépasse tous… Pardonnons-lui s’il craque de temps en temps. Mais en même temps, il n’avait pas tort : que faisait donc Malhem à la cité Royale d’Esméralda ? S’ils avaient un jour besoin d’un grand Général, c’était bien aujourd’hui…
« En tout cas, continus à tenir Raven et Narï éloigné de Vel et du Haut-Sage. Je te fais confiance pour passer la situation extérieure sous silence, mais fais attention à ces deux-là : je ne leur fait pas confiance à l’intérieur du camp.
- Tu veux dire que tu ne fais pas confiance à deux des personnes qui vont mener l’assaut sur les avant-postes ? Eh bien, ça me rassure, dit-elle avec cynisme.
- Tu sais très bien ce que je veux dire, Saham : ces deux-là combattrons à nos côtés sans aucun doute, mais je suis persuadé que leur but n’est pas fondamentalement de nous aider. Ils sont là pour une raison, et tant que je n’aurais pas trouvé laquelle, je me méfierais. Donc pas de contact avec Vel ou le Haut-Sage, compris ?
- A vos ordres, Lieutenant, répondit-elle à contrecœur, sachant très bien que, si elle avait un contrôle sur Vel, Gilhio était trop têtu pour qu’elle puisse espérer l’empêcher de réaliser quelque projet.
- Bien, maintenant que tout cela est réglé, tu peux disposer. Je te ferais appeler lors du retour de l’escouade. Ça ne devrait plus tarder maintenant… »

< >


Hawathanalt descendit le long escalier de pierre. C’était dans la plus profonde salle de la Cytadelle que les mages avaient installé les Portiers. Si pendant les deux premières semaines ce lieu était resté bien secret –Lassam craignant sans doute la présence d’espions- l’effervescence du jour voyait débarquer bien plus de monde qu’il ne s’en était succédé ici en un mois. L’escalier avait beau être étroit, le Sylve croisait des Elfes dans les deux sens… Tous se ressemblaient ici, dans cette basse lumière, et la quasi-totalité des mages avaient abaissés leur capuchon.
Haw s’était vêtu comme eux, car son armure de mage-guerrier avait été le seul vêtement qu’il avait emporté lors de sa chevauché vers la Cytadelle. Elle avait d’ailleurs était bien abimée, son armure, et il avait passé près d’une semaine à en extraire tous les fragments de roches et de bois qui s’y étaient plantés lors de la bataille et de ses multiples explosions. Mais même réparée, recousue et réassemblée, elle n’était pas appropriée hors des batailles, aussi avait-il adopté la tenue traditionnelle des mages Elfiques.
Il avait bien récupérés. Ses forces n’étaient pas totalement revenues, certes, mais ce n’était pas de puissance dont avait besoin Lassam… Le Lieutenant était venu le visiter plusieurs fois, d’abords pour s’assurer qu’il n’avait aucune mauvaise intention, puis pour l’interroger à divers sujets. L’Elfe avait finis par deviner son identité, et avait ordonné par lettre que l’on fouillé dans les archives de la Cité Royale, jusqu’à ce que ses hommes retrouvent des comptes-rendus de la guerre de l’Est.
Haw les connaissait par cœur, ces foutus comptes-rendus…

Troisième escouade des mercenaires de la Légion Ardente, au service de l’Empire d’Oroban de 924 (premier assaut) à 926 (fin du contrat) de l’ère Bleue

Helym Vilf’aigure – humain – Guerrier (entretient des armes) – mort en 926
Fall Dolvan – humain – Guerrier (entretient du camp) – mort en 926
Golgoth Malär – Orc – Guerrier (porteur) – mort en 925
Javier Lly’m – Elfe – Archer (gestion des ressources) – mort en 934
San Tori – Halfelin – Archer (guide de terrain) – toujours en vie
Hawathanalt Sandoterre – Mage-guerrier (Portier) – toujours en vie
Ultheo – Pirahis – Messager (coordination) – mort en 940


Apprendre qu’Hawathanalt avait un jour servit en tant que mercenaire et Portier lui avait donné des idées. Même dans l’armée Elfique, cette particularité magique était rare et, bien qu’Hawathanalt n’ait pas pratiqué cette science depuis des dizaines d’années, son expérience était précieuse. Lui n’aimait pas se rappeler cette époque : il était partie à la guerre comme on part mécaniquement au travail, et il faisait un mercenaire plus de correct, se forgeant peu à peu une réputation solide sur le champ de bataille. Il avait participé à cette guerre, à ces batailles, à ces massacres… jusqu’à ce qu’il décide qu’il en était assez. Le pillage de la ville de Llyo, les atrocités y étant commises, l’avait changé, et les évènements ayant suivis n’étaient pas meilleurs pour lui. Il avait recueilli Sön peu après et avait fait un trait sur sa vie passée, afin d’élever l’enfant de la meilleure façon possible. Il n’aimait pas ce passé, mais cette expérience faisait de lui quelqu’un d’utile aux yeux de Lassam.
Le Lieutenant lui avait confié l’organisation des Portails, et il s’y attelait donc, avec toute l’expérience qui le caractérisait. En bas, la salle était basse de plafond, et les murs de pierres froids comme la mort. Les mages Portiers s’étaient installés depuis longtemps, assis en tailleurs sur quatre tapis de sol, mais l’agitation autour d’eux leur faisait froncer les sourcils et suer le front. C’était une tache qui nécessitait une concentration extrême, aussi Haw fit-il mettre en place de longs bâtons d’encens aux vertus apaisantes, ce qui embauma la pièce de suaves fumeroles parfumées.
Il y avait beaucoup d’agitation. Une équipe de soigneurs prenaient déjà position dans un coin, prêts à gérer la moindre blessure ; des intendants montaient et descendait au fil des demandes des mages : bandages, encens, amulettes… Plus les minutes passait, et plus la pièce était remplie de mages et de fournitures. De nombreux mages présents joignirent leur énergie à ceux des Portiers, afin de les assister dans leur tâche, et la pièce s’emplit peu à peu de silence. Il y avait là plusieurs membres des escouades commandos, vêtus d’armures filiformes et d’étranges masques qui se distinguaient des masques de théâtre par leur absence totale d’émotion faciale. Les membres des commandos étaient considérés comme les soldats d’élites de l’armée Elfique et, sitôt qu’on y entrait, l’anonymat était de mise. Certains mages portaient également des masques : il s’agissait généralement de soigneurs ou magiciens déshonorés dont l’armée avait été le seul refuge, et ils ne souhaitaient généralement pas être reconnus.
Les choses s’accélérèrent : sous le regard des commandos, les Portiers se crispèrent. Le silence dans la salle se fit plus pesant, et Haw fit barrer la porte, afin que nul ne viennent plus déranger. Il devait y avoir encore des mages ou des intendants qui devaient ramener de l’équipement, mais tant pis : on en avait bien assez déjà, et la concentration primait sur tout le reste si on voulait obtenir un Portail à peu près stable.
L’encens flottait dans la salle, les respirations se firent de plus en plus fortes.
Et soudain, il s’ouvrit. Le Portail.
Un éclair bleu surgit entre les quatre Portiers, et une sorte de porte, faite d’énergie pure, d’un bleu éclatant, semblable à un fluide indéfinissable, se matérialisa. Ce n’était pas un portail semblable aux portes de château ou de maisons, ni à une quelconque grille forgée, non… C’était comme une surface d’eau, ondulante sous des courants invisibles, et qui flottait, tel un miroir mural, à quelques centimètres du sol, sur un disque parfait qui semblait avoir deux mètres de diamètre. C’était une chose si étrange, une manifestation magique si particulière, que ceux qui l’observaient pour la première fois ne pouvait que comprendre avec obligeance pourquoi on nommait cela un Portail.
Alors que la surface onduleuse était à peine stabilisée, un profond courant sembla remonter à la surface du Portail, déformant même le disque, comme lorsqu’un moucheron tente de s’extraire d’une mélasse. Et lorsque la surface se perça, comme un poisson bondissant hors de l’eau, surgit une Elfe. Toute sa personne transpirait la puissance lorsqu’elle s’arrêta au centre de la salle. Son regard rouge semblait rugit, tout comme son sourire féroce et ses cheveux d’un violet sombre, tachés de sang. Son long corps, fin et musculeux, était couvert de coupures, d’échardes et de petites blessures diverses, si bien que sa peau ne paraissait plus blanche mais pourpre, à la couleur du sang. Des plaques de métal pendaient mollement à son bras droit, restes de protections inutiles qui s’étaient abimées lors des combats. D’ailleurs, il ne restait de son armure que les bas : son torse n’était plus couvert que par un fin corset parsemé de taches de suies et de coupures ou déchirures diverses. Du reste, son corps ne semblait pas avoir subi de dégâts, et toutes ses blessures étaient bien superficielles. Dans sa main droite, un glaive aiguisé suintait de sang encore frais.
« Bien le bonjour ! rugit-elle. Je vois qu’il y a du monde pour nous accueillir ! »
Et le reste de son escouade sortie tour à tour du Portail. Il y avait là un Elfe imposant aux cheveux ras porteur d’une lourde hache d’ivoire, un svelte jeune au regard féroce qui tenait fermement son arc court fait en corne, un autre au torse nue zébré de cicatrices qui agitait négligemment ses deux sabres orientaux pour en faire tomber le sang poisseux, suivis d’une Elfe au regard d’ange et aux cheveux d’un rose pâle qui arborait de singuliers disques de lancer à sa ceinture, puis une dernière qui rengaina simplement sa longue épée d’un air négligé. Tous étaient plus ou moins blessés, mais leur air féroce transmettait une impression de dangerosité toute proche. Hawathanalt, qui avait longuement étudié le dossier que lui avait fourni Lassam, se mit à les identifier. La première sortie était Staria, bien entendu, puis s’avançait le massif Herne, le jeune archer Farym, le sabreur Anton, la lanceuse de disque Rosaria, et l’épéiste Sambra. L’escouade était composée de six membres, et seuls cinq revenaient…
Les soldats commandos se portèrent en avant, et l’un d’eux déclara :
« Nous sommes l’équipe de soutient commando. Nous prenons le relais. Dites-nous quelle est précisément la situation là-bas et nous prendrons le relais jusqu’à la contre-attaque.
- Un des Portiers est mort dans les montagnes, déclara Staria. Nous avons débarrassé le poste avancé de la trentaine de gardes qui s’y étaient postés, et nous sommes installés dans la cave pour l’ouverture du Portail. De l’autre côté il y a trois Portiers. Ouvrir le Portail sans leur compagnon a été difficile, et pendant que nous les protégions, un petit groupe s’est introduit dans la salle. Nous les avons éliminés, mais Don’van est blessé à la jambe : prenez un soigneur avec vous afin qu’il puisse traverser le portail et le rejoindre. Du reste, il n’y a plus de résistance là-bas, contentez-vous de tenir la place jusqu’à notre retour. »
Le commando ne fit aucun commentaire, il inclina juste la tête et, d’un signe de la main, désigna trois de ses hommes et un mage de l’équipe de soin. En moins de trois seconde, toutes ces personnes avaient traversés le portail.
Hawathanalt prit alors les choses en main : il dirigea les membres de l’escouade vers les soigneurs, fit rouvrir la porte, s’assura de la tranquillité de la transe des Portiers en renouvelant les encens, puis envoya un intendant chercher le Lieutenant et la Capitaine, conformément aux ordres qu’il avait reçu. Don’van, un elfe aux longs cheveux d’argent qui se battait avec un long bâton couvert de runes, émergea lui aussi du Portail peu après, et rejoint ses compagnons auprès des soigneurs, boitant légèrement. Hawathanalt finit par revenir vers l’escouade de Staria, lesquels hottaient leurs équipements et se livraient à quelques soins. Staria elle-même se tenait dans un coin, assise sur une caisse, et enlevait elle-même son équipement.
Lorsqu’il se posta face à elle, elle ne lui accorda pas un regard et continua à se déshabiller.
« Vous devez êtes le Sylve dont Lassam me rabat les oreilles depuis une semaine, n’est-ce pas ? demanda-t-elle en se délaissant des restes de plaques qui lui recouvraient l’avant-bras droit.
- Il vous a parlé de moi ?
- Dans chacun des oiseaux qui nous arrivait. Lorsqu’on part en mission avec des Portiers, il y a une crainte qui ne quitte pas le soldat : si on a une prise sur ceux qui nous accompagnent, rien ne nous dit que les Portiers de l’autre côté sont compétents, et si le Portail n’est pas bien tissé… nous mourons en le traversant, tout simplement. Etre rassurés sur la personne qui supervise tout ça nous aide à nous concentrer sur le combat.
- Je vois. »
L’Elfe aux cheveux violet sombres finit de délasser son bras, mais s’aperçut qu’une plaque de métal s’était enfoncée dans sa peau sous la force d’un coup d’épée.
« Tss… Ces créatures sont décidément imprévisibles. J’ai beau avoir un corps résistant, je me suis tout de même fait avoir une ou deux fois… »
Elle agrippa la plaque de métal et tira sèchement dessus. Le métal sortie, mais le sang se mit à couler abondamment.
« Soignez-moi ça », demanda-t-elle négligemment en lui tendant son bras ouvert.
Haw attrapa son bras, posa ses deux mains dessus, et la plaie de referma en deux mots. Elle reprit alors son bras et entreprit de délasser son corset.
« Je devine que Lassam veut nous renvoyer là-bas dans peu de temps, continua-t-elle. Tout est-il prêt de votre côté ?
- Pratiquement. Saham a accepté de mener l’assaut.
- Tant mieux, je préfère être dirigée par quelqu’un de compétent. »
Elle fit tomber son corset, dévoilant sa peau et les blessures qui la parcouraient.
« Contentez-vous de refermer les plaies importantes : un soigneur novice suffira très bien pour les plaies superficielles et les hématomes.
- Il y a des soigneurs plus compétents que moi ici, et…
- Je me suis mise à l’écart, et vous êtes venus. Tant pis pour vous, maintenant faites votre job. Refermez la plaie sous mon sein droit, et celle sur mon flanc gauche. »
C’est ce qu’il fit.
« Comment se présente la situation sur les autres forts, là-haut ?
- Vous vous inquiétez pour Saham ?
- Et pour vous. Prendre trois forts, à un contre dix, ce sera…
- C’est dans nos cordes. Nous étions six pour un fort gardé par une trentaine de créatures ennemies. Ça faisait du un contre cinq, et nous n’avons eu aucune perte lors de la bataille. Avec dix personnes, c’est faisable. »
Elle commença à délasser ses chausses, qui étaient en meilleur état que le corset qu’elle avait retiré…
« Vous êtes une unité d’élite…
- On nous qualifie d’élite, nuance. Nous avons simplement développé nos capacités guerrières au maximum, contrairement aux autres soldats qui cherchent simplement l’honneur ou le devoir dans l’armée. Nous vivons pour nous battre, alors en quoi devrions-nous avoir peur du combat ? »
Elle hotta finalement les protections de ses jambes, et entreprit de retirer le pantalon, maculé de sang, qui lui collait à la peau.
« La mort guette.
- La mort est dans la nature. Le jour où nos capacités de guerrier ne suffiront pas pour faire face à une situation, nous mourrons. Que ce soit sur un champ de bataille ou dans notre lit, le résultat est le même. L’escouade Staria est née pour combattre, et c’est ce que nous faisons de mieux. »
Elle se redressa, ayant quitté tous ses habits. Sa peau était parsemée de sang séché et paraissait poisseuse sous la crasse de ces derniers jours.
« Merci pour la discussion et les soins, dit-elle au Sylve. Je vais maintenant aller me laver avant de passer renouveler mon équipement. Brulez ces frusques et commandez-en de nouvelles à Fillyna, le modèle habituel. Dites également à Tory de me préparer une nouvelle armure : celle-ci est inutilisable en l’état. Enfin bref, laissez faire les intendants : ils ont l’habitude… Sur-ce, nous nous reverrons lors du prochain départ. »
Il acquiesça.
Alors que Staria allait faire signe à son escouade de prendre le départ, elle se figea. Un drôle de sourire lui traversa la face.
« Tiens, tiens, ça c’est nouveau… »
Avant que le Sylve ait pu faire quoi que ce soit, la guerrière s’était lancée, glaive en main, à travers les rangs des mages Elfes. Sa main se referma sur le cou d’un mage masqué et, d’un brusque mouvement, elle lui arracha son masque et releva son capuchon.
C’était Vel, qui la regardait d’un air de défi. Quand s’est-il caché parmi l’assistance ? se demanda le Sylve.
« Oh oh, toi tu as choisis le mauvais jour pour venir fouiner, ricana Staria d’un air farouche. Je me demande ce que Lassam dira de tout ça… »


fin du chapitre
Dernière modification par Judas_Cris le sam. 11 avr., 2015 1:12 pm, modifié 2 fois.
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 50ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

Un (petit) commentaire du chapitre :

Ce fut donc un chapitre un peu plus courts que les précédant, vous l'aurez remarqués ^^ (en gros, il m'a demandé une quinzaine d'heures au lieu d'une vingtaine). La nouveauté donc de ce chapitre c'est que nous revenons à Vel mais en procédant à l"ouverture" de son monde. Donc on fait le point sur la géostratégie de la région, et ça faisait un moment que je voulais le faire ^^ (d'ailleurs, vous remarquerez que depuis le début de cette 4ème partie je m’emploie à chaque chapitre à faire le point sur un élément de l'univers : la magie, l'âme, et les Elfes dans le 49 ; la magie et les peuples dans le 50 ; et les forces militaires de la région dans le 51... en simplifié bien sur). J'ai conscience que toutes ces informations sont un peu "complexes" et difficile à assimiler en brut, alors je vous ait préparer une petite carte pour illustrer les propos tenus par Saham et Lassam dans ce chapitre ;) Vous pouvez la retrouver en suivant ce lien ou sur le forum en fin de ce message :mrgreen: (réalisé à partir de la carte originale, colorié en mode yolo avec paint et mes petites mains)

Je voulais également parler d'autre chose puis-ce que vous avez peut-être remarqué que je présente souvent des scènes de nus, et je veux être clair sur ma démarche : ce n'est pas par goût de voyeurisme ou par volonté de "fan-service" que je fais ça, je ne veux pas "sexualiser" mes personnages. Justement, ce serait l'inverse. Ce qui m'intéresse, artistiquement parlant, c'est le corps désexualiser. Et si je présente dans ce chapitre (et dans les suivants certainement) un ou des personnages nus, ce n'est pas juste pour "caser du cul", non : que je le fais c'est toujours pour appuyer un propos. Dans le cas de ce chapitre, en montrant Staria (et son escouade) se déshabiller en public sans aucune gêne c'est pour mettre l’accent sur leur détachement avec l'aspect très cérémonial des Elfes (comme je l'avais fait en présentant Saham par exemple : c'est la même démarche) en montrant leur distance avec leur société, j'insiste par-là même sur leur obsession pour la guerre (thème que j'ai explicité dans les dialogues). La question est alors : est-ce que je peux utiliser le nu au même titre qu'un outil scénaristique "classique" ? Je répondrais oui, et même plus car ce que j'aime le plus dans l'art c'est la désexualisation du corps : un corps c'est esthétique, mais il prend encore plus de force lorsqu'il est coupé de sexualité. J'ai un problème avec la sur-sexualisation des corps dans les outils de communications modernes et les arts modernes (dérive du fan-service, etc.) et de manière générale notre société a un problème avec son rapport au sexe et au corps. Avec ma démarche de désexualisation du corps (l'utiliser au même titre qu'un outil narratif standard) je vais en quelque sorte contre ça, et c'est cette démarche qui me plait vraiment. Alors soyez-prévenus : je ne case pas du nu pour faire du voyeurisme gratuit, mais pour soutenir un propos par une démarche qui se veut désexualisante (sauf lorsque j'écrirais des scènes de romantisme ou d'érotisme, évidement)

Un autre "thème" qui me plait ces derniers temps, c'est les groupes. Les groupes déjà formés, ayant une cohésion de groupe et une dynamique de groupe préexistante à leur intervention dans le récit, sont un outil narratif fascinant. J'aime beaucoup créer des personnages, encore plus les relations qu'ils entretiennent entre eux, alors créer un groupe ayant déjà une histoire et des relations bien établies, voilà qui est jouissif ! Ce n'est pas pour rien que dans les prochains chapitre j’introduis pas mal de personnages secondaires et de groupes : tout simplement parce que j'adore ça (et pour une autre raison aussi, mais... ne spolions pas ^^ ). Donc si je viens d'introduire Staria et son escouade, ne vous en faites pas : ils seront développés en relation avec Vel dans les prochains chapitres ;)
Vincent
Sur-ce, voici le bonus promis ! (clic droit => afficher l'image)
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

Chapeliere-folle a écrit :Merci pour ton histoire :)
merchi :3 (tu m'en diras plus IRL ok ? ^^ héhéhé, j'attends un commentaire argumenté en trois parties avec annonce du plan :twisted: )
gwendalavir

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par gwendalavir »

coucou !!
j'ai enfin eu le temps de rattraper mon retard ! :D
et bah dis-donc heureusement que je l'ai fait !
encore une fois ces chapitre sont géniaux !!
j'ai bien aimer le développement d'Elly dans le chapitre 50 même si personnellement je trouve que ça fait un peu trop "cliché de fille de roman d'héroic-fantasy" ...
Par contre j'aime de plus en plus Vel ! ;) à la fin du chapitre 51 c'était épique !
j'ai vraiment hâte de lire la suite !!
en tout cas merci beaucoup beaucoup beaucoup pour cette super histoire que tu nous fait partager !!
bises
Gwendalavir
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par DisneyClochette »

Coucou ! Comme promis, je viens commenter tes chapitres (oui, je sais, je suis à la bourre!!).

Bon, je commence par la fin : Ta carte ! Une seule chose me vient à l'esprit : t'es un grand malade!! :lol: Alors dans le sens positif certes, mais franchement, je n'ose pas imaginer le temps que tu passes à faire tes cartes!

Allez, reprenons dans l'ordre : Chapitre 50. J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver Elly. C'est un personnage que j'aime particulièrement et dont j'apprécie le caractère. Et en plus, je trouve que tes chapitres avec Elly sont toujours un peu plus emprunt d'émotion que les autres. Autre personnage que j'ai été ravie de retrouver c'est Daw. Je sais pas, ça doit être son coté dangereux ;)

Chapitre 51: je suis super frustrée!! après un long chapitre comme le 50, comment oses-tu nous torturer avec quelque chose d'aussi court? :evil: Bon sinon comme d'hab, tes écrits sont géniaux, rien à redire, si ce n'est quelques petites fautes qui traînent encore. Mais on te pardonne allègrement tant on se retrouve absorbé par tes textes. J'ai hâte de voir comment tu vas faire interagir les différents groupes/peuples.

Dernier point : ton commentaire du chapitre. Perso, je trouve que tu manies la nudité d'une façon super intéressante. Ta désexualisation des corps se ressent parfaitement dans le comportement de tes personnages (Haw, par exemple, n'a pas de réaction face à Staria qui se dévêt devant lui).

En tous cas, vivement la suite !!!!
Judas_Cris

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

gwendalavir a écrit :coucou !!
j'ai enfin eu le temps de rattraper mon retard ! :D
et bah dis-donc heureusement que je l'ai fait !
encore une fois ces chapitre sont géniaux !!
j'ai bien aimer le développement d'Elly dans le chapitre 50 même si personnellement je trouve que ça fait un peu trop "cliché de fille de roman d'héroic-fantasy" ...
Par contre j'aime de plus en plus Vel ! ;) à la fin du chapitre 51 c'était épique !
j'ai vraiment hâte de lire la suite !!
en tout cas merci beaucoup beaucoup beaucoup pour cette super histoire que tu nous fait partager !!
bises
Gwendalavir
Merci ! ^^
Justement, par rapport à Elly j'ai voulu faire un peu l'inverse ! :lol: Et je le dis presque explicitement dans le chapitre : il fallait que je passe d'une Elly "passive" (qui n'a fait que subir l'action depuis la première partie) à une Elly "active" (qui puisse prendre ses propres décisions et éventuellement se battre) et si ce changement doit se faire effectivement par une évolution "classique" de personnage (je pense que c'est ça dont tu veux parler : la fille qui prend sa vie en main et décide d'apprendre à se battre ?) ce n'est pas le seul changement que je veux faire intervenir chez le personnages, et certains des mécanismes dont j'userais risque de te surprendre dans les prochains chapitres ;)
Ahah, merci ! :lol: Ouais, il faut savoir se faire plaisir avec de l'épicness, surtout lorsque ça sert l'intrigue 8-)
merci beaucoup beaucoup super beaucoup pour être venue lire et commenter ! ^^ bises !!
DisneyClochette a écrit :Coucou ! Comme promis, je viens commenter tes chapitres (oui, je sais, je suis à la bourre!!).

Bon, je commence par la fin : Ta carte ! Une seule chose me vient à l'esprit : t'es un grand malade!! :lol: Alors dans le sens positif certes, mais franchement, je n'ose pas imaginer le temps que tu passes à faire tes cartes!

Allez, reprenons dans l'ordre : Chapitre 50. J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver Elly. C'est un personnage que j'aime particulièrement et dont j'apprécie le caractère. Et en plus, je trouve que tes chapitres avec Elly sont toujours un peu plus emprunt d'émotion que les autres. Autre personnage que j'ai été ravie de retrouver c'est Daw. Je sais pas, ça doit être son coté dangereux ;)

Chapitre 51: je suis super frustrée!! après un long chapitre comme le 50, comment oses-tu nous torturer avec quelque chose d'aussi court? :evil: Bon sinon comme d'hab, tes écrits sont géniaux, rien à redire, si ce n'est quelques petites fautes qui traînent encore. Mais on te pardonne allègrement tant on se retrouve absorbé par tes textes. J'ai hâte de voir comment tu vas faire interagir les différents groupes/peuples.

Dernier point : ton commentaire du chapitre. Perso, je trouve que tu manies la nudité d'une façon super intéressante. Ta désexualisation des corps se ressent parfaitement dans le comportement de tes personnages (Haw, par exemple, n'a pas de réaction face à Staria qui se dévêt devant lui).

En tous cas, vivement la suite !!!!
Oh, vous ici ? :o :lol: (en fait je le cache mais je suis super content ^^)

Oh, tu dois pas être loin de la réalité :lol: (pour la carte de base (celle en première page donc), ça faisait deux ans que j'y travaillais avant qu'Antoine (Dracnor) ne me file un coup de main pour la finir ;) quand à celle suivant le chapitre 51, c'est basiquement une reprise de la première sur laquelle j'ai colorié avec paint (oui, technique de base :lol: ) et écrit les légendes avec le même logiciel... j'ai du y passer 4 heure en cumulé en comptant les croquis de préparation pour être sur du contenu)

Sur le chapitre 50, je dois bien l'avouer : Elly est un personnage sur qui j'aime de plus en plus écrire :mrgreen: Merci pour ce que tu me dis, et je dois bien avouer que je pense que tu as raison, le défie sera donc d'arriver à être à ce niveau d'implication émotionnelle sur les chapitres de Vel ! :lol: Comme j'essaye pas mal de chose, tu verras que j'essayerais sans doute de prendre de la distance émotionnelle dans un chapitre d'Elly (celui que je suis en train de finir par exemple, héhé) et d'intégrer des éléments un peu plus "émotionnellement impliquant" dans les chapitres de Vel ;) (après ce sera pas non plus un truc de fou hein ^^')
Daw, Daw... j'ai tellement de choses à faire avec ce personnage ! :lol:

Sur le chapitre 51, en fait il est pas si court que ça ! :lol: Bon, il fait certes 3/5 du chapitre 50 ( :roll: ) mais c'est pas si peu par rapport aux autres en réalité ^^' (bon, c'est aussi que la discussion entre Saham et Lassam prend BEAUCOUP de lignes :lol: alors que comparément à un long passage descriptif on a l'impression qu'il se passe plus de trucs...) J'ai hâte de voir ça moi aussi :twisted:

Pour le commentaire, merci de me rassurer, c'est un point important pour moi qu'on interprète pas de travers mes intensions d'écritures... A voir si ça va continuer ^^ (je pense refaire ce genre de point explication : je trouve ça intéressant de vous faire un retour avant d'avoir vos commentaire)

Merci à toi !! :D ça fait super plaisir de t'avoir ici ^^
gwendalavir

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par gwendalavir »

dark-vince a écrit :Merci ! ^^
Justement, par rapport à Elly j'ai voulu faire un peu l'inverse ! :lol: Et je le dis presque explicitement dans le chapitre : il fallait que je passe d'une Elly "passive" (qui n'a fait que subir l'action depuis la première partie) à une Elly "active" (qui puisse prendre ses propres décisions et éventuellement se battre) et si ce changement doit se faire effectivement par une évolution "classique" de personnage (je pense que c'est ça dont tu veux parler : la fille qui prend sa vie en main et décide d'apprendre à se battre ?) ce n'est pas le seul changement que je veux faire intervenir chez le personnages, et certains des mécanismes dont j'userais risque de te surprendre dans les prochains chapitres ;)
Ahah, merci ! :lol: Ouais, il faut savoir se faire plaisir avec de l'épicness, surtout lorsque ça sert l'intrigue 8-)
merci beaucoup beaucoup super beaucoup pour être venue lire et commenter ! ^^ bises !!
de rien :)
oui c'est tout à fait cela dont je voulais parler :D en fait ça ne me pose pas vraiment de problèmes mais vu que je ne m'y attendais pas du tout dans ton histoire ça m'a un peu surprise ^^
ahah j'ai hâte d'être surprise alors :lol:
mais bien sur !! 8-) 8-)
mais de rien, tout le plaisir est pour moi !!
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par DanielPagés »

J'avais gardé la notif pour passer faire un tour quand j'aurais le temps... Veni, legi... Je suis complètement perdi ! Pas grave. Faudra que je reprenne tooout, une fois imprimé, un jour (une semaine ^^) sans aucun souci. Je trouve que c'est très bon au niveau de l'écriture. De mieux en mieux...
J'aime beaucoup tes morceaux d'analyse et la profondeur qu'on sent derrière.
Le problème de la nudité, étrange que ce soit devenu un problème... C'est quand même ce qu'il y a de plus naturel à l'Homme. Quand j'ai eu écrit chacun de mes romans je me suis posé la même question. Et j'ai gardé cette nudité naturelle qui n'a rien d'exhibitionniste et n'a aucun rapport avec la sexualité. Juste avec la Nature. Je n'ai jamais eu de remarques là-dessus. Même des enseignants qui lisent les livres en classe avec les enfants. La manière de l’écrire y est pour beaucoup.
Juste un détail qui m'a bien fait marrer : c'était une classe de CM1 qui a lu en classe L'île secrète qui parle de sirènes. Les illustrations dans le livre montrent des sirènes à l'état naturel, nues, bien sûr. Les gamins par groupe ont fait des grands dessins pour représenter leur lecture : toutes les sirènes portaient un maillot de bain deux pièces ! :lol:

Continue Vincent ! Bravo !

Pour info : VITALTEST T1, de notre amie Athalia va paraître le 20 avril chez Yucca éditions... ;)
http://booknode.com/vitaltest,_tome_1__ ... s_01581104
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

DanielPagés a écrit :J'avais gardé la notif pour passer faire un tour quand j'aurais le temps... Veni, legi... Je suis complètement perdi ! Pas grave. Faudra que je reprenne tooout, une fois imprimé, un jour (une semaine ^^) sans aucun souci. Je trouve que c'est très bon au niveau de l'écriture. De mieux en mieux...
J'aime beaucoup tes morceaux d'analyse et la profondeur qu'on sent derrière.
Le problème de la nudité, étrange que ce soit devenu un problème... C'est quand même ce qu'il y a de plus naturel à l'Homme. Quand j'ai eu écrit chacun de mes romans je me suis posé la même question. Et j'ai gardé cette nudité naturelle qui n'a rien d'exhibitionniste et n'a aucun rapport avec la sexualité. Juste avec la Nature. Je n'ai jamais eu de remarques là-dessus. Même des enseignants qui lisent les livres en classe avec les enfants. La manière de l’écrire y est pour beaucoup.
Juste un détail qui m'a bien fait marrer : c'était une classe de CM1 qui a lu en classe L'île secrète qui parle de sirènes. Les illustrations dans le livre montrent des sirènes à l'état naturel, nues, bien sûr. Les gamins par groupe ont fait des grands dessins pour représenter leur lecture : toutes les sirènes portaient un maillot de bain deux pièces ! :lol:

Continue Vincent ! Bravo !

Pour info : VITALTEST T1, de notre amie Athalia va paraître le 20 avril chez Yucca éditions... ;)
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Merci ^^
Oui, je pense qu'on se rejoint sur ce sujet ;) Marrante cette anecdote ! :lol: ça veut dire beaucoup de chose... dans notre société on dirait que le corps est devenu manichéen : soit il est caché à l'extreme, soit il est exhibé à outrance avec une sur-sexualisation (comme dans la pub par exemple). Pourtant, un corps c'est neutre, et je revendique donc son utilisation neutre.
Oh, vraiment ? :o Il va falloir que je passe voir ça ! :mrgreen:
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

Déjà deux versions de quelques pages du chapitre 53 qui partent à la corbeille, je recommence une fois encore depuis zéro. J'ai l'impression qu'avec cette quatrième partie j'ai changé d'objectif : auparavant (partie 1 à 3) je ne me souciais que de me prouver que je pouvais tenir régulièrement une histoire, l'écrire vite, et diversifier mon écriture. Je testais beaucoup de choses, mais je publierais généralement le premier jet (corrigé) de mon chapitre tel quel sans le refondre totalement lors de phases ultérieures... Ce qui se passe depuis que j'écris la quatrième partie c'est que cela n'arrive plus que très rarement. Lorsque j'écris une scène, je garde rarement la première idée ou la première ébauche écrite ; au contraire, je questionne longuement, je teste divers accroches, divers angles, avant d'écrire plus en avant et même alors je corrige et recorrige souvent, n'hésitant pas à réécrire des scènes entières (ce que je ne faisais presque jamais dans les parties précédentes). Ce que je cherche ne semble plus être la régularité de publication, ou les limites de mon style à travers plein de tests d'écriture ; ce que je cherche à présent, je pense que c'est la qualité. J'ai envie que mes chapitres soient les meilleurs possibles. Alors ça prend beaucoup plus de temps. Il m’arrive avec ce chapitre 53 exactement les mêmes choses qu'avec les chapitre 49 et 50 : je sais précisément quoi raconter et dans quel ordre (la distribution de mes chapitres est bouclée depuis Octobre : je sais parfaitement où je vais) mais je suis très exigent sur la façon de les raconter, aussi la moindre zone d'ombre dans la distribution de mes scènes donne lieu à des semaines d'essais infructueux avant de trouver le truc qui va bien, la bonne façon d'écrire ce que je veux raconter. Je recommence peut-être mon chapitre 53, mais je sais en quoi les 8 pages que j'avais écrit partaient dans le mauvais sens, et je sais ce que je vais tenter dans le prochain essais (en espérant que ce soit le bon).
Cette façon de faire demande plus de temps, ralentit le rythme de publication (désolé pour vous qui me suivez), est plus frustrante parfois, mais donne un résultat qui est, je le pense, bien meilleur que pour les trois parties précédentes. Alors le chapitre 53 prend du retard, oui, mais je continue en parallèle à corriger le chapitre 52 qui ne devrais plus mettre très longtemps à sortir ;)
Merci pour votre patience, merci pour votre soutiens, et en espérant vous fournir des chapitres de qualité dans les mois qui vienne, je vous souhaite une bonne journée :D
Judas_Cris

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

MISE A JOUR : j'ai enfin retrouvé un hébergeur correcte pour mon fichier rar ! Il est à nouveau disponible au téléchargement, et contient quelques bonus inédits qui pourraient vous plaire ^^
dark-vince a écrit :Pack complet .RAR (fichiers PDF + cartographie HD + bonus divers) :
=> https://mon-partage.fr/f/JKxFzXEv/
mot de passe : MyLittlePony
Judas_Cris

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

Gros contretemps sur l'écriture du chapitre 53 (voir message précédent), je ne promet donc aucune date de sortie... Cependant aujourd’hui il est temps de vous livrer un autre chapitre ! :D N'hésitez (vraiment) pas à relire le récap des personnages, sous peine d'être rapidement perdu ^^' (si vous pouviez relire le chapitre 20 ce serait même le mieux, je vous le conseil)
Bonne lecture ! (on se retrouve dans la journée pour un petit commentaire sur le chapitre)



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52




« C’est qu’on recrute de plus en plus jeune, ma parole…
- Tu sais comment est l’époque, San, l’enfance ne dure jamais longtemps. »
Sous la tante, devant Elly, assis sur un petit siège dépliable, un gros volume relié entre les mains, San Tori, le Scribe de la Compagnie d’Or-Sang, épluchait les pages du registre. Derrière la jeune magicienne, le Gav’ Roche attendait en croisant les bras, répliquant de temps en temps à la discussion de l’Halfelin. Ce dernier était petit –bien entendu- mais remarquablement sec : son visage, comme ses gestes, tout était sec. Il était très âgé et affichait de petites lunettes rondes de lecture ; cependant, sa diction restait parfaite et son parlé avait un petit accent assez oriental, à l’image de la sonorité de son prénom.
« D’où tu as dit venir, déjà ?
- Je suis née dans les Terres d’Orage, à l’ouest.
- Terres Orage… Terre d’Orage… Terre de l’Orages… ah, voilà ! Il y a quelques erreurs dans la calligraphie, mais au moins parle-t-on de la même région ! Terres d’Orage, donc. On t’a expliqué comment s’organisait notre compagnie, petite ?
- Leora a été assez évasive, je le crains. » remarqua Roche.
San s’arrêta alors, la plume à quelques centimètres du registre.
« Tu veux dire que cette petite allait s’engager sans même en connaitre les conditions ?
- On comptait sur toi pour lui faire le topo.
- Rah, c’est pas vrai ça ! Et quand je claquerais, comment vous ferez, bande de gamins stupides ?! J’ai beau être le Cartographe et le Scribe de cette Compagnie, arrêtez de toujours vous reposer sur moi ! Vous êtes donc incapable de présenter ce genre de choses sans mon aide ? »
Cela fit rire le Gav’, mais il ne prit même pas la peine d’essayer de répondre, souriant simplement.
« Quelles sont ces conditions, alors ? » demanda Elly, un brin impatiente.
Ce fut San Tori qui répondit, sans la moindre protestation :
« La Compagnie accueille tout le monde, sans aucun regard sur leurs actions passées ou leur réputation. La Compagnie les nourrit et les équipe. En échange de cela, toute personne s’engageant dans la Compagnie contracte une dette de cent pièces d’or. Lorsque la personne participe à une sortie, à une bataille, à une patrouille ou à toutes tâches relevant de la guerre, la compagnie la rémunère en conséquence. Ce n’est qu’après avoir remboursé sa dette initiale que la personne est libre de quitter la compagnie ou de toucher une vraie rémunération en continuant de servir la Compagnie –ce qui est le cas de tous les officiers de la Compagnie, par exemple.
- Donc, si je m’engage dans la Compagnie, j’aurais une dette à rembourser ?
- Que tu rembourseras en te battant pour nous, exposa Roche.
- En moyenne, un guerrier qui s’engage met deux ans à rembourser sa dette, mais cette durée peut être plus réduite si la personne est particulièrement utile à la Compagnie ou si elle est décisive lors d’une bataille.
- Leora a remboursée sa dette en deux mois, rit le Gav’ Roche.
- Tu le répète à chaque nouveau que tu m’amènes, Roche ! ça ne fait que les déprimer, voyons !
- N’importe quoi, ça les motives ! »
Pendant que les deux compagnons se disputaient gentiment, Elly réfléchissait. Leora lui avait laissé trois jours pour se décider définitivement. Trois jours pendant lesquels elle avait arpenté le campement et observé l’organisation globale du lieu. Le jour, elle avait accompagnée Leora qui avait commencé à lui montrer comment manier l’épée et l’arc, puis étudié auprès de Rose-Marie qui lui listait des plantes médicinales dont elle ne se souvenait plus ni le nom ni l’effet. Les Nuits, elle les avait passé dans la tente de l’herboriste, mais sortait souvent retrouver l’Enrâ aux abords de sa cage et discutait avec lui. De ces trois jours, elle en avait tirée deux certitudes : il lui était impossible de faire évader Orrö avec la garde stricte que lui faisaient les mercenaires, et la Compagnie d’Or-sang possédait des savoirs qu’elle désirait acquérir pour sa vie de combattante. Voulait-elle s’engager auprès d’eux ? C’était ce à quoi l’avait encouragé Orrö, et ce qu’elle s’était aperçue vouloir elle aussi. Mais contracter cent pièces d’or de dettes ? C’était un prix élevé, et deux ans semblaient bien être nécessaires à réunir la solde… Et pourtant, ce prix était si élevé, si abstrait par rapport à la réalité tangible de sa condition présente, qu’elle ne le considéra que quelques secondes avant de ne plus s’en préoccuper.
« Je veux m’engager, San, dit-elle. Dis-moi où signer.
Le vieil Halfelin la dévisagea d’un regard dubitatif, puis expliqua :
« Dans ce cas, tu dois signer le registre par ton prénom, ton nom –si tu en as un- et ta spécialité dans la Compagnie, le tout dans la partie correspondante à ton lieu de naissance. Une signature est définitive, Elly, tu le comprends ? Tu ne pourras pas partir avant d’avoir remboursé ta dette…
- Je comprends parfaitement, merci, fit-elle distraitement.
- Dans ce cas… »
Il lui présenta le registre, ouvert à la page marquée du numéro 357. Elly y inscrivit :

Elly Armillion, guérisseuse.

San compléta alors :

Elly Armillion, guérisseuse.
Dette : 100 Solde : …


Elly lui sourit.
« Le record est de deux mois, c’est ça ? plaisanta-t-elle.
- Héhé, rit le Gav’, cette gamine me rappelle quelqu’un… pas à toi, San ?
- N’exagère pas, le reprit l’Halfelin. Leora avait une formation militaire déjà extrêmement perfectionnée lorsqu’elle est arrivée ici… Elly ne sait même pas tenir une épée.
- Pour l’instant, sourit le Gav’. Nous sommes là pour la former, afin qu’elle puisse se battre.
- Je n’espère pas vraiment battre le record, s’excusa Elly. Mais je ferais de mon mieux.
- Nous l’espérons tous. » conclu San Tori en refermant lourdement le Registre.

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Roche l’emmena alors à travers le campement, jusqu’à une tente présentant des bannières rouges. L’Orc en ouvrit les voiles, et salua l’armurier. C’était un Nain massif aux bras découverts parcourus de cicatrices. Son crâne était entièrement rasé et sa barbe bien plus courte que celle arborée d’habitude par les autres Nains. Il ne portait par ailleurs pas de collier.
« Mais c’est notre Gav’, dites-moi, bougonna-t-il. Te déciderais-tu enfin à t’acheter une lame ?
- Je ne crois pas, Bastello. Je suis là pour Elly. »
Il la désigna d’un mouvement de bras.
« Tu as toujours le miroir ?
- J’me disais bien que ça faisait quelques temps que personne ne s’en était servi… Il est derrière ; fais comme chez toi. Quand tu as besoin de moi, tu m’appelles. »
Le Gav’ opina du chef et écarta les tentures du fond, invitant Elly à passer derrière les établis et les caisses empilées. Si elle promena un instant son regard sur le désordre apparent, elle s’abstient de tout commentaire. Elle passa derrière la tente, et aperçut immédiatement le miroir en question : c’était une gigantesque glace de près de deux mètres posée en équilibre contre un tronc d’arbre face auquel on avait installé un petit tabouret.
« Assis-toi donc là, lui dit Roche, que nous t’examinons un peu. »
Ce qu’elle fit.
« A présent que tu fais officiellement partie de la Compagnie, il nous faut te bichonner un peu plus…
- Me… bichonner ? » demanda Elly, déstabilisée.
Elle n’obtient pas de réponse, mais le Gav’ se lui prit la tête entre deux mains, et l’approcha de la glace, étirant le cou d’Elly jusqu’à ce qu’elle ne manque d’embrasser la glace.
« Je dois te transformer en guerrière potentielle, annonça l’Orc, et cela requière un certain entretient de son corps. Ne vois-tu rien qui cloche ?
- Non, répondit-elle à deux centimètres de la surface réfléchissant son image.
- Vraiment rien ?
- Un début de mal au cou, ça compte ? »
Il la relâcha d’un petit rire. Elly reprit une place plus appropriée sur le tabouret et se massa lentement les cervicales. L’Orc avait beau plaisanter, il avait une sacrée force…
« Alors, reprit-elle, qu’est-ce qui ne va pas ?
- Tes cheveux, lui dit-il, depuis quand ne les as-tu pas coupés ?
- Oh, je ne les coupe pas, j’aime les porter longs.
- Peut-être que tu aimes, mais il va falloir les couper.
- Quoi ?! Pourquoi ? Je les lave pourtant…
- Ce n’est pas une question d’hygiène, voyons ! Si tu dois te battre un jour, il faut qu’on veille à laisser le moins de prises possibles à l’adversaire. Et en l’état, des longs cheveux sont une prise beaucoup trop facile pour qui veut t’agripper avant de t’égorger… Non, si tu veux te battre, tu dois couper ça au minimum aux épaules.
- Mais Leora a des cheveux longs pourtant ! se remémora la jeune magicienne, essayant de sauver sa tignasse.
- Ah, mais Leora n’a jamais été blessée pendant une bataille ! Tu prétends être à son niveau ?
- Non, bien sûr, mais…
- Il n’y a pas de "mais" : c’est moi qui décide des effectifs lors d’une bataille, et j’envoie au combat uniquement ceux qui ont une chance de survie raisonnable. Tu veux aller au combat ? Alors laisse-moi couper tes cheveux.
- C’est toi le coiffeur, ici ? demanda-t-elle d’un humour acide.
- Nous n’avons personne de cette profession dans la Compagnie, alors s’en charge un peu tous… mais si tu as des réclamations à faire une fois que je m’en serais chargé, vas voir Rosemarie : elle a un bon coup de ciseaux.
- Peuh, ok… Vas-y alors si je n’ai pas le choix !
- Quoi, c’est tout ? Pas plus de résistance ? Pas de chichis, pas de bouderies ?
- Arrête de me traiter comme une gosse ! s’exaspéra-t-elle. J’ai pris la décision de vous rejoindre, alors arrêtez de vous moquer de moi !
- D’accord, d’accord, votre majesté… fit-il d’un air ironique avant de redevenir sérieux. Quelle longueur ?
- Laisse-m’en un maximum.
- A la base du cou, donc ! »
Il s’éclipsa alors un instant afin d’aller emprunter des ciseaux au forgeron. Elly en profita pour se regarder une dernière fois dans la glace et tenter de graver la vision de ses longs cheveux dans sa tête, afin d’en conserver le souvenir. Elle ne se rappelait pas les avoir jamais coupé au-dessus de ses omoplates, et imaginer perdre ce bel attribut lui faisait bizarre… Heureusement, le Gav’ Roche revint alors et il en fut vite fait : en trois coups de ciseaux, ses longues mèches tombèrent au sol. Quelques coups de plus et il en fut fini : tous ses cheveux s’arrêtaient à présent brutalement juste au-dessus des épaules.
« Alors ? demanda l’Orc, l’air satisfait de son travail.
- Hum, je vais mettre quelques temps à m’habituer… Je peux me faire une teinture ? »
Il rit.
« Maintenant qu’on a commencé, on t’arrête plus !
- Finalement ce n’est pas plus mal : je veux me battre au lieu de fuir ; que je change également physiquement est assez logique.
- Tu iras voir Rosemarie alors : c’est elle la pro des teintures. Mais je te préviens : une couleur remarquable gênera ta discrétion et attirera l’attention sur toi pendant les combats. »
Elle rougit.
« Ah, je n’avais pas pensé à ça…
- Qu’est-ce que tu avais en tête ? se renseigna-t-il.
- Des tresses de couleurs, comme Rosemarie, ça aurait bien correspondu à mon état d’esprit…
- Je t’arrête tout de suite : les multiples couleurs sont réservées aux personnes en charge des soins, afin qu’on les repère facilement sur le champ de bataille et qu’on leur amène rapidement les blessés.
- Ah… mais je suis guérisseuse aussi, non ?
- Apprentie ! Tu pourras colorer tes cheveux quand Rosemarie te le diras, mais pas avant, pas dans ces couleurs en tout cas.
- Oh, je vois… alors j’en reste là pour l’instant.
- On a déjà bien avancé ! se réjouit le codirigeant. La suite maintenant… »
Il appela Bastello. Le Nain bougonna un peu, mais finit par débarquer, tenant dans ses mains une corde à nœuds. Chaque nœud étant espacé de deux centimètres environ, Elly devina son utilité avant que Roche ne lui annonce :
« Nous allons prendre tes mesures à présent. Tiens-toi bien droite et ne bouge pas ! »
Le forgeron et le codirigeant lui mesurèrent ainsi le tour de taille, de poitrine et de hanche, puis la largeur de ses épaules, de son crâne, avant mesurer précisément la circonférence de ses jambes et de ses bras aux articulations. Si le Gav’ ne faisait que l’effleurer, le Nain n’hésita pas à laisser balader ses grosses mains et Elly crut à quelques reprises qu’il était en train de l’attoucher. Lorsqu’il constata son malaise, Roche prit en charge le reste des mesures à faire et envoya plus ou moins subtilement le forgeron jeter un coup d’œil aux stocks.
Après un récapitulatif de ses mensurations et un long inventaire des stocks, Bastello et le Gav’ Roche lui présentèrent un équipement hétéroclite.
« Ce n’était pas simple de trouver des pièces d’armure pour une taille comme la tienne, lui dit l’Orc, alors tout n’est pas forcément de première main, mais il s’agit d’un bon matériel, et il faut mieux être correctement protégé lorsqu’on veut combattre ! »
Il y avait là une paire de gants d’archer d’un cuir usé qui lui remontait jusqu’au-delà du coude et dont plusieurs sangles servait à l’ajuster à sa convenance ; un pantalon de toile grossière mais manifestement chaud et convenable, bien que rapiécé à quelques endroits ; une chemise de toile blanche ne sentant pas trop le renfermé ; un bustier de cuir tanné surmonté d’un plastron d’acier fin en remarquable bon état et adapté à sa morphologie –bien qu’elle se doutait qu’il ait été à la base conçu pour une plus forte poitrine que la sienne- ; des bottes de cuir usées ; et enfin des jambières de cuir et de métal. Elly se décida à prendre le tout, mais laissa les bottes de côté. Le Gav’ s’en étonna :
« Tu comptes garder tes bandages ?
- J’ai longtemps porté des bottes, expliqua-t-elle, mais ces bandages sont le cadeau d’une amie chère, et sont bien plus pratiques pour marcher et courir que des chaussures ou des bottes. Avec ça, je ne fais pas de bruit et ne transpire pas plus !
- Foutues lubies de bonne femme… bougonna Bastello.
- Si tu le dis, répondit Roche, mais il risque de faire un peu froid… et s’il doit un jour neiger, tu seras contente d’avoir une paire de botte de prête, non ?
- Ah, vous n’avez pas tort mais… c’est vrai que j’ai pris l’habitude de ne pas m’encombrer de choses qui ne sont pas immédiatement utiles depuis quelques mois ; j’étais continuellement sur les routes, et je n’avais pas de quoi transporter le superflu…
- A présent tu es dans la Compagnie, et je tiens à ce que mes guerriers aient quelque chose à se mettre sur le dos. Tu n’as pas d’autres habits que ceux que tu portais lors de ta capture ? »
Elle trouvait le terme un peu cru, mais elle ne pouvait que lui donner raison : autant appeler un chat un chat. Quant à sa question…
« Non, je n’ai avec moi que le contenu de mon sac et des poches de mon manteau de voyage. Je n’ai pas le luxe d’avoir des "tenues" de rechanges…
- Pourtant il va-t’en falloir, lui certifia-t-il. Après quelques jours d’entrainements quotidiens, ce n’est plus le bain du soir qui va décrasser convenablement tes habits ! Bastello, tu aurais de quoi la vêtir ?
- Je suis pas tailleur, ralla celui-ci. Et puis non, j’ai pas de vêtements disponibles en ce moment : avec la venue de temps plus froids, mes stocks ont étés pillés par les peuples à sang chaud de la Compagnie. Si la petite veut refaire sa garde-robe, il faut qu’elle aille chercher ailleurs.
- Ah, c’est dommage… Mais j’ai entendu dire que San et Isidore sont descendu passer commande au village non-loin il y a une semaine de cela, non ?
- C’est exact, il nous manquait une vingtaine de capes d’hivers, et les éleveurs du coin fournissent de la bonne fourrure. Ils devaient y redescendre récupérer la cargaison dans la soirée si je me souviens bien.
- Alors c’est parfait, annonça le Gav’, je vais parler à Isidore dès que possible.
- Qu’est-ce que vous avez en tête ? se renseigna Elly.
- Je vais te confier ta première mission d’escorte. »

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« Nous y voilà » annonça la Reine.
Il pleuvait depuis le début de la matinée. La toile en peau que Vym avait passée par-dessus son armure de cuir s’était collée à la peau de ses bras nus. La fine bruine elle-même semblait collante, dans cette forêt clairsemée. Devant elles, les rangées d’arbres humides s’ouvraient sur la façade d’une falaise. La guerrière dû plisser les yeux tâchés par l’humidité pour y discerner une fine ouverture, une faille, une entrée vers ce qui semblait être une grotte. Elle parvenait à l’apercevoir, mais seulement d’un œil, et c’était comme si la faille était troublée par une fumée invisible…
« Un charme de vision dissimule cet endroit depuis des centaines d’année : seule moi-même et celles qui partagent mon sang peuvent le percer. »
La voix de Vym était pâteuse, comme embuée, incertaine face aux réponses qu’elle allait obtenir, lorsqu’elle demanda :
« Quel est cet endroit ?
- Devant nous se trouve l’entrée du Cairn Ancestral : le lieu où les mères de mes mères sont venues en quête de réponses, et où les filles de mes filles viendront en quête de ces mêmes réponses… Voilà le centre spirituel du Hillit, ce que nous protégeons depuis des siècles, ce que ni les humains ni les Skavens ne pourront nous prendre : notre Sanctuaire. »
La Reine s’avança donc, fit face à l’entrée de la gorge, se retourna une dernière fois pour surveiller les alentours, hésita, puis s’engagea dans l’obscure galerie. Vym la suivit, et aussitôt les ombres se refermèrent sur elle.
La galerie était bien plus longue que ce que l’on pouvait penser. Voilà près de deux cents mètres qu’elles progressaient toutes deux, de profil, se faufilant entre les blocs de roches et les aspérités, et il n’y avait toujours aucune lumière au loin. Le tunnel fit un coude, puis un autre, et Vym n’y voyait toujours rien. Encore un autre coude, puis une progression resserrée dans un air de moins en moins humide à mesure qu’elles s’enfonçaient dans la terre et s’éloignaient de la surface… Un sentiment étrange grandissait en elle : comme si la pression ne venait pas de l’amas de terre au-dessus d’elle, mais de ce qui se trouvait devant elle. C’était profond et diffus à la fois, comme si les cordes de son âmes vibraient au contact d’un vent immatériel. Il y a de la puissance ici, pensa-t-elle, une puissance bien plus vieille que les mères des mères de ma Reine. Et le tunnel continuait encore. Il y eu encore un coude, puis…
Ce fut la lumière. Une lumière diffuse mais profonde, bleutée, qui détacha le dos de la Reine du noir absolu. Lorsque la guerrière émergea dans la caverne, elle y vit des parois entièrement recouvertes de champignons fluoresçant, taillées en une bulle presque parfaite, au centre desquelles reposait une mare d’eau turquoise. Cette bulle surréaliste transcendait d’énergie mystique qui faisait s’iriser le duvet sur la peau humide de Vym. La caverne était là, devant elle, mais c’était comme si elle se situait sur un autre pan de la réalité, sa véritable forme hors de portée de ses sens…
La Reine vint à elle et lui murmura :
« Maintenant, écoutes moi bien, Vym : peu importe ce que tu verras dans quelques instants, je veux que tu restes à ta place. Ne bouge pas, n’ai pas peur et, surtout… ne révèle jamais à un indigne ce que tu verras aujourd’hui, d’accord ? »
Elle acquiesça gravement, sans vraiment comprendre, et la Reine s’avança jusqu’à la petite mare. Elle y trempa les pieds, et ce fut alors comme si elle s’illuminait de l’intérieur. Devant ses yeux, sa Reine fermait les siens, laissait son corps aller, comme en suspension. L’eau calme se mit à tourbillonner autour des pieds de la Reine, et lorsque ceux-ci s’élevèrent de quelques centimètres dans l’air, l’eau suivit, s’enroulant en de lents tourbillons dirigés vers le plafond. La Reine fermait toujours les yeux, et se trouvait hors du temps, en lévitation, les cheveux flottant autour de sa douce figure. Vym retenait déjà son souffle, n’arrivant qu’à entre-apercevoir les mystiques forces qui jouaient là. Et puis une lumière plus intense, plus lumineuse que les autres irradia de la poitrine de la Reine. Une bulle lumineuse se forma et, en son centre, prit peu à peu matière une sorte de pierre… Cette Pierre semblait sortir du corps de sa Reine, s’extraire de sa prison de chair pour, enfin, luire, libérée de ses limites charnelles…
Et la Reine rouvrit les yeux, plongea le regard dans cette pierre. Et elle… dialogua. De ce que comprit Vym, pas grand-chose n’était explicable, mais elle perçût clairement cette impression d’échange, au-delà des mots, au-delà du langage… Sa Reine… sa Reine était établie dans une liaison avec le tissu même du monde.
Ce ne dura qu’une minute, mais cette minute sembla s’étirer sur des heures, lancinante, en suspension, dérangeante et haletante…
Et finalement, au terme de cette attente mystique, la lumière décrut et la pierre revint se loger dans la poitrine de la Reine, laquelle retomba doucement dans la mare. La grotte retomba dans la semi-obscurité bleuâtre qui avait précédé la transe, et s’en fut fini. Epuisée, la Reine posa un genou à terre. Vym vint la soutenir, mais constata qu’elle avait à nouveau fermé les yeux…
« Vous…
- J’ai besoin de repos, j’ai vu les courants du Temps de trop près ce soir. J’aurais retrouvé la vue dans quelques minutes, ne t’en fais pas… Mais nous n’avons pas quelques minutes, Vym. Tu dois partir immédiatement.
- P… partir ?
- Oui, dans l’instant. Tu dois voyager vers l’ouest, au plus vite…
- Pourquoi ? Qu’avez-vous vu, ma Reine ?
- J’ai vu ce qui s’est passé, ce qui se passe, et ce qui se passera… Ne perd pas de temps, Vym ! Tu dois le rejoindre !
- Qui ça, ma Reine ? Qui dois-je rejoindre ?
- Le Guerrier de Lumière. Tu dois le trouver et l’aider…
- Comment serais-je sûre qu’il s’agisse bien de lui ?
- Par la vision la plus pure, Vym… Fis-toi à ton cœur, à ce qu’il murmure à ton âme, et tu trouveras tes frères et ses sœurs, les treize âmes qui te sont liées, dans le passé, le présent, et l’avenir… Va, cours les rejoindre. »

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Lorsque la Reine ressortie de la grotte, à la tombée de la nuit, Vym était loin, et dix Varlas l’attendaient. L’une d’elle, grande et aux larges épaules, les cheveux taillés à raz, s’avança. Son armure de peau Varla teinte en rouge était rehaussée de plaques de métal typiquement humaines, tout comme les imposantes épaulières qui soulignaient sa carrure imposante et son visage dur. A son cou, un petit collier de pierres bleu luisait doucement dans la pénombre, flouté au regard par la pluie fine.
« Alors ainsi tu es venue, Sang-tü, ma sœur de lait... énonça calmement la Reine dont la résignation se ressentait dans la voix.
- Ce collier me lit à toi, répondit amèrement la dénommée Sang-tü. J’ai vu ce que tu as vu aussi clairement que toi.
- Tu n’aurais jamais dû venir…
- Je suis la Capitaine de tes Gardes d’élites : je suis liée à toi plus qu’aucune autre, je ne pouvais te laisser affronter seule ses évènements. »
Une seconde guerrière brisa les rangs et se présenta à la Reine. Elle était plus petite, et ses cheveux étaient rassemblés en de petites couettes, accentuant l’aspect mince qu’avait sa figure.
« Nous sommes votre garde d’élite, ma Reine, dit-elle d’une voix douce. Notre devoir est de vous protéger, en tout instant, aussi avons-nous accompagné la Capitaine Sang-tü.
- Alors toi aussi tu es venue, Gallïa…
- Nous avons grandis ensemble, Meloyïna, reprit Sang-tü, nous te connaissons mieux que personne. Tu ne nous aurais jamais demandé de l’aide, mais tu aurais dû te douter que nous ne te laisserions pas tombé ! »
Les larmes lui montèrent aux yeux. Ses deux sœurs de lait, les deux personnes en qui elle avait le plus confiance, celles qui comptaient le plus à ses yeux, étaient toutes les deux venues l’épauler pour cette bataille.
« Nous avons veillé à éviter Vym en chemin… quelle mission lui as-tu donnée ? »
La Reine regarda le ciel, par-delà la cime des arbres.
« Notre dernière.
- Pourquoi elle en particulier ? Chacune d’entre nous aurait pu s’en occuper…
- Non, il y a quelle chose qu’elle seule possède. Sa connexion avec le Porteur de Lumière la guidera à lui, il nous faut l’espérer. C’est notre ultime chance, mes sœurs. »
Toutes se turent et unirent leur regard à celui de la Reine. Elles se comprenaient. La pluie tombait, mais ce fut comme s’il n’y avait soudain plus aucune barrière physique entre elles.
Ce fut alors qu’un homme trancha à travers la forêt des Marais.
Ce ne fut pas une entrée fracassante, pas plus qu’une arrivée furtive. Non, ce fut comme s’il avait toujours été là. L’individu s’avança sous la pluie légère sans aucune mise en scène, avec le plus grand naturel du monde. Ses mains étaient négligemment glissées dans les poches amples de son pantalon de toile alors que son torse n’était couvert que d’un haut de tunique en lambeau.
Aucune guerrière ne parla, elles l’attendaient.
Un éclair illumina le ciel au-dessus d’eux et elles purent apercevoir le visage de l’étranger : il était jeune, fait d’une expression oscillant indéchiffrablement entre sérieux extrême et décontraction. Ses cheveux blanc étaient coupés courts mais partaient en de nombreux épis sur sa tête, et ce malgré la pluie. Ses oreilles étaient percées et agrémentés d’un cercle de métal lui écartant le lobe. De longues striures lui parcouraient les joues mais celles-ci étaient trop nettes pour être le fruit des années. Il se dégageait de sa personne un sentiment étrangement hors du temps. Les angles de sa mâchoire étaient droits et sa posture suffisamment relâchée pour paraitre nonchalante, mais bien trop tendue pour ne pas tenir de la provocation.
Pas un mot de fut prononcé. Il n’y en avait nul besoin.
Les guerrières dégainèrent leurs armes, l’homme révéla ses mains : elles étaient parcourues de runes tatouées d’une encre rouge sombre. La Reine y reconnu d’ancienne et puissantes runes de pouvoir…
« Garde Rouge ! rugit Sang-tü. Protégez la Reine ! »
Alors que l’homme aux mains couleur de sang les accueillait de sa danse martiale, la Reine Meloyïna ne put empêcher une larme de venir couler le long de sa joue. Ainsi soit-il, songea-t-elle alors qu’elle agrippait ses cheveux pour les nouer et qu’elle remontait ses manches. Si tel et mon destin, je n’y faillirais pas. Mes sœurs combattent pour moi, alors je me dois de me battre pour elles. Ses mains se chargèrent de magie, et le ciel se mit à gronder.
Ses yeux s’illuminèrent. Ce n’était plus l’heure de pleurer.
C’était l’heure de se battre.

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« Je vois que ta mission est remplie, Iliam. »
Sön déplia un rouleau de parchemin puis y apposa un sceau du bout du pouce. Iliam la Lueur, lui, voltigea un instant innocemment avant de se poser sur la branche d’un arbre. La petit formation forestière autour d’eux resta judicieusement silencieuse le temps que dura leur entretien.
Lorsque le rapport fut transmis, Sön le replia, le plaça dans sa main gauche, et y mis le feu par magie. Le Féérin contempla quelques secondes les flammes magiques, et un petit sourire se forma à la commissure de ses lèvres. La Messagère ne se trompa point sur ce signe.
« Quelque chose vous intrigue, Lueur ?
- En effet, reconnu-t-il. Lorsque je vous regarde, je suis toujours hanté par la même curiosité… Vos techniques de combat de moine-guerrier au corps à corps sont redoutables et redoutés, ma chère, et à eux seuls sont l’apanage du parfait guerrier recherché par notre Seigneur l’Ombre, alors… pourquoi avoir tenu à développer vos capacité de magie élémentaire –qui sont, vous le reconnaitrez, des éléments fort secondaires de votre puissance- ?
- Je me pensais moi-même invincible en combat rapproché, avoua Son. Mais le jour de mon entrée au service de l’Ombre, j’ai rencontré un être qui m’a persuadé du contraire… »
Son regard quitta un instant Iliam et sembla se perdre au loin. La Messagère crispa la mâchoire, comme si elle se refusait à prononcer le nom.
« Je ne serais jamais la meilleure au contact tant qu’il existera des monstres comme lui, c’est ainsi, reprit-elle, aussi je me devais de diversifier ma palette d’attaques grâce à de la magie et des enchantements élémentaires, afin de tenir un minimum la comparaison.
- Son, vous m’intriguez… qui est cet homme que vous tenez en si haute estime ?
- Il se fait appeler Astre, énonça-t-elle aigrement, et il fait partie des généraux, même s’il mêle rarement à nous autres ; il est… la pièce maitresse de l’Ombre, en quelque sorte.
- Comment est-il ?
- Vous le décrire serait inutile, grimaça-t-elle, car il est impossible d’estimer les compétences de combat d’un tel être.
- Est-il fort ?
- Terriblement. En affrontement frontale, sa puissance et sa rapidité sont presque illimités, mais la plus grande menace vient de sa célérité en analyse de combat : laissez-lui un quart de seconde, et il saura parfaitement comment marche votre technique secrète. Le plus effroyable étant qu’il s’en fout bien : peu importe votre tactique, votre technique, ou vos stratagème, il y mettra toujours fin par la force brute de ses runes ancestrales. En un sens, il est le guerrier absolu de notre maitre.
- Vous en parlez comme d’un mythe… »
Sön lui sourit.
« Je vais te donner un conseil, Iliam. Si un jour tu le croise en ennemi, prit pour qu’il te tue sans tarder, car de tout ce que tu pourras faire, voler au plus haut du ciel, au plus loin de l’horizon… rien de tout cela ne te permettra de lui échapper. En ce sens il est parfait : rien ne l’empêchera jamais de tuer sa cible.
- Absolument aucun moyen de lui échapper ?
- Le suicide, peut-être… et encore… »
Elle sourit cruellement.
« Il te tuerait avant que tu ne le fasse toi-même. »

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L’homme repoussa du pied une guerrière et se coula sous la garde d’une seconde. Celle-ci n’eut pas le temps de réagir. Alors que Gallïa manœuvrait avec ses sœurs de façon à encercler l’étranger, elle vit distinctement sa main transpercer la gorge de la Varla, lui broyant la trachée de son poing fulgurant.
Le corps retomba au sol. L’homme porta sa main à sa bouche et s’en pourlécha les doigts, l’œil amusé. Gallia concentra son regard sur les runes l’ornant, et il lui sembla les voir resplendir sous la puissance du sang versé.
« Une de moins, murmura-t-il, plus que neuf…
- Toutes en position, ne lui laissez pas d’échappatoire ! » rugit la Capitaine Sang-tü.
Toutes suivirent ses ordres. L’homme fit jouer lentement les articulations de sa main ensanglantée, le regard cherchant à tester le leur.
Lorsque les guerrières de rouge fondirent sur lui, il se ramassa, toucha de la main droite une rune de sa main gauche, et frappa le sol de toutes ses forces. Gallia et ses sœurs furent alors repoussées par une terrible onde de choc qui déracina les arbres les plus proches. Quelle puissance ! ragea-t-elle. Il nous repousse toutes si facilement ! Elle comprit dans un même temps qu’elles ne pourraient gagner par la seule force brute…
Les guerrières se mêlèrent aux branchages et aux racines soufflées par la magie runique et bientôt leur formation fut brisée. Seule encore debout se tenait la Capitaine, empoignant sa grande épée d’acier. L’homme parut presque surpris lorsqu’elle le chargea.
Gallia se releva la première et courut aider Sang-tü. Il faut que j’attende le bon moyen pour frapper, se dit-elle. L’étranger aux mains de sang esquivait calmement les grands coups d’épées, et la Capitaine ouvrait de plus en plus sa garde dans l’espoir de l’atteindre. Ce n’était plus qu’une question de secondes avant qu’il ne frappe.
« Archère ! » ordonna-t-elle.
Aussitôt une flèche fut encochée et tirée par une de ses sœurs. L’homme se retourna, surpris, mais la flèche fut happée et instantanément broyée par sa main. Maintenant ! La Capitaine aussi avait perçu l’occasion, et elles attaquèrent de concert. L’étranger resta figé un instant, et joint ses mains. On va l’avoi…
En une fraction de seconde, il les prit de vitesse.
Il sauta en l’air, roula sur lui-même, asséna deux coups de pied à la Capitaine qui tomba au sol, écarta la lame de Gallia et la repoussa d’une percussion au plexus.
Gallia commit l’erreur de rester debout, et il s’avança alors qu’il avait encore l’avantage. Le coup qu’elle avait reçu la courbait presque en deux, et pourtant elle resserra sa prise sur son épée et fit face. Il n’a pas d’arme, se répéta-t-elle, il ne peut pas te tuer. Il n’a pas d’arme, il ne peut pas te tuer.
Dans les yeux de cet être qui avançait vers elle, elle lut une étincelle de puissance et la sombre détermination dont découle son utilisation. Il leva son bras, encore une fois entre flegme et grand sérieux, et elle sut précisément où il allait frapper. Elle leva son épée, se préparant à la parade. Dans son esprit défilèrent les dizaines de mouvements de contre qui lui permettraient de défaire sa garde et de lui porter un coup. C’était un un-contre-un, un duel, et elle perdait rarement. Son épée se positionna. Il n’a pas d’arme, il ne peut pas te tuer. Il n’a pas d’arme, il ne peut pas…
Elle tremblait ; lui souriait.
Elle vit Sang-tü se relever, et les autres accourir, les armes à la main.
Tu as une lame, il n’a pas d’arme, il ne peut pas te tuer…
Les autres arrivèrent, bondirent sur lui, voulant le transpercer de leurs épées.
Lui, d’un mouvement las, abaissa son bras
Maintenant !
Gallia chargea sur trois pas, abattit violement son épée et dérapa dans l’herbe tachée de sang.
Derrière-elles, les sept guerrières s’écroulèrent à terre.
Gallia se retourna lentement. Les têtes de ses amis roulaient dans l’herbe, et son propre bras reposait au pied de l’homme qu’elle avait essayé de tuer.

« Non ! » hurla la Capitaine.
La Reine Meloyïna se couvrit la bouche avec ses poings. Gallia s’effondra à son tour : il ne restait de son épée qu’un bout de métal brisé, et de son bras qu’une épaule proprement tranchée par la main de l’homme qui les défiait.
« Sept de moins, plus que deux et demi. » commenta-t-il froidement.
Sang-tü s’avança.
« Espèce d’ordure… tu vas payer cher pour ce que tu as fait ! »
Et la Capitaine s’élança. Ses coups d’épées furent facilement évités par l’étranger, jusqu’à ce qu’elle ne frappe un grand coup vertical qui le força de nouveau à s’élever dans les airs. Là, la forêt retenti d’un terrible coup de tonnerre.
La Reine avait mis du temps à charger ses pouvoirs, mais ceux-ci étaient à présent à leur apothéose.
« Meurt foudroyé, monstre ! » le maudit la Capitaine en le chargeant au corps-à-corps, l’empêchant de fuir.
Rien ne va plus vite que la foudre, songea la Reine. Il est temps d’en finir !
L’éclair déchira le ciel et la terre.

Un flash blanc aveugla Meloyïna quelques instant, et lorsque sa vision se rétablie, il ne subsistait de la forêt devant elle qu’un vaste cratère de terre carbonisée. De petits feux embrasaient les arbres des alentours et une épaisse fumée s’était constituée sur les lieux de l’impact. J’ai rarement chargé mes pouvoirs à ce niveau… quelles destructions pourrais-je causer si j’amassais plus d’énergie encore ? Sans doute me détruirais-je moi-même…
Elle toussa. La fumée était lourde et, si la pluie ne tombait pas bientôt, les Marais de Soufres risquaient bien de se voir ronger par les flammes.
« Sang-tü ? appela-t-elle timidement. Sang-tü, tu es là ? »
Mais du cratère rien ne vint lui donner de réponse. Des larmes commencèrent à couler sur les joues de la Reine Varla alors qu’un timide vent venait dissiper la fumée au centre du cratère.
Là se tenait l’étranger, les vêtements en lambeaux, la chair roussie, mais le regard toujours vif. Les runes de ses mains s’étaient étendues sur toute la longueur de ses bras à mesure qu’il s’était gorgé de sang. Il était intact, et son poing droit agrippait les cheveux de la tête tranchée de la Capitaine Sang-tü.
Décrire ses sentiments en cet instant présent, la Reine en aurait été bien incapable, et ce fut à peine si elle perçut la réalité de la scène qu’elle avait sous les yeux. Tout semblait si factice, si inimaginable ; il lui semblait faire un cauchemar atroce où, peu importe l’énergie qu’elle mettait à lutter, l’horreur lui ôtait tour à tour chacun des constituants primaires de sa vie. Comment cela pouvait-il être vrai ? Elle avait déjà contemplé cette scène, avait tout fait pour l’empêcher, et pourtant elle se répétait à nouveau… Peut-être tout cela était faux, peut-être allait-elle se réveiller à nouveau, dans la caverne, avec Vym, et peut-être au dehors l’attendraient Sang-tü, Gallia et leurs sœurs, peut-être…
L’homme se mit à marcher dans sa direction. Il jeta négligemment de côté les restes de la Capitaine des gardes et regarda la Reine droit dans les yeux. Il se mit à parler, d’une voix neutre, irisée d’effluves de sang :
« La réputation de votre garde d’élite n’était pas usurpée, votre Majesté. On les disait imbattables, et elles le seraient sans doute restées si je ne connaissais pas leur point faible. »
Il jeta négligemment un regard autour de lui.
« Quel gâchis… une si belle technique de combat, annulée par une parade si simple… »
La Reine frissonna.
« Votre guerrière ne craignaient pas de se trouver au point d’impact de votre éclair, et pour cause : elle était capable d’y résister. La magie héréditaire, et notamment la vôtre propre, a cela de fascinant qu’elle n’est d’aucun effet sur les personnes dotées d’un lien de sang avec le magicien. En partageant votre sang avec les membres de votre garde rapprochée, vous vous assuriez de leur immunité à votre magie, ce qui vous permettait de balancer ce genre de sort de destruction massive au milieu de vos guerrières sans craindre de les tuer. C’est très ingénieux, sauf que… »
Il se pourlécha les lèvres, semblant se remémorer une saveur bien singulière.
« Il suffit à votre adversaire d’absorber le sang d’une de vos guerrières pour se retrouver à son tour immunisé contre vos attaques. Et il se trouve que mon pouvoir augmente avec le sang dont je me nourris : on pourrait presque croire que j’ai été conçu spécialement à votre intension… »
Sa paume s’ouvrit et son sang se solidifia pour former une lame aux reflets meurtriers de verre sanguin. Lorsqu’il la brandit, la Reine y entre-aperçu son reflet.
« Considérez ma visite comme le cadeau d’adieu de votre chère amie l’Ombre. » conclu-t-il.

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Vym s’accroupit dans les buissons alors qu’un groupe de cavaliers passaient au trot sur le sentier qu’elle suivait depuis quelques heures. Derrière-eux, de lourds rideaux de fumées s’élevaient. Vym obligea péniblement son corps à rester immobile. Maudits humains, pensait-elle, se livrer bataille ne leur suffit plus ? Faut-il donc que les villages et les récoltes soient incendiés lors d’une guerre civile ? L’Empire d’Oroban n’existait plus, et il ne subsistait des armées impériales que des divers groupements, n’ayant de militaire que le nom, se livrant à de basses guerres de territoire sans fin. Aucun nouvel empereur n’était surgit du chaos de la guerre civile, et chacun fois qu’un parti semblait obtenir l’avantage, son leader se voyait mystérieusement assassiné, précipitant son mouvement dans la décrépitude. Si ce que laissait entendre ma Reine est vrai, il est probable que l’Ombre soit derrière tout cela : le chaos lui plait et couvre le déplacement de certaines de ses troupes…
Lorsque les cavaliers se furent suffisamment éloignés, Vym s’étira brièvement et reprit sa course. La Reine lui avait commandé de faire au plus vite, et il en serait ainsi. Elle avait beau commencer à fatiguer, elle ne ralentirait pas le rythme, pas plus qu’elle ne s’accorderait de sommeil prolongé cette nuit. Elle devait retrouver celui qu’elle pensait être le porteur de Lumière, elle devait retrouver Vel, et alors…
Son cœur manqua un battement.
Elle perdit sa foulée, et progressivement s’arrêta.
Qu’est-ce…
Quelque chose l’avait quitté. L’instant précédant, elle était complète et, soudainement, quelque chose s’en était allé. Vym ouvrit la bouche, cherchant de l’air alors que sa gorge se serrait et que les larmes dévalaient ses joues.
Qu’est-ce…
Elle se retourna et son regard perdu fixa loin derrière elle.
Le Hillit… La Reine… Elle…
Les pensées ne se formaient plus dans son esprit, et lorsqu’elle ouvrit plus encore la bouche il n’en sorti que d’horribles gargouillis emplis de chagrin. Elle s’abandonna ; et tomba à genoux. Les larmes ne s’arrêtaient plus, et les cris qu’elle poussait semblaient ceux d’un animal sauvage mortellement blessé. Trois lourds spasmes la secouèrent, elle se plia en deux et vomi. Elle resta prostrée et ses larmes se mélangèrent à la terre. Elle cria.
Au-dessus d’elle de sombres nuages d’orages s’assemblèrent et le ciel tout entier résonna des échos du tonnerre. Vym criait désespérément face contre terre, pliée par l’horreur du chagrin. Son cri se mêla à celui du ciel, et un éclair déchira l’air.
Vym fut foudroyée.

Autour d’elle, tout était blanc.
Elle erra un moment dans cet univers immaculé, dans un état second mêlant abattement et hébétude, puis elle fut là.
Meloyïna la prit dans ses bras, et Vym recommença à pleurer.
« Ma Reine, articula-t-elle, déchirée entre deux spasmes de chagrin, je…
- Chut, chut… Je suis là, Vym. Je serais toujours là.
- Vous… vous n’avez pas pu mourir, non… non, non…
- Hélas, ma chère Vym, je crains que ce ne soit le cas. Mais sèches tes larmes, jeune guerrière, et regarde-moi. »
Vym s’essuya les yeux d’un revers de manche et obéit, les yeux embués de larmes. Sa Reine était bien là, face à elle. Elle était… lumineuse, tout comme dans ses souvenirs.
« Vym.. »
Son nom avait été prononcé avec la plus grande douceur du monde, et cela émue la jeune Varla au-delà de tout mot. Lentement, sa respiration reprit en régularité.
- Vym… J’ai échoué. Mais, dans mon échec, j’ai réussi à sauver le plus important.
- Quel… quel était ce plus important, ma Reine ?
- Toi, Vym. Il y avait autour de nous un piège insidieux qui se refermait lentement, et ce n’est qu’au Cairn que j’en ai pris conscience. De ce piège, j’ai réussi à t’extraire. Tu es à présent la seule à pouvoir agir au nom de notre peuple ; la seule à pouvoir agir à ma place pour protéger notre peuple des terribles forces que l’Ombre amasse au Nord.
- Mais, ma Reine, je… j’ai besoin de vous ! Comment, comment…
- Ne t’en fais pas, Vym, je te l’ai dit : je serais toujours avec toi. »
La jeune Varla ne put rien répondre. Meloyïna prit deux pas de recul et ouvrit les bras.
« Par l’éclair qui t’a frappé, je t’envoie ma force vitale. Le sang que nous partageons servira de réceptacle à ma mémoire et à ma magie. Je ne peux pas laisser les pouvoirs héréditaires de la famille royale tomber entre les mains de l’Ombre.
- Je… je ne comprends pas…
- Vym, je te confie mes pouvoirs. Je viens de mourir, mais mon âme subsistera à travers toi. Je te l’ai dit : je serais toujours à tes côtés. »
Vym resta un instant muette, puis les larmes lui déchirèrent à nouveau la figure. La Reine lui sourit, d’un sourire immensément doux et bienveillant. Elle la prit à nouveau dans ses bras.
« Je te l’ai dit, petite guerrière : je serais toujours à tes côtés. »


Lorsque la Varla se releva et reprit la route, son regard avait changé. Au-dessus d’elle, les nuages d’orages formaient une grande spirale, hurlante et menaçante.
« Je le trouverais ma Reine, je vous le promets. »

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

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« A Inéria, à la cour, les femmes de mon peuple avaient coutume de se raser les côtés de la tête, de laisser court le sommet du crâne, et laisser pousser une longue tresse de cheveux et de tissus dans leur dos. »
Ainsi parlait Isidore, le chef éclaireurs de la Compagnie d’Or-Sang, en commentant la nouvelle coupe de cheveux d’Elly. Septième fils du prince de sang Toca Wüllymë ayant rompu avec sa noble ascendance, Idisore conservait cet accent typique du détroit d’Hyzyq dont le rythme d’élocution possédait une logique interne si déconnectée de la sienne qu’Elly peinait à réunir les cyclables de ses phrases afin d’en faire des mots à son oreille. A l’exception de ce langage exotique, il était très avenant, le sourire facile et la bonne humeur au fond de ses yeux félins. Tout d’abord, Elly avait été méfiante à son égard –il s’agissait tout de même de l’homme qui avait capturé Orrö !- mais la nature joviale du Toca, à l’opposé totale de la méfiance mutuelle qu’elle pensait trouver en lui, avait vite achevé de la convaincre de ne pas se fier à sa première impression.
Elle était un membre de la Compagnie à présent, et Isidore comptait donc parmi ses supérieurs : éprouver de la méfiance vis-à-vis de lui aurait été, non seulement mal placé, mais également dangereux pour sa propre vie lors des batailles à venir –si, toutefois, il y avait bel et bien des batailles à venir.
« C’est une tendance qu’on retrouve également chez les peuples du Cadran, expliquait San Tori, là-bas les hommes se rasent souvent la tête tandis que les femmes coupent leurs cheveux du "côté", comme tu dis.
- Ce n’est pas comparable voyons, prétendait le Toca de son côté. Les femmes de mon pays sont les plus belles, tu le sais bien !
- Ce n’est pas un pays à proprement parlé, rectifia San qui avait le goût du détail, mais une alliance de Cité : on ne peut parler de pays que lorsque les frontières comme les lois sont communes à un peuple, et…
- Ah, toi ! toujours à pinailler ! Tu as parfaitement saisit le sens de ma phrase, espèce de vieil aigri !
- Quand à toi, tu sais parfaitement qu’il ne sert à rien de me parler de la beauté des femmes : je suis le premier des incultes dans ce domaine. Car, ma foi, je suis bien obligé de reconnaitre que je…
- On parlait de mes cheveux, initialement » les interrompit Elly, quelque peu excédée par la dérive de la conversation.
Derrière elle, les trois éclaireurs d’Isidore qui les accompagnaient éclatèrent de rire. Le Toca et l’Halfelin, eux, restèrent la bouche ouverte. Manifestement, c’était bien la première fois que les deux hommes se retrouvaient ainsi rappelés à l’ordre… Elly craignit un instant de s’être montrée insolente, mais le sourire d’Isidore la rassura juste à temps.
« Ah, la vérité parle par votre bouche, dame Elly ! En effet, nous ne nous sommes que trop éloignés de notre discussion de départ… »
La jeune magicienne n’aimait pas trop qu’on l’appela dame, et encore moins depuis qu’elle avait embrassé un début de carrière militaire. Quand cesserons-t-ils de voir en moi la simple fille, et quand y aura-t-il dans leurs yeux le respect dû au guerrier ? se désespérait-elle.
« Quoi qu’il en soit, reprit San, moi je trouve cela plutôt jolie.
- Ça ne m’étonne pas : la féminité ne t’a jamais attiré, commenta le Toca.
- Attention à tes sous-entendus, l’ami… j’ai été marié autrefois !
- Ah oui ? s’étonna Elly, qui avait du mal à imaginer le vieil Halfelin accompagné d’un individu de l’autre sexe.
- Bon, cela n’a pas duré longtemps : j’ai quitté ma famille naissante lorsqu’a éclaté la guerre de l’Est, entre l’Empire d’Oroban et les Royaumes de la côte Blanche. J’étais sous contrat avec un groupement mercenaire de l’époque, et je suis parti combattre. Après cela, je ne suis jamais retourné dans ma région natale. Mais… je pense que nous nous écartons encore du sujet, non ? »
Alors qu’Elly rougissait, Isidore affichait à nouveau un grand sourire.
« Moi je trouve que ce n’est pas encore assez court, commenta-t-il pour sa part. Ces cheveux mi-long vont assez mal avec la forme de votre visage, et je vous verrais bien avec les cheveux plus cours encore…
- Depuis quand es-tu styliste, toi ? s’étonna l’Halfelin.
- Je vois ce que vous voulez dire, Isidore, dit-elle, mais je ne tiens pas à ressembler aux femmes de votre peuple pour autant.
- Pff… vous les nordiques, vous manquez terriblement de goût…
- Dit le Toca mal rasé, ironisa San Tori.
- Je ne ferais aucun commentaire de réponse : on dit chez moi que c’est mal de se moquer des anciens.
- Tu sais ce qu’il te dit, l’ancien ? »
Les deux membres de la compagnie avaient l’air de se connaitre depuis un petit bout de temps, pour se parler si familièrement… Les trois autres éclaireurs qui les accompagnaient ne pipaient mot, occupés à surveiller les alentours. Tous les six descendaient un petit chemin de terre en direction du village le plus proche.
La région était assez verdoyante, pour sûr, et de ce fait il était assez difficile de repérer l’emplacement d’un village au loin. Avec les rumeurs de guerre au Sud et l’instabilité des forces armées, les habitants des quelques villages du coin évitaient de trop s’éloigner de chez eux alors que les cheminés préféraient s’économiser un feu plutôt que risquer d’attirer l’attention… Restait donc les chemins de terres. San Tori lui avait brièvement expliqué que ceux-ci s’étaient peu à peu formés sous le passage des troncs d’arbres trainés par les bucherons : « Les bucherons coupent les arbres, en ôtent les branchages et le feuillage, ne conservant que le tronc. Ce tronc, ils doivent encore l’apporter à la scierie du village, afin qu’il y soit écorché, découpé et puisse servir en bois de chauffage ou de construction. Pour les transporter, ils les lient de cordes et s’y mettent à cinq ou six pour le trainer jusqu’au village. Comme le trajet est éprouvant, les bucherons finissent par emprunter logiquement les mêmes "routes" principales dont le terrain est plus facile. A force de passage, ces itinéraires plus praticables perdent leur végétation et le tassement de la terre empêche la repousse. » Ainsi prit forme, selon l’Halfelin, le curieux système de chemin des vallées du Nord. Curieux, ça il l’était puis-ce qu’aucune route ne reliait les villages entre-eux –les villageois voyageant très rarement- alors qu’autour de chaque village plusieurs petits sentiers menaient à divers endroits de la forêt alentour.
Mais ce n’était pas ça qui turlupinait Elly depuis quelques minutes.
« Pour revenir en à votre commentaire, Isidore, commença-t-elle…
- Quel commentaire ?
- Mais laisse-là donc parler, bougonna San.
- Je ne suis pas nordique, précisa-t-elle.
- Comment ça ? » s’étonna le chef des patrouilleurs.
Derrière-eux, les éclaireurs qui les accompagnaient avaient commencé à discuter entre eux et il régnait parmi le groupe une ambiance des plus détendues.
« Ah, oui, comprit le vieux cartographe. C’est quand tu parlais du manque de goûts des nordiques…
- Et… tu t’es vexée ?
- Non, pas du tout ! s’exclama-t-elle. Je signalais juste que je n’étais pas une nordique, simplement.
- Où es-tu née alors ?
- Quelque part dans les terres de l’Orage.
- Où est-ce donc ?
- A l’ouest d’ici, je crois.
- Plus précisément au bord du grand Océan. C’est le territoire le plus à l’ouest de notre continent ; il doit son nom au phénomène météorologique qui se déroule cinq mois par ans, une mousson qui bloque les orages dans les vallées.
- Tu y es déjà allé ? demanda Elly, épatée par sa connaissance.
- Non, mais je suis cartographe, ne l’oublie pas ! se vanta-t-il.
- Mouais… rumina Isidore. De toute manière, tous les humains se ressemblent. »

Leur discutions prit fin alors qu’ils aperçurent le village. Deux des éclaireurs restèrent en arrière et surveillèrent leur évolution de loin. La gorge d’Elly se serra. S’ils prennent ce genre de précautions, c’est que des incidents sont déjà arrivés, se dit-elle. Et elle fut vite confirmée lorsque San Tori se retourna pour lui murmurer discrètement des instructions :
« Les villageois n’apprécient pas trop la présence d’une importante force armée non loin d’eux, à plus forte raison de mercenaires, et on ne peut pas leur en vouloir. Ne pas se faire remarquer dans des lieux d’une telle promiscuité est impossible, mais évitons de causer trop de remous. Les règles sont les mêmes pour tous : on ne sort pas ses armes, on ne fait pas étalage de magie, et on laisse parler le chef de groupe.
- En l’occurrence, qui est le chef de groupe ?
- Laisser la diplomatie à Isidore et à son accent trop étranger serait une bien mauvaise idée, tu ne penses pas ? Je suis le chef de groupe, c’est moi qui vais m’occuper des achats commandés par le Gav’. Tu peux m’accompagner, mais n’oublie pas les règles.
- Bien, je n’oublierais pas. »
Le dernier éclaireur, un humain, entra le premier dans le village, fit quelques mètres, et commença à flâner l’air de rien. N’ayant pas reçu d’alerte, Isidore ordonna la mise en route et tous trois passèrent entre les deux poteaux de bois agrémentés de gris-gris et porte-bonheurs qui indiquaient l’entrée du village.
Il y avait peu de personnes dehors, hormis quelques moutons buvant à un abreuvoir et un gamin dessinant dans la terre avec un bâton. Il n’y avait là qu’une dizaine de maisons -grandes et construites avec de gros rondins, elles semblaient accueillir des familles entières- quelques cabanes, une scierie en piètre état et une grande salle. C’est vers là que se dirigeait le Toca alors que San faisait discrètement les commentaires :
« C’est un village atypique de la région : une dizaine de famille réunies autour d’une scierie et d’une grande salle. C’est en quelque sorte le lieu de vie de la communauté : ils y conservent leur richesses impersonnelles, organisent des réjouissances ou encore y tiennent commerce. Ici c’est principalement le chef de la scierie, Baldorn, qui tient le rôle de chef de village, et c’est lui que nous allons voir pour notre commerce.
- Ils ne vendent que du bois, ici ?
- Non, les femmes s’occupent de tisser des habits en filant la laine des moutons et il y a une famille qui travaille les métaux.
- Roche m’a dit que vous aviez passé commande.
- En effet, et il est l’heure de récupérer nos articles. »
Isidore ouvrit la porte archaïque qui fermait la grande salle. Ils y entrèrent, et San se dirigea vers un homme, assis seul sur une chaise à bascule. Il devait avoir la cinquantaine, possédait de gros bras et une face travaillée par l’effort dans laquelle ses deux petits yeux n’exprimaient pas une grande émotion.
« Salutation, Baldorn ! Content de voir que vous vous portez bien !
- Salutation, étranger. »
Sa voix était grave, avec un léger défaut d’élocution sur les sons sifflants qui les transformaient en un zozotement assez ridicule.
« Notre commande est-elle prête ?
- Vous avez or ?
- Montre-lui, Isidore. »
Le Toca sourit et sorti d’une des poches de son veston une série de trois colliers qu’il tandis à Baldorn. Celui-ci les prit, les fit jouer dans ses mains, en admira le scintillement.
« Or pur sur les deux premiers, énonça San, or plaqué sur le troisième. Celui-ci a une petite pierre précieuse en ornement, on s’est dit que ça devrait vous plaire…
- Ça me plait, fit évasivement le chef de la scierie, ça me plait…
- Où sont nos fournitures, à présent ? » demanda calmement l’Halfelin.
Elly eut un instant peur que les fournitures n’aient pas étés préparés, et elle senti Isidore se tendre légèrement à côté d’elle, mais finalement Baldorn agita un bras en beuglant un ordre, et quatre femmes sortirent de la pièce d’à côté, apportant, comme prévu, la dizaine de capes en laine pour l’hiver. Isidore sorti de sa poche une petite perle –qu’Elly identifia comme une Perle Jumelle- et souffla légèrement dessus. Presque immédiatement un éclaireur demeuré dehors entra et chargea les capes dans son paquetage.
Baldorn observa la manœuvre en hochant légèrement du chef, sans cesser de contempler les trois colliers. San Tori reprit la parole :
« Vous avez dû remarquer que le collier plaqué or n’était pas dans notre contrat initial, n’est-ce pas ?
- Y’s’rais possible…
- Nous aurions besoin de vêtements féminins, pour notre jeune consœur ici présente, fit-il en désignant Elly. Pas de la plus haute qualité, mais de quoi se vêtir assez correctement. En échange de ce dernier collier je vous demande quatre tenues complètes : sous-vêtements, chemise, pantalon. »
Le chef eut un reniflement fort démonstratif et une petite grimace. Il soupesa à nouveau les colliers, mais n’hésita pas longtemps. Son bras se leva à nouveau et il cria ses ordres. Avec réticence, les quatre femmes commencèrent à se déshabiller.
Elly hoqueta, mais, avant qu’elle ait pu réagir, le regard lourd de San lui intima de reste immobile. Ses lèvres bougèrent sans bruit et elle déchiffra aisément : « N’oublie pas les règles ».
Les quatre femmes, dont une n’était sans doute qu’à peine plus âgée qu’Elly, firent tomber par terre leurs chemises, puis leurs pantalons de travail forestier, et entreprirent de se défaire de leur sous-vêtements. Elly essaya de détourner le regard, honteuse, mais Isidore lui mis la main sur le crâne et la força à regarder. Il lui murmura :
« Ne détourne pas le regard, car il y a là un enseignement fort : ces gens, que nous protégeons, n’ont presque rien, ils n’ont pas de quoi entretenir une riche garde-robe. Nous nous servons peut-être de la cupidité des hommes pour les inviter à se séparer de biens matériels, comme ces capes qu’ils ont passé la semaine à confectionner ou ces vêtements du quotidien, mais tu ne dois jamais oublier que, ce que tu leur achètes, ils le perdent. L’or ne les nourrira pas, pas plus qu’il ne leur tiendra chaud pendant l’hiver. La Compagnie a besoin d’avoir chaud pendant l’hiver et d’avoir des hommes vêtus si elle veut être à même de protéger ces hommes-ci. Si nous faisons de temps en temps commerce avec eux, ce n’est que lorsque nos besoins se révèlent plus vitaux que les leurs. Chaque fois que nous faisons commerce, ils y perdent, et nous y gagnons, mais cette balance doit toujours, et je dis bien toujours, être considérée dans leur intérêt final. Alors ne détourne pas le regard, Elly, et regarde bien ce qui est en jeu ici : la vie de ces gens, aussi imparfait soient-ils, c’est pour cela que nous nous battons. Tu as compris ? »
Elly hocha la tête, tétanisée. Cette scène était atroce, et pourtant… elle comprenait que si elle refusait de voir, elle ne réaliserait jamais la valeur réelle de ces vêtements.
Les femmes, une fois nue, s’en furent dans la pièce d’à-côté, cachant de leurs mains leurs parties intime. Elly avait de la peine pour elles. Elle commençait à haïr ce Baldorn pour l’intransigeance avec laquelle il avait ordonné une chose si horrible. Puisse son amour de l’or l’étouffer dans la nuit, le maudit-elle en silence.
« Prenez-les, dit-il alors. J’vous en fais cadeau…
- C’est bien aimable à vous, le remercia jovialement San d’un ton faussement enthousiaste. Elly ?
- Hein ? s’étonna-t-elle d’être ainsi interpellée.
- Porte tes nouveaux habits, veux-tu ? Ce pauvre éclaireur est déjà bien chargé…
- Euh, oui, euh, bien sûr, bafouilla-t-elle en se précipitant pour ramasser les vêtements à même le sol.
- Eh bien, cher Baldorn, je pense que notre entrevue est à présent terminée. Nous allons vous laisser profiter de votre or, et allons regagner notre camp.
- Disparaissez vite, grommela-t-il, vous rendez les moutons nerveux… »
Un échange de brèves salutations fut échangé de la tête, et ils se dirigèrent vers la sortie. Ses nouveaux habits étaient de laine fine mais grossière, et encombraient un peu Elly. Elle avait une boule aigre dans l’estomac à la pensée de l’entrevue qui venait de se dérouler, mais elle se délia un peu lorsque, une fois sorti de la grande salle, San Tori lui adressa un regard compatissant.
« Pour toute chose, il y a un prix à payer, formula-t-il sobrement.
- N’y a-t-il pas moyen de décider nous-même de ce prix ? demanda-t-elle, un brin acide.
- Nous ne sommes pas chez nous. Ces hommes et ces femmes habitent cette vallée depuis des générations. De quel droit leur imposerions-nous des coutumes ou des pratiques qui leur sont étrangères ?
- Il y a une différence entre coutume et droit à la dignité humaine ! Tu as vu comment il a traité ces femmes ? Ce ne sont pas ses esclaves ! Il les dépouille et encaisse l’argent, c’est…
- Parle moins fort ! » lui ordonna Isidore.
Le gamin jouant dans la terre s’était arrêté et les écoutait attentivement.
« Il y a des oreilles qui trainent ici, ajouta le Toca à voix basse.
- Nous ne sommes pas là pour faire la loi, Elly, reprit San plus calmement encore. Nous n’avons pas à leur dire comment vivre, simplement à nous assurer qu’ils puissent le faire sans risquer de se faire tuer. C’est pour cela qu’on nous paye : protéger ce territoire. Comprends-tu ?
- J’ai du mal à l’accepter, avoua-t-elle de mauvaise grâce.
- Le boulot de mercenaire n’est pas le plus reluisant, commenta Isidore, mais si on est prêt à faire quelques concessions sur son étique par-ci par-là, on peut alors pleinement se concentrer sur sa mission.
- Sa mission… ? ironisa Elly
- Qu’y a-t-il de plus noble ? la questionna l’Halfelin. Protéger la vie des gens, ou leur faire la morale ? On ne peut pas faire efficacement les deux à la fois, il faut choisir.
- Et nous avons choisi. » ajouta le chef des patrouilleurs.
Elly soupira.
« J’ai compris, j’ai compris… est-ce qu’on peut retourner au campement, maintenant ? »
Ils lui sourirent. Les deux patrouilleurs qui n’étaient pas rentrés dans le village les rejoignirent et, tous ensembles, ils remontèrent le sentier.

< >


Le cadavre de la Reine gisait dans la boue, le regard vide de vie et la cage thoracique bestialement ouverte. Astre, les mains en sang, se tenait non loin, assis sur les restes d’un tronc d’arbres déraciné par la bataille. Il tenait dans sa main une étrange pierre aux reflets conciliant entre le vert le plus pur et l’émeraude la plus noble. Autour de lui la forêt était dévastée et la boue parsemée des corps sans vie des guerrières qu’il avait défait.
« Tu m’as convoquée, Astre ? » demanda une voix venant à sa rencontre.
Il apparut alors une jeune femme aux yeux aussi sombres que le cœur.
« Et tu as répondue, Amäna. » répondit-il d’un ton cérémonieux.
La belle possédait une chevelure tressée coupée courte dont la couleur sanguine capturait le regard pour ne plus le libérer. Son visage était dur, rude, mais non dénué d’une certaine féminité. D’étranges boucles lui perçaient les oreilles et l’arête du nez ; alors que son regard était souligné d’un maquillage guerrier. Son long corps délié était pris dans une armure assemblant diverses côtes de mailles soutenues par de vigoureux cordons de cuir rougeâtres. Cette protection la couvrait des épaules aux cuisses, mais laissait nue sa gorge, ses bras et ses jambes. Elle arborait elle aussi des tatouages sur les bras mais, contrairement à ceux d’Astre, il ne s’agissait que de simples runes d’invocations.
Amäna désigna distraitement la pierre que tenait l’homme.
« Je ne pensais pas, commença-t-elle, que tu mettrais la main aussi vite sur cette pierre… Je croyais que nous ignorions où elle se trouvait ?
- C’était le cas. »
Il désigna le corps éventré de la Reine.
« Cette femelle la gardait en elle et dissimulait son pouvoir : on ne pouvait la localiser à cause de cela. J’ignore pourquoi, mais elle a libéré la pierre dans l’après-midi et s’est servi de son pouvoir. Et une telle utilisation ne pouvait échapper à la Sentinelle.
- Évidemment, évidement, marmonna la sorcière aux cheveux rouges… Et puis-je connaitre la raison qui t’a poussé à me convoquer ainsi ? »
Il sourit cruellement. Sa main droite se leva, fit mine de saisir quelque chose, et se referma dans le vide, broyant de l’air.
« J’ai la pierre, mais l’Ombre souhaitait également que je m’empare des pouvoirs de cette indigène. C’était une créature très spéciale, et son sang renfermait une magie puissante… Seulement, à l’instant où je lui ôtais la vie, cette femelle a expulsé ses pouvoirs hors de son corps.
- Quoi ?! Comment est-ce possible… Où sont-ils allés ?
- C’est une magie héréditaire, qui se transmet par le sang, il n’y a qu’un seul endroit où cette puissance a pu trouver refuge.
- Dans un hôte partageant son sang, compris la sorcière, oui, bien sûr…
- J’ai exterminé la garde qui l’accompagnait, et j’ai absorbé le sang de l’une d’entre-elle. Elles partageaient toutes le sang de leur Reine, aussi j’en aie moi-même une petite partie dans mon estomac. Ce fut suffisant pour m’immuniser contre sa magie, mais également pour repérer la direction de sa fuite…
- Abrège, le pria-t-elle. Où ça ? »
Astre ricana. Il se releva, glissa la précieuse pierre dans une poche, et se mit à marcher lentement. Amäna le suivit.
« Dans le corps d’une guerrière de son peuple. Plutôt jeune, elle fait route à travers la vallée d’Oroban en direction des Grandes Plaines à l’heure qu’il est. Tu ne devrais pas avoir beaucoup de mal à la suivre : il y a toujours un ou deux paysans qui aura laissé trainé ses yeux un soir de récolte tardive, et je sais que tu es très douée pour faire parler les gens…
- Tu veux que je tue cette Varla ? demanda la sorcière.
- Non. Non, je la veux vivante. Mes runes ont besoin d’être abreuvées de pouvoir, et l’Ombre tient à s’accaparer ce type de magie.
- Alors je te la ramène entière…
- N’exagérons rien : du moment qu’elle respire, tu peux bien t’amuser à en couper un bout ou deux… »
Elle se fendit d’un sourire de prédateur.
« Je commençais à m’ennuyer dans le Nord… on dirait que je vais devoir te remercier pour cette alléchante distraction !
- Essaye tout de même de faire au plus vite, tu connais l’impatience de l’Ombre pour ce genre de mission.
- Oh oui… Mais pourquoi ne t’en charges-tu pas toi-même, Astre ?
- Je vais être occupé pour un petit moment je dirais… la Sentinelle a repéré des émanations de magie pierrique dans le Sud, et tu sais où sont les priorités de l’Ombre. »
Elle acquiesça gravement.
Astre s’arrêta, et ils se firent leurs adieux solennels.
« Que le feu soit en ton sang
- Que l’Ombre soit en ton cœur. »
Alors qu’une nuit sans lune s’achevait au-dessus du marais Varla, les deux êtres se séparèrent, disparaissant chacun de leur côté dans la sombre forêt muette. La pluie avait cessé, les larmes comme les incendies s’étaient épuisés, mais les plans de l’Ombre, eux, ne tarissaient jamais.






Vincent C.
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gwendalavir

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par gwendalavir »

oh mon dieu !! :shock: :shock:
excuse-moi mais ton chapitre est tellement bien que j'en oublie la politess, donc :
Coucou !
je ne sais même pas par où commencer, bon déjà il n'y a aucun problèmes pour le chapitre 53 : on attendra ^^
mais ce chapitre :shock: :shock: j'ai vraiment adoré !!
effectivement tu passes beaucoup de temps dans ce projet et ça se sent, ton écriture est super agréable et j'adore ton intrigue !
bon en tout cas surtout continue comme ça :)
j'ai vraiment hâte de lire la suite !
bises
Gwendalavir
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 51ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

gwendalavir a écrit :oh mon dieu !! :shock: :shock:
excuse-moi mais ton chapitre est tellement bien que j'en oublie la politess, donc :
Coucou !
je ne sais même pas par où commencer, bon déjà il n'y a aucun problèmes pour le chapitre 53 : on attendra ^^
mais ce chapitre :shock: :shock: j'ai vraiment adoré !!
effectivement tu passes beaucoup de temps dans ce projet et ça se sent, ton écriture est super agréable et j'adore ton intrigue !
bon en tout cas surtout continue comme ça :)
j'ai vraiment hâte de lire la suite !
bises
Gwendalavir
C'était un peu la réaction que je voulais provoquer, merci ! :lol: (niark niark, je suis un peu sadique :twisted: )
Merci beaucoup, c'est vrai que c'est un projet qui me tient à cœur :D Actuellement j'ai des difficultés avec le chapitre 53 et j'ai commencé à écrire autre chose à côté... mais je pense bien y revenir, à plus ou moins longue échéance ;) (le fait de ne plus avoir beaucoup de lecteur me déstresse pas mal au final : je sais que je peux laisser un peu de côté l'écriture du Cycle et y revenir quand l'envie et les idées reviennent, ce qui est très agréable et me laisse du temps pour d'autres projets)
Gros gros merci à toi en tout cas, ça me fait super plaisir d'avoir ce genre de retour positifs ! :D Bises, prend soin de toi, et vivement le prochain chapitre, hein ? ;)
gwendalavir

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par gwendalavir »

ahah et bien ça a marché :D
y a pas de problèmes j'attendrai ^^
bon bah si ça te déstresse tant mieux ;)
mais je t'en prie c'est amplement mérité
bisous, toi aussi et ouiiiii !! :P
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Obscuro »

Je me suis arrêté au chapitre 2, mais c'est bien parce que je n'ai pas le temps d'aller plus loi.
Ton scénario, ton histoire, ton style, tout est superbe, on a l'impression que c'est calculer au pot près!
J'adore tout simplement, je pense que j'ai énormément à apprendre de toi.
Je n'ai même pas un truc négatif à dire, pourtant d'habitude, j'aime bien chercher la petite bête, mais là il n'y en a pas.
Bon je télécharge la première partie pour continuer plus tard.
Sinon, j'aime beaucoup Daw!

Obscuro
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

Obscuro a écrit :Je me suis arrêté au chapitre 2, mais c'est bien parce que je n'ai pas le temps d'aller plus loi.
Ton scénario, ton histoire, ton style, tout est superbe, on a l'impression que c'est calculer au pot près!
J'adore tout simplement, je pense que j'ai énormément à apprendre de toi.
Je n'ai même pas un truc négatif à dire, pourtant d'habitude, j'aime bien chercher la petite bête, mais là il n'y en a pas.
Bon je télécharge la première partie pour continuer plus tard.
Sinon, j'aime beaucoup Daw!

Obscuro
au pot près ? mais c'est magnifique ! :o :lol:
sans blague, merci beaucoup ^^ Personnellement je vois plein plein plein de défauts à cette première partie (en fait je ne suis à peut près satisfait de moi-même qu'à la troisième partie) mais bon un peu de compliment ne fait jamais de mal :lol:
Bon, reste à aller voir ce que tu écris, comme promis 8-)
DanielPagés

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par DanielPagés »

Juste un petit coucou en passant...
Je sais, dernière ligne droite pour le lycée... les priorités !
Tiens bon Vincent ! ;)
Judas_Cris

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

DanielPagés a écrit :Juste un petit coucou en passant...
Je sais, dernière ligne droite pour le lycée... les priorités !
Tiens bon Vincent ! ;)
Merci de venir me remonter le moral ^^
En effet, dernier mois de révision pour le bac, avec des occupations en recherche de logement et autre joyeusetés... j'ai connu périodes plus productives niveau écriture ! :lol:
merci <3
DanielPagés

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par DanielPagés »

J'ai une petite liste de morals à remonter en ce moment ... toute une bande qui passe le bac, sur booknode !
Un appart à Montpellier ? tu fais quoi à la rentrée ?
Allez ça ne sera plus long ! ;)
DanielPagés

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par DanielPagés »

J'en ai rêvé, en courant la montagne.
J'en ai rêvé en traversant la mer.
C'est là, juste là, au delà du désert.
Une plaine.
Un grand champ de pommiers, feuilles vertes luisant au soleil.
Le souffle court.
Les poumons asséchés.
La gorge en feu.
En haut du premier arbre, un fruit rouge et brillant.
Tronc lisse.
La pomme frôle les nuages
Trop haut.
Je saute.
Je hurle.
J'appelle le vent.
Rien n'y fait, la pomme brille et rougeoie, l'arbre se penche, mais ne rompt pas.
Le vent chante et se moque de moi.
Saloperie de pommier !

Heureusement, juste avant de me réveiller, je lui ai lancé un énorme coup de pied...
Dans ma main le fruit est tombé...

(Titre : Baccalauréat) :lol:
Pour Jo, Zoé et Vincent qui sont dans la course...
(Felagund, Asoline et Darkvince)
Judas_Cris

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

Roh, t'es génial toi, je trouve qu'on ne te le dis jamais assez ^^
merci, ça remonte le moral <3
Judas_Cris

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

Il faut croire que le stress des révisions aide à débloquer des choses...

J'ai (enfin) une amorce de chapitre qui me convient ! Après 7 essais infructueux, je tiens quelque chose qui me satisfait. L'écriture est relancée, youpie !! :D

Mais ne nous emballons pas : je passe le bac dès demain, et je n'écrirais probablement pas jusqu'à la conclusion des épreuves (soit le 24 pour moi). Si je me fis à mes rythmes d'écritures hérités des précédents chapitres (3 semaines pour l'écriture, 2 semaines pour les réécritures) il y a des chances pour que le chapitre arrive début Aout... mais je ne promets rien, sinon ça va foirer :lol:

Bref, je vous dis au-revoir et retourne à mes révisions ^^
DanielPagés

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par DanielPagés »

Super !
On te soutient, t'en fais pas !
Tiens, on a parlé de toi dans les Pyrénées sur un salon du livre cet aprèm... avec une jeune fille qui te suit depuis longtemps et qui a ensoleillé ma fin d'après-midi (qui en avait bien besoin) : Plythe
Allez, tiens bon ça va passer très vite ! ;)
Judas_Cris

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

Oh, c'est cool ça ! :D
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par DisneyClochette »

Coucou !!

Comme d'hab, je suis super à la bourre!! Mais j'ai tout de même lu ton chapitre, et là, franchement... Yaou!! C'est hyper-méga-génial !!! Et encore, je suis loin de la réalité!
Vivement le chapitre suivant! N'oublie pas de me prévenir, même si je mets du temps à venir te lire, c'est vraiment un plaisir à chaque fois renouvelé.

Gros bisous
(Désolée, pas de temps pour un comm' plus long. Une autre fois, promis!)
DisneyClochette

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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par DisneyClochette »

Bon, finalement j'ai un peu de temps pour un meilleur comm' :lol:

"Ce découpage était certes malheureux mais nécessaire, vu le gros pavé que nous avait pondu Rothfuss...
Et au final ce tome des Chroniques du Tueur-de-Roi (personnellement, j'appellerais toujours cette saga "le Nom du Vent" tant ce titre est accrocheur) se lit tout seul, d'un pur régal de bout en bout !
Et... ça m'a fait un bien immense ! Ce livre m'a rappelé pourquoi j'aime désespérément lire ! Pourquoi est-ce que j'aime lire ? Pour ce sentiment qui tord les tripes, pour cette écriture qui nourrit l'âme aussi bien que l’appétit vorace de la connaissance et la profonde fascination pour l'histoire qui se construit.
Ce tome était un bonheur, un enchantement hors du temps. Pendant la semaine qu'a durée ma lecture, ma vie n'avait qu'un seul sens : rentrer au plus vite chez moi, et reprendra ma lecture. Rothfuss fait parti de ces auteurs qui arrivent à me faire tellement aimer son écriture que je me surprends à reprendre ma lecture un chapitre avant celui où je m'étais arrêté, juste pour le plaisir de me replonger dans l'ambiance de son récit.
La Peur du Sage est de ces récits doux, terriblement bien menés, dont tout l'intérêt réside en l'envoutement qu'il déploie : ce tome manque un peu d'action (la faut au découpage) mais les tableaux qu'il dépeint, l'ambiance qu'il installe, tout ceci relève d'un long charme bienveillant et puissamment révélateur de son talent. La Peur du Sage n'est pas faite pour se lire vite, au contraire : elle se déguste, avec toute la patience et la délicatesse que requière ce genre de chose. Une longue étreinte, face à face avec l'écriture et ses histoires entre magie et vérités.
C'est beau, il y a là tout ce que j'aime dans l'écriture, tout ce que je voudrais un jour créer : l'harmonie presque parfaite, un récit passionnant sans jamais être racoleur, et une sensibilité profonde doté d'un sens précis de la mesure.
Ma plus belle et saisissante lecture de ce début d'année, assurément pour un bout de temps (jusqu'à ce que j'entame la seconde partie de cette Peur du Sage ? Sans doute)
"

Tu as reconnu ? C'est de toi ;) Un comm' que tu as laissé pour un livre (je suis tombée dessus par hasard en fait). Et j'aimerai te dire une chose : Tu y es arrivé, tu l'as créé ! Et ce que tu as ressenti en lisant ce livre, c'est ce que je ressens quand je te lis, toi ! Voilà.

Gros bisous Vincent.
Un gros MERDE pour ton bac, et surtout continue de nous faire rêver !

DisneyClochette
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Re: Le Cycle de Vel ♦ 52ème chapitre (4ème partie) [Fantasy]

Message par Judas_Cris »

Merci d'être passé, ça fait super plaisir de te voir ! :D (et si ça te fais plaisir aussi... tant mieux !)
Oui, c'est vrai, j'adore l'écriture de Rothfuss :lol: Pour moi il réussit à construire son écriture dans la juste mesure : la sophistication doit répondre elle aussi à un rythme, et ce qui compte au final dans l'écriture ce n'est pas à quel point elle est complexe mais à quelle moment elle doit l'être et à quelle moment elle doit s'abstenir, et encore ce n'est pas une écriture polarisé mais aux nuances continues... et c'est vrai que c'est aussi ce que j'essaye d'atteindre, cette écriture fluide qui se complexifie au besoin mais qui répond toujours aux impératifs du rythme afin de rendre la lecture agréable et efficace. Alors pour le coup que tu me dises que j'y arrive au même titre que Rothfuss ça sonne un peu trop gros, mais je prend le compliment quand même :lol:

J'ai terminé mes épreuves de bac aujourd'hui ! :mrgreen: et globalement je suis satisfait de ce que j'ai fait à ces exams ^^ Les résultats tomberont le 7 juillet, en attendant je vais beaucoup faire la fête, mais aussi... me remettre à l'écriture :mrgreen:

Merchi merchi <3
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