Tout à perdre [Fantastique~Romance]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
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Nanane

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Tout à perdre [Fantastique~Romance]

Message par Nanane »

Toute copie est interdite. Cette oeuvre est, conformément au Code de la Propriété Intellectuelle, à ma seule disposition.

Prologue :
Ma vie est une sorte de perpétuelle Guerre Froide. D'un côté " mon " clan vampire, mettons qu'il représente les Etats-Unis, opposé à "son" clan vampire, l'URSS.
Et au milieu il y a moi, la bombe nucléaire.

Mais ah oui, ils ne me contrôlent pas...



Chapitre 1 :

Des poumons - mes poumons - sur le point d'exploser. Un corps - le mien - éreinté et tendu à l'extrême par mon intense combat. Des plaies sanguinolentes en certains endroits, tâchant mon tee-shirt désormais irrécupérable et mille autres choses encore que je ne ressentais pas. Ne voyais pas. Mon unique conscience se noyant dans ces yeux tout aussi noirs et hostile que les eaux du Styx. Ces yeux, ceux d'Alexander ; une sorte de mythe si impénétrable que j’avais la sensation d'être au pied des portes de l'enfer : mortelles mais tellement tentantes. Souhaitais-je vraiment les franchir ?

Je me sentais glisser. Perdre totalement pied, mes pensées dérivant lentement au loin sans que je puisse -et veuille- les rattraper. Je devais reconnaître apprécier me balancer dans cet état de transe que seul le jeune homme était capable de m’insuffler. Depuis combien de temps en étions-nous ainsi ? Plusieurs minutes ? Ou bien était-ce plusieurs secondes ? Je n'en avais aucune idée. Le temps semblait comme suspendu. Suspendu, à l'instar de la frappe que j’avais amorcée quelques minutes plus tôt et qu'il avait stoppée dans la seconde suivante avec une facilité enfantine. Vampirique, plus précisément. En à peine un battement de cœur il m’avait plaqué au sol et, à califourchon sur moi il me maintenait fermement les mains au-dessus de la tête.

Encore heureux que j'ai eu l'avantage de l'effet de surprise , ironisais-je intérieurement. Sa prise, en plus d’être très douloureuse, était implacable. Bref, froide et efficace, à l’image du prince vampire qu’était Alexander -. Et s’il lui arrivait parfois d’être « dans ses bons jours » au cours desquels il se révélait taquin et indéniablement charmant, le reste du temps - comme aujourd’hui par exemple- il valait mieux ne pas abuser de sa patience et lui obéir sans discuter. Dommage pour lui cependant, j’adorais argumenter.

Dans un incroyable effort de volonté qui me coûtait encore plus qu'un des anarchiques souffles que mes poumons parvenaient à arracher au monde, je détachais mon regard émeraude de celui du jeune homme ténébreux pour me concentrer sur la courbe de son visage : des traits fins et durs qui semblent caractériser les princes, des pommettes hautes comme ciselées dans du marbre, accentuant de longs cils. Quelques mèches s'échappaient de la queue- de-cheval négligée dans laquelle il avait rassemblé ses longs cheveux bouclés couleur d'ébène et venaient lécher la courbe sensuelle de ses lèvres. Il était beau. Non. Il était bien plus que ça, et bien que je ne sache que trop bien que cette beauté irréaliste n'était qu'un leurre de vampires destiné à attirer les "proies", je ne pus m'empêcher de vouloir le toucher. Mais ses yeux et son attitude étaient si agressifs, complaisants et vindicatifs qu’avaler du venin me semblait tout d’un coup bien moins… fâcheux voir carrément plus intel…

Je fus coupée nette dans mes réflexions par le rire cristallin qui se répercuta dans chaque coin de l'immense pièce. Froid et perçant il fit voler en éclats l'instant figé qui l'avait précédé et glaça en même temps mes veines jusqu'à carrément frigorifier mon cœur. Si j’avais tressailli violemment, le prince lui, s’était simplement relevé avec une grâce et une rapidité inhumaine, presque féline. Moi, Elizabeth, plus fatiguée et indéniablement plus humaine bien que je possède des pouvoirs conséquents, je mis un peu plus de temps et de gaucherie bien que le moins que l’on puisse dire c’est que le rire d'Ascelin m’avait fait l'effet d'un seau d'eau glacée. Droite comme un piquet, j’observais l'assemblée qui me dévisageait avec un sourire carnassier et fut prise d’une violente envie de me gifler au moins une bonne quinzaine de fois. Si ce n'est plus.

Tous mes efforts réduits à néant. Dix ans d'attention, de dangereuses duperies, et de coups encaissés en serrant les dents jusqu'à ce qu'il soit possible de les entendre grincer. Tous ces sacrifices pour finalement tout gâcher sous l'emprise d'un regard. Ça avait été comme faire un tas de feuilles automnales en luttant à chaque instant qu'un souffle traître ne les emporte au gré de son chant, pour finalement se jeter à plat ventre dedans. Détruire son travail. Dans mon cas, mon avenir et Dieu savait qu’il n’était déjà pas bien fameux. Purée Elizabeth ! Me réprimandais-je, mais comment en es-tu arrivé là ? Et bien que je ne souhaitais pas particulièrement de réponse, une petite voix maligne dans ma tête s’en fit une joie : Parce que tu as été stupide de croire que tu pouvais mettre « la pâté » à Alexander…

Bordel, elle avait raison...Je fis une moue d’approbation pas très sexy puis me concentrais sur l’essentiel. Comme dans un film ou avant d'une mort éminente, la suite m’apparu à l’esprit avec netteté, saisissante.



Merci d'avoir pris le temps de lire :)
Dernière modification par Nanane le mar. 25 avr., 2017 10:19 pm, modifié 5 fois.
Oceane04

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Re: Tout à perdre

Message par Oceane04 »

Quand j'ai commencé à lire je me suis dis : "ou non pas encore des vampires !".
Mais finalement dès que j'ai commencé, je n'ai pas pu m'arrêté. Je trouve que tu écris vraiment très bien, les phrases sont mélodieuses et s'enchainent parfaitement. Le vocabulaire est riche et varié. J'ai vu des métaphores bien utilisée !
On dirait que cela fait longtemps que tu écris tellement l'écriture est agréable.

J'adore, prévient moi pour la suite ! Bravo ! :)
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Et oui des vampires encore :p en tout cas ça me fait vraiment plaisir que tu ai apprécié ta lecture. Et merci aussi pour tout ses compliments car n'étant pas une "grande écrivaine" tout ça est très encourageant ;) Si je fais une suite je te préviendrai compte sur moi :)
juju-27

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Re: Tout à perdre

Message par juju-27 »

coucou :)
Je ne peux que répéter ce que t'a dit Oceane04 :D
J'adore vraiment ton chapitre j'ai hâte de savoir la suite!!
Pourrais-tu me prévenir lorsque tu la postera? ;)
juju-27

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Re: Tout à perdre

Message par juju-27 »

coucou :)
Je ne peux que répéter ce que t'a dit Oceane04 :D
J'adore vraiment ton chapitre j'ai hâte de savoir la suite!!
Pourrais-tu me prévenir lorsque tu la postera? ;)
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Merci juju-27 ! :-) je suis, tout comme pour océane, très contente que tu ais aimé ;) et évidement je te reviendrais ^^
Kameinu

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Re: Tout à perdre

Message par Kameinu »

Salut, le prologue de ton histoire, est vraiment bien!!!! Je trouve que tu écris très bien! Et j'aime ta façon de décrire, bref!!!!!!!!! J'aime bien se r mais je ne peux pas te dire non plus que j'adore puisque ce un prologue mais j'aimerais quand même que tu me prévienne quand tu mettra la suite s'il te plait? Bref!!! Bisous!!!!!!!!!!!!
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

juju-28 : c'est previendrais * XD
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

kameinu : je te previendrais pour le chapitre 2 mais si tu veux le chapitre 1 est deja dispo, direct a la suite du prologue que tu sembles avoir tant apprecie ;) merci en tout cas
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Voilà le chapitre 2 ;) n'hésitez pas à partager vos avis, vos conseils ou tout ce qui vous viendrait à l'esprit.


Chapitre 2 :

- Alexander mon cher, veuillez remonter parmi nous sur les gradins, dit Ascelin d'une voix qui ne soufflait aucune réplique. L'ordre, car c'était bien d'un ordre dont il s'agissait, avait claqué, indiscutable.

L'intéressé acquiesça d’ailleurs sans protester. Quand bien même il haïssait cet homme et, de fait, légitimement puisque leurs deux clans respectifs se menaient une lutte acharnée depuis des millénaires, il ne pouvait lui désobéir ouvertement dans son propre palais. De plus, il me fallait l'admettre ; c’était un jeune homme intelligent et vif, prince de millier de vampire de surcroît, ainsi avait-il on ne peut mieux saisit la situation. J’avais menti et ce qui allait suivre n'étais guère difficile à deviner : une correction à la hauteur de mon affront.

Arrivé à la première marche de bois qui menait aux différents niveaux des gradins, il se retourna vers moi et m’adressa un regard goguenard qui semblait dire « là ma belle, t'es vraiment mal ». Bon d'accord, sans le "ma belle...".
Et si en temps normal, je me faisais un plaisir - et même un devoir - de répondre à ses provocations par des répliques bien senties, ma gorge semblait trop sèche aujourd'hui pour daigner faire vibrer mes cordes vocales.

Marche après marche, pas après pas, Alexander arriva à la place très désagréable qu'on lui désignât. Coincé entre Eléazar, le Premier ministre et Gabriel, un garde surentraîné, il ne pouvait s'empêcher d'admirer, en tant que chef des armées de son propre clan, la stratégie qu’avaient adoptée avec efficacité et discrétion ses ennemis. A peine aurait-il amorcé un geste, ne serait-ce qu'une jambe tendue, les deux sbires d'Ascelin le saisiraient. Fort de ce constat, un rictus d’appréciation s’afficha sur son visage. Visiblement, il aimait qu’on se méfie à ce point de lui.
Prétentieux.

Mais de telles précautions s’avéraient inutiles. Il ne tenterait rien pour me sauver, moi la jeune princesse entêtée et culottée qui actuellement, essayait tant bien que mal de soutenir avec un aplomb factice - évidement - le regard corrosif de son père. En effet, j’avais appris à mes dépends quelques années auparavant que leur laisser à voir peur n’en rendait le châtiment que plus douloureux. Par honneur, comme disaient mes parents.

D’ailleurs, à bien y réfléchir ils n’étaient pas vraiment mes « parents », tout du moins je ne les avais jamais considérés comme tels. A ça s’apposait deux raisons : primo, ils étaient des monstres et deuxio – le bonus - ils n’étaient pas très portés sur l’affection filiale, y préférant largement le sang et les sanctions.
- Bien... amorça le roi tout en se lançant dans une exploration détaillée –et répétée- de la rangée de sièges que j’avais défoncés quelques minutes plus tôt, par où commençons-nous, Elizabeth ?
Ses allées et venues avaient quelques choses d’angoissant. Elles étaient minutieuses, déterminées et arachnéennes, c’est pourquoi l’on ne pouvait dire qu’il « faisait les cent pas ». Selon moi, il semblait plus chercher « comment me buter de façon ludique ». A cette pensée un frisson me parcourut l’échine et une réponse du type « par le moment où je fuis à des milliers de millions de kilomètres d'ici » me sembla tout à coup très intelligente ... Si j'envisageais le suicide.

O.K, changement de tactique.
Je toussotai, histoire de retrouver ma voix et par la même occasion mon courage, puis répondis avec le plus de respect possible :
- Par là où vous estimez qu'il le faut.
Balayant ma réponse d'un geste vague de la main il poursuivit :
- Peut-être pourrais-tu nous épargner l’épisode où tu tentes pitoyablement de nous convaincre que tu n’as pas trahi ton clan.
Ah oui… quand votre meilleure arme dans un conflit vous mentait sur ces capacités à tuer ça pouvait donner à penser qu’elle vous était déloyale.
- Question piège… ? Hasardais-je. Parce que ...
De colère, il s'arrêta et braqua son regard de glace sur moi. Terrifiant.
- Il suffit ! Aurais-tu l’insolence de te rire de moi ?!!
- Non, m’entendis-je répondre doucement, alors que c’est tout mon esprit qui faisait carillonner un oui tonitruant dans ma tête. Pour avoir menti et « trahi » mon clan, j’allais être condamné à mort. Autant finir ma vie avec dignité.
- Voilà qui est avisé, grinça-t-il. Plus particulièrement compte du fait que nous venons tous de découvrir, avec un plaisir certain, que tes pouvoirs avaient évolué au-delà de l’imaginable, sans que toutefois tu aies jugé « utile » de nous le dire, si je puis m’exprimer ainsi.
Mais hum … Rappels-moi quelles avait été mes options déjà ? Ah oui, option 1 : être utilisé pour décimer un clan d'Alexander, t'offrant ainsi la régence de tous les vampires de cette planète.
Option 2 : garder le contrôle de ma vie.
Allez savoir pourquoi, la 1 n’avait pas été retenu.


Ascelin qui, par chance, ne percevait pas mes pensées, poursuivit avec une fureur mal contenue :
- Tu te figures aisément Elizabeth, qu’elle ne fut pas notre surprise lorsque tu as arraché, par ta seule volonté, des morceaux entiers de siège pour les enfoncer jusqu’à la garde dans le corps d’Alexander ! Ou quand tu t’es soudainement dédoublée ! Toi qui, il y a à peine quelques jours, pouvait à peine déplacer un livre sur un mètre...
Putain, mes deux meilleurs coups et tout ça parce que j'avais perdu le contrôle lors de mon entrainement avec ce crétin. J'avais vraiment merdé...

A la dérobée je jetais un coup d'œil à Isaline, ma "mère" qui m'observait elle aussi, les lèvres pincées, le visage hostile. Fantastique, à deux leur colère était si opaque qu’elle en devenait presque palpable et rendait l'air environnant aussi lourd et électrique que les prémices d'un orage...
- Sais-tu quelle sanction j'ai décidée pour toi? Trancha son mari, mettant fin à sa diatribe.
- J'en ai une petite idée mais je préfère les surprises, ironisais-je.
Son visage se durcit, sûrement pour la toute dernière fois à cause de moi et, à cet instant précis je fus certaine qu’en tendant l'oreille je pouvais entendre le tonnerre gronder en lui.
- Gabriel, c'est un combat à mort, murmura avec dureté Isaline.
Ascelin ne laissait jamais personne s'exprimer à sa place. Personne, sauf sa compagne. Vraisemblablement trop "en colère" pour ouvrir la bouche sans passer par la case "vider l'insolente de son sang", il avait dû lui transmettre l'ordre par leur Union. C'est ainsi que l’on appelait ici le lien qui unissait deux vampires : un même sang, une même éternité, un même esprit. Et celui que partageaient les deux régents avait le don d’être aussi puissant que flippant.

Je ne m'y attardais pas plus longtemps cependant. Ledit Gabriel avait obéi au désir de ses souverains une demi-seconde après qu'il eut été exprimé. Face à moi, un sourire mauvais, il se mit en garde, genou droit fléchi vers l’avant, muscles bandés avec également, pour la petite touche « surnaturelle », les lèvres retroussées. Moi, j’avais un sacré problème : ma magie était liée à mon corps et mon esprit or j'étais plus qu’épuisée après cette journée. En gros, je n'avais aucune chance. Néanmoins il était hors de question que je lui facilite la tâche.
Décidément chieuse un jour, chieuse toujours semble être ma devise aujourd’hui.
Une dose d’adrénaline se distilla lentement dans mes veines tandis que mon esprit se faisait alerte et formait une osmose brûlante avec ma magie.
J’aurais souhaité attaquer la première, étant d’une nullité plutôt « affligeante » en défense selon les dires d’Alexander, mais il fut plus rapide que moi et je ne parvins à l’esquiver in extremis qu’en plongeant au sol.
Autant pour moi, c’était l'instinct de survie ce truc dans mes veines.

Sans une seconde de réflexion je me téléportais à l’autre bout de la pièce en prenant garde à ne pas me retrouver acculée contre un mur. Mon cerveau fonctionnait à toute vitesse. J’étais presque vidée de mes pouvoirs et le vampire était déterminé à me tuer. Bilan, il me fallait un truc rapide, simple et efficace.
Malheureusement un nouvel assaut de mon adversaire survint avant que j’ai eu le temps de trouver ma « solution miracle ». Mais cette fois-ci je ne fus pas assez alerte et il réussit à m’enfoncer profondément ses crocs dans l’épaule gauche, découvrant ma clavicule que sans aucun doute, j’aurais préféré ne jamais voir ainsi. Il me fallut cinq grosses racines tortueuses sorties de nulle part, soit les trois quarts de ma force restante, pour le faire lâcher prise.
Temporairement occupé avec de la botanique, Gabriel me laissait le champ libre. Je ne me leurrais pas pour autant, j’avais à ma disposition quelques secondes tout au plus.
Impulsé par les rouages de mon cerveau, un souvenir plus que malvenu de mes longs entraînements avec Willem le maître d’arme, me revint en mémoire. « Observe et joue avec ton environnement ! » m’avait-il hurlé, sa lame à quelques centimètres de mon visage.
Que disait-on déjà ? A situation désespérée, mesure désespérée. Je me mis donc à répéter intérieurement sa phrase encore et encore, comme mon nouveau leitmotiv, cherchant vainement comment m’en sortir. Au moment même où le garde se débarrassait de l’avant-dernière racine qui lui maintenant la jambe gauche, l’une des poutres du plafond me sauta aux yeux. Assez basse pour que je puisse décemment envisager de l’atteindre et pile au bon endroit elle serait parfaite si seulement je…

Il n’était plus temps de réfléchir, Gabriel en finissait avec la mauvaise herbe.
Défiant tous deux les lois temporelles, il me chargea pendant que je balançais mon pouvoir en direction d’Eléazar dont le sabre apparut l’instant d’après dans ma main. Au moment où nous aurions dû entrer en collision je sautais, et prenant de l’élan sur son épaule je m’élançais pour attraper la poutre. Il lui fallut quelques dixièmes de seconde pour se rendre compte que je n’étais plus là. Un temps certes dérisoire mais très précieux vu la vitesse à laquelle nous nous affrontions. J’en profitais, et me laissant tomber de mon perchoir je le décapitais d’un mouvement résolu au moment où il faisait volte-face.
Sa tête tomba dans un bruit sourd, lourde.
Le combat avait duré à peine deux minutes.

Je me retournais, totalement vidée. J’avais le corps et l’esprit en feu, des nausées effroyables et la vue floue, me donnant l’impression d’avoir les yeux ouverts sous l’eau. Et d’après ce que je parvenais piteusement à distinguer, Gabriel avait été un acharné avec mes plantes qui étaient maintenant complètement disséquées et jetées de part et d’autre de la pièce. Le moins qu’on puisse dire s’est qu’il n’avait pas la main ver…
Je ne pus finir ma phrase, étouffée par un hoquet de stupéfaction. Une lame venait de se figer dans mon ventre au niveau de l’estomac, me transperçant. Une douleur atroce m’irradia le corps, ma tête se mit à bourdonner tandis que ma vision mourrait pour de bon et que mes jambes se dérobaient.
Avant que je ne tombe à terre, Ascelin lâcha le manche de l’épée et me saisit les avants bras pour porter mon visage au sien. Tout doucement il susurra :
- Ne sois pas en retard au bal de jeudi. Tu dois une danse au prince, en guise d'excuses.

Le mot « connard » fut la dernière pensée cohérente qui s’imposa à moi avant que le néant ne m’engloutisse, tout aussi ravageur que traître.
Dernière modification par Nanane le dim. 02 mars, 2014 12:47 am, modifié 1 fois.
juju-27

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Re: Tout à perdre

Message par juju-27 »

coucou :)
J'adore ce chapitre! Vraiment il est trop bien, j'adore l'humour de ton personnage et ta façon d'écriture est super, la lecture est fluide et agréable!
J'ai vraiment hâte de savoir la suite parce que la fin est juste pas possible! ;)
Voilà, pourrais-tu me prévenir quand tu la postera, s'il te plaît? :D
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Coucou juju-27 :D encore une fois merci pour tous ces compliments qui font toujours autant plaisir (si ce n'est plus! ;) ) Evidemment que je te préviendrais pour la suite. Je crains juste qu'il ne faille patienter un peu parce que le chapitre 3 risque d'être assez conséquent (en longueur) et que je n'aurais surement pas internet pendant une semaine. Mais je ferais de mon max et le délai d'attente ne devrait pas dépasser 2 semaines :)
Kameinu

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Re: Tout à perdre

Message par Kameinu »

Salut!!!!!!!!!!!!! Ton histoire est vraiment super!!!!!!!!!! Elle est vraiment très agréable a lire!!! Et l'humour de ton personnage est parfait, et juste drôle, donc bravo!!!!! Tu écris vraiment très bien, ton histoire est super bien écrit!!!!!! J'adore!!
Et pour mon dernier commentaire, désoler quand je parlais de ton prologue je parlais enfaite de ton chapitre 1, mais je pense que tu avais compris!!!!!! Bref!!! Ton histoire est super! Préviens moi pour la site!!!
Bisous
PS: Garde ton humour dans ton histoire, sa m change et c'est juste parfait!!!!!!
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Hey Kameinu ;) merci d'avoir pris le temps de lire et de ton commentaire :)
Décidément j'ai pleins de remarques positives sur l'humour d'Elizabeth. Pour ton cas "il te change" ? ^^
Quand le chapitre 3 sera dispo je tavertirais ;)

Ps : ok pour le prologue-premier chapitre ;) j'étais pas sure donc je t'avais dis ça ;)
Bisous.
Oceane04

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Re: Tout à perdre

Message par Oceane04 »

Ce chapitre me laisse une impression mitigée..

Pour t'améliorer, je vais te dire ce qui (pour moi) sont tes points forts et tes points faibles. Surtout ne le prend pas mal, je te dis sa pour t'aider parce que je pense que tu as du talent..

Points forts :

- Ton écriture. Ton vocabulaire est très bien ! Tes tournures de phrases sont géniales. Tu mets des paragraphes. Bref, en ce qui concerne l'écriture, il n'y aucun problème, pour moi.

- L'orthographe. Je n'ai pas vu de fautes (en même temps je n'ai pas vraiment regardée mais aucune fautes ne m'a sauté aux yeux).

Points faibles :

- Il y a beaucoup de choses que je n'ai pas réussi a comprendre :
:arrow: Qui est Elizabeth ? Une vampire, une humaine, une hybride ?
Dans le chapitre 1, tu dis "Moi, Elizabeth, plus fatiguée et indéniablement plus humaine", ce qui signifie qu'elle est humaine ? Ou en tout cas une hybride ? On a pas plus de renseignements sur elle, et c'est dommage !
:arrow: Elizabeth, fait-elle partie de la société des vampires ? Elle a défié son prince ? Et surtout pourquoi a t-elle fait sa ? Pourquoi a t-elle défié Alexander ?
:arrow: A un moment, il est dit qu'elle trahi son clan. Pourquoi ?
:arrow: Après elle dit, "j'allais mourir après tout, autant le faire avec dignité". Qu'est ce que cette phrase veut dire ? Comme sa, elle allait mourir de toute facon ?
:arrow: Elizabeth doit décimer un clan tout entier, lequel ? Celui d'Alexander ? Le sien ? J'ai pas compris..
:arrow: Elle s'est battue avec le prince, et elle lui doit une danse ?

Tout sa pour dire que tu n'explique pas assez ton univers. Toi, tu sais exactement ce qu'il se passe, mais nous, lecteurs, avons un peu de mal à comprendre. Il manque de la "matière", des explications sur le pourquoi du comment. Nous ne savons rien de l'héroine, qui est-elle ? Quel est son but ? Pourquoi se bat-elle ?
J'espère que tu comprend, ce que je veux dire...

Néanmoins, je trouve que les scènes de combats sont très bien faites, et que l'humour est original. Tu écris divinement bien ! :D Tu as beaucoup de talent ! Bravo ! Continue de me prévenir !
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Merci pour tes remarques constructives. Elles sont bien sûres plus que bienvenue et je ne le prend pas du tout mal ! :D Pour tout te dire j'avais conscience que j'allais un peu embrouillé et que je restait un peu vague. Cependant mise au pied du mur j'ignore si tu veux que je réponde à toutes tes interrogations ou que je les intègrent (avec habilité j'espère! ^^) dans le chapitre suivant ?
Oceane04

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Re: Tout à perdre

Message par Oceane04 »

J'aimerai que tu me réponde et que tu ajoutes certaines informations à tes chapitres ;) vraiment, je me répéte mais tu écrit très bien ! C'est rare ! :)
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

D'accord j'ai pris note de tout (au sens littéral ^^). Voilà tes réponses qui je l'espère t'éclairciront :
- Elizabeth est un hybride en quelque sorte. Elle est humaine mais possède des pouvoirs, des dons si tu veux.

- Elle ne fait pas vraiment partie d'une société de vampire. Il existe deux clans : celui d'Ascelin (et donc le sien) et celui du père d'Alexander qui dirigent à eux deux les vampires qui existent. Forcément il y a des tensions. Le désir de domination de chacun crée des tensions mais toute cette lutte reste assez ...hypocrite je dirais. Ils ne s'affrontent jamais vraiment (cf La Guerre Froide). Alexander n'est donc pas le prince d'Elizabeth. Il est "l'ennemi" du clan mais on l'a invité pour le garder à l'oeil. Après elle ne l'a pas défié, ils s’entraînent ensemble (toujours dans cette idée de voir où en est l'autre clan, de connaitre sa force) Mais c'est vraiment un point sur lequel je n'ai pas du tout été claire.

- Elizabeth a des pouvoirs. Mais elle n'a jamais montré à quel point ils étaient puissants pour éviter d'avoir à décimer le clan d'Alexander parce qu'elle n'est ici que parce qu'elle est l'arme de son propre clan. C'est pour cela qu'on l’entraîne, qu'on la garde en vie malgré son... sale caractère ^^. Quand son "père" découvre qu'elle l'a menti il semble logique qu'il l'accuse de trahison et qu'il soit vénère. Il faut savoir qu'il n'est d'ailleurs pas très miséricordieux et qu'Elizabeth avait vraiment été condamné à mort pour ça. Elle le savait, d'où le "j'allais mourir de toute façon,..."

- Pour le combat//dance : comme il ne s'agit pas d'un combat mais d'un entrainement qui a dérapé (parce qu'Elizabeth s'est un peu...laissée aller par fierté principalement) et qu'Elizabeth doit garder des liens "politiques" avec Alexander correct, une danse serait ses "excuses" pour lui avoir enfoncer des sièges dans le corps. J'ai presque envie de dire que c'est le moins qu'elle puisse faire ^^

Voilà, j'espère que ça t'aide et merci pour tous ces compliments ainsi que de ton aide.
Oceane04

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Re: Tout à perdre

Message par Oceane04 »

Alors oui, je commence à comprendre, et l'histoire m'a l'air bien construite !

Seulement j'ai d'autres questions si sa te dérange pas ^^
:arrow: Donc Ascelin est le père d''Elizabeth ?
:arrow: Comment sa, elle est l'arme de son propre clan ?
:arrow: Je comprend pas quand est-ce qu'elle a menti a son père ?

J'aime bien l'idée de s'entrainer avec l'ennemi. Le personnage d'Alexander est intérressant, et celui d'Elizabeth j'adore !
Tout ces compliments sont mérités ! :)
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Pas de problèmes, pose toutes les questions qui te taraudent ^^
- Donc oui, Ascelin et Isaline sont les parents d'Elizabeth. Il est vrai que ça peut paraître choquant que des vampires mettent au monde une humaine mais pas chez moi :p Disons qu'elle est une anomalie^^

- Et une anomalie très utile parce que oui elle leur sert d'arme. Avec ses pouvoirs "hors du commun" et "bien utilisée" il suffirait de l'utiliser contre le clan d'Alexander pour s'assurer le monopole de la régence des vampires. Le rêve pour Ascelin ;)

- Elle a menti à son père quand elle ne lui a pas dit se qu'il voulait entendre. Il l'utilise pour lui donner le trône qu'il veut. Mais Elizabeth ne lui a jamais dit qu'elle pouvait le faire depuis longtemps.

J'essaye d'être le plus clair possible et j'ai modifié les chapitres précédents pour y intégrer les "indices" manquants. Merci en tout cas :)
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Comme d'habitude je suis preneuse d'avis, de questions, de remarques et autres ! Bonne lecture :)

Chapitre 3 _ Partie 1

L’odeur du sang. Métallique et âcre elle m’emplissait les narines avec force. Arg, et cet élancement dans l’abdomen. Intenable.
J’ouvris les yeux avec prudence, pour ne rien voir d’autre qu’un noir complet. Une pernicieuse inquiétude s’empara de moi me poussant à cligner plusieurs fois des yeux, priant pour qu’une lueur transperce cette obscurité. Mon pouls semblait s’accélérer à mesure que ma cécité se confirmait.
Tout à coup, un vent léger et parfumé entra dans ma chambre avec la rapidité d’une tornade. Avant que j’aie eu le temps de réagir, un éclair orangé m’éblouit. Protégeant mon visage de ma main gauche pour ne pas trop agresser mes yeux nouvellement rétablis, j’observais ma chambre baignant dans une douce clarté vespérale. C’était Annabelle, ma gouvernante, qui venait d’ouvrir les volets. Je poussais un soupir sonore.
- 1-0 pour les stores, maugréais-je me sentant incroyablement stupide mais plus encore, soulagée.
Fière d’être de nouveau apte je me redressais avec vigueur, pour me laisser lourdement retombée dans un gémissement de douleur aigu.
Petite note à moi-même : la blessure…
Quelque peu sonnée et à bout de souffle je détournais la tête de la fenêtre, les yeux clos. Lorsque je les ré- ouvris une grimace d’écœurement se dessina sur mon visage ; j’étais recouverte de sang. Les draps aussi, tant qu’ils collaient à la peau. Seul mon oreiller semblait épargné, laissant le haut de mes longs cheveux châtains intacts. Pour le reste… Beurk.
Aurais-je perdu tous mes neurones en même temps que ce sang ? Vu les cinq dernières minutes, j’optai objectivement pour le oui.
Puisque que ma première tentative avait été plus qu’idiote, je pris une profonde inspiration avant de me hisser à la force de mes bras, la mâchoire serrée. Plus de trois minutes me furent nécessaires pour que je ne parvienne à me mettre en position assise mais seulement quelques secondes pour que je ne trouve le courage de soulever mon tee-shirt maintenant écarlate et troué en plein milieu.
La blessure s’avérait bien moins hideuse que je ne me le figurais. Certes boursouflée et mal suturée, elle paraissait néanmoins saine et en passe de guérison.
Est-il inquiétant que je considère ça comme une victoire ?

De grands gestes de la part d’Annabelle attirèrent mon regard. Elle se mit à signer à une vitesse beaucoup trop hallucinante pour un interlocuteur qui venait à peine de se lever. J’avais vraiment de la peine pour elle et je regrettais tous les jours qu’Ascelin lui ai fait couper la langue.
Ça allait faire deux ans le mois prochain. Deux ans qu’elle devait regretter encore plus amèrement que moi avoir fait attendre le roi. Et la leçon avait été parfaitement intégrée pour tous ceux qui avaient assisté au procès : quand Ascelin ordonnait que quelque chose soit fait immédiatement, ne vous arrêter pas en chemin pour discuter. Autrement soyez certain qu’il trouvera un moyen pour que ce soit la dernière fois que l’on entende votre voix. Le pire, c’est que son règne de la terreur prospérait lui assurant une totale maîtrise sur tous les vampires. Enfin presque tous, puisque la moitié était sous l’autorité du père d’Alexander, son plus vieux et récalcitrant adversaire politique.
Par compassion pour la femme qui s’occupait de moi depuis toujours, j’avais alors appris la langue des signes, des soirées durant et ce, pendant presque des mois. Evidement, elle avait été bien plus rapide que moi puisque les vampires possédaient une capacité intellectuelle hors du commun. J’avais néanmoins espéré que cette « expérience désastreuse » créerait une sorte de complicité entre nous ou qu’elle accepterait que je l’aide, mais elle avait préféré continuer à garder ses distances. De très grandes distances. Je ne lui en voulais pas cependant, elle ne me devait rien.
Voyant à ces mouvements de plus en plus vifs qu’elle perdait patience, je me concentrais :
- De…voir. Je dois … vous… non, me préparer et bal. D’accord j’ai pigé : je dois me préparer pour le bal.
Elle hocha la tête avec vigueur.
- Dois-je maintenant traduire cette mine contrariée et de ce bras pointé en direction de la salle de bain comme un « illico presto » ? poursuivis-je avec un sourire d’ange.
Pour toute réponse elle tira avec fermeté sur grands draps en soie de mon lit à baldaquin, profondément irritée à en croire ses grands yeux bruns devenus électriques qui contrastaient violemment avec le blond pâle de ses cheveux.
- Vous savez pour quelqu’un qui ne peut pas parler, vous savez incroyablement bien vous faire comprendre, Annabelle.
Sans plus de remarque, histoire d’éviter d’avoir encore plus mal, je posais avec précaution mes pieds sur l’épais tapis puis, les deux mains agrippées à la colonnade du ciel de lit, je me mis debout. Un « debout » qui se révélait toutefois approximatif tant la blessure me cambrait.
Me tenant le ventre à deux mains j’entrepris de me rendre dans la salle de bain, situé à cinq mètres de là, légèrement sur ma droite, entre la lourde armoire d’acajou et les quatre marches qui menaient à un petit espace de la chambre occupé par une bibliothèque bien fournie ainsi que des petits fauteuils, le tout sous-jacent à ma grande fenêtre.
Chacun de mes pas m’arrachait un « aie », parfois agrémenté – je l’avoue- d’un ou plusieurs jurons jusqu’à ce que je ne sois brusquement soulevée de terre et amenée dans la salle de bain par ma nurse.
Remise sur les pieds sans délicatesse, j’eus à peine le temps de crier un « merci » narquois avant que la porte ne me claque au nez.
Soit…
En me retournant pour faire face à la baignoire, je soupirais. D’une part à cause de la taille immense de cette salle de bain en marbre rosé qui allait m’obliger à faire de grands déplacements et d’une autre à cause de ce fichu bal où j’allais devoir m’afficher avec Alexander.
Jamais contente…

Retirer tous mes vêtements poissés de sang et transpiration me prit un temps fou, si bien que la baignoire était déjà entièrement pleine quand je m’y glissais. Sur le coup, l’eau chaude me brûla mais une fois mon corps complètement immergé, elle me fit onctueusement comprendre à quel point j’étais courbaturée lorsque je sentis tous mes muscles se dénouer un par un. La sensation de chaleur était encore plus cuisante au niveau de ma plaie, mais je ne m’en formalisais pas, trop occupé à frotter ma peau maculée de sang, armée d’une petite brosse et d’un gel douche à la noix de coco. Laver mes cheveux fut plus rapide et je profitais de quelques instants de répit pour me plonger entièrement sous l’eau, laissant mes pensées dérivées.
J’avais envie de rester dans cette baignoire pour le reste de ma vie. L’eau chaude avait un effet relaxant indéniable et elle me tenait éloigné d’Alexander, de tous ces suceurs de sang et surtout de cette guerre de clan hypocrite. Qu’elle en était les règles du jeu ? Faire semblant d’apprécier l’autre, tout en s’évertuant à trouver un moyen de s’en débarrasser pour de bon. Le tout sans déclencher une guerre.
Aussi technique et intéressant qu’une partie d’échecs somme toute.
Cette opposition c’était d’ailleurs l’unique raison pour laquelle le prince était là. Il fallait garder un œil sur lui, évaluer la puissance de l’autre clan. Mais personne n’était dupe, c’était une partie à deux joueurs. Deux joueurs très influents et on ne peut plus déterminer.
Que disait-on déjà ? Ah oui, « soit proche de tes amis, encore plus de tes ennemis. »

On toqua à la porte au moment où j’émergeais de l’eau, les poumons à court d’oxygène.
- Oui ?
Pas de réponse, mais un tambourinement à un rythme qui promettait de vite devenir agaçant.
- La patience Annabelle, la patience, chantonnais-je tout en sortant de la baignoire et en me couvrant d’une serviette.
Elle ne s’arrêta pas tout de suite pour autant et c’est sous son tapage que j’enfilai les sous-vêtements qu’elle m’avait apportés, vraisemblablement lorsque je dormais. Ils étaient noirs et basiques bien que le soutien-gorge était sans bretelles.

Avant de quitter la salle d’eau à l’atmosphère lourde mais apaisante, j’attrapais avec difficulté la trousse de secours ainsi qu’une boîte d’antidouleurs dont était plein à craquer ce petit placard sous le lavabo. Après avoir roulé avec application un bandage autour de ma plaie pour ne pas tâcher mes habits, j’avalai deux antidouleurs qui se transformèrent rapidement en une bonne dizaine quand j’eus songé à ce qui m’attendait.
Dieu que la soirée allait être longue !

A contre cœur je me dirigeai vers la porte. L’air frais de la soirée, voletant dans ma chambre par la fenêtre ouverte, me colla la chair de poule et me poussa à m’activer. Sur me lit se trouvait d’ailleurs la robe dont j’allais devoir me vêtir, grande et d’une violine très clair, elle aurait tout eu d’un bustier classique si le col et les manches, qui m’arrivaient à mi-coude, n’avaient pas été faits d’un tissu transparent sur lequel on avait brodé des fleurs de la même couleur que le reste et ce, tout le long.
Souris, au moins la robe est jolie. Hip hip hip…
Je détachai mon attention du vêtement pour la porter rapidement sur le ciel. Il maintenant totalement assombri, preuve que les minutes avaient défilé bien plus que ce que je n’avais pensé et surtout, que j’avais tout intérêt à me dépêcher.
Avec adresse et efficacité j’entrepris alors de passer la robe avant qu’Annabelle n’arrive dans ma chambre, les mains pleines de brosses et matériel de coiffure en tous genres. Aussi alertée que moi par l’heure elle s’activa à une vitesse pas croyable, de telle sorte que quinze minutes plus tard, j’étais fin prête.
Pendant qu’elle allait me chercher mes chaussures je me contemplais dans le miroir. J’étais maquillé avec discrétion, juste de quoi relever le vert de mes yeux et mon visage ovale. J’étais également coiffée d’un joli chignon soutenu par un fin serre-tête en argent. La robe quant à elle soulignait mes courbes, pas « parfaitement parfaites » mais correctes.
Ce qui m’interpella en fait dans mon reflet, ce fut les ecchymoses sur mes bras, mon cou et d’autres des parties visibles de mon corps. Portant ma main à mon visage, je grimaçai lorsque mes doigts rencontraient une des marques que ma précédente journée « consciente » avait laissées. Je voulus les masquer en rajoutant une couche fond de teint mais Annabelle débarqua, des escarpins blancs nacrés qu’elle me fit enfiler en vitesse avant de littéralement me jeter dehors.

C’est le corps saisi de spasmes de douleur que j’avançais de façon gauche dans le dédale de couloirs, éclairé par des milliers de chandeliers suspendus. Sur les murs, les tableaux aux cadres dorés qui représentaient tantôt des rois de France, tantôt de magnifiques et impénétrables paysages me servaient à la fois de repères et d’appuis.
Mes talons, qui claquaient pourtant sur le marbre avec force, faisant un bruit de tous les diables, ne m’empêchèrent pas de percevoir la musique de l’orchestre et le brouhaha des invités dès que j’eus pris mon premier virage. Mais c’est arrivée dans l’aile principale du palais, celle où se trouvaient toutes les salles de bal, de réunion, de loisirs, ou encore d’entrainement, je pus prendre conscience du nombre effarant qu’étaient les conviés rien qu’en entendant leur boucan.
Génial, et dans trois mois… le grand bal de la Paix ! Enfin « Paix » …
Tout en poursuivant mon interminable chemin, je priais intérieurement pour que les antidouleurs fassent vite effet. A quelque mètre de la salle, je me retrouvais face à Isaline.

A la seconde où celle-ci m’aperçut un sourire se dessina sur son visage et elle me susurra avec un ton fiel :
- Elizabeth mon enfant, qu’est-il donc arrivé à ta si gracieuse démarche ?
Je la détaillais rapidement du regard. Grande, blonde platine, un teint de rose et bien… pourvue, elle avait tout de la méchante garce. Et si ses yeux noisette pouvaient paraître bienveillants, ils me faisaient à moi, un tout autre effet.
Arrivé près d’elle, je régulai ma respiration hachée par le trajet et répondis sur le même ton :
- Un malencontreux accident. J’ai glissé sur la lame de notre bon roi. Rien de grave néanmoins, et d’ici quelques jours il n’y paraîtra plus, rassurez-vous.
Elle hocha la tête, le regard vierge de toute expression, mais je pouvais sentir, à force d’expérience, que ma remarque ne lui avait pas plu. A moins que ce ne soit le fait que je les ai roulés dans la farine, retardant ainsi leur prise de pouvoir sur le trône des vampires.
Leur ultime but avait toujours été cet unique trône. Il était ce pourquoi ils me préparaient depuis dix-sept, ce pourquoi nous étions tous des pions, et ce pourquoi des milliers de gens risquaient de mourir si je les laissais m’utiliser.
Ascelin choisit ce moment critique de mes pensées pour faire son entrée, imposant dans son costume de soie sombre taillé sur mesure. Ses cheveux châtains dont j’avais hérité, bien que les siens soient coupés court, accentuaient l’angularité de ses traits. Arrivé à notre hauteur il ne m’accorda même pas un regard et, glissant la main de son épouse au creux de son bras, se dirigea lentement vers la salle de réception.
En nous apercevant dans l’encadrement de la porte, toute la foule se tût. Alors que je m’attendais à des regards hostiles, - tout du moins plus qu’à l’accoutumée – je n’en reçu aucun, preuve qu’Ascelin ne leur avaient rien dit. Quel roi restait crédible en se faisant duper par une gamine ? Par son silence, il gardait la face.
Tant mieux, ça m’évitera de me refaire faire la mienne.

En entrant dans la salle, mon regard se vrilla sur la même chose que d’habitude : les humains pendus par les pieds le long du mur gauche. A en croire la couleur de leur visage ils étaient bientôt prêts à être égorgés pour le plaisir et les papilles de la foule. Et, à en croire cette fois les regards avides que certains posaient sur eux, le délai d’attente n’avait que trop duré.
Ma gorge se serra et c’est le cœur au bord des lèvres que je progressais dans la salle silencieuse.
Aller, on sourit et on lève bien haut la tête, ordonna une voix dans ma tête. Une voix révoltée qu'il me faudrait encore une fois opprimer.
juju-27

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Re: Tout à perdre

Message par juju-27 »

coucou, encore une fois ta première partie de chapitre est géniale!
On est totalement dans l'histoire avec des descriptions et le ressenti de ton personnage et bien entendu son humour que j'adore! :D
Vraiment continue d'écrire, tu es réellement douée pour ça et c'est un plaisir de te lire car tout est fluide et bien enchaîné! BRAVO :!: :!:
Voilà, j'ai hâte de lire la suite! :lol:
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Coucou Juju-27,
Et bien c'est encore une fois un grand merci pour tous tes compliments ^^ la suite du chapitre ne tardera pas trop je l'espère ^^
Kameinu

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Re: Tout à perdre

Message par Kameinu »

Coucou!!!!
J'adore l'littéralement ton histoire!! Je trouve qu'elle est tu écris vraiment très bien!!!!!!
J'adore!!!!! Et je trouve que ton histoire est super bien trouvé! Maintenant j'ai hâte dans savoir pus sur ton histoire, et de savoir ce qu'il va se passer!
Donc, MET VITE LA SUITE!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
BISOUS
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Hi Kameinu,
Merci beaucoup, je suis très contente que tu aimes. Je vais faire mon max pour que la suite soit vite dispo ;)

Bisous,
Nanane.
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Chapitre 3 _ Partie 2


Comme toujours Ascelin avait mis le paquet : chandelier en or, profusion de roses rouges dans d’authentiques vases en cristal, nappes ocres tissées main et des tonnes de plats odorants tous plus appétissants les uns que les autres. L’ensemble étant bien entendu posé avec une élégance savamment calculée sur deux massives tables en bois le long du mur, à droite. De superbes tentures habillaient d’ailleurs chaque centimètre des grandes cloisons, excepté celle qui faisait face à la porte puisqu’entièrement composée d’une verrière. La lumière pâle de la lune la transperçait comme une longue lame scintillante pour venir se poser sur les trônes des régents surmontant la petite estrade de marbre blanc, juste en dessous. Cette merveilleuse coïncidence donnait à la situation un aspect très solennel et un quelque peu mystique. Mon géniteur qui l’avait lui aussi perçu, trouva sans doute de très bon goût de nous placer pile sous le halo lumineux, sa femme à sa droite, et moi à sa gauche, plus en retrait. Figée, j’observais la foule silencieuse avec un masque de puissance et de dédain comme on me l’avait toujours appris, déployant des trésors d’auto-encouragements pour ne pas me vautrer de façon très peu gracieuse dans un des fauteuils si outrageusement confortables qu’ils semblaient presque me narguer.
« C’est un sourire que tu dois coller sur ton visage Elizabeth, pas une grimace de douleur. » me répétais-je entre deux : « Je n’ai pas mal, je n’ai pas mal, je n’ai pas mal… »

Mais ma vérité physique était toute autre. J’avais encore terriblement mal tant les antidouleurs peinaient à faire effet par mes nombreuses agitations. Ma magie m’avait fait guérir, me maintenant à la vie dans un premier temps en stoppant l’hémorragie puis, dans un second, en soudant les deux lèvres de ma plaie alors qu’elle aurait dû être mortelle. Cependant, j’avais trop utilisé de magie et d’énergie dans le combat contre Gabriel pour que ma meurtrissure ne nécessite aucune intervention.
Le combat…
A cette pensée je me mordis instinctivement la lèvre inférieure. J’étais vraiment dépitée et en colère contre moi-même. J’avais laissé Ascelin prendre la main et lui avait montré à voir le seul avantage que j’avais sur lui. Maintenant il connaissait mes réelles capacités, pas celles que je lui avais toujours autorisées à voir. Maintenant il pouvait se préparer activement à la guerre. Enfin maintenant, par ma faute ou grâce à moi –question de point de vue je suppose, - il pouvait s’emparer de la seule chose qu’il désirait : le trône de Miroslav, officiellement régent des vampires de l’Est et biologiquement père d’Alexander.

Cette sombre conclusion me troubla profondément et je préférai lâcher prise avant de perdre le contrôle de ce qui s’affichait aux yeux de tous sur mon visage. Je jetai alors un coup d’œil en biais à celui qui m’avait poignardé quelques jours plus tôt pour me punir. Ascelin choisit précisément ce moment pour lever encore plus haut sa tête - ce qui franchement me paraissait physiquement impossible- et déclama :
- Le banquet fut toujours un grand évènement. C’est en effet un véritable lieu d’amusement, une marque de pouvoir et … un gage de cohésion, d’alliance, acheva-t-il avec un petit sourire entendu que certains des convives se partagèrent.
Ainsi la première pique de la soirée, certes subtile, venait d’être lancée. Si Alexander était dans cette salle, ce dont je ne doutais point bien que je ne parvienne pas à le trouver au milieu de la foule, il avait comme toujours saisi le sous-entendu et le considérait sérieusement.
- La Grèce Antique me semble en être le meilleur exemple. Qu’importait la cause du festin : une victoire à la guerre, un oracle positif, un jubilé ou bien une naissance, ils se partageaient constamment une coupe de vin au moment sacré du symposion…
Tu m’étonnes ! Certains de ces vieux débris y étaient …,ironisais-je en calculant à vue d’œil la moyenne d’âge de l’assemblée.
- C’est pourquoi je vous propose ce soir de partager des coupes. Non pas de vin mes fidèles amis, mais de sang. Émilien, apporte-moi la dague.

Ledit Émilien, serviteur officiel de Sa Majesté, lui tendit le petit poignard d’argent en s’agenouillant. Le roi la saisit et se dirigea lestement vers les humains, se délectant de la vive excitation que son annonce avait fait naître. Arrivé à hauteur du premier humain, un homme d’âge moyen au physique banal si l’on omettait sa face hideusement violette et son état clairement comateux à cause de sa position « inconfortable », le roi plaqua le couteau contre sa gorge et avant que son dîner ne gémisse d’effroi, il la trancha prestement. Des gerbes de sang jaillirent sous les applaudissements des convives qui déjà se pressaient vers les serviteurs, verres à la main.
- La soirée peut commencer ! déclara Isaline, impériale et radieuse en s’empressant de descendre de la tribune pour rejoindre son mari et la cohue.
Je fis de même mais nous nous séparâmes rapidement au centre de la salle avec des regards entendus. Le sien me disait : « Tiens-toi correctement ou je te tue » et le mien fuyait par tous les moyens le tableau barbare que son tendre époux avait mis en scène.

Et c’est alors que je détaillais le moindre recoin de la pièce ; des plats consistants jusqu’aux douces flammes mouvantes des bougies pour ne surtout pas me focaliser sur le sang qui coulait dans les cratères d’or, qu’un long vêtement noir apparut inopinément dans mon champ de vision, l’obscurcissant. D’un geste vif de la main qui n’aurait sans doute pas été assez rapide s’il avait s’agit d’une agression, je repoussais l’inopportun. Heureusement, pas d’attaque surprise ; ça n’était qu’Alexander, agitant son manteau avec impatience, le regard hautain. Je haussai les sourcils, incrédule : croyait-il vraiment que j’allais m’occuper de le débarrasser de ses petites affaires ?
Qui coûte soit dis en passant une petite fortune… Hum…
- Combien penses-tu que je puisse tirer de ta cape si je la mets en vente sur Ebay ? arguai-je en faisant mine de m’en saisir.
Il la mit sur le champ hors de ma porté pour finalement la confier à l’une des nombreuses servantes qui gravitaient en permanence autour de lui, attendant le moindre de ses ordres. La pelisse loin de lui et surtout de moi, il croisa ses mains derrière son dos mettant ainsi ses pectoraux au premier plan et jeta un regard critique au spectacle qu’offrait la réception. Je suivis le parcours de ses yeux sombres un moment avant de me focaliser sur lui. Avec sa grande taille élancée, son costume noir à fines rayures argentées et ses longs cheveux noirs tombant avec science sur ses épaules, Alexander était comme à l’accoutumée, incroyablement séduisant.
- Je vais prévenir la dame de maison que le service laisse à désirer, finit-il par lâcher sèchement, sans une once de son accent.
- De même que les invités, répliquai-je du tact au tact en me détournant légèrement de lui.
L’irritation me gagna prodigieusement lorsque je perçus son léger rire. Me retournant pour lui faire de nouveau face, je lui lançais un regard noir et préparais avec soin une réplique qui promettait d’être cinglante - du moins jusqu’à ce qu’il ne me coupe - :
- Ne dis rien que tu pourrais regretter ma princesse et accompagne-moi saluer les invités.
Joignant le geste à la parole, il me tendit sa main et patienta, sûr que je lui obéirai. Je ne réagissais pas tout de suite, arbitrant tranquillement le débat intérieur qu’avait engagé sa phrase ou plus particulièrement sa directive. Une part de moi avait vraiment très envie de lui dire d’aller se faire foutre mais la seconde, qui peinait à s’exprimer, couvert par l’insurrection de l’autre, me soufflait que je n’avais pas le choix. Qu’il fallait que je sois raisonnable. Puis le regard d’Isaline me revint en mémoire, lumineux.
A contre cœur et avec un soupir à fendre l’âme je saisis la main qu’il me tendait et le laissait me guider au milieu de la centaine d’invités aux dents longues.

Pour débuter la soirée Alexander nous dirigea vers un groupuscule de vampire composé de trois hommes et de deux femmes. Je les connaissais tous, soit parce que je les avais déjà rencontrés par le passé, comme c’était le cas pour l’archiduc Plaisance et sa femme, soit parce que l’on m’avait fait apprendre par cœur leur nom et leur titre. Ainsi le couple de sexagénaires aux yeux rieurs était accompagné du comte Jérémie, de sa sœur Marie et d’Ezéquiel un des hauts généraux auquel je connaissais une origine espagnole et auquel je pouvais prêter, sans trop de mauvaise foi grâce aux regards qu’il posait sur elle, une liaison avec la jeune première.
- Enchanté vos Altesses, nous salua poliment l’archiduc au nom du groupe et à quoi nous répondîmes par un solennel hochement de tête.
- C’est toujours en charmante compagnie que nous vous trouvons mon prince, poursuivit le comte avec un air allusif que je ne parvins pas à déchiffrer.
- N’est-ce pas ? répondit l’intéressé en passant un bras démonstratif autour de ma taille.
Je me forçai à sourire face à leurs compliments mais j’avais envie de grincer très fort des dents. Une chose était sûre, Alexander jouait la comédie comme personne. Et si c’était sans doute une faculté indispensable pour un dirigeant, ça avait le don de m’énerver…et de me blesser.
- Archiduc Plaisance, nous pourrions nous retrouver plus tard dans la soirée pour convenir de notre … petit arrangement, suggéra Alexander sans qu’il soit réellement question que son interlocuteur refuse.
Il sembla d’ailleurs le comprendre lui aussi et répondit maladroitement :
- Oui, oui comme il vous p-plaira, Prince.
Mon pauvre diable vous devriez éviter de tirer une tronche pareille si vous voulez paraître crédible, plaisantais-je intérieurement prenant soin de ne rien laisser paraître sur mon visage.
Blague à part, j’étais néanmoins très intriguée par ce que pouvais être ce « petit arrangement » et dévisageais alors le prince avec suspicion. Après tout, j’avais sans conteste le droit de savoir : primo il était sur « mon » territoire et deuzio, même si aucun des hypocrites qui m’entouraient n’était prêt à l’admettre, nous étions en guerre. Alors que j’attendais une réponse depuis une bonne minute déjà, Alexander jugea préférable de me lancer un sourire poli qu’il compléta par un baiser sur ma joue. Je la sentis rosir violemment, comme si ses lèvres avaient été un fer chauffé à blanc et qu’elles m’avaient brûlé. Cependant j’ignorais si leur teinte était due au plaisir éphémère ou à l’exaspération que m’avait procuré son geste. Geste qui n’était autre que le seul signe aimable qu’il avait trouvé pour me signifier « ne te mêle pas de mes affaires ».
Tu me connais très mal si tu penses sérieusement t’en sortir comme ça, Alexander. Ouais, vraiment, vraiment mal...
Mais avisée de nature je décidais de ranger son secret dans un coin de ma mémoire et de le tanner plus tard. Ce sujet également clos avec l’archiduc et quelques phrases aimables échangées plus tard, nous les quittâmes.

C’est en marchant sans douleur vers d’autres invités, regroupés à l’autre bout de l’endroit où nous nous trouvions précédemment que je compris que les antidouleurs avaient enfin fait effet. Heureusement car aux premières salutations, s’ensuivit un véritable défilé. A chaque fois il nous fallait faire le même cirque : saluer, échanger des banalités, se montrer ensemble, continuer encore et encore cette mascarade. Chacune des phrases que je prononçais me râpait la gorge et me donnait envie de soupirer. Parmi celles-ci : « Oui la soirée est fantastique », « quel plaisir de vous voir », « il est tout à fait vrai qu’Alexander est incroyablement élégant » et la pire de toute : « Oui nos clans sont unis … »
… et prêts à guerroyer, avais-je sans cesse envie de rajouter.
Chose très étrange, mon cavalier semblait percevoir cette frustration chez moi et à chaque fois que j’étais sur le point de faire une bourde, il resserrait imperceptiblement son bras autour de ma taille pour m’intimider le calme.

A la fin, je décidais de ne plus parler que lorsque l’on m’interpellait directement, passant le reste du temps à me forcer à rire et à sourire. De temps en temps, je m’octroyais même la liberté d’observer Alexander qui, contrairement à moi, parlait avec une aisance et une autorité naturelle. Je doutais cependant que déblatérer ainsi pendant des heures lui plaise mais après réflexion, je me rendis compte que je ne le connaissais que peu. Je savais son titre, son nom entier, qu’il était Russe, très bon combattant ainsi que stratège, qu’il possédait deux facettes étonnamment accordées que j’aimais à appeler respectivement : « Sa Majesté le chieur de Prince » et « Alexander le corrosif». Enfin, parce que je l’avais croisé de nombreuses fois dans la bibliothèque, je savais qu’il appréciait tout comme moi lire aussi bien des auteurs de son pays que des auteurs étrangers. Mais tout le reste m’était inconnu. Avait-il des amis proches ? Son pays lui manquait-il ? Regardait-il des films particuliers ? Regardait-il seulement des films ? Qu’aimait-il faire ? Jouer aux échecs ? Même les gens qui l’avaient élevés m’étaient inconnus, ayant été trop jeune au dernier bal de La Paix pour m’en souvenir.
Les questions continuaient d’affluer tel un flot violent affranchit de la digue du conscient mais bientôt la réalité mit fin à l’épanchement. Cela faisait déjà neufs mois qu’il était ici, en France et dans moins de trois mois il repartirait chez lui, en Russie. Peut-être même plus tôt si la guerre éclatait pour de bon. Dans ce contexte tendu et cette échéance relativement courte je voyais mal quand je trouverais le temps de faire se confier l’inaccessible prince. Et encore fallait-il qu’il ne soit pas en mode « Sa Majesté le chieur de Prince » quand j’essayerai.
Ce qui, statistiquement, réduit mes chances de moitié…

Après ce qui me parût une éternité nous finîmes par être seuls et libérés d’une partie de nos charges diplomatiques. Nous décidâmes alors de nous détendre en prenant respectivement une coupe de sang et une coupe de champagne, dont j’avalais pour ma part la moitié d’une traite, la gorge asséchée par toutes les futilités que je venais de débiter ces deux dernières heures. Alexander n’avait pas décollé son bras de ma taille pour autant et continuait son petit jeu en me dévorant du regard.
- Souhaites-tu que je fasse quérir l’un de tes laquais afin qu’il t’apporte des jumelles ? ou peut-être un microscope ? m’insurgeais-je.
- Tu peux parler princesse, tu fantasmes sur moi à longueur de temps.
Levant fièrement ma coupe de champagne, je lançais à la cantonade :
- Waouh ! Et le mot rêve n’a jamais aussi bien porté sa définition qu’à cet instant !
- Tu rêves également de moi, voilà qui est intéressant … murmura-t-il, taquin.
Évidemment, son ton avait été bien assez éloquent pour que je comprenne le type de songe qu’il sous-entendait. Alexander ne cessait jamais d’être un prince mais il semblait si espiègle et bien moins… « Coincé » à ce moment que je décidais de profiter de cette accalmie au maximum.
- Bien sur que non, arguais-je. Et si jamais une telle chose se produisait il faudrait plutôt parler de « cauchemar ».
Bam, prends ça dans les canines monsieur « je-me-la-pète-parce-que-je-suis-un-prince-sexy».
Retirant son bras de mes hanches il se mit face à moi, les sourcils haussés et un petit sourire en coin plaqué sur son visage ce qui était … incroyablement plaisant. Je voyais très rarement Alexander sourire et plus rarement encore de façon sincère et non pas par souci du code.
- Danse avec moi, trancha-t-il en faisant mourir doucement son sourire.
Il est où le point d’interrogation dans ta phrase ?
Avec cet homme, même une proposition de danse tournait en ordre.
Exaspérant…
- Il est possible qu’éventuellement je puisse peut-être envisager ta proposition mais disons…un autre jour. A moins que mon refus poli n’ait des conséquences irréversibles sur ta confiance en toi, ironisais-je.
- Ne t’inquiète pas pour les séquelles de ce type. En revanche serais-tu prête à me briser le cœur ?
- Je crains que pour cela il ne faille déjà que tu en aies un.
- Mais j’en possède un. C’est la raison pour laquelle je bois ceci, répondit-il en agitant son verre sous mon nez.
Là, je ne pouvais malheureusement pas le contredire. Il en était en effet ainsi : le sang, ce liquide indispensable à la vie ne pouvait être produit par les organismes des vampires, puisque ayant d’ores et déjà « un pied dans la tombe ». Pour que leur cœur batte et maintienne par ce fait l’irrigation de l’ensemble du corps, ils leur étaient donc indispensable de prélever l’élixir écarlate sur d’autres. Les humains. Ce que moi-même j’étais à cause d’un incompréhensible choix de l’Univers que maudissaient chaque jour Ascelin et Isaline. S’ils avaient bien essayé de faire en sorte que la Reine enfante de nouveau, aucunes des grossesses entamées n’aboutissaient. Les deux régents étaient ainsi condamnés à n’avoir que moi : une humaine aux pouvoirs extravagants. Un produit de la nature aussi étrange qu’ambigu.

Face à mon silence troublé, Alexander, qui perdait patience, trancha en faisant bizarrement écho à ma réflexion :
- Où que tu en sois dans ta méditation, tu y omets un détail Elizabeth : je ne suis pas un pauvre humain que l’on peut éconduire. J’obtiens toujours ce que je veux. Tout particulièrement d’une femme.
Sans plus de considération, il me tira par le bras et m’attira contre lui au milieu de la foule qui dansait. Une musique douce mais rythmée démarra et nous commençâmes à nous mouvoir, lui menant évidemment la danse tandis que je me concentrais pour remettre en pratique les pas que j’avais appris en leçon depuis toute petite. Les acquis revenus je me détendis et le laissais me garder sur la piste malgré la façon dont j’y avais été invité. Et puis, même si j’avais voulu dégager, tout particulièrement en lui mettant un coup de genou bien placé, j’aurais risqué de déclencher une guerre. De plus, une part de moi que je ne voulais pas apprendre à connaître appréciait parfois ce côté macho de sa personnalité.
Mais à petites doses…

Après quelques chansons que le silence incroyablement apaisant qui planait entre nous rendait terriblement rapides, je finis par croiser au dessus de son épaule le regard de deux jeunes femmes qui elles, semblaient obnubilées par l’homme possédant cette carrure.
- Ces femmes là-bas, la rousse et sa copine, elles n’arrêtent pas de te reluquer, lâchais-je avec ce que je voulais du détachement.
A vrai dire, les filles en question n’étaient autres que les deux duchesses du Château-le-Ponte mais je n’avais aucune envie de leur faire leur « pub » auprès d’Alexander.
- Et le comte Gaspard ne cesse de te « reluquer » également, répondit-il en insistant bien sur ce mot qu’il considérait comme vulgaire à juger par son ton. S’il savait …
Je voulu m’écarter de lui pour tenter de percevoir dans ses yeux le sens de ses derniers mots. Cependant je n’en eu pas le loisir puisqu’à peine l’idée m’avait-elle traversé l’esprit qu’il avait resserré son emprise et me maintenait plaqué avec force contre torse, à une distance encore plus réduite que précédemment.
- Tu n’as tout de même pas l’intention de le laisser te faire la cour alors qu’il a un statut social cent fois moins élevé que toi, murmura-t-il, agacé.
J’ouvris les yeux comme des soucoupes, éberluée.
« Faire la cour » ? « Statut social » ? C’EST QUOI SON DELIRE !
- Non ! protestais-je. Je souhaitais juste savoir ce que tu sous-entendais par « s’il savait » !
Et voilà, j’étais sur la défensive comme à chaque fois je quelque chose m’échappait.
- Oh et bien tu es capricieuse, désobéissante, irrespectueuse, impulsive. Sans compter que ton vocabulaire laisse des plus souvent à désirer…
Ma mâchoire se décocha de surprise et ses mots me blessèrent bien plus que ce que je n’étais prête à l’admettre.
- Mince, et moi qui croyais être un exquis cadeau envoyé par le Ciel, marmonnais-je, acerbe.
- Disons que ton corps et ses courbes se laissent « reluquer », ce qui rachète ses petits désagréments.
S’il continue c’est certaines parties de son corps à lui que je vais faire devenir de « petits désagréments ».
- Je vois… Ravie de voir que tu m’estimes si peu. A moins que ça ne soit parce que tout ton quota soit réservé à toi-même.
J’essayais de me dégager mais il me maintenait avec une poigne de fer. Tout compte fait, je détestais ces muscles devant lesquels je bavais il y a encore quelques jours.
- Tu te méprends. Je t’estime, Elizabeth. Néanmoins je n’oublie jamais que tu es leur arme de destruction massive. Tu menaces ma famille, mon clan, mon titre, confessa-t-il au bout de quelques pas de danse.
Pendant quelques secondes j’avais cru qu’Alexander faisait tout à ça pour son peuple, par responsabilité. J’avais vite déchanté quand il avait mentionné « son titre » qui vraisemblablement avait autant de valeur que la vie des gens qu’il aimait ou qu’il gouvernait. Qu’est-ce qu’il pouvait être arrogant ! Et si j’avouais que parfois ce côté « machiste et despote » m’attirait, la plupart du temps ça me donnait envie de lui rire au nez, voire de l’étrangler. Ca dépendait du contexte.
Ici, la chose la plus intelligente à faire aurait sans doute été de ne pas répondre, attendant qu’il se lasse de son jeu et me libère mais j’étais non seulement fatiguée mais aussi profondément contrariée. Il était hors de question que je ne tire rien d’autre de cette soirée que son badinage. Il voulait me garder pour un moment et moi, je voulais mes réponses.
- Pourtant malgré ce que tu as découvert l’autre jour, ce dont je suis capable si la guerre éclatait, tu aurais dû être terriblement contrarié, non ?
O.K, O.K, à le dire comme ça, ça puait l’attentat...
- Je l’ai été…, admit-il au bout de quelques instants de réflexion, et d’une certaine manière je le suis toujours…Mais tu nous as prouvés à tous quelque chose : ils ne te contrôlent pas. Vient alors ma question : Qu’est-ce qui vous contrôle Elizabeth Selena Katherina ?
Il acheva sa phrase en me faisant tourner puis me lâcha et s’enfonça dans la foule sans même attendre ma réponse.
Voulais-je seulement la formuler ?

Seule dans un coin de la salle, les pieds douloureux par des heures perchées sur des talons hauts, j’observais Alexander et sa cavalière à la crinière fauve. Une certitude s’imposa alors à moi : si à cet instant précis, un génie était apparu devant moi et m’offrait un vœu, le choix entre souhaiter la désintégration de cette femme ou la prohibition des talons féminins serait plus que cornélien.
Lorsqu’il rapprocha sensuellement son corps du sien, une veine de mon cou se mit à battre, résolvant définitivement mon dilemme. Putin, on n’aurait pas pu se rencontrer dans un de ces lycées ringards en se fonçant accidentellement dedans et en tombant follement amoureux ? C’est comme ça que c’était censé se passer ! Mais non, nous nous étions « ennemis héréditaires » et c’était un salaud de première. Probablement schizophrène en plus.
Lorsqu’une demi-heure plus tard mes douleurs abdominales se firent ressentir de nouveau je décidai qu’il était grand temps d’aller au lit. Un dernier regard acéré, et je finis par quitter la salle en reconnaissant qu’Alexander était quand même une adaptation sexy de Docteur Jeckyll et mister Hyde.
L’attirance à sens unique, ça craint.
juju-27

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Re: Tout à perdre

Message par juju-27 »

Coucou, merci de m'avoir prévenu et bien sûr que je suis toujours intéressée par ton histoire! ;)
C'est une super suite, on en apprend un peu plus sur la relation entre Elizabeth et Alexander ainsi que sûr l'histoire des deux clans. Les descriptions sont toujours aussi bien faites et l'écriture est toujours de très bonne qualité ce qui permet une lecture fluide et agréable!! :D
Cette suite met aussi un peu plus en place l'intrigue et révèle les enjeux et tensions entre les clans notamment avec l'échange qu'il y a entre Alexander et Elizabeth, c'est super et j'ai vraiment hâte de savoir la suite!!!! :D
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Et bien un grand merci Juju-27 pour avoir pris le temps de lire lu et avoir laissé ce commentaire :) ! J'espère (j'en ai eu l'impression en tout cas) que tu apprécies ce que tu découvres sur Alexander, Elizabeth et les "tensions/enjeux" entre eux ^^. En tout cas je vais essayer de faire en sorte que la suite mette moins de temps que la précédente à arriver xD

Bisous ! :)
Nanane.
Nanane

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Re: Tout à perdre

Message par Nanane »

Un nouveau chapitre toujours ouvert aux remarques ou aux questions ;) Bonne lecture ...

Chapitre 4

Quand je me réveillais le lendemain de la réception un soleil éclatant semblait lui aussi quitter ses songes brumeux, baignant ainsi ma chambre dans une douce clarté matinale. Sans me presser et comme mue par les automatismes lents propres à l’état d’un éveil encore approximatif, je sortis du lit et entrepris de me laver avec vigueur, trop ravie d’être entièrement guérie. De retour dans ma chambre, nettement plus propre et réfléchie, je décidais de lancer un peu de musique histoire de me mettre dans de meilleures dispositions pour la journée que je venais tout juste de débuter. Peut-être le soleil m’inspirait-il lui aussi cette soudaine envie, quoi qu’il en soit lorsque les premières notes rythmées et les premières paroles de Malo tebya du groupe féminin Serebro se firent entendre, un entrain nouveau me poussa à me déhancher tout en me préparant. C’était un moment qui aurait pu se révéler très embarrassant si quelqu’un était entré mais j’étais complètement seule, ce qui le rendait simplement décontractant et quand la chanson se termina, j’étais non seulement habillée et coiffée mais aussi motivée. En bref, parée pour la journée.
Aller jusqu’à la salle à manger pour le petit déjeuner me prit à peine deux minutes, celle-ci étant située juste en dessous de ma chambre. Juste le temps de traverser un bout de couloir, de descendre l’escalier de style baroque et d’atteindre, quatre tableaux et deux statues plus loin, le petit salon. En passant devant les glaces aux encadrements travaillés des siècles plus tôt et qui tapissaient les murs de chaque côté de cette rangée de marche, je m’observais rapidement. Il fallait que je sois impeccable avant de me présenter à table, c’était « une bienséance de base » selon mes très royaux paternels. Ainsi je pris une poignée de secondes pour lisser les plis imaginaires de mon jean et de mon léger tee-shirt vert clair et blanc à motifs ethniques. D’un geste assuré je resserrais également ma longue queue-de-cheval avant de m’engouffrer dans salle.
A ma plus grande surprise, elle était vide. Enfin, des serviteurs s’agitaient ici et là pour disposer le petit déjeuner sur la table, mais ni mes parents ni Alexander n’étaient présents.
Oula ce n’est pas bon signe. Pas bon signe du tout, m’alarmais-je en prenant place dans le siège qui m’était réservé. Même si je connaissais ma place par cœur puisque j’avais la même depuis toute petite, un total étranger à notre table pouvait très aisément la deviner : c’était la seule devant laquelle s’étalait des viennoiseries typiques du pays, du jus d’orange, des céréales et une profusion d’autres choses appétissantes. Devant les autres, de simples tasses et différentes carafes remplies de divers sirupeux liquides rouges. Il n’y avait donc plus qu’à choisir le groupe sanguin avec lequel on souhaitait démarrer sa journée ! J’essayais vainement de voir si l’une ou l’autre avait baissé de volume pour savoir s’ils avaient déjà déjeuné, ce qui aurait pu ainsi être la cause de leur absence, mais toutes étaient encore remplies à ras bord.
S’ils ont décidé de briller par leur absence et bien soit, ça ne doit pas m’empêcher de manger, claironnais-je intérieurement.
Mon estomac sembla vraisemblablement m’approuver par un gargouillement, ce qui acheva de me convaincre. Je pris donc le premier aliment qui se présentait à moi, soit un croissant et deux fois n’est pas coutume, je le couvris à outrance de pâte à tartiner. Au moment de l’engloutir néanmoins je me ravisais par conscience et me raclais la gorge pour attirer l’attention d’un domestique. Je lui demandais sitôt qu’il eut tourné sa tête dans ma direction :
- Vos Majesté ont-ils déjà pris leur petit déjeuner ?
- Non, Princesse, répondit-il humblement avec une voix de ténor.
- Vont-ils bientôt arriver?
- Je l’ignore, Princesse.
- D’accord euh…merci, hésitais-je avant de me rappeler, trop tard, qu’on ne « remercie jamais personne et encore moins un serviteur » selon le précepte barbant numéro 12 d’Isaline. Dans ce cas, rapporter les carafes en cuisine, me repris-je en ravalant tout juste un « s’il vous plaît ».
Et bah ! Y a encore du boulot avant que tu foutes la trouille aux gens comme les autres !
Je fus toutefois confortée dans mon attitude aimable quand l’homme s’exécuta en me souriant timidement. Je lui rendis la politesse au moment où il s’en allait vers les cuisines, brocs en mains et mordis sans perdre plus de temps dans mon déjeuner. C’est à cet instant qu’Emilien entra et harangua avec emportement le domestique, prit en flagrant délit de lèse majesté d’après la mine contrariée qu’il affichait :
- Vos Altesses arrivent ! Reposer immédiatement ceci, idiot !
Je me mis alors à mastiquer le bout que j’avais dans la bouche à la vitesse de la lumière, espérant pouvoir intervenir et rabattre son caquet à ce lèche-bottes insupportable avant qu’il ne continue à enguirlander l’innocent.
- C’est moi qui lui ai demandé de les rapporter, pensant que nos Souverains ne nous feraient pas l’honneur de leur présence ce matin, défendis-je finalement le plus modestement possible en couvrant élégamment ma bouche de ma main gauche pour éviter que la pâte à tartiner ne me discrédite.
- Je vois…
Sans un mot de plus le serviteur d’Ascelin partit, non sans un regard de mécontentement à notre encontre. Le domestique lui, dont le nom, Baptiste, me revient brusquement d’un vague souvenir, reposa sur la table les petits déjeuners vampiriques et s’inclina avant de disparaître.
Malheureusement l’empêcheur de tourner en rond ne fut pas bien long à revenir. Mais cette fois-ci il n’était pas seul. Tour à tour Ascelin et Isaline prirent place aux deux extrémités de la table, puis Alexander dont je croisais le regard à son arrivée, s’assit à ma gauche et enfin, Olimpia ma terrible cousine, face à lui. Il lui arrivait souvent de venir dans notre palais en raison de l’affection toute particulière que mes parents, et plus précisément ma mère –sa tante donc- lui portaient. La ressemblance entre les deux femmes était par ailleurs frappante : même cheveux blonds comme les blés, même traits nobles et même expressions du visage. Seule la couleur des yeux détonnait : l’une les avait noisette, l’autre bleu clair.
Il y avait peu de temps, Olimpia, la « sublime héritière d’Italie », avait été promu première dame de compagnie de la reine, au plus grand plaisir du trio atterrant qu’elles formaient avec Nerina, la mère de la jeune fille et par conséquent ma propre tante, qui elle aussi était blonde, bien entendu. Cependant, je ne savais pas que son installation définitive au palais, conséquence de sa « montée en grade » était déjà effective, ainsi je ne pu m’empêcher de la considérer avec surprise et agacement.
Petite -et probablement très désespérée quand j’y repense- j’avais vu en cette fille de quelques années mon aînée, une amie. Mais j’avais vite déchanté. Comme toute princesse qui visiblement se respecte elle était suffisante, égocentrique et pire que tout, elle prenait un trop malin plaisir à me narguer et me railler sur tout. Aujourd’hui nous avions grandi : j’avais 17 ans et elle 20, pourtant nos sentiments à l’égard de l’autre étaient restés les mêmes. Je ne l’aimais pas, et elle, elle s’en amusait.
Elle dut surprendre mon regard pas des plus avenant, puisqu’elle m’en jeta un où se mêlait dédain et ravissement, signe qu’elle était on ne peut plus ravie de son effet sur moi. A moins que… D’un coup de tête rapide en direction d’Alexander qui sirotait tranquillement son A+ tout en lisant une missive fraîchement reçue de Russie, elle réussit à me faire comprendre que le dédain affiché était bien pour moi tandis que la lueur d’appréciation elle, elle était pour lui. Je détournais le regard et me concentrais de nouveau sur mon petit déjeuner au moment où le jeune homme leva des yeux inquisiteurs vers nous, conscient que quelque chose se tramait à cette table.
Je jouais la carte de l’indifférence incarnée dès lors en ne levant plus les yeux de mon repas qui tout d’un coup me paraissait bien moins appétissant. Ainsi Olimpia n’était pas insensible aux charmes d’Alexander… Mince, même en disant cette phrase dans ma tête je ne parvenais pas à lui donner une intonation d'indifférence.
Parce que tu es morte de jalousie, me susurra une petite voix malicieuse dans ma tête à laquelle je me surpris à répondre :
N’importe quoi !!!!
Une réflexion un peu plus approfondie offerte un peu trop gentiment par mon cœur et mon cerveau en ébullition en train de s’imaginer Olimpia dans les bras d’Alexander me poussa à corriger ma riposte interne qui devint alors :
O.K, peut-être un peu… Mais il est hors de question que quelqu’un sur cette Terre le sache, vu petite voix enquiquinante ?
Fière de la résolution générée par un dialogue des plus étranges entre moi et moi-même, je me décidais à enfin finir de manger.
- Tu ne devrais pas manger autant, argua ma cousine à l’instant même où j’engloutissais le dernier morceau de mon croissant.
Ayant la bouche trop pleine pour lui répondre en bonne et due forme je me contentais de hausser les sourcils, attendant une explication.
- Tu sais, tu risques de perdre la ligne …
Et toi tes dents…
- On n’a pas toutes la chance d’être une macchabée dont les vermisseaux recyclent la graisse, lâchais-je avec mon beau plus sourire sans m’attarder sur l’authenticité approximative de ma réplique. L’important c’est le geste, comme on dit…
- Même si j’avais des vers ils ne pourraient pas « recycler » un dixième de tout ce que tu engloutis. A commencer par ces croissants dégoûtants.
- Ah oui vraiment ? Parce que …
- Paix ! ordonna Ascelin en posant sur la table l’épais dossier qu’il lisait depuis le début du repas, comme c’était la coutume virile aujourd’hui apparemment. Elizabeth cesse immédiatement tes enfantillages et va retrouver Cyriacus pour ta journée d’enseignement.
- Comment ça « journée » ? N’ai-je pas entrainement ? soulevais-je respectueusement en ne prêtant plus attention à Olimpia.
- Non. J’ai besoin de tous mes hommes aujourd’hui pour un conseil de la plus haute importance donc personne ne sera disponible pour superviser votre entrainement à Alexander et toi. De plus, tes jours de convalescence ont généré un retard conséquent qu’il serait bon de rattraper au plus vite.
Sa phrase me noua l’estomac, non pas parce qu’il qualifiait le fait de m’avoir poignardé par la magnifique périphrase « jour de convalescence » mais parce qu’il organisait ce fameux conseil. Or seul un conseil de guerre ou en tout cas de crise grave nécessitait l’ensemble de ces hommes politiques et militaires. Un rapide regard en direction du prince confirma mon appréhension. Il faisait semblant de ne nous écouter que d’une oreille distraite mais je voyais ses muscles un peu plus crispés que d’habitude.
- Mais … tentais-je.
- Pour l’amour de Dieu, Elizabeth, ne discute pas !
Je hochai la tête en signe de soumission face à son ton dur. Cette même tête qui fouillait dans le moindre de ses recoins pour essayer de trouver un moyens d’en apprendre plus sur cette réunion, en y participant par exemple. Plus particulièrement, ce dont j’avais besoin c’était d’un moyen fiable et sûr qui m’éviterait une douloureuse dérouillée si jamais je me faisais prendre. Je vidais mon jus d’orange d’un trait puis me levai de table pour me rendre à ma leçon, si obnubilée par ma réflexion effrénée je ne vis pas tout de suite qu’Olimpia me suivait.
- Que veux-tu ? lui demandais-je sans me retourner et encore moins m’arrêter.
- T’accompagner. Marcher. Discuter avec toi… énuméra-t-elle, aux anges, comme si nous étions les meilleures amies du monde et que nos piques à table n’avaient pas eu lieu.
Typiquement elle.
- Tout ça ! … relevais-je avec une suspicion non feinte.
- Oui !
- Et de quoi je te prie ? De croissant, encore ?
- Oh non, minauda-t-elle, prenons quelque chose de plus…intéressant. De plus … croustillant.
- « Croustillant » ? Tu veux qu’on parle de biscottes cette fois, c’est ça ?
Ma blague je l’avoue, était nulle. Mais cette fille avait le don de m’énerver aux pires moments. Et puis c’était d’Isaline qu’elle était devenue le pot de colle attitré, pas de moi. Je voulais juste qu’elle me lâche.
- Je veux qu’on parle d’Alexander, lâcha finalement Olimpia en n’accordant qu’un bref sourire désabusé à ma plaisanterie.
- Tu ferais mieux de voir ça avec lui. Tu verras, il adore parler de lui-même.
- J’aimerais. Le souci c’est que lorsque nous sommes ensemble, nous ne prenons pas le vraiment le temps de discuter, si tu vois ce que je veux dire…
Oh oui je vois on ne peut mieux…grinçais-je en sentant ma mâchoire se crisper très très fort.
- Je suis ravie de connaître vos activités "extra-scolaire" mais là, j’ai pas le temps.
Elle m’attrapa le bras, me forçant à m’arrêter et à lui faire face. Dans ses yeux bleus, un éclat follement amusé brillait.
- Je sais mais… que dirais-tu si je te disais qu’Alexander et moi avons passé la nuit ensemble ?
Bien, très clairement elle voulait que l’on joue au chat et à la sourie. Et malheureusement je n’occupais pas le rôle enviable. Mais moi, la petite sourie je n’avais pas l’intention de me démonter, qu’importe le numéro qu’elle s’était décidée à me jouer aujourd’hui. Je me remis alors doucement en marche et fis semblant de me concentrer réellement sur sa question, le visage fermé comme si j’étais dépassée par la jalousie, ce qui sembla lui plaire au plus haut point. Finalement je stoppais ma mascarade et lâchais, la voix dégoulinante de sarcasme :
- Je te dirais que c’est doublement impossible. Tout d’abord parce que je sais qu’il a quitté la réception aux bras d’une jeune femme rousse, ce que tu n’es objectivement pas. Enfin, je te connais suffisamment pour savoir que tu n’es pas assez partageuse pour accepter un plan à trois.
Ma réponse ne me valut qu’un regard peu amène.
- Je ne parlais pas de la nuit dernière, crétine. Mais une nuit, avant. Plusieurs même.
Je pouvais maintenant voir la porte de la bibliothèque où m’attendait surement depuis longtemps mon précepteur.
Alléluia, plus que dix pas.
- Dis, Olimpia, est-ce que t’as déjà bu du sang d’ornithorynque ? demandais-je brusquement.
- Pourquoi tu me demandes ça ? se méfia-t-elle.
Et à juste titre.
- Parce que ça m’intéresse au moins autant que tes prouesses sexuelles avec Alexander.
Sur ce, je me retournais et, sans attendre ni entendre sa réponse, j’ouvrais les portes devant moi pour m’engouffrer à l’intérieur de ce qui était, sans conteste, ma pièce préférée de cet immense palais doré.
Et, pas la peine de le dire, j’étais on ne peut plus fière de ma petite sortie théâtrale.

Comme je m’en doutais, Cyriacus, mon professeur tout particulier m’attendait tranquillement assit à notre bureau d’études. Je disais constamment « tout particulier » car l’adjectif seul ne me semblait jamais assez représentatif de l’homme. En effet, quand j’avais appris son âge : 2 000 ans, ma mâchoire s’était tout simplement décochée et mon imagination, devenue furieuse, s’était donnée à cœur joie de se représenter un vieillard au visage marqué par autant de rides que d’années, des cheveux blancs excessivement longs, une voix rocailleuse, des mains qui tremblent et j’en passe. Qu’elle ne fut pas ma surprise quand était apparu devant moi un quadragénaire séduisant aux cheveux certes blancs mais coupés court, des manières et des réflexes tout ce qu’il de plus correct et surtout, un savoir dépassant l’entendement. Aucune langue de cette Terre, parlée encore de nos jours ou non, ne lui était inconnue. Aucune théorie scientifique. Aucune œuvre littéraire. Rien. Absolument rien. Et malgré son grand âge et sa toute aussi grande connaissance, Cyriacus avait gardé le gout de la vie, il était jovial et amusant. Sérieux, mais marrant. C’est en partie ce qui me plaisait tant chez lui. Ça, et le fait qu’il réponde à absolument toutes mes curiosités. Parfois même aux questions débiles qu’il m’arrivait de lui poser pour l’embêter. Pour tout cela, j’adorais étudier avec lui.
Tout particulièrement encore dans cette immense pièce où ne se mêlaient que boiserie et livres. Des milliers et des millions d’ouvrages écrits dans des centaines de langues, avec des couvertures parfois d’une très grande beauté, des tailles innombrables et des âges indéfinissables. L’hétéroclite ensemble étant rangé sur plus d’une quarantaine d’armure en chêne de presque 3 mètres de haut sur 5 de larges. Quant à l’odeur de la pièce : un subtil mélange entre le papier jauni, le bois traité et les plants de lavande sis un étage plus bas, juste sous les fenêtres, elle avait le don de me chatouiller agréablement les narines à chaque fois et d'imprégner agréablement mes vêtements.
Souvent, Cyriacus et moi nous quittions le bureau installé spécialement pour nos longues heures de travail dans un coin de cette incroyable bibliothèque et nous nous asseyions entre deux structures pour nous adonner à des discussions de toutes sortes qui s’avéraient fréquemment mouvementées. Dans notre étroite bulle de mot et de papier, je me libérai de toute pression parentale en me disant que de toute façon, je ne la retrouvais que trop tôt en sortant.
Aujourd’hui cependant, je n’étais pas du tout dans la même optique et venir ici me semblait être une corvée qui me faisait perdre un temps précieux pour trouver un moyen d’infiltrer discrètement la « réunion ». Cyriacus lui, semblait ravi quand il m’accueillit :
- Bonjour Elizabeth. Comment vas-tu ?
- Bonjour, bien et vous ? répondis-je gentiment car après tout, ça n’était pas la faute du pauvre homme si mon père était un cinglé à l’ambition démesurée.
- Bien, bien. Cela faisait longtemps.
- Oui j’ai …, hasardais-je pas très sûre de ma réponse.
Été poignardé par mon propre père ? Reçu une sévère correction ? Trébuché sur une lame de 80 centimètres ?
Je n’eus heureusement pas le temps de trouver une réponse correcte puisqu’il me coupa, doux :
- J’ai ouï dire de ta blessure. Je suis ravi que tu ailles mieux désormais et je m’excuse de ne pas être passé m’enquérir de ton état plus tôt. Sincèrement.
Je lui souris en prenant place à la table. Cet homme était si adorable et je l’appréciais tellement que si un jour je devais partir, il serait l'une des rares personnes que je connaisse à me manquer. Voilà pourquoi je fus d’autant plus contrite quand je lui répondis :
- Ne vous inquiétez pas, je n’ai fait que dormir. Mais si vous tenez absolument à vous faire pardonner, peut-être pourriez-vous me libérer moi un peu plus tôt aujourd’hui.
Il plissa les yeux, plus amusé que réellement méfiant de ma truanderie .
- Qu’entends-tu par « un peu plus tôt », jeune fille ?
- Et bien … disons … une petite heure ou deux … ou trois. Trois, ça serait vraiment top !
- Rien que ça ! plaisanta-t-il avant de redevenir terriblement sérieux, et bien je ne peux rien te promettre puisque tout dépendra de ton efficacité au travail.
- Marché conclu ! m’exclamais-je, pressée de m’y mettre…
Pour vite finir …

Et dire que je m’étais sérieusement imaginé clore cette leçon rapidement !
Clairement, j’étais une douce optimiste. Une douce optimiste dont le cerveau refusait de carburer à la fois sur un cours dispensé par Cyriacus et sur une stratégie optimale à trouver avant la fin de l’après-midi.
- Elizabeth, concentres-toi, me répéta mon précepteur pour la millième fois en deux heures.
- Oui oui… Euh… où en suis-je déjà ? répondis-je en réveillant mon regard hagard.
Connecte tes neurones, bon sang ! ça doit t’être possible puisque d’habitude t’y arrives !
- La deuxième déclinaison des noms masculins. En grec ancien.
- Ah oui, donc euh… logos ?
Il opina du chef et je me mis alors à réciter, d’abord hésitante puis plus assurée :
- O logos, logu…é, tone logone, tô log…ah non, le génitif d’abord donc c’est… tou logou, tô logô. Pour le pluriel maintenant : oï logoï, logoï, tous logous, tône logône, toïs logoïs.
Ravie, je lui lançais un grand sourire auquel il répondit par un clin d’œil complice en se moquant :
- Logos signifiant la parole. Bien, voilà qui fut laborieux ! Et comme je suis un homme miséricordieux, je t’épargne le féminin et le neutre pour aujourd’hui.
- Mais ? demandais-je avec scepticisme en le voyant s’asseoir face à moi, signe qu’il n’était guère prêt à me laisser partir aussi facilement.
- Mais, admit-il en ricanant, je voudrais que tu répondes à une question. Que tu y répondes honnêtement.
- Je déteste quand on me fait un préambule comme ça. J’ai l’impression qu’on va me demander un truc dément et ça m’angoisse. Donc je ne peux pas vous promettre d’être honnête. Tout dépendra de la question.
Je me redressais légèrement, appréhendant comme je venais de le dire, son interrogation.
- Pourquoi souhaites-tu partir si tôt, Elizabeth ?
Là, j’avais deux choix. Faire confiance jusqu’au bout à cet homme en lui disant la vérité ou me taire pour sauver ma peau, rester fidèle à moi-même car si je n’aimais pas quelque chose, s’était dévoiler mes petits secrets. En même temps… je n’avais aucun plan fiable, alors peut-être que lui en aurait un à me proposer. Je continuais à tergiverser ainsi pendant plusieurs minutes, lèvres pincées et front soucieux mais à aucun moment Cyriacus ne montra des signes d’impatience.
Il est la seule personne que je peux croire, finis-je par admettre. Le seul qui pourrait m’aider.
Piquée au vif par le coup de tête peut-être insensé que je m’apprêtais à réaliser, je me levai et me dirigeais vers la fenêtre ouverte la plus proche. Par-delà le grand escalier de la spacieuse terrasse fleurie s’entendait un immense jardin. Au centre, une longue allée de gravier qui semblait s’étendre indéfiniment jusqu’à l’horizon, bordée de part et d’autre par des massifs de fleurs colorées et d’arbustes taillés de façon géométrique. Enfin, au centre de ce chemin majestueux, une imposante fontaine de bronze représentant l’enlèvement d’Europe par Zeus, où coulait une eau limpide et scintillante grâce à l’effet du Soleil. Une femme, petite mais gracile passa d’ailleurs à côté de cette merveille d’architecture, un panier remplie de fraise sous le bras. Aussitôt je compris qu’elle venait du verger, complètement à ma droite et donc invisible de là où j’étais.
Deux autres silhouettes sortirent soudain d’un bosquet lointain pour rejoindre l’allée centrale. L’une d’elles, je la connaissais par cœur. Alexander. Quant à la seconde, elle ne fut pas très difficile à deviner malgré la distance et le Soleil qui m’éblouissait, me forçant à plisser les yeux : une blonde à la taille fine, en robe noire. Olimpia. A cette écœurante constatation ma respiration se durcit et une pulsion curieuse me poussa à continuer de les fixer tandis qu’ils remontaient vers le palais, marchant côte à côte, en parlant d’après ce que je pouvais voir. Finalement, le prince sembla sentir mon regard qui planait sur eux puisqu’il leva la tête et du premier coup trouva l’embrasure devant laquelle je me trouvais. Nos regards se croisèrent longuement et je me surpris à lui rendre le petit signe de tête qu’il m’envoya, l’agrémentant aussi d’un sourire que je voulus discret et diplomatique.
Le tout est qu’il ne s’ima… enfin, ne sache pas des choses.
Quand Olimpia remarqua finalement qu’Alexander ne l’écoutait plus, elle leva elle aussi les yeux dans la même direction que son compagnon. Plus que réjouie de la chance incontestée de me venger que m’offrait l’univers, j’envoyais un vif signe de main à la jeune femme dont les yeux se chargeaient de contrariété. Je l’achevais en adressant un clin d'œil complice au jeune prince qui me le retourna, probablement amusé de ma petite vendetta contre la première dame de compagnie de la reine, dont les frasques envers moi lui étaient connues.
Très satisfaite de moi et sans chercher à me demander si mon geste impudent pourrait avoir des conséquences, je me détournais d’eux puis lâchais de but-en-blanc à l’intention de Cyriacus, qui attendait toujours :
- Je dois assister au Conseil de mon père.
Ma réponse qui s’était faite tant désirée fit l’effet d’une bombe. Nous nous affrontâmes visuellement un long moment. Au fur et à mesure que le temps s’égrainait, la nervosité me gagnait tandis que Cyriacus lui, continuait à me considérer attentivement. Totalement impassible.
Quelque chose me dis que cette conversation va s’éterniser…
Tendue, j’attendis 30 secondes supplémentaires avant de briser la glace.
28…29 un quart….29 deux quarts…29 trois quarts … merde 30.
- Alors ? Une idée de comment je pourrais m’y prendre ? interrogeais-je avec ce que je voulais du détachement, comme si son jugement ne m’importait pas tant que ça.
- Quel intérêt présente cette assemblée pour toi ?
Comme j’avais commencé à jouer franc jeu, il fallait que je m’y tienne désormais :
- Ce n’est pas une « assemblée » ordinaire. Vous le savez pertinemment. Il s’agit d’un conseil de guerre.
Cette fois-ci, son mur de stoïcisme se brisa et un pli d’inquiétude marqué barra son front deux fois millénaire.
- Comment le sais-tu ?
- Ascelin ne convoque jamais tous ses gros bonnets en même temps. Il craint trop que ses hommes politiques et son armée ne s’allient dans un coup d’Etat.
Il hocha la tête, plus pour lui-même, puis me dis, franchement préoccupé :
- Infiltrer clandestinement cette réunion t’es impossible. Qu’espères-tu y trouver de toute façon Elizabeth ?
Très bonne question…
Je savais que mon « père » y préparait la guerre alors pourquoi voulais-je à tout prix assister à une réunion harassante sur la stratégie et les budgets ?
- J’ai besoin de connaitre son plan, débutais-je avant que la suite ne coule toute seule. L’échéance et quel horrible rôle il va me faire jouer.
- Elizabeth je …, commença-t-il en prenant ma main par compassion.
Mais je la retirais vite, encore plus déterminée dans mon choix depuis qu’il m’avait fait exprimer mes motivations à voix haute.
- Tout ce que je vous demande c’est de me libérer sans en alerter quelqu’un, rien d’autre.
Une fois de plus il sembla considérer ma réponse avec la plus grande attention.
- Imaginons que j’accepte et j’ai bien dis « imaginons » donc ne te carapates pas tout de suite. Que feras-tu une fois que tu auras enfin connaissance de tout ça ?
Des questions, encore des questions …
J’ouvris la bouche, prête à répliquer. Néanmoins il ne m’en laissa pas le temps, plus rapide :
- Ecoute-moi, s’il te plait. Je te connais depuis que tu as six ans et je sais quand tu veux quelque chose, parce que tu considères que c’est une bonne chose, tu mets tout en œuvre pour l’obtenir. Ainsi je ne doute pas que tu infiltres cette assemblée. Bien que ce soit illégal. Aussi, je conçois parfaitement que tu préfères savoir ce que l’on va te demander de faire. Mais tu ne pourras pas empêcher cette guerre. Ne cherche pas à le nier, c’est ce que tu veux en réalité. Alors tu parviendras peut-être à la retarder. Ou à minimiser ton rôle mais en aucun cas à l’éviter. Le comprends-tu ?
Sa diatribe me partagea. J’oscillais entre étonnement et espoir. En effet, j’espérais tellement qu’il ait tort et j’étais pantoise de découvrir qu’il me connaissait si bien. Prise de cours et ne sachant que répondre dans l’immédiat, je m’enfonçais dans mon siège tout en croisant mes bras sur ma poitrine.
- L’espoir fait vivre non ? grimaçais-je finalement.
- Pas pour ce cas, Elizabeth. Notre roi ne renoncera jamais à sa vengeance.
- Vous voulez dire « ambition » ? le repris-je doucement.
- Pas exactement… soupira-t-il en fermant les yeux quelques instants, preuve que sa phrase était à prendre avec gravité.
Et c’est que je fis. Je me relevais vivement avant de l’haranguer brutalement :
- Comment ça ?!
Il soupira fort. Deux fois. Quant à moi, je fulminais. De nature peu patiente, ses silences commençaient à me taper sur les nerfs. Heureusement pour lui, il lâcha :
- Va me chercher l’atlas que je t’explique.
- L’atlas ? Pourquoi ? C’est quoi le rapport ?
- Si tu veux savoir quelle est la finalité de ce conflit pour ton père, apporte-moi cet atlas.
Cyriacus avait retrouvé son ton rigide de professeur bien que dans ses yeux brillait une lueur dont je ne parvenais pas à saisir le sens. En d’autres circonstances je n’aurais pas obéi, préférant nettement bassiner l’adversaire jusqu’à l’épuisement. Mais je sentais qu’ici, j’étais face à quelque chose d’important. De terriblement conséquent. Je trottinais donc jusqu’à la troisième section, celle dédiée à la géographie moderne et une fois le pavé demandé en main, je revins vers le quadragénaire qui s’était levé. Sans un mot il le prit et l’ouvrit sur une carte de l’Europe. Il se tourna alors vers moi.
- Ce que je vais te dire doit rester secret. Tu m’as révélé certaines choses toi aussi aujourd’hui et je promets de les garder pour moi. Puis-je en attendre autant de toi ?
- Evidement, promis-je gravement, excitée par ce qu’il s’apprêtait à me dire ainsi que de notre confiance officiellement mutuelle.
Mon précepteur me sourit, ravi lui aussi. Il amena alors sa révélation avec hésitation, comme s’il ne savait pas comment me le dire :
- Tout à l’heure, tu as parlé de la crainte d’un coup d’Etat de la part de notre Souverain. Sais-tu d’où elle pourrait venir ? Ce qui le pousse à agir ainsi ?
Constatant ses réticences, lui qui était toujours si confiant quand il s’agissait de m’apprendre quelque chose je décidais de me prêter au jeu, prenant ainsi mon mal en patience :
- Elle vient de sa paranoïa de perdre le pouvoir ?
- En partie... Bon, que sais-tu maintenant de la géopolitique européenne actuelle ?
Un brin décontenancée par son changement radical de sujet et sa partielle réponse je répondis avec un petit décalage :
- Je sais qu’il y a deux couronnes. Celle d’Ascelin qui, de son royaume en France, contrôle ses Etats satellites : tous les pays limitrophes d’abord, comme par exemple l’Italie, difficilement le Royaume-Uni, l’Espagne ou la Suisse, récitais-je en les désignant du doigt sur la carte. Puis d’autres comme la Grèce, le Danemark, l’Autriche et la Norvège…
- La Suède, me corrigea-t-il.
- Oui la Suède, pardon. C’est même le cousin d’Ascelin qui est au pouvoir. Et donc face à cette alliance de « l’Ouest », il a y a la seconde couronne, celle de Miroslav. Lui est établi en Russie et possède pareil, les pays frontaliers avec son royaume mais aussi… euh… la Roumanie, la Pologne et le reste du Nord comme la Norvège et la Finlande. C’est ça ?
- Oui, c’est parfait. Je suis très heureux de voir que j’ai quand même réussi à t’apprendre des choses malgré tes incessants bavardages, plaisanta-t-il. Maintenant, peux-tu me dire à qui appartiennent la majorité des pays d’Europe centrale ?
- Ils sont indépendants, possèdent leur propre gouvernement. Aucun n’est un Etat démocratique cependant. On les appelle les « non-alignés ».
- C’est une fois de plus correct. Mais sais-tu qu’il n’en a pas toujours été ainsi ?
A son ton tendu, compris que j’étais à deux doigts d’enfin savoir à quoi rimait cette discussion. Étonnée néanmoins par sa question pourtant si évidente je lui dis :
- Bien sur, certaines alliances comme celle avec le Portugal, sont très récentes.
- Certes mais ça n’était pas ce que je voulais dire Elizabeth… Autrefois vois-tu il n’existait qu’un seul dirigeant, un Empereur pour être précis. Et tu le connais…me pressa-t-il du regard.
OH-MON-DIEU…
- Ascelin, lâchais-je dans un souffle tandis que l’impatience de connaitre la suite de cette bombe me brûlait presque.
- En effet. Il gouvernait l’ensemble de l’Europe avec une main de fer ; depuis l’Océan Atlantique jusqu’aux confins des steppes russes. Sans pitié ni concessions, il était très craint. Mais administrer un aussi grand territoire seul n’est pas chose aisée, même pour un homme aussi déterminé. Ainsi il était débordé, incroyablement puissant, mais tout aussi débordé. C’est pourquoi il ne quittait que très rarement la France sauf pour de petits voyages diplomatiques, et encore, rarement très loin de son palais. Alors, peu à peu des révoltes dans les pays centraux et ceux de l’Est ont éclaté. Ils se disaient « abandonnés » par la couronne, « commandés trop sévèrement par un Empereur dont jamais il n’avait vu le visage ».
J’étais, pardonnez l’expression, sur le cul. Ascelin, unique régent. Son plus grand rêve n’était finalement qu’un amer souvenir.
- Comment a-t-il perdu plus de la moitié de son territoire ?!! m’exclamais-je en ne me rendant pas compte tout de suite que je l’avais sorti avec une voix aussi haut perchée.
- Les révoltes se sont multipliées malgré les armées envoyées pour mater la foule. Il a donc décidé de dépêcher une seule unité de lutte, un escadron d’élite composée de trois milliers de soldats. Leur mission était de partir depuis Strasbourg et faire « place nette » jusqu’à la Russie, où se trouvait d’ailleurs la plus grosse insurrection. Parmi les généraux qui dirigeaient cet escadron d’élite, se trouvait un jeune homme à la carrière militaire brillante, russe et très proche de l’Empereur de surcroît. Cet homme se nommait Miroslav Aleksandrovitch.
Ses derniers mots pesaient dans l’air aussi lourd qu’une chape de plomb. De même, ma mâchoire sembla prendre un poids trop considérable pour mon visage qui la laissa se décocher.
- « Proche » comment ? demandais-je incrédule après cinq bonnes minutes, le temps de me remettre du choc.
- Et bien ils étaient… on pourrait dire « meilleurs amis ». Après j’ignore comment les choses se sont passés mais quelques mois plus tard, Miroslav officialisait le schisme entre les deux blocs européens et se présentait à la tête de l’un d’eux. L’Empereur devint un simple roi.
- Et un roi plein de rancœur si j’ai bien tout compris, soufflais-je en m’asseyant, désabusée par toutes ces découvertes.
Dans ma tête, un microfilm était projeté. Il était vraiment grotesque avec ses petits chevaux parcourant une carte de l’Europe pour arriver en Russie et y hisser un petit drapeau indépendantiste, mais on ne pouvait lui retirer ça : il résumait très clairement l’histoire.
Et comme ceci explique cela je sais maintenant pourquoi Ascelin veut se venger. Moi qui l’avais toujours pris pour un sociopathe ambitieux ! Malheureusement, ça n’arrangeait vraiment pas mon affaire. Stopper cette guerre devenait …irréalisable. Impossible. Infaisable. Et outre cette histoire effarante, quelque chose d’autre me chiffonnait :
- Pourquoi ne jamais me l’avoir dit ?
- Parce qu’Ascelin a interdit à quiconque d’en parler aux générations futures. Il faut croire que la trahison lui a laissé un gout amer.
- Pourquoi Miroslav a-t-il fait ça d’ailleurs ?
- Par arrivisme peut-être, mais honnêtement, je te l’ai dit, je n’en sais rien. Je n’ai jamais eu l’occasion de lui demander.
- J’imagine bien … Y a-t-il d’autres choses que j’ignore ? boudais-je.
Visiblement, je supportais mal les cachoteries alors que je reconnaissais volontiers être la première à en faire.
Tragique ironie.
- Je pense que tu as eu assez de révélations pour aujourd’hui, jeune fille. Ménageons ta santé.
- Oh mais je suis sacrément en forme ! Je n’ai fait que pioncer pendant des jours alors là, je suis au top ! argumentais-je, tout sourire.
- « Pioncer » et « au top », grimaça-t-il en réponse.
- J’ai bien rechargé mes batteries si vous préférez.
A ma dernière phrase, une décharge électrique justement me parcourra le corps, éclatant sous forme d’idée lumineuse dans mon cerveau. Mes yeux s’écarquillèrent et j’eus à peine le temps de m’exclamer un : « Mais c’est bien sûr ! » pour moi-même avant que tous ces mots franchissent la barrière de mes lèvres :
- Je sais comment entrer ! J’ai été stupide de ne pas y penser plus tôt ! J’ai tellement dormi que mes réserves de magie elles aussi sont gonflées à bloc. Avec un petit sort d’invisibilité je pourrais être totalement incognito !!
Cyriacus m’approuva vivement d’un signe de tête, avant toutefois de me demander :
- As-tu déjà pratiqué ce genre de sort ?
- Oui et non. Disons que j’ai…essayé une ou deux fois… dis-je tout bas pour qu’il n’essaye de me dissuader, prétextant que mon inexpérience serait un trop gros risque.
- Ces essais se sont-ils révélés concluant ?
- Un peu oui… Mais je n’avais pas assez d’énergie alors ça ne tenait pas longtemps ou alors pas entièrement …
- Comment ça « pas entièrement » ?
- Oh vous savez, un pied qui traîne par-ci par-là …
- Je vois… Tu penses que tu pourras le faire comme il faut aujourd’hui ?
Mon estomac se noua quand j’imaginais me faire repérer en apparaissant tout d’un coup au milieu d’une réunion avec une vingtaine de hauts responsables vampires. Je chassais bien vite cette appréhension et me convins que je pouvais le faire.
Ce n’est pas comme si j’avais le choix …
- Oui. Je peux le faire. Au pire, l’adrénaline a des effets miraculeux, c’est vous qui me l’avez appris, répondis-je légèrement pour faire baisser la tension accumulée depuis sa toute première question.
- C’est vrai. Tu sais quoi ? J’aimerais que tu retiennes aussi bien tes déclinaisons grecques et russes que les autres enseignements. Même si tu les utilises pour les retourner contre moi, me taquina-t-il en retour.
- Si vous me laissez partir maintenant, je pourrais faire un effort pour le russe mais le grec ancien …
- Et pourquoi cette préférence ?
- C’est très simple grecque ancien, c’est une langue non seulement dure mais en plus morte. Et dans « mort » bah y a « mort ».
- Laisse tomber les langues. Je crois qu’au prochain cours nous étudierons un peu l’argumentation. Visiblement, ça ne sera pas de trop, n’est-ce pas Elizabeth ? renchérit-il sur ma petite pique.
Moi, j’avais saisi son autorisation pour partir qu’il avait habilement exprimée en parlant du prochain cours. Je me levais donc de ma chaise sans pour autant stopper notre petit affrontement :
- Oh allez ne soyez pas si mauvais joueur. Je plaisantais et je m’excuse même de m’être moqué aussi effrontément de la langue de votre jeunesse.
- Pas d’impertinence, jeune fille et filez avant que je vous colle un devoir. En grec ancien.
Il plaisantait mais je savais aussi qu’il n’hésiterait pas si j’insistais. De plus, le temps filait vite. Je me dirigeais rapidement vers la porte et une fois la poignée en main je retournais une dernière fois pour enfin lui dire :
- Merci, au fait.
Je m’engageais promptement dans le long couloir après avoir entraperçu son léger sourire.
J'étais à deux doigts de savoir le cauchemar pour lequel j'avais été programmé depuis toujours alors autant dire que j'étais impatiente...
Dernière modification par Nanane le mar. 12 août, 2014 3:25 pm, modifié 2 fois.
juju-27

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Re: Tout à perdre

Message par juju-27 »

Coucou alors que dire de plus que génial!! :lol:
C'est super d'apprendre pourquoi les deux camps s'affrontent. La venue d'Olimpia renforce le fait que les parents d'Elizabeth ne l'aiment pas et le jeux entre les deux jeunes filles est drôle et fait ressortir le caractère de ton personnage principal. :)
J'ai remarqué qu'il y avait des petites erreurs, je ne sais plus trop où exactement mais parfois il y a des déterminants de trop mais ce n'est pas très grave ;)
Et comme toujours la lecture est super agréable et fluide!!

Voilà, merci de m'avoir prévenue et j'ai vraiment hâte de savoir la suite!!!!!! :D
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