Le Temps des Surplombs - Fin 3e Partie [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Marjogch a écrit :
dark-vince a écrit :Tu avais vu juste, bravo ! :mrgreen: Je n'osais pas te féliciter au dernier message, pour ne rien spoiler ;)
Tu as parfaitement compris Angora :D C'est un plan risqué en effet...
Oh, encore sans questions sans réponses ? moi ? faire ça ? :twisted:
Je comprends tout à fait ton sentiment par rapport à Taylor ne t'en fais pas ^^
Merci beaucoup pour ton commentaire ça fait super plaisir !! :D :D
Angora aime Yulia comme sa propre fille, alors je ne suis pas persuadée qu'un plan comme ça lui plaira....
Et elle aussi se méfie de Taylor. Trop trop.... pour être honnête :lol: :lol:
Bon ben maintenant la suite hein.... :D :D
;)
Ahah je comprends ^^
Mais euuuuh Taylor :'(
La suite la suite... je finis mes partiels d'abord :lol: :mrgreen:
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit : Ok j'ai capté la référence à One Piece x)
L'inspi vient un peu partout ^^ Et puis devoir imaginer des familles entières ça finit par venir, elles ont pas besoin d'être toutes 100% originales mais juste d'avoir un petit aspect à eux et hop ça suffit... Peut-être qu'un jour je vous dresserais le portrait des 8 Amiraux sur le forum ;) Je demanderais sans doute à Zahhack de les dessiner ^^
Ahahah "tonton" :lol: (tu comprendras)
Merci ! :D
Oula, j'avais même pas fait exprès de faire une référence One Piece :lol:
Yep, c'est vrai, les relations se créent assez naturellement...
Oui, ce serait vraiment sympa ! D'ailleurs, Zahhack avait commencé Yulia et Angora, non ? :D
(J'espère bien héhé)
Zeldariche

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Zeldariche »

Oooh, quelle belle pièce qui se prépare ! :D Ca donne bien envie de voir (ou plutôt lire...) la représentation, mais ça doit être du boulot pour toi alors bon courage ! ;)
En tout cas, joli revirement de situation, ça s'enclenche de façon très fluide tout en étant relativement surprenant.. A quand la suite ? :lol: (Pas trop le bordel à Paris avec toutes les manifs et blocus ? Ca te laisse un peu le temps d'écrire ? ^-^)

A bientôt !
Roxane
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :
dark-vince a écrit : Ok j'ai capté la référence à One Piece x)
L'inspi vient un peu partout ^^ Et puis devoir imaginer des familles entières ça finit par venir, elles ont pas besoin d'être toutes 100% originales mais juste d'avoir un petit aspect à eux et hop ça suffit... Peut-être qu'un jour je vous dresserais le portrait des 8 Amiraux sur le forum ;) Je demanderais sans doute à Zahhack de les dessiner ^^
Ahahah "tonton" :lol: (tu comprendras)
Merci ! :D
Oula, j'avais même pas fait exprès de faire une référence One Piece :lol:
Yep, c'est vrai, les relations se créent assez naturellement...
Oui, ce serait vraiment sympa ! D'ailleurs, Zahhack avait commencé Yulia et Angora, non ? :D
(J'espère bien héhé)
Sérieusement ? :lol:
Ouip elle avait fait un croquis rapide... mais en juin on devrait rebosser dessus sérieusement ^^
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Zeldariche a écrit :Oooh, quelle belle pièce qui se prépare ! :D Ca donne bien envie de voir (ou plutôt lire...) la représentation, mais ça doit être du boulot pour toi alors bon courage ! ;)
En tout cas, joli revirement de situation, ça s'enclenche de façon très fluide tout en étant relativement surprenant.. A quand la suite ? :lol: (Pas trop le bordel à Paris avec toutes les manifs et blocus ? Ca te laisse un peu le temps d'écrire ? ^-^)

A bientôt !
Roxane
Merci ! :D
Ah ça, je suis impatient d'écrire la suite :3 j'ai finis mes partiels donc c'est parti je m'y remets ! *motivation*
Je ne suis plus à Paris depuis cet été, je suis revenu sur Montpellier ! Du coup ici ça va mais on a eu pas mal de remous et même la fac est encore fermée, ils nous ont fait passer des partiels en ligne... ce qui n'est pas très cool --"
DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Bon, rien à voir, ou presque...
Mais quand j'ai vu l'affiche du salon du livre jeunesse de Cordes (81) où j'étais ce we, j'ai tout de suite pensé à ton histoire !!! :lol:

[l'affiche a été réalisée avec ce dessin par Jean-Pierre Deruelle, illustrateur et Bédéiste de Cordes-sur-Ciel (81)]

Image
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Bonjour à tous, et désolé pour le petit temps de délais ^^ Cet été, je carbure pour le Temps des Surplombs, on va essayer de finir cette troisième partie en 2018 !!
Un énorme merci à Enora, encore une fois, mais également un énorme merci à Zahhak qui a réalisé les illustrations ! Vous aurez droit à plus de son art bientôt ^^
Mais sans plus attendre... enjoy !


Chapitre 18 : Nora Dihya Alvez (part.2)

— Comment s’appelle ton frère ?

— Khaled Izyyan Alvez, répondit Yulia. Izyyan, son nom de patronage, était le surnom de notre grand-père.

Face à elle, Yssandre n’affecta aucune réaction qui put trahir si elle avait ou non bien répondu. Il préféra enchaîner sur une autre question :

— Qui étaient les deux Capitaines pirates qui ont attaqué ton Surplomb ?

— Ils étaient trois.

La jeune fille savait qu’elle répondait correctement. Les deux premiers jours où Yssandre l’avait interrogée, elle avait perdu tous ses moyens sous la pression car il adoptait un ton péremptoire et s’appliquait à la mettre mal à l’aise. Il jouait si bien le rôle de l’interrogateur impitoyable qu’elle aurait parfois préféré affronter un véritable noble que de croiser son regard. Dans ces conditions-là, autant oublier le par-cœur : apprendre son alibi n’était pas suffisant. Il lui avait donc fallu jouer et rejouer l'histoire dans sa tête jusqu'à être capable de se l'approprier pleinement, dans l’objectif de pouvoir être elle-même convaincue d'avoir vécu toutes ces choses que Taylor avait inventées.

Elle commençait à le toucher du doigt, cet objectif, car quelques-unes de ses réponses lui pinçaient réellement le cœur. Si cela marchait, pourrait-elle se dé-convaincre en quittant la Capitale ? Yssandre disait qu'un comédien gardait toujours une trace intérieure des rôles qu'il avait joués.

— A quoi ressemble ton père ?

— Il est grand et sa peau a la couleur du caramel. Son crâne est chauve et balafré par une chute qu’il a faite étant enfant. Il entretenait une grande barbe noire mais nos médecins l’ont rasée pour soigner sa mâchoire après l’attaque. Une balle lui a traversé la joue, trois autres se sont logées entre ses côtés… Je crains de ne pas le revoir.

Voilà deux jours qu'ils s'enfermaient dans une chambre, toute la journée durant. Angora assistait de temps en temps à leurs séances, de même que Taylor qui intervenait le matin pour apporter des précisions sur les origines de Nora Dyhia Alvez. Puis il partait s'occuper de ses propres affaires, se fiant entièrement à Yssandre qui, dès la première écoute, retenait une histoire jusque dans ses moindres détails. Il reprit même une fois le Capitaine sur une incohérence du récit.

Les membres de l'Eclat qui logeaient au Lynch Bar s'habituaient mal à la présence du jeune garçon. Il ne faisait pas d'effort particulier pour discutailler pendant le repas, ce qui conduisit Leoda à lui trouver un air hautain. Le deuxième jour, il apparut en corset et demanda à Emy s’il pouvait disposer d'une coiffeuse pour se maquiller. Elle avait haussé un sourcil comme s'il avait demandé à prendre un bain en plein Contrebas. Son travestissement ce matin-là avait fort surpris et beaucoup de membres de l’Eclat ne savaient plus sur quel pied danser avec le jeune homme.

Le comédien ne semblait affecter par rien de tout cela. Au quotidien, il se mouvait dans le Lynch Bar comme s'il était chez lui et n'accordait aucune attention à ceux qui lui lançaient de drôles de regards. Lorsque Yulia l'avait interrogé à ce sujet, il avait haussé les épaules, l'air de formuler une évidence :

— Taylor m'a invité à vivre ici quelques temps. Je le prends au mot. Tu voudrais que je modifie mon comportement pour ménager les sensibilités de quelques pirates ? Ils en ont vue d’autres, ils s’habitueront.

Les questions reprirent :

— Comment s'appelait ta nourrice ?

— Assia.

— Quel est ton plat préféré ?

Ce n'était pas une question au programme – Taylor ne l'avait même pas envisagée – mais elle se doutait qu'un piège de ce genre arriverait et ne se laissa pas perturber. Elle inventa :

— Les abricots confits.

Il souleva un sourcil.

— C'est un met bien commun pour une jeune fille de la noblesse.

Elle improvisa afin de donner du corps à son mensonge :

— Je les apprécie car ça me rappelle les sucreries que mon frère m'offrait lorsque j'étais enfant.

— Vous n'avez pourtant pas l'air si vieille que ça ! Quel âge avez-vous exactement ?

— Quinze ans et deux mois...

La conversation continuait ainsi depuis trois jours, pendant trois heures le matin et trois heures le soir. Il essayait de la piéger et, lorsqu'il y parvenait, s'arrêtait pour lui faire la leçon. L'après-midi, il lui apprenait à jouer comme une véritable comédienne : maîtriser sa voix, sa gestuelle et ses regards.

C'était de loin le plus difficile. Apprendre un rôle, c'était au final une affaire purement intellectuelle, guère différente des leçons que Senex lui faisait réciter, avec quelques touches d'improvisations mensongères qui sont autant de coups de bluff dont Dick-Tale lui avait transmis le goût. Mais il y avait un monde entre connaître parfaitement son rôle et le jouer. Comment un être humain pouvait-il arriver à supprimer le moindre de ses tics corporels, de ses regards involontaires ? À maîtriser sa posture jusqu'à ce que chaque mouvement soit choisi et non pas instinctif ? C'était une discipline sans pitié et dans laquelle on ne progressait qu'à pas de fourmis.

Yssandre se montrait cependant rassurant lorsqu'elle se plaignait d'être incompétente :

— Ne t'en fais pas, le rôle te colle si bien que tes maladresses feront également partie du personnage, disait-il.

Elle trouvait tout de même vexant de devoir avouer commettre des "maladresses" et se mettait généralement à rougir de honte lorsqu’elle prenait conscience d’une gaffe.

— C’est parfait ! s’exclamait l’autre. Nora aurait exactement cette réaction gênée !

Croyait-il vraiment qu’elle faisait exprès ou se moquait-il d’elle ? Cela avait, au final, bien peu d’importance car, de séances en séances, elle gagnait en assurance. Son professeur disait qu’elle laissait s’exprimer le côté orgueilleux de son caractère. En restant dans le personnage, elle lui répondait alors qu’il ne s’agissait pas d’orgueil mais du respect qui était dû à sa famille. Si on lui avait demandé, elle n’aurait pu nier qu’en ces moments-là son esprit invoquait l’image de son père et le souvenir, dans son enfance, de la fierté qui l’emplissait en songeant à son nom. Yssandre se raccrochait-il, lui aussi, au sentiment le plus proche qu’il puisse éprouver afin de jouer un personnage ? Ou bien était-il quelque acrobate, dansant sans attache sur un câble tendu entre deux Ballons à Voile ?

La différence majeure qui devait exister entre Nora Dihya Alvez et Yulia Mangora tenait au crédit qu’elles apportaient aux histoires sur la Capitale, au prestige de sa noblesse. La fille de Ford se montrait naturellement irrévérencieuse et avait très vite décrété que tout ce que Marisa, émue aux larmes, lui racontait à propos de la Capitale et de la noblesse devait être largement exagéré. Et c’était bien normal : elle vivait au quotidien avec son père, l’un des 8 Amiraux nommés par l’Empereur, et avait pu constater qu’il était aussi humain que n’importe quelle autre personne. Nora, elle, devait avoir encore la tête pleine de contes de fées, considérer ces gens de haut rangs avec une adoration presque religieuse, et elle devait rêver parfois, lors de moments d’égarement, épouser un prince charmant. Elle allait faire son entrée à la cour avec ces idées-là, et serait écrasée par la crainte de gâcher à jamais l’avenir de sa famille par une maladresse. Yulia comptait alors sur sa propre angoisse d’être démasquée pour l’aider à agir à la façon de Nora.

— Garde toujours un fond de peur, lui conseillait même Yssandre, car elle te fera avancer. Nora se sentira sens doute tel un imposteur, au milieu de tous ces nobles au prestige écrasant. Tu n’as pas à te comporter de façon parfaitement sereine, mais par contre…

Il posa son doigt entre ses deux omoplates et appuya pour qu’elle redresse les épaules.

— … il va vraiment falloir que tu te tiennes droite !






Le soir venu, l’élève et son professeur rejoignirent les affamés à la grande table du bar. Yulia s’effondra sur sa chaise, vidée de toute énergie, alors qu’Angora lui posait devant la truffe une pleine pinte d’eau fraiche.

— Alors, comment se passent les répétitions ?

Elle grogna sans grande conviction.

— Elle fait des progrès, commenta simplement Yssandre en tendant le bras pour se saisir de son bol avant d’aller s’asseoir à l’écart du groupe pour manger en paix.

— J’ai l’impression d’avancer à pas de fourmis, grommela pourtant la fille de Ford.

Angora haussa les épaules.

— C’est lui le spécialiste… S’il dit que tu seras prête, alors je le crois.

Assise à côté, Nadejda lui tendit son bol. Il était rempli d’une bouillie d’avoine dans laquelle trempaient de gros morceaux de légumes.

— Allez, n’y pense plus et mange.

Elle renifla le plat et fit la grimace.

— Est-ce que c’est seulement comestible ?

Depuis son bar, Emy éleva le ton :

— Si quelqu’un a un avis sur la bouffe, qu’il se le garde !

En bout de table, Hikari et Irïllan échangeaient à propos d’un nœud que leur avait enseigné un marin de passage –le fils de Corsaire prétendait qu’il pouvait se défaire si on le tirait d’une certaine manière que Yulia ne comprenait pas. Leoda, de l’autre côté, expliquait à Nadejda comment on pouvait obtenir de l’huile à partir de carottes, ce qui ne semblait pas beaucoup l’intéresser. Pour sa part, Ashä s’était assise à côté d’Angora et, pour une fois, se tenait tranquille. Elle échangeait avec sa voisine sur un ton parfois complice, parfois taquin, mais plus apaisé et calme que lorsqu’elles se télescopaient jadis. La sabreuse avait fini la provocation, ou bien était-ce Angora qui s’était habituée au comportement de la jeune femme ? Yulia n’aurait su le dire mais, à en juger par leur attitude des derniers jours, on aurait pu jurer qu’elles étaient devenues amies.

— Où est Taylor ? demanda la jeune fille.

— Il est allé retrouver Hellshima quelque part, lui répondit Ashä.

Elle avait réussi à piquer un pot d’olives au vinaigre et les faisait sauter dans sa bouche. Elle en proposa à Angora, qui refusa poliment.

— De ce que j’en sais, reprit-elle, notre Vigie a pris contact avec la pègre Ātoli. Si Connor a foutu les pieds à la Capitale, ces gars doivent être au courant.

Emy Lynch apporta deux carafes d’eau et se permit d’intervenir :

— Les mafieux d’Āto ne quittent que rarement le quartier des Lanternes, mais la diaspora Ātoli est établie un peu partout, chez les riches comme chez les pauvres… Ils sont beaucoup plus discrets que nos crapules locales.

— Tu es en bon rapport avec eux ? questionna Angora.

— Ils sont pas venus me casser les couilles, donc j’imagine qu’on se tolère.

La Dragon haussa les épaules, l’air de se demander à quel genre de réponse elle avait bien pu s’attendre.

Yulia termina sa bouillie sans grand plaisir. D’un revers de manche, elle s’essuya la bouche et se retourna vers Yssandre qui se levait avec son bol.

— Allez, on reprend ? proposa-t-elle, affectant un entrain qu’elle était loin de réellement posséder.

— Pas tout de suite… Taylor m’a dit de l’attendre pour la leçon de ce soir.

— Pourquoi ?

— Patiente, et tu sauras.

Une réponse typique du comédien. Yulia fit la moue, vexée. Elle appréciait beaucoup Yssandre, mais son flegme l’irritait parfois. Objectivement, Taylor avait la même façon de repousser les explications à plus tard, mais lui au moins y mettait les formes.

Les pirates débarrassèrent la table, ramenèrent leurs bols à Emy et tentèrent de s’éloigner nonchalamment. Elle les rattrapa par la peau du cou et insista pour que la corvée de vaisselle soit répartie sur la semaine. Irïllan se mit donc à frotter et Yulia attrapa un torchon propre. Angora voulut aider le Voltigeur à récurer la porcelaine, mais la rousse l’arrêta en plein élan :

— Hors de question que ta main en métal vienne rayer mes coupes ! Ouste, laisse ça aux enfants !

Irïllan avait beau avoir dix-sept ans, il ne sembla pas déranger d’être appelé « enfant ». Yulia frotta donc avec lui pendant que la Dragon regagnait les fauteuils où se prélassaient ceux qui échappaient –pour cette fois– à la corvée.


[attachment=0]Taylor le Sans-Nom - petit.png[/attachment]


Taylor fit son entrée peu après. On posa les torchons, les cartes et les bières pour venir l’écouter. Il s’assit en travers d’un banc et soupira.

— C’est officiel : Crok Connor a déserté. Nos indics l’ont identifié dans le quartier des Hurleuses, en compagnie de deux hommes à l’air louche.

— Des impériaux ? renifla Ashä. Cet enfoiré nous a balancés ?

— Non, s’il l’avait fait l’Eclat aurait déjà été attaqué. Il est plus vraisemblablement allé s’acoquiner avec d’autres réseaux criminels. Peut-être recherche-t-il un nouvel équipage... Mais quoi qu’il en soit…

— On ne peut pas le laisser s’échapper comme ça, le coupa Angora.

— Exactement.

Tous opinèrent du chef. Seule Yulia eut un temps de retard.

— Pourquoi ? demanda-t-elle. Il veut nous nuire ?

— Il pourrait, argumenta Taylor. Connor sait où se trouve l’Eclat et il sait quel est notre objectif. Il ne connaît pas notre plan précis mais il connaît suffisamment l’équipage pour en deviner beaucoup d’éléments. S’il embarque avec d’autres pirates, je suis prêt à parier qu’ils vont nous tendre une embuscade. Et si, pire, il se faisait attraper par les Impériaux, alors je ne donne pas cher de notre peau.

Un lourd silence suivit cette sentence.

— Que va faire Hellshima quand il lui aura mis la main dessus ? demanda Nadejda en fixant Taylor dans les yeux. Il va le tuer ?

Le Capitaine de l’Eclat détourna le regard.

— Je n’ai pas donné de consigne à Kentaro.






Yulia joua aux cartes avec Hikari et Nadejda le temps que Taylor se fasse couler un bain. Yssandre avait dit qu’elle devait l’attendre pour la leçon du soir, alors elle s’occupa de manière plaisante.

Quand il ressortit du magasin arrière, rasé de près et propre jusqu’au bout des ongles, le Capitaine de l’Eclat ne portait qu’un pantalon ficelé à la taille et une serviette de toilette autour du cou. Ses cheveux blonds en bataille goûtaient sur ses épaules.

Il attrapa un pichet d’eau, le vida d’une traite et commença à parler :

— Bon, j’ai rattrapé deux ans de politique en deux jours… On peut au moins remercier nos amis journalistes pour ça : quelques heures ici en apprennent plus que des mois dans les Surplombs.

— Vous ne lisiez pas les journaux sur l’Eclat ? questionna Angora.

— On avait d’autres préoccupations. Je n’ai suivi que de loin les affaires de la Capitale.

— Et donc ?

— Le vieil Eydias Wilhuff Volk est maître de séance au Sénat en ce moment.

— C’est lui qui commandait les opérations à Cathuba, affirma Angora. Je l’ai entendu communiquer avec l’Inquisiteur quand j’infiltrais le Cuirassé.

— Il finance un club dont les membres se font appeler les tyranniques. C’est leur ligne politique : la tyrannie du Sénat, qui entend écarter l’Empereur des affaires politiques et lui laisser seulement un rôle symbolique. C’est une valeur assez simple que partagent beaucoup de Sénateurs, mais il a surtout été élu car il n’est pas hostile à l’Impératrice sans pour autant défendre ses intérêts.

Il semblait préoccupé.

— Les clubs ont beaucoup changés depuis mon dernier séjour ici, continua-t-il. L’Amiral Renh a quitté sa résidence sur les Terrasses il y a deux ans à la suite de sa maladie et aucun Amiral n’a encore repris le flambeau. En l’absence de conciliateur, les clubs sont à couteaux tirés et certaines familles ont déjà été contraintes à l’exil. Chacun cherche un protecteur, des Amiraux sont courtisés… et au milieu de tout ça l’Inquisition n’entend pas intervenir pour calmer le jeu.

Yulia n’en comprenait plus un mot. Son oreille saisissait au vol un nom ou deux qui lui disaient vaguement quelque chose, sans qu’elle puisse clairement le resituer. Taylor se tourna néanmoins vers elle :

— Tu dois bien imaginer que la destitution de ton père a changé l’équilibre des forces entre Amiraux. Entre les clubs, c’est pire encore…

Il n’en dit cependant pas plus, n’ayant capté dans son regard aucune étincelle complice. Au fond de ses rétines, on ne pouvait saisir qu’une grande étendue, aride comme le Contrebas, d’incompréhension absolue.

— Tu… ne sais pas de quoi je parle depuis tout à l’heure ?

Elle commença par nier, mais comprit vite que cela ne servait à rien.

— Tu connais au moins les Amiraux ?

— Euh… il y a… William ?

— Wilhelm ?

— Voilà, Wilhelm !

Taylor soupira profondément.

— D’accord, ça va être long…

A partir de cet incident fâcheux, Taylor ajouta un nouveau cours à l’emploi du temps de Yulia qu’il intitula : politique & personnalités. Il avait tout d’abord questionné Angora : Ford n’avait-il donc rien enseigné à sa fille ?

— Il disait qu’elle était trop jeune pour la politique, avait répondu la Dragon.

Le Capitaine ne s’était pas rangé à cet avis. Comment pouvait-on espérer que Yulia joue le rôle de Nora Dihya Alvez si elle ne connaissait pas même le nom de l’Empereur ?

Ils s’asseyaient donc autour de la table, tous les soirs après le repas, et Taylor essayait tant bien que mal de lui enseigner le fonctionnement de la politique impériale.

Yulia ne s’était jusqu’alors jamais frottée à la politique, et encore moins à l’identité des dirigeants. A Cathuba, elle avait connu Juno et Smath : elle savait leurs titres car les gens s’y référaient souvent dans leurs conversations, mais aurait été bien incapable de clairement définir ce qui les différenciait l’un de l’autre. Smath commandait les Gardes et patrouillait en armure. Juno, elle, avait l’air de s’occuper des marchands car elle inspectait et listait chaque navire qui s’amarrait au Surplomb. Et c’était bien là tout ce qu’elle aurait pu dire, car aucun autre personnage de l’entourage de son père ne se distinguait vraiment. Elle entendait parler d’un délégué plébéien, du maître de la guilde des artisans voilier, des divers Lieutenants de son père au sein de l’Amirauté, et elle surveillait de loin l’ombre menaçante de la grande Prêtresse, mais la fille de Ford ne connaissait ni leurs noms ni les charges précises qu’ils occupaient.

Senex lui avait bien enseigné quelques notions d’Histoire, mais il était toujours resté très vague quand à ce qui concernait les institutions. L’Histoire était parsemée de titres aussi mystérieux et envoûtants qu’Empereur, Princesse, Rani, Protecteur… Yulia n’avait jamais cherché à en savoir plus. Dans une histoire, un Roi est un Roi, on ne cherche pas à savoir les tâches qu’il confie à ses ministres ou s’il tire ses pouvoirs de la force ou de la loi. Il est Roi.
La petite pensait ainsi que l’Empereur était aussi simplement Empereur qu’un Roi était Roi.

Ce fut le premier point que Taylor tint à définir :

— L’Empereur est à la tête de l’État, mais le Sénat est le véritable organe de pouvoir. Ce dernier est composé de vingt-sept Sénateurs qui votent les lois à l’unanimité.

— A l’unanimité ? C’est-à-dire qu’ils doivent tous être d’accord ?

— Officiellement, oui. Les Sénateurs sont tenus à la « neutralité politique », c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas afficher leurs positions politiques individuelles. Le Sénat doit afficher un visage d’unité car sa légitimité vient de ces votes à l’unanimité.

— Et qu’est-ce qui se passe s’ils ne sont pas unanimes ?

— Si le vote échoue, la décision revient à l’Empereur, la constitution le dit clairement. Quand l’Empereur Othon forma le premier Sénat, cette clause devait être un moyen de s’assurer que le dernier mot lui revienne toujours. Car qui imaginait vingt-sept chefs de familles ne jamais avoir de désaccord ? C’est pourtant publiquement le cas depuis des centaines d’années, car ils savent bien où se situe leur intérêt.

Il prit trois secondes de réflexion.

— Tu te souviens de ce que j’ai dit tout à l’heure ? La seule ligne que défend le Sénateur Volk est la Tyrannie du Sénat. S’il est maître de séance, c’est qu’elle constitue un consensus chez les Sénateurs : ils préfèrent voter une loi qui ne leur plaît pas plutôt que de laisser le pouvoir à l’Empereur.

— Ça veut dire qu’ils ont tous voté la destitution de mon père ? demanda Yulia, l’air grave.

Taylor soupira.

— Seul l’Empereur a le pouvoir de nommer et démettre des Amiraux… Mais le Sénat vote chacune des décisions Impériales donc, oui, ils l’ont tous votée. Mais ils avaient également voté sa nomination, il y a 15 ans. Pas mal de choses ont dû changer depuis…

— Attends, mon père n’a pas toujours été Amiral ? s’étonna Yulia.

A peine la question avait-elle franchi ses lèvres qu’elle en réalisa la stupidité. Bien entendu que Francis Ford n’était pas né avec un chapeau d’Amiral sur le crâne. Elle tenait même d’Angora que son père était allé à « l’école militaire » et qu’il avait servi dans la « troisième armée »… quoi que cela puisse signifier.


[attachment=1]Francis Ford Mangora - petit.png[/attachment]


— La famille de ton père est originaire du Surplomb de Vihue, une cité plutôt importante, à l’ouest de Cent-Port, répondit Taylor. Les Ford ont fait fortune sous le règne de l’Empereur Roarim Trieh Lagrima en vendant des copies d’engrenages d’Āto. Ta grand-mère, Lamui Ford, était la sœur de Tomas Ford. Lui est devenu noble en épousant une Volland, mais sa sœur n’en a pas profité. Lamui a épousé un Maître Engrenagier des ateliers Ford : Francis fut leur second enfant. Ses frères empruntèrent la voix des ateliers et se mêlèrent au commerce de leur oncle Tomas, mais lui n’était pas fait pour cette vie. On l’envoya à la Capitale quand il eut seize ans, officiellement pour représenter son oncle auprès de la cour Impériale.

Entendre, de la bouche du Capitaine Corsaire, son histoire familiale, avait quelque chose de déroutant. Elle se rappelait un portrait de sa grand-mère, trônant sur un mur de l’appartement à Cathuba : elle avait remarqué les regards que lui jetaient parfois son père, lorsqu’il dînait avec elle, il y a de cela presque deux ans, mais ce n’était qu’à présent qu’elle apprenait son nom. Lamui. Francis Ford ne parlait jamais de sa famille, souhaitait-il que Yulia ne la connaisse pas ?

Taylor, insensible à la nostalgie soudaine de son auditoire, ricana.

— Francis Ford était un bon courtisan. Un peu trop bon, même. Le genre qui finit par dépasser le cadre de la cour pour entrer dans celui de la politique. Je ne t’ai pas encore parlé des clubs ?

— Tu en as parlé, mais je ne vois pas ce que c’est, répondit honnêtement la petite.

— Un club se réunit régulièrement pour discuter des questions politiques. Les membres d’un même club partagent généralement la même doctrine politique, à quelques nuances près. Il y en a des plus radicaux que d’autre, et même quelques idiots qui se proclament apolitiques. Mais les membres d’un club ne sont jamais ceux qui font la politique : les Sénateurs n’y siègent jamais, par exemple.

— C’est parce qu’ils n’ont pas le droit d’exprimer leurs opinions personnelles ?

— Exactement : le statut leur impose la neutralité politique. Les clubs sont animés par des petits nobles, des journalistes, des bourgeois, parfois quelques Gardiennes, mais les Sénateurs y tiennent bien souvent un rôle indirecte. Notre ami le Sénateur Volk, par exemple, accueille le club des tyranniques dans son hôtel particulier. Alors, certes, il ne va jamais assister personnellement aux réunions du club, mais ce sont ses majordomes qui servent les convives, et sa fille Maïa y prend régulièrement la parole.

— Mais je pensais qu’ils devaient rester neutres ?

— Uniquement quant à leur parole personnelle. Dans la pratique, pour connaitre les opinions d’un Sénateur, il faut suivre la vie politique des clubs et identifier ceux qui les fréquentent. La fille, le frère, l’homme de main, l’ami… tous finissent par conduire à un Sénateur. Les débats d’idées n’ont pas lieu au Sénat, mais dans les salons et dans les rues. On a vu des clubs se livrer des guerres sans fin à travers la presse pour des différents politiques. On a vu des discours enflammés lancer des rebellions. On a vu des milices s’affronter sur le pavé. On a vu les membres d’un club être passés au fil de l’épée, les uns après les autres. Jamais le nom d’un Sénateur n’a été mouillé. Mais toujours leurs doigts tiraient les ficelles.

Yulia dégluti, saisie par le jeu de dupe dans lequel elle mettait les pieds.

— Et mon père dans tout ça ? demanda-t-elle du bout des lèvres.

— Francis Ford, avant d’être nommé Amiral, a fréquenté un club. Celui-ci tirait son nom de l’hôtel où ses membres se réunissaient : on l’appelait le Club des Triarches. Ses origines précises ne sont pas connues, mais il s’est affirmé politiquement autour de la question des guerres coloniales en Thäma.

Ashä, qui écoutait jusqu’alors distraitement en sirotant sa pinte, dressa soudain l’oreille. Yulia l’aperçut, mais elle n’avait aucune idée de ce que pouvait être une guerre coloniale. Cela concernait-il la sabreuse ? Quoi qu’il en soit, Taylor était trop pris dans son récit pour remarquer la préoccupation de sa sabreuse ou l’ignorance de sa pupille.

— Le Sénat y était très favorable, mais ce n’était pas le cas du club des Triarches. Ils étaient jeunes et n’avaient pas peur de critiquer l’Empereur Karel Donar Liorr qui tenait à mener cette guerre jusqu’à son terme. Je doute que le Boucher de Yodit aurait hésité avant d’ordonner la mort des Triarches, mais le club avait une alliée de poids : la propre fille de l’Empereur Karel, Livia Kaemia Liorr.

— Elle allait contre son père ? s’étonna Yulia.

— Et pas qu’un peu ! s’enthousiasma Taylor. Elle et ton père étaient comme cul et chemise, ils ont coécrits des discours aux Triarches qui ont fait le tour des Surplombs ! De vrais opposants politiques ! Et le plus fou, c’est que le Sénat laissait faire car l’Empereur ne souhaitait qu’aucun mal ne soit fait à sa fille. L’hôtel des Triarches a été incendié plus d’une fois, mais le club migrait sans changer son nom et sans que ses membres ne soient attaqués. Ils n’ont obtenu aucune victoire politique du temps du règne de Karel Donar Liorr, mais ils avaient un espoir : Cyrus Boël Liorr était l’héritier du trône Impérial. C’est à cette époque que ton père est devenu ami avec l’Empereur Cyrus, grâce à l’intermédiaire de sa sœur. L’Empereur Karel vieillissait et le temps était à l’incertitude politique… Mais Finalement, Francis et Livia espéraient trop.
Un voile de tristesse tomba sur son visage.

— Une fois couronné, l’Empereur Cyrus Boël Liorr offrit à Francis Ford un poste d’Amiral, mais ce fut le seul cadeau qu’il fit au club des Triarches. Et c’était un cadeau empoisonné : si le Sénat approuva la nomination, ce n’était que pour éloigner Ford de la Capitale. Pendant qu’il prenait ses fonctions à Cathuba, Livia Kaemia Liorr était assassinée dans ses quartiers, à deux pas des appartements Impériaux. Le club des Triarches continua de se réunir quelques temps, mais la protection de l’Amiral Ford était trop lointaine pour que ses membres se montrent aussi virulents qu’au temps de l’Empereur Karel.

Yulia écarquillait les yeux d’horreur.

— Ce n’est pas possible, murmurait-elle… Il n’a pas pu… sa propre sœur…

Taylor serra le poing.

— Francis Ford m’assurait qu’il avait toujours l’amitié de l’Empereur, malgré ce qui s’était passé. Et pourtant, aujourd’hui voilà que le Sénat a obtenu sa destitution, et qu’il est traqué au Nouveau Monde ou on ne sait où ! Pendant ce temps…

Le Capitaine de l’Eclat se retourna et fixa quelque chose, loin par-delà le plafond de la cave et les murs de pierres. La fille de l’Amiral aurait pu jurer que ce regard était destiné à l’Empereur, à le poursuivre, à le trouver, et à le transpercer.

— … Pendant ce temps, Cyrus Boël Liorr coule des jours heureux dans son palais de nacre et le Sénat dort sur ses deux oreilles.

Il se leva finalement et empoigna sa chemise, son manteau et ses lunettes qui reposaient sur un coin de la table.

— Je vais me coucher, annonça-t-il, nous avons une dure journée demain. La prochaine fois, Yulia, je te parlerai des Amiraux… et j’essayerai de le prendre moins à cœur. Bonne nuit.



à suivre
Pièces jointes
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louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit :Bonjour à tous, et désolé pour le petit temps de délais ^^ Cet été, je carbure pour le Temps des Surplombs, on va essayer de finir cette troisième partie en 2018 !!
Un énorme merci à Enora, encore une fois, mais également un énorme merci à Zahhak qui a réalisé les illustrations ! Vous aurez droit à plus de son art bientôt ^^
Mais sans plus attendre... enjoy !


Chapitre 18 : Nora Dihya Alvez (part.2)

— Comment s’appelle ton frère ?

— Khaled Izyyan Alvez, répondit Yulia. Izyyan, son nom de patronage, était le surnom de notre grand-père.

Face à elle, Yssandre n’affecta aucune réaction qui put trahir si elle avait ou non bien répondu. Il préféra enchaîner sur une autre question :

— Qui étaient les deux Capitaines pirates qui ont attaqué ton Surplomb ?

— Ils étaient trois.

La jeune fille savait qu’elle répondait correctement. Les deux premiers jours où Yssandre l’avait interrogée, elle avait perdu tous ses moyens sous la pression car il adoptait un ton péremptoire et s’appliquait à la mettre mal à l’aise. Il jouait si bien le rôle de l’interrogateur impitoyable qu’elle aurait parfois préféré affronter un véritable noble que de croiser son regard. Dans ces conditions-là, autant oublier le par-cœur : apprendre son alibi n’était pas suffisant. Il lui avait donc fallu jouer et rejouer l'histoire dans sa tête jusqu'à être capable de se l'approprier pleinement, dans l’objectif de pouvoir être elle-même convaincue d'avoir vécu toutes ces choses que Taylor avait inventées.

Elle commençait à le toucher du doigt, cet objectif, car quelques-unes de ses réponses lui pinçaient réellement le cœur. Si cela marchait, pourrait-elle se dé-convaincre en quittant la Capitale ? Yssandre disait qu'un comédien gardait toujours une trace intérieure des rôles qu'il avait joués.

— A quoi ressemble ton père ?

— Il est grand et sa peau a la couleur du caramel. Son crâne est chauve et balafré par une chute qu’il a faite étant enfant. Il entretenait une grande barbe noire mais nos médecins l’ont rasée pour soigner sa mâchoire après l’attaque. Une balle lui a traversé la joue, trois autres se sont logées entre ses côtés… Je crains de ne pas le revoir.

Voilà deux jours qu'ils s'enfermaient dans une chambre, toute la journée durant. Angora assistait de temps en temps à leurs séances, de même que Taylor qui intervenait le matin pour apporter des précisions sur les origines de Nora Dyhia Alvez. Puis il partait s'occuper de ses propres affaires, se fiant entièrement à Yssandre qui, dès la première écoute, retenait une histoire jusque dans ses moindres détails. Il reprit même une fois le Capitaine sur une incohérence du récit.

Les membres de l'Eclat qui logeaient au Lynch Bar s'habituaient mal à la présence du jeune garçon. Il ne faisait pas d'effort particulier pour discutailler pendant le repas, ce qui conduisit Leoda à lui trouver un air hautain. Le deuxième jour, il apparut en corset et demanda à Emy s’il pouvait disposer d'une coiffeuse pour se maquiller. Elle avait haussé un sourcil comme s'il avait demandé à prendre un bain en plein Contrebas. Son travestissement ce matin-là avait fort surpris et beaucoup de membres de l’Eclat ne savaient plus sur quel pied danser avec le jeune homme.

Le comédien ne semblait affecter par rien de tout cela. Au quotidien, il se mouvait dans le Lynch Bar comme s'il était chez lui et n'accordait aucune attention à ceux qui lui lançaient de drôles de regards. Lorsque Yulia l'avait interrogé à ce sujet, il avait haussé les épaules, l'air de formuler une évidence :

— Taylor m'a invité à vivre ici quelques temps. Je le prends au mot. Tu voudrais que je modifie mon comportement pour ménager les sensibilités de quelques pirates ? Ils en ont vue d’autres, ils s’habitueront.

Les questions reprirent :

— Comment s'appelait ta nourrice ?

— Assia.

— Quel est ton plat préféré ?

Ce n'était pas une question au programme – Taylor ne l'avait même pas envisagée – mais elle se doutait qu'un piège de ce genre arriverait et ne se laissa pas perturber. Elle inventa :

— Les abricots confits.

Il souleva un sourcil.

— C'est un met bien commun pour une jeune fille de la noblesse.

Elle improvisa afin de donner du corps à son mensonge :

— Je les apprécie car ça me rappelle les sucreries que mon frère m'offrait lorsque j'étais enfant.

— Vous n'avez pourtant pas l'air si vieille que ça ! Quel âge avez-vous exactement ?

— Quinze ans et deux mois...

La conversation continuait ainsi depuis trois jours, pendant trois heures le matin et trois heures le soir. Il essayait de la piéger et, lorsqu'il y parvenait, s'arrêtait pour lui faire la leçon. L'après-midi, il lui apprenait à jouer comme une véritable comédienne : maîtriser sa voix, sa gestuelle et ses regards.

C'était de loin le plus difficile. Apprendre un rôle, c'était au final une affaire purement intellectuelle, guère différente des leçons que Senex lui faisait réciter, avec quelques touches d'improvisations mensongères qui sont :arrow: le verbe au présent m'a fait tiquer, est-ce qu'on peut parler de présent de vérité générale ici ? =o autant de coups de bluff dont Dick-Tale lui avait transmis le goût. Mais il y avait un monde entre connaître parfaitement son rôle et le jouer. Comment un être humain pouvait-il arriver à supprimer le moindre de ses tics corporels, de ses regards involontaires ? À maîtriser sa posture jusqu'à ce que chaque mouvement soit choisi et non pas instinctif ? C'était une discipline sans pitié et dans laquelle on ne progressait qu'à pas de fourmis.

Yssandre se montrait cependant rassurant lorsqu'elle se plaignait d'être incompétente :

— Ne t'en fais pas, le rôle te colle si bien que tes maladresses feront également parti :arrow: partiE =) du personnage, disait-il.

Elle trouvait tout de même vexant de devoir avouer commettre des "maladresses" et se mettait généralement à rougir de honte lorsqu’elle prenait conscience d’une gaffe.

— C’est parfait ! s’exclamait l’autre. Nora aurait exactement cette réaction gênée !

Croyait-il vraiment qu’elle faisait exprès ou se moquait-il d’elle ? Cela avait, au final, bien peu d’importance car, de séances en séances, elle gagnait en assurance. Son professeur disait qu’elle laissait s’exprimer le côté orgueilleux de son caractère. En restant dans le personnage, elle lui répondait alors qu’il ne s’agissait pas d’orgueil mais du respect qui était dû à sa famille. Si on lui avait demandé, elle n’aurait pu nier qu’en ces moments-là son esprit invoquait l’image de son père et le souvenir, dans son enfance, de la fierté qui l’emplissait en songeant à son nom. Yssandre se raccrochait-il, lui aussi, au sentiment le plus proche qu’il puisse éprouver afin de jouer un personnage ? Ou bien était-il quelque acrobate, dansant sans attache sur un câble tendu entre deux Ballons à Voile ?

La différence majeure qui devait exister entre Nora Dihya Alvez et Yulia Mangora tenait au crédit qu’elles apportaient aux histoires sur la Capitale, au prestige de sa noblesse. La fille de Ford se montrait naturellement irrévérencieuse et avait très vite décrété que tout ce que Marisa, émue aux larmes, lui racontait à propos de la Capitale et de la noblesse devait être largement exagéré. Et c’était bien normal : elle vivait au quotidien avec son père, l’un des 8 :arrow: huit, Daniel nous a pourtant fait un cours sur l'utilisation des chiffres ou lettres :D Amiraux nommés par l’Empereur, et avait pu constater qu’il était aussi humain que n’importe quelle autre personne. Nora, elle, devait avoir encore la tête pleine de contes de fées, considérer ces gens de haut rangs avec une adoration presque religieuse, et elle devait rêver parfois, lors de moments d’égarement, épouser un prince charmant. Elle allait faire son entrée à la cour avec ces idées-là, et serait écrasée par la crainte de gâcher à jamais l’avenir de sa famille par une maladresse. Yulia comptait alors sur sa propre angoisse d’être démasquée pour l’aider à agir à la façon de Nora.

— Garde toujours un fond de peur, lui conseillait même Yssandre, car elle te fera avancer. Nora se sentira sens doute tel un imposteur, au milieu de tous ces nobles au prestige écrasant. Tu n’as pas à te comporter de façon parfaitement sereine, mais par contre…

Il posa son doigt entre ses deux omoplates et appuya pour qu’elle redresse les épaules.

— … il va vraiment falloir que tu te tiennes droite ! Pauvre Yulia, ma mère me dit la même chose :roll:






Le soir venu, l’élève et son professeur rejoignirent les affamés à la grande table du bar. Yulia s’effondra sur sa chaise, vidée de toute énergie, alors qu’Angora lui posait devant la truffe une pleine pinte d’eau fraiche.

— Alors, comment se passent les répétitions ?

Elle grogna sans grande conviction.

— Elle fait des progrès, commenta simplement Yssandre en tendant le bras pour se saisir de son bol avant d’aller s’asseoir à l’écart du groupe pour manger en paix.

— J’ai l’impression d’avancer à pas de fourmis, grommela pourtant la fille de Ford.

Angora haussa les épaules.

— C’est lui le spécialiste… S’il dit que tu seras prête, alors je le crois.

Assise à côté, Nadejda lui tendit son bol. Il était rempli d’une bouillie d’avoine dans laquelle trempaient de gros morceaux de légumes.

— Allez, n’y pense plus et mange.

Elle renifla le plat et fit la grimace.

— Est-ce que c’est seulement comestible ?

Depuis son bar, Emy éleva le ton :

— Si quelqu’un a un avis sur la bouffe, qu’il se le garde !

En bout de table, Hikari et Irïllan échangeaient à propos d’un nœud que leur avait enseigné un marin de passage –le fils de Corsaire prétendait qu’il pouvait se défaire si on le tirait d’une certaine manière que Yulia ne comprenait pas. Leoda, de l’autre côté, expliquait à Nadejda comment on pouvait obtenir de l’huile à partir de carottes, ce qui ne semblait pas beaucoup l’intéresser. Pour sa part, Ashä s’était assise à côté d’Angora et, pour une fois, se tenait tranquille. Elle échangeait avec sa voisine sur un ton parfois complice, parfois taquin, mais plus apaisé et calme que lorsqu’elles se télescopaient jadis. La sabreuse avait fini la provocation, ou bien était-ce Angora qui s’était habituée au comportement de la jeune femme ? Yulia n’aurait su le dire mais, à en juger par leur attitude des derniers jours, on aurait pu jurer qu’elles étaient devenues amies.

— Où est Taylor ? demanda la jeune fille.

— Il est allé retrouver Hellshima quelque part, lui répondit Ashä.

Elle avait réussi à piquer un pot d’olives au vinaigre et les faisait sauter dans sa bouche. Elle en proposa à Angora, qui refusa poliment.

— De ce que j’en sais, reprit-elle, notre Vigie a pris contact avec la pègre Ātoli. Si Connor a foutu les pieds à la Capitale :arrow: J'espère que, s'il y est arrivé, c'est les pieds devant :evil: Je le sens pas Connor, non seulement il était pas sympa avec Yulia (cette gamine est adorable, c'est impossible de la détester), mais je flaire un air de traîtrise collé à ses vêtements :evil: , ces gars doivent être au courant.

Emy Lynch apporta deux carafes d’eau et se permit d’intervenir :

— Les mafieux d’Āto ne quittent que rarement le quartier des Lanternes, mais la diaspora Ātoli est établie un peu partout, chez les riches comme chez les pauvres… Ils sont beaucoup plus discrets que nos crapules locales.

— Tu es en bon rapport avec eux ? questionna Angora.

— Ils sont pas venus me casser les couilles, donc j’imagine qu’on se tolère.

La Dragon haussa les épaules, l’air de se demander à quel genre de réponse elle avait bien pu s’attendre.

Yulia termina sa bouillie sans grand plaisir. D’un revers de manche, elle s’essuya la bouche et se retourna vers Yssandre qui se levait avec son bol.

— Allez, on reprend ? proposa-t-elle, affectant un entrain qu’elle était loin de réellement posséder.

— Pas tout de suite… Taylor m’a dit de l’attendre pour la leçon de ce soir.

— Pourquoi ?

— Patiente, et tu sauras.

Une réponse typique du comédien. Yulia fit la moue, vexée. Elle appréciait beaucoup Yssandre, mais son flegme l’irritait parfois. Objectivement, Taylor avait la même façon de repousser les explications à plus tard, mais lui au moins y mettait les formes.

Les pirates débarrassèrent la table, ramenèrent leurs bols à Emy et tentèrent de s’éloigner nonchalamment. Elle les rattrapa par la peau du cou et insista pour que la corvée de vaisselle soit répartie sur la semaine. Irïllan se mit donc à frotter et Yulia attrapa un torchon propre. Angora voulu :arrow: vouluT ^^ aider le Voltigeur à récurer la porcelaine, mais la rousse l’arrêta en plein élan :

— Hors de question que ta main en métal vienne rayer mes coupes ! Ouste, laisse ça aux enfants !

Irïllan avait beau avoir dix-sept ans, il ne sembla pas déranger d’être appelé « enfant ». Yulia frotta donc avec lui pendant que la Dragon regagnait les fauteuils où se prélassaient ceux qui échappaient –pour cette fois– à la corvée.


[attachment=0]Taylor le Sans-Nom - petit.png[/attachment]


:arrow: Vaaaah, quel talent, c'est trop bôôôô -*^*- :mrgreen: J'aime beaucoup le style du dessin, les visages sont uniques et ne se ressemblent pas... Le jeu des ombres est très beau et les couleurs aussi ^-^ Tip top, tu peux offrir beaucoup de chocolats à ton artiste Vincent :lol: Je retrouve bien l'air espiègle de Taylor, même si, je ne sais pas pourquoi, je l'imaginais avec des cheveux plus longs et plutôt blond sale :D Mais on reconnaît sans mal le personnage après avoir eu sa description lors du récit ;)

Taylor fit son entrée peu après. On posa les torchons, les cartes et les bières pour venir l’écouter. Il s’assit en travers d’un banc et soupira.

— C’est officiel : Crok Connor a déserté :arrow: J'le sentais pas le Connor, tu nous avais bien mis sur la bonne voie :roll: . Nos indics l’ont identifié dans le quartier des Hurleuses, en compagnie de deux hommes à l’air louche.

— Des impériaux ? renifla Ashä. Cet enfoiré nous a balancés ?

— Non, s’il l’avait fait l’Eclat aurait déjà été attaqué. Il est plus vraisemblablement allé s’acoquiner avec d’autres réseaux criminels. Peut-être recherche-t-il un nouvel équipage... Mais quoi qu’il en soit…

— On ne peut pas le laisser s’échapper comme ça, le coupa Angora.

— Exactement.

Tous opinèrent du chef. Seule Yulia eut un temps de retard.

— Pourquoi ? demanda-t-elle. Il veut nous nuire ?

— Il pourrait, argumenta Taylor. Connor sait où se trouve l’Eclat et il sait quel est notre objectif. Il ne connaît pas notre plan précis mais il connaît suffisamment l’équipage pour en deviner beaucoup d’éléments. S’il embarque avec d’autres pirates, je suis prêt à parier qu’ils vont nous tendre une embuscade. Et si, pire, il se faisait attraper par les Impériaux, alors je ne donne pas cher de notre peau.

Un lourd silence suivit cette sentence.

— Que va faire Hellshima quand il lui aura mis la main dessus ? demanda Nadejda en fixant Taylor dans les yeux. Il va le tuer ?

Le Capitaine de l’Eclat détourna le regard.

— Je n’ai pas donné de consigne à Kentaro.






Yulia joua aux cartes avec Hikari et Nadejda le temps que Taylor se fasse couler un bain. Yssandre avait dit qu’elle devait l’attendre pour la leçon du soir, alors elle s’occupa de manière plaisante.

Quand il ressortit du magasin arrière, rasé de près et propre jusqu’au bout des ongles, le Capitaine de l’Eclat ne portait qu’un pantalon ficelé à la taille et une serviette de toilette autour du cou. Ses cheveux blonds en bataille goûtaient sur ses épaules.

Il attrapa un pichet d’eau, le vida d’une traite et commença à parler :

— Bon, j’ai rattrapé deux ans de politique en deux jours… On peut au moins remercier nos amis journalistes pour ça : quelques heures ici en apprennent plus que des mois dans les Surplombs.

— Vous ne lisiez pas les journaux sur l’Eclat ? questionna Angora.

— On avait d’autres préoccupations. Je n’ai suivi que de loin les affaires de la Capitale.

— Et donc ?

— Le vieil Eydias Wilhuff Volk est maître de séance au Sénat en ce moment.

— C’est lui qui commandait les opérations à Cathuba, affirma Angora. Je l’ai entendu communiquer avec l’Inquisiteur quand j’infiltrais le Cuirassé.

— Il finance un club dont les membres se font appeler les tyranniques. C’est leur ligne politique : la tyrannie du Sénat, qui entend écarter l’Empereur des affaires politiques et lui laisser seulement un rôle symbolique. C’est une valeur assez simple que partagent beaucoup de Sénateurs, mais il a surtout été élu car il n’est pas hostile à l’Impératrice sans pour autant défendre ses intérêts.

Il semblait préoccupé.

— Les clubs ont beaucoup changés depuis mon dernier séjour ici, continua-t-il. L’Amiral Renh a quitté sa résidence sur les Terrasses il y a deux ans à la suite de sa maladie et aucun Amiral n’a encore repris le flambeau. En l’absence de conciliateur, les clubs sont à couteaux tirés et certaines familles ont déjà été contraintes à l’exil. Chacun cherche un protecteur, des Amiraux sont courtisés… et au milieu de tout ça l’Inquisition n’entend pas intervenir pour calmer le jeu.
:arrow: Tu as oublié un petit retour à la ligne (#chipoteuse :roll: )Yulia n’en comprenait plus un mot. Son oreille saisissait au vol un nom ou deux qui lui disaient vaguement quelque chose, sans qu’elle puisse clairement le resituer. Taylor se tourna néanmoins vers elle :

— Tu dois bien imaginer que la destitution de ton père a changé l’équilibre des forces entre Amiraux. Entre les clubs, c’est pire encore…

Il n’en dit cependant pas plus, n’ayant capté dans son regard aucune étincelle complice. Au fond de ses rétines, on ne pouvait saisir qu’une grande étendue, aride comme le Contrebas, d’incompréhension absolue.

— Tu… ne sais pas de quoi je parle depuis tout à l’heure ?

Elle commença par nier, mais comprit vite que cela ne servait à rien.

— Tu connais au moins les Amiraux ?

— Euh… il y a… William ?

— Wilhelm ?

— Voilà, Wilhelm !

Taylor soupira profondément.

— D’accord, ça va être long… :arrow: Oui, mais les lecteurs du Temps des Surplombs en ont bien besoin :lol: Dis, tu feras comme tu as fait pour l'équipage de l'Eclat ? Une liste de personnages avec leur rôle dans ton univers, histoire qu'on ne croule pas sous les noms qui risquent de rapidement arriver sous peu ? ;)

A partir de cet incident fâcheux, Taylor ajouta un nouveau cours à l’emploi du temps de Yulia qu’il intitula : politique & personnalités. Il avait tout d’abord questionné Angora : Ford n’avait-il donc rien enseigné à sa fille ?

— Il disait qu’elle était trop jeune pour la politique, avait répondu la Dragon.

Le Capitaine ne s’était pas rangé à cet avis. Comment pouvait-on espérer que Yulia joue le rôle de Nora Dihya Alvez si elle ne connaissait pas même le nom de l’Empereur ? :arrow: Hmm, bizarre, pas faux... A moins que Ford ne voulait pas impliquer sa fille de près ou de loin à la politique ? Il avait déjà prévu d'autres choses, qui n'ont malheureusement pas eu lieu ? Je pose beaucoup de questions, mais j'imagine que j'aurai un jour ou l'autre mes réponses :D

Ils s’asseyaient donc autour de la table, tous les soirs après le repas, et Taylor essayait tant bien que mal de lui enseigner le fonctionnement de la politique impériale.

Yulia ne s’était jusqu’alors jamais frotté :arrow: frottéE à la politique, et encore moins à l’identité des dirigeants. A Cathuba, elle avait connu Juno et Smath : elle savait leurs titres car les gens s’y référaient souvent dans leurs conversations, mais aurait été bien incapable de clairement définir ce qui les différenciait l’un de l’autre. Smath commandait les Gardes et patrouillait en armure. Juno, elle, avait l’air de s’occuper des marchands car elle inspectait et listait chaque navire qui s’amarrait au Surplomb. Et c’était bien là tout ce qu’elle aurait pu dire, car aucun autre personnage de l’entourage de son père ne se distinguait vraiment. Elle entendait parler d’un délégué plébéien, du maître de la guilde des artisans voilier, des divers Lieutenants de son père au sein de l’Amirauté, et elle surveillait de loin l’ombre menaçante de la grande Prêtresse, mais la fille de Ford ne connaissait ni leurs noms ni les charges précises qu’ils occupaient.

Senex lui avait bien enseigné quelques notions d’Histoire, mais il était toujours resté très vague quand à ce qui concernait les institutions. L’Histoire était parsemée de titres aussi mystérieux et envoûtants qu’Empereur, Princesse, Rani, Protecteur… Yulia n’avait jamais cherché à en savoir plus. Dans une histoire, un Roi est un Roi, on ne cherche pas à savoir les tâches qu’il confie à ses ministres ou s’il tire ses pouvoirs de la force ou de la loi. Il est Roi.
La petite pensait ainsi que l’Empereur était aussi simplement Empereur qu’un Roi était Roi.

Ce fut le premier point que Taylor tint à définir :

— L’Empereur est à la tête de l’État, mais le Sénat est le véritable organe de pouvoir. Ce dernier est composé de 27 :arrow: vingt-sept :P Sénateurs qui votent les lois à l’unanimité.

— A l’unanimité ? C’est-à-dire qu’ils doivent tous être d’accord ?

— Officiellement, oui. Les Sénateurs sont tenus à la « neutralité politique » :arrow: Moui ? :roll: , c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas afficher leurs positions politiques individuelles. Le Sénat doit afficher un visage d’unité car sa légitimité vient de ces votes à l’unanimité.

— Et qu’est-ce qui se passe s’ils ne sont pas unanimes ?

— Si le vote échoue, la décision revient à l’Empereur, la constitution le dit clairement. Quand l’Empereur Othon forma le premier Sénat, cette clause devait être un moyen de s’assurer que le dernier mot lui revienne toujours. Car qui imaginait 27 :arrow: Tu sais ce que je vais dire :lol: chefs de familles ne jamais avoir de désaccord ? C’est pourtant publiquement le cas depuis des centaines d’années, car ils savent bien où se situe leur intérêt.

Il prit trois secondes de réflexion.

— Tu te souviens de ce que j’ai dit tout à l’heure ? La seule ligne que défend le Sénateur Volk est la Tyrannie du Sénat. S’il est maître de séance, c’est qu’elle constitue un consensus chez les Sénateurs : ils préfèrent voter une loi qui ne leur plaît pas plutôt que de laisser le pouvoir à l’Empereur.

— Ça veut dire qu’ils ont tous voté la destitution de mon père ? demanda Yulia, l’air grave.

Taylor soupira.

— Seul l’Empereur a le pouvoir de nommer et démettre des Amiraux… Mais le Sénat vote chacune des décisions Impériales donc, oui, ils l’ont tous votée. Mais ils avaient également voté sa nomination, il y a 15 ans. Pas mal de choses ont dû changer depuis…

— Attends, mon père n’a pas toujours été Amiral ? s’étonna Yulia.

A peine la question avait-elle franchi ses lèvres qu’elle en réalisa la stupidité. Bien entendu que Francis Ford n’était pas né avec un chapeau d’Amiral sur le crâne. Elle tenait même d’Angora que son père était allé à « l’école militaire » et qu’il avait servi dans la « troisième armée »… quoi que cela puisse signifier.


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:arrow: Ooooh, c'te classe ! J'adore la prestance simple qu'il dégage, c'est bien comme ça que je le voyais, au niveau de l'aura :D Il a tête de nounours =3 Mais de nounours sérieux et badass :lol:

— La famille de ton père est originaire du Surplomb de Vihue, une cité plutôt importante, à l’ouest de Cent-Port, répondit Taylor. Les Ford ont fait fortune sous le règne de l’Empereur Roarim Trieh Lagrima en vendant des copies d’engrenages d’Āto. Ta grand-mère, Lamui Ford, était la sœur de Tomas Ford. Lui est devenu noble en épousant une Volland, mais sa sœur n’en a pas profité. Lamui a épousé un Maître Engrenagier des ateliers Ford : Francis fut leur second enfant. Ses frères empruntèrent la voix des ateliers et se mêlèrent au commerce de leur oncle Tomas, mais lui n’était pas fait pour cette vie. On l’envoya à la Capitale quand il eut seize ans, officiellement pour représenter son oncle auprès de la cour Impériale.

Entendre, de la bouche du Capitaine Corsaire, son histoire familiale, avait quelque chose de déroutant. Elle se rappelait un portrait de sa grand-mère, trônant sur un mur de l’appartement à Cathuba : elle avait remarqué les regards que lui jetaient parfois son père, lorsqu’il dînait avec elle, il y a de cela presque deux ans, mais ce n’était qu’à présent qu’elle apprenait son nom. Lamui. Francis Ford ne parlait jamais de sa famille, souhaitait-il que Yulia ne la connaisse pas ?

Taylor, insensible à la nostalgie soudaine de son auditoire, ricana.

— Francis Ford était un bon courtisan. Un peu trop bon, même. Le genre qui finit par dépasser le cadre de la cour pour entrer dans celui de la politique. Je ne t’ai pas encore parlé des clubs ?

— Tu en as parlé, mais je ne vois pas ce que c’est, répondit honnêtement la petite.

— Un club se réunit régulièrement pour discuter des questions politiques. Les membres d’un même club partagent généralement la même doctrine politique, à quelques nuances près. Il y en a des plus radicaux que d’autre, et même quelques idiots qui se proclament apolitiques. Mais les membres d’un club ne sont jamais ceux qui font la politique : les Sénateurs n’y siègent jamais, par exemple.

— C’est parce qu’ils n’ont pas le droit d’exprimer leurs opinions personnelles ?

— Exactement : le statut leur impose la neutralité politique. Les clubs sont animés par des petits nobles, des journalistes, des bourgeois, parfois quelques Gardiennes, mais les Sénateurs y tiennent bien souvent un rôle indirecte. Notre ami le Sénateur Volk, par exemple, accueille le club des tyranniques dans son hôtel particulier. Alors, certes, il ne va jamais assister personnellement aux réunions du club, mais ce sont ses majordomes qui servent les convives, et sa fille Maïa y prend régulièrement la parole.

— Mais je pensais qu’ils devaient rester neutres ?

— Uniquement quant à leur parole personnelle. Dans la pratique, pour connaitre les opinions d’un Sénateur, il faut suivre la vie politique des clubs et identifier ceux qui les fréquentent. La fille, le frère, l’homme de main, l’ami… tous finissent par conduire à un Sénateur. Les débats d’idées n’ont pas lieu au Sénat, mais dans les salons et dans les rues. On a vu des clubs se livrer des guerres sans fin à travers la presse pour des différents politiques. On a vu des discours enflammés lancer des rebellions. On a vu des milices s’affronter sur le pavé. On a vu les membres d’un club être passés au fil de l’épée, les uns après les autres. Jamais le nom d’un Sénateur n’a été mouillé. Mais toujours leurs doigts tiraient les ficelles.

Yulia dégluti, saisie par le jeu de dupe dans lequel elle mettait les pieds.

— Et mon père dans tout ça ? demanda-t-elle du bout des lèvres.

— Francis Ford, avant d’être nommé Amiral, a fréquenté un club. Celui-ci tirait son nom de l’hôtel où ses membres se réunissaient : on l’appelait le Club des Triarches. Ses origines précises ne sont pas connues, mais il s’est affirmé politiquement autour de la question des guerres coloniales en Thäma.

Ashä, qui écoutait jusqu’alors distraitement en sirotant sa pinte, dressa soudain l’oreille. Yulia l’aperçut, mais elle n’avait aucune idée de ce que pouvait être une guerre coloniale. Cela concernait-il la sabreuse ? Quoi qu’il en soit, Taylor était trop pris dans son récit pour remarquer la préoccupation de sa sabreuse ou l’ignorance de sa pupille.

— Le Sénat y était très favorable, mais ce n’était pas le cas du club des Triarches. Ils étaient jeunes et n’avaient pas peur de critiquer l’Empereur Karel Donar Liorr qui tenait à mener cette guerre jusqu’à son terme. Je doute que le Boucher de Yodit aurait hésité avant d’ordonner la mort des Triarches, mais le club avait une alliée de poids : la propre fille de l’Empereur Karel, Livia Kaemia Liorr.

— Elle allait contre son père ? s’étonna Yulia.

— Et pas qu’un peu ! s’enthousiasma Taylor. Elle et ton père étaient comme cul et chemise, ils ont coécrits des discours aux Triarches qui ont fait le tour des Surplombs ! De vrais opposants politiques ! Et le plus fou, c’est que le Sénat laissait faire car l’Empereur ne souhaitait qu’aucun mal ne soit fait à sa fille. L’hôtel des Triarches a été incendié plus d’une fois, mais le club migrait sans changer son nom et sans que ses membres ne soient attaqués. Ils n’ont obtenu aucune victoire politique du temps du règne de Karel Donar Liorr, mais ils avaient un espoir : Cyrus Boël Liorr était l’héritier du trône Impérial. C’est à cette époque que ton père est devenu ami avec l’Empereur Cyrus, grâce à l’intermédiaire de sa sœur. L’Empereur Karel vieillissait et le temps était à l’incertitude politique… Mais Finalement, Francis et Livia espéraient trop.
Un voile de tristesse tomba sur son visage.

— Une fois couronné, l’Empereur Cyrus Boël Liorr offrit à Francis Ford un poste d’Amiral, mais ce fut le seul cadeau qu’il fit au club des Triarches. Et c’était un cadeau empoisonné : si le Sénat approuva la nomination, ce n’était que pour éloigner Ford de la Capitale. Pendant qu’il prenait ses fonctions à Cathuba, Livia Kaemia Liorr était assassinée dans ses quartiers, à deux pas des appartements Impériaux. Le club des Triarches continua de se réunir quelques temps, mais la protection de l’Amiral Ford était trop lointaine pour que ses membres se montrent aussi virulents qu’au temps de l’Empereur Karel.

Yulia écarquillait les yeux d’horreur.

— Ce n’est pas possible, murmurait-elle… Il n’a pas pu… sa propre sœur…

Taylor serra le poing.

— Francis Ford m’assurait qu’il avait toujours l’amitié de l’Empereur, malgré ce qui s’était passé. Et pourtant, aujourd’hui voilà que le Sénat a obtenu sa destitution, et qu’il est traqué au Nouveau Monde ou on ne sait où ! Pendant ce temps…

Le Capitaine de l’Eclat se retourna et fixa quelque chose, loin par-delà le plafond de la cave et les murs de pierres. La fille de l’Amiral aurait pu jurer que ce regard était destiné à l’Empereur, à le poursuivre, à le trouver, et à le transpercer.

— … Pendant ce temps, Cyrus Boël Liorr coule des jours heureux dans son palais de nacre et le Sénat dort sur ses deux oreilles.

Il se leva finalement et empoigna sa chemise, son manteau et ses lunettes qui reposaient sur un coin de la table.

— Je vais me coucher, annonça-t-il, nous avons une dure journée demain. La prochaine fois, Yulia, je te parlerai des Amiraux… et j’essayerai de le prendre moins à cœur :arrow: Oh, Taylor :cry: . Bonne nuit.



à suivre
Oui, on l'avait attendu celui-là ! \0^0/ :)

Aaah, je retrouve avec plaisir Yssandre, qui a l'air de plutôt perturber l'équipage... :lol: Ce personnage est vraiment unique et j'aime beaucoup ce qu'il apporte au récit depuis quelques chapitres ^^

Bon, même si ça reste un chapitre où l'action n'est pas là, c'est vachement tendu ! On attend depuis un moment de rares infos sur Ford, sa relation à l'Empereur, les raisons qui ont poussé celui-ci à nommer Francis Amiral, puis à le destituer... Mais je doute que ce soient uniquement des questions politiques qui ont poussé l'Empire à renier et à chasser Francis, si ? Est-ce qu'une petite pierre autour du cou de Yulia n'aurait-elle pas un rôle à jouer ? :D
Fin bref, je peux qu'abaisser mon chapeau devant la complexité (géo)politique de ton monde, son Histoires et ses grands personnages... J'avale avidement les infos que tu nous donnes de l'univers, surtout concernant cette histoire d'Empereur, de Sénateurs, de la trahison qu'a subie Ford et la pauvre Livia... Arf :D

D'ailleurs, j'ai une question ! Là, tu finis tranquillement la partie 3 du Temps des Surplombs, mais... Est-ce un tome 1 ? As-tu prévu de faire d'autres volumes par la suite ? Quelle taille environ prend ce projet dans ton esprit ? :)

Voilà, autrement, concernant la forme, si je trouvais qu'il y a avait parfois des phrases alambiquées ou peu lourdes, je trouve que tu maîtrises ça de mieux en mieux ! Il y a juste parfois des petits soucis de ponctuation, je trouve, avec des phrases qui mériteraient une ou deux virgules en plus pour être plus facile à lire ^^
Autrement, un récit toujours fluide, avec un vocabulaire riche et des phrases qui s'enchaînent à différents rythmes pour éviter la monotonie... J'aime toujours autant ! :D

Courage pour la suite, bonnes vacances ! ^^

PS : tu as terminé ta licence, du coup ? =) Tu fais quoi l'année pro ?
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :1) sont :arrow: le verbe au présent m'a fait tiquer, est-ce qu'on peut parler de présent de vérité générale ici ? =o

2) 8 :arrow: huit, Daniel nous a pourtant fait un cours sur l'utilisation des chiffres ou lettres :D


3) — … il va vraiment falloir que tu te tiennes droite ! Pauvre Yulia, ma mère me dit la même chose :roll:

4) — De ce que j’en sais, reprit-elle, notre Vigie a pris contact avec la pègre Ātoli. Si Connor a foutu les pieds à la Capitale :arrow: J'espère que, s'il y est arrivé, c'est les pieds devant :evil: Je le sens pas Connor, non seulement il était pas sympa avec Yulia (cette gamine est adorable, c'est impossible de la détester), mais je flaire un air de traîtrise collé à ses vêtements :evil:

5) :arrow: Vaaaah, quel talent, c'est trop bôôôô -*^*- :mrgreen: J'aime beaucoup le style du dessin, les visages sont uniques et ne se ressemblent pas... Le jeu des ombres est très beau et les couleurs aussi ^-^ Tip top, tu peux offrir beaucoup de chocolats à ton artiste Vincent :lol: Je retrouve bien l'air espiègle de Taylor, même si, je ne sais pas pourquoi, je l'imaginais avec des cheveux plus longs et plutôt blond sale :D Mais on reconnaît sans mal le personnage après avoir eu sa description lors du récit ;)

6) :arrow: Tu as oublié un petit retour à la ligne (#chipoteuse :roll: )

7) — D’accord, ça va être long… :arrow: Oui, mais les lecteurs du Temps des Surplombs en ont bien besoin :lol: Dis, tu feras comme tu as fait pour l'équipage de l'Eclat ? Une liste de personnages avec leur rôle dans ton univers, histoire qu'on ne croule pas sous les noms qui risquent de rapidement arriver sous peu ? ;)

8) Le Capitaine ne s’était pas rangé à cet avis. Comment pouvait-on espérer que Yulia joue le rôle de Nora Dihya Alvez si elle ne connaissait pas même le nom de l’Empereur ? :arrow: Hmm, bizarre, pas faux... A moins que Ford ne voulait pas impliquer sa fille de près ou de loin à la politique ? Il avait déjà prévu d'autres choses, qui n'ont malheureusement pas eu lieu ? Je pose beaucoup de questions, mais j'imagine que j'aurai un jour ou l'autre mes réponses :D

9) « neutralité politique » :arrow: Moui ? :roll:

10) :arrow: Ooooh, c'te classe ! J'adore la prestance simple qu'il dégage, c'est bien comme ça que je le voyais, au niveau de l'aura :D Il a tête de nounours =3 Mais de nounours sérieux et badass :lol:



Oui, on l'avait attendu celui-là ! \0^0/ :)

Aaah, je retrouve avec plaisir Yssandre, qui a l'air de plutôt perturber l'équipage... :lol: Ce personnage est vraiment unique et j'aime beaucoup ce qu'il apporte au récit depuis quelques chapitres ^^

Bon, même si ça reste un chapitre où l'action n'est pas là, c'est vachement tendu ! On attend depuis un moment de rares infos sur Ford, sa relation à l'Empereur, les raisons qui ont poussé celui-ci à nommer Francis Amiral, puis à le destituer... Mais je doute que ce soient uniquement des questions politiques qui ont poussé l'Empire à renier et à chasser Francis, si ? Est-ce qu'une petite pierre autour du cou de Yulia n'aurait-elle pas un rôle à jouer ? :D
Fin bref, je peux qu'abaisser mon chapeau devant la complexité (géo)politique de ton monde, son Histoires et ses grands personnages... J'avale avidement les infos que tu nous donnes de l'univers, surtout concernant cette histoire d'Empereur, de Sénateurs, de la trahison qu'a subie Ford et la pauvre Livia... Arf :D

D'ailleurs, j'ai une question ! Là, tu finis tranquillement la partie 3 du Temps des Surplombs, mais... Est-ce un tome 1 ? As-tu prévu de faire d'autres volumes par la suite ? Quelle taille environ prend ce projet dans ton esprit ? :)

Voilà, autrement, concernant la forme, si je trouvais qu'il y a avait parfois des phrases alambiquées ou peu lourdes, je trouve que tu maîtrises ça de mieux en mieux ! Il y a juste parfois des petits soucis de ponctuation, je trouve, avec des phrases qui mériteraient une ou deux virgules en plus pour être plus facile à lire ^^
Autrement, un récit toujours fluide, avec un vocabulaire riche et des phrases qui s'enchaînent à différents rythmes pour éviter la monotonie... J'aime toujours autant ! :D

Courage pour la suite, bonnes vacances ! ^^
1) J'aurais tendance à dire oui : un mensonge est un coup de bluff, tu vois ce que je veux dire ?

2) Raaah oui pourquoi je les ai mit en chiffre et non en lettre !! :oops: :roll:

3) same :roll:

4) Ahah je partage ton aversion pour Connor :mrgreen: c'est un sale type... :roll:

5) Message transmis à Zahhak :mrgreen:

6) Merci !! corrigé ^^ (de même je corrige les fautes que tu me signale, mais je n'y répond pas forcément ici)

7) Oui, c'est le programme ! Déjà je vais profiter de cette partie à la Capitale pour exposer des persos qui tiennent des rôles politiques importants, mais je compte bien faire des portraits-robots des Amiraux et des figures importantes ! On réfléchissais avec Zahhak à faire une série de portraits militaires (sur le modèle de celui de Ford) pour les Amiraux les plus importants... mais vu que ça prend beaucoup de temps (on est à entre 4 et 8 heures de travail pour un seul portrait) on a décidé de se concentrer en priorité sur les personnages du récit (Ford et Taylor sont les deux premiers, Yulia va suivre et puis on fera sans doute Angora... par contre elle refuse de dessiner Asha car je l'ai traumatisé avec les tresses :roll: :twisted: ). Mais je vous ferais un document pour vous souvenir des personnages politiques, oui ! Après je réfléchis encore à sa forme car j'aimerais que ce soit quelque chose de plus qu'un simple pense-bête :mrgreen:

8) Sans aucun doute : oui aux deux questions.

9) Tu as déjà entendu parler d'hypocrisie ? :lol:

10) Je... je crois que c'est la description la plus essentielle et juste qu'on puisse faire de Ford :lol:

Merci beaucoup !!
Oui, Yssandre je l'aime bien ^^ il a une dynamique qui change un peu le groupe ;) Un peu comme Emy, ce sont des personnages avec un caractère qui ne sont pas juste subordonnés au groupe ! Et du coup je me régale à les écrire :mrgreen:

C'est vrai que ça faisait un moment que je devais expliquer de la politique dans Le Temps des Surplombs... finalement on y rendre et je me rends compte que c'est sans doute le chapitre qui apporte le plus de réponse au scénario :lol: Il faudra que j'apprenne à lâcher les infos plus petit à petit... ou peut-être quand je vais réécrire la seconde partie, on verra ^^
Pour le reste, motus et bouche cousue :twisted:

Aloooors... oui, c'est un premier tome qui va se conclure, même si Daniel essaye de me convaincre d'en faire 3 tomes indépendants je trouve que ça aurait un mauvais équilibre : un tome doit avoir une construction scénaristique... or la première partie ne ferait que lancer l'intrigue : j'y expose la situation initiale, l'élément perturbateur, et la première péripétie (s'échapper de Cathuba) ; la seconde partie présente d'autre péripéties qui conduisent à la Capitale pour d'avantages de péripétie mais également les premières réponses à l'intrigue. Or c'est important qu'à la fin d'un tome on ait appris quelque chose, je ne peux pas lâcher des lecteurs pendant 2 tomes sans aucune réponse... tu vois ce que je veux dire ?
Donc pour l'instant je finis mon premier tome, je vais réécrire et développer ma partie 2 dès que j'aurais conclu l'arc de la Capitale, puis grosse correction de tout depuis le début (je risque de m'enfermer avec Daniel) et j’envoie le manuscrit à des éditeurs. Quand ce sera envoyé je vais me mettre à écrire le tome 2, et je pense qu'il y en aura 3 au total sauf si j'arrive à conclure en un seul tome supplémentaire (il y a un arc final dont je ne sais pas encore s'il sera nécessaire)

Les virgules, j'en mettais énormément avant. Mais j'ai développé une allergie au ", et" : en effet le "et" fait déjà la séparation entre les deux propositions d'une phrase, j'ai juste l'impression d'alourdir encore la phrase en ajoutant une virgule non nécessaire.

Merci énormément !! <3

PS : non, j'ai pas validé ma troisième année :lol: du coup l'année prochaine je vais valider les 2-3 matières qui me manquait cette année, et ça va rouler pour la licence ^^ Mais il faut aussi que je me trouve une formation ou un truc car j'ai de moins en moins envie de faire un master... :roll:
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit : 1) J'aurais tendance à dire oui : un mensonge est un coup de bluff, tu vois ce que je veux dire ?

2) Raaah oui pourquoi je les ai mit en chiffre et non en lettre !! :oops: :roll:

3) same :roll:

4) Ahah je partage ton aversion pour Connor :mrgreen: c'est un sale type... :roll:

5) Message transmis à Zahhak :mrgreen:

6) Merci !! corrigé ^^ (de même je corrige les fautes que tu me signale, mais je n'y répond pas forcément ici)

7) Oui, c'est le programme ! Déjà je vais profiter de cette partie à la Capitale pour exposer des persos qui tiennent des rôles politiques importants, mais je compte bien faire des portraits-robots des Amiraux et des figures importantes ! On réfléchissais avec Zahhak à faire une série de portraits militaires (sur le modèle de celui de Ford) pour les Amiraux les plus importants... mais vu que ça prend beaucoup de temps (on est à entre 4 et 8 heures de travail pour un seul portrait) on a décidé de se concentrer en priorité sur les personnages du récit (Ford et Taylor sont les deux premiers, Yulia va suivre et puis on fera sans doute Angora... par contre elle refuse de dessiner Asha car je l'ai traumatisé avec les tresses :roll: :twisted: ). Mais je vous ferais un document pour vous souvenir des personnages politiques, oui ! Après je réfléchis encore à sa forme car j'aimerais que ce soit quelque chose de plus qu'un simple pense-bête :mrgreen:

8) Sans aucun doute : oui aux deux questions.

9) Tu as déjà entendu parler d'hypocrisie ? :lol:

10) Je... je crois que c'est la description la plus essentielle et juste qu'on puisse faire de Ford :lol:

Merci beaucoup !!
Oui, Yssandre je l'aime bien ^^ il a une dynamique qui change un peu le groupe ;) Un peu comme Emy, ce sont des personnages avec un caractère qui ne sont pas juste subordonnés au groupe ! Et du coup je me régale à les écrire :mrgreen:

C'est vrai que ça faisait un moment que je devais expliquer de la politique dans Le Temps des Surplombs... finalement on y rendre et je me rends compte que c'est sans doute le chapitre qui apporte le plus de réponse au scénario :lol: Il faudra que j'apprenne à lâcher les infos plus petit à petit... ou peut-être quand je vais réécrire la seconde partie, on verra ^^
Pour le reste, motus et bouche cousue :twisted:

Aloooors... oui, c'est un premier tome qui va se conclure, même si Daniel essaye de me convaincre d'en faire 3 tomes indépendants je trouve que ça aurait un mauvais équilibre : un tome doit avoir une construction scénaristique... or la première partie ne ferait que lancer l'intrigue : j'y expose la situation initiale, l'élément perturbateur, et la première péripétie (s'échapper de Cathuba) ; la seconde partie présente d'autre péripéties qui conduisent à la Capitale pour d'avantages de péripétie mais également les premières réponses à l'intrigue. Or c'est important qu'à la fin d'un tome on ait appris quelque chose, je ne peux pas lâcher des lecteurs pendant 2 tomes sans aucune réponse... tu vois ce que je veux dire ?
Donc pour l'instant je finis mon premier tome, je vais réécrire et développer ma partie 2 dès que j'aurais conclu l'arc de la Capitale, puis grosse correction de tout depuis le début (je risque de m'enfermer avec Daniel) et j’envoie le manuscrit à des éditeurs. Quand ce sera envoyé je vais me mettre à écrire le tome 2, et je pense qu'il y en aura 3 au total sauf si j'arrive à conclure en un seul tome supplémentaire (il y a un arc final dont je ne sais pas encore s'il sera nécessaire)

Les virgules, j'en mettais énormément avant. Mais j'ai développé une allergie au ", et" : en effet le "et" fait déjà la séparation entre les deux propositions d'une phrase, j'ai juste l'impression d'alourdir encore la phrase en ajoutant une virgule non nécessaire.

Merci énormément !! <3

PS : non, j'ai pas validé ma troisième année :lol: du coup l'année prochaine je vais valider les 2-3 matières qui me manquait cette année, et ça va rouler pour la licence ^^ Mais il faut aussi que je me trouve une formation ou un truc car j'ai de moins en moins envie de faire un master... :roll:
1) Je comprends, ça se défend tout à fait ;)
2 -3) Flemme ? :lol:
4) Et c'a été prouvé (ou sera vite prouvé) :roll:
5) ♥
6) De rien !
7) Oh, ce serait très sympa cette série de portraits, mais... bien long, oui, j'imagine bien :') Déjà, si on a Yulia et Angora en plus, c'est super (même si j'aurais adoré voir Ashä aussi, je pense que Zahhak l'aurait très bien dessinée) ! Yes, merci, ça va nous aider :lol: Ça se comprend ^-^ Te connaissant, je pense que tu vas trouver une solution ;)
9) D'après le CNRTL : "Caractère d'une personne qui dissimule sa véritable personnalité et affecte, le plus souvent par intérêt, des opinions, des sentiments ou des qualités qu'elle ne possède pas." :lol:
10) Ouiii :D

Exactement ! Tu m'étonnes, ça doit changer, être agréable ^-^

Yes, tu nous teasais depuis un moment, alors c'était bien temps :D Après, j'ai pas non plus eu le sentiment que tu ne voulais rien dévoiler lors des précédents chapitres ^^ Mais donner quelques infos par-ci par-là, au moins politiques, ne peut pas faire de mal non plus je pense.
:twisted:

D'accoudacc ! Oui, haha, c'est vrai :lol: Tu es à combien de mots, là ?
Après, c'est vrai que ça ferait 3 tomes un peu décousus, au rythme pas forcément tip top à chaque fois... C'est vrai que je le vois mieux comme un tome avec 3 parties bien distinctes, mais qui perdent un peu de leur sens et de leur pertinence si elles sont séparées... Ce serait la taille qui ferait peur aux éditeurs, c'est ça ? :? (Après, plusieurs auteurs publiés pour la première fois sont arrivés avec des romans de pas moins de 300 pages et ont été acceptés...)
(Haha, vous allez refaire le Mythe de la Caverne tous les deux :lol: ) Tu as déjà en tête une liste d'éditeurs ? :)
Je vois, je vois, donc trilogie ou duologie !

Alors, les phrases où j'ai pu remarquer l'absence de virgules ne comportaient pas forcément de "et", justement et se contentaient d'une phrase avec un groupe nominal principal, secondé par une proposition subordonnée (oulala, j'ai pas fait de grammaire depuis le collège, je raconte sûrement de grosses bêtises :? ) à qui il manquait une virgule (sachant que tu en avais mis déjà une) ^^

De rien beaucoup !

PS : ah dommage ! Surtout pour 2-3 matières ratées :? M'enfin, l'important, c'est que t'y arrives à un moment :D Et ça te donnera le temps de réfléchir à ce que tu veux faire après, en effet... C'est par manque d'envie que tu ne te vois pas trop en master ? ^^ Et, autrement, il y a des corps de métiers qui t'intéressent déjà ? =D
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Juste pour laisser une trace de ma lecture ! :lol:
La seule chose qui m'embête c'est de lire par petits morceaux, faut que je loue une pelle mécanique pour aller retrouver au fond de ma mémoire les éléments précédents qui me permettront de comprendre ce que je lis. Ou alors je relis l'épisode précédent. Mais bon, c'est comme ça.
Sinon, c'est sympa, comme toujours. Ce lysandre apporte de l'air frais comme Dick Tales, (tiens où est-il celui-là ?)
Bien utile, la leçon sur l'organisation politique de ce monde et les divers influences et pouvoirs...

Niveau ortho et syntaxe c'est en progrès tous les jours ! ;) Je ne relève même plus les quelque erreurs, il y en a peu et Coline en a déjà pointé quelques-unes, on fera ça à la fin, lorsque tu auras décidé que c'est prêt... Ouais j'ai peur qu'il faille s'enfermer un moment, vu le nombre de pages !! On invitera Coline ! :lol: (ça me rappelle le tome 1 du célèbre duo Taki-Ada que je leur ai corrigé l'an dernier avec ses 1 100 000 signes ec. et beaucoup, beaucoup plus de fautes :lol: )

Tiens, en parlant de Taki et d'orientation, je t'ai dit qu'elle avait un poste de prof documentaliste dans un petit collège de l'ouest parisien ? Et oui, un peu mal partie avec son bac pro, puis la fac , le CAPES sans problème, le master... Une chouette fille que l'écriture a sauvée !!
Tu peux peut-être trouver un master qui t'intéresse ?

Bon, ben on attend la suite...
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :1) Je comprends, ça se défend tout à fait ;)
2 -3) Flemme ? :lol:
4) Et c'a été prouvé (ou sera vite prouvé) :roll:
5) ♥
6) De rien !
7) Oh, ce serait très sympa cette série de portraits, mais... bien long, oui, j'imagine bien :') Déjà, si on a Yulia et Angora en plus, c'est super (même si j'aurais adoré voir Ashä aussi, je pense que Zahhak l'aurait très bien dessinée) ! Yes, merci, ça va nous aider :lol: Ça se comprend ^-^ Te connaissant, je pense que tu vas trouver une solution ;)
9) D'après le CNRTL : "Caractère d'une personne qui dissimule sa véritable personnalité et affecte, le plus souvent par intérêt, des opinions, des sentiments ou des qualités qu'elle ne possède pas." :lol:
10) Ouiii :D

Exactement ! Tu m'étonnes, ça doit changer, être agréable ^-^

Yes, tu nous teasais depuis un moment, alors c'était bien temps :D Après, j'ai pas non plus eu le sentiment que tu ne voulais rien dévoiler lors des précédents chapitres ^^ Mais donner quelques infos par-ci par-là, au moins politiques, ne peut pas faire de mal non plus je pense.
:twisted:

D'accoudacc ! Oui, haha, c'est vrai :lol: Tu es à combien de mots, là ?
Après, c'est vrai que ça ferait 3 tomes un peu décousus, au rythme pas forcément tip top à chaque fois... C'est vrai que je le vois mieux comme un tome avec 3 parties bien distinctes, mais qui perdent un peu de leur sens et de leur pertinence si elles sont séparées... Ce serait la taille qui ferait peur aux éditeurs, c'est ça ? :? (Après, plusieurs auteurs publiés pour la première fois sont arrivés avec des romans de pas moins de 300 pages et ont été acceptés...)
(Haha, vous allez refaire le Mythe de la Caverne tous les deux :lol: ) Tu as déjà en tête une liste d'éditeurs ? :)
Je vois, je vois, donc trilogie ou duologie !

Alors, les phrases où j'ai pu remarquer l'absence de virgules ne comportaient pas forcément de "et", justement et se contentaient d'une phrase avec un groupe nominal principal, secondé par une proposition subordonnée (oulala, j'ai pas fait de grammaire depuis le collège, je raconte sûrement de grosses bêtises :? ) à qui il manquait une virgule (sachant que tu en avais mis déjà une) ^^

De rien beaucoup !

PS : ah dommage ! Surtout pour 2-3 matières ratées :? M'enfin, l'important, c'est que t'y arrives à un moment :D Et ça te donnera le temps de réfléchir à ce que tu veux faire après, en effet... C'est par manque d'envie que tu ne te vois pas trop en master ? ^^ Et, autrement, il y a des corps de métiers qui t'intéressent déjà ? =D
Je ne désespère toujours pas de lui faire faire le portrait d'Asha XD

Ouip clairement je vais le faire quand je vais relire mes chapitres, et je commence même à la faire quand ça s'y prête dans la première partie que je corrige pour Wattpad :)

En terme de mots j'en suis à... 179.000 environs ^^' c'est beaucoup non :?: J'ai lu quelque part que les romans SFF font entre 90.000 et 125.000 :roll: à priori on partirait sur du 600-800 pages ^^'
Les éditeurs classiques de SFF... je vois mal qui d'autre en voudraient :lol:

Autant pour moi alors ! On revérifiera l'orthographe avec Daniel et, en attendant, j'ouvrirais l’œil !! :evil:

On peut skip cette question ? :lol:
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Marjogch a écrit :Hey hey, super contente de pouvoir enfin te lire avec ce nouveau chapitre. Yulia rentre dans la cour des grands et ça fait beaucoup de choses à retenir pour elle. J'espère qu'elle y arrivera franchement. Je reste toujours prudente avec Taylor mais attendons de voir la suite.

Malgré tout, je n'arrive pas à m'ôter de la tête qu'il joue un double jeu et ce n'est pas la première fois que je te le dis d'ailleurs. Heureusement qu'elle peut compter sur Angora pour veiller sur elle.

J'adore les dessins mais surtout celui de son père. Le personnage créé est magnifique et correspond trop à l'image que j'avais de lui en plus. J'adore l'idée d'agrémenter ton texte de dessins représentant tes personnages et j'ai hâte de voire les autres.

J'ai trouvé ce chapitre faisait une bonne transition dans l'histoire, une pause dans l'enquête pour retrouver Ford et comprendre ce qui se passe. Il démontre les luttes de pouvoir qui ont lieu, et surtout il donne des indices sur le passé de son père. J'ai peur qu'elle soit déçue de certaines révélations malheureusement.

En tout cas, je n'aurai qu'une question. Où est Dick???????? :lol: :lol: :lol:

Continue comme ça, je suis toujours autant fan :D :D :D
Merci beaucoup ! :D
Ah, je vois que Taylor ne te convainc toujours pas :roll: Combien de bébé phoques devra-t-il sauver pour toi ?? :cry:
En vrai, il manque un bon bout d'arc pour Taylor qui explore ses motivations et sa moralité... à la base je voulais le mettre après l'intrigue de la Capitale, mais quand j'ai repris mes volumes on m'a très justement fait remarqué que la seconde partie (à bord de l'Eclat) manquait clairement d'enjeux et de péripétie... donc je vais compléter la seconde partie une fois que je j'aurais fini la capitale en rajoutant des chapitres et une grosse péripétie qui devra répondre aux questions sur Taylor ! Mais du coup dans la partie 3 je tiens compte de choses que je n'ai pas encore écrite, plutôt compliqué ^^' Le flou est encore sur le personnage de Taylor... mais on va en apprendre plus dans le prochain chapitre :p (oui, je commence déjà à le teaser :lol: en vrai il y a des chances pour qu'il arrive vite car je progresse très bien :mrgreen: , mais euh ce n'est pas une promesse)
Toujours au propos de Taylor, j'ai aimé ajouté de l’ambiguïté avec le nouveau segment que j'ai ajouté au chapitre 5 :mrgreen: :mrgreen: (et qui remplace cette lettre vraiment mauvaise)

Moi aussi j'ai vraiment hâte d'en voir d'autres !! :D Je travaille chez Zahhak en ce moment, je vais chez elle et j'écris là-bas comme ça je suis dans une bonne optique de boulot et en plus je la motive et peut la diriger pour ses dessins ^^
Cependant, en aout elle sera très peu disponible et elle aura beaucoup de travail à partir de la rentrée et des dessins qui seront prioritaires sur les miens... quand c'est son boulot, il faut comprends que quand elle retrouve ses amis elle n'ai pas forcément envie de dessiner pour eux ^^
Je lui transmet tes compliments !! :D

Merci beaucoup pour le chapitre !! :D :D Oui, c'est exactement ça, tu as parfait résumé l'esprit du chapitre ^^

Dick est... Dick a des ennuis, ok ? :lol: le pauvre :cry: Il aurait pu vivre une vie heureuse si certains lecteurs ne le réclamaient pas tant :twisted: (roh je suis méchant)

Merci énormément <3
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DanielPagés a écrit :Juste pour laisser une trace de ma lecture ! :lol:
La seule chose qui m'embête c'est de lire par petits morceaux, faut que je loue une pelle mécanique pour aller retrouver au fond de ma mémoire les éléments précédents qui me permettront de comprendre ce que je lis. Ou alors je relis l'épisode précédent. Mais bon, c'est comme ça.
Sinon, c'est sympa, comme toujours. Ce lysandre apporte de l'air frais comme Dick Tales, (tiens où est-il celui-là ?)
Bien utile, la leçon sur l'organisation politique de ce monde et les divers influences et pouvoirs...

Niveau ortho et syntaxe c'est en progrès tous les jours ! ;) Je ne relève même plus les quelque erreurs, il y en a peu et Coline en a déjà pointé quelques-unes, on fera ça à la fin, lorsque tu auras décidé que c'est prêt... Ouais j'ai peur qu'il faille s'enfermer un moment, vu le nombre de pages !! On invitera Coline ! :lol: (ça me rappelle le tome 1 du célèbre duo Taki-Ada que je leur ai corrigé l'an dernier avec ses 1 100 000 signes ec. et beaucoup, beaucoup plus de fautes :lol: )

Tiens, en parlant de Taki et d'orientation, je t'ai dit qu'elle avait un poste de prof documentaliste dans un petit collège de l'ouest parisien ? Et oui, un peu mal partie avec son bac pro, puis la fac , le CAPES sans problème, le master... Une chouette fille que l'écriture a sauvée !!
Tu peux peut-être trouver un master qui t'intéresse ?

Bon, ben on attend la suite...
Tu me laisse plus qu'un trace, dis donc ! :lol: :lol:
Oui, désolé, j'avance assez lentement et c'est segmenté :cry:
Mais vous vous êtes passé le mot pour DIck-Tale ou quoi ? :lol:
Oh, crois-moi, j'ai pas finis les explications sur le fonctionnement du monde :P :P
Il faut surtout remercié Enora pour les correct, elle est vraiment excellente !! Clairement, elle comprend ce que je veux dire et souvent me suggère une correction qui est encore mieux que ce que je voulais écrire à l'origine ! Elle enrichit beaucoup le Temps des Surplombs <3
Clairement on aura besoin de temps :lol: Mais... 1.100.000 signes :shock: :shock: :shock: Whaaaaaaaaaaat theeeeeeeee fuuuuuuuuuuuuck :shock: :shock: :shock: Elles étaient très inspirées :lol:
édit : wait, je viens de me rendre compte que j'en suis à 875.000 moi :? Eh ben ça arrive vite...

Taki était trop adorable sur Booknode :cry: J'aimerais beaucoup la voir en vrai :D Tu sais qu'on s'est vu à Montpellier avec Gaëlle la semaine dernière ? ^^
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

dark-vince a écrit : Il faut surtout remercié Enora pour les correct, elle est vraiment excellente !! Clairement, elle comprend ce que je veux dire et souvent me suggère une correction qui est encore mieux que ce que je voulais écrire à l'origine ! Elle enrichit beaucoup le Temps des Surplombs <3
Clairement on aura besoin de temps :lol: Mais... 1.100.000 signes :shock: :shock: :shock: Whaaaaaaaaaaat theeeeeeeee fuuuuuuuuuuuuck :shock: :shock: :shock: Elles étaient très inspirées :lol:
édit : wait, je viens de me rendre compte que j'en suis à 875.000 moi :? Eh ben ça arrive vite...

Taki était trop adorable sur Booknode :cry: J'aimerais beaucoup la voir en vrai :D Tu sais qu'on s'est vu à Montpellier avec Gaëlle la semaine dernière ? ^^
Je prendrai le temps... ;)
Je sais pas si t'as vu sur Wattpad mais le couple infernal Taki-Ada écrit une montagne de pavés... Il doit y en avoir une dizaine comme celui que j'ai corrigé...
Va falloir travailler à les faire descendre dans le sud... Je les vois en Bretagne normalement ce mois-ci...

Oui, je sais que tu as vu Gaëlle, elle m'a dit !!! J'ai eu une super surprise ce matin sur messenger ! j'en ai encore le sourire ! On a pas mal échangé aujourd'hui. :D


Techniquement, à noter aussi, Coline, l'édition en France compte en signes ec. (espaces comprises) et pas du tout en mots comme aux USA (Word est américain) ou comme les journalistes pour leurs articles de presse.
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DanielPagés a écrit :
dark-vince a écrit : Il faut surtout remercié Enora pour les correct, elle est vraiment excellente !! Clairement, elle comprend ce que je veux dire et souvent me suggère une correction qui est encore mieux que ce que je voulais écrire à l'origine ! Elle enrichit beaucoup le Temps des Surplombs <3
Clairement on aura besoin de temps :lol: Mais... 1.100.000 signes :shock: :shock: :shock: Whaaaaaaaaaaat theeeeeeeee fuuuuuuuuuuuuck :shock: :shock: :shock: Elles étaient très inspirées :lol:
édit : wait, je viens de me rendre compte que j'en suis à 875.000 moi :? Eh ben ça arrive vite...

Taki était trop adorable sur Booknode :cry: J'aimerais beaucoup la voir en vrai :D Tu sais qu'on s'est vu à Montpellier avec Gaëlle la semaine dernière ? ^^
Je prendrai le temps... ;)
Je sais pas si t'as vu sur Wattpad mais le couple infernal Taki-Ada écrit une montagne de pavés... Il doit y en avoir une dizaine comme celui que j'ai corrigé...
Va falloir travailler à les faire descendre dans le sud... Je les vois en Bretagne normalement ce mois-ci...

Oui, je sais que tu as vu Gaëlle, elle m'a dit !!! J'ai eu une super surprise ce matin sur messenger ! j'en ai encore le sourire ! On a pas mal échangé aujourd'hui. :D


Techniquement, à noter aussi, Coline, l'édition en France compte en signes ec. (espaces comprises) et pas du tout en mots comme aux USA (Word est américain) ou comme les journalistes pour leurs articles de presse.
J'en doute pas, en 3 ans sur Booknode elles en ont écrits des collines, alors depuis j'imagine très bien :lol:
Exact, ou alors se trouver un point de rendez-vous qui nous convient tous ^^

Héhé, elle répond plus vite et plus régulièrement que moi ! :lol:

Bien reçu !
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit : Je ne désespère toujours pas de lui faire faire le portrait d'Asha XD

Ouip clairement je vais le faire quand je vais relire mes chapitres, et je commence même à la faire quand ça s'y prête dans la première partie que je corrige pour Wattpad :)

En terme de mots j'en suis à... 179.000 environs ^^' c'est beaucoup non :?: J'ai lu quelque part que les romans SFF font entre 90.000 et 125.000 :roll: à priori on partirait sur du 600-800 pages ^^'
Les éditeurs classiques de SFF... je vois mal qui d'autre en voudraient :lol:

Autant pour moi alors ! On revérifiera l'orthographe avec Daniel et, en attendant, j'ouvrirais l’œil !! :evil:

On peut skip cette question ? :lol:
Ouiii !

Moi, ça me choque pas, mais j'ai pas une logique d'éditeur :lol:
Les romans de SFFF entre 90 000 et 125 000 ??? Je lis pas les mêmes alors ? (ils font tous 400 pages minimum, et pas forcément écrits en petite police :roll: )

DanielPagés a écrit :
Techniquement, à noter aussi, Coline, l'édition en France compte en signes ec. (espaces comprises) et pas du tout en mots comme aux USA (Word est américain) ou comme les journalistes pour leurs articles de presse.
Je retiens ! ;)
DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Et tant que j'y suis, pour rajouter aux unités de mesure de l'éditeur français : une page standard compte 1500 signes ec. qui correspond en moyenne à une page de livre grand format.
Un éditeur hésite à publier un roman trop épais quand il s'agit d'un nouvel auteur. Normal, ça coûte plus cher à la fabrication et la commercialisation, et les lecteurs hésitent à l'acheter. On trouve beaucoup de romans de 400-500 pages chez Bragelonne, avec parution d'un tome tous les ans et si ça se vend, intégrale très rapidement.
Chez les petits éditeurs, un roman très épais est difficilement envisageable et beaucoup ne publient que des 'one shot' ? [Yucca (mon éditeur), par exemple arrête les séries, parce que trop difficile à gérer...]
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DisneyClochette »

Coucou !
Alors, déjà, désolée pour le retard et d'avoir loupé le dernier morceau... Mais j'ai rattrapé mon retard. :D
Ce chapitre 18 est bien plus calme que les autres. Non pas qu'il ne s'y passe rien, loin de là, mais j'ai trouvé la narration moins rythmée. Mais je comprends qu'il est difficile de donner du rythme à la politique. :P ;)

J'ai hâte de voir comment Yulia va s'en tirer quand elle devra jouer son nouveau rôle. Une chose est sûre, elle a une place primordiale dans le plan de Taylor. N'est ce pas une trop grande responsabilité pour une si jeune fille?

Tiens moi au courant de la publication du prochain chapitre !

Bisous
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Marjogch : Sa maman c'est secret, mais son personnage préféré de GoT c'est Brienne de Torth ^^

Daniel : Yop, dans mes cours d'édition à la fac on me démoralise en boucle sur ça ^^'
Du coup avec ta mesure, pour l'instant on en est à 600 pages :o
DisneyClochette a écrit :Coucou !
Alors, déjà, désolée pour le retard et d'avoir loupé le dernier morceau... Mais j'ai rattrapé mon retard. :D
Ce chapitre 18 est bien plus calme que les autres. Non pas qu'il ne s'y passe rien, loin de là, mais j'ai trouvé la narration moins rythmée. Mais je comprends qu'il est difficile de donner du rythme à la politique. :P ;)

J'ai hâte de voir comment Yulia va s'en tirer quand elle devra jouer son nouveau rôle. Une chose est sûre, elle a une place primordiale dans le plan de Taylor. N'est ce pas une trop grande responsabilité pour une si jeune fille?

Tiens moi au courant de la publication du prochain chapitre !

Bisous
Ooooh, mais tu es toute excusée <3 Ne t'en fais pas, moi aussi j'ai été... à distance du forum ces dernières semaines :oops: :roll: :lol:
Oui, c'est compliqué... je crois aussi que j'ai du mal à mettre en place mes setup à des moments différents de l'intrigues, résultat là on est en phase "préparation du plan pour le final" et je me retrouve à caler des grosses tartines d'explication de lore ^^' J'aurais du parler de pleins de choses avant, mais... bon, je reverrais ça quand je corrigerais mon premier jet ^^
Si c'est une grande responsabilité, mais l'enjeu aussi est de transformer un personnage passif (Yulia) en personnage actif... les héros passifs ne sont pas intéressants la plupart du temps ^^
Eh bien, le suivant devrait arriver dans moins d'une heure :p
Merci beaucouuuuuup !!
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Voilà enfin le nouveau chapitre ! Désolé, j'ai vraiment été lent sur ce coup-ci :oops:
Encore une fois merci à Enora pour le passage à la correction ;)
J'avais aussi promis qu'on parlerais des Amiraux mais... eh bien, ne mentons pas : le gros bloc explicatif sur les Amiraux est presque finit d'écrire, mais je dois encore bosser dessus pour le rendre moins indigeste :lol: Personne n'aime les grosses tartines de lore :roll: (bon, ok, moi j'aime trop ça)
Donc, aujourd'hui, vous avez droit à une petite aventure de Taylor et Nadejda :mrgreen: Ne me remerciez pas, c'est cadeaux ^^
Et puis, qui sait ? Il y a peut-être quelques bouts de plot qui s'y cachent ?



Chapitre 19 : Les chiens de guerre.



Au-dessus d'eux passaient en vrombissant trois aéronefs lancés à pleine vitesse. Ils zigzaguèrent entre les lourdes colonnes de fumée crachées par les fabriques impériales, comme s'ils s'exerçaient en vue de manœuvres réelles. Taylor et Nadejda s'immobilisèrent un instant et levèrent la tête. Bientôt, l'ombre d'un Cuirassé recouvrit la rue, plus noire que les cendres dans le ciel.

— C'est le vaisseau de l'Inquisition, reconnut la femme au crâne ras.

— Ils viennent donc de rentrer de Cathuba... Je ne pensais pas que nous aurions tant d'avance.

— Un Cuirassé est lourd, ça consomme énormément de pierres de chauffe. Viral a dû faire escale quelque part pour se ravitailler. Mais à présent il se dirige vers la tour du Sénat...

— Cela ne change rien à nos plans, tempéra le Capitaine de l'Eclat. Un Inquisiteur de plus ou de moins n'a aucune importance. Continuons.

Nadejda tiqua. La petite Yulia ne partagerait pas son avis. On leur avait raconté l'entrevue que la fille de l'Amiral avait eue avec le représentant du Sénat, et elle reconnaissait en son regard le même désir de vengeance qui l'animait. Viral était son Wilhelm.

En contemplant le ventre de la bête d'acier, la renégate hésitait soudain sur ce qu'elle raconterait de retour au bar d'Emy Lynch. Peut-être Taylor souhaiterait-il ne pas en informer la petite... Ce dernier lui fit signe de le suivre et elle mit ses pensées de côté.

Ils marchaient aux abords du fleuve Lazuli et approchaient du quartier des Arsenaux. Les pavés et la pierre des murs se couvraient d'une fine couche de cendre qui, lorsqu'on y posait le pied ou la main, se soulevait pour tournoyer au grès du vent avant de se déposer un peu plus loin. Sous cette pellicule, tout était définitivement tâché et Nadejda comprenait à présent qu'il faudrait dire adieu à au vieux poncho et à la culotte longue qu'elle avait revêtue pour venir là…

Le moindre mouvement de son épaule gauche ravivait ses douleurs lancinantes. Pour soigner sa blessure, Simon avait était un faiseur de miracle, mais il n’y avait malheureusement pas assez de pavots pour tous les blessés et Nadejda avait préféré laisser sa part à d’autres. La douleur l’accompagnait depuis, tel un oiseau sur l’épaule qui, dès qu’il était dérangé, décidait de crier à son oreille. En ce jour, sa maîtresse parvenait à l’ignorer car elle avait sous les yeux des souffrances bien plus glaçantes.

Ici, les gens toussaient et crachaient noir. La faute à ces énormes cheminées, dans l'ombre desquelles s’établissait le quartier, qui déversaient dans l'air une fumée opaque dont les éléments les plus lourds retombaient dans les rues et sur les toits. Les Arsenaux brûlaient des quantités folles de pierres de chauffe, assez pour alimenter les immenses fonderies à métaux et les usines dont sortaient fusils, casques et canons destinés aux armées Impériales.
Nadejda en avait connu de semblables, sur son Surplomb d'origine, à Gimerv, mais si l'Amiral Wilhelm avait le goût de la démesure, il avait aussi celui de l'ordre, ce qui ne semblait nullement être le cas des autorités de la Capitale. Ils n'avaient pas croisé un seul soldat depuis le début de l'après-midi, sans doute ne s'aventuraient-ils pas là où les ouvriers mourraient étouffés par la cendre avant même d'avoir trente ans.

Aux fenêtres, on ne trouvait pas une ouverture qui ne soit pas couverte d'une toile ou d'un rideau. Autour d'eux, les habitants se déplaçaient le visage voilé et la tête vissée dans un grand chapeau noircis. Les vêtements se révélaient amples et hermétiques. Tout était fait pour tenir les cendres loin de la peau. Lorsque l'on croisait un mendiant découvert, on découvrait sur sa peau des brûlures chimiques, des cloques purulentes et des traces de nécroses, tandis que seules ses larmes laissaient des traces plus claires sur sa peau meurtrie.

Nadejda et Taylor s'étaient voilés la tête et portaient des lunettes d'aviateurs solidement collées aux yeux. Quand ils rentreraient, elle insisterait pour faire un détour par un Temple, afin de se frotter la peau.

En attendant, elle regrettait de ne pas avoir enfilé de gants comme son Capitaine.

Ils passèrent sous une arche et avancèrent sur les quais du Lazuli. Les deux anciens Corsaires embarquèrent sur un petit bac qui les emmena sur l'autre rive après une dizaine de minutes à glisser sur le cours sombre et gluant du fleuve. La cendre et les déchets de la combustion des métaux s'accumulaient en une écume grise qui entourait les navigations et grignotait les quais. Nadejda n'avait jamais autant craint de tomber à l'eau.

Finalement, ils dirent adieux au Lazuli et dévalèrent une série d'escaliers qui descendaient sous terre. Là, un réseau d'anciennes caves constituaient une ville sous la ville, relativement épargnée par les cendres. La pilote y reconnut le vieux style impérial qui constituait le quartier, à la différence près qu'ici-bas, les multiples carreaux de céramiques n'étaient pas recouverts et noircis. Ces parois blanches, cependant, avaient souffert du passage du temps. On disait que le quartier avait été abandonné au siècle dernier, au moment de la construction des premiers Arsenaux. Et, en effet, ces caves semblaient être destinées à des gens bien plus distingués que ceux qui rampaient à présent entre ces colonnes sculptées.

L'endroit était un repaire de marginaux comme nul autre. Il s’y tenait une sorte de marché noir des plus hétéroclites où on ne pouvait pas faire trois pas sans interrompre une transaction douteuse. Des enfants malades y déambulaient et on y échangeait sous le manteau de gros rats qu'on passait ensuite à la broche et qu'on faisait griller au brasero. L'odeur, insoutenable, emplissait tout le souterrain.

Cela aurait été un véritable dédale si la plupart des voies n’étaient obstruées par des débris. En effet, les souterrains n’étaient plus entretenus depuis un bon siècle, les éboulements successifs avaient fini par restreindre les chemins à moins d’une dizaine de couloirs. On y avait placé des étançons un peu au hasard afin de stabiliser certains passages. Nadejda ne savait pas si ceux-ci étaient particulièrement efficaces, mais ils semblaient continuer à tenir les galeries debout, à défaut d’en réduire l’effritement ou les infiltrations d’eaux impures.

Taylor se dirigeait, lui, vers une large porte en fer où avait été peinte en couleur de rouille un symbole universellement compris : la chope de bière.

Les deux gros-bras qui gardaient l'entrée du bar laissèrent passer le Sans-nom et sa pilote sans poser de question. A l'intérieur, ils furent invités à se déchausser et enlever leurs ponchos pour ne pas mettre de la cendre partout.



Il s'agissait d'un établissement qui s'était installé dans une antique cave à vin, là où les murs de pierre étaient plus épais et plus solides que les souterrains alentours. Le sol était intégralement couvert de gros tapis en laine alors que du plafond pendaient, au bout de chaînes, de vieilles bouteilles en verre à l'intérieur desquelles brûlaient des bougies, ce qui constituait l'unique éclairage du lieu où la pénombre régnait et où on n’identifiait pas un visage à moins de deux pas.

Un homme à la carrure tordue vint vers eux, vêtu d'un costume en queue de pie, et s'inclina très bas, demandant s'il pouvait leur être utile.

— Nous avons réservé une table avec une amie, la numéro neuf. Est-elle déjà arrivée ?

Il ne répondit pas mais tendit sa paume ouverte. Taylor, sans protester, sortit une drôle de pièce gravée d'un insigne qu'il tendit au bossu. Il la saisit avec les ongles, l'examina un long moment, puis grimaça un sourire.

— Veuillez me suivre, dit-il.

Nadejda suivit son Capitaine. C'était la première fois qu'elle venait en cet endroit, mais elle pensait avoir identifié le lieu que certains pirates appelaient « la dernière Lanterne ». Petits coins sombres et discrets, ces tables semblaient propices aux arrangements secrets, aux pactes mystérieux et aux réunions des plus fameux criminels des Surplombs.

Pour un ancien officier de Marine qui a vécu toute sa vie dans la rigidité rassurante du code de conduite militaire, se retrouver dans un établissement pareil ne devait pas être rassurant... Pourtant, rien ne s'agitait en Nadejda, pas le moindre tremblement de jambe, pas la moindre goutte de sueur le long de la nuque. Ce détachement caractéristique, ce flegme invariable, avait été son seul outil de défense lorsqu'elle était passée en cour martiale. Lorsqu'on a subit la torture, beaucoup de choses n'ont plus d'importance. Si elle avait croisé, dans ce bar clandestin, la trogne du Seigneur Pirate Borov en personne, elle n'aurait sans doute même pas cligné des yeux.

Le bossu les mena un moment, leur fit monter quelques marches biscornues, enjamber une crevasse obscure cachée sous un tapis, contourner un pilier si massif qu'on aurait pu y creuser une salle intérieure, avant qu'enfin il ne leur désigne, de son doigt décharné à l'ongle le plus long, leur table. Celle-ci, placée dans une alcôve grossièrement taillée, était sculptée dans la souche d'un chêne massif dont les racines constituaient les pieds. Assise contre la pierre, sur un formidable amas de coussins, se tenait une femme au teint cuivré dans une tenue ample qui laissait ses formes indistinctes. Devant elle se balançait, au bout de sa chaîne, une bouteille verdâtre dont la bougie se noyait lentement dans sa vieille cire.

— Bonjour, Pistache, salua le Capitaine de l’Eclat, je te présente ma pilote, Nadejda.

Un rapide coup d’œil lui fut adressé. Une précision chirurgicale. Une indifférence absolue.

— Asseyez-vous, les invita-t-elle en remuant le menton.

Taylor prit ses aises et invita Nadejda à en faire de même.

La dénommée Pistache s’était déjà fait servir une pinte de bière noire. Elle attendit qu’ils aient également commandé quelque chose pour prendre la parole.

— Je dois dire que je ne m’attendais pas à te revoir de sitôt à la Capitale, Taylor.

Il haussa les épaules.

— Certaines circonstances m’ont forcé la main. J’aurais préféré éviter mais, tu sais, la vie nous impose parfois une voie.

Elle souleva un sourcil.

— J’admire ton flegme, peu de personnes oseraient se montrer aussi insouciantes après avoir tiré sur le fils d’un patron de la pègre.

— Cela fait bien cinq ans, de l’eau a dû couler sous les ponts…

— Il a perdu un œil par ta balle.

— D’accord, je peux admettre qu’il soit ronchon.

— Il n’est pas seulement ronchon, Taylor !

Elle levait les yeux au ciel, mimait l’outrage, mais Nadjeda comprenait bien que c’était un jeu qui l’amusait et, qu’au fond, elle était aussi indifférente que le Capitaine. Ou peut-être que Taylor feignait-il seulement d’être indifférent ? Elle ne savait jamais avec lui, même après deux ans à piloter pour l’Eclat.

— Japhet a juré ta mort, reprit Pistache. Les hommes de son père contrôlent tout le quartier des Hurleuses et il dispose de sa propre petite milice : une quarantaine de gars qu’il a fait sortir de taule par je-ne-sais-quelle astuce et qui jouent les gros bras pour son compte. S’il apprend que tu es dans le coin, attends-toi à une visite plus que musclée. Capiche ?

— Bien reçu. Mais ne t’en fais pas : la ville est immense et je sais me faire discret.

Ça, Nadejda en doutait manifestement autant que Pistache.

— Ton pote l’Ātoli s’est fait remarquer dans les quartiers Nord, il remue pas mal de merde pour retrouver un type. Fais attention : même si je doute que les gens sachent qu’il a rejoint ton équipage, votre vieille amitié est tout de même connue. Et il n’arrive pas de bonnes choses aux amis d’un gars dont la moitié de la pègre veut la peau.

— Kentaro sait prendre soin de lui, je ne m’inquiète pas. Et toi ? Tu n’as pas peur que m’aider te cause des ennuis ?

Elle avait une poche près du cœur et elle y porta deux doigts de la main alors qu’elle répondait :

— Moi, j’ai des protecteurs puissants, et ça Japhet le sait. L’immunité, dans les bas-fonds, ça s’achète. Quel dommage que ton Amiral ne soit plus là…

— Je vais le retrouver, jura-t-il. Mais pour arriver jusqu’au Nouveau Monde, il me faut renforcer l’Eclat. On m’a dit que tu étais la personne qu’il me fallait.

Elle reposa sa pinte –vidée– et sourit, découvrant deux canines en argent.

— On m’a parlé de ce que tu recherches, oui… et il se trouve que j’ai une offre qui risque fort de t’intéresser.

— Quelle est-elle ?

Elle haussa les épaules et désigna sa pinte asséchée, l’air ennuyée.

— Je pensais que tu me paierais au moins une bière…

Taylor soupira, mais ils appelèrent le bossu et passèrent commande.

Pistache vida son verre en trois traits et se tapa sur le ventre.

— Eh bien, allons-y !

Pas un de ses deux interlocuteurs n’avait ne serait-ce qu’entamé sa boisson, mais Taylor ne comptait pas passer à côté de l’occasion. Ils se levèrent de concert.

Nadejda remarqua tout de même que leur interlocutrice utilisait surtout la force de ses bras pour se mettre debout, comme si elle n’avait pas confiance à ses jambes. Elle crut tout d’abord qu’elle avait trop bu, mais en compris la véritable raison lorsqu’ils quittèrent l’alcôve. Sous la lourde cape et la robe qui constituaient le vêtement anti-cendre adapté au quartier, Pistache portait un pantalon déchiré de la marine aux couleurs bleus et argents qui lui tombait jusqu’à la cheville gauche mais s’arrêtait au-dessus du genou droit, là où une lourde prothèse mécanique remplaçait le pied qu’elle avait perdu.

C’était très léger, mais elle boitait. Nadejda connaissait ce genre de mécanisme et aurait pu se proposer de resserrer les pièces branlantes et de re-huiler les engrenages, mais elle se retint par politesse. Il est des femmes qui entendent conserver les apparences.
Elle renfila son manteau et se coiffa d’un large chapeau en osier sur lequel elle drapait un grand voile noir qui lui tombait ensuite tout autour de la tête et la cachait aux regards. Ils l’imitèrent en enfilant leurs gants, leurs écharpes et leurs lunettes de pilotages.

Pistache n’eut pas besoin d’être guidée par le bossu pour quitter la dernière Lanterne. C’était comme si elle connaissait parfaitement la maison. Ils ne sortirent pas par l’entrée principale, d’ailleurs, mais passèrent derrière un rideau qui les conduisit dans un couloir dérobé où un jeune groom, à la vue de la femme en noir, n’hésita pas trois secondes avant de leur ouvrir une lourde porte en métal qui donnait sur une galerie obscure.

Nadejda s’interrogeait à peine sur l’absence de lumière que Pistache allumait une longue pipe avec son briquet à silex et commençait à fumer. Le groom confia sa chandelle à Taylor, comme s’il savait que leur guide aurait refusé de la porter elle-même. Elle lui laissa cependant un discret pourboire, glissé si furtivement que la renégate douta avoir bien vu.

— Salue ton patron de ma part et remercie-le pour le premier verre, lui dit-elle avant d’entraîner le Capitaine de l’Eclat et son pilote dans l’insondable des galeries du quartier des Arsenaux.

Ils marchèrent sur une bonne demi-heure, le dos voûté dans des galeries grossièrement taillées dont on devinait la clandestinité. Le pied mécanique, tel une horloge, tapait la pierre dans un bruit sec. Tous les trois coups, Pistache inspirait à plein poumon et tirait sur sa pipe. Elle passait les deux coups suivant à expirer et savourer l’arôme du tabac que ni Taylor ni Nadejda ne pouvaient supporter.

— Vous êtes une pilote, c’est ça ? l’interpella soudain la boiteuse. Formée à quelle Académie ?

Elle répondit du tac-au-tac :

— Gimerv, madame.

— Une pilote de l’Amiral Wilhelm, hum ? J’ai été pilote dans ma jeunesse, moi aussi, mais j’ai appris en autodidacte. Je ne m’en tirais pas trop mal ! Demande au benêt qui t’accompagne, c’est moi qui lui ai appris à voler.

Taylor tira un sourire nostalgique.

— Pistache pilotait un sloop qui nous a servi à faire quelques petits coups du temps où on faisait équipe avec Japhet…

L’ancienne pilote qui les guidait à présent ne se retourna pas, ne ralentit pas le rythme de sa marche, mais haussa tout de même le ton :

— Comment ça, des petits coups ? Et la prison-forteresse alors ? Et Fänpost ? C’était pas rien, tout de même !

— Bon d’accord, s’amusa Taylor, peut-être qu’on a fait quelques gros coups ensemble !

— Vous avez fait équipe longtemps ? demanda Nadejda sur le ton de la conversation.

— Environ trois ans. Jusqu’à ce que je perde ma jambe et que les deux abrutis décident de se tirer dessus.

— Comment est-ce arrivé ?

Elle donnait simplement la réplique et ne savait pas au juste si elle demandait la cause de la brouille entre Taylor et Japhet ou les circonstances de l’amputation de Pistache. Celle-ci choisit de parler pour elle-même :

— Je me suis écrasée, dans les cavernes de Torth’uggram, alors que je transportais de la contrebande. Une embuscade classique : ils savaient que j’arrivais avec des marchandises convoitées et ils m’ont tendus attendus. J’ai survécu mais ma jambe s’est coincée sous une poutre et je suis restée inconsciente jusqu’à ce que les gars de Ravachol me tirent de là. Toute ma cargaison avait disparu et ma jambe a développé une nécrose. Il a fallu amputer.

— Un sale coup, commenta Taylor.

— Un sale coup, accorda Pistache, mais assurément un coup prévisible. Ça a été une dure leçon, mais j’en ai tiré trois principes : premièrement, ne jamais faire les livraisons moi-même…

Soudain, la lanterne dessina les contours d’une grande porte, sombre et massive. Il n’y avait nulle serrure, seulement un disque mécanique qui permettait d’entrer des chiffres.

— Second principe : ne pas étaler trop ouvertement mon activité de contrebandière. Mieux vaut entretenir une petite clientèle de connaisseurs qu’un large panel d’idiots qui beuglent aux quatre vents.

Elle connaissait manifestement le code, mais sa main leste alla trop vite pour qu’ils puissent l’identifier. Le panneau pivota comme s’il avait pesé le poids d’une simple feuille alors qu’il s’avérait être constitué de six couches massives d’aciers. Dans quel genre de coffre-fort pénétraient-ils exactement ?

— Troisième principe : voler des marchandises qui n’intéressent pas les petites-frappes.



Il s’ouvrit devant eux une caverne baignant dans une douce lumière chaude. Le repère de Pistache : un entrepôt clandestin. Il y avait là tout un tas de grosses caisses, empilées par ordre de taille et formant une allée biscornue.

Les quelques gardes qui étaient de service s’éveillèrent en catastrophe et attrapèrent leurs fusils. Nadejda en compta onze. Mais ils bossaient manifestement pour Pistaches et se détendirent quand ils la virent s’avancer.

— Je ne fournis plus les mafieux et les brigands : ils sont trop versatiles, trop peu discrets… Mon business est à présent plus haut de gamme et mes clients sont aussi diversifiés que riches. Mais aucun d’entre-eux ne pourrait obtenir ce qu’il souhaite chez les marchands légaux.

Elle entrouvrit l’une des caisses, sur leur chemin. Entre les planches reposaient des uniformes de marine, aux couleurs noir et or de l’Amiral Shaz.

— Peu de contrebandiers peuvent se vanter de mettre la main sur ce genre de choses. Si tu prévois un détour par Farø, n’hésite pas : c’est cher, mais tu pourras te faire passer pour un militaire tant que tu n’ouvres pas la bouche.

— Très tentant, mais ce n’est pas le programme. A moins que tu n’aies de quoi nous faire passer pour des Sénateurs, on va laisser tomber les déguisements.

— A ta guise, dit-elle en refermant la caisse. J’imagine qu’on passe directement au plat de résistance ?

Taylor acquiesça et la boiteuse se dirigea vers le fond de la caverne où deux lanternes faiblardes éclairaient une bâche qui couvrait un objet volumineux, haut d’un mètre et demi, deux fois plus large et sanglé au sol comme s’il allait s’envoler. Un néophyte aurait pu s’interroger des heures sans trouver de réponse à cette énigme. Nadejda, elle, l’avait résolue au premier coup d’œil.

Lorsque Pistache libéra les sangles et renversa la bâche, le cœur de la renégate battait plus vite encore que le jour où ils s’étaient échappés de Cathuba.

— C’est un vieux modèle, exposa Pistache, il avait été volé aux armées Impériales et personnalisé un temps par des pirates avant d’être récupéré dans le raid de Kraoy l’année passée. Il devait être renvoyé aux hangars de Tenoch… mais un officier s’est laissé corrompre et on l’a récupéré ici.

Nadejda souriait telle une sainte sur les gravures d’un Temple. Un aéronef !

Son fin fuselage en acier s’élançait tel un fauve, flanqué de deux ailes prêtes à être déployées. Sa cabine pouvait accueillir un pilote et disposait d’un second siège qui pouvait abriter un tireur. Cependant, aux manettes on distinguait sans mal les gâchettes qui servaient à enclencher les deux mitrailleuses latérales. Le moteur, placé à l’avant, entrainait une hélice dont les derniers modèles se passaient bien, mais un petit rigolo avait dessiné sur le nez de l’appareil les terribles crocs d’un lion de Thäma.

C’était un chasseur UK-37, le modèle le plus produits par les chantiers de Gimerv au temps de l’Empereur Karel Donar Liorr. Il était passé de mains en mains, modifié par plus d’un mécano, mais en possédait toujours les qualités intrinsèques. Elle avait appris à piloter sur une de ces merveilles.

Elle tourna la tête vers son Capitaine.

— Taylor…

— Ne dis rien. J’y tiens. Je n’ai pas embarqué une pilote dans l’équipage pour qu’elle se tourne les pouces et me tienne la barre !

Elle se souvenait, en effet, de sa rencontre avec le Sans-Nom, sur le Surplomb libre de Saqqarah. Il lui avait offert le pardon de Ford et il lui avait dit : « Si tu nous suis, tu voleras à nouveau. » Ces mots traînaient dans un coin de sa tête depuis ce jour. Elle y repensait parfois, les caressait comme un espoir lointain. Mais à présent, voilà qu’il lui offrait…

— Je ne peux pas accepter, c’est trop…

— Eh bien, ce n’est plus à discuter : je l’achète pour l’Eclat. Käsh travaille sur une grande trappe, à l’arrière du pont de batterie, pour qu’on puisse accueillir cette petite merveille. Il ne nous manque plus qu’une pilote…

Elle sourit et goûta le jeu :

— Je croyais que l’Eclat avait déjà un pilote. J’ai été engagée comme mécano, non ?

— On dirait qu’on a à présent davantage besoin d’une pilote que d’une mécanicienne. Que dirais-tu de changer de poste ?

— J’en dis que j’ai le profil. Et que je suis prête à reprendre du service.

La transaction fut conclue.

Alors que Pistache les raccompagnait en leur assurant que l’Aéronef serait livré à l’Eclat en deux jours, Taylor prit son ancienne amie par les épaules et sembla se confier :

— Je suis heureux que tu ailles bien, sincèrement.

— Tu ne devrais pas t’inquiéter pour une ancienne partenaire, j’ai changé depuis l’époque où nous faisions équipe… Mais tu seras toujours le bienvenu chez moi, tant que tu restes du bon côté de l’échiquier.

Nadejda tiqua… et manifestement son Capitaine fit de même.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

Pistache se dégagea doucement de son étreinte.

— Je t’ai dit que j’avais des protecteurs. Ce ne sont pas n’importe qui.

Elle porta la main à la petite poche qu’elle avait près du cœur. Ses deux doigts se saisirent d’une bague, qu’elle passa à son majeur. Le bijou était frappé d’un symbole particulier : un renard blanc, flanqué de deux sabres. Nadejda était certaine d’avoir déjà vu cet emblème quelque part.

Pistache leur offrit un sourire malicieux :

— Tant que tu feras le jeu de mon Amiral, tu pourras compter sur ma contrebande. Prends soin de toi, Taylor, essaye de ne pas mourir pas trop vite.

Elle disparut derrière sa porte en acier, laissant Taylor à sa confusion.


à suivre...
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 19 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Marjogch a écrit :Alors toi, tu as le chic pour nous laisser sur notre faim et arrêter ton histoire au pire moment :lol: :lol: :lol: .

Bref, je ne polémiquerai pas mais quand même. En tout cas, je suis contente de te retrouver et de pouvoir continuer la lecture. J'ai beaucoup aimé ce nouveau chapitre. Le personnage de Pistache est énigmatique, nous permettant d'en découvrir un peu plus sur Taylor, mais ouvrant aussi la voie à de nouvelles questions, sur son passé.

Comme j'ai décidé de ne pas le condamner trop vite, j'attends de voir comment tout ceci va évoluer :D :D .

J'aime beaucoup la mécanicienne/pilote également, qu'on découvre plutôt sensible, traînant son passé derrière elle. C'est appréciable de la voir un peu plus et de la découvrir.

Bon, maintenant il ne reste qu'à attendre sagement la suite des aventures pour tenter de répondre à toutes mes questions en attente. Des bisouuus et vive la suite.

PS: où est Dick??? (je sens que je vais te la poser à chaque fois :lol: )
PSS: moi dans GOT, mon perso préféré est Cercei.... Elle est trop trop énoooorme je l'adore :D :D
Je suis désolé, il faut que j'arrête de faire ça :lol: Mais bon, la scène était terminée ^^ vous en comprendrez un peu plus dans le chapitre suivant ;) qui, d'ailleurs, avance vraiment très bien :D

Je suis vraiment content que tu apprécie Nadejda ! Jusqu'à présent je restais très en dehors de son point de vue... et l'adopter rend vraiment quelque chose de fort !

Promis, la suite arrive vite ^^
Merci beaucoup !!
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit :Voilà enfin le nouveau chapitre ! Désolé, j'ai vraiment été lent sur ce coup-ci :oops:
Encore une fois merci à Enora pour le passage à la correction ;)
J'avais aussi promis qu'on parlerais des Amiraux mais... eh bien, ne mentons pas : le gros bloc explicatif sur les Amiraux est presque finit d'écrire, mais je dois encore bosser dessus pour le rendre moins indigeste :lol: Personne n'aime les grosses tartines de lore :roll: (bon, ok, moi j'aime trop ça)
Donc, aujourd'hui, vous avez droit à une petite aventure de Taylor et Nadejda :mrgreen: Ne me remerciez pas, c'est cadeaux ^^
Et puis, qui sait ? Il y a peut-être quelques bouts de plot qui s'y cachent ?



Chapitre 19 : Les chiens de guerre.



Au-dessus d'eux passaient en vrombissant trois aéronefs lancés à pleine vitesse. Ils zigzaguèrent entre les lourdes colonnes de fumée crachées par les fabriques impériales, comme s'ils s'exerçaient en vue de manœuvres réelles. Taylor et Nadejda s'immobilisèrent un instant et levèrent la tête. Bientôt, l'ombre d'un Cuirassé recouvrit la rue, plus noire que les cendres dans le ciel.

— C'est le vaisseau de l'Inquisition, reconnut la femme au crâne ras.

— Ils viennent donc de rentrer de Cathuba... Je ne pensais pas que nous aurions tant d'avance.

— Un Cuirassé est lourd, ça consomme énormément de pierres de chauffe. Viral a dû faire escale quelque part pour se ravitailler. Mais à présent il se dirige vers la tour du Sénat...

— Cela ne change rien à nos plans, tempéra le Capitaine de l'Eclat. Un Inquisiteur de plus ou de moins n'a aucune importance. Continuons.

Nadejda tiqua. La petite Yulia ne partagerait pas son avis. On leur avait raconté l'entrevue que la fille de l'Amiral avait eue avec le représentant du Sénat, et elle reconnaissait en son regard le même désir de vengeance qui l'animait. Viral était son Wilhelm.

En contemplant le ventre de la bête d'acier, la renégate hésitait soudain sur ce qu'elle raconterait de retour au bar d'Emy Lynch. Peut-être Taylor souhaiterait-il ne pas en informer la petite... Ce dernier lui fit signe de le suivre et elle mit ses pensées de côté.

Ils marchaient aux abords du fleuve Lazuli et approchaient du quartier des Arsenaux. Les pavés et la pierre des murs se couvraient d'une fine couche de cendre qui, lorsqu'on y posait le pied ou la main, se soulevait pour tournoyer au grès du vent avant de se déposer un peu plus loin. Sous cette pellicule, tout était définitivement tâché :arrow: taché sans accent ;) "tâché" vient de "tâche", une "action", "un devoir" et Nadejda comprenait à présent qu'il faudrait dire adieu à au vieux poncho et à la culotte longue qu'elle avait revêtue pour venir là…

Le moindre mouvement de son épaule gauche ravivait ses douleurs lancinantes. Pour soigner sa blessure, Simon avait était :arrow: été un faiseur de miracle, mais il n’y avait malheureusement pas assez de pavots pour tous les blessés et Nadejda avait préféré laisser sa part à d’autres. La douleur l’accompagnait depuis, tel un oiseau sur l’épaule qui, dès qu’il était dérangé, décidait de crier à son oreille. En ce jour, sa maîtresse parvenait à l’ignorer car elle avait sous les yeux des souffrances bien plus glaçantes. :arrow: J'ai beaucoup aimé ce passage avec la personnification de la douleur, très bien trouvé ;)

Ici, les gens toussaient et crachaient noir. La faute à ces énormes cheminées, dans l'ombre desquelles s’établissait le quartier, qui déversaient dans l'air une fumée opaque dont les éléments les plus lourds retombaient dans les rues et sur les toits. Les Arsenaux brûlaient des quantités folles de pierres de chauffe, assez pour alimenter les immenses fonderies à métaux et les usines dont sortaient fusils, casques et canons destinés aux armées Impériales.
Nadejda en avait connu de semblables, sur son Surplomb d'origine, à Gimerv, mais si l'Amiral Wilhelm avait le goût de la démesure, il avait aussi celui de l'ordre, ce qui ne semblait nullement être le cas des autorités de la Capitale. Ils n'avaient pas croisé un seul soldat depuis le début de l'après-midi, sans doute ne s'aventuraient-ils pas là où les ouvriers mourraient étouffés par la cendre avant même d'avoir trente ans.

Aux fenêtres, on ne trouvait pas une ouverture qui ne soit pas couverte d'une toile ou d'un rideau. Autour d'eux, les habitants se déplaçaient le visage voilé et la tête vissée dans un grand chapeau noircis :arrow: noici. Les vêtements se révélaient amples et hermétiques. Tout était fait pour tenir les cendres loin de la peau. Lorsque l'on croisait un mendiant découvert, on découvrait :arrow: répétition ^^ sur sa peau des brûlures chimiques, des cloques purulentes et des traces de nécroses, tandis que seules ses larmes laissaient des traces plus claires sur sa peau meurtrie.

Nadejda et Taylor s'étaient voilés la tête et portaient des lunettes d'aviateurs solidement collées aux yeux. Quand ils rentreraient, elle insisterait pour faire un détour par un Temple, afin de se frotter la peau.

En attendant, elle regrettait de ne pas avoir enfilé de gants comme son Capitaine.

Ils passèrent sous une arche et avancèrent sur les quais du Lazuli. Les deux anciens Corsaires embarquèrent sur un petit bac qui les emmena sur l'autre rive après une dizaine de minutes à glisser sur le cours sombre et gluant du fleuve. La cendre et les déchets de la combustion des métaux s'accumulaient en une écume grise qui entourait les navigations et grignotait les quais. Nadejda n'avait jamais autant craint de tomber à l'eau. :arrow: Tu m'étonnes, ma pauvre brrr N'empêche, très bien décrit ce fleuve, comme le reste du quartier, d'ailleurs, t'es toujours aussi doué pour ça ;)

Finalement, ils dirent adieux au Lazuli et dévalèrent une série d'escaliers qui descendaient sous terre. Là, un réseau d'anciennes caves constituaient une ville sous la ville, relativement épargnée par les cendres. La pilote y reconnut le vieux style impérial qui constituait le quartier, à la différence près qu'ici-bas, les multiples carreaux de céramiques n'étaient pas recouverts et noircis. Ces parois blanches, cependant, avaient souffert du passage du temps. On disait que le quartier avait été abandonné au siècle dernier, au moment de la construction des premiers Arsenaux. Et, en effet, ces caves semblaient être destinées à des gens bien plus distingués que ceux qui rampaient à présent entre ces colonnes sculptées.

L'endroit était un repaire de marginaux comme nul autre. Il s’y tenait une sorte de marché noir des plus hétéroclites où on ne pouvait pas faire trois pas sans interrompre une transaction douteuse. Des enfants malades y déambulaient et on y échangeait sous le manteau de gros rats qu'on passait ensuite à la broche et qu'on faisait griller au brasero. L'odeur, insoutenable, emplissait tout le souterrain.

Cela aurait été un véritable dédale si la plupart des voies n’étaient obstruées par des débris. En effet, les souterrains n’étaient plus entretenus depuis un bon siècle, les éboulements successifs avaient fini par restreindre les chemins à moins d’une dizaine de couloirs. On y avait placé des étançons un peu au hasard afin de stabiliser certains passages. Nadejda ne savait pas si ceux-ci étaient particulièrement efficaces, mais ils semblaient continuer à tenir les galeries debout, à défaut d’en réduire l’effritement ou les infiltrations d’eaux impures.

Taylor se dirigeait, lui, vers une large porte en fer où avait été peinte en couleur de rouille un symbole universellement compris : la chope de bière.

Les deux gros-bras qui gardaient l'entrée du bar laissèrent passer le Sans-nom et sa pilote sans poser de question. A l'intérieur, ils furent invités à se déchausser et enlever leurs ponchos pour ne pas mettre de la cendre partout.



Il s'agissait d'un établissement qui s'était installé dans une antique cave à vin, là où les murs de pierre étaient plus épais et plus solides que les souterrains alentours. Le sol était intégralement couvert de gros tapis en laine alors que du plafond pendaient, au bout de chaînes, de vieilles bouteilles en verre à l'intérieur desquelles brûlaient des bougies, ce qui constituait l'unique éclairage du lieu où la pénombre régnait et où on n’identifiait pas un visage à moins de deux pas.

Un homme à la carrure tordue vint vers eux, vêtu d'un costume en queue de pie, et s'inclina très bas, demandant s'il pouvait leur être utile.

— Nous avons réservé une table avec une amie, la numéro neuf. Est-elle déjà arrivée ?

Il ne répondit pas mais tendit sa paume ouverte. Taylor, sans protester, sortit une drôle de pièce gravée d'un insigne qu'il tendit au bossu. Il la saisit avec les ongles, l'examina un long moment, puis grimaça un sourire.

— Veuillez me suivre, dit-il.

Nadejda suivit son Capitaine. C'était la première fois qu'elle venait en cet endroit, mais elle pensait avoir identifié le lieu que certains pirates appelaient « la dernière Lanterne ». Petits coins sombres et discrets, ces tables semblaient propices aux arrangements secrets, aux pactes mystérieux et aux réunions des plus fameux criminels des Surplombs.

Pour un ancien officier de Marine qui a vécu toute sa vie dans la rigidité rassurante du code de conduite militaire, se retrouver dans un établissement pareil ne devait pas être rassurant... Pourtant, rien ne s'agitait en Nadejda, pas le moindre tremblement de jambe, pas la moindre goutte de sueur le long de la nuque. Ce détachement caractéristique, ce flegme invariable, avait été son seul outil de défense lorsqu'elle était passée en cour martiale. Lorsqu'on a subit :arrow: subi la torture, beaucoup de choses n'ont plus d'importance. Si elle avait croisé, dans ce bar clandestin, la trogne du Seigneur Pirate Borov en personne, elle n'aurait sans doute même pas cligné des yeux.

Le bossu les mena un moment, leur fit monter quelques marches biscornues, enjamber une crevasse obscure cachée sous un tapis, contourner un pilier si massif qu'on aurait pu y creuser une salle intérieure, avant qu'enfin il ne leur désigne, de son doigt décharné à l'ongle le plus long, leur table. Celle-ci, placée dans une alcôve grossièrement taillée, était sculptée dans la souche d'un chêne massif dont les racines constituaient les pieds. Assise contre la pierre, sur un formidable amas de coussins, se tenait une femme au teint cuivré dans une tenue ample qui laissait ses formes indistinctes. Devant elle se balançait, au bout de sa chaîne, une bouteille verdâtre dont la bougie se noyait lentement dans sa vieille cire.

— Bonjour, Pistache, salua le Capitaine de l’Eclat, je te présente ma pilote, Nadejda.

Un rapide coup d’œil lui fut adressé. Une précision chirurgicale. Une indifférence absolue.

— Asseyez-vous, les invita-t-elle en remuant le menton.

Taylor prit ses aises et invita Nadejda à en faire de même.

La dénommée Pistache s’était déjà fait servir une pinte de bière noire. Elle attendit qu’ils aient également commandé quelque chose pour prendre la parole.

— Je dois dire que je ne m’attendais pas à te revoir de sitôt à la Capitale, Taylor.

Il haussa les épaules.

— Certaines circonstances m’ont forcé la main. J’aurais préféré éviter mais, tu sais, la vie nous impose parfois une voie.

Elle souleva un sourcil.

— J’admire ton flegme, peu de personnes oseraient se montrer aussi insouciantes après avoir tiré sur le fils d’un patron de la pègre.

— Cela fait bien cinq ans, de l’eau a dû couler sous les ponts…

— Il a perdu un œil par ta balle.

— D’accord, je peux admettre qu’il soit ronchon.

— Il n’est pas seulement ronchon, Taylor !

Elle levait les yeux au ciel, mimait l’outrage, mais Nadjeda comprenait bien que c’était un jeu qui l’amusait et, qu’au fond, elle était aussi indifférente que le Capitaine. Ou peut-être que Taylor feignait-il seulement d’être indifférent ? Elle ne savait jamais avec lui, même après deux ans à piloter pour l’Eclat.

— Japhet a juré ta mort, reprit Pistache. Les hommes de son père contrôlent tout le quartier des Hurleuses et il dispose de sa propre petite milice : une quarantaine de gars qu’il a fait sortir de taule par je-ne-sais-quelle astuce et qui jouent les gros bras pour son compte. S’il apprend que tu es dans le coin, attends-toi à une visite plus que musclée. Capiche ?

— Bien reçu. Mais ne t’en fais pas : la ville est immense et je sais me faire discret.

Ça, Nadejda en doutait manifestement autant que Pistache.

— Ton pote l’Ātoli s’est fait remarquer dans les quartiers Nord, il remue pas mal de merde pour retrouver un type. Fais attention : même si je doute que les gens sachent qu’il a rejoint ton équipage, votre vieille amitié est tout de même connue. Et il n’arrive pas de bonnes choses aux amis d’un gars dont la moitié de la pègre veut la peau.

— Kentaro sait prendre soin de lui, je ne m’inquiète pas. Et toi ? Tu n’as pas peur que m’aider te cause des ennuis ?

Elle avait une poche près du cœur et elle y porta deux doigts de la main alors qu’elle répondait :

— Moi, j’ai des protecteurs puissants, et ça Japhet le sait. L’immunité, dans les bas-fonds, ça s’achète. Quel dommage que ton Amiral ne soit plus là…

— Je vais le retrouver, jura-t-il. Mais pour arriver jusqu’au Nouveau Monde, il me faut renforcer l’Eclat. On m’a dit que tu étais la personne qu’il me fallait.

Elle reposa sa pinte –vidée– et sourit, découvrant deux canines en argent.

— On m’a parlé de ce que tu recherches, oui… et il se trouve que j’ai une offre qui risque fort de t’intéresser.

— Quelle est-elle ?

Elle haussa les épaules et désigna sa pinte asséchée, l’air ennuyée.

— Je pensais que tu me paierais au moins une bière…

Taylor soupira, mais ils appelèrent le bossu et passèrent commande. :arrow: Mais ils ont passé commande juste avant... ce sont des trous noirs à alcool :lol:

Pistache vida son verre en trois traits et se tapa sur le ventre.

— Eh bien, allons-y !

Pas un de ses deux interlocuteurs n’avait ne serait-ce qu’entamé sa boisson, mais Taylor ne comptait pas passer à côté de l’occasion. Ils se levèrent de concert.

Nadejda remarqua tout de même que leur interlocutrice utilisait surtout la force de ses bras pour se mettre debout, comme si elle n’avait pas confiance à :arrow: en ses jambes. Elle crut tout d’abord qu’elle avait trop bu, mais en compris :arrow: compriT la véritable raison lorsqu’ils quittèrent l’alcôve. Sous la lourde cape et la robe qui constituaient le vêtement anti-cendre adapté au quartier, Pistache portait un pantalon déchiré de la marine aux couleurs bleus et argents qui lui tombait jusqu’à la cheville gauche mais s’arrêtait au-dessus du genou droit, là où une lourde prothèse mécanique remplaçait le pied qu’elle avait perdu.

C’était très léger, mais elle boitait. Nadejda connaissait ce genre de mécanisme et aurait pu se proposer de resserrer les pièces branlantes et de re-huiler les engrenages, mais elle se retint par politesse. Il est des femmes qui entendent conserver les apparences.
Elle renfila son manteau et se coiffa d’un large chapeau en osier sur lequel elle drapait un grand voile noir qui lui tombait ensuite tout autour de la tête et la cachait aux regards. Ils l’imitèrent en enfilant leurs gants, leurs écharpes et leurs lunettes de pilotages.

Pistache n’eut pas besoin d’être guidée par le bossu pour quitter la dernière Lanterne. C’était comme si elle connaissait parfaitement la maison. Ils ne sortirent pas par l’entrée principale, d’ailleurs, mais passèrent derrière un rideau qui les conduisit dans un couloir dérobé où un jeune groom, à la vue de la femme en noir, n’hésita pas trois secondes avant de leur ouvrir une lourde porte en métal qui donnait sur une galerie obscure.

Nadejda s’interrogeait à peine sur l’absence de lumière que Pistache allumait une longue pipe avec son briquet à silex :arrow: Y'a pas un souci avec cette phrase ? :geek: et commençait à fumer. Le groom confia sa chandelle à Taylor, comme s’il savait que leur guide aurait refusé de la porter elle-même. Elle lui laissa cependant un discret pourboire, glissé si furtivement que la renégate douta avoir bien vu.

— Salue ton patron de ma part et remercie-le pour le premier verre, lui dit-elle avant d’entraîner le Capitaine de l’Eclat et son pilote dans l’insondable des galeries du quartier des Arsenaux.

Ils marchèrent sur une bonne demi-heure, le dos voûté dans des galeries grossièrement taillées dont on devinait la clandestinité. Le pied mécanique, tel une horloge, tapait la pierre dans un bruit sec. Tous les trois coups, Pistache inspirait à plein poumon et tirait sur sa pipe. Elle passait les deux coups suivant à expirer et savourer l’arôme du tabac que ni Taylor ni Nadejda ne pouvaient supporter.

— Vous êtes une pilote, c’est ça ? l’interpella soudain la boiteuse. Formée à quelle Académie ?

Elle répondit du tac-au-tac :

— Gimerv, madame.

— Une pilote de l’Amiral Wilhelm, hum ? J’ai été pilote dans ma jeunesse, moi aussi, mais j’ai appris en autodidacte. Je ne m’en tirais pas trop mal ! Demande au benêt qui t’accompagne, c’est moi qui lui ai appris à voler.

Taylor tira un sourire nostalgique.

— Pistache pilotait un sloop qui nous a servi à faire quelques petits coups du temps où on faisait équipe avec Japhet…

L’ancienne pilote qui les guidait à présent ne se retourna pas, ne ralentit pas le rythme de sa marche, mais haussa tout de même le ton :

— Comment ça, des petits coups ? Et la prison-forteresse alors ? Et Fänpost ? C’était pas rien, tout de même !

— Bon d’accord, s’amusa Taylor, peut-être qu’on a fait quelques gros coups ensemble !

— Vous avez fait équipe longtemps ? demanda Nadejda sur le ton de la conversation.

— Environ trois ans. Jusqu’à ce que je perde ma jambe et que les deux abrutis décident de se tirer dessus.

— Comment est-ce arrivé ?

Elle donnait simplement la réplique et ne savait pas au juste si elle demandait la cause de la brouille entre Taylor et Japhet ou les circonstances de l’amputation de Pistache. Celle-ci choisit de parler pour elle-même :

— Je me suis écrasée, dans les cavernes de Torth’uggram, alors que je transportais de la contrebande. Une embuscade classique : ils savaient que j’arrivais avec des marchandises convoitées et ils m’ont tendus attendus :arrow: conflit d'intérêt entre verbes là :lol: . J’ai survécu mais ma jambe s’est coincée sous une poutre et je suis restée inconsciente jusqu’à ce que les gars de Ravachol me tirent de là. Toute ma cargaison avait disparu et ma jambe a développé une nécrose. Il a fallu amputer.

— Un sale coup, commenta Taylor.

— Un sale coup, accorda Pistache, mais assurément un coup prévisible. Ça a été une dure leçon, mais j’en ai tiré trois principes : premièrement, ne jamais faire les livraisons moi-même…

Soudain, la lanterne dessina les contours d’une grande porte, sombre et massive. Il n’y avait nulle serrure, seulement un disque mécanique qui permettait d’entrer des chiffres.

— Second principe : ne pas étaler trop ouvertement mon activité de contrebandière. Mieux vaut entretenir une petite clientèle de connaisseurs qu’un large panel d’idiots qui beuglent aux quatre vents.

Elle connaissait manifestement le code, mais sa main leste alla trop vite pour qu’ils puissent l’identifier. Le panneau pivota comme s’il avait pesé le poids d’une simple feuille alors qu’il s’avérait être constitué de six couches massives d’aciers. Dans quel genre de coffre-fort pénétraient-ils exactement ?

— Troisième principe : voler des marchandises qui n’intéressent pas les petites-frappes.



Il s’ouvrit devant eux une caverne baignant dans une douce lumière chaude. Le repère de Pistache : un entrepôt clandestin. Il y avait là tout un tas de grosses caisses, empilées par ordre de taille et formant une allée biscornue.

Les quelques gardes qui étaient de service s’éveillèrent en catastrophe et attrapèrent leurs fusils. Nadejda en compta onze. Mais ils bossaient manifestement pour Pistaches :arrow: Pistache sans S et se détendirent quand ils la virent s’avancer.

— Je ne fournis plus les mafieux et les brigands : ils sont trop versatiles, trop peu discrets… Mon business est à présent plus haut de gamme et mes clients sont aussi diversifiés que riches. Mais aucun d’entre-eux ne pourrait obtenir ce qu’il souhaite chez les marchands légaux.

Elle entrouvrit l’une des caisses, sur leur chemin. Entre les planches reposaient des uniformes de marine, aux couleurs noir et or de l’Amiral Shaz.

— Peu de contrebandiers peuvent se vanter de mettre la main sur ce genre de choses. Si tu prévois un détour par Farø, n’hésite pas : c’est cher, mais tu pourras te faire passer pour un militaire tant que tu n’ouvres pas la bouche.

— Très tentant, mais ce n’est pas le programme. A moins que tu n’aies de quoi nous faire passer pour des Sénateurs, on va laisser tomber les déguisements.

— A ta guise, dit-elle en refermant la caisse. J’imagine qu’on passe directement au plat de résistance ?

Taylor acquiesça et la boiteuse se dirigea vers le fond de la caverne où deux lanternes faiblardes éclairaient une bâche qui couvrait un objet volumineux, haut d’un mètre et demi, deux fois plus large et sanglé au sol comme s’il allait s’envoler. Un néophyte aurait pu s’interroger des heures sans trouver de réponse à cette énigme. Nadejda, elle, l’avait résolue au premier coup d’œil.

Lorsque Pistache libéra les sangles et renversa la bâche, le cœur de la renégate battait plus vite encore que le jour où ils s’étaient échappés de Cathuba.

— C’est un vieux modèle, exposa Pistache, il avait été volé aux armées Impériales et personnalisé un temps par des pirates avant d’être récupéré dans le raid de Kraoy l’année passée. Il devait être renvoyé aux hangars de Tenoch… mais un officier s’est laissé corrompre et on l’a récupéré ici.

Nadejda souriait telle une sainte sur les gravures d’un Temple. Un aéronef !

Son fin fuselage en acier s’élançait tel un fauve, flanqué de deux ailes prêtes à être déployées. Sa cabine pouvait accueillir un pilote et disposait d’un second siège qui pouvait abriter un tireur. Cependant, aux manettes on distinguait sans mal les gâchettes qui servaient à enclencher les deux mitrailleuses latérales. Le moteur, placé à l’avant, entrainait une hélice dont les derniers modèles se passaient bien, mais un petit rigolo avait dessiné sur le nez de l’appareil les terribles crocs d’un lion de Thäma.

C’était un chasseur UK-37, le modèle le plus produits par les chantiers de Gimerv au temps de l’Empereur Karel Donar Liorr. Il était passé de mains en mains, modifié par plus d’un mécano, mais en possédait toujours les qualités intrinsèques. Elle avait appris à piloter sur une de ces merveilles.

Elle tourna la tête vers son Capitaine.

— Taylor…

— Ne dis rien. J’y tiens. Je n’ai pas embarqué une pilote dans l’équipage pour qu’elle se tourne les pouces et me tienne la barre !

Elle se souvenait, en effet, de sa rencontre avec le Sans-Nom, sur le Surplomb libre de Saqqarah. Il lui avait offert le pardon de Ford et il lui avait dit : « Si tu nous suis, tu voleras à nouveau. » Ces mots traînaient dans un coin de sa tête depuis ce jour. Elle y repensait parfois, les caressait comme un espoir lointain. Mais à présent, voilà qu’il lui offrait…

— Je ne peux pas accepter, c’est trop…

— Eh bien, ce n’est plus à discuter : je l’achète pour l’Eclat. Käsh travaille sur une grande trappe, à l’arrière du pont de batterie, pour qu’on puisse accueillir cette petite merveille. Il ne nous manque plus qu’une pilote… :arrow: Pouah, c'est tellement cool, j'ai hâte de noir Nadejda et l'aéronef en action :D

Elle sourit et goûta le jeu :

— Je croyais que l’Eclat avait déjà un pilote. J’ai été engagée comme mécano, non ?

— On dirait qu’on a à présent davantage besoin d’une pilote que d’une mécanicienne. Que dirais-tu de changer de poste ?

— J’en dis que j’ai le profil. Et que je suis prête à reprendre du service.

La transaction fut conclue.

Alors que Pistache les raccompagnait en leur assurant que l’Aéronef serait livré à l’Eclat en deux jours, Taylor prit son ancienne amie par les épaules et sembla se confier :

— Je suis heureux que tu ailles bien, sincèrement.

— Tu ne devrais pas t’inquiéter pour une ancienne partenaire, j’ai changé depuis l’époque où nous faisions équipe… Mais tu seras toujours le bienvenu chez moi, tant que tu restes du bon côté de l’échiquier.

Nadejda tiqua… et manifestement son Capitaine fit de même.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

Pistache se dégagea doucement de son étreinte.

— Je t’ai dit que j’avais des protecteurs. Ce ne sont pas n’importe qui.

Elle porta la main à la petite poche qu’elle avait près du cœur. Ses deux doigts se saisirent d’une bague, qu’elle passa à son majeur. Le bijou était frappé d’un symbole particulier : un renard blanc, flanqué de deux sabres. Nadejda était certaine d’avoir déjà vu cet emblème quelque part.

Pistache leur offrit un sourire malicieux :

— Tant que tu feras le jeu de mon Amiral, tu pourras compter sur ma contrebande. Prends soin de toi, Taylor, essaye de ne pas mourir pas trop vite.

Elle disparut derrière sa porte en acier, laissant Taylor à sa confusion.


à suivre...
Mmhh, il s'est passé combien de temps depuis le dernier chapitre ? Ça m'a pas semblé aussi long qu'entre les 2 parties du chapitre 18 ^^

Mais nooon, t'as pas le droit de faire des cliffhangers comme ça :o (bon, en vrai, on aime ça, ça fait monter le suspense XD)

En vrai, c'est très intéressant, j'adore les ambiances que tu mets en place au fil des chapitres, tes descriptions sont immersives et recherchées, et tes personnages toujours aussi intéressants :D Pistache est une énigme, j'ai l'impression qu'il suffit d'un pas de côté de la part de Taylor et des autres pour qu'elle devienne une ennemie... quant à l'Amiral qui la protège, je me demande qui c'est... J'ai un peur peur x')

Autrement, j'ai hâte que l'Equipage passe enfin pour de bon à l'action, que Yulia devienne Nora...

On en est où dans l'historie, d'ailleurs ? ^-^ Vers la fin du T1 ?

J'suis désolée, j'suis pas hyper inspirée pour ce com XD

Courage pour la suite ;)

A plus ;)
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :La douleur l’accompagnait depuis, tel un oiseau sur l’épaule qui, dès qu’il était dérangé, décidait de crier à son oreille. En ce jour, sa maîtresse parvenait à l’ignorer car elle avait sous les yeux des souffrances bien plus glaçantes. :arrow: J'ai beaucoup aimé ce passage avec la personnification de la douleur, très bien trouvé ;)
Oui clairement ! Je pense même que je suis passé à côté d'une bonne opportunité d'entretenir encore cette imagine. Il aurait suffit que j'écrive, par exemple, à certains moments "l'oiseau sur son épaule croassa" pour signifier que la douleur de Nadejda se réveille... j'y penserais pour la réécriture ^^
louji a écrit :Nadejda n'avait jamais autant craint de tomber à l'eau. :arrow: Tu m'étonnes, ma pauvre brrr N'empêche, très bien décrit ce fleuve, comme le reste du quartier, d'ailleurs, t'es toujours aussi doué pour ça ;)
Roh, merci <3
louji a écrit :Taylor soupira, mais ils appelèrent le bossu et passèrent commande. :arrow: Mais ils ont passé commande juste avant... ce sont des trous noirs à alcool :lol:
En effet, ils re-passèrent une commande, je vais le préciser ^^
louji a écrit :Nadejda s’interrogeait à peine sur l’absence de lumière que Pistache allumait une longue pipe avec son briquet à silex :arrow: Y'a pas un souci avec cette phrase ? :geek: et commençait à fumer.
Ok, je vois. A la base je voulais faire passer l'idée que la lumière qui intervint pour l'éclairer fut celle du briquet à silex... mais c'est vraiment pas évident et pas très pertinent :?
louji a écrit :— Eh bien, ce n’est plus à discuter : je l’achète pour l’Eclat. Käsh travaille sur une grande trappe, à l’arrière du pont de batterie, pour qu’on puisse accueillir cette petite merveille. Il ne nous manque plus qu’une pilote… :arrow: Pouah, c'est tellement cool, j'ai hâte de noir Nadejda et l'aéronef en action :D
Aaaaaaah :mrgreen: Tu comprends pourquoi j'avais hâte d'écrire ce passage, hein ? :mrgreen: :mrgreen:
louji a écrit :Mmhh, il s'est passé combien de temps depuis le dernier chapitre ? Ça m'a pas semblé aussi long qu'entre les 2 parties du chapitre 18 ^^

Mais nooon, t'as pas le droit de faire des cliffhangers comme ça :o (bon, en vrai, on aime ça, ça fait monter le suspense XD)

En vrai, c'est très intéressant, j'adore les ambiances que tu mets en place au fil des chapitres, tes descriptions sont immersives et recherchées, et tes personnages toujours aussi intéressants :D Pistache est une énigme, j'ai l'impression qu'il suffit d'un pas de côté de la part de Taylor et des autres pour qu'elle devienne une ennemie... quant à l'Amiral qui la protège, je me demande qui c'est... J'ai un peur peur x')

Autrement, j'ai hâte que l'Equipage passe enfin pour de bon à l'action, que Yulia devienne Nora...

On en est où dans l'historie, d'ailleurs ? ^-^ Vers la fin du T1 ?

J'suis désolée, j'suis pas hyper inspirée pour ce com XD

Courage pour la suite ;)

A plus ;)
Deux mois :lol: C'est une honte, mais toujours moins que les 3mois entre les parties précédentes :mrgreen: (pourquoi j'ai l'air d'en être fier ? :roll: ) MAIS ne t'en fais pas... je crois que quelque chose arrive ce soir 8-)
Maiiiis euh... j'adore les cliffhanger moi :lol: un peu trop :twisted:
Merci beaucoup, je suis aux anges que l'ambiance te plaise ! Quand à mes personnages, les réduire en nombre et n'en garder que quelques uns de la 2ème partie... c'est beaucoup mieux pour les développer ! Bien sûr, je me fais toujours autant plaisir sur les nouveaux, comme Pistache... mais elle ne sera pas la seule ;) Pour l'Amiral... rendez-vous au prochain chapitre :mrgreen:
Moi aussi j'ai hâte ! Normalement, encore 2-3 parties de chapitre, et on pourra attaquer ! Avec un bal ;)
Tout à fait ! L'arc de Nora sera la conclusion du tome !
Merci beaucoup pour ce commentaire, je l'attendais avec impatience <3
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 18 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit : Oui clairement ! Je pense même que je suis passé à côté d'une bonne opportunité d'entretenir encore cette imagine. Il aurait suffit que j'écrive, par exemple, à certains moments "l'oiseau sur son épaule croassa" pour signifier que la douleur de Nadejda se réveille... j'y penserais pour la réécriture ^^


Roh, merci <3


En effet, ils re-passèrent une commande, je vais le préciser ^^


Ok, je vois. A la base je voulais faire passer l'idée que la lumière qui intervint pour l'éclairer fut celle du briquet à silex... mais c'est vraiment pas évident et pas très pertinent :?


Aaaaaaah :mrgreen: Tu comprends pourquoi j'avais hâte d'écrire ce passage, hein ? :mrgreen: :mrgreen:


Deux mois :lol: C'est une honte, mais toujours moins que les 3mois entre les parties précédentes :mrgreen: (pourquoi j'ai l'air d'en être fier ? :roll: ) MAIS ne t'en fais pas... je crois que quelque chose arrive ce soir 8-)
Maiiiis euh... j'adore les cliffhanger moi :lol: un peu trop :twisted:
Merci beaucoup, je suis aux anges que l'ambiance te plaise ! Quand à mes personnages, les réduire en nombre et n'en garder que quelques uns de la 2ème partie... c'est beaucoup mieux pour les développer ! Bien sûr, je me fais toujours autant plaisir sur les nouveaux, comme Pistache... mais elle ne sera pas la seule ;) Pour l'Amiral... rendez-vous au prochain chapitre :mrgreen:
Moi aussi j'ai hâte ! Normalement, encore 2-3 parties de chapitre, et on pourra attaquer ! Avec un bal ;)
Tout à fait ! L'arc de Nora sera la conclusion du tome !
Merci beaucoup pour ce commentaire, je l'attendais avec impatience <3
- Aaaah, super idée, de rappeler la douleur par l'oiseau... J'approuve à 100% :mrgreen:
- Les efforts que tu fais pour les descriptions et l'immersion sensorielle méritent tout de même d'être relevés :3
- Yep, j'ai fini par m'en douter, surtout que c'est aussi pour commander un truc à Pistache... N'empêche qu'elle a la descente raide :lol:
- C'est bon, j'viens de comprendre comment tu tournais la chose :lol: (#lented'esprit)
- Oui, et tu dois avoir encore plus hâte de les mettre pour de bon en action :lol:

Oui, il me semblait bien que ça avait été plus long juste avant :lol: Oh, ce serait chouette que quelque chose arrive dans pas longtemps 8-) :twisted:
L'ambiance me plaît depuis le prologue. T'as installé quelque chose, je sais pas... d'authentique dans ton récit, qui sent bon les vents de Surplomb, la poussière du Contrebas, la maison de Yulia... Quand je lis ton récit, j'arrive sans aucune difficulté à imaginer les scènes, les tensions, les actions, les personnages... Un peu comme si c'était un film mental :) Et je retrouve pas cette magie particulière dans chaque bouquin de fantasy que je lis !
Oh, on va enfin savoir qui c'est :shock: J'ai la trouille pour eux XD
Hoho, je sens que tu vas mettre à disposition ta passion des modes vestimentaires lors de ce bal :twisted:
Dis donc, il va être fat ton tome 1 :lol: Tu nous diras combien il fait de signes (ec. on a retenu Daniel :lol: ) ?

De rien ♥
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 19 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Bon, finalement il n'est pas arrivé hier soir pour cause... indéterminée, mais il arrive ce matin :mrgreen: En ce moment j'ai vraiment un bon rythme d'écriture, on verra si j'arrive à continuer ;)
Un énorme merci à Enora pour ses corrections réactive ! Je lui doit beaucoup, et je vais essayer de rendre l'appareil rapidement :? :D
Juste après ce chapitre suivra un petit bonus... vous verrez ^^
En attendant, enjoy !
p: lors de la mise en page... je me suis un peu laissé aller sur les musiques ^^'


Chapitre 19, part.2


[attachment=0]Cartographie de l'Empire.jpg[/attachment]




Lorsque Taylor et Nadejda passèrent la porte ce soir-là, ils ignorèrent le repas pour se rendre sans détour à l’arrière du magasin et se faire couler un bain. Angora jura bien qu’ils portaient sur eux une odeur abjecte, mais Yulia ne put que remarquer qu’ils avaient taché leurs habits et avaient la peau noircie à certains endroits. S’étaient-ils roulés dans la pierre de chauffe comme elle-même le faisait étant gamine ? Peut-être Nadejda avait-elle été victime d’une blague douteuse de Taylor.

Quoi qu’il en soit, ils ne partagèrent pas le repas et on les entendit frotter avec énergie pendant une bonne demi-heure, à coup d’éponges et de racloir. Emy, elle, tirait la tronche :

— Vous avez pas intérêt à vous salir comme ça tous les jours, hein, j’ai pas une réserve d’eau illimitée ! Allez au Temple, comme tout le monde.

Leoda et Hikari approuvèrent. Ils se rendaient tous deux au Temple assez régulièrement, aux heures de grande affluence et en changeant toujours de salle pour passer inaperçus. Mais ils étaient bien les seuls car, parmi leur petit groupe ceux qui étaient recherchés comme Ashä ou Nadejda évitaient de sortir du bar. Quant à Irïlan, il allait sereinement de baigner au fleuve chaque matin et revenait sans être inquiété.

Finalement, le Capitaine et son pilote dirent adieux à leurs écharpes, noircies pour de bon, et vinrent se servir le dîner. Yssandre finissait déjà le sien, rapide comme à son accoutumé, et salua Taylor par politesse avant de monter dans sa chambre, sans un mot pour Yulia. Elle fit la moue, vexée, mais n’oublia pas la promesse du Sans-nom : ce soir, il devait lui parler des Amiraux !

Mais il traînait ; il prenait son temps pour savourer un repas pourtant bien fade. Ce ne fut que lorsque tout le monde fut remonté dans sa chambre –à l’exception d’Angora, d’Ashä, et de Nadejda qui se préparait un thé– que le Capitaine vida son bol et se leva pour fouiller dans son sac.

Lorsqu’il revint vers eux, il serrait sous son bras quelques feuilles enroulées. Il les laissa de côté et s’écroula dans le fauteuil rembourré. Comme les trois femmes le fixaient, il haussa un sourcil, soupira, puis prit la parole :

— La dernière fois nous avons vu comment le Sénat dirige la vie politique à la Capitale. Tu te demandes sans doute à présent quels sont les pouvoirs de l’Empereur.

Il prit un air désinvolte et se gratta la barbichette. Yulia s’agaçait déjà.

— Ne me force pas à le demander…

— Demander quoi ?

— Quels sont les pouvoirs de l’Empereur ?

— Ah, je suis ravi que tu le demandes !

Yulia leva les yeux au ciel mais rien ne put empêcher Taylor d’afficher l’air le plus satisfait de la Capitale en se redressant comme s’il sortait d’un long sommeil.

— L’Empereur est le dirigeant officiel de l’Empire, mais toutes ses décisions doivent être approuvées ou rejetées à l’unanimité par le Sénat. S’il n’y a pas de consensus, l’Empereur est libre…

— Pas besoin de me faire un rappel, s’impatienta la fille de Ford, j’ai bien écouté la dernière fois ! Blabla Sénateurs, blabla neutralité politique, blabla les club… c’est enregistré, c’est bon, passe à ce qui m’intéresse !

— A savoir ?

— Les Amiraux !



Taylor l’observait avec un air satisfait qui était à deux doigts de l’énerver sérieusement. Sage bien que vantard, il leva finalement les deux paumes en signe d’armistice.

— Très bien, faisons ça. L’Empereur possède quelques pouvoirs spécifiques sur lesquels nous reviendrons mais dont le plus important est qu’il est le seul capable de nommer et de démettre des Amiraux. C’est ce que Cyrus Boël a fait pour ton père : il a proposé son nom, le Sénat a voté la confiance, alors il l’a nommé Amiral. Quant à sa destitution, il n’y a presque aucune information qui filtre mais ça a sûrement été un vote au Sénat qui a contraint l’Empereur à destituer Ford.

— Il y a besoin d’un vote ? Ce n’est donc pas un pouvoir de l’Empereur…

— Le vote de confiance du Sénat envers un Amiral est une tradition, mais c’est un des rares votes qui ne soit que consultatif. Si le Sénat n’est pas content d’un Amiral, un Empereur peut le nommer malgré tout, mais il engage alors une épreuve de force avec le Sénat… et ça se termine généralement mal pour lui.

Yulia hocha la tête, même si elle avait encore du mal à dire ce qui rendait vraiment le Sénat si puissant.

— Mais avant de te les présenter, sais-tu seulement ce que c’est, un Amiral ? lui demanda sans détour le Sans-nom.

Yulia se remémora chacune des tâches qui occupaient jadis son père :

— Il commande à une armée, il règle les problèmes des gens, il se bat pour l’Empereur ?

— C’est très imprécis, mais c’est plutôt ça.

Ça y est, il avait réussi à la mettre de mauvaise humeur. Que croyait-il ? Qu’elle ne connaissait rien au travail de son père ? Qu’elle se contentait d’agiter son titre d’Amiral comme un drapeau pour se gonfler l’égo sans jamais s’y intéresser ? Il était son père, il avait vécu des années avec elle, chaque jour ; qu’on ait refusé de lui parler du rôle politique des Amiraux ne faisait pas d’elle une enfant ignorante.

— L’Empire est composé de douze territoires, exposa Taylor. Huit d’entre-eux sont des Protectorats, c’est-à-dire qu’ils sont dirigés par un Amiral qui en assure la protection armée, fixe et collecte l’impôt et coordonne les Surplombs qui sont sous sa protection. Ce sont ces trois pouvoirs : armée, impôt et coordination.

Il tendit un premier doigt :

— Pour l’Armée, c’est simple : un Amiral peut lever des troupes dans les Surplombs de son Protectorat comme il le souhaite afin de constituer son armée, mais il impose également à ses Surplombs une production de navires de guerre et d’armes, quand il n’en achète pas à des compagnies ou à d’autres Amiraux. Ces forces armées servent à assurer la défense du Protectorat contre les pirates mais également à rivaliser avec des Amiraux concurrents.

Il leva un deuxième doigt :

— Les Surplombs et les sociétés payent un impôt à l’Amiral pour leur protection, qui en reverse une partie à l’Empereur. Vu que ce dernier n’a pas de droit de regard sur les finances précises d’un Protectorat, il ne reçoit en général qu’un trésor modeste. Ce faisant, un Amiral dispose d’énormes moyens financiers, presque comparables à la fortune du Sénat.

— Les Sénateurs sont riches ? s’étonna Yulia, qui ignorait cet aspect de leurs ennemis.

— Très riches, confirma Taylor. Les familles sénatoriales bénéficient d’un grand nombre de privilèges : entre autre, leurs sociétés n’ont à payer d’impôt auprès d’aucune autorité et ils ont le pouvoir de casser certains contrats commerciaux pour se favoriser. Personne n’est aussi riche qu’un Sénateur.

— Et donc ? le repris Yulia. Le troisième pouvoir d’un Amiral : coordonner ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

— C’est sans doute la plus permissive de leurs attributions. Pour le dire en seulement quelques mots, un Amiral peut exiger ce qu’il souhaite d’un Surplomb tant que cela renforce l’unité et la puissance du Protectorat. Cela permet à l’Amiral de s’immiscer dans la souveraineté d’un Surplomb, de forcer un souverain, un conseil ou une assemblée à changer leur politique en leur imposant des constructions, une production, ou même des mariages.

Yulia fronça les sourcils.

— Ton père n’a jamais abusé de ce pouvoir, la rassura Taylor. Il était plus un conciliateur qu’un tyran, mais certains Amiraux ne sont pas aussi magnanimes.

[attachment=2]Francis Ford Mangora - petit.png[/attachment]




Il déplia ses jambes et farfouilla dans ses papiers un instant.

— J’ai été assez clair ? demanda-t-il distraitement.

— Les Amiraux, ce sont des mini-Empereur, en somme ?

— Avec bien plus de limitations protocolaires, mais on peut simplifier ça ainsi, oui, accorda le Capitaine de bonne grâce. Le plus important à comprendre est qu’ils forment un contre-pouvoir au Sénat : ils doivent leur nomination à l’Empereur et si celui-ci obtient leur soutient, il peut contraindre les Sénateurs.

— Comment ?

— Par la forme de pression la plus universellement comprise : le rapport de force entre groupes armés.

Il se saisit d’un bout de journal déchiré et d’un crayon à mine de plomb. Il y traça cinq carrés de taille à peu près égale, en colorant trois de noir.

— La Capitale compte cinq compagnies militaires. Trois divisions d’Inquisition, qui sont sous le contrôle directe du Sénat, et les deux compagnies de la Garde Impériale, sous l’autorité unique de l’Empereur. Chaque compagnie possède ses bataillons, ses canons, ses navires, mais le rapport de force est favorable à l’Inquisition : ils sont plus nombreux et mieux équipés. Maintenant…

Il se remit à gribouiller, sur le coin opposé à celui où il avait tracé les carrés.

— Je peux… voilà !

Il avait dessiné quatre ronds.

— Si les carrés représentent les forces militaires de la Capitale, les ronds représentent l’équivalent de l’armée qu’entretenait l’Amiral Ford au sein du Protectorat de Cathuba. Imagine à présent que trois de ces petits ronds…

Il traça une flèche, des ronds vers les carrés.

— … se déplacent jusqu’à la Capitale. Deux carrés blancs et trois ronds contre les vilains carrés noirs. Deux divisions de Garde Impériaux et trois divisions des armées de l’Amiral Ford contre trois divisions d’Inquisition ? Les Sénateurs préféreront voter n’importe quel texte plutôt que de provoquer un affrontement. Avec l’appui d’un Amiral, l’Empereur reprend la main sur le Sénat.

— Pourquoi ne le fait-il pas tout le temps alors ? interrogea Yulia. Tu l’as dit toi-même : le Sénat ne laisse pas l’Empereur gouverner. Pourquoi l’Empereur ne dit-il pas aux Amiraux de venir l’aider à la Capitale ?

— En théorie c’est ce qui devrait se passer, mais en réalité les alliances ne sont pas aussi simples. Les Amiraux sont loin des débats et leur soutient n’est pas acquis. Il y a des Amiraux qui sont plus proches du Sénat que de l’Empereur, d’autres qui sont Amiraux par tradition et ne doivent rien à Cyrus Boël… Je ne pense pas que quelqu’un soit aujourd’hui capable de prédire quel camp rejoindraient les Amiraux si une guerre éclatait entre l’Empereur et le Sénat. Et comme l’indécision est motrice d’inaction, le Sénat conserve la main sur la Capitale.

Il se mit à dessiner d’autres ronds, aux quatre coins de la feuille.

— La carte politique est beaucoup plus complexe que les lignes pro-Empereur et pro-Sénat, certains acteurs ne considèrent même pas devoir se positionner par rapport à celles-ci. Même ici, à la Capitale, il y a des forces armées qui ne dépendent pas clairement de ces deux acteurs. Il y a des mercenaires Veleriens, des brigades Orykem, des milices à la solde de clubs…

Voilà qu’il esquissait des triangles, des étoiles et des losanges… Yulia se sentait perdue.

— Donc les Amiraux restent dans leur protectorat et laissent la Capitale tranquille ? tenta-t-elle de résumer.

— Certains oui, accorda Taylor, mais pas tous. Certains Amiraux financent des clubs, des milices, fournissent des armes ou des vaisseaux à des nobles. Ils participent à la vie politique mais, comme les Sénateurs, se montrent discrets quant à leurs véritables intentions, car un engagement direct pourrait mener à la guerre.

— Qui sont-ils ? demanda la fille de Ford.

Le Capitaine de l’Eclat se frotta les mains.

— Il est temps de te les présenter !

[attachment=1]Cartographie de l'Empire - Protectorats & Frontieres - date.jpg[/attachment]


[attachment=3]armoiries amiraux 2.jpg[/attachment]




Il attrapa enfin les papiers qu’il avait, jusqu’alors, laissés de côté. Quand il les déplia, Yulia comprit qu’il s’agissait d’affiches, ou plutôt de portraits, imprimés sur du mauvais papier. Le premier qu’on lui présenta fut celui d’un vieux monsieur à la peau parcheminée, teint caramel et cheveux blanc, nageant dans un manteau d’Amiral blanc et or.

— Le plus ancien des Amiraux c’est lui : Karel Al’Abbâs, surnommé le Lion endormi. Son Protectorat comprend Donum, Ku’rum et Antius, les Surplombs d’Arkadie et ceux de Szávar.

— Ce n’est pas un Numien d’origine, ni même un noble, intervint Nadejda qui remuait encore son thé. Il était Vice-Amiral lors de la première guerre du nouveau monde et a pris l’intérim à la mort du précédent Amiral. A son retour dans l’Empire, il avait le soutien de ses hommes et on lui a accordé le titre d’Amiral de Donum. Les grandes familles Numiennes ont longtemps cherché à le faire remplacer, mais il est encore là. Il est solidement établi et, tant qu’il continue à se tenir loin de la politique Impériale, les autres Amiraux n’ont pas intérêt à agiter sa région.

— Comment tu sais tout ça ? s’interrogea Yulia.

Elle tendit le doigt :

— Parce que j’ai travaillé pour lui.



Taylor tenait à présent le portrait d’un grand homme dont le crâne chauve était creusé de multiples balafres. Ses blessures descendaient jusqu’à son arcade gauche sous laquelle roulait un œil de verre. Plus bas, c’était sa mâchoire entière qui semblait avoir été arrachée : de profondes crevasses se dessinaient sur ses joues et il s’était greffé, en lieu et place de mâchoire, une imposante et terrible mandibule en acier trempé. L’unique pupille de ce monstre à moitié humain possédait la couleur du plomb et semblait fixer l’observateur, ce qui accentuait l’impression dure et cruelle de ses traits.

— Wilhelm le Sanguinaire, articula Taylor, Amiral de Tenoch.

Il hésita à ajouter quelque chose, mais préféra se tourner vers Nadejda. Celle-ci croisait les bras et ne trahissait aucune de ses émotions. Seul son regard brûlait d’une haine féroce.

—Cruel. Violent. Impitoyable. Il règne sans partage sur les Surplombs de l’Oryguée et de l’Amiria. Des Amiraux, il est celui qui commande la plus grosse armée grâce à la conscription qu’il a mise en place. Chaque jeune du Protectorat doit servir dans l’armée de dix-huit à vingt-deux ans, après quoi il est libre de retourner à la vie civile ou de faire carrière. En plus de cela, les académies militaires –qui éduquent les fils et filles de soldats– offrent d’accueillir des enfants à partir de quatre ans, ce qui arrive régulièrement lorsque les familles les plus pauvres n’arrivent plus à nourrir leur progéniture. L’éducation y est stricte, dure, et ne laisse aucune place au jeu.

Elle s’interrompit une petite seconde, comme si elle se rappelait de quelque chose. Elle fronça les sourcils, puis secoua la tête et leur confia :

— J’ai grandi dans une de ces académies.

Yulia avait arrêté de respirer un instant.

— En plus de l’armée, Wilhelm fait tourner à fond les chantiers navals. Des dizaines de vaisseaux de guerre et de chasseurs motorisés sortent chaque année des chantiers de Tenoch, Motchkov et Gimerv. Si on en croit les journaux, c’est lui qui a été prendre la place de ton père au Nouveau Monde : on ne peut en attendre aucun bien.

Taylor prit la suite.

— Wilhelm n’est pas directement impliqué à la Capitale, mais il y possède de nombreux soutiens. Il y a un club, notamment, qui se fait nommer les Inflexibles, où Petro Outkine a été vu à plusieurs reprises.

— C’est le Corsaire principal de l’Amiral Wilhelm, expliqua Nadejda. L’un des Chiens de Guerre, sans doute le plus dangereux. Un ancien mercenaire devenu pirate, pendant la guerre des deux arches, il avait conquis par les armes un Surplomb disputé pour le compte des Veleriens avant de les trahir pour se tailler son propre royaume. Les Ātoli et les Veleriens veulent sa peau, mais depuis que Wilhelm le protège il est rentré dans le rang… uniquement pour mieux servir son maître.

— Et cet homme-là est à la Capitale ? demanda Yulia, hébétée.

— Il entretient les querelles entre les clubs, oui, confirma Taylor, et il ne doit pas être étranger aux règlements de comptes qui se généralisent dans le dos des Sénateurs. Mais assez parler des Corsaires ! Recentrons-nous sur les Amiraux.



Il déplia le portrait d’un grand Paamien strict et austère aux cheveux couvert d’un turban aux couleurs vertes et cuivrées.

— On change carrément de registre, ricana Nadejda. Celui-là ne joue pas dans la même ligue que Wilhelm.

Le Capitaine de l’Eclat ne lui donna pas tort :

— L’Amiral Sayajî Râo Godse dirige officiellement le Protectorat de l’ancien Empire de Paam. Mais la véritable figure d’autorité au Nord-Est est la Rani de Paam, Ajeya Meena Lakshmï, sa Vice-Amiral. Les Surplombs Paamiens s’étendent cependant trop loin à l’Est pour être mêlés aux intrigues de la Capitale, d’autant plus que cet ancien Empire est doté de son propre parlement qui est aussi complexe que le Sénat Impérial.

— Sayajî est un chiot inoffensif, cracha Nadejda. Mais la Rani n’est pas incompétente, Wilhelm la faisait déjà surveiller à l’époque où j’officiais pour lui. Certaines rumeurs prétendent que l’Empereur envisagerait d’en faire la première femme Amiral, lorsque Sayajî aura cassé sa pipe. Ça ne pourra qu’être mieux pour les Paamiens.



Taylor leur présenta ensuite une figure bien portante, aux joues rondes et grasses, portant de toutes petites lunettes.

— L’Amiral Renh, le présenta-t-il, je te parlais de lui l’autre jour. Le Protectorat de Cent-Port est le plus proche de la Capitale, géographiquement et historiquement. Par tradition ses Amiraux ont toujours été mêlés à la vie politique, ce que faisait Renh dans sa résidence aux Terrasses : il régulait les clubs, surveillait l’Inquisition, combattait les milices privées… Mais son train de vie lui a joué des tours : il a attrapé la syphilis et a quitté la Capitale.

— Même s’il meurt à petit feu, ajouta la pilote, il contrôle toujours une des régions les plus riches et commerciales de l’Empire, ainsi que les Surplombs jusqu’au Phare, la route vers le Nouveau Monde.

— Exact.



Taylor ne s’attarda cependant pas sur son cas et déplia le portrait suivant. Cette fois-ci, Yulia n’aurait jamais deviné avoir affaire à un Amiral si elle ne reconnaissait pas le manteau et les insignes. Il s’agissait d’un homme aux joues creusées et aux yeux soulignés de profondes cernes, qui peinait à remplir son uniforme. Bien que grand, il semblait voûté et portait autour du cou une grosse écharpe de laine, comme s’il craignait le froid.

— L’Amiral Maladif, Shaz Qiwang Ralambo.

— Il faut se méfier de celui-là, les mit en garde Nadejda. Shaz n’en a peut-être pas l’air, mais il est aussi impitoyable que Wilhelm.

— Il est l’héritier de la famille Qiwang, du Surplomb d’Harqen, la plus puissante place-forte de la région. En tant qu’Amiral de Farø, il contrôle les Deux Sœurs, les chantiers de Daqin et Yanø, les Surplombs disputés aux pirates du Nord et toute la Bordure de Bronze, à l’ouest, sans compter Farø même qui est un des Surplombs les plus riches de l’Empire.

— Pourquoi il est… comme ça ? demanda Yulia après avoir un temps hésité.

— Une maladie pulmonaire, quand il avait sept ans, répondit Taylor. Il en garde des séquelles : son souffle est court et il remonte généralement son écharpe jusqu’au nez, pour se protéger des poussières. Malgré sa faiblesse, son poste d’Amiral n’est pas contesté car il est un chef militaire efficace.

— Plus qu’efficace, insista Nadejda, c’est une flottille des Ralambo qui a permis aux Matthias de battre les pirates à Ürt. Il était pressenti pour mener la guerre au Nouveau Monde avant que l’Empereur n’y envoie finalement Ford.

— Les "Matthias" ? interrogea Yulia pour qui ce nom ne disait rien.



Taylor se saisit de l’avant-dernier papier. Y figurait un jeune homme au visage clair et aux yeux perçants. Cheveux blonds taillés court, un visage sans la moindre impureté. Rasait-il parfaitement ses joues ou était-il simplement trop jeune pour avoir de la barbe ? Si son uniforme n’affichait pas le moindre pli, son manteau d’Amiral avait été jeté sur ses épaules de manière désinvolte. Contrairement à ses homologues, il ne portait aucune médaille au niveau du cœur, seulement un insigne discret figurant un renard blanc et deux sabres. La petite se dit qu’il devait s’agir de l’emblème de sa famille, tout comme la rosace d’or qu’arborait son père.

— Voici l’Amiral Jean Aerus Matthias, le présenta Taylor. Le plus jeune des Amiraux de l’Empire, héritier de la prestigieuse famille Matthias qui règne sur Veleria depuis bien avant la mémoire des hommes.

— Quel âge a-t-il ? demanda Yulia, intriguée par son air juvénile.

— Ne te fis pas à cette image, grimaça la pilote, elle a déjà quelques années. Entre temps, le gamin a pris quelques centimètres… et encore plus d’arrogance.

— Vingt-quatre ans, répondit le Capitaine de l’Eclat. Il est l’unique fils d’une fratrie de huit enfants. Avant de devenir Amiraux, les Matthias étaient Empereurs de Veleria, un vaste ensemble de Surplombs au nord. Leur Protectorat s’y limite, à l’exception du Surplomb isolé de Kuma, et d’ürt dont nous avons déjà parlé.

— Veleria est le plus petit des Protectorats, précisa Nadejda, mais ce n’est certainement pas le plus faible. Pendant des centaines d’années, les Veleriens ont livré la guerre au Pays d’Āto. Les Surplombs Disputés ont été mis à feu et à sang pendant des siècles, et l’infanterie Vélérienne n’y est pas étrangère.

— Ce n’est pas seulement qu’ils fabriquent les meilleurs fusils et de redoutables canons, reprit Taylor, c’est aussi que les Vélériens ont une tradition guerrière extrêmement exigeante. Ils ne sont pas nombreux, mais on dit que dix Veleriens valent cent hommes.

— Pff, renifla Ashä en croisant les jambes, frimeurs…

Yulia s’interrogeait cependant :

— Pourquoi lui ? Ça ne devrait pas être son père, l’Amiral ?

— Le père de Jean était Amiral, expliqua le Sans-nom, mais il n’a pas accepté le mariage de l’Empereur à la Souveraine d’Āto et l’intégration de ce territoire à l’Empire. Des siècles de guerre font parfois oublier aux gens la possibilité d’une paix… et c’était le cas pour Clétus Reynar Matthias. Il a continué à attaquer des navires Ātoli après la trêve, l’Empereur l’a destitué pour piraterie et l’a condamné à l’exil. Jean Aerus Matthias est devenu Seigneur de Veleria à dix-neuf ans.

— Pourquoi nommer un Matthias s’ils n’obéissent pas à l’Empereur ? questionna la fille de Ford. Il aurait pu nommer une autre famille…

— Ça aurait été risquer la guerre civile, expliqua Taylor. Les Veleriens étaient prêts à prendre les armes pour les Matthias, Cyrus Boël devait condamner Clétus Reynar, mais aussi donner des gages à son Protectorat. Son fils était le seul choix raisonnable.

— Et Jean a appris des erreurs de son père, assura Nadejda. Il se tient, en apparence, loin des débats politiques… en apparence seulement. Il est prudent, mais aussi retors. Comme tout bon Velerien, il doit haïr les Ātoli, et plus encore l’Impératrice.

Yulia hocha la tête. Elle avait entendu parler du mariage de l’Empereur, bien sûr –ses amies ne parlaient presque que de cela, il y a quelques années– mais elle était loin de réaliser que celui-ci avait eu autant de répercussions politiques…
— Ce qui nous laisse l’Amiral Rouge, finit par lâcher Taylor en se saisissant du dernier papier.

Ce titre disait méchamment quelque chose à Yulia. Elle était presque certaine d’avoir déjà entendu des discussions à son sujet sur Cathuba, maintenant que la mémoire lui revenait. Un désagréable goût amer gagna sa bouche alors qu’elle s’employait à trouver une grimace qui traduise son déplaisir.

— Amiral-Gouverneur Léopold Faidherbe Hockard, cracha Ashä en dardant vers son portrait un regard fielleux.
Le personnage était grand, enfoncé dans un superbe uniforme serré trop court qui faisait boudiner son cou. Sa bouche se pinçait en un rictus étrange qu’une longue moustache soignée achevait de rendre hautain. Sur sa joue gauche, une grande tache de vin, pourpre et de la taille d’une main, couvrait jusqu’à son oreille. Était-ce pour cela qu’on l’appelait l’Amiral Rouge ?

Après avoir jaugé un instant Ashä du regard, guettant ses humeurs, Nadejda prit la parole :

— L’Amiral Rouge n’est pas seulement Amiral d’Œcar. Il est également Gouverneur de Thäma depuis la guerre coloniale.
Yulia connaissait Thäma de réputation. C’était un gigantesque continent, très loin au Sud-Est, dont les peintres aimaient représenter les hautes montagnes et les champs à perte de vue. Les Thamari se reconnaissent à la couleur de leur peau allant du teint café au noir de jais. Ashä était assurément Thämari, tout comme la gabière Luce. Par contre, la mention d’Œcar ne lui disait rien.

— L’Œcar est une région de Surplombs assez lointaine, à l’est de Cathuba, présenta Taylor. Ils ont une petite industrie textile, mais c’est surtout dans le travail du métal qu’ils excellent. Historiquement, ce sont des Surplombs colonisés tardivement, sa population est très hétéroclite. L’Œcar comprend de nombreux bagnes impériaux et est doté d’une armée nombreuse, démesurément grande en regard de sa population.

— Mais le Protectorat est surtout tourné vers Thäma, continua Nadejda. L’Amiral Rouge a été le principal artisan des guerres coloniales menées par l’Empereur Karel Donar Liorr, il y a 20 ans. A la capitulation des Seigneurs de guerre, Hockard a été nommé Gouverneur du territoire. L’armée d’Œcar est considérée comme une des plus puissantes de l’Empire, mais la majeure partie de ses effectifs est mobilisée à Thäma où ils assurent le bon fonctionnement des mines et surveillent les Seigneurs.

— L’Amiral Rouge n’a cependant pas étanché sa soif de territoires, reprit le Capitaine de l’Eclat. Depuis des années il argumente pour une extension du Protectorat d’Œcar, qu’il juge trop maigre pour supporter la charge de gouverner Thäma. Son grand projet est une fusion des deux Protectorats du Sud : il a des vues sur Cathuba et ne s’en cache pas.

— C’est un ennemi de mon père ? demanda sans détour la fille de l’Amiral Ford.

— Le plus ouvertement déclaré, oui. Il ne fait nul doute qu’il va profiter de la destitution de ton père pour affirmer sa revendication de Cathuba.



— Les Wöllner, le Sénat, maintenant Hockard ? récapitula Yulia. Et vous attendez que je les berne tous, avec une pièce de théâtre ?

— Précisément, opina Taylor. Ce ne sera pas facile, mais nous sommes là pour te préparer.

— La plupart des grosses pointures ne s’intéresseront pas à Nora, précisa Nadejda. Tu n’auras qu’à ouvrir les yeux et regarder les puissants s’entredéchirer pour Cathuba.

Ashä renchérit en dépliant ses jambes pour se joindre à eux. Elle ancra ses yeux verts à ceux de la petite et fit courir sur sa langue des paroles au goût de miel :

— Les nobles de l’Empire ne sont pas difficiles à berner, tu sais ? Fais quelques jolis sourires, accepte les ballades, et quand ils ne s’y attendront pas…

Elle tira une dague de sa botte et, avant que quiconque ait pu réagir, la planta d’un coup sec au milieu de leur table.

— On les piège.

Après son sursaut, Yulia sentit son ventre chauffer à cette idée. Une vengeance… Tromper les Wöllner qui avaient trahi son père. Voilà un but qu’elle pouvait suivre !

Taylor se gratta la tête, confus.

— Excellent… Je suppose que ça conclue mon cours sur les Amiraux ? Maintenant, je suggère que nous montions vite dans nos chambres avant qu’Emy ne se rende compte qu’on a abîmé sa belle table en chêne.

Tous fixèrent l’entaille bien nette qui tranchait à présent dans le bois verni et poli. Ils pouvaient déjà sentir la colère de la tenancière s’abattre sur leur dos tel un fouet sans pitié.

Un repli stratégique fut vite opéré.



à suivre...
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 19, part.2 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Dans la foulée, voici un petit bonus pour vous ;)
Comme j'avais fait pour l'Eclat avec un pense-bête (même si vous n'êtes pas vraiment bêtes), voici un pense-bête pour retenir les Amiraux. Mais, cette fois-ci, je l'ai fait sous une forme un peu plus ludique : il s'agit donc des "notes" qu'à prise Yulia, rédigées par son point de vue :o

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