Le Temps des Surplombs - Fin 3e Partie [Fantasy-Steampunk-Aventure]

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DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs (Interlude 2) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Le vocabulaire exact pour une munition d'arme légère...
Image
Cartouche pour arme de poing; 1 balle, 2 douille ou étui, 3 charge propulsive, 4 culot, 5 amorce

La cartouche se glisse dans la chambre de l'arme, le percuteur cogne l'amorce qui fait exploser la charge qui propulse la balle dans le canon...
:lol:
DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs (Interlude 2) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Fiouuuuu, comme dit Marjoch !!!
Plus on avance et on penserait avoir des réponses et plus on se retrouve submergé par les questions !! :lol:

Faute courante :
<< Il ne connaissait pas le bâtiment, n’avait aucune idée de son orientation, mais il courrait malgré tout, avec l’énergie du désespoir. >>
Attention j'ai trouvé cette faute deux fois ; faut deux "r" à courir seulement au futur simple (je courrai, tu courras, il courra, nous courrons, vous courrez, ils courront) et au présent du conditionnel (je courrais, tu courrais, il courrait, nous courrions, vous courriez, ils courraient). Là c'est l'imparfait qu'il faut.

:D
louji

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 14 : La Capitale) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

Les exams sont terminés, Noël passé... C'est bon, je m'y remets ! :D
D'après les commentaires que j'ai vus de ce chapitre, je m'attends à de la détente et une ambiance... relâchée. On va voir :P

dark-vince a écrit :Yo ! :D Bon, pour "fêter" (ou pleurer) la fin de l'été, voilà enfin la suite du chapitre 14 ! :D Au programme, quelques petites choses que je vous laisse le plaisir de découvrir ;)
Le Chapitre n'est pas des plus long donc c'est plutôt light, j'espère que vous prendrez plaisir à le lire :mrgreen: Et puis je compte bien reprendre un rythme d'écriture/publication régulier maintenant que l'année redémarre !



Chapitre 16 : Au bar

Avachie sur un fauteuil fatigué, Angora regardait Yulia dormir. Sans faire de bruit, la petite remuait les épaules dans son sommeil. Sur son visage, un doux sourire naissait tranquillement alors qu’elle se laissait aller au sommeil. Sa protectrice aurait aimé avoir treize ans à nouveau et pouvoir dormir paisiblement.

Le sabre au repos entre ses jambes, la Dragon n’arrivait pas à ressentir la fatigue. Ce n’était d’ordinaire pas un problème –elle n’éprouvait que très rarement une vraie fatigue– mais en cette nuit un autre sentiment venait la troubler, et elle ne savait quel nom lui donner.

Cela faisait plus de cinq ans qu’elle n’était pas retournée à la Capitale et, depuis leur arrivée, ses pensées dérivaient irrémédiablement vers là où elle avait grandi. Elle le savait, le Sanctuaire n’était plus très loin, face au port Impérial, sur son Surplomb acéré. Elle pourrait parfaitement, dans l’heure, prendre un navire et s’y introduire, fouler de ses bottes les dalles grises du quartier des novices, se glisser jusqu’au bureau du Paladin Dragon Rikke… Elle se souvenait encore de ses paroles cruelles, le jour où on lui avait greffé son nouveau bras : « n’espère pas avoir une belle prothèse qui puisse faire illusion, la bâtarde ! Tu es une arme, il te faut de l’acier solide et féroce ! ». Ses doigts se crispèrent sur son membre mécanique : loin dans sa chair s’enfonçaient deux tiges de métal, froides et dures, reliées aux nerfs de son épaule. Avec la maîtrise de ses pouvoirs, la douleur continue avait disparu, mais elle pouvait toujours les sentir se geler en elle les jours de grand froid. :arrow: Il est prenant ce paragraphe, avec la musique en fond...

Au centre de la ville s’élevait le Sénat, où elle avait été convoquée de nombreuses fois, où tout type de missions lui avait été confié. Au cœur du bâtiment se trouvait la tour des arches, où venaient s’amarrer les vaisseaux du gouvernement. Là, elle avait embarqué pour sa mission sur Keshan, là aussi elle avait pour la première fois rencontré l’Amiral Ford Mangora…

Angora secoua la tête. Ces temps-ci étaient révolus, il fallait qu’elle arrête de penser au passé et qu’elle se concentre sur la situation présente.

Elle se leva, d’abord pour s’assurer de toujours tenir debout, mais elle se rendit compte qu’elle avait bel et bien envie de sortir. Sortir de cette pièce, en tout cas : le silence et le calme la rendait nostalgique, et si elle n’arrivait pas à dormir elle retomberait vite dans ses souvenirs.

Ses yeux rouges se posèrent sur la petite, plongée dans un sommeil d’enfant, la respiration tranquille. L’Amiral lui avait confié sa fille, à elle. Rien ne devait lui arriver. Où pouvait bien être Ford à présent ? Pour le savoir, il lui faudrait enquêter dans la Capitale… Mais l’heure n’était pas venue, pas encore. Peut-être qu’au matin…

L’écho d’une porte que l’on referme lui parvint aux oreilles. La Dragon entrouvrit le bâtant de leur chambre et surprit le Capitaine de l’Eclat, une besace sur l’épaule. Plus loin dans le couloir, Hellshima le Rapace l’attendait, un fusil dans les bras. Tous deux avaient passé leurs manteaux et s’apprêtaient à se masquer le visage.

Elle se glissa doucement dans le couloir avec eux.

— Quelle est la suite du programme ? leur demanda-t-elle à voix basse.

Taylor fit sauter une sacoche sur son dos et répondit :

— Il nous faut des infos et des contacts. On ne sait rien de ce qu’il se passe à la Capitale, en ce moment, et nous avons besoin d’alliés. Kentaro et moi possédions un petit réseau ici du temps de notre jeunesse, nous allons voir ce qu’il est devenu avec les années.

— Nous pourrions demander tout cela à Emy, commenta Hellshima en réarmant son fusil, mais elle ne donne rien gratuitement et Käsh nous tuerait si on dépensait toute la trésorerie…

Son Capitaine sourit à cette remarque. Il s’assura que son revolver était bien à sa hanche et enroula autour de son cou une longue écharpe brune qu’il remonta jusqu’à sa bouche.

— Je viens avec vous, les interrompu :arrow: interrompit Angora, décidée.

Les deux hommes semblèrent hésiter, et Taylor secoua la tête.

— Tu es une Chasseuse Dragon, expliqua-t-il, si ta présence à nos côtés était connue trop tôt, nos contacts risquent :arrow: risqueraient de prendre la fuite. Ne leur en veut pas : après tout, ceux qui survivent longtemps sont les plus prudents. Et éviter les Dragon est une preuve universelle de bon sens.

Déroutée, la jeune femme s’adossa contre le mur. Le Sans-nom voulut la rassurer d’un sourire mais elle ne sut pas si elle pouvait s’y fier.

— Tu as déjà un plan pour approcher les Wöllner ? lui demanda-t-elle sans détour.

Il se tapota le crâne de l’index.

— Tout est ici, assura-t-il. J’ai eu largement le temps d’y réfléchir, et à présent il ne me manque que les bonnes personnes pour mettre en place les derniers détails. Fais-moi confiance.

Elle soupira. Il était facile à cette grande gueule de parler de confiance, beaucoup moins à elle de le croire sincère. Plus les jours passaient, plus elle pensait qu’il avait ordonné à Ashä de la surveiller –ce qui expliquerait ses attentions. Elle haussa les épaules, indifférente.

— Si vous avez des ennuis, appelez-moi. Tu sais taper du morse ?

Elle leur tendit l’un des deux émetteurs-récepteurs qu’elle avait à la ceinture. Du pouce, elle actionna le mécanisme pour leur en montrer le fonctionnement.

— Taylor n’y connaît pas grand-chose en technologie, ricana Hellshima, mais moi j’y touche un peu. Et puis, connaître le morse est la moindre des choses quand on prétend être Vigie…

Elle hocha la tête et lui confia un des deux boîtiers qu’il glissa dans sa sacoche. Sans plus s’attarder, les deux ex-Corsaires dévalèrent les escaliers. Le Sans-nom tourna cependant la tête sur les dernières marches. Ses deux :arrow: c'était nécessaire de le préciser ? :lol: (la musique envoie la guitare électrique, c'est tellement bien ptn *-* yeux bleus se durcirent.

— Protège Yulia, lui dit-il.

Elle lui répondit d’un ton égal, et il disparut.

La femme aux cheveux rouges laissa son sabre et sa carabine dans la chambre. Elle ne craignait pas forcément d’être attaquée dans le bar, mais la tenancière lui inspirait une méfiance légitime et elle inspecta chaque mètre du couloir pour être sûr :arrow: sûrE qu’il n’y ait pas d’autres accès que l’escalier donnant dans la salle commune. L’essentiel, se répétait-elle, était d’assurer la sécurité de Yulia.

Sans perturber son sommeil, Angora se mordit au creux du doigt et marqua, en travers, le bois de leur porte d’un long filet de sang :arrow: La phrase est un peu biscornue je trouve... Peut-être devrais-tu mettre le "en travers" après le bois, ou quelque chose comme ça, car le rythme de la phrase est un peu cassé je trouve ^^. Sa marque appliquée, elle verrouilla et prit la clé.

En bas, le bar Lynch donnait dans ses dernières heures d’activités. A cette heure :arrow: répétition =D, les clients ne se faisaient pas plus nombreux mais il régnait une ambiance plus détendue que lorsqu’ils avaient fait leur entrée une heure auparavant. Occupée derrière son bar à chiffonner de la vaisselle, Emy Lynch sifflotait tranquillement sur la musique d’un petit phonographe posé sur son comptoir. La Dragon se souvenait, de son temps au Sanctuaire, qu’un novice avait économisé une année de solde pour s’en offrir un modèle. Les larges disques noirs que l’on y lisait étaient faits d’une de ces nouvelles matières exploitées au Nouveau Monde dont elle ne connaissait pas le nom, ce qui en faisaient des objets rares et cher :arrow: cherS. La patronne du lieu, décontractée, en possédait deux, et une fois qu’elle avait lu chaque face, changeait de disque avec une minutie infinie.
Il régnait donc dans le bar cette atmosphère lascive et douce qu’apporte la musique. Si Angora resta quelques instants sur place, elle fut bien vite sifflée au fond de la salle. Là-bas, dans une alcôve, Ashä l’Eclair de Jade et Nadejda la pilote étaient attablées autour d’une chope de bière.

Elles l’invitèrent à leur table, et appelèrent Emy qui vint déposer une pinte devant la Dragon sans que rien ne lui soit demandé. Un peu embarrassée, la nouvelle venue se proposa de partager sa ration pour remplir les chopes de ses voisines, mais :arrow: duT tout de même conserver plus d’une demi-pinte. Elle se promit de ne faire que siroter sa boisson pour ne pas perdre ses moyens et se plaça de sorte à pouvoir surveiller le moindre mouvement de la contrebandière. A ses côtés, les deux femmes discutaient sans prêter attention au reste de la salle.

— Vous n’êtes pas fatiguées ? leur demanda-t-elle, un peu surprise de les avoir retrouvées en bas.

— Alors qu’on vient d’arriver à la Capitale ? s’étonna la jeune femme à la peau sombre en lui glissant un petit sourire. On s’ennuie sur un navire pendant des semaines, pourquoi s’enfermerait-on –seule– dans une chambre, à peine débarquée à terre ? Non, j’ai envie de m’amuser !

— Leoda, Hikari et Irïllan se sont couchés en haut, lui dit Nadejda sur un ton plus tranquille. Après des jours de navigation, un repos complet fait généralement du bien. Notre Eclair de Jade, elle, semble posséder une énergie inépuisable…
La sabreuse, fière, sourit jusqu’aux oreilles, les yeux brillants, exposant ses canines.

— Et toi alors ? s’intéressa Angora en se tournant vers la pilote aux yeux cernés, tu es en bas pour la même raison qu’Ashä ?

— Je ne pourrai pas m’endormir sobre ce soir, avoua-t-elle en tapotant sa choppe, pas au cœur de la Capitale Impériale en tout cas. Et puis Ashä est capable de faire la conversation pour deux.

Pour une ancienne militaire, la cité aux trois fleuves était sans doute l’endroit qui faisait remonter le plus de souvenirs pénibles. Nadejda Savath avait officié sous le commandement de Wilhelm le Sanguinaire, et les archives faisaient état de sa présence à ses côté :arrow: côtéS lorsqu’il était venu exiger du Sénat que l’on lui confie :arrow: Tu repasses au présent, là le soin de mener la gouvernance du Nouveau Monde, après la défaite et la mort de l’Amiral Bennet de Cent-Port. Entre les murs épais du Sénat s’était jouée la bascule de son destin. La fugitive Nadejda, condamnée à mort pour trahison, n’aurait jamais existé sans cette visite.

Angora lui fit signe qu’elle comprenait, et elles passèrent à autre chose. Emy changea la face du tourne-disque, et on se mit à discuter de tout et de rien. Surtout de rien, à vrai dire. Il n’était pas facile de trouver des sujets de conversation convenant à trois femmes aussi différentes. Cependant, comme l’avait assuré Nadejda, la sabreuse de Bizänce comblait parfaitement les blancs de leur discussion.

— Et donc, disait-elle, comment ça se fait qu’en tant que Dragon tu ne te sois pas retournée contre l’Amiral avec l’Inquisition ? Vous dépendez tous du Sénat, non ?

— Ce n’est pas aussi simple, se força-t-elle à expliquer, ma situation est particulière…
Parler d’elle-même inconfortait Angora, mais mieux valait dissiper d’éventuels malentendus que les perpétuer en se défilant.

— Lorsque l’Empereur a accordé à l’Amiral Ford qu’un Dragon Impérial devienne l’Epée-Lige de sa famille, exposa-t-elle, c’était une grande première. Les sénateurs étaient très hostiles à cette décision. Ford avait la faveur de l’Empereur, pas du Sénat. Les négociations sont restées secrètes, mais je suis ce qui en est ressorti.

Ashä était perplexe :

— Pourquoi toi, entre tous ?

La guerrière s’assombrit.

— Le Sénat n’a pas confiance en moi, cela faisait quelques temps que j’étais maintenue à l’écart. Je pensais déjà que c’était une façon de se débarrasser de moi alors… quand j’ai vu débarquer l’Inquisition, ça n’a fait que confirmer mes craintes. J’ai cru qu’ils venaient uniquement pour moi, mais c’était bien pire : ils venaient aussi pour Yulia.

Pendant un instant, elles furent toutes silencieuses. Plutôt que de se regarder, chacune sembla se refermer sur elle-même. On fixait ses mains, la tête basse. Les souvenirs de Cathuba n’étaient pas joyeux.

— Pauvre gamine, murmura Nadejda, les doigts croisés autour de sa choppe.

Ashä serra le poing à s’en faire craquer les phalanges.

— Chaque fois que l’Empire découvre la barbarie qui se cache sous son masque civilisé, ce sont des milliers d’enfants qui sont meurtris. Les gosses qui ont assisté aux exactions de l’Inquisition, sur Cathuba, n’auront plus jamais de regard naïf sur le monde. Les adultes, eux, accepteront de croire aux versions officielles des événements, ils se persuaderont qu’il s’agit de la bonne façon de penser, ils effaceront leurs vrais souvenirs… mais ce que leur enfant a pu voir, jamais il n’oubliera.

— Tu deviens inspirée, se moqua la pilote, on pourrait te croire poète…

— Je sais de quoi je parle, grimaça-t-elle, j’avais l’âge de Yulia quand la guerre civile a ravagé Thäma. Ça te brise un gosse, mais s’il arrive à se forger un nouvel esprit, alors il en ressort plus fort. Il y a de la volonté, dans cette petite, elle s’en sortira. Si on lui en donne les moyens.

— Qu’est-ce que tu veux dire par-là ? interrogea Angora, perplexe.

— Apprends-lui à se battre, dit la sabreuse sans détour.

— Hors de question, répondit la Dragon, catégorique. Mes ordres sont de la protéger.

— Pour rejoindre l’Amiral, elle aura plus besoin de savoir tirer au fusil et croiser le fer que de lire de vieux livres, plaida pourtant la femme à la peau sombre.

— Ashä, grinça Nadejda, ce n’est qu’une gosse…

— J’avais huit ans quand j’ai tué mon premier homme.

— Et moi douze ! tonna la pilote, une certaine rage dans le regard. On a sacrifié nos enfances, Ashä ! Ce n’est pas une bonne chose ! Laisse donc la gamine vivre la sienne !

L’autre tapa du poing sur la table :

— Son enfance, l’Inquisition lui a déjà prise ! Nous avons la responsabilité de la préparer à ce qui vient !
Nadejda pointa un index vers le visage de la Première Epée.

— Ce n’est pas l’avis de Taylor, et tu le sais !

Ce n’est qu’à cette sentence qu’Ashä déposa les armes, et la tension redescendit immédiatement alors qu’elle montrait ses paumes ouvertes en signe de bonne foi :

— Je n’irais jamais contre les ordres du Capitaine, Nad, tu le sais. Il m’a clairement dit de laisser la petite à Jun et Irïllan, mais je ne pensais pas l’entraîner moi-même aux armes…

Son regard se coula vers Angora.

— Tu es la protectrice de Yulia, reprit-elle. Taylor ne s’opposera à aucune de tes décisions. J’ai vu que la gamine cachait un pistolet, c’est de toi qu’elle le tient, non ? Une arme est dangereuse entre des mains non-formées…

La femme aux cheveux rouges ne pouvait nier l’argument, mais ne pouvait imaginer enseigner à Yulia la façon dont on tuait les hommes.

— Je lui retirerai ce pistolet, promit-elle.

N’ayant pas obtenu la réponse qu’elle désirait, Ashä soupira et croisa les bras. La Dragon chercha le soutient de Nadejda qui lui adressa un regard rassurant. La jeune sabreuse agitait la tête, comme si elle cherchait à en chasser une mouche pénible, et plus d’une fois elle ouvrit la bouche avant qu’un froncement de sourcil de la pilote ne la fasse renoncer à relancer la discussion. Agacée et sûrement vexée par le refus qu’on lui opposait, elle finit par se redresser d’un bloc, saisir sa choppe, et la vider d’un trait, la gorge grande ouverte.
Elle fit taper le bock contre leur table quand elle l’eut vidé, les yeux fermés, de la mousse en guise de moustache.

— Aaaaaah ! respira-t-elle. Allez, plus de sujets tristes pour ce soir ! Je suis là pour m’amuser, bordel ! Tavernière ! Une autre bière !

Nadejda gloussa devant sa résolution toute enfantine et lui sourit :

— Voilà ce qui fait de toi une plaisante compagnie de boisson, Ashä ! Emy ! Une autre pour moi aussi !

Angora, elle, avait à peine entamé sa pinte, mais appréciait l’enthousiasme des jeunes femmes. La patronne arrêta de gratter discrètement sa verrue sur la lèvre et se saisit de deux nouvelles choppes qu’elle remplit au fût. Ashä la siffla alors qu’elle remontait la salle et Emy lui adressa un regard noir en les servants :arrow: servant.

— Tu sais ce qui arrive aux clients qui me sifflent ? menaça-t-elle.

— J’aime le danger, fanfaronna la jeune sabreuse.

L’échange n’alla pas plus loin, la grimace que lui fit l’armurière pouvant se passer de mots. Ashä, l’air plutôt fière d’elle, s’enfonça un peu plus dans son siège et sirota sa bière.

— Allons bon, s’exaspéra Nadejda, tu harcèles les serveurs toi maintenant ?

— C’était amusant de voir sa réaction, pouffa-t-elle. Et puis, où est le mal ? Nous sommes des pirates maintenant, non ? On attend de nous que nous nous comportions comme des fripons… Ne décevons pas les gens !

Elle remua les fesses sur la banquette et se rapprocha de la Dragon.

— N’est-ce pas… Angora ?

Elle resta muette devant ce revirement. Il y avait continuellement en la sabreuse une impression qui lui paralysait le cœur et, à présent que son regard semblait prêt à la dévorer toute crue, elle n’arrivait plus à faire la part des choses entre sa propre paranoïa et les réelles manœuvres déstabilisantes de la jeune femme.

— Alors, lui susurra-t-elle, quel effet ça fait de passer du côté des méchants ?

Ashä passa un bras autour de ses épaules, et Angora se crispa un peu plus. Elle n’avait pas l’habitude de ce genre de contact, car même Yulia dont elle était proche ne se collait pas ainsi à elle. Elle se rendit compte que le tissu qui couvrait la jeune femme était plus fin que ce qu’elle aurait cru, et cela ne participa pas à la tranquilliser. Il y avait tant d’interrogations qui se bousculaient dans sa tête qu’elle ne parvint à formuler aucune réponse. La sabreuse continua de parler, les yeux dans les siens et un sourire coquin sur le visage.

— Mets-toi un peu à ma place : d’habitude, les Dragons me traquent, ils ne se battent pas à mes côtés. Tu es la première Dragon renégate que je rencontre… C’est l’inconnu pour moi, quelque chose de stimulant…

Une main délicate vient se poser sur sa cuisse tandis qu’un pied nu glissait sur sa botte. Un long frisson traversa la Dragon mais, si tout son entraînement et son instinct de combat lui criaient de repousser sèchement la polissonne, un drôle d’engourdissement la garda immobile, comme un animal soudain docile. Elle n’était plus certaine que Taylor ait chargé sa Lieutenante de la surveiller de près ; ou bien, si c’était le cas, Ashä avait une façon particulièrement littérale d’obéir à ses ordres… :arrow: Chacun interprète les ordres comme il veut :lol:

La Dragon, muette, sentait le moindre de ses poils se hérisser sur sa peau, ainsi que ses muscles se nouer sans même qu’elle en ait donné l’ordre. Elle dût :arrow: dut se concentrer pour ralentir son rythme cardiaque qui commençait à doucement s’emballer. Si elle ne réagit pas à l’attitude de la jeune femme, ce fut plus par incrédulité que par réticence.

Constatant son trouble, Ashä hésita. Puis, soudain, elle reprit ses distances. Sa main se retira, son pied se fit oublier, et son sourire quitta les terres de la légèreté pour afficher une fausse gêne de politesse.

— Excuse-moi, j’ai été un peu envahissante… Peut-être veux-tu boire un peu plus avant de passer à ce registre ?

Nadejda s’éclaircit la voix, brisant l’intimité qui s’était établie entre les deux femmes.

— Angora n’a pas l’air de tenir à boire, opposa-t-elle. Sa bière est à peine entamée, tu ne devrais pas…

— Non, ne t’en fais pas pour moi ! s’empressa de démentir Angora, gênée. Je ne bois pas souvent, mais je tiens à essayer…

Joignant le geste à la parole, elle prit sa choppe entre les mains et entreprit d’en boire quelques gorgées de plus. Face à elle, Nadejda lui adressa un regard interrogateur. Était-elle sûre de vouloir boire avec Ashä ? Angora ne l’était pas à cent pour cent, mais préféra afficher une mine rassurante. La pilote haussa les épaules, l’air de dire que ce n’était pas ses affaires. La femme au bras d’acier, encore un peu rouge, tenta de ne pas regarder dans la direction de la sabreuse le temps de retrouver ses esprits, mais c’était sans compter sur son enthousiasme.

— Chouette ! se réjouit-elle. Cette soirée commence bien ! Angora, tu veux peut-être qu’on t’aide à boire ?

— Qu’est-ce que tu as encore en tête ? s’exaspéra Nadejda.

— Un petit jeu, reprit la coquine, idéal pour apprendre à mieux se connaître ! Le jeu des cicatrices !

Ses deux interlocutrices durent faire une tête suffisamment perdue pour qu’elle se sente obligée de préciser :

— L’une après l’autre, on dévoile une de ses cicatrices : plus la marque est impressionnante, plus les autres doivent boire de gorgées dans leur verre.

— Est-ce que le nombril compte ? demanda la pilote, circonspecte.

— C’est une cicatrice le nombril ? s’étonna Ashä.

La pilote lui mima la coupe du cordon ombilical, et la jeune femme ouvrit de grands yeux ronds, comme si on venait de lui révéler un secret centenaire.

Angora avait une autre question. Du doigt, elle désigna le haut de son bras gauche, là où son bras mécanique se greffait au moignon, avec ses tiges, ses lanières et ses terminaisons nerveuses. Elles firent la grimace.

— Si, ça, ça compte, il nous faudra au moins trois choppes entières, résuma Nadejda.

La jeune sabreuse acquiesça, et reprit la parole :

— On ne va jouer qu’avec les cicatrices non-handicapantes, celles qui nous laissent des souvenirs de combats glorieux ou d’accidents bêtes. Je commence ?

Devant l’accord de ses deux compagnonnes, elle déplia ses mains, et leur révéla que sur chacune des premières phalanges de ses doigts, une très légère scarification avait inscrit un signe sur sa peau. Elle expliqua qu’il s’agissait là d’une tradition de l’Ecole du Sabre de Thäma, que chaque signe représentait l’une des énergies qui gouverne le monde, et que leur positionnement est censé révéler le caractère d’un sabreur. Si Angora examina le moindre d’entre-eux avec attention, Nadejda ronchonna et, plutôt que de leur faire payer pour ses dix doigts, elle accepta de leur faire un prix de gros à trois gorgées chacune. Essuyant ses babines d’un revers de poignet, Angora releva ses cheveux pour leur montrer, sur sa nuque, la marque d’un coup d’épée qui avait failli la tuer pendant ses années d’apprentissage au Sanctuaire. Cela fit briller les yeux d’Ashä et elles s’accordèrent pour boire cinq gorgées. On procéda ainsi pendant une petite demi-heure, à rire des marques de maladresse, à admirer celles de bravoure, et à boire plus vite qu’en début de soirée. La Dragon finit par se détendre, et retrouva un peu de cet esprit de camaraderie qui avait marqué les meilleures années de sa vie. Au jeu, ce fut vite Nadejda qui les fit le plus boire : même si Ashä avait pour elle de nombreuses coupures de sabre, la renégate était originaire du Protectorat de Tenoch, Surplomb de l’Amiral Wilhelm, où tout jeune doit servir dans un corps d’armée de ses dix-huit à vingt-deux ans. L’éducation y étant rude et la discipline sévère, une citoyenne du Protectorat telle que la pilote collectionnait forcément les cicatrices. Angora, elle, n’avait à offrir que les marques antérieures au jour où elle était devenue un Dragon Impérial et, bien vite, elle but plus qu’elle ne fit boire. Elle finit sa pinte, et on lui en apporta une autre sans qu’elle ne proteste :arrow: au présent, à nouveau ^^.
:arrow: Ce paragraphe était bien sympa, et un moyen détourné de découvrir le passé des trois femmes :D

Alors que c’était à son tour de reprendre la main, Nadejda jeta un regard dans la salle. Avec l’heure avancée, les derniers clients avaient déserté les lieux, ne restaient :arrow: restait que Yorik, l’associé d’Emy, qui passait le chiffon sur les tables. La pilote sembla rassurée et, mise en confiance par son petit coup dans le nez, se retourna vers ses deux comparses.

— Il est temps de conclure cette petite bataille d’ego et d’asseoir ma suprématie, proclama-t-elle. J’espère que vous avez l’estomac bien accroché…

D’une main encore agile, la renégate décrocha un à un les boutons de sa chemise et mit son dos à nu. Ashä siffla d’admiration mais la Dragon serra les dents. Sur la peau blanche des omoplates, des côtes, le long de la colonne et jusqu’aux fesses, de grandes striures roses et boursouflées côtoyaient de larges marques de brûlures au fer rouge. Elle n’eut pas besoin de leur expliquer : toutes deux savaient qu’il s’agissait là des tortures que lui avaient réservées les hommes de Wilhelm lorsqu’elle avait été arrêtée pour trahison.

— Je présume que ça clos notre petite compétition, reprit-elle, vous avez tout montré ?

Ashä leva les mains, vaincue, mais Angora avait encore une dernière carte à jouer.

— Ce n’est pas aussi impressionnant que toi, prévint-elle, mais j’ai encore quelque chose…

— Vas-y, alors, je ne jugerai pas.

Angora hésita à se dévêtir devant Ashä mais, si Nadejda l’avait fait, il ne devait pas y avoir de danger. Avec précaution, elle fit glisser son manteau et déboutonna sa chemise. Cachant ses seins par pudeur, elle leur montra néanmoins les curieux motifs que tissaient sur sa peau la centaine de petites cicatrices qui couvrait le haut de son corps. Au creux de son ventre, trois marques plus sombres semblaient dessiner l’emprunte d’une grande griffe. Devant les regards interloqués de ses deux amies, elle expliqua :

— Ce sont les dernières cicatrices que j’ai récoltées. C’était en Contrebas, le jour où j’ai gagné mon titre de Dragon et rencontré ma gemme. Les vents étaient furieux, un navire s’était abîmé dans le tourbillon des Brumes. L’air était chargé de sable, de cailloux, et d’échardes de bois pointus. Je me suis battu jusqu’au bout de mes forces, ce jour-là, et lorsque mon plastron m’a été arraché, mes vêtements et ma peau ont étés taillés en lambeaux par la tempête.

Avant que les deux membres de l’Eclat aient pu lui poser des questions, Emy Lynch vint se joindre à eux. La tavernière posa sa choppe et sa chaise à leur table, et les tint un instant en respect du regard, un drôle de tic agitant sa lèvre supérieure.

— Votre passion pour les stigmates du corps est glauque ; mais vous trouvez toujours un moyen de vous dessaper, hein ? Allez, rhabillez-vous, j’fais pas maison close.

Angora et Nadejda obéirent immédiatement mais Ashä chercha quelques secondes des yeux ses vêtements avant de se rendre compte qu’elle n’avait rien enlevé. Ce fait sembla l’étonner, et elle lança un regard amusé à l’armurière.

— Navrée de choquer une si sage aubergiste, mais nous autre pirates avons des mœurs assez libérés… Peut-être es-tu curieuse ?

Emy haussa les sourcils et ouvrit la bouche pour protester quand elle se rendit compte que la sabreuse se moquait gentiment.

— Vas-y, fous-toi de ma gueule ! rit-elle. Ah, t’en a :arrow: aS des bonnes toi ! Il en faut plus pour me choquer… Ce que vous faites dans les chambres ne regarde que vous mais, dans mon bar, c’est tenue correcte exigée, capiche ?

— On ne fait rien dans les chambres… avança Nadejda, un peu gênée.

Angora aussi craignait que les blagues d’Ashä ne soit prises trop au sérieux par l’armurière. Elle n’était pas très à l’aise avec ce genre de sujet et redoutait les quiproquos…

— Allons, insista la rousse, je sais comment ça se passe dans un équipage seul dans les airs pendant des mois... Vous avez forcément quelques histoires à partager.

La Première Epée de l’Eclat désigna avec malice sa pinte vide :

— Peut-être qu’avec une autre bière…

Une nouvelle tournée leur fut gracieusement accordée. Emy en profita pour remercier Yorik en lui offrant la fin de sa soirée, assurant qu’elle fermerait elle-même le bar. Débarrassées des oreilles indiscrètes et réunit :arrow: réunies autour de nouvelles choppes bien remplies, les filles reprirent leur divertissement.

— Taylor n’a pas de relation en ce moment, si c’est ce que tu veux savoir, confia Nadejda à leur hôte.

Celle-ci leva les yeux au ciel :

— Pourquoi tout le monde croit-il que je suis intéressée par ce gagne-petit ? J’ai tant l’air d’une croqueuse d’homme que ça ?

Ashä ricana :

— Vu la façon dont tu le reluque :arrow: reluqueS quand il a le dos tourné, tu n’as pas vraiment l’air de ces femmes qui se délectent d’une compagnie féminine… Plutôt du genre à se lover entre deux bras musclés ?

— J’aime les hommes, je ne le cacherai pas, admit Emy, mais tu fais fausse-route si tu crois que je les laisse mener la danse… Mais que peux-tu en savoir ? Si je peux te retourner la formule, tu as l’air de ces femmes qui collectionnent plus facilement les conquêtes de leur sexe que de celui qu’on veut leur imposer…

La sabreuse, joueuse, leva les deux mains en l’air en riant :

— Joliment formulé ! Me voilà démasquée !

Emy releva le mufle, fière de son coup. Mais, loin de déstabiliser la jeune femme, cela relança son humeur coquine et elle reprit son interrogatoire :

— Tu as déjà couché avec des femmes, Emy ?

L’interrogée plissa les yeux d’une drôle de façon. Angora connaissait ce regard, pour l’avoir trop souvent croisé pendant ses années au Sanctuaire : il mettait en garde, signifiait qu’il ne fallait pas aller trop loin dans la provocation.

— J’ai déjà essayé, répondit-elle succinctement, mais ça ne m’a pas convaincue. Et, avant que tu ne demandes, non, je ne retenterais pas.

Ashä haussa les épaules, mais Emy fit mine de se désintéresser totalement d’elle.

— Et vous, alors, fit-elle, vous partagez la débauche de votre épéiste ?

Nadejda secoua mollement la tête.

— Le sexe ne m’intéresse pas, dit-elle simplement.

Une ombre d’incompréhension flotta un instant dans le regard de l’armurière, mais elle choisit vite de ne pas insister. On se tourna alors vers la quatrième et dernière membre de la tablée. Quand Angora comprit qu’on attendait d’elle une réponse, elle bredouilla quelque chose de vague. Elle n’était vraiment certaine ni de ce qu’on lui demandait, ni de sa réponse.

Comme manifestement personne ne saisit l’idée de sa réplique, Ashä reformula plus directement :

— Tu as couché avec des hommes ? des femmes ? les deux ?

Son silence fut éloquent.

La sabreuse fut alors traversée d’un grand rire. Ses mains en tremblaient, tentant de s’accrocher à la table pour ne pas tomber à la renverse. Rouge jusqu’aux oreilles, Angora admira un bref instant ce rire, pur et enfantin, libérateur à sa déstabilisante manière. La jeune femme à la peau sombre se reprit cependant vite et, s’essuyant d’un doigt une larme au coin de l’œil, sembla un peu gênée.
:arrow: Bichette, Angora, j'imagine bien sa gêne :')

— Excuse-moi, lui dit-elle alors comme si elles étaient soudain seules, je ne devrais pas rire, c’est que… je ne comprenais pas pourquoi tu étais si confuse quand je t’abordais. Je pensais que tu me testais aussi. Je n’aurais pas dû jouer avec toi, je n’aurais jamais pensé que… enfin, qu’un Dragon Impérial n’ai jamais… enfin, jamais fait le truc quoi !

Elle était soudain beaucoup plus pudique en évoquant l’acte sexuel, et Angora eut l’impression d’être redevenue une enfant. Cela ne dura cependant pas longtemps car, très vite, la jeune femme retrouva son aplomb et son enthousiasme.

— J’imagine à peine ta confusion ! s’amusa-t-elle. Mais rassure-toi : maintenant je te capte bien ! Je peux te proposer, là, tout de suite, des avances plus explicites… Je pourrais t’initier à tout un tas de trucs !
Elle n’eut pas le loisir de développer. La porte du bar s’ouvrit à la volé :arrow: voléE alors que Yorik était violemment poussé dans la pièce et s’étalait de tout son long, laissant une vilaine trace sur le parquet.

Les deux femmes qui jusqu’alors assistaient, médusées, à la confession d’Ashä, se retournèrent d’un bloc. Emy fut la première debout, et sortit de son tablier un long revolver qu’elle braqua sur l’embrasure de la porte. Nadejda, elle, se précipita vers l’associé de l’armurière qui tremblait au sol. Dans le noir et la nuit, dehors, un bruit de pas tranquille descendait les marches. Une paire de bottes usées apparut à la lumière du porche quand les deux combattantes rejoignirent la tenancière.

Un grand homme sortit de l’ombre, suivi de quatre gros-bras. Les pans de son grand manteau noir s’ouvraient sur sa ceinture de cuir garnie de deux revolvers flambants neufs. Le teint brunâtre de sa face lançait des cheveux d’un noir absolu qu’il avait rasés sur le côté gauche, laissant apparaître pleinement la crevasse boursouflée qui, là, lui servait d’oreille. Derrière ce personnage se positionnèrent les quatre gars, pistolets à la main, malabars mal brossés, l’air idiots mais intimidants. Toutes leurs sales gueules se tordaient en des sourires de truands.

— Salut la compagnie, entonna l’homme à la crevasse, je présume que le bar est encore ouvert pour un dernier verre ? J’ai plutôt soif…

Emy, positionnée de biais, le bras aligné en position de tir, baissa un peu son arme. Yorik, que Nadejda avait relevé, courut s’abriter dans l’arrière-salle en boitant, et sa débandade fit glousser ses tourmenteurs.

— Qu’est-ce que tu viens foutre ici, Crogg ? grogna-t-elle. Comme si j’avais envie de voir ta sale trogne.

L’autre leva un index, et se dirigea tranquillement vers le bar. Il tira nonchalamment une chaise, et s’accouda au comptoir. Sa main droite, indolente, se tenait bien en vue, prête à saisir un des flingues. Les gros-bras refermèrent la porte, enclenchant le verrou.

— Je viens prélever la taxe, ma petite Emy, exposa le dénommé Crogg. Le patron a besoin d’argent…

— J’ai déjà payé Sullivan ce mois-ci.

— Sullivan est mort, on a un nouveau chef maintenant. Ce que t’a payé au vieux ne compte plus, c’est Antton qui fait la loi maintenant, et il a besoin de fric.

La barmaid était indécise.

— Sullivan protégeait le quartier des fauteurs de troubles… avança-t-elle.

Crogg lui adressa un regard lourd de sens. Les quatre gaillards pointèrent leurs pétoires sur l’armurière, menaçants.

— Antton protégera ton petit commerce et ta contrebande aussi bien que Sullivan… si tu payes. Maintenant, range ce jouet inutile, et sers-moi à boire.

La rouquine ne prit qu’un instant pour évaluer la situation. Avec un haussement d’épaule tout autant destiné aux gars qu’à elle-même, elle baissa son arme et, plutôt que de la cacher à nouveau parmi les plis de sa robe, elle la balança sur la table où elles avaient vidés :arrow: vidé leurs pintes. Ce signe de bonne foi plut à la canaille, et il lui adressa un grand sourire plein de dents alors qu’elle venait reprendre, sans protester, sa place derrière le bar.

A moitié ensuquée par l’alcool, Angora ne comprenait pas tout de ce qu’il se passait. Elle était toujours assise, médusée, alors que Nadejda et Ashä, qui s’étaient levées, faisaient mine de se rasseoir paisiblement. Il était pourtant difficile de cacher la tension qui raidissait leurs mouvements, et aucune d’elles ne se risqua à tourner le dos aux nouveaux venus. Ce n’est qu’alors que la situation tournait à l’avantage des intrus et que les gros-bras se mirent en tête de venir les reluquer que la Dragon comprit qu’elle assistait à un authentique racket mafieux dans les plus pures règles de l’art.

Emy saisit un des verres à pinte qui séchait sur le comptoir, ouvrit d’un claquement de doigt le robinet du fût de bière, et remplit le verre à ras-bord. Crogg leur offrit le plaisir de longs bruits de déglutitions malsains en plus de la vue de son oreille arrachée et purulente. Angora se surprit à penser qu’il les aurait fait beaucoup boire au jeu des cicatrices…

Un gros lourd posa sa patte sur un coin de leur table, et cela tira Angora de sa stupeur.

— A quoi ça jouait ici ? dés ? poker ? tarot ? Héhé, je s’rais prêt à avancer un sacré paquet pour une mise à la hauteur…

Son allusion fit sourire ses compagnons, et il enchaîna avec un rire gras. Ashä s’était assise de sorte à dissimuler ses deux sabres à l’aide du manteau dont la Dragon s’était défait. Elle qui était pourtant assez joueuse n’affichait qu’une mine austère et dégoûtée. Trois des malabars entouraient à présent leur table, et Angora recula sensiblement quand elle surprit les regards lourds qui se glissaient vers elle. Ses poings la démangèrent, mais les pistolets qu’arboraient les hommes, ajoutés à la lenteur de son ivresse, la retinrent suffisamment longtemps. Aucun d’eux ne semblait se douter d’avoir affaire à des combattantes aguerries, elles pouvaient encore s’en sortir en jouant profil bas…

Emy, au bar, semblait parfaitement calme. D’une main experte, elle se saisit d’un chiffon pour éponger le liquide que Crogg laissait tomber en buvant. Le malin ne la quittait pas des yeux une seule seconde, savourant le pouvoir qu’assure la force sur les petites gens. Il était du bon côté du flingue. Comme pour faire la conversation, la rousse pointa du museau sa belle ceinture.

— Je vois que t’as de nouveaux revolvers. Ils viennent pas de chez moi.

Crogg s’enfila à grande gorgées le reste de sa pinte, et en crachat une partie alors qu’il se mettait à rire.

— Quoi ? Tu es jalouse, Emy ? Mon infidélité te fait du mal ?

— J’avais un contrat avec Sullivan.

— Sullivan est au fond du fleuve, ses règles sont caduques. Je ne sais pas pourquoi il avait conclu ce ridicule contrat avec toi, Emy, mais nous entrons dans une ère différente ! Antton est un boss arrangeant et il autorise les gars à s’équiper dans n’importe quelle armurerie, qu’elle soit ou non clandestine. Tu es loin d’être la moins chère, dans ce milieu, ma chère Emy !

— Je vois, répondit-elle simplement, le regard dans le vague.

— J’espère bien, que tu vois… Allez, ressers-moi avant qu’on passe aux choses sérieuses tous les deux !

La rouquine reprit la pinte qu’il lui adressait en riant du mauvais coup qu’il était en train de lui jouer. En quelques gestes précis, elle transforma une choppe vide en choppe pleine, et la tendit d’une main.

— C’est dommage, j’aimais bien Sullivan, dit-elle, lui au moins savait qui il ne fallait pas se mettre à dos dans le quartier…

— Hein ?

Elle tira trois coups. La pinte explosa entre les mains de Crogg. Le poing ensanglanté d’Emy vint lui coller trois balles de plus, à bout portant, avant qu’il ait touché le sol.

Puis elle plongea derrière le comptoir.

Tout se joua en trois secondes. Les deux ex-Corsaires bondirent de concert. Un sabre encore au fourreau frappa la main du plus proche gars, envoyant son flingue rouler sur le plancher, et Ashä dégaina. Nadejda saisit le poignet du second, le frappa au ventre du genou et le désarma d’une clé de bras. Elle attrapa son arme au vol alors que la sabreuse taillait un trait sanglant dans le cou de son adversaire. La pilote vida son chargeur sur le troisième malfrat et ce fut lorsque l’Eclair de Jade bondit vers le dernier des gros-bras qu’Angora comprit ce qui lui valait ce surnom. L’homme n’eut le temps de tirer qu’une unique balle, trouant le plancher là où la combattante n’était déjà plus. L’éclat furieux de sa lame frappa à la vitesse de l’éclair.

Emy fit claquer le barillet de son revolver, et se redressa, prête à tirer. Elle suspendit son geste, stupéfaite. Quatre des cinq mafieux gisaient dans leur sang, et Nadejda maitrisait le cinquième d’une simple torsion du bras.

Angora se rendit compte qu’elle était tombée sur les fesses, surprise par l’explosion de violence. Elle était à présent certaine d’être complètement ivre : d’ordinaire, elle dégainait la première, et là elle n’avait rien vu venir. Les filles de l’Eclats :arrow: Eclat avaient fait preuve de réactivité impressionnante, et elle doutait d’être aussi efficace en pareille circonstance.

— Pas mal, lâcha Emy, admirative...

— Pas mal ? roumégua Nadejda, rechargeant le pistolet d’une main et durcissant sa prise de l’autre, et si on avait été tué :arrow: tuées dans ces conneries, Lynch ?

La rousse préféra se moquer :

— J’aurais fait graver une plaque en l’honneur de votre noble sacrifice. Allez, débarrassons-nous des corps.

La Dragon peinait à détacher le regard des restes de Crogg. Le brigand gisait, renversé sur le sol, les jambes encore traversées de spasmes. En plus des trois balles qui lui trouaient le buste, son horrible trogne avait été réduite en bouillie, sa cervelle éclatée, dispersée sur le planché. Il ne restait plus rien de ses yeux ou de son nez, seule sa langue pendait, presque coupée alors qu’il avait claqué la mâchoire au moment de sa mort. Ironiquement, la seule partie encore regardable de sa face était la crevasse de son oreille manquante.

Un coup de feu éclata à sa gauche, la faisant sursauter. Nadejda venait d’abattre son prisonnier.

— C’était quoi cette histoire de contrat ? demanda-t-elle en repoussant du pied le malheureux.

— La petite mafia de Sullivan m’achetait des armes en quantité, je me faisais six fois en profits ce qu’ils me rackettaient. Du bénéfice mutuel. Ce nouveau, Antton, est mauvais en business, mais Crogg était trop idiot pour le voir.

— Comme on se débarrasse des cadavres ?

L’armurière sourit jusqu’aux canines :

— Je vais vous montrer le chemin du fleuve, ça pourra vous resservir…

Pendant ce temps-là, Ashä s’approchait d’Angora. La sabreuse à la peau sombre avait rengainé et n’était pas marquée de la moindre trace de sang. Elle se pencha vers la Dragon, et lui proposa une main douce pour se relever.

— Ma pauvre jolie, câlina-t-elle, je suis désolé :arrow: désolée de t’avoir fait autant boire ! Je pensais que tu tiendrais mieux… Ça me chagrine, mais je vais devoir te faire mes avances une autre fois : ces gros lourdauds ont quelque peu brisé l’instant. Et puis, je vois bien que tu n’as plus tous tes moyens, ce serait déloyal…

Angora saisit sa poigne, et se releva tant bien que mal, encore peu certaine de ses appuis. La jeune tentatrice lui passa une main légère dans la nuque. Elle frémit. Les lèvres rondes d’Ashä se faufilèrent à son oreille :

— Je t’attendrai, ma jolie dragonne…


On l’envoya au lit, ce soir-là. La tête lui tournait tellement qu’elle en oubliait de marcher droit. Elle s’écroula auprès de Yulia sans trop savoir comment elle avait monté l’escalier ni ce qu’il advenait des trois femmes. Elle dormit de ce sommeil sans rêve et profond que seul procure la boisson.

Le lendemain, tout ce qu’il restait des hommes d’Antton était de vagues taches sombres sur lesquelles Yorik usait la serpillière.

Du combat, Angora n’eut presque aucun souvenir. Mais elle se souvient du moindre des mots de l’Eclair de Jade.


fin du chapitre 14, part.2
Beeeh, ce chapitre était intense, sous tous les aspects :lol:
Nan, je l'ai vraiment beaucoup aimé, tout était fluide, compréhensible, il y avait des moments légers, tendus, cool, sombres... Je sais si c'est parce que j'ai pas lu depuis un moment, mais j'ai teeeellement envie de lire la suite :D
Puis, encore une fois, tes personnages sont géniaux. Puis, ces nanas quoi... C'est pas le genre "femme forte parce que femme forte", tu sais nuancer la chose, donner plus de crédibilité et "d'épaisseur"... Je le dirai jamais assez, j'adore tes personnages, femmes, hommes, vieux, enfants, humains ou non... :mrgreen:
Tu sors bientôt le chap 17 ? :cry: Je sais que j'ai les interludes pour patienter, mais...
Bonne soirée ! Et bonne année :mrgreen:
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs (Interlude 2) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Merci beaucoup Louji !! :D J'ai pris en note et t'ai répondu sur discord ;)
Le prochain chap arrive ! Une première partie est presque prête, elle arrivera surement début janvier si Enora a assez de temps ;)
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 16 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Salut tout le monde ! :D Le nouveau chapitre est là... enfin, plutôt sa première partie :lol: La seconde arrive ne vous en faites pas ;)
Encore une fois merci à tous, n'hésitez pas à rejoindre le discord : https://discord.gg/rwHteWB



Chapitre 17 : Vie mondaine (part.1)



Taylor et Hellshima poussèrent les portes du bar au petit matin. Emy, qui ne dormait jamais, astiquait son comptoir d’une main distraite. A une table, Yulia et Angora avalaient un copieux petit-déjeuné. La fille de l’Amiral semblait bien plus fraîche et reposée que la veille, et lança un signe de la main au Capitaine. La Dragon, elle, piquait du nez de temps en temps, mais reprenait en général immédiatement ses esprits.

Quand les deux hommes entrèrent, enroulés dans des capes poussiéreuses, Emy quitta son poste pour venir verrouiller la porte derrière eux. Le bar était vide –il n’y avait aucun client de bon matin– et les autres membres de l’Eclat commencèrent à descendre de leur chambre.

Taylor aligna trois tables, et chacun y posa sa chaise. Irïllan discutait avec Hikari à propos d’une babiole que l’aide-artisan faisait tourner comme une toupie. Nadejda et Leoda s’installèrent côte à côte sans pourtant échanger le moindre mot. Asha descendit la dernière, baillant à s’en décrocher la mâchoire, et s’assit en bout de table, se balançant négligemment sur son siège.

Leur Capitaine les tint un instant sous son regard, et adressa un signe de la tête à Yulia. La petite redoutait ce qu’il avait à dire. Voilà des semaines qu’on lui promettait qu’elle aurait ses réponses à la Capitale, ce temps était-il enfin venu ?

— Kentaro et moi avons passé la nuit à rendre visite à nos anciens contacts dans la ville. Certains ont été contents de nous voir… d’autres moins.

Hellshima étouffa un petit rire. Il y avait un peu de sang séché sur la crosse de son arme.

— Quoi qu’il en soit, reprit Taylor, on a obtenu les quelques infos qu’il nous manquait. Comme on le pensait, c’est officiel : l’Amiral Ford a été destitué par l’Empereur. Le rapport intercepté par Angora semble véridique : Ford se trouvait au Nouveau-Monde quand le Sénat l’a déchargé de ses fonctions, et ils ont envoyé l’Amiral Wilhelm prendre le relais en ordonnant à Ford de rentrer à la Capitale.

A la mention de Wilhelm le Sanguinaire, Nadejda avait serré le poing.

— Bien entendu, Ford n’est jamais reparti du Nouveau-Monde, mais impossible d’avoir la moindre information sur ce qu’il se passe là-bas : tout doit transiter par le Phare, et l’Amirauté censure absolument tout. Aucun journal, aucun indic, n’a de nouvelles sur la situation au Nouveau Monde, et les voyageurs qui en viennent sont partis alors que Ford était encore en poste.

Yulia déglutit difficilement. Elle avait eu beau s’y attendre, s’y préparer, la nouvelle n’était pas facile à encaisser. Son père n’était plus Amiral, c’était bel et bien réel. Quelque part, même quand Angora lui avait annoncé, dans leur cachette sur Cathuba, qu’elle n’était plus la fille d’un Amiral, elle avait refusé d’y croire vraiment. Mais elle ne devait plus se voiler la face : elle ne mènerait plus jamais une vie paisible, pas plus qu’elle ne reverrait Senex ou Marisa. Sa nouvelle vie était là : quelques tables, dans un bar souterrain, à dresser un plan avec d’anciens Corsaires qui ne différaient pas tant que ça des pirates de romans.

Angora posa sa main mécanique sur son épaule. La petite ne savait pas comment elle aurait réagi sans son soutien…

— Le Nouveau Monde, exposa le Capitaine, est un continent plus grand que tous les Surplombs que nous ayons visités jusque-là. Il est, au bas mot, trois fois plus étendu que Thäma. Espérer nous y rendre et découvrir par hasard où se cache l’Amiral Ford c’est être fou. Ce qu’il nous faut, c’est les informations que détiennent les militaires, et qui sont censurées au Phare. Et pour ça, il faut qu’on coince Marc Friedrich Wöllner. D’après nos indics, il est toujours officiellement Vice-Amiral par Intérim du Protectorat de Cathuba : il doit recevoir les rapports classifiés. Mais pour l’approcher, il faudra se montrer bien rusé. On ne pourra y arriver seuls : il nous faudra l’aide d’un certain nombre d’associés pour montrer le plan que j’ai en tête.

— Quel est-il, ce plan ? le coupa Angora.

— J’en parlerais en tant venu, éluda Taylor, il y a encore quelques détails à ajuster… Mais la première étape se joue ce soir : nous avons rendez-vous au théâtre.

Ils durent avoir l’air suffisamment décontenancés pour que Taylor, fier de lui, parte en un grand rire. Alors que tous se demandaient s’ils avaient bien entendu ou s’il s’agissait d’une blague de mauvais goût, le capitaine de l’Eclat se recomposa un air neutre et affirma :

— Je suis très sérieux, j’emmène Yulia au théâtre des Trois Brises pour la pièce de ce soir. Tâchez d’être propres et bien habillés pour l’occasion.

La petite se retint de faire une nouvelle scène. Elle était à présent habituée aux exubérances de Taylor, et savait que celles-ci cachaient généralement un plan sensé.

— Tu es sûr que ça nous aidera à mettre la main sur les Wöllner ? demanda Angora, un peu perplexe.

— Fais-moi confiance, lui sourit-il, je connais bien les rouages de cette ville.





Après leur petit exposé, Taylor et Hellshima montèrent prendre quelques heures de sommeil, et Emy Lynch déverrouilla sa porte. Dans la salle, les ex-Corsaires avaient commencé à se concerter.

Comme le Capitaine l’avait annoncé, Yulia devait se préparer à sortir en bonne compagnie. On demanda à Emy si elle avait un service de toilette. Elle argua grossièrement ne pas être leur mère et ne pas être tenue de leur laver les fesses lorsqu’elles étaient sales.

— Allez au Temple, comme tout le monde, avait-elle ajouté.

Cette perspective angoissa la jeune fille. La plupart de ses compagnons avaient été des pirates bannis des Temples, mais un malfrat n’est pas connu de l’ensemble des Surplombs et tous étaient familiers de cette institution. Mais Yulia était une enfant Sinistre qui n’avait jamais quitté Cathuba, et son Temple lui était fermé depuis la naissance. Elle avait entendu à de maintes reprises le récit des ablutions, mais à présent qu’on lui offrait d’y participer une indéfinissable anxiété la gagnait.

Angora vit son trouble, et prit sa main dans la sienne. Sa paume chaude finit par la réconforter, et la Dragon leva sa seconde main –celle d’acier– pour masquer sa bouche alors qu’elle chuchotait :

— Si tu ne veux pas y aller, je nous préparerai un bain…

— Merci, mais… je crois que je veux essayer, lui répondit doucement la petite. Nous ne sommes plus sur Cathuba, n’est-ce pas ? Ici, je peux être une enfant normale.

Elle l’avait dit avec plus de conviction qu’elle n’en possédait réellement, mais cela sembla rassurer sa protectrice et elles échangèrent un sourire.

Dans la salle, on se disputait pour savoir où se rendre. Nadejda et Irïllan préféraient autant se laver dans le fleuve, comme la populace, mais Hikari et Leoda ne supportaient pas cette idée. Finalement, on ne résista pas à la perspective de visiter l’un des trois Temples Primordiaux de la Capitale : le Temple de l’Abondance, source du fleuve de l’Azurite qu’ils avaient longé la veille. Asha ne souhaita pas les accompagner, disant préférer une toilette au sable et ne pas apprécier l’eau. On haussa les épaules, mais personne n’osa l’accuser de mentir.

Pour sortir, Angora hésita à se masquer le visage, mais on lui assura que la ville était si grande qu’elle ne risquait guère de croiser de connaissance. Par mesure de sécurité, elle enfila tout de même une grosse paire de gants et passa un manteau aux manches assez longues pour camoufler son bras de métal. Nadejda mit un bonnet de laine, et ce fut tout.

Cette sortie fut pour Yulia l’occasion de porter un meilleur regard sur la Capitale. S’ils étaient entrés de nuit, sous une pluie poisseuse et à travers les quartiers miséreux, ce fut une toute autre ville qui se révéla aux yeux de la jeune fille quand ils s’éloignèrent du Lynch Bar.

La Capitale était une ville immense, la plus densément peuplée au monde, et il suffisait de voir la foule qui en arpentait les avenues, même dans les quartiers les plus excentrés, pour s’en rendre compte. Le Lynch Bar se trouvait dans les tréfonds du quartier que l’on nommait la Pissotière en raison des longs filets d’eaux jaunis par les briques en terre ocre qui constituaient les murs des bâtisses branlantes. Chacun y avait construit sa case anarchiquement en s’empilant sur le voisin, si bien que ce qui ressemblait à un immense immeuble fuyait de tous les côtés, et qu’il y avait toujours un liquide pour se colorer et s’écouler de gouttière en gouttière, souvent à même un mur, jusqu’à finir dans la terre, humide et collante.

Ils étaient tachés de boue jusqu’aux genoux lorsqu’ils rejoignirent les avenues pavées qui bordaient le fleuve. Il y avait trois fleuves à la Capitale, plus que nombre de voyageurs pouvaient se vanter d’avoir vus dans le monde entier. L’Azurite serpentait dans le sud de la ville, lascive, et traversait certain des quartiers les plus pauvres du Surplomb, construits autant autour que sur le fleuve où des passerelles de bois pourris et des pontons instables se disputaient le paysage.

Des barges dépareillées traversaient les flots sombres, remontaient ou descendaient le courant, transportant des voyageurs ou des marchandises. Certaines d’entre elles avaient tout simplement mouillé l’ancre sur la rive et supportaient divers petits commerces itinérants. Ces barges n’avaient pas de Ballon à Voile, et elles ne fendaient pas les airs : elles flottaient à la surface de l’eau, comme les feuilles le faisaient dans les gouttières de Cathuba. La chose était si curieuse pour Yulia qu’elle ne cessa, de longues minutes durant, d’étudier la vie sur le fleuve.

Cette eau était le centre de la vie locale : les avenues la longeaient, on y discutait et échangeait les nouvelles, comme un Temple à ciel ouvert. Il était difficile de croire qu’une telle richesse –l’eau étant la ressource la plus rare des Surplombs– puisse ne faire qu’une avec la misère des quartiers pauvres. L’Azurite se chargeait de détritus et d’eaux usées, se transformant en un bouillon noirâtre peu ragoutant. Pourtant, de très nombreuses personnes descendaient des berges pour s’y immerger : elles se dévêtaient puis, munies de brosses et parfois de morceaux grossiers de savons, s’astiquaient le corps jusqu’à être s’être rougie la peau. Savoir que les enfants plongeaient la tête dans les flots rendit malade Yulia lorsque le groupe traversa le quartier des teinturiers, enjambant les rigoles par lesquelles les colorants s’évacuaient dans le fleuve.

A mesure que l’on remontait le cour d’eau, la pierre remplaçait la terre et le bois. On approchait du Temple, autour duquel se massait une population plus aisée. Les vendeurs de fripes côtoyaient les guinguettes bon marchés, et les promeneurs marchaient moins vite.

Au détour d’un coude du fleuve, on l’aperçut.



Trônant sur une colline qui aurait presque pu prétendre être son propre Surplomb, le Temple de l’Abondance était au centre de tout un quartier batî dans des pierres blanches. L’ordre remplaçait ici les constructions négligées, les frontispices des bâtiments se parant de coulures de bronzes, de drapeaux impériaux et de figures de muses. Si le quartier pieux se donnait des airs solennels, il était parcouru par une populace des plus diverses, dont la plupart se rendait –comme eux– au Temple. On y croisait presque autant de va-nu-pieds que de petits bourgeois ; les commerces ambulants, trimbalant leurs charrettes branlantes, s’établissaient devant les façades immaculées sans offusquer personne, les crieurs annonçaient les nouvelles, et on trouvait aux coins des ruelles autant de saletés que dans les bas-fonds qu’ils avaient quittés.

— Des trois Temples Primordiaux, celui de l’Abondance est le plus populaire, sourit Irïlan. Ici, personne ne nous reprochera de sentir comme un vieux clébard.

Le Temple en lui-même, formidable bâtisse en marbre blanc s’élevant vers les cieux, était construit sur plusieurs niveaux et reposait sur un pic de pierre où quatre bouches, sculptées avec soin, déversaient des flots et des flots d’eau bleue, chaude et pure. Autour de la colline, les torrents se regroupaient pour former la source de l’Azurite. Quatre ponts, orientés aux quatre coins cardinaux, permettaient d’accéder au quartier. Là, on était délivré des vendeurs à la sauvette et des crieurs de journaux qui respectaient scrupuleusement l’aura du Temple.

Lorsque Yulia arriva au pied de la butte, elle leva les yeux sur l’impressionnant lieu de culte sans arriver à croire que l’homme ait pu apprivoiser une telle force naturelle. En gravissant les marches de marbre, la petite boule d’angoisse resurgit dans son estomac. Il était là, le Temple, et ils s’y rendaient bien…
Avec eux avançait une petite foule, venue de tout le sud de la Capitale pour accomplir, comme les ex-Corsaires, leurs ablutions. Arrivé sur le parvis, leur groupe se dirigea vers une des entrées et franchit un grand portail en bronze pour se mêler aux fidèles qui patientaient pour accéder aux bassins.

La petite boule grandissait dans le ventre de Yulia. Les ex-Corsaires commencèrent à plaisanter pour passer le temps et cela aurait dû la rassurer. Après tout, au milieu d’autant de gens, quelle différence faisait-elle ? Personne ne faisait attention à eux…

Finalement, une jeune Gardienne dans sa robe usée bleu et or confia une petite clé à Hikari avant de leur indiquer dans quelle alcôve ils pouvaient se faufiler. Là, ils disposèrent d’un petit espace pour se dévêtir et d’un modeste coffre –parmi d’autres– pour entreposer leurs affaires.

Se déshabiller devant d’autres personnes n’était pas une habitude pour Yulia. Enfant Sinistre, elle n’avait jamais vraiment vécu cette proximité des corps que nécessitent les rites du culte de la Vapeur. Même Marisa, qui reprochait souvent aux autres leur manque de pudeur, mettait un point d’honneur à ne présenter aucune gêne dans un Temple. Habituée des bains solitaires, ce n’était qu’il y a quelques mois de cela qu’Angora lui avait offert son premier bain de vapeur, et cela ne suffisait pas à la rendre tout à fait à l’aise.

Elle hésita quelques secondes mais, voyant qu’Irïllan, Nadejda, Hikari, et Leoda quittaient déjà leurs chemises, se força à défaire ses boutons. Elle manqua de doigté, bloqua trois fois sur le bouton, et ses doigts commencèrent à trembler. Elle pouvait sentir l’odeur des sels et des encens du Temple, et elle pouvait entendre, à quelques salles de là, la clameur des gamins qui se baignaient. Et elle, face à cet inconnu qui lui avait été refusé toute sa vie durant, bloquait sur un stupide bouton ! Tremblante, elle empoigna sa chemise, voulut s’y reprendre, mais s’aperçut que des larmes l’en empêchaient.

Deux mains –l’une chaude, l’autre froide– se posèrent sur elle et Angora s’agenouilla, cherchant affolée à savoir si la petite s’était blessée. Lorsqu’elle comprit que le problème venait d’elle, Yulia se laissa aller à pleurer. Sa protectrice ne savait pas comment réagir :

— Dis-moi ce qui ne va pas !

Yulia s’essuya les yeux d’un revers de manche.

— Ce n’est pas… Ce n’est pas… Enfin, c’est stupide ! Regarde-moi : je tremble de partout ! Je ne suis jamais allé dans un Temple et maintenant… et maintenant…

— Si tu ne te sens pas bien, on peut encore partir, assura la Dragon.

— Non ! s’exclama la petite.

L’idée de faire demi-tour lui était insupportable.

— Laisse-moi juste quelques instants, je vais me calmer…

Angora hocha la tête, et demanda aux membres de l’Eclat de les laisser seuls. Ils finirent de se dévêtir, remplirent le coffre, puis Hikari en remit la clé à Angora avant qu’ils ne se faufilent au dehors. Tous avaient fait comme si de rien n’était, mais ils devaient bien avoir vu…

Yulia reprit avec Angora un exercice de respiration qu’elles pratiquaient le matin. A force de souffle et de patience, les tremblements de la petite cessèrent. Elle posa ses mains à plat sur le sol, et expira longuement. En un regard, elle avait assuré à sa protectrice que la crise de nerf était passée.

— Excuse-moi, bafouilla celle-ci, je n’avais pas pensé qu’entrer dans un Temple soit si perturbant pour toi…

La petite rit jaune :

— Je ne le savais pas non plus ! C’est la première fois que ça m’arrive ce genre de réaction…

— C’est normal, voulut-elle la rassurer. Parfois, on craque, sans trop savoir pourquoi.

— Ça arrive à tout le monde ?

— Ça m’est arrivé à moi en tout cas ! affirma sa protectrice. Tu te sens mieux ?

— Je me sens vidée de toute énergie, avoua la gosse, tu peux m’aider à enlever ces vêtements ?

Seule avec la Dragon, elle se sentait davantage en confiance. Elle était la première à s’être baignée avec elle qui n’avait pas même partagé cela avec Dick-Tale. Sans le regard des membres de l’Eclat et avec l’aide d’Angora, elle se sentit assez de force pour se dévêtir et faire un premier pas dans le Temple.

Angora ne pouvait ici camoufler son infirmité. Elle abandonna les gants et, avec eux, sa prothèse qu’elle enferma à double tour dans le coffre. Yulia hésita quelques secondes, mais décida de garder le pendentif de son père autour du cou. Une Gardienne leur ouvrit la porte des bains.



En un instant, toutes les descriptions que Dick-Tale lui avait faites lui revinrent en mémoire, sans qu’elle ne réussisse à les trouver à la hauteur de l’œuvre. Dans une gigantesque caverne taillée avec soin s’organisaient quatre bassins desquelles une douce vapeur s’élevait. Au sol, le dallage de marbre glissait légèrement sous le pied, et de l’eau perlait sur les colonnes blanches de la salle. De plus petits bassins d’eau plus froide étaient creusés tout autour et, dans des alcôves au-delà, on trouvait des autels dédiés aux trois formes de la Vapeur –l’air, l’eau et la glace. Des centaines de personnes se lavaient dans les bains, discutaient près des autels, ou s’immergeaient dans les petits bassins. Parmi eux, les Gardiennes nettoyaient le sol, organisaient les autels et renouvelaient l’encens sacré. Leur présence était fantomatique : seules figures habillées, couvertes de leurs robes mauve et or, elles allaient et venaient sans marquer la moindre émotion ou prêter la moindre attention aux individus qu’elles servaient.

Yulia et sa protectrice s’avancèrent, indécises, et finirent par trouver l’endroit où les ex-Corsaires s’étaient établis. Irïllan, Leoda, Hikari et Nadejda occupaient un petit coin du grand bassin ; munis de brosses et de savons du Temple, ils s’employaient à chasser la crasse accumulée de plusieurs semaines de navigation.

Angora et Yulia entrèrent dans l’eau pour les rejoindre. Aussitôt, la jeune fille fut saisit par la chaude caresse des eaux et s’y plongea jusqu’au nez, fermant les yeux pour profiter un peu plus de ce réconfortant contact.

Leurs compagnons ne firent aucune remarque sur le comportement de Yulia et Irïllan leur fit passer son savon. Les deux femmes avaient certes pratiqué de petites toilettes à l’éponge à bord de l’Eclat, mais leur corps nécessitait une attention beaucoup plus poussée. Alors que l’on se frottait avec énergie, une petite conversation s’engagea. Hikari leur confia que le Grand Temple d’Āto, dont il avait quelques souvenirs de jeunesse, n’était pas aussi étendu, mais s’élevait sur plusieurs niveaux, les différents bassins se versant les uns dans les autres jusqu’au rez-de-chaussée. Irïllan certifia que, pour sa part, c’était le plus grand Temple qu’il ait vu de sa vie, et qu’il admirait la finesse de sculpture des autels. Si Nadejda, Leoda et Angora avaient fréquenté la Capitale à quelques occasions, aucune n’était jusqu’alors entré dans un des Temples Primordiaux.
Le jeune voltigeur, ayant terminé sa toilette, devint turbulent comme un enfant. Il escalada les épaules du Paladin Klane, malgré ses protestations. Elle eut beau l’insulter de tous les noms, il sauta en salto et les éclaboussa tous en plongeant les bras écartés. Cela fit beaucoup rire un groupe de gosse, mais attira l’œil d’une Gardienne non loin, qui vint leur rappeler les règles de bienséance. Leoda Klane adressa un regard noir à Irïllan, visiblement très gênée d’avoir été rappelée à l’ordre. Elle prit son savon, et les quitta pour s’isoler dans un bassin froid.

— Elle boude ? demanda Yulia, incertaine.

Hikari soupira.

— Notre Paladin prend très au sérieux la religion… contrairement à notre Voltigeur.

Ce dernier flottait sur le dos, aspirait de l’eau par la bouche avant de la recracher en l’air avec désinvolture.

— Pourquoi tout le monde l’appelle Paladin ? Elle ne porte pas d’armoiries nobles…

Yulia avait connu quelques chevaliers de passage Cathuba, et outre des armures à vapeur comme en possédait Leoda, ils portaient l’emblème de leur famille gravé sur le plastron. Son père lui avait dit que les chevaliers de l’Ordre de l’Ardre formaient une noblesse mercenaire, s’engageant en tant que garde du corps ou troupe de choc auprès des Amiraux, des maisons nobles, ou du Sénat. Elle imaginait probable qu’un Paladin de cet ordre officie chez des Corsaires, mais les regards gênés qu’on lui retourna lui firent comprendre que ce n’était pas tout à fait le cas. Comme personne n’osait répondre, ce fut Nadejda qui creva l’abcès.

— Leoda n’est pas officiellement Paladin, pas plus que Chevalier. Elle est la dernière fille de la famille Klane, mais pour intégrer l’ordre de l’Ardre il faut être un homme. Pendant des années, elle s’est travestie pour prendre les armes, et a été formée au sein de la forteresse du Surplomb d’Epeyron, gagnant du grade et du respect… jusqu’au jour où, après avoir été nommé Paladin, la vérité sur son sexe éclata. Leoda fut bannie d’Epeyron, et son nom effacé de tous les registres.

La vapeur s’enroulait autour du corps de la guerrière alors que Yulia la regardait de loin. Elle avait le dos large, les épaules carrées, les bras développés par les heures passées à manier sa flamberge et à tirer les cordages de l’Eclat.

— Pour tout le monde sur l’Eclat, continuait la renégate, elle est encore le Paladin Klane, mais plus aucun chevalier de l’Ardre ne reconnaît sa valeur, et elle ne porte plus les armoiries de sa famille.

Yulia comprenait à présent un peu mieux le sens des paroles qu’avait chantées Ashä, lorsqu’elles s’étaient affrontées en duel. Comment pouvait-on rire d’une histoire aussi triste ? On lui avait retiré son identité, on l’avait bannie, comme elle-même l’avait été des Temples à sa naissance. Tout ça parce qu’elle était née fille, mais quelle différence cela faisait-il ? Les filles devenaient des Gardiennes et les garçons des chevaliers, mais pourquoi empêcher Leoda de faire comme les garçons ? La petite se rendait compte à présent avec quelle violence les normes étaient perpétuées.

Alors qu’elle songeait à aller tenir compagnie au Paladin Klane dans son bassin, un soupçon lui glaça l’échine. Si Leoda était très pieuse, comme le disait Hikari, voulait-elle avoir affaire à Yulia, une enfant Sinistre aux yeux de la religion ? Si elle n’en avait rien dit aux membres de l’Eclat, sa nature transparaissait sûrement au vue de sa crise de nerf précédente. Un enfant Sinistre était maudit par la Vapeur, apportait le malheur et était un indésirable de la société. Jamais un noble chevalier ne tolérerait d’en fréquenter un.

La mort dans l’âme, elle laissa l’eau monter jusqu’à sa bouche et y souffla quelques petites bulles. Elle repensa à ce qu’il s’était passé dans l’alcôve, honteuse, et se rapprocha d’Angora.

— Tu as dit que ça t’était déjà arrivé, avança-t-elle, de… craquer comme je l’ai fait… j’ai du mal à le croire, tu es si forte et si confiante !

La Dragon sembla hésiter un instant. Elle croisa les bras –enfin, aurait croisé si elle portait sa prothèse– et sa bouche se tordit.

— Ce n’est pas… Les circonstances étaient tout autre… Je…

Elle soupira fort, et se laissa glisser dans l’eau jusqu’aux épaules.

— C’est une longue histoire, prévint-elle.

Yulia hocha la tête. Nadejda et Hikari se passaient les encens un peu plus loin sans pouvoir les entendre et Irïllan s’amusait toujours. Elles étaient seules avec la Vapeur. Angora leva les yeux vers les hautes voutes du Temple, et y perdit son regard alors qu’elle racontait :

— Tu m’as demandé un jour comment j’avais perdu mon bras… il est sans doute temps que je te répondre.

suite à la prochaine partie !
DisneyClochette

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DisneyClochette »

Toujours en retard, mais toujours fidèle au rendez-vous !! :D
Ton nouveau chapitre est génial, mais comme l'a dit marjogch, c'est cruel de t'arrêter là!! :evil: D'un autre coté, ça t'assure qu'on sera présent pour lire la suite... :roll: Pfff! Comme si tu avais besoin d'un pareil stratagème!!
J'ai relevé une petite faute dans ton texte, au niveau de la description de la caverne du Temple :
Dans une gigantesque caverne taillée avec soin s’organisaient quatre bassins desquelles une douce vapeur s’élevait. --> ''desquels'' ;)

Gros bisous et préviens moi de la suite!!
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Marjogch a écrit :Naaaaaaaaaan, sérieux.... Comment peux-tu oser arrêter ici ta narration? :lol:
C'est cruel ça. Alors qu'Angora allait enfin raconter la raison de son bras mutilé.... Pffffff, je ne dirai rien, mais je n'en pense pas moins :D .

En tout cas, c'est un très bon chapitre. Enfin, nous allons rentrer dans le vif du sujet. Beaucoup de questions me trottent dans la tête.

Où est l'Amiral Ford? Que lui est-il arrivé? Comment Taylor compte-t-il le retrouver? D'où vient le médaillon que Yulia a autour du cou? Quand va-t-elle retrouver Dick????

Beaucoup de questions dont j'espère avoir très vite les réponses :D
Pardon, je crois que c'est vraiment la coupure la plus vilaine que j'ai faite dans un chapitre ! :lol: Et puis je pourrais aussi faire une ellipse à la prochaine partie pour ne pas vous la raconter, ou bien qu'un personnage les coupe et... Non non je plaisante je vais bien tout vous raconter au prochain chapitre ! :lol:
Merci beaucoup ! :D Ah, tes réponses vont trouver une réponse dans les prochains chapitres, sois-en sûre ^^
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DisneyClochette a écrit :Toujours en retard, mais toujours fidèle au rendez-vous !! :D
Ton nouveau chapitre est génial, mais comme l'a dit marjogch, c'est cruel de t'arrêter là!! :evil: D'un autre coté, ça t'assure qu'on sera présent pour lire la suite... :roll: Pfff! Comme si tu avais besoin d'un pareil stratagème!!
J'ai relevé une petite faute dans ton texte, au niveau de la description de la caverne du Temple :
Dans une gigantesque caverne taillée avec soin s’organisaient quatre bassins desquelles une douce vapeur s’élevait. --> ''desquels'' ;)

Gros bisous et préviens moi de la suite!!
Merci !! J'adore ce rendez-vous ! :mrgreen:
Oh, vu et corrigé, merci ! :D :D
Et devine quoi... la suite arrive tout de suite 8-)
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Chapitre 17 : Vie mondaine (part.2)

« J’ai intégré le Sanctuaire Impérial à l’âge de sept ans. Ma mère m’avait conçue hors mariage et m’avait abandonnée dans le petit Temple d’un Surplomb isolé où j’ai grandi, à l’est. Les Gardiennes me donnaient des corvées et, si je les avais satisfaites, j’avais le droit de manger et dormir dans un coin. Un matin, alors que je nettoyais l’autel, des hommes en noir sont arrivés. Ils ont payés les Gardiennes et m’ont emmenée.

J’ai suivi l’enseignement des Dragons Impériaux pendant dix ans. Nous avions été regroupés en un groupe d’une centaine d’enfants dont les plus âgés n’étaient pas beaucoup plus grands que moi. Nous dormions ensemble, mangions ensemble, nous exercions ensemble. On nous levait dès l’aube pour nous apprendre le maniement des armes, puis nous priions l’Empereur et méditions avant de reprendre les exercices et les corvées jusqu’à la tombée du soleil. A tout moment, même en plein cœur de la nuit ou pendant les prières, des Dragons du Sanctuaire pouvaient nous attaquer par surprise, nous désarmer et nous casser un bras. Nous avons vite appris à ne dormir que d’un œil.

Le quotidien était très dur et nous devions endurer plus d’une privation. Le Paladin Rikke entrait souvent dans le quartier des novices au matin alors que les domestiques avaient reçu pour consigne de ne pas nous réveiller : ceux qui n’ouvraient pas immédiatement l’œil étaient privés de nourriture. Une fois, un des plus jeunes et plus fragiles, qui était forcé de jeûner depuis six jours, s’était effondré lors d’un exercice au sabre. L’infirmerie a refusé de l’alimenter, et il est mort dans l’après-midi.

La moindre désobéissance nous valait de terribles punitions. Une petite rouquine, qui avait grandi dans la rue et intégré le Sanctuaire à un âge plus avancé que nous, avait un jour volé de la nourriture, et avait protesté lorsqu’on l’avait arrêtée. Elle a été fouettée à mort.

Dans ces conditions, tu te doutes bien qu’il s’est tissé entre nous un esprit de camaraderie très soudé. Les plus forts aidaient les plus faibles à tenir bon, et sans eux je n’aurais sans doute jamais survécu. Je n’étais pas une des plus fortes ou des plus endurantes. Par moment je pouvais me montrer gauche et ma peau marquait beaucoup : les hématomes des bagarres me restaient bien après que celles des autres ne soient parties. Je ne visais pas bien au pistolet, mes bras étaient trop faibles pour le sabre, et j’étais plutôt timide et effacée. Cependant je refusais de baisser les bras, et ce malgré la cruauté de Rikke. Elle avait pour but avoué de faire craquer les plus faibles : elle les harcelait, envoyait des aînés leur briser les os, et les laisser mourir à l’infirmerie. En dix ans nous n’étions plus que soixante, car chaque année il y avait des morts et des enfants qui disparaissaient dans la nuit. Le Paladin Dragon Rikke essayait de nous faire craquer, mais j’ai toujours tenu bon et je crois que, avec les années, elle avait développé un certain respect pour moi, la gamine fragile qui n’abandonnait pas.

C’est elle qui m’a appris qui était mon père. Un jour, elle m’a convoquée dans son bureau, je devais avoir treize ans. Il y avait un grand homme avec elle, une longue face grise, des petits yeux noirs, dans un manteau brun avec un brassard Impérial. Cette semaine-là, j’avais été attaquée deux fois par surprise : mes lèvres étaient gonflées, j’avais une arcade cassée et un œil au beurre noir. L’homme m’a dévisagée, de haut en bas, sans la moindre chaleur dans le regard. Puis il est parti. Rikke m’a alors dit :

« C’était ton père. J’imagine que tu t’es toujours demandé comment tu avais fini ici, n’est-ce pas ? Le Seigneur Valk’ozir est à la tête d’une grande maison du Protectorat de Donum, il est maître du Surplomb de Ku’rum et, après que sa femme lui ait donné un fils, il l’a délaissée pour trousser quelques bourgeoises dans les ports. Avoir des bâtards ne le dérangeait pas tellement à l’époque et il t’avait presque oubliée lorsque son fils a eu un drôle d’accident qui l’a laissé seulement capable de lécher le sol. D’un seul coup, voilà qu’il doit se choisir un nouvel héritier, et il opte pour Sonia Sir’ally sa jeune pupille qui n’est même pas une Valk’ozir… Il s’est ensuite souvenu de toi, et du fait que tu pouvais choisir de porter son nom. Quel danger tu serais pour son héritière si ses opposants politiques te trouvaient et t’utilisaient contre lui ? Une bâtarde, après tout, est toujours plus légitime qu’une favorite… Ce sont ses hommes qui t’ont achetée au Temple où ta mère t’avait abandonnée, et il a payé l’Ordre pour que nous t’intégrions ici. Tu sais pourquoi ? Connais-tu les vœux d’un Dragon ? »

Je lui aie répondu, sans hésitation, car c’était un serment que l’on nous faisait répéter chaque soir : « Par ma force et ma dévotion, je serais la main armée de mon empereur. Je n’aurais nul autre titre, nulle autre prétention. Je serais une arme au service de la justice et de la Vapeur. J’obéirai aux ordres et n’entretiendrai nulle gloire personnelle. La volonté de mon Empereur est ma volonté. » Le Paladin Dragon prit un plaisir sadique à me voir articuler ces mots. « Exactement. Ici, le Seigneur Valk’ozir sait que tu ne lui causeras aucun tort. Soit tu deviens un Dragon de l’Ordre et renonces à ta piètre légitimité, soit tu meurs en essayant. Il a réglé son problème comme un vrai homme d’honneur, tu ne trouves pas ? »

J’ai dû résister de toute mes forces pour ne pas lui répondre que cet « homme d’honneur » n’avait eu aucun remord à laisser pourrir sa fille, abandonnée dans un Temple minable, mais je voyais bien que Rikke voulait me pousser à la faute. Elle m’a laissée partir, sans manquer toutefois de me glisser un dernier mot : « Au fait, tu n’es pas le seul enfant illégitime du Seigneur Valk’ozir. Les autres sont ici aussi, ils ont été achetés comme toi. Amuse-toi à essayer de deviner de qui il s’agit, la bâtarde ! »

Toutes ces années m’ont endurcie, et lorsque j’eus dix-sept ans je savais manier un sabre plus que correctement, même si mon maniement des armes à feu laissait encore à désirer. Ceux qui avaient survécus aux exercices, aux privations et aux punitions n’étaient plus les faibles gamins qui pleuraient à leur arrivée. Nous étions devenus des adultes.

Je crois que je n’aurais pas tenu le coup s’il n’y avait pas eu Karel. Il avait deux ans de plus que moi, et était un des plus brillants novices. Sa technique au sabre était bien meilleure que la mienne, et aux pistolets il visait mieux que tous nos camarades réunis. Il était grand, robuste, ses cheveux bruns étaient toujours coiffés en une tignasse pas possible et il avait de grands yeux profonds et noirs. Nous nous ressemblions un peu : je trouvais que nous avions le même nez, et que notre port de tête était semblable. Mais, plus que tout, il était gentil avec moi. Il nous aidait tous lorsqu’il le pouvait mais parfois il délaissait les autres et venait me tenir compagnie lorsqu’il voyait que je mangeais seule.

C’est lui qui m’a soutenue, le dernier soir de notre apprentissage. Rikke nous avait réunis quelques heures plus tôt dans la cour intérieure, et nous avait annoncé que l’épreuve de la Révélation, qui marquerait la fin de notre formation, aurait lieu le lendemain. Nous qui vivions jusque-là au jour de le jour, nous découvrions un objectif soudain, et prenions conscience que nous vivions nos dernières heures de novices.

Beaucoup de nos camarades furent euphoriques toute la soirée. Moi, j’avais une grosse boule au ventre, et n’arrivais pas à comprendre ce qui n’allait pas. Karel avait remarqué mon état, et était venu me parler à l’écart des autres. J’avais à peine formulé le début d’une phrase que je m’étais mise à pleurer, inexplicablement. J’ai vécu exactement la même chose que toi tout à l’heure : j’ai pris conscience que, depuis des années, j’attendais ce moment sans le savoir, et qu’à présent qu’il était venu, je paniquais. Il m’a prise dans ses bras jusqu’à ce que mes tremblements s’arrêtent, et il m’a murmuré des mots doux jusqu’à ce que je m’endorme.

J’ai longtemps cru qu’il était lui aussi un bâtard de Valk’ozir, et qu’il agissait envers moi comme un frère. Je le voyais ainsi, mais aujourd’hui je préfère penser que Rikke avait prétendu que mon père avait eu d’autres enfants illégitimes dans le but de me tourmenter l’esprit. Elle se trompait, puisque Karel n’a fait que m’apporter de la force, des années durant. Il a été une épaule sur laquelle j’ai pu pleurer, et un modèle que j’ai cherché à égaler par tous mes efforts.
Alors est arrivée la Révélation. »


Angora fit une pause dans son récit. Son regard s’était terni. Elle se força tout de même à sourire pour la forme.

— Désolée de t’embêter avec ça, ce ne sont pas des souvenirs joyeux…

La petite n’avait jamais écouté quelqu’un aussi attentivement. Depuis qu’elle avait 9 ans, sa tête était pleine d’histoires de Dragons, elle s’était imaginé mille et une choses. A présent elle comprenait que le Sanctuaire Impérial n’était pas fondamentalement différent de l’Inquisition qui avait ravagé sa vie sur Cathuba… L’Empire n’était-il, derrière la façade des Temples aux fines sculptures de marbre et aux agréables bassins, qu’un état où on tuait, torturait, et où l’enfance n’avait pas sa place ?

En regardant la vapeur s’élever et s’enrouler autour des épaules d’Angora, elle commença cependant à comprendre pourquoi les gens louaient tant la Vapeur. Elle était chaude, réconfortante, et si tous avaient été blessés par l’Empire, tous venaient ici pour y appliquer un baume, se rassurer, avoir un allié supérieure qui nous murmure, aux autels, dans les bains, que tout ira mieux demain, que la souffrance est finit.

Yulia se passa de l’eau sur la figure tandis qu’Angora faisait de même. En regardant les gens se baigner autour d’eux, prier et se recueillir, elle se rendit compte que c’était le seul endroit qu’elle connaisse où autant de monde pouvait se retrouver sans craindre la violence ou le vol. Même les pirates de Taylor se laissaient aller en toute innocence, sans se méfier. Le Temple était un lieu que l’on disait sacré, peut-être était-ce pour ça ?

Sa protectrice respira longuement, fermant les yeux. Lorsqu’elle les rouvrit, ils avaient retrouvé leur éclat de rubis.

Yulia demanda :

— En quoi consiste la Révélation ?

Et Angora reprit son histoire.

« Il faut savoir que le Sanctuaire ne souhaite pas simplement faire de nous d’excellents soldats. Un Dragon doit être une arme mortelle, mais une arme qui ne se retourne jamais contre celui qui l’emploie. Nous étions formés à obéir aveuglément, sans nous poser de question. On nous humiliait régulièrement pour nous faire oublier tout ego. On pouvait à tout moment nous ordonner n’importe quelle tâche, et nous devions obéir sans poser de question, sous peine de punition. Tu te souviens de la rouquine ? Celle qui avait volé de la nourriture ? Rikke a ordonné aux novices de prendre le fouet tour à tour, et aucun d’entre-nous n’a hésité avant d’imiter le bourreau.

C’était cela que nous devions devenir : des armes insensibles, des armes parfaites.

La Révélation constituait la dernière étape de notre formation. Il fallait encore briser les liens qui nous avaient unis entre camarades, pendant toutes ces années.

C’est le dernier ordre donné à un novice :

Tue les autres.

On nous a tous embarqués à bord d’un vaisseau du Sanctuaire différents. Séparés du groupe, nous avons subi une dizaine d’heure de vol, largement assez pour ressasser dix-sept années de vie. Ma cellule tanguait de plus en plus à mesure que le temps passait. A travers les interstices du bois, les vents infiltraient du sable qui restait en suspension dans l’air. Je pouvais entendre les cris et les ordres des marins impériaux, et devinait que nous nous dirigions droit dans une tempête.

Ce ne fut que lorsque le moment fut venu, qu’on me conduisit sur le pont, et que je pus voir de mes propres yeux les forces déchaînées de la nature que je compris enfin de quoi il allait être question.
La soixantaine de barges du Sanctuaire s’étaient positionnées en vol stationnaire pour former un large cercle au-dessus du cœur de la plus terrible des tempêtes que j’ai pu voir en Contrebas. Le désert aride était balayé par des vents violents qui soulevaient la poussière et la mêlait à la Brume. Je dois bien jurer ne jamais avoir vu une Brume aussi dense. Il se formait comme un gigantesque tourbillon de fumées en Contrebas, dont le centre s’agitait comme s’il était en ébullition. De longs éclairs éclataient parfois au sein de la tempête et montaient vers le ciel. Sur chacune des barges, un de mes camarades se tenait, comme moi, et contemplait cet effrayant spectacle d’où montaient de déchirants hurlements dont ne savait si le vent était la seule cause.

On me tendit alors un petit récepteur, comme –je le suppose– à chacun de mes camarades. La voix grésillante de Rikke en sortit, et elle nous expliqua les modalités de l’épreuve. Il n’y avait de la place que pour un seul nouveau Dragon Impérial, les autres devaient périr. Notre but était le centre de la tempête, là-bas nous rencontrerions la Révélation. Il nous fallait simplement survivre au contrebas, survivre aux autres novices, et avancer contre les vents.
On nous laissa alors uniquement notre sabre, celui que nous avions forgé lors de notre sixième année, ainsi qu’un revolver chargé d’une unique balle. On nous vêtit simplement de la tunique de novice, de bottes de soldat, d’un plastron de fer et de lunettes de protection contre la poussière. Nous partirions au combat sur un pied d’égalité, seul le talent devrait désigner le futur Dragon Impérial. C’était la théorie mais, en Contrebas, la chance compte souvent plus que le talent.

Je m’attachais au bout d’un long treuille, et l’équipage me descendit. Si les premiers mètres ne furent pas trop pénibles, le reste fut un enfer. Les vents redoublaient de force à mesure que je descendais et je finis par être balancée au bout de mon treuil comme une feuille dans le vent. Je pouvais au loin distinguer quelques-uns de mes camarades avant que la poussière ne gêne ma vision. Certains tombèrent, bousculés par les vents. Un éclair brutal s’éleva pour frapper trois barges : les Ballons à Voile s’embrasèrent en un instant, et ils furent disloqués par les vents. Les novices de ses barges moururent avant de toucher le sol.

Dès que j’entrais dans le nuage de Brume et poussière, je fus coupée du monde du reste du monde. En bas, c’était comme s’il n’y avait plus de soleil, seulement le brouillard furieux et les hurlements.

J’ai sauté dès l’instant où j’ai vu le sol. »


Angora chercha ses mots un instant. Yulia était pendue à ses lèvres.


« La légende veut que les Dragons soient les seuls humains capables de descendre dans la Brume. Il serait plus exact de dire que le Dragon est le seul à y avoir survécu.

Le Contrebas est un endroit infernal, lorsque la Brume s’y déploie. Il y a des choses qui naissent dans la Brume. Des formes monstrueuses qui en surgissent. Des monstres translucides qu’on pense n’être que des ombres jusqu’à ce qu’ils vous attaquent. »


A ces mots, Angora mit la main sur son ventre, là où trois cicatrices noires semblaient dessiner une grande griffe.


« Je me suis battue de toutes mes forces contre la Brume. J’ai vu certains de mes camarades les plus faibles être impitoyablement dévorés par ces monstruosités. On en tuait une, deux autres se formaient dans la Brume. Face à cet enfer, il n’y avait plus qu’une chose à faire : manier le sabre, et avancer contre le vent.

Je reçus des blessures, on m’arracha mon plastron, mais toujours j’ai continué à avancer. Car je savais que si je ne prenais ne serait-ce qu’une seule seconde de repos, je serais soulevée par les bourrasques, attrapée par les mâchoires des créatures, et mise en pièces. J’ai toujours été tenace, étant novice, et ce trait de caractère m’a sans doute sauvé la vie ce jour-là. Même quand cette barge s’est laissée attraper par la tempête et s’est disloquée, j’ai ignoré la douleur de ma peau à vif, frappée par les échardes de bois, les cailloux et le sable.

A mesure que l’on se rapprochait du centre de la tempête, les vents devenaient plus violents, mais les créatures se formaient moins facilement. Nous nous retrouvions alors entre novices survivants, et nous battions. La plus grande des fraternités avait beau nous avoir unis, nous savions qu’au milieu de cet enfer un seul d’entre-nous serait remonté par Rikke.
J’affrontai trois camarades ce jour-là. Le premier était Seth, plus grand, plus fort que moi, mais avec de moins bon appuis. Il se laissa déséquilibrer au bout de trois passes d’armes et je le frappais du pied. Il roula dans la poussière et ne parvint pas à se rétablir : il s’envola, saisi par les vents. Je ne le revis jamais.

J’ai vu ensuite Lewis trancher la tête de Jasmine et s’élancer vers moi. Dès que nos lames se croisèrent, je sus que je n’avais pas le niveau pour me mesurer à lui. Contrairement à Seth ou à moi, il ne se battait pas pour se sauver lui-même, mais pour tuer. Il m’aurait eue aussi si un monstre n’avait pas surgi alors qu’il était entièrement concentré sur moi. Il fut mordu à la gorge, et on l’emporta dans la Brume.

J’ai eu beaucoup de chance ce jour-là, plus que dans toute ma vie. Une grande chance, et un grand malheur. Alors que je m’approchais du centre de la tempête, j’ai vu Karel.
Il était couvert de sang, mais pas le sien.

Il me vit lui aussi.

Je te l’ai dit, Karel était le plus doué des novices. Mais plus que tout, il avait l’esprit d’un véritable Dragon Impérial. Il n’hésita pas un instant à tourner son épée contre moi. Mais la jeune fille que j’étais, elle, en fut incapable.

Sans doute grâce aux vents, à la poussière ou à ma propre panique, sa lame trancha à trente centimètres de ma tête. »

Angora remua son bras droit, celui qui s’arrêtait au milieu du biceps et que continuaient deux tiges de métal. Ce membre manquant était le témoignage ultime de ce qui s’était passé dans la Brume.

La Dragon inspira profondément et reprit son récit.


« Je me suis effondrée dans la poussière. Je perdais mon sang à grand flots par ce bras tranché et, terrassée par la douleur, je poussais des cris inhumains. Karel se désintéressa de moi : face à lui venait de surgir les jumeaux Qor et Riō, qui s’étaient naturellement alliés. Alors qu’il engageait le combat, je plantais ma main gauche dans la terre sèche et résistais aux vents.

Je ne sais pas trop pourquoi je m’accrochais encore. Sans doute que la douleur m’avait plongée dans un état second où seule ma survie comptait. Je souffrais comme jamais je n’avais souffert : mutilée, écorchée sur tout le corps, parcourue de griffures et de morsures. Et pourtant, je trouvais la force de me relever, lentement. Je ne saurais pas expliquer comment.

Alors que Karel passait le sabre en travers du torse de Riō et sortait son revolver pour abattre Qor qui s’enfuyait, mon esprit se souvient que j’avais encore cette balle, unique, dans mon revolver. Ma main gauche se glissa jusqu’au holster. Mes jambes tremblaient comme un drapeau qui claque, mais elles ne me lâchèrent pas.

Karel se retourna, et son visage afficha tout son étonnement à me voir le tenir en joue. Il dût se dire que j’étais folle, que ma blessure m’avait fait perdre la tête. Moi, une piètre tireuse, le toucher lui, avec cette main gauche dont je ne m’étais jamais servie ?
Il avança d’un pas certain, le sabre serré dans le poing.

Je tirais, et le touchais entre les deux yeux. Son crâne éclata avant que je ne puisse lire la surprise dans ses yeux.

Je laissais tomber le revolver et me remis à avancer, ne parvenant pas même à réaliser ce que je venais de faire. Avec mon ami venait de tomber le dernier des novices. Il ne restait plus que moi.

Je sentais les monstres dans mon dos, et le cœur devant moi.

A bout de force, je tendais la main, et l’apercevait enfin…

LumineuseRougeVive

Mon poing s’est refermé, et j’ai été frappée d’une grande chaleur. »




Yulia ouvrait de grands yeux, ne comprenant soudain plus de quoi sa protectrice parlait. Sur quoi, sur qui avait-elle mit la main ? Il y avait une personne au centre de la Brume ? Un monstre ? Un objet ? Un treuil pour la remonter, peut-être ?

Angora mit la main contre son cœur, et laissa couler une larme le long de sa joue.

— C’est normal que tu ne comprennes pas, ce que j’ai trouvé n’est pas explicable avec des mots. Il y avait un cœur à la tempête dans laquelle le Sanctuaire nous avait lâchés, et ce cœur fait à présent partie de moi, il m’accompagne. Ensemble, nous formons une symbiose.

— Tu parles comme un conte, lui reprocha Yulia qui voulait y voir plus clair.

— C’est peut-être parce que c’est un peu ce que nous sommes : une partie de nous est faite de conte et de légende. L’autre…

Elle lui caressa le visage de sa main de chair.

— … est pleinement humaine. N’est-ce pas ce qui compte ?

La petite lui sourit timidement.

— Merci de m’avoir raconté ton histoire, lui dit-elle. Je ne comprends pas tout mais ce n’est pas grave, je te connais mieux à présent. C’est terrible ce que tu as dû traverser… C’était un véritable ami, ce Karel ?

— Je ne sais pas.

— C’est horrible que ça finisse ainsi… l’Empire est vraiment monstrueux ! Mais… j’imagine que si ça ne s’était pas passé, nous ne nous serions jamais rencontrées ? Je ne sais pas si je dois être heureuse ou triste de ce sort.

Avant que sa protectrice ait pu répondre, les traits de la petite s’éclairèrent soudain. Elle venait de réaliser :

— Tu as répondu à la question de notre première rencontre !

Angora ne se souvint pas.

— J’étais toute petite, expliqua Yulia, tu m’impressionnais beaucoup et je t’avais demandé si c’était vrai que les Dragons descendaient dans la Brume… maintenant je sais que c’est vrai ! Non seulement vous descendez dans la Brume, mais en plus vous avez un peu de Brume en vous ! C’est génial !

La Dragon lui sourit.

— Alors soyons heureuses que j’ai survécu, ce jour-là. Et soyons heureuses de notre rencontre. Peu importe les malheurs, il faut continuer à vivre, et aller de l’avant.

La fille de l’Amiral réfléchit à ces paroles un petit instant, avant d’acquiescer énergiquement.

— Tu as raison. Et ça vaut aussi pour moi : je ne dois pas pleurer la destitution de mon père ou ceux que j’ai perdus à Cathuba, mais me concentrer sur ce que je peux faire, aujourd’hui, pour coincer Wöllner et retrouver mon père !

Angora ne voulait pas vraiment lui dire de ne pas pleurer, mais elle laissa la petite à son humeur. Le sourire lui revenait. D’un geste, elle désigna la grande salle des bains :

— Après tout, regarde où je suis aujourd’hui ! Jamais je n’aurais pensé entrer dans un Temple un jour ! Rien n’est fini, je continue à vivre !

Aucune parole n’aurait pu faire plus plaisir à la Dragon.

Leur groupe s’attarda encore une heure durant dans le Temple de l’Abondance. Yulia joua un peu avec Irïllan, se promena avec Hikari et alla demander à Leoda comment on nommait les différents autels. Angora prit soin de sa toilette, laissant son esprit vagabonder, nostalgique. Il lui arrivait encore parfois de sentir les doigts de sa main droite bouger et, dans ses cauchemars, de voir la tête de Karel éclater, encore et encore…

Elle plongea la tête dans l’eau chaude et s’imprégna de Vapeur. Cela faisait longtemps qu’elle avait arrêté de pleurer son enfance.



suite et fin du chapitre 17 prochainement !
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 16 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit :Salut tout le monde ! :D Le nouveau chapitre est là... enfin, plutôt sa première partie :lol: La seconde arrive ne vous en faites pas ;)
Encore une fois merci à tous, n'hésitez pas à rejoindre le discord : https://discord.gg/rwHteWB



Chapitre 17 : Vie mondaine (part.1)



Taylor et Hellshima poussèrent les portes du bar au petit matin. Emy, qui ne dormait jamais, astiquait son comptoir d’une main distraite. A une table, Yulia et Angora avalaient un copieux petit-déjeuné. La fille de l’Amiral semblait bien plus fraîche et reposée que la veille, et lança un signe de la main au Capitaine. La Dragon, elle, piquait du nez de temps en temps, mais reprenait en général immédiatement ses esprits.

Quand les deux hommes entrèrent, enroulés dans des capes poussiéreuses, Emy quitta son poste pour venir verrouiller la porte derrière eux. Le bar était vide –il n’y avait aucun client de bon matin– et les autres membres de l’Eclat commencèrent à descendre de leur chambre.

Taylor aligna trois tables, et chacun y posa sa chaise. Irïllan discutait avec Hikari à propos d’une babiole que l’aide-artisan faisait tourner comme une toupie. Nadejda et Leoda s’installèrent côte à côte sans pourtant échanger le moindre mot. Asha descendit la dernière, baillant à s’en décrocher la mâchoire, et s’assit en bout de table, se balançant négligemment sur son siège.

Leur Capitaine les tint un instant sous son regard, et adressa un signe de la tête à Yulia. La petite redoutait ce qu’il avait à dire. Voilà des semaines qu’on lui promettait qu’elle aurait ses réponses à la Capitale, ce temps était-il enfin venu ?

— Kentaro et moi avons passé la nuit à rendre visite à nos anciens contacts dans la ville. Certains ont été contents de nous voir… d’autres moins.

Hellshima étouffa un petit rire. Il y avait un peu de sang séché sur la crosse de son arme.

— Quoi qu’il en soit, reprit Taylor, on a obtenu les quelques infos qu’il nous manquait. Comme on le pensait, c’est officiel : l’Amiral Ford a été destitué par l’Empereur. Le rapport intercepté par Angora semble véridique : Ford se trouvait au Nouveau-Monde quand le Sénat l’a déchargé de ses fonctions, et ils ont envoyé l’Amiral Wilhelm prendre le relais en ordonnant à Ford de rentrer à la Capitale.

A la mention de Wilhelm le Sanguinaire, Nadejda avait serré le poing.

— Bien entendu, Ford n’est jamais reparti du Nouveau-Monde, mais impossible d’avoir la moindre information sur ce qu’il se passe là-bas : tout doit transiter par le Phare, et l’Amirauté censure absolument tout. Aucun journal, aucun indic, n’a de nouvelles sur la situation au Nouveau Monde, et les voyageurs qui en viennent sont partis alors que Ford était encore en poste.

Yulia déglutit difficilement. Elle avait eu beau s’y attendre, s’y préparer, la nouvelle n’était pas facile à encaisser. Son père n’était plus Amiral, c’était bel et bien réel. Quelque part, même quand Angora lui avait annoncé, dans leur cachette sur Cathuba, qu’elle n’était plus la fille d’un Amiral, elle avait refusé d’y croire vraiment. Mais elle ne devait plus se voiler la face : elle ne mènerait plus jamais une vie paisible, pas plus qu’elle ne reverrait Senex ou Marisa. Sa nouvelle vie était là : quelques tables, dans un bar souterrain, à dresser un plan avec d’anciens Corsaires qui ne différaient pas tant que ça des pirates de romans.

Angora posa sa main mécanique sur son épaule. La petite ne savait pas comment elle aurait réagi sans son soutien…

— Le Nouveau Monde, exposa le Capitaine, est un continent plus grand que tous les Surplombs que nous ayons visités jusque-là. Il est, au bas mot, trois fois plus étendu que Thäma. Espérer nous y rendre et découvrir par hasard où se cache l’Amiral Ford c’est être fou. Ce qu’il nous faut, c’est les informations que détiennent les militaires, et qui sont censurées au Phare. Et pour ça, il faut qu’on coince Marc Friedrich Wöllner. D’après nos indics, il est toujours officiellement Vice-Amiral par Intérim du Protectorat de Cathuba : il doit recevoir les rapports classifiés. Mais pour l’approcher, il faudra se montrer bien rusé. On ne pourra y arriver seuls : il nous faudra l’aide d’un certain nombre d’associés pour montrer le plan que j’ai en tête.

— Quel est-il, ce plan ? le coupa Angora.

— J’en parlerais en tant venu, éluda Taylor, il y a encore quelques détails à ajuster… Mais la première étape se joue ce soir : nous avons rendez-vous au théâtre.

Ils durent avoir l’air suffisamment décontenancés pour que Taylor, fier de lui, parte en un grand rire. Alors que tous se demandaient s’ils avaient bien entendu ou s’il s’agissait d’une blague de mauvais goût, le capitaine de l’Eclat se recomposa un air neutre et affirma :

— Je suis très sérieux, j’emmène Yulia au théâtre des Trois Brises pour la pièce de ce soir. Tâchez d’être propres et bien habillés pour l’occasion.

La petite se retint de faire une nouvelle scène. Elle était à présent habituée aux exubérances de Taylor, et savait que celles-ci cachaient généralement un plan sensé.

— Tu es sûr que ça nous aidera à mettre la main sur les Wöllner ? demanda Angora, un peu perplexe.

— Fais-moi confiance, lui sourit-il, je connais bien les rouages de cette ville.





Après leur petit exposé, Taylor et Hellshima montèrent prendre quelques heures de sommeil, et Emy Lynch déverrouilla sa porte. Dans la salle, les ex-Corsaires avaient commencé à se concerter.

Comme le Capitaine l’avait annoncé, Yulia devait se préparer à sortir en bonne compagnie. On demanda à Emy si elle avait un service de toilette. Elle argua grossièrement ne pas être leur mère et ne pas être tenue de leur laver les fesses lorsqu’elles étaient sales.

— Allez au Temple, comme tout le monde, avait-elle ajouté.

Cette perspective angoissa la jeune fille. La plupart de ses compagnons avaient été des pirates bannis des Temples, mais un malfrat n’est :arrow: n'était ? pas connu de l’ensemble des Surplombs et tous étaient familiers de cette institution. Mais Yulia était une enfant Sinistre qui n’avait jamais quitté Cathuba, et son Temple lui était fermé depuis la naissance. Elle avait entendu à de maintes reprises le récit des ablutions, mais à présent qu’on lui offrait d’y participer une indéfinissable anxiété la gagnait.

Angora vit son trouble, et prit sa main dans la sienne. Sa paume chaude finit par la réconforter, et la Dragon leva sa seconde main –celle d’acier– pour masquer sa bouche alors qu’elle chuchotait :

— Si tu ne veux pas y aller, je nous préparerai un bain…

— Merci, mais… je crois que je veux essayer, lui répondit doucement la petite. Nous ne sommes plus sur Cathuba, n’est-ce pas ? Ici, je peux être une enfant normale.

Elle l’avait dit avec plus de conviction qu’elle n’en possédait réellement, mais cela sembla rassurer sa protectrice et elles échangèrent un sourire.

Dans la salle, on se disputait pour savoir où se rendre. Nadejda et Irïllan préféraient autant se laver dans le fleuve, comme la populace, mais Hikari et Leoda ne supportaient pas cette idée. Finalement, on ne résista pas à la perspective de visiter l’un des trois Temples Primordiaux de la Capitale : le Temple de l’Abondance, source du fleuve de l’Azurite qu’ils avaient longé la veille. Asha :arrow: Il y avait pas des trémas qui se baladaient sur son prénom avant ? Ashä ? :lol: ne souhaita pas les accompagner, disant préférer une toilette au sable et ne pas apprécier l’eau. On haussa les épaules, mais personne n’osa l’accuser de mentir.

Pour sortir, Angora hésita à se masquer le visage, mais on lui assura que la ville était si grande qu’elle ne risquait guère de croiser de connaissance. Par mesure de sécurité, elle enfila tout de même une grosse paire de gants et passa un manteau aux manches assez longues pour camoufler son bras de métal. Nadejda mit un bonnet de laine, et ce fut tout.

Cette sortie fut pour Yulia l’occasion de porter un meilleur regard sur la Capitale. S’ils étaient entrés de nuit, sous une pluie poisseuse et à travers les quartiers miséreux, ce fut une toute autre ville qui se révéla aux yeux de la jeune fille quand ils s’éloignèrent du Lynch Bar.

La Capitale était une ville immense, la plus densément peuplée au monde, et il suffisait de voir la foule qui en arpentait les avenues, même dans les quartiers les plus excentrés, pour s’en rendre compte. Le Lynch Bar se trouvait dans les tréfonds du quartier que l’on nommait la Pissotière en raison des longs filets d’eaux jaunis par les briques en terre ocre qui constituaient les murs des bâtisses branlantes. Chacun y avait construit sa case anarchiquement en s’empilant sur le voisin, si bien que ce qui ressemblait à un immense immeuble fuyait de tous les côtés, et qu’il y avait toujours un liquide pour se colorer et s’écouler de gouttière en gouttière, souvent à même un mur, jusqu’à finir dans la terre, humide et collante.

Ils étaient tachés de boue jusqu’aux genoux lorsqu’ils rejoignirent les avenues pavées qui bordaient le fleuve. Il y avait trois fleuves à la Capitale, plus que nombre de voyageurs pouvaient se vanter d’avoir vus dans le monde entier. L’Azurite serpentait dans le sud de la ville, lascive, et traversait certain :arrow: certainS des quartiers les plus pauvres du Surplomb, construits autant autour que sur le fleuve où des passerelles de bois pourris et des pontons instables se disputaient le paysage.

Des barges dépareillées traversaient les flots sombres, remontaient ou descendaient le courant, transportant des voyageurs ou des marchandises. Certaines d’entre elles avaient tout simplement mouillé l’ancre sur la rive et supportaient divers petits commerces itinérants. Ces barges n’avaient pas de Ballon à Voile, et elles ne fendaient pas les airs : elles flottaient à la surface de l’eau, comme les feuilles le faisaient dans les gouttières de Cathuba. La chose était si curieuse pour Yulia qu’elle ne cessa, de longues minutes durant, d’étudier la vie sur le fleuve.

Cette eau était le centre de la vie locale : les avenues la longeaient, on y discutait et échangeait les nouvelles, comme un Temple à ciel ouvert. Il était difficile de croire qu’une telle richesse –l’eau étant la ressource la plus rare des Surplombs– puisse ne faire qu’une avec la misère des quartiers pauvres. L’Azurite se chargeait de détritus et d’eaux usées, se transformant en un bouillon noirâtre peu ragoutant. Pourtant, de très nombreuses personnes descendaient des berges pour s’y immerger : elles se dévêtaient puis, munies de brosses et parfois de morceaux grossiers de savons, s’astiquaient le corps jusqu’à être s’être rougie la peau. Savoir que les enfants plongeaient la tête dans les flots rendit malade Yulia lorsque le groupe traversa le quartier des teinturiers, enjambant les rigoles par lesquelles les colorants s’évacuaient dans le fleuve.

A mesure que l’on remontait le cour d’eau, la pierre remplaçait la terre et le bois. On approchait du Temple, autour duquel se massait une population plus aisée. Les vendeurs de fripes côtoyaient les guinguettes bon marchés :arrow: pas besoin de S je pense ^^, et les promeneurs marchaient moins vite.

Au détour d’un coude du fleuve, on l’aperçut.



Trônant sur une colline qui aurait presque pu prétendre être son propre Surplomb, le Temple de l’Abondance était au centre de tout un quartier batî dans des pierres blanches. L’ordre remplaçait ici les constructions négligées, les frontispices :arrow: Gueh, je connaissais pas ce mot barbare :lol: des bâtiments se parant de coulures de bronzes, de drapeaux impériaux et de figures de muses. Si le quartier pieux se donnait des airs solennels, il était parcouru par une populace des plus diverses, dont la plupart se rendait –comme eux– au Temple. On y croisait presque autant de va-nu-pieds que de petits bourgeois ; les commerces ambulants, trimbalant leurs charrettes branlantes, s’établissaient devant les façades immaculées sans offusquer personne, les crieurs annonçaient les nouvelles, et on trouvait aux coins des ruelles autant de saletés que dans les bas-fonds qu’ils avaient quittés.

— Des trois Temples Primordiaux, celui de l’Abondance est le plus populaire, sourit Irïlan. Ici, personne ne nous reprochera de sentir comme un vieux clébard.

Le Temple en lui-même, formidable bâtisse en marbre blanc s’élevant vers les cieux, était construit sur plusieurs niveaux et reposait sur un pic de pierre où quatre bouches, sculptées avec soin, déversaient des flots et des flots d’eau bleue, chaude et pure. Autour de la colline, les torrents se regroupaient pour former la source de l’Azurite. Quatre ponts, orientés aux quatre coins cardinaux, permettaient d’accéder au quartier. Là, on était délivré des vendeurs à la sauvette et des crieurs de journaux qui respectaient scrupuleusement l’aura du Temple.

Lorsque Yulia arriva au pied de la butte, elle leva les yeux sur l’impressionnant lieu de culte sans arriver à croire que l’homme ait pu apprivoiser une telle force naturelle. En gravissant les marches de marbre, la petite boule d’angoisse resurgit dans son estomac. Il était là, le Temple, et ils s’y rendaient bien…
Avec eux avançait une petite foule, venue de tout le sud de la Capitale pour accomplir, comme les ex-Corsaires, leurs ablutions. Arrivé sur le parvis, leur groupe se dirigea vers une des entrées et franchit un grand portail en bronze pour se mêler aux fidèles qui patientaient pour accéder aux bassins.

La petite boule grandissait dans le ventre de Yulia. Les ex-Corsaires commencèrent à plaisanter pour passer le temps et cela aurait dû la rassurer. Après tout, au milieu d’autant de gens, quelle différence faisait-elle ? Personne ne faisait attention à eux…

Finalement, une jeune Gardienne dans sa robe usée bleu et or confia une petite clé à Hikari avant de leur indiquer dans quelle alcôve ils pouvaient se faufiler. Là, ils disposèrent d’un petit espace pour se dévêtir et d’un modeste coffre –parmi d’autres– pour entreposer leurs affaires.

Se déshabiller devant d’autres personnes n’était pas une habitude pour Yulia. Enfant Sinistre, elle n’avait jamais vraiment vécu cette proximité des corps que nécessitent :arrow: nécessitAIENT les rites du culte de la Vapeur. Même Marisa, qui reprochait souvent aux autres leur manque de pudeur, mettait un point d’honneur à ne présenter aucune gêne dans un Temple. Habituée des bains solitaires, ce n’était qu’il y a quelques mois de cela qu’Angora lui avait offert son premier bain de vapeur, et cela ne suffisait pas à la rendre tout à fait à l’aise.

Elle hésita quelques secondes mais, voyant qu’Irïllan, Nadejda, Hikari, et Leoda quittaient déjà leurs chemises, se força à défaire ses boutons. Elle manqua de doigté, bloqua trois fois sur le bouton, et ses doigts commencèrent à trembler. Elle pouvait sentir l’odeur des sels et des encens du Temple, et elle pouvait entendre, à quelques salles de là, la clameur des gamins qui se baignaient. Et elle, face à cet inconnu qui lui avait été refusé toute sa vie durant, bloquait sur un stupide bouton ! Tremblante, elle empoigna sa chemise, voulut s’y reprendre, mais s’aperçut que des larmes l’en empêchaient.

Deux mains –l’une chaude, l’autre froide– se posèrent sur elle et Angora s’agenouilla, cherchant affolée :arrow: "Angora s'agenouilla, cherchant, affolée, à savoir" il manque des virgules je pense ^^ à savoir si la petite s’était blessée. Lorsqu’elle comprit que le problème venait d’elle, Yulia se laissa aller à pleurer. Sa protectrice ne savait pas comment réagir :

— Dis-moi ce qui ne va pas !

Yulia s’essuya les yeux d’un revers de manche.

— Ce n’est pas… Ce n’est pas… Enfin, c’est stupide ! Regarde-moi : je tremble de partout ! Je ne suis jamais allé :arrow: alléE dans un Temple et maintenant… et maintenant…

— Si tu ne te sens pas bien, on peut encore partir, assura la Dragon.

— Non ! s’exclama la petite.

L’idée de faire demi-tour lui était insupportable.

— Laisse-moi juste quelques instants, je vais me calmer…

Angora hocha la tête, et demanda aux membres de l’Eclat de les laisser seuls :arrow: seulEs. Ils finirent de se dévêtir, remplirent le coffre, puis Hikari en remit la clé à Angora avant qu’ils ne se faufilent au dehors. Tous avaient fait comme si de rien n’était, mais ils devaient bien avoir vu…

Yulia reprit avec Angora un exercice de respiration qu’elles pratiquaient le matin. A force de souffle et de patience, les tremblements de la petite cessèrent. Elle posa ses mains à plat sur le sol, et expira longuement. En un regard, elle avait assuré à sa protectrice que la crise de nerf était passée.

— Excuse-moi, bafouilla celle-ci, je n’avais pas pensé qu’entrer dans un Temple soit si perturbant pour toi…

La petite rit jaune :

— Je ne le savais pas non plus ! C’est la première fois que ça m’arrive ce genre de réaction…

— C’est normal, voulut-elle la rassurer. Parfois, on craque, sans trop savoir pourquoi.

— Ça arrive à tout le monde ?

— Ça m’est arrivé à moi en tout cas ! affirma sa protectrice. Tu te sens mieux ?

— Je me sens vidée de toute énergie, avoua la gosse, tu peux m’aider à enlever ces vêtements ?

Seule avec la Dragon, elle se sentait davantage en confiance. Elle était la première à s’être baignée avec elle qui n’avait pas même partagé cela avec Dick-Tale. Sans le regard des membres de l’Eclat et avec l’aide d’Angora, elle se sentit assez de force pour se dévêtir et faire un premier pas dans le Temple.

Angora ne pouvait ici camoufler son infirmité. Elle abandonna les gants et, avec eux, sa prothèse qu’elle enferma à double tour dans le coffre. Yulia hésita quelques secondes, mais décida de garder le pendentif de son père autour du cou. Une Gardienne leur ouvrit la porte des bains.



En un instant, toutes les descriptions que Dick-Tale lui avait faites lui revinrent en mémoire, sans qu’elle ne réussisse à les trouver à la hauteur de l’œuvre. Dans une gigantesque caverne taillée avec soin s’organisaient quatre bassins desquelles une douce vapeur s’élevait. Au sol, le dallage de marbre glissait légèrement sous le pied, et de l’eau perlait sur les colonnes blanches de la salle. De plus petits bassins d’eau plus froide étaient creusés tout autour et, dans des alcôves au-delà, on trouvait des autels dédiés aux trois formes de la Vapeur –l’air, l’eau et la glace. Des centaines de personnes se lavaient dans les bains, discutaient près des autels, ou s’immergeaient dans les petits bassins. Parmi eux, les Gardiennes nettoyaient le sol, organisaient les autels et renouvelaient l’encens sacré. Leur présence était fantomatique : seules figures habillées, couvertes de leurs robes mauve et or, elles allaient et venaient sans marquer la moindre émotion ou prêter la moindre attention aux individus qu’elles servaient.

Yulia et sa protectrice s’avancèrent, indécises, et finirent par trouver l’endroit où les ex-Corsaires s’étaient établis. Irïllan, Leoda, Hikari et Nadejda occupaient un petit coin du grand bassin ; munis de brosses et de savons du Temple, ils s’employaient à chasser la crasse accumulée de plusieurs semaines de navigation.

Angora et Yulia entrèrent dans l’eau pour les rejoindre. Aussitôt, la jeune fille fut saisit :arrow: saisiE par la chaude caresse des eaux et s’y plongea jusqu’au nez, fermant les yeux pour profiter un peu plus de ce réconfortant contact.

Leurs compagnons ne firent aucune remarque sur le comportement de Yulia et Irïllan leur fit passer son savon. Les deux femmes avaient certes pratiqué de petites toilettes à l’éponge à bord de l’Eclat, mais leur corps nécessitait une attention beaucoup plus poussée. Alors que l’on se frottait avec énergie, une petite conversation s’engagea. Hikari leur confia que le Grand Temple d’Āto, dont il avait quelques souvenirs de jeunesse, n’était pas aussi étendu, mais s’élevait sur plusieurs niveaux, les différents bassins se versant les uns dans les autres jusqu’au rez-de-chaussée. Irïllan certifia que, pour sa part, c’était le plus grand Temple qu’il ait vu de sa vie, et qu’il admirait la finesse de sculpture des autels. Si Nadejda, Leoda et Angora avaient fréquenté la Capitale à quelques occasions, aucune n’était jusqu’alors entré :arrow: entréE dans un des Temples Primordiaux.
Le jeune voltigeur, ayant terminé sa toilette, devint turbulent comme un enfant. Il escalada les épaules du Paladin Klane, malgré ses protestations. Elle eut beau l’insulter de tous les noms, il sauta en salto et les éclaboussa tous en plongeant les bras écartés. Cela fit beaucoup rire un groupe de gosse, mais attira l’œil d’une Gardienne non loin, qui vint leur rappeler les règles de bienséance. Leoda Klane adressa un regard noir à Irïllan, visiblement très gênée d’avoir été rappelée à l’ordre. Elle prit son savon, et les quitta pour s’isoler dans un bassin froid.

— Elle boude ? demanda Yulia, incertaine.

Hikari soupira.

— Notre Paladin prend très au sérieux la religion… contrairement à notre Voltigeur.

Ce dernier flottait sur le dos, aspirait de l’eau par la bouche avant de la recracher en l’air avec désinvolture.

— Pourquoi tout le monde l’appelle Paladin ? Elle ne porte pas d’armoiries nobles…

Yulia avait connu quelques chevaliers de passage Cathuba, et outre des armures à vapeur comme en possédait Leoda, ils portaient l’emblème de leur famille gravé sur le plastron. Son père lui avait dit que les chevaliers de l’Ordre de l’Ardre formaient une noblesse mercenaire, s’engageant en tant que garde du corps ou troupe de choc auprès des Amiraux, des maisons nobles, ou du Sénat. Elle imaginait probable qu’un Paladin de cet ordre officie :arrow: officiât (je sé, c mocheuh) chez des Corsaires, mais les regards gênés qu’on lui retourna lui firent comprendre que ce n’était pas tout à fait le cas. Comme personne n’osait répondre, ce fut Nadejda qui creva l’abcès.

— Leoda n’est pas officiellement Paladin, pas plus que Chevalier. Elle est la dernière fille de la famille Klane, mais pour intégrer l’ordre de l’Ardre il faut être un homme. Pendant des années, elle s’est travestie pour prendre les armes, et a été formée au sein de la forteresse du Surplomb d’Epeyron, gagnant du grade et du respect… jusqu’au jour où, après avoir été nommé Paladin, la vérité sur son sexe éclata. Leoda fut bannie d’Epeyron, et son nom effacé de tous les registres.

La vapeur s’enroulait autour du corps de la guerrière alors que Yulia la regardait de loin. Elle avait le dos large, les épaules carrées, les bras développés par les heures passées à manier sa flamberge et à tirer les cordages de l’Eclat.

— Pour tout le monde sur l’Eclat, continuait la renégate, elle est encore le Paladin Klane, mais plus aucun chevalier de l’Ardre ne reconnaît sa valeur, et elle ne porte plus les armoiries de sa famille.

Yulia comprenait à présent un peu mieux le sens des paroles qu’avait chantées Ashä, lorsqu’elles s’étaient affrontées en duel. Comment pouvait-on rire d’une histoire aussi triste ? On lui avait retiré son identité, on l’avait bannie, comme elle-même l’avait été des Temples à sa naissance. Tout ça parce qu’elle était née fille, mais quelle différence cela faisait-il ? Les filles devenaient des Gardiennes et les garçons des chevaliers, mais pourquoi empêcher Leoda de faire comme les garçons ? La petite se rendait compte à présent avec quelle violence les normes étaient perpétuées.

Alors qu’elle songeait à aller tenir compagnie au Paladin Klane dans son bassin, un soupçon lui glaça l’échine. Si Leoda était très pieuse, comme le disait Hikari, voulait-elle avoir affaire à Yulia, une enfant Sinistre aux yeux de la religion ? Si elle n’en avait rien dit aux membres de l’Eclat, sa nature transparaissait sûrement au vue de sa crise de nerf précédente. Un enfant Sinistre était maudit par la Vapeur, apportait le malheur et était un indésirable de la société. Jamais un noble chevalier ne tolérerait d’en fréquenter un.

La mort dans l’âme, elle laissa l’eau monter jusqu’à sa bouche et y souffla quelques petites bulles. Elle repensa à ce qu’il s’était passé dans l’alcôve, honteuse, et se rapprocha d’Angora.

— Tu as dit que ça t’était déjà arrivé, avança-t-elle, de… craquer comme je l’ai fait… j’ai du mal à le croire, tu es si forte et si confiante !

La Dragon sembla hésiter un instant. Elle croisa les bras –enfin, aurait croisé si elle portait sa prothèse– et sa bouche se tordit.

— Ce n’est pas… Les circonstances étaient tout autre… Je…

Elle soupira fort, et se laissa glisser dans l’eau jusqu’aux épaules.

— C’est une longue histoire, prévint-elle.

Yulia hocha la tête. Nadejda et Hikari se passaient les encens un peu plus loin sans pouvoir les entendre et Irïllan s’amusait toujours. Elles étaient seules avec la Vapeur. Angora leva les yeux vers les hautes voutes du Temple, et y perdit son regard alors qu’elle racontait :

— Tu m’as demandé un jour comment j’avais perdu mon bras… il est sans doute temps que je te répondre. :arrow: j'ai bien fait d'attendre avant de lire, au moins, j'ai la suite ! :lol:

suite à la prochaine partie !
Bon, désolée du retard, déjà :oops:
J'aime toujours autant lire ton histoire... Maintenant que l'univers est posé un minimum, que les personnages ont été introduits, je trouve qu'on suit agréablement leurs péripéties à travers les Surplombs et chaque chapitre apporte sa dose d'action, d'infos sur le monde ou sur les persos... Tu manies ça comme un expert et c'est vrai que c'est frustrant de devoir s'arrêter à chaque fois :')
Je passe à la deuxième partie :D


dark-vince a écrit :Chapitre 17 : Vie mondaine (part.2)

« J’ai intégré le Sanctuaire Impérial à l’âge de sept ans. Ma mère m’avait conçue hors mariage et m’avait abandonnée dans le petit Temple d’un Surplomb isolé où j’ai grandi, à l’est. Les Gardiennes me donnaient des corvées et, si je les avais satisfaites, j’avais le droit de manger et dormir dans un coin. Un matin, alors que je nettoyais l’autel, des hommes en noir sont arrivés. Ils ont payés :arrow: payé les Gardiennes et m’ont emmenée.

J’ai suivi l’enseignement des Dragons Impériaux pendant dix ans. Nous avions été regroupés en un groupe d’une centaine d’enfants dont les plus âgés n’étaient pas beaucoup plus grands que moi. Nous dormions ensemble, mangions ensemble, nous exercions ensemble. On nous levait dès l’aube pour nous apprendre le maniement des armes, puis nous priions l’Empereur et méditions avant de reprendre les exercices et les corvées jusqu’à la tombée du soleil. A tout moment, même en plein cœur de la nuit ou pendant les prières, des Dragons du Sanctuaire pouvaient nous attaquer par surprise, nous désarmer et nous casser un bras. Nous avons vite appris à ne dormir que d’un œil.

Le quotidien était très dur et nous devions endurer plus d’une privation. Le Paladin Rikke entrait souvent dans le quartier des novices au matin alors que les domestiques avaient reçu pour consigne de ne pas nous réveiller : ceux qui n’ouvraient pas immédiatement l’œil étaient privés de nourriture. Une fois, un des plus jeunes et plus fragiles, qui était forcé de jeûner depuis six jours, s’était effondré lors d’un exercice au sabre. L’infirmerie a refusé de l’alimenter, et il est mort dans l’après-midi.

La moindre désobéissance nous valait de terribles punitions. Une petite rouquine, qui avait grandi dans la rue et intégré le Sanctuaire à un âge plus avancé que nous, avait un jour volé de la nourriture, et avait protesté lorsqu’on l’avait arrêtée. Elle a été fouettée à mort.

Dans ces conditions, tu te doutes bien qu’il s’est tissé entre nous un esprit de camaraderie très soudé. Les plus forts aidaient les plus faibles à tenir bon, et sans eux je n’aurais sans doute jamais survécu. Je n’étais pas une des plus fortes ou des plus endurantes. Par moment je pouvais me montrer gauche et ma peau marquait beaucoup : les hématomes des bagarres me restaient bien après que celles :arrow: ceux (car UN hématome ^^) des autres ne soient parties :arrow: partiS. Je ne visais pas bien au pistolet, mes bras étaient trop faibles pour le sabre, et j’étais plutôt timide et effacée. Cependant je refusais de baisser les bras, et ce malgré la cruauté de Rikke. Elle :arrow: Rikke ? C'est une femme ?
Et elle est Paladin ?? Meh, t'as pas dit que les Paladin n'étaient que des hommes ? :cry:
avait pour but avoué de faire craquer les plus faibles : elle les harcelait, envoyait des aînés leur briser les os, et les laisser mourir à l’infirmerie. En dix ans nous n’étions plus que soixante, car chaque année il y avait des morts et des enfants qui disparaissaient dans la nuit. Le Paladin Dragon Rikke essayait de nous faire craquer, mais j’ai toujours tenu bon et je crois que, avec les années, elle avait développé un certain respect pour moi, la gamine fragile qui n’abandonnait pas.

C’est elle qui m’a appris qui était mon père. Un jour, elle m’a convoquée dans son bureau, je devais avoir treize ans. Il y avait un grand homme avec elle, une longue face grise, des petits yeux noirs, dans un manteau brun avec un brassard Impérial. Cette semaine-là, j’avais été attaquée deux fois par surprise : mes lèvres étaient gonflées, j’avais une arcade cassée et un œil au beurre noir. L’homme m’a dévisagée, de haut en bas, sans la moindre chaleur dans le regard. Puis il est parti. Rikke m’a alors dit :

« C’était ton père. J’imagine que tu t’es toujours demandé comment tu avais fini ici, n’est-ce pas ? Le Seigneur Valk’ozir est à la tête d’une grande maison du Protectorat de Donum, il est maître du Surplomb de Ku’rum et, après que sa femme lui ait donné un fils, il l’a délaissée pour trousser quelques bourgeoises dans les ports. Avoir des bâtards ne le dérangeait pas tellement à l’époque et il t’avait presque oubliée lorsque son fils a eu un drôle d’accident qui l’a laissé seulement capable de lécher le sol. D’un seul coup, voilà qu’il doit se choisir un nouvel héritier, et il opte pour Sonia Sir’ally sa jeune pupille qui n’est même pas une Valk’ozir… Il s’est ensuite souvenu de toi, et du fait que tu pouvais choisir de porter son nom. Quel danger tu serais pour son héritière si ses opposants politiques te trouvaient et t’utilisaient contre lui ? Une bâtarde, après tout, est toujours plus légitime qu’une favorite… Ce sont ses hommes qui t’ont achetée au Temple où ta mère t’avait abandonnée, et il a payé l’Ordre pour que nous t’intégrions ici. Tu sais pourquoi ? Connais-tu les vœux d’un Dragon ? »

Je lui aie :arrow: ai répondu, sans hésitation, car c’était un serment que l’on nous faisait répéter chaque soir : « Par ma force et ma dévotion, je serais la main armée de mon empereur. Je n’aurais nul autre titre, nulle autre prétention. Je serais une arme au service de la justice et de la Vapeur. J’obéirai aux ordres et n’entretiendrai nulle gloire personnelle. La volonté de mon Empereur est ma volonté. » Le Paladin Dragon prit un plaisir sadique à me voir articuler ces mots. « Exactement. Ici, le Seigneur Valk’ozir sait que tu ne lui causeras aucun tort. Soit tu deviens un Dragon de l’Ordre et renonces à ta piètre légitimité, soit tu meurs en essayant. Il a réglé son problème comme un vrai homme d’honneur, tu ne trouves pas ? »

J’ai dû résister de toute :arrow: touteS mes forces pour ne pas lui répondre que cet « homme d’honneur » n’avait eu aucun remord à laisser pourrir sa fille, abandonnée dans un Temple minable, mais je voyais bien que Rikke voulait me pousser à la faute. Elle m’a laissée partir, sans manquer toutefois de me glisser un dernier mot : « Au fait, tu n’es pas le seul enfant illégitime du Seigneur Valk’ozir. Les autres sont ici aussi, ils ont été achetés comme toi. Amuse-toi à essayer de deviner de qui il s’agit, la bâtarde ! »

Toutes ces années m’ont endurcie, et lorsque j’eus dix-sept ans je savais manier un sabre plus que correctement, même si mon maniement des armes à feu laissait encore à désirer. Ceux qui avaient survécus :arrow: survécu aux exercices, aux privations et aux punitions n’étaient plus les faibles gamins qui pleuraient à leur arrivée. Nous étions devenus des adultes.

Je crois que je n’aurais pas tenu le coup s’il n’y avait pas eu Karel. Il avait deux ans de plus que moi, et était un des plus brillants novices. Sa technique au sabre était bien meilleure que la mienne, et aux pistolets il visait mieux que tous nos camarades réunis. Il était grand, robuste, ses cheveux bruns étaient toujours coiffés en une tignasse pas possible et il avait de grands yeux profonds et noirs. Nous nous ressemblions un peu : je trouvais que nous avions le même nez, et que notre port de tête était semblable. Mais, plus que tout, il était gentil avec moi. Il nous aidait tous lorsqu’il le pouvait mais parfois il délaissait les autres et venait me tenir compagnie lorsqu’il voyait que je mangeais seule.

C’est lui qui m’a soutenue, le dernier soir de notre apprentissage. Rikke nous avait réunis quelques heures plus tôt dans la cour intérieure, et nous avait annoncé que l’épreuve de la Révélation, qui marquerait la fin de notre formation, aurait lieu le lendemain. Nous qui vivions jusque-là au jour de le jour, nous découvrions un objectif soudain, et prenions conscience que nous vivions nos dernières heures de novices.

Beaucoup de nos camarades furent euphoriques toute la soirée. Moi, j’avais une grosse boule au ventre, et n’arrivais pas à comprendre ce qui n’allait pas. Karel avait remarqué mon état, et était venu me parler à l’écart des autres. J’avais à peine formulé le début d’une phrase que je m’étais mise à pleurer, inexplicablement. J’ai vécu exactement la même chose que toi tout à l’heure : j’ai pris conscience que, depuis des années, j’attendais ce moment sans le savoir, et qu’à présent qu’il était venu, je paniquais. Il m’a prise dans ses bras jusqu’à ce que mes tremblements s’arrêtent, et il m’a murmuré des mots doux jusqu’à ce que je m’endorme.

J’ai longtemps cru qu’il était lui aussi un bâtard de Valk’ozir, et qu’il agissait envers moi comme un frère. Je le voyais ainsi, mais aujourd’hui je préfère penser que Rikke avait prétendu que mon père avait eu d’autres enfants illégitimes dans le but de me tourmenter l’esprit. Elle se trompait, puisque Karel n’a fait que m’apporter de la force, des années durant. Il a été une épaule sur laquelle j’ai pu pleurer, et un modèle que j’ai cherché à égaler par tous mes efforts.
Alors est arrivée la Révélation. »


Angora fit une pause dans son récit. Son regard s’était terni. Elle se força tout de même à sourire pour la forme.

— Désolée de t’embêter avec ça, ce ne sont pas des souvenirs joyeux…

La petite n’avait jamais écouté quelqu’un aussi attentivement. Depuis qu’elle avait 9 :arrow: neuf ans, sa tête était pleine d’histoires de Dragons, elle s’était imaginé mille et une choses. A présent elle comprenait que le Sanctuaire Impérial n’était pas fondamentalement différent de l’Inquisition qui avait ravagé sa vie sur Cathuba… L’Empire n’était-il, derrière la façade des Temples aux fines sculptures de marbre et aux agréables bassins, qu’un état où on tuait, torturait, et où l’enfance n’avait pas sa place ?

En regardant la vapeur s’élever et s’enrouler autour des épaules d’Angora, elle commença cependant à comprendre pourquoi les gens louaient tant la Vapeur. Elle était chaude, réconfortante, et si tous avaient été blessés par l’Empire, tous venaient ici pour y appliquer un baume, se rassurer, avoir un allié supérieure :arrow: supérieur qui nous murmure :arrow: murmurait, aux autels, dans les bains, que tout ira :arrow: irait mieux demain, que la souffrance est finit :arrow: serait finiE.

Yulia se passa de l’eau sur la figure tandis qu’Angora faisait de même. En regardant les gens se baigner autour d’eux, prier et se recueillir, elle se rendit compte que c’était le seul endroit qu’elle connaisse :arrow: connaissât où autant de monde pouvait se retrouver sans craindre la violence ou le vol. Même les pirates de Taylor se laissaient aller en toute innocence, sans se méfier. Le Temple était un lieu que l’on disait sacré, peut-être était-ce pour ça ?

Sa protectrice respira longuement, fermant les yeux. Lorsqu’elle les rouvrit, ils avaient retrouvé leur éclat de rubis.

Yulia demanda :

— En quoi consiste la Révélation ?

Et Angora reprit son histoire.

« Il faut savoir que le Sanctuaire ne souhaite pas simplement faire de nous d’excellents soldats. Un Dragon doit être une arme mortelle, mais une arme qui ne se retourne jamais contre celui qui l’emploie. Nous étions formés à obéir aveuglément, sans nous poser de question. On nous humiliait régulièrement pour nous faire oublier tout ego. On pouvait à tout moment nous ordonner n’importe quelle tâche, et nous devions obéir sans poser de question, sous peine de punition. Tu te souviens de la rouquine ? Celle qui avait volé de la nourriture ? Rikke a ordonné aux novices de prendre le fouet tour à tour, et aucun d’entre-nous n’a hésité avant d’imiter le bourreau.

C’était cela que nous devions devenir : des armes insensibles, des armes parfaites.

La Révélation constituait la dernière étape de notre formation. Il fallait encore briser les liens qui nous avaient unis entre camarades, pendant toutes ces années.

C’est le dernier ordre donné à un novice :

Tue les autres.

On nous a tous embarqués à bord d’un vaisseau du Sanctuaire différents. Séparés du groupe, nous avons subi une dizaine d’heure :arrow: d'heureS de vol, largement assez pour ressasser dix-sept années de vie. Ma cellule tanguait de plus en plus à mesure que le temps passait. A travers les interstices du bois, les vents infiltraient du sable qui restait en suspension dans l’air. Je pouvais entendre les cris et les ordres des marins impériaux, et devinait :arrow: devinaiS que nous nous dirigions droit dans une tempête.

Ce ne fut que lorsque le moment fut venu, qu’on me conduisit sur le pont, et que je pus voir de mes propres yeux les forces déchaînées de la nature que je compris enfin de quoi il allait être question.
La soixantaine de barges du Sanctuaire s’étaient positionnées en vol stationnaire pour former un large cercle au-dessus du cœur de la plus terrible des tempêtes que j’ai pu voir en Contrebas. Le désert aride était balayé par des vents violents qui soulevaient la poussière et la mêlait à la Brume. Je dois bien jurer ne jamais avoir vu une Brume aussi dense. Il se formait comme un gigantesque tourbillon de fumées en Contrebas, dont le centre s’agitait comme s’il était en ébullition. De longs éclairs éclataient parfois au sein de la tempête et montaient vers le ciel. Sur chacune des barges, un de mes camarades se tenait, comme moi, et contemplait cet effrayant spectacle d’où montaient de déchirants hurlements dont ne savait si le vent était la seule cause.

On me tendit alors un petit récepteur, comme –je le suppose– à chacun de mes camarades. La voix grésillante de Rikke en sortit, et elle nous expliqua les modalités de l’épreuve. Il n’y avait de la place que pour un seul nouveau Dragon Impérial, les autres devaient périr. Notre but était le centre de la tempête, là-bas nous rencontrerions la Révélation. Il nous fallait simplement survivre au contrebas, survivre aux autres novices, et avancer contre les vents.
On nous laissa alors uniquement notre sabre, celui que nous avions forgé lors de notre sixième année, ainsi qu’un revolver chargé d’une unique balle. On nous vêtit simplement de la tunique de novice, de bottes de soldat, d’un plastron de fer et de lunettes de protection contre la poussière. Nous partirions au combat sur un pied d’égalité, seul le talent devrait désigner le futur Dragon Impérial. C’était la théorie mais, en Contrebas, la chance compte :arrow: comptait souvent plus que le talent.

Je m’attachais au bout d’un long treuille :arrow: treuil, et l’équipage me descendit. Si les premiers mètres ne furent pas trop pénibles, le reste fut un enfer. Les vents redoublaient de force à mesure que je descendais et je finis par être balancée au bout de mon treuil comme une feuille dans le vent. Je pouvais au loin distinguer quelques-uns de mes camarades avant que la poussière ne gêne :arrow: gênât ma vision. Certains tombèrent, bousculés par les vents. Un éclair brutal s’éleva pour frapper trois barges : les Ballons à Voile s’embrasèrent en un instant, et ils furent disloqués par les vents. Les novices de ses barges moururent avant de toucher le sol.

Dès que j’entrais :arrow: j'entrAI, passé simple dans le nuage de Brume et poussière, je fus coupée du monde du reste du monde. En bas, c’était comme s’il n’y avait plus de soleil, seulement le brouillard furieux et les hurlements.

J’ai sauté dès l’instant où j’ai vu le sol. »


Angora chercha ses mots un instant. Yulia était pendue à ses lèvres.


« La légende veut que les Dragons soient les seuls humains capables de descendre dans la Brume. Il serait plus exact de dire que le Dragon est le seul à y avoir survécu.

Le Contrebas est un endroit infernal, lorsque la Brume s’y déploie. Il y a des choses qui naissent dans la Brume. Des formes monstrueuses qui en surgissent. Des monstres translucides qu’on pense n’être que des ombres jusqu’à ce qu’ils vous attaquent. »


A ces mots, Angora mit la main sur son ventre, là où trois cicatrices noires semblaient dessiner une grande griffe.


« Je me suis battue de toutes mes forces contre la Brume. J’ai vu certains de mes camarades les plus faibles être impitoyablement dévorés par ces monstruosités. On en tuait une, deux autres se formaient dans la Brume. Face à cet enfer, il n’y avait plus qu’une chose à faire : manier le sabre, et avancer contre le vent.

Je reçus des blessures, on m’arracha mon plastron, mais toujours j’ai continué à avancer. Car je savais que si je ne prenais ne serait-ce qu’une seule seconde de repos, je serais soulevée par les bourrasques, attrapée par les mâchoires des créatures, et mise en pièces. J’ai toujours été tenace, étant novice, et ce trait de caractère m’a sans doute sauvé la vie ce jour-là. Même quand cette barge s’est laissée attraper par la tempête et s’est disloquée, j’ai ignoré la douleur de ma peau à vif, frappée par les échardes de bois, les cailloux et le sable.

A mesure que l’on se rapprochait du centre de la tempête, les vents devenaient plus violents, mais les créatures se formaient moins facilement. Nous nous retrouvions alors entre novices survivants, et nous battions. La plus grande des fraternités avait beau nous avoir unis, nous savions qu’au milieu de cet enfer un seul d’entre-nous serait remonté par Rikke.
J’affrontai trois camarades ce jour-là. Le premier était Seth, plus grand, plus fort que moi, mais avec de moins bon :arrow: bonS appuis. Il se laissa déséquilibrer au bout de trois passes d’armes et je le frappais :arrow: frappai, passé simple du pied. Il roula dans la poussière et ne parvint pas à se rétablir : il s’envola, saisi par les vents. Je ne le revis jamais.

J’ai vu ensuite Lewis trancher la tête de Jasmine et s’élancer vers moi. Dès que nos lames se croisèrent, je sus que je n’avais pas le niveau pour me mesurer à lui. Contrairement à Seth ou à moi, il ne se battait pas pour se sauver lui-même, mais pour tuer. Il m’aurait eue aussi si un monstre n’avait pas surgi alors qu’il était entièrement concentré sur moi. Il fut mordu à la gorge, et on l’emporta dans la Brume.

J’ai eu beaucoup de chance ce jour-là, plus que dans toute ma vie. Une grande chance, et un grand malheur. Alors que je m’approchais du centre de la tempête, j’ai vu Karel.
Il était couvert de sang, mais pas le sien.

Il me vit lui aussi.

Je te l’ai dit, Karel était le plus doué des novices. Mais plus que tout, il avait l’esprit d’un véritable Dragon Impérial. Il n’hésita pas un instant à tourner son épée contre moi. Mais la jeune fille que j’étais, elle, en fut incapable.

Sans doute grâce aux vents, à la poussière ou à ma propre panique, sa lame trancha à trente centimètres de ma tête. »

Angora remua son bras droit, celui qui s’arrêtait au milieu du biceps et que continuaient deux tiges de métal. Ce membre manquant était le témoignage ultime de ce qui s’était passé dans la Brume.

La Dragon inspira profondément et reprit son récit.


« Je me suis effondrée dans la poussière. Je perdais mon sang à grand flots par ce bras tranché et, terrassée par la douleur, je poussais des cris inhumains. Karel se désintéressa de moi : face à lui venait de surgir les jumeaux Qor et Riō, qui s’étaient naturellement alliés. Alors qu’il engageait le combat, je plantais ma main gauche dans la terre sèche et résistais aux vents.

Je ne sais pas trop pourquoi je m’accrochais encore. Sans doute que la douleur m’avait plongée dans un état second où seule ma survie comptait. Je souffrais comme jamais je n’avais souffert : mutilée, écorchée sur tout le corps, parcourue de griffures et de morsures. Et pourtant, je trouvais la force de me relever, lentement. Je ne saurais pas expliquer comment.

Alors que Karel passait le sabre en travers du torse de Riō et sortait son revolver pour abattre Qor qui s’enfuyait, mon esprit se souvient que j’avais encore cette balle, unique, dans mon revolver. Ma main gauche se glissa jusqu’au holster. Mes jambes tremblaient comme un drapeau qui claque :arrow: claquait, mais elles ne me lâchèrent pas.

Karel se retourna, et son visage afficha tout son étonnement à me voir le tenir en joue. Il dût :arrow: dut se dire que j’étais folle, que ma blessure m’avait fait perdre la tête. Moi, une piètre tireuse, le toucher lui, avec cette main gauche dont je ne m’étais jamais servie ?
Il avança d’un pas certain, le sabre serré dans le poing.

Je tirais, et le touchais :arrow: AI pour les deux verbes ^^ entre les deux yeux. Son crâne éclata avant que je ne puisse :arrow: pusse lire la surprise dans ses yeux.

Je laissais :arrow: laissai tomber le revolver et me remis à avancer, ne parvenant pas même à réaliser ce que je venais de faire. Avec mon ami venait de tomber le dernier des novices. Il ne restait plus que moi.

Je sentais les monstres dans mon dos, et le cœur devant moi.

A bout de force, je tendais :arrow: tendis la main, et l’apercevait :arrow: l'aperçus enfin…

LumineuseRougeVive

Mon poing s’est refermé, et j’ai été frappée d’une grande chaleur. »




Yulia ouvrait de grands yeux, ne comprenant soudain plus de quoi sa protectrice parlait. Sur quoi, sur qui avait-elle mit :arrow: mis la main ? Il y avait une personne au centre de la Brume ? Un monstre ? Un objet ? Un treuil pour la remonter, peut-être ?

Angora mit la main contre son cœur, et laissa couler une larme le long de sa joue.

— C’est normal que tu ne comprennes pas, ce que j’ai trouvé n’est pas explicable avec des mots. Il y avait un cœur à la tempête dans laquelle le Sanctuaire nous avait lâchés, et ce cœur fait à présent partie de moi, il m’accompagne. Ensemble, nous formons une symbiose.

— Tu parles comme un conte, lui reprocha Yulia qui voulait y voir plus clair.

— C’est peut-être parce que c’est un peu ce que nous sommes : une partie de nous est faite de conte et de légende. L’autre…

Elle lui caressa le visage de sa main de chair.

— … est pleinement humaine. N’est-ce pas ce qui compte ?

La petite lui sourit timidement.

— Merci de m’avoir raconté ton histoire, lui dit-elle. Je ne comprends pas tout mais ce n’est pas grave, je te connais mieux à présent. C’est terrible ce que tu as dû traverser… C’était un véritable ami, ce Karel ?

— Je ne sais pas.

— C’est horrible que ça finisse ainsi… l’Empire est vraiment monstrueux ! Mais… j’imagine que si ça ne s’était pas passé, nous ne nous serions jamais rencontrées ? Je ne sais pas si je dois être heureuse ou triste de ce sort.

Avant que sa protectrice ait pu répondre, les traits de la petite s’éclairèrent soudain. Elle venait de réaliser :

— Tu as répondu à la question de notre première rencontre !

Angora ne se souvint pas.

— J’étais toute petite, expliqua Yulia, tu m’impressionnais beaucoup et je t’avais demandé si c’était vrai que les Dragons descendaient dans la Brume… maintenant je sais que c’est vrai ! Non seulement vous descendez dans la Brume, mais en plus vous avez un peu de Brume en vous ! C’est génial !

La Dragon lui sourit.

— Alors soyons heureuses que j’ai survécu, ce jour-là. Et soyons heureuses de notre rencontre. Peu importe les malheurs, il faut continuer à vivre, et aller de l’avant.

La fille de l’Amiral réfléchit à ces paroles un petit instant, avant d’acquiescer énergiquement.

— Tu as raison. Et ça vaut aussi pour moi : je ne dois pas pleurer la destitution de mon père ou ceux que j’ai perdus à Cathuba, mais me concentrer sur ce que je peux faire, aujourd’hui, pour coincer Wöllner et retrouver mon père !

Angora ne voulait pas vraiment lui dire de ne pas pleurer, mais elle laissa la petite à son humeur. Le sourire lui revenait. D’un geste, elle désigna la grande salle des bains :

— Après tout, regarde où je suis aujourd’hui ! Jamais je n’aurais pensé entrer dans un Temple un jour ! Rien n’est fini, je continue à vivre !

Aucune parole n’aurait pu faire plus plaisir à la Dragon.

Leur groupe s’attarda encore une heure durant dans le Temple de l’Abondance. Yulia joua un peu avec Irïllan, se promena avec Hikari et alla demander à Leoda comment on nommait les différents autels. Angora prit soin de sa toilette, laissant son esprit vagabonder, nostalgique. Il lui arrivait encore parfois de sentir les doigts de sa main droite bouger et, dans ses cauchemars, de voir la tête de Karel éclater, encore et encore…

Elle plongea la tête dans l’eau chaude et s’imprégna de Vapeur. Cela faisait longtemps qu’elle avait arrêté de pleurer son enfance.



suite et fin du chapitre 17 prochainement !
Pfiouh, ben dis donc, il était tense ce chapitre :D
J'ai adoré le récit d'Angora, non seulement il nous apprend plus sur elle, mais aussi sur les Dragons, les Brumes, les Symbiotes, l'Empire... Tu as su maîtriser le rythme pour nous tenir en haleine, c'était vraiment chouette ;)
(T'as juste buté sur le passé simple à la 1ère personne, mais ça s'apprend vite :lol: )

J'attends la suite avec impatience !
A bientôt 8-)
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :Bon, désolée du retard, déjà :oops:
J'aime toujours autant lire ton histoire... Maintenant que l'univers est posé un minimum, que les personnages ont été introduits, je trouve qu'on suit agréablement leurs péripéties à travers les Surplombs et chaque chapitre apporte sa dose d'action, d'infos sur le monde ou sur les persos... Tu manies ça comme un expert et c'est vrai que c'est frustrant de devoir s'arrêter à chaque fois :')
Je passe à la deuxième partie :D
Merci beaucoup pour ton commentaire ! A chaque fois c'est hyper long mais tu triche un peu :lol: (je t'ai répondu sur les petites remarques ortho sur discord, afin de m'éviter d'avoir à citer ton message et prendre 20min à y découper les parties auxquelles je réponds x) )

Alors concernant Rikke c'est une femme, oui ! J'ai dit que tout les membres de l'Ordre de l'Ardre étaient des hommes, mais Paladin n'est qu'un grade dans un ordre ! En l’occurrence il y a des Paladins dans l'Ordre de l'Ardre (une noblesse mercenaire) et dans l'Ordre des Dragons Impériaux (même si ces deux grades ne correspondent pas aux mêmes fonctions du tout, les deux ordres étant très différents).
Chez les Dragons Impériaux il y a, en gros, trois grade, même si ce sont plus des affectation :
- Les Guerrier Dragons font la guerre au front, officient auprès des Amiraux
- Les Chasseur Dragons s'occupent des missions à l'intérieur de l'Empire, chassent les criminels notoires et exécutes les basses besognes du Sénat
- Les Paladin Dragons dirigent l'ordre, ils sont pour la plupart au Sanctuaire et ont un rôle de commandement interne et de direction des lieux attribués aux Dragons (comme le Sanctuaire)
Pour faire un parallèle ça se rapproche un peu de la différence entre les trois corps d'armée dans l'Attaque des Titans (la Garnison qui renforce les murailles, le Bataillon d'exploration qui part à l'extérieur, les Brigades Spéciales qui dirigent l'intérieur des murs) pas dans le détail hein mais dans l'idée
L'Ordre des Dragons Impériaux est un ordre mixte mais l'Ordre de l'Ardre est uniquement masculin c'est pour ça que Leoda se travestissait.
louji a écrit :Pfiouh, ben dis donc, il était tense ce chapitre :D
J'ai adoré le récit d'Angora, non seulement il nous apprend plus sur elle, mais aussi sur les Dragons, les Brumes, les Symbiotes, l'Empire... Tu as su maîtriser le rythme pour nous tenir en haleine, c'était vraiment chouette ;)
(T'as juste buté sur le passé simple à la 1ère personne, mais ça s'apprend vite :lol: )

J'attends la suite avec impatience !
A bientôt 8-)
Ahah, vraiment très content que ça t'ai plu !! :mrgreen: Chapitre que j'avais envie d'écrire depuis un moment mais je ne savais pas vraiment trop où le caser... au final il a l'air bien là où il est ^^
Cette foutue 1ère personne ! :lol: ça se voit que j'aime pas écrire de la 1ère personne, non ? :mrgreen:
Énorme merci !
(ps : j'ai vu que tu avais inscrit ton histoire sur ce concours Wp aussi... je me vexerais pas si tu me bas :lol: enfin, si iels réussissent à lire les 200+ titres qu'on leur a soumis :roll: )
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit : Merci beaucoup pour ton commentaire ! A chaque fois c'est hyper long mais tu triche un peu :lol: (je t'ai répondu sur les petites remarques ortho sur discord, afin de m'éviter d'avoir à citer ton message et prendre 20min à y découper les parties auxquelles je réponds x) )

Alors concernant Rikke c'est une femme, oui ! J'ai dit que tout les membres de l'Ordre de l'Ardre étaient des hommes, mais Paladin n'est qu'un grade dans un ordre ! En l’occurrence il y a des Paladins dans l'Ordre de l'Ardre (une noblesse mercenaire) et dans l'Ordre des Dragons Impériaux (même si ces deux grades ne correspondent pas aux mêmes fonctions du tout, les deux ordres étant très différents).
Chez les Dragons Impériaux il y a, en gros, trois grade, même si ce sont plus des affectation :
- Les Guerrier Dragons font la guerre au front, officient auprès des Amiraux
- Les Chasseur Dragons s'occupent des missions à l'intérieur de l'Empire, chassent les criminels notoires et exécutes les basses besognes du Sénat
- Les Paladin Dragons dirigent l'ordre, ils sont pour la plupart au Sanctuaire et ont un rôle de commandement interne et de direction des lieux attribués aux Dragons (comme le Sanctuaire)
Pour faire un parallèle ça se rapproche un peu de la différence entre les trois corps d'armée dans l'Attaque des Titans (la Garnison qui renforce les murailles, le Bataillon d'exploration qui part à l'extérieur, les Brigades Spéciales qui dirigent l'intérieur des murs) pas dans le détail hein mais dans l'idée
L'Ordre des Dragons Impériaux est un ordre mixte mais l'Ordre de l'Ardre est uniquement masculin c'est pour ça que Leoda se travestissait.


Ahah, vraiment très content que ça t'ai plu !! :mrgreen: Chapitre que j'avais envie d'écrire depuis un moment mais je ne savais pas vraiment trop où le caser... au final il a l'air bien là où il est ^^
Cette foutue 1ère personne ! :lol: ça se voit que j'aime pas écrire de la 1ère personne, non ? :mrgreen:
Énorme merci !
(ps : j'ai vu que tu avais inscrit ton histoire sur ce concours Wp aussi... je me vexerais pas si tu me bas :lol: enfin, si iels réussissent à lire les 200+ titres qu'on leur a soumis :roll: )
- Ils sont pas longs du tout, t'as tout compris :lol: Mais je trouve pas quoi dire de plus en fait :cry: (tu as bien fait de répondre du Discord, plus pratique ^^)
- Gnééééé, j'comprends mieux :ugeek: Tu l'avais expliqué dans un chapitre précédent ou il fallait le déduire (ce qui peut être évident, mais j'suis un peu neuneu :roll: ) ? Oh, SnK, j'avais oublié que ça existait x')
- Oui, ce passage est très bien ici, il apporte de la tension à ce chapitre qui est assez calmos, malgré l'aventure inédite et angoissante de Yulia dans le Temple
- Oui, je savais que tu n'aimais pas la 1ère personne :lol:
Beh de rien, merci à toi d'écrire cette histoire :D

(Tu rigoles ? :lol: Je risque pas de te battre ! :D En revanche, tu devrais mettre un peu plus de chapitres en ligne pour qu'iels (gars, je connaissais le singulier du pronom neutre, mais pas le pluriel, OMG c'est tellement pratique pour éviter les périphrases) puissent avoir une meilleure vue d'ensemble de tous les types de scènes que tu peux écrire =)
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Bon, je viens de lire les deux parties... mais je vais faire court ! :lol:
Coline t'a fait quelques corrections et ce qui est le plus flagrant ce sont les fautes de temps (à moins que ce soit des fautes de conjugaison ?), je parle des temps du passé où on a des imparfaits (ais-t) à la place de passés simples (ai).

Je dirais qu'il y a toujours quelques maladresses. Mais ça reste des détails qu'on arrangera plus tard.

Mais... Je dois dire que tu es un conteur génial et on se fait prendre complètement dans l'histoire. Je pense en particulier à l'histoire d'Angora. les Surplombs, pour moi, c'est l'histoire la plus riche que j'ai lu depuis longtemps sur une plateforme comme BN ou autre. J'adore vraiment. Aussi bien tes personnages que tes décors.

Quelques remarques.

la moindre information sur "ce qu’il se passe" là-bas
Perso je m'insurge contre cette manière de mettre partout "ce qu'il se passe" au lieu du classique "ce qui se passe", moins à la mode mais plus logique.
Autant dans : les quelques infos "qu’il nous manquait" qu'on aurait pu écrire "qui nous manquaient" avec autant de bonheur, ça passe, autant j'ai du mal à avaler "ce qu'il se passe"...

Je m’attachais au bout d’un long treuille : Coline a corrigé l'orthographe, mais...
attention, le treuil est la machine qui enroule et déroule un cable avec une force démultipliée. On s'attache donc au bout du câble d'un gros treuil...

Alors qu’il engageait le combat, je plantais ma main gauche dans la terre sèche et résistais aux vents.
Le cas typique où il faut le passé simple à plantai et résistai... Si tu remplaces ces verbes à voix haute par un verbe de 3e groupe (je mordis ma main gauche) ça te semblerait naturel.

En ce qui concerne les imparfaits du subjonctif que Coline utilise souvent, on admet que soit on l'utilise tout le temps en fonction de la concordance des temps classique, soit pas du tout... un choix à faire, les amis !

Il reste parfois des verbes faibles que tu pourrais remplacer avec bonheur par des verbes plus riches...
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :- Gnééééé, j'comprends mieux :ugeek: Tu l'avais expliqué dans un chapitre précédent ou il fallait le déduire (ce qui peut être évident, mais j'suis un peu neuneu :roll: ) ? Oh, SnK, j'avais oublié que ça existait x')
- Oui, ce passage est très bien ici, il apporte de la tension à ce chapitre qui est assez calmos, malgré l'aventure inédite et angoissante de Yulia dans le Temple
- Oui, je savais que tu n'aimais pas la 1ère personne :lol:
Beh de rien, merci à toi d'écrire cette histoire :D

(Tu rigoles ? :lol: Je risque pas de te battre ! :D En revanche, tu devrais mettre un peu plus de chapitres en ligne pour qu'iels (gars, je connaissais le singulier du pronom neutre, mais pas le pluriel, OMG c'est tellement pratique pour éviter les périphrases) puissent avoir une meilleure vue d'ensemble de tous les types de scènes que tu peux écrire =)
- y'a des bons trucs dans le scénar de SnK... et des trucs incompréhensibles aussi x)
- Ouf alors ! j'avais peut que ça "plombe" trop l'ambiance du chapitre !
- Entre la 1ère personne et moi, c'est une affaire personnelle :evil:
(vive les pronoms neutres ! yeah !)
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Marjogch a écrit :Ahhhhh enfin, la vie d'Angora. Elle est ma chouchoute chez les femmes Angora. Quelle triste début de vie, mais ça ne fait que démontrer encore une fois que c'est une battante. Une vraie guerrière avec un coeur gros comme ça.
Je suis contente d'en savoir enfin plus sur elle. Mais j'ai l'impression qu'on a pas tout. Après tout, elle est très proche, très fidèle à Ford. Pour quelle raison en particulier?

J'adore ce chapitre, en tout cas. Angora se dévoile sous son vrai visage, ça renforce encore plus l'amour de notre jeune héroïne à son égard. C'est top. Elle est comme une seconde maman.

La suite, la suite, la suite :lol: :lol: :lol:
Je te comprends tellement, elle est trop bien Angora !! :mrgreen:
Aaah, la relation Angora-Ford... je donnerai un autre récit dans quelques temps sur cette affaire-là ^^ (ne grillons pas toutes mes cartouches d'un coup :p )
Angora je la voit vraiment comme ça (même si plus une grande sœur qu'une maman) : elle est la figure féminine qui inspire Yulia, son principale modèle et repaire.

Merci beaucoup !! :D La suite va arriver, ahah ^^ Et vous aurez enfin cette séance de théâtre :p
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DanielPagés a écrit :Bon, je viens de lire les deux parties... mais je vais faire court ! :lol:
Coline t'a fait quelques corrections et ce qui est le plus flagrant ce sont les fautes de temps (à moins que ce soit des fautes de conjugaison ?), je parle des temps du passé où on a des imparfaits (ais-t) à la place de passés simples (ai).

Je dirais qu'il y a toujours quelques maladresses. Mais ça reste des détails qu'on arrangera plus tard.

Mais... Je dois dire que tu es un conteur génial et on se fait prendre complètement dans l'histoire. Je pense en particulier à l'histoire d'Angora. les Surplombs, pour moi, c'est l'histoire la plus riche que j'ai lu depuis longtemps sur une plateforme comme BN ou autre. J'adore vraiment. Aussi bien tes personnages que tes décors.

Quelques remarques.

la moindre information sur "ce qu’il se passe" là-bas
Perso je m'insurge contre cette manière de mettre partout "ce qu'il se passe" au lieu du classique "ce qui se passe", moins à la mode mais plus logique.
Autant dans : les quelques infos "qu’il nous manquait" qu'on aurait pu écrire "qui nous manquaient" avec autant de bonheur, ça passe, autant j'ai du mal à avaler "ce qu'il se passe"...

Je m’attachais au bout d’un long treuille : Coline a corrigé l'orthographe, mais...
attention, le treuil est la machine qui enroule et déroule un cable avec une force démultipliée. On s'attache donc au bout du câble d'un gros treuil...

Alors qu’il engageait le combat, je plantais ma main gauche dans la terre sèche et résistais aux vents.
Le cas typique où il faut le passé simple à plantai et résistai... Si tu remplaces ces verbes à voix haute par un verbe de 3e groupe (je mordis ma main gauche) ça te semblerait naturel.

En ce qui concerne les imparfaits du subjonctif que Coline utilise souvent, on admet que soit on l'utilise tout le temps en fonction de la concordance des temps classique, soit pas du tout... un choix à faire, les amis !

Il reste parfois des verbes faibles que tu pourrais remplacer avec bonheur par des verbes plus riches...
Fautes de conjugaison, entièrement ^^' Moi pas habituer à écrire bien la première personne :roll:

Ok ! N'hésite pas à faire des commentaires plus rébarbatifs dans le détail sur le channel #commentaires du discord ;)

Ensuite je rougit fort un grand coup... voilà... encore un peu... C'est bon c'est fait je peux retrouver ma contenance ! :D

- Ce qui / Ce qu'il : Tu as tout à fait raison :ugeek: Je m'en étais jamais rendu compte mais c'est bien mieux avec ce qui... du coup, hop, "rechercher et remplacer" dans word ! :lol: Maintenant je n'ai plus que des "Ce qui" :mrgreen:

"En ce qui concerne les imparfaits du subjonctif que Coline utilise souvent, on admet que soit on l'utilise tout le temps en fonction de la concordance des temps classique, soit pas du tout... un choix à faire, les amis !"
Je ne me suis pas encore pleinement décidé, une fois j’emplois les temps moches, une fois j’envoie chier ces temps moches... AAAAAH il faut que je me décide :lol:

Il reste parfois des verbes faibles que tu pourrais remplacer avec bonheur par des verbes plus riches... Ouip, je vais y faire plus attention !!

MERCI BEAUCOUP DANIEL :D :D
DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

AprilDevil a écrit :Salut !
... et c’est toujours aussi agréable d'avoir une parenthèse Surplombs. :D

Juste un mot pour dire que j'ai adoré ton commentaire, ton écriture, c'est un plaisir de te lire, autant que le texte de Vincent.
Et pour moi la richesse des réactions, c'est ce qui fait la différence entre Booknode et d'autres plateformes...

Je vous aime ! ;)
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

:arrow: Comment on est censé faire quoi que ce soit de constructif après ce superbe commentaire d'AprilDevil ? :o :lol:
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Après le commentaire d'AprilDevil, je me suis dit que je ne pouvais pas reposter tant que je n'y avais pas répondu dans le détail et à la hauteur :roll:
Bon, c'est impossible, j'étais incapable de dire quoi que ce soit tant j'ai été ému et, finalement, je lui ai écrit un petit mot en privé, pour lui dire à quel point ça a compté pour moi...
Mais cessons les bons sentiments ^^' Le topic est délaissé depuis trop longtemps :evil:

Ces dernières semaines, j'ai avancé sur pas mal de choses, mais je n'ai toujours pas de chapitre complet à sortir pour clôturer ce foutu chapitre 17 ! (qui est déjà le plus long du roman...)
Petit tour d'horizon :

- Je travail sur la nouvelle carte ! J'ai des brouillons aux clairs, tout les Surplombs ont trouvé leur place définitive ! Pour l'instant j'ai juste passé quelques heures sur paint, mais il va falloir que je me motive pour lancer Inkarnate et le mettre au propre ! (oui, pour l'instant c'est illisible... et je ne peux pas donner de preview car comme un idiot j'ai noté les déplacements des persos selon le scénar à venir, ce serait donc du spoil à moins que je ne passe 2h à manier la gomme horrible de paint pour les effacer).

- Le travail sur le background des ethnies et de l'histoire de la construction de l'Empire est finit ! Pareillement, j'ai bouclé quelques points flous du background et du scénar, tout roule dans le bon sens maintenant et est cohérent ! Je ferais peut-être un petit doc sur l'histoire de l'Empire, à moins que je ne garde ça pour une intrigue... à voir !

- La publication sur Wattpad est engagée ! J'ai participé à un concours et remporté un prix pour le Temps des Surplombs. Bon, c'est un concours amateur, mais ça fait vachement plaisir !

- En parallèle de cette publication, je recorrige et rectifie mes anciens chapitres, et ça me prend plus de temps que ce que je pensais ! :o Je change quelques détails par-ci par-là, mais je rectifie aussi des mauvais choix que j'ai pu faire... et il y a notamment un passage que j'ai entièrement supprimé : la lettre de Taylor à Yulia.
Elle était mauvaise sur plusieurs points : elle est inutile, décalée par rapport au caractère du personnage, et elle désamorce le doute par rapport à l'alignement des Corsaires. En bref : elle est malvenue.

- J'ai donc écrit une nouvelle fin du chapitre 4 ! Et je vais la poster sur le forum... eh bien, maintenant ?
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Rappel : les Corsaires ont débarqué à Cathuba l'avant-veille. Juno, l'administratrice, a conseillé à Yulia de rester chez elle et de ne pas se montrer. Rien en Taylor ne lui inspire confiance.
Après une après-midi à bavarder dans l'appartement avec Dick-Tale, Yulia part se coucher de bonne heure. Demain sera le jour de son anniversaire : pour l'heure, elle doit simplement prendre son mal en patience... Mais est-ce certain que les Corsaires ne savent où la trouver ?




Chapitre 4 : Éclat
Partie 4/4 : Les idées folles


La nuit était bien avancée lorsque Angora les entendit arriver. Les deux hommes remontaient la galerie en chantonnant une petite comptine de pirates. Leurs voix découpaient le silence par des notes qui se mêlaient, se taquinaient et se câlinaient en chœur.

Laissez-moi vous narrer
L’histoire d’un homme
Qui ne mérite pas d’être contée
Et encore moins d’être chantée.

Brigands édentés,
Pressez-vous pour écouter
La chanson de Godol,
Godol aux idées folles.

Coureur de jupons,
Ami des cons,
Amant du rhum,
Goûteur d’arômes.

Lorsqu’il n’était pas rond
Il envoyait par le fond
Aussi bien les flacons
Que les riches galions.

Mais, lorsqu’il était gris,
Il était pris d’envies
Lubriques et politiques,
Sa passion authentique.

Il était bien celui
Que l’on appelait Godol,
Godol aux idées folles,
Ivre et poursuivit.

Car les bien-pensants
N’aimaient pas Godol.
Ils fuyaient ses idées folles,
Haineux et méprisants.

Ils le coincèrent un jour,
Dans le ciel de Farø
Godol rendit les armes
Et sortit son banjo

Il composa, alors,
La plus belle et la plus acide des mélopées
Il leur fit voir alors,
Leur plus horrible, monstrueux et vrai visage

Les bigots eurent peur de Godol.
Si peur qu’ils lui sautèrent au col.
Ce fut le dernier chant de Godol.
Godol aux idées folles.


Le couloir menant aux appartements de la famille de l’Amiral ne diffusait qu’une lumière chétive, bleu-nuit. Adossée à la pierre froide du mur, l’Epée Lige de la famille Mangora ne décroisait pas les bras et surveillait du coin de l’œil la lueur de la lanterne qui rampait, colorant les parois d’un rouge vif. A la litanie des deux voix se joignit le tapement discret et régulier de leurs pas. Enfin, ils apparurent et, lorsque leur flamme éclaira la Dragon immobile, ils abaissèrent leur lanterne.

Taylor le Sans-nom et Hellshima le Rapace se tenaient là, dans de grands manteaux sombres. Par politesse, ils abaissèrent leurs capuches et révélèrent leurs visages. Dans leurs yeux, elle put lire une certaine surprise, mais pas l’ombre d’une crainte.

— Angora, la salua le Capitaine de l’Eclat. Je ne pensais pas te trouver ici…

Ils apportaient tous les deux leurs armes. Taylor, contrairement à son arrivée sur les quais, portait un sabre court et un revolver à la ceinture. Il tenta de rabattre un pli de son manteau pour les cacher, mais ils n’échappèrent pas à Angora.
— Comment avez-vous passé les Gardes ? leur demanda-t-elle d’un ton glacial.

— Ne t’en fais pas, on ne leur a pas fait de mal.

Il sortit de sa poche une petite fiole, à présent vide. Somnifère ou poison ? Elle préférait encore ne pas savoir et resta de marbre face à son sourire malicieux.

Taylor fut visiblement déçu de son manque de réaction. Si Angora avait appris une chose sur le pont de son navire, c’était qu’il aimait amuser son monde. Mais il ne savait pas encore sur quel pied danser avec elle.

Sans se préoccuper des apparences, le Capitaine de l’Eclat décida d’engager la conversation comme s’ils étaient à la terrasse d’un café et non en armes devant la porte de l’appartement secret de l’Amiral Ford.

— Cela fait bien deux ans qu’on ne s’est vu ! Je te présente mon ami, Kenta…

— Je sais très bien qui il est, trancha la Dragon.

Indifférent à sa remarque, le Rapace décida de jouer le jeu du Sans-nom et la salua en s’inclinant. Il ne lâcha pas cependant sa carabine et Angora passait déjà en revue toutes les façons de le désarmer.

— Vous n’avez rien à faire ici, annonça-t-elle brutalement. Je ne sais pas ce que tu t’imaginais en venant, Taylor, mais cet endroit n’a pas besoin de toi. L’Amiral m’a confié sa fille, j’assurerai sa protection, même face à des hommes comme vous.

— Tu nous tuerais ? s’amusa-t-il. Tu priverais Ford de ses meilleurs Corsaires ?

— Je vous briserai juste quelques os.

Ils se jaugèrent un instant du regard. Elle ne savait pas si le Sans-nom envisageait sérieusement de se battre ou s’il testait juste sa détermination. Quoi qu’il en soit, elle était prête à cogner pour les arrêter.

— Je suis venu voir Yulia, annonça Taylor comme si elle ne l’avait pas encore compris, je sais qu’elle est ici.

— Elle dort à cette heure-là. Et de toute manière tu ne rentreras pas.

— Je ne lui veux aucun mal, juste lui parler.

— Et que veux-tu lui dire ?

— Ce n’est pas tant ce que j’ai à dire qui importe, s’impatienta-t-il. Il s’agit de faire connaissance. Je veux apprendre à connaître la fille de l’Amiral que je sers.

Angora ne le crut pas une seconde. Elle déplia sa main mécanique, en gage d’avertissement.

— Je crois avoir été claire. Ta présence ici est déplacée, retourne à ton navire. Si Yulia souhaite te rendre visite je ne l’en empêcherai pas, mais tu n’as rien à faire ici.

Il ouvrit la bouche pour protester mais se rendit compte que ses efforts se révéleraient inutiles. Il baissa la tête et rit amèrement. Il ne fit plus semblant de cacher ses armes.

— Ford a de la chance de t’avoir. Il savait que tu protègerai sa fille mieux qu’une armée. Tu l’aurais suivi jusqu’au bout du monde et pourtant tu es ici, fidèle à ton vœu. Qui aurait pu croire que le premier Dragon à être détaché du Sénat embrasserait avec autant d’amour sa nouvelle fonction ? Pourtant je suis sûr qu’il le savait, ce bon vieux Ford, lorsqu’il a posé les yeux sur toi. C’est son plus grand talent : en un regard, il met le cœur des hommes à nu.

Taylor haussa les épaules comme s’il racontait des banalités. Il continua sur un ton plus humble :

— J’aurais dû deviner qu’il t’avait confié sa fille. Des bons soldats, il en a par centaines, mais bien peu en qui il ait une confiance absolue. J’en serais presque jaloux…

La Dragon resta interloquée quelques instants. Taylor fit signe à Hellshima. Ils remontèrent leurs capuches et firent quelques pas pour se retirer. Angora adressa une dernière question au Corsaire :

— Pourquoi n’étais-tu jamais venu à Cathuba jusqu’à présent ?

Le Capitaine de l’Eclat s’arrêta lentement et la considéra d’un œil.

— L’Eclat est une arche qui recueille le meilleur des hommes. Il y a sur ce bâtiment des individus qui doivent autant échapper aux Amiraux qu’aux Seigneurs Pirates. Rester loin des Surplombs est alors un impératif.

Il inspira une dernière fois l’air du quartier des Galeries et lui adressa un sourire énigmatique.

— Ne t’en fais pas, tu ne nous verras plus dans les galeries, je vais laisser ta protégée tranquille. Je te dis au revoir, mais pas adieu. Dans quelques années, nous reviendrons chercher Yulia.

Angora retournait encore cette phrase dans sa tête lorsque les deux Corsaires disparurent dans la courbe du couloir. Il ne restait que leurs grandes ombres projetées au loin sur la paroi.

La Dragon se dit que, finalement, elle préférait quand Taylor faisait le clown.





Le jour se leva sans que le sommeil de Yulia n’ait été troublé. Marisa ouvrit doucement ses volets et lui annonça qu’elle préparait le petit déjeuner.

La fille de l’Amiral s’étira puis passa une chemise et une culotte courte en jetant des regards envieux au dehors. Peut-être pourrait-elle sortir aujourd’hui ?

— Yulia ! l’appela Marisa, les œufs sont cuits !

— J’arrive !

Dans le séjour, on avait dressé la table pour le matin. Senex lisait dans un fauteuil et Marisa sifflotait en se faisant du thé. S’asseyant, la jeune fille grignota son petit pain et en plongea, amusée, quelques tranches dans le jaune de ses œufs. Sur la table, il y avait un second couvert préparé, mais son précepteur comme sa gouvernante semblaient déjà avoir mangé.

— Où est Angora ? demanda-t-elle inopinément.

— Elle était levée avant tout le monde, mais elle est retournée s’exercer dans sa chambre, expliqua Senex sans lever les yeux de son papier.

— Ce n’est pas « ma » chambre, protesta-t-elle en ouvrant la porte.

Le vieil homme leva les yeux et la Dragon vint se joindre au petit-déjeuner. En débardeur des docks et en longue culotte bloomer, la jeune femme attacha ses cheveux rouges et vint rejoindre sa protégée. Sa main mécanisée attrapa une plaquette de beurre et elle se mit à tartiner son pain.

Lorsque que Yulia, entre deux tartines, demanda si elle pouvait sortir en ville dans l’après-midi, elle se heurta comme prévu au refus alarmiste de Marisa. Mais elle comptait sur Angora pour soutenir ses arguments :

— Je ne risquerai rien, les Corsaire ne sauront même pas que je suis la fille de l’Amiral ! Je me promènerai incognito avec Angora et tout ira bien, n’est-ce pas ?

Elle se retourna vers sa protectrice, pleine d’espoir.

Mais Angora, loin de partager son enthousiasme, affichait un air soucieux. Elle parla avec regrets :

— Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée…

Elle n’en dit pas plus, mais cela suffit à faire mourir le débat. Yulia resterait à l’intérieur, comme Juno l’avait conseillé. La jeune fille en voulut à Angora de ne pas l’avoir soutenue. Voulait-elle donc qu’elle meurt d’ennui ?

Bien que décidée à lui faire la tête, elle ne tint sa résolution qu’une journée. Elle ne pouvait pas rester fâchée bien longtemps avec son modèle. Le lendemain, elles trempaient leurs tartines dans le même bol.

— Et toi ? Pourquoi tu ne sors pas te promener ? l’interrogea la petite. Je suis coincée ici, mais tu dois avoir aussi envie de sortir…

La Dragon lui retourna un sourire timide.

— Il y a tout ce dont j’ai besoin ici, lui assura-t-elle.

Yulia aurait aimé en dire autant. Elle profita cependant d’une semaine paisible, Senex ayant décidé de centrer son enseignement sur des sujets plus amusant que l’ordinaire. Ils jouèrent à plier du papier grâce aux mathématiques et Angora lui montra comment fabriquer des avions. Marisa passa ainsi les trois jours suivants à en ramasser derrières les meubles et à mille endroits improbables.

L’air doux de la fin d’été caressa les têtes lors des jours qui suivirent, et Yulia atteignit ses treize ans.


fin
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

Courage pour la carte ! ;)

J'ai (re)relu ce bout de chapitre 4 pour le plaisir... Il apporte un peu de mystère en plus :D

Encore bravo pour ce beau récit des Surplombs et à bientôt ^-^
Dernière modification par louji le sam. 03 mars, 2018 9:03 pm, modifié 1 fois.
DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

louji a écrit :Courage pour la carte ! ;)

J'ai (re)relu ce bout de chapitre 4 pour le plaisir... Il apporte un peu de mystère en plus :D J'ai juste remarqué que tu omettais les "S" de la 1ère personne du conditionnel : "Si Yulia souhaite te rendre visite je ne l’en empêcheraiS pas, mais tu n’as rien à faire ici." par exemple ^^ Là, le conditionnel est marqué par le "si". Mais il arrive qu'on l'utilise sans "si", et tu peux jouer sur les temps futur/conditionnel pour marquer la volonté d'un personnage :)

Bref, je chipote encore avec la conjugaison, tu dois finir par t'y habituer :roll: (mais comme ça les relectures en seront facilitées ! :oops: )

Encore bravo pour ce beau récit des Surplombs et à bientôt ^-^
Mouais, mais dans ton exemple, comme souhaite est au présent, il est normal d'utiliser le futur... :?


Sinon, c'est toujours un bonheur de lire cette aventure ! ♡♡♡♡
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :
Mouais, mais dans ton exemple, comme souhaite est au présent, il est normal d'utiliser le futur... :?


Sinon, c'est toujours un bonheur de lire cette aventure ! ♡♡♡♡
Mince :oops:
Je vais enlever cet exemple, du coup !
(Et revoir mon conditionnel :lol: )
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :Courage pour la carte ! ;)

J'ai (re)relu ce bout de chapitre 4 pour le plaisir... Il apporte un peu de mystère en plus :D

Encore bravo pour ce beau récit des Surplombs et à bientôt ^-^
Merci ! :D
ahah ne t'en fait pas pour l'exemple, c'est toujours un plaisir ^^
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Marjogch a écrit :Huuuum. bon prenons dans l'ordre.

Bravooooo pour ton prix. C'est mérité, je le redis, tu as beaucoup de talent. Alors Bravo :D

Ensuite, que vois-je????? Je cite "je te dis au revoir, mais pas adieu. Dans quelques années, nous reviendrons chercher Yulia"!!!!!!!

Ca veut dire quoi ça????? Taylor avait des projets pour elle bien avant tout le chamboulement? Il veut en faire quoi? Attend j'ai loupé un épisode? Y a un passage que j'ai pas lu? :lol:

Alors bravo, un petit chapitre qui ouvre encore plus le champs des possibilités avec des questions plein la tête. Mais vas-tu arrêter de me retourner le cerveau? :lol: :lol:

Allez, plus sérieusement, encore une fois c'est du bon travail. Je me pose beaucoup de questions, dont j'attends les réponses avec impatience. Alors je vais patiemment attendre la suite ;) ;)
Merci !

Mwahahahaha :twisted:
Bon, rassure-toi, la seconde partie devra gagner des chapitres comme je l'ai déjà dit... et à chaque fois je ne glisserais pas de nouvelles questions :lol: je glisserais même peut-être des réponses ;) Un petit chapitre où Taylor parle de lui n'est pas inenvisageable...
Encore merci ^^ Allez, je retourne bosser sur la suite !
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 17 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Voici une nouvelle version de la carte de l'Empire ! Comme vous pouvez le voir il n'y a pas le Nouveau Monde, ce qui n'est pas dérangeant ^^ Cette version respecte enfin à peu près les échelles et a une version correcte de la géographie ! (dans la précendente carte, les Surplombs avaient étés placés un peu au pif... maintenant il y a des régions cohérentes !)

D'ailleurs, à ce propos, je cherche des façons de nommer mes différentes régions... pour Ato, Thäma ou Veleria il n'y a pas de problème puisque ce sont des noms de pays, mais pour les autres j'ai peu d'idée (pour la région de Cathuba par exemple, l'identité régionale n'est pas unie autour de Cathuba vu que ce n'est pas le Surplomb principal...) je rechercherais plus à créer des noms un peu "savant" avec des terminaisons en -sie par exemple (style "Austrasie" même si le mot veut dire absolument autre chose) bref si quelqu'un a des idées moi je suis preneur, même un truc qui vous passe par la tête peut me donner des idées.

Mais assez parlé, voici la carte, en deux version :

1. Géographie générale + les noms des Surplombs importants et/ou déjà évoqués

Cartographie de l'Empire.jpg
Cartographie de l'Empire.jpg (186.04 Kio) Consulté 608 fois
2. Géopolitiques : les Protectorats et les régions indépendantes
Cartographie de l'Empire - Protectorats & Frontieres - date.jpg
Cartographie de l'Empire - Protectorats & Frontieres - date.jpg (246.28 Kio) Consulté 608 fois

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