Chap. 13: Un colibri bien maladroit et un gros bébé bien vilain !
Mes chères lectrices, je vous annonce officiellement que les noms de couple qui gagnent haut la main sont : Édisa et Jamisa !
PDV: Le prince Édouard
Je ne pensais pas que j'étais prêt mais maintenant, je sais que si. Je suis décidé, résolu à faire face. J'espère qu'elle l'est aussi, car après, il sera trop tard pour regretter. Trop tard... Ça me fait penser à Jordan. Il était déjà trop tard quand je m'en suis rendu compte. Je chasse ces pensées lugubres, je ne veux pas être dans cette état d'esprit quand je franchirai le pas, le gouffre qu'il y a entre elle et moi. Vous allez me dire que je suis tout près d'elle ; je n'ai qu'à avancer un peu pour être collé contre elle. Mais ce n'est pas de ça que je parle, pas de l'espace qu'il nous éloigne, ce n'est qu'un détail qui est facilement effaçable. Je parle de ce qui risque de se passer. Je continue de caresser son cou, il est si doux. Dites-moi, pourquoi je compte faire ça ? Elle pourrait me repousser, me gifler ou bien encore me castrer ! Elle a bien failli le faire involontairement. Une petite voix dans ma tête me dit de que c'est une mauvaise idée. Pourtant...
_Édouard ?
Je lève les yeux de mon assiette et la regarde. Je n'ai pas besoin de dire que je n'ai pas écouté, elle le voit bien à ma tête. C'est ma mère !
_Je te demandais si tu avais une idée des intentions de vos agresseurs. Pour le moment, l'enquête ne mène nulle part. As-tu des suggestions, mon chéri ?
Je mâchouille un morceau d'œuf sur le plat et l'avale. Mère a voulu qu'on déjeune plutôt que d'habitude pour avoir une mini réunion familiale avant qu'on parte en cours. Je remarque que je suis le seul à ne pas avoir fini de manger, je suis trop occupé à penser. Ils attendent tous pour sortir de table. La question de ma mère me rend nerveux. Très nerveux. Je regarde mon assiette pour ne pas croiser son regard et me trahir. Je réponds l'évidence en ne disant pas le fond de ma pensée.
_Ce qui est certain, c'est que c'était William et Charlotte qui étaient visés, aucun n'a essayer de s'attaquer à moi. Avaient-ils des intentions particulières ? Je ne sais pas. Pourquoi ne se sont-ils pas attaqués à moi, alors que je suis l'héritier ? C'étaient sûrement des idiots qui voulaient me déstabiliser, m'inquiéter, me faire peur. Je pense qu'il ne faut pas trop chercher à savoir ce qu'ils voulaient, la raison est sans aucun doute qu'ils voulaient m'atteindre et me faire paniquer, en voyant ma famille se faire attaquer. Je pense que ça ne sert à rien de continuer à mener l'enquête, ça ne nous mènera à rien de plus que ce que je viens de vous dire.
Je m'arrête pour ne pas répéter la même chose ni paraître trop insistant. Je prie pour qu'ils en restent là et passent à autre chose. Je suis conscient d'étonner tout le monde.
_Tout ne tourne pas autour de toi, Édouard ! gronde mon père.
Ma mère lui fait un signe de la main, lui demandant de se taire. Il bougonne mais ne dit plus rien. Enfin, plus rien devant ma mère mais quand elle ne sera plus là... J'avale difficilement mon jus d'orange rien qu'à y penser. Ça se passe toujours comme ça. Je finis en quelques bouchées mon petit-déjeuner. Une fois terminé, nous nous levons de table pour aller dans un petit salon. Mon père me regarde bizarrement. À quoi pense-t-il ? Moi, pendant deux secondes, je pense à Jordan. Je me rappelle de ce fameux jour où tout s'est terminé... Les cris, le sang, les balles... Quelqu'un me prend la main. Je regarde qui, c'est ma petite sœur. Je lui serre la sienne et essaie de ne pas penser à Jordan.
Nous entrons dans un petit salon, je vais m'asseoir dans un fauteuil. La reine bavarde mais je n'écoute pas vraiment ce qu'elle dit. Elle parle de nos vacances de Toussaint avec enthousiasme. Je ne prête pas attention à la conversation, car on est dans la pièce où moi et Lisa avions passé notre soirée du mercredi soir devant la télé. Ah Lisa, …
Je suis proche d'elle, si proche et tellement prêt... J'attrape une mèche qui lui tombe sur le visage et la coince derrière son oreille. Elle n'a pas l'air de savoir quoi faire, ni comment réagir. Je dirais même qu'elle est troublée, voir même... paniquée. J'ai envie de la croquer... C'est parti, à moi de jouer. Je prends mes couilles en main -pas littéralement. Je vais le faire, tant pis pour le reste, pour les conséquences, je l'aurais fait. Je me sentirai mieux après ça ,qu'importe ce qui va se passer. Je chasse les petites voix qui me disent de ne pas le faire et écoute mon cœur. Je veux qu'elle me regarde dans les yeux quand je le ferai. J'espère qu'elle apercevra en moi, dans mon regard toute la sincérité de mon geste. Je me lance à mes risques et périls.
_Je sais que je n'aurais pas dû te kidnapper. Je t'avoue que je ne sais pas trop ce qui m'a pris. La vérité, c'est que je cherchais une fille pour m'occuper l'esprit. Mes parents n'étaient pas là et c'est facile d'éviter les petits dans cet immense château, c'était le moment idéal ! Je ne sais pas ce que je cherchais à faire, ni pourquoi, ni qui. J'avais juste... envie et puis qui me dirait non ? Physiquement, je suis l'excellence même et je suis le prince ! Je pensais que c'était facile, je n'avais qu'à dire un mot et on se jetterait dans mes bras sans rien dire. Pendant plusieurs jours, je me suis baladé mais je n'ai été que de déception en déception. Quand je t'ai vu, je ne pensais pas te ramener chez moi. Je ne me suis pas fait: c'est le pigeon idéal. Je voulais réellement t'aider, te sauver mais quand... quand je t'ai attrapée, je n'ai pas réfléchi. Il y a plein de raisons à cela, je ne vais pas te les citer. Dans tous les cas, je ne pouvais pas te laisser partir avec ta bosse, tu venais de te faire attaquer et la tentation de te ramener chez moi était trop forte. Je me suis trouvé des excuses pour ne pas penser que j'avais fait quelque chose de mal. Je ne voulais pas m'avouer que... que je t'ai kidnappée. Je... je suis désolé.
Pendant tout mon monologue, elle n'a pas pipé mot. Elle n'a rien dit, son regard est resté fixé au mien, et moi je lui ai caresser le cou tout le long. Elle n'a pas crié, pas pleuré, ni ne m'a frappé et elle n'a pas une nouvelle fois essayer de me castrer. Elle a juste hoché la tête une fois que j'ai eu fini. Devrais-je justement m'inquiété ? Elle baisse la tête prend une grande inspiration pour assimiler tout et prendre le courage nécessaire pour m'affronter, puis la relève.
_Quels sont les raisons ? Comme tu l'a dit, tu ne les as pas citées. Je voudrais bien savoir lesquelles. Et qu'est-ce qui t'as fait croire que je voudrais venir ?
J'arrête de caresser sa douce peau pour me frotter l'arrière de la nuque, gêné.
_Rien, rien ne me disait que tu voulais. Je suis désolé. Veux-tu me pardonner ?
J'évite soigneusement sa première question... Je ne veux pas lui dire les raisons.
_Tu as d'autres choses à te faire pardonner, dit-elle.
Ah... ! Je fronce le front, cherchant dans mes souvenirs ce que j'aurais pu faire d'autre... Au bout d'un moment, elle répond d'elle-même :
_Comme pour m'avoir entraînée dans toute cette histoire de fille au pair, tes insultes sur mon intelligence ou encore ta froideur.
Je ris gêné. Ah oui, quand même... Je suis un vrai enfoiré, ma parole !
_Je suis désolé pour tout... pour tout ça. Je m'excuse.
Elle soulève mon menton comme je l'ai fait ; il n'y a peine quelques minutes. Elle se mord nerveusement la lèvre.
_C'est d'accord. Je te demande juste d'être plus sympa avec ton entourage, moins dur. Merci de t'être excusé même si tu ne m'as pas tout dit sur tes raisons, j'apprécie énormément ton geste. Surtout que j'ai entendu dire que tu ne t'excuses pas souvent.
Après ça, je n'ai plus rien compris. Elle a effacé l'espace qui nous séparait et... elle m'a prise dans ses bras, ses bras autour de mon cou, se serrant contre moi. Je lui rend son étreinte. Ça fait longtemps que je n'ai pas rendu de câlin, je repousse tout le monde.
_J'espère qu'on va vite te guérir. Ça ne doit pas être facile. Si tu veux m'en parler ou autre, tu sais où me trouver.
Elle dépose ses lèvres contre ma joue et recule en souriant légèrement.
_Je voudrais dormir, maintenant, dit-elle en s'éloignant de moi.
J'hoche la tête ébahi. Je suis sûr d'avoir une tête d'idiot !
_Euh... oui. Bonne nuit !
Quand je sors de la pièce, je porte ma main à l'endroit où elle a posé ses lèvres. Elle m'a embrassé ! Je voudrais rouvrir cette porte et sauter sur elle, toucher ses lèvres... Je n'aurais jamais cru que ça se passerait comme ça, aussi bien. Je devrais peut-être m'excuser plus souvent... à voir. Un sourire effleure mes lèvres.
Je chasse ce récent souvenir pour me concentrer sur la conversation. Mère demande à Charlotte comment elle veut fêter son anniversaire. Elle aura treize ans le quinze novembre.
_Je ne sais pas. Qu'est-ce que font les filles pour leur anniversaire, Lisa ?
Je lui jette un coup d'œil, elle est assise sur un canapé contre James qui a un bras autour de ses épaules. Qu'est-ce qu'ils ont à se toucher tout le temps ?! Steven n'est pas dans la pièce mais la gouvernante et Julien si. Il écoute la conversation et envoie des messages sûrement à des filles qu'il doit sans aucun doute draguer -vu son petit sourire amusé, qui sait à quel petit jeu pervers ils s'entretiennent en notre présence. C'est bien son style, envoyé des phrases cochonnes alors qu'on est à côté de lui !
_Elles font une soirée pyjama, elles invitent leurs amies et parlent une bonne partie de la nuit de tout et de rien, des garçons, d'anecdotes, de plein de choses. Elles font des batailles d'oreillers et se goinfrent de friandises et mangent le gâteau d'anniversaire fait maison. On joue aussi à des jeux comme... action ou vérité et évidemment, on offre aussi les cadeaux !
_Oh, oui ! Je peux avoir un anniversaire comme ça, maman ?! S'il te plaît !
Elle accepte d'un sourire enthousiaste, père fait un signe de la main, pour signifier qu'il s'en fout complètement, comme toujours... Elle se tourne vers moi, elle sait très bien que je serai le plus difficile à convaincre. Elle va abattre ses cartes pour me faire plier. Elle s'assit sur mes genoux et met ses deux mains sur mes épaules. Elle me fait son regard de "Petit chat abandonné" spécialement pour me faire craquer. J'évite ce regard trop mignon et refuse de la tête. Charlotte se met aux supplications maintenant mais rien n'y fait, je tiens bon, ma décision ne changera pas. Quand je vois le regard sévère de Lisa sur moi, la culpabilité m'assaille. Elle m'a demandé d'être plus gentil avec mon entourage... Je soupire et cède.
_D'accord, mais je ne veux pas que vous fassiez quoique ce soit de dangereux.
Elle me serre contre elle en criant de joie. Je souris malgré moi de voir mon petit chat content. Ma petite boule de poils roux. Je suis sûr qu'elle serait vexée si elle entendait mes pensées. William se lève, furieux. Qu'est-ce qu'il veut encore ? Il est rouge de colère, j'ai toujours trouvé ça amusant de le voir comme ça. Tout le monde ne peut pas se vanter d'avoir la même teinte de peau que ses cheveux, une fois en colère !
_Ce n'est pas juste ! Vous prenez toujours en compte l'avis d'Édouard mais pas le mien ! Ça a toujours été le cas, il n'y a que ce qu'il décide qui compte. Moi, vous ne me laissez jamais dire ce que je pense, ma parole ne vaut rien ! Il n'y a que père qui m'écoute ! Je passe toujours après ! hurle-t-il.
Super, on a le droit à une crise de jalousie ! Comme si nous n'avons pas assez ! Il dit ça mais père pense que tout ce qui sort de ma bouche n'est que sottise ou insubordination dans tous les cas, sans valeur.
_Tu sais que c'est faux, William ! Ton avis compte autant que ton frère, c'est juste qu'on demande toujours à Édouard pour qu'il apprenne à prendre des décisions ! Ça ne t'a jamais posé de problème avant, pourquoi maintenant ?
Je laisse mère lui remettre les pendules à l'heure. Si j'interviens, ça ne va qu'envenimer la situation.
_Peut-être que ça m'a toujours posé problème mais que je préférais me taire ?!
Il sort de la pièce en claquant la porte. J'ai cru voir Julien lui faire un discret doigt d'honneur. Je souris amusé mais cache vite mon rictus pour ne pas qu'il soit mal interprété. Mère est en colère, ce que je peux comprendre.
_Il a raison, dit le roi.
Je sens qu'elle envie de se disputer avec lui mais se retient devant nous. Elle nous sourit comme si de rien n'était.
_Je propose que ce soit Lisa qui s'occupe de la fête avec Charlotte, s'exclame-t-elle avec un sourire feint. N'oubliez pas ma chère, de demander à vos parents la permission pour que vous puissiez venir avec nous en vacances. Je vais aller voir William puis je partirai au palais, nous sommes attendu avec votre père. Ne traînez pas mes chéris, il ne faudrait pas que vous soyez en retard à vos derniers examens. Bonne journée et bonne chance, dit-elle nous envoyant des bisous volants.
Notre père la suit sans un regard pour nous et surtout pas pour moi. Il ne faut pas s'attendre à ce qu'il nous encourage. Dans tous les cas, il s'attend qu'on revienne avec un bulletin impeccable et si c'est l'inverse... Je me détourne et regarde ma sœur jonchée sur mes genoux, pas le moins du monde gênée.
_Qu'est-ce que je pourrais vous offrir pour votre anniversaire ?
Elle réfléchit quelques instants en se balançant sur mes genoux. Je mets mes mains derrière son dos. Quand elle était petite, je l'avais rattrapée de justesse avant qu'elle ne tombe par terre. Maintenant, je préfère prendre des précautions en préconisant la sécurité ! Comme elle me fait risette, elle a sûrement trouvé ce qu'elle veut.
(NDA:
"Risette" est un Belgicisme. C'est du Wallon et carrément du Borain si je ne me trompe pas (
"Borain" vient du mot
"Borinage" et qui désigne en Belgique la Région du Hainaut, où il y avait beaucoup de mines et donc de mineurs) et veut dire
"Sourire",
"Faire un sourire" surtout un sourire d'enfant.)
_Je veux passer une journée avec toi à la piscine !
Je me mords la lèvre. De tout ce qu'elle aurait pu me demander, elle veut passer du temps avec moi. Au mieux de vêtements ou d'objets hors de prix. J'hoche la tête lui accordant son souhait. Bien évidemment, je ne vais pas me contenter que d'une simple journée à la piscine. Je veux et vais faire mieux que ça et elle recevra aussi des cadeaux de ma part.
_Viens ici, chat ! dit Julien en lui faisant signe.
Charlotte s'approche et s'assit sur l'accoudoir du fauteuil en passant un bras autour du cou de Julien. Il lève la tête pour la regarder puis continue de pianoter sur son téléphone.
_Tu grandis trop vite, je ne sais même plus ce qui pourrait te plaire, tu veux un jouet ? Il y en a tellement, de taille, de variété et de fonction différente ! Tu veux quoi comme jouet ?
Je fronce les sourcils, il parle bien de jouet, là ? Est-ce qu'il pense au jouet ou au... jouet ? À quoi il joue ?! Il ne propose pas ce que je pense à ma petite sœur ?! S'il le fait exprès pour m'énerver, il ferait mieux de se taire ! Il veut que je le tue ou quoi ?! Je lui lance un regard rempli de menace, l'air de dire "Si tu ne veux pas mourir, tais-toi !" Mais il ne voit pas mon regard, trop occupé à envoyer des messages -avec beaucoup de chance- à des filles ! Je vais lui faire avaler, moi, son téléphone !
_Euh..., fait Charlotte.
_Tu veux, je ne sais pas... Une poupée ? Demande-t-il.
Est-ce qu'il se rend compte de ce qu'il dit ?! Et ce à quoi ça fait penser ?! Peut-être que c'est moi qui ait un esprit mal tourné... Non, ce n'est pas possible, il fait sûrement l'innocent !
_Julien, tu ne lui offriras ni jouet, ni poupée pour adulte ! grogné-je la voix remplie de sous-entendu.
Il fronce les sourcils et me regarde avec insistance, la bouche légèrement ouverte, signe qu'il ne comprend pas. Est-ce que pour une fois, c'est moi le pervers ?
_C'est quoi une poupée pour adulte ? Demande innocemment Emmanuel.
Et mince... Il y a un grand silence. Je suis sensé répondre quoi, moi ?
_Une poupée pour adulte c'est... C'est une poupée que tu mets dans ton lit, tu la recouvres d'une couverture pour faire croire à tes parents que tu dors. Alors qu'en vrai, tu as fait le mur. C'est pour ça qu'Édouard ne veut pas, explique gentiment Lisa.
Elle me sauve la vie ! Au début, j'ai bien cru qu'elle allait vraiment expliquer ce que c'est quand elle a parlé de lit, mais non ! Je pose sur elle un regard rempli de gratitude. Pourquoi les enfants ont-ils toujours besoin de poser des questions ? Surtout celle qu'il ne faut pas ! Au moins, je ne suis pas le seul à avoir pensé au côté pervers de la chose... Julien a l'air de nous suivre. Enfin, il n'était pas trop tôt ! Lui qui d'habitude voit des caractères sexuels là où il n'y en a pas !
_Quoi ?! Je ne pensais pas à ça ! Je pensais aux poupées et non aux... poupées de Jordan ! Pas ce genre-là !
J'ai un petit choc quand il prononce son prénom, ils évitent de parler de lui d'habitude, surtout devant moi. J'avale difficilement ma salive. Bon, décidément, je n'ai pas de pensées pures surtout si même Julien n'a pas vu l'allusion ou c'est lui qui ne va pas bien et que c'est tout à fait normal que j'ai pensé à ça et que Lisa aussi... James ne fait aucun commentaire mais il comprend très bien lui aussi de quoi fait référence Julien.
_C'est quoi la poupée de Jojo ? Questionne Emmanuel.
Il met sa main devant sa bouche se rendant compte d'avoir fait une gourde. Je me retiens de montrer tout sentiment. S'il l'avait appelé Lucky, ça m'aurait démoli et j'aurais réagi excessivement mais je combats cette impulsivité de toutes mes forces. J'ai envie de tout balancer mais je me retiens. Julien me jette un coup d'œil, hésitant à répondre. Je reste de marbre, je n'ai rien attendu.
_Les poupées d'Halloween, tu te souviens ? Oh, mais il est heure d'y aller !
Emmanuel veut poser d'autre question mais Julien sort vite de la salle pour ne pas devoir y répondre. On se dépêche aussi pour les mêmes raisons laissant Emmanuel ronchonner de notre empressement. Je préfère passer quelques heures à remplir des examens que parler de Jordan.
***
Je m'ennuie profondément en classe, j'ai déjà été vu toute la matière quand j'avais mes cours particuliers. Je ne vois pas ce que je fais là, tout est d'une simplicité ! Certes, le niveau est beaucoup plus élevé que les autres écoles mais pour moi, c'est du gâteau. Le gâteau que tu connais par cœur, jusqu'au moindre ingrédient et saveur qui parfois te dégoûte tellement que tu en as mangé. Je n'aime pas les gâteaux, surtout pas celui-là, pour être honnête... Un éclair au chocolat est-il considéré comme gâteau ? Car si oui, c'est le seul que j'aime. Je jette un coup d'œil à Lisa, elle galère pour suivre le cours. Je me retiens de faire une remarque mesquine sur sa lenteur exécrable. Ses neurones ne sont pas rapides voir... inexistants. Pourquoi suis-je aussi méchant ?! En plus, il y a trois jours à peine, je me suis excusé pour ces mêmes raisons et voilà que je recommence ! Je ne sais même pas pourquoi je pense ça. Elle est loin d'être stupide ! Elle me l'a déjà démontré. James qui est assis devant moi, se glisse à mes côtés. Tout le monde nous observe.
_On vient de me faire un rapport, il paraîtrait que William a traîné à la récrée de dix heures avec Guillaume. Les gardes lui auraient dit qu'il devait avoir ton accord mais il les a envoyés paître. On en rediscutera après.
J'hoche la tête. Qu'est-ce qu'il fait avec Guillaume ?! Il sait qu'il doit se méfier de lui, que je ne lui fais pas confiance ! Il me déteste et c'est réciproque ! Pourquoi fait-il ça ?! Il veut vraiment me mettre en colère ! Je regarde toute les deux secondes l'heure, en espérant qu'il sonne mais ce n'est pas près d'être le cas. Je n'essaie même pas de faire semblant d'écouter le professeur. Quand il nous donne des exercices de révisions, je les finis bien avant la fin du cours. Je gigote impatient que ça se termine, c'est interminable ! Je frotte ma main contre mon bras, il me fait mal. Lisa me regarde me remuer sur ma chaise, tapoter mes doigts sur la table... Elle finit par soupirer en déposant son stylo.
_Qu'est-ce qu'il y a ? Tes puces te démangent ?
Je la regarde méchamment en reboutonnant la manche de ma chemise. Je suis fâché sur elle. Elle n'a rien fait mais je suis pas de compagnie charmante aujourd'hui surtout après ce que ma dit James.
_Tu sais que les antipuces ça existe ?
Je me retiens de rire et reste impassible.
_Très drôle !
Elle continue de me regarder attentivement.
_Dommage que l'humour est inné car c'est bien une chose qu'il te manque avec la bonne humeur, dit-elle narquoise.
Je la fusille du regard. Qu'est-ce qu'elle a à me faire ses petites remarques ? Si elle veut ennuyer quelqu'un, son copain est là, je n'ai pas à subir sa joie et encore moins son envie de taquiner quelqu'un. James, en tant que son petit ami, est obligé de la supporter, de rester gentil, pas moi. Si seulement elle pouvait arrêter de sortir avec lui ! Ce serait déjà un poids de moins sur mes épaules. Et puis qu'est-ce qu'elle lui trouve au juste ? Bon, ça ce n'était pas sympa... James est un gars absolument génial, il l'a mérité !
_Malheureusement, les neurones ne s'achètent pas, pourtant tu en aurais bien besoin. Faute de quoi, on fait avec, répliqué-je mi-vexé, mi-énervé et mi-blagueur.
Son sourire s'évanouie... Son regard se ferme et elle se détourne de moi. Quelle biesse, je suis ! Pourquoi, j'ai dit ça ? Je sers ma main autour de mon stylo. Je suis énervé contre mon frère et j'ai reporté ma colère sur elle. Peut-être aussi car elle est souvent trop près de James... Et qu'elle m'a aussi un peu vexé. Elle voulait plaisanter et je me suis montré méchant voir... très méchant. Même si je voulais rire, ce n'était pas drôle. Je frotte mon visage. Elle ne me prête plus attention.
_Hé ! dis-je en la bousculant un peu de mon épaule.
Elle continue de m'ignorer. Je ne vais quand même pas devoir m'excuser ?! Je rapproche ma chaise de la sienne.
_Je peux t'aider ? Demandé-je doucement, une pointe de remord dans la voix.
Elle se tourne vers moi avec colère.
_Oh, son Altesse à qui son intelligence est supérieure à tout être humain, voudrait aider une pauvre fille comme moi, sans talent ou neurone ?! J'en suis flatté et honoré mais je me passe de son aide, surtout si c'est pour me diminuer !
Je suis un gros nul... Je l'ai bien vexé. Elle se reconcentre sur ses feuilles.
_Écoute, je ne voulais pas t'insulter, je voulais faire de l'humour mais comme tu l'as dit, je n'en ai pas. Maintenant, laisse-moi t'aider, tu dois bientôt rendre les feuilles et tu es loin d'avoir fini.
Elle me laisse prendre ses feuilles et lui expliquer. Elle oublie vite que je me suis montré odieux et m'écoute attentivement. On finit cinq minutes avant la fin. Quand il sonne Lisa me demande si on peut aller au distributeur chercher des chocolats. J'accepte mais regrette un peu quand je vois la file. L'une des machines est en panne. James nous parle, à moi et Steven mais je n'écoute pas trop. Je réponds par des grognements, je n'arrive pas à me montrer chaleureux avec lui alors qu'il sort avec elle. Mes yeux ne quittent pas du regard Lisa. Je me rapproche pour mieux entendre quand Lisa s'incruste entre un de mes gardes et une fille.
_Ce monsieur veut que je laisse ma place en essayant de m'impressionner car c'est l'un des gardes du prince et que ce dernier ne sait pas patienter ! dit la fille métisse, un brin énervé.
J'avoue ne pas être très patient et que je voudrais bien aller à table pour tirer les oreilles de mon frère mais je n'ai pas demander à passer devant les autres ! Je n'aime pas qu'on parle pour moi, alors ça, pas du tout !
_Le prince a deux jambes, deux bras, c'est un homme comme il faut, il sait très bien faire la queue ! Alors, excusez-vous ! sermonne-t-elle le garde.
Je me retiens de rire quand elle se rend compte que ça peut faire penser à autre chose... J'aime la voir autoritaire, ne pas se laisser marcher sur les pieds. Malgré cela, elle ne les pas assez. Si elle m'avait parlé comme ça, je l'aurais mangée tout crue. Lisa tourne la tête vers moi comme si elle avait senti que je l'observe. Nos regards se croisent et elle se détourne vite.
_Je n'ai pas à m'excuser et ce n'est certainement pas une femme qui va me donner des ordres ! dit-il en les prenant de haut.
Le sang de mon si magnifique visage bout de colère. Je pense que si j'avais des pouvoirs magiques, je l'aurais déjà foudroyée du regard. Il ne resterait que des cendres là, où quelques minutes avant il se tenait. Je n'accepterais pas que quelqu'un se montre irrespectueux envers Lisa. Je marche sans faire de bruit et me met derrière lui.
_Ça tombe bien, je suis un homme et votre supérieur. Alors, vous aller me faire le plaisir de vous excuser ! le menacé-je.
Il sursaute en entendant ma voix et perd toute son assurance. Il nous dit mille fois combien il est désolé. Après un signe de main de ma part, il disparaît.
_Ça, c'est bien les mecs ! Toujours à vouloir se faire passer pour des héros. On aurait très bien pu se débrouiller toute seule mais pour eux ; on est des petites choses fragiles ! Au fait, je m'appelle Abby et toi ? Dit-elle à Lisa.
Moi qui voulais juste aider et remettre à sa place l'un de mes hommes... Je les laisse discuter ensemble ; elles ont l'air tout de suite de s'entendre à merveille. Sans rien demander, elle vient s'asseoir avec Lisa à table. Charlotte y est déjà avec son amie, les filles parlent de sa soirée pyjama. Mon frère n'est pas là, c'est bizarre. Lisa nous donne à chacun des produits chocolatés. Même à moi... je suis assez dérouté par son geste mais je lui souris, touché mais ravi. Je cherche du regard mon frère mais je ne le trouve pas. Julien délaisse les filles qu'il draguait et nous rejoint en regardant Abby avec un peu trop d'intérêt.
_Salut, beauté ! C'est quoi ton petit nom ? Dit-il en lui servant son plus beau sourire charmeur.
Qu'est-ce que je disais...
_Moi, c'est Va-voir-ailleurs-si-tu-ne-veux-pas-que-je-t'étripe-pour-m'avoir-appelée-beauté, réplique-t-elle.
Le sourire de Julien se ternit pour reprendre de plus belle.
_Une sauvage... j'aime ça. Je m'appelle Julien Maes, garde du corps et meilleur ami du prince pour vous servir, beauté.
_Tu ne vas pas aimer ça très longtemps, crois-moi, grogne la concernée.
Julien s'apprête à repartir à l'assaut quand Lisa intervient.
_Elle n'a pas les gardes du corps à la bonne, aujourd'hui, prévient-elle.
Elle est gentille, moi je n'aurais rien dit. Elle lui donne une barre de chocolat comme si elle espérait que ça puisse le faire taire. Il regarde l'emballage puis l'exhibe en montrant l'animal imprimer dessus.
_Tu vois, même elle, sait que je suis le roi, le roi du sexe et de la savane ! Je serais très bien te dompter ma petite lionne.
J'arrête de les écouter à partir de ce moment-là. Ça commence à me préoccuper, où est mon frère ?
_Où est William ? Demandé-je.
James me répond par un haussement d'épaules en affirmant qu'il ne va sûrement pas tarder. Je répète le même comportement qu'en classe, gigoter et regarder l'heure. Je suis très nerveux. Qu'est-ce qu'il fait ? Ça fait bien vingt minutes et même plus qu'il a sonné !
_Appelle ses gardes, je veux savoir où il est ! ordonné-je inquiet.
_Ils ne répondent pas, m'informe-t-il quelques minutes après.
Quoi ?! C'est quoi ce bordel ?! Je lui demande de les appeler jusqu'à ce qu'ils répondent. J'envoie des gardes les chercher et aller voir la sécurité de l'école. Où est-il ? Que fait-il ? Un doute s'installe en moi. S'est-il fait attaquer ? Non, on l'aurait su. Quelqu'un l'aurait vu ou entendu. Que se passe-t-il alors ? La fureur prend place quand James revient. Je sors du réfectoire avec lui. Lisa laisse sa nouvelle amie pour nous suivre.
_La sécurité dit l'avoir vu sortir de l'établissement en compagnie de Guillaume. En cours de route pour t'en informer, j'ai enfin eu une réponse de ses gardes. Ils ont dit qu'ils rentraient à l'école et que William leur a interdit de répondre aux téléphones
Je me dirige fou de rage vers l'entrée de l'école. Il va m'entendre, il a intérêt à s'expliquer -si je ne le tue pas avant qu'il ouvre la bouche... Lisa est obligée de trottiner à côté de moi. Au moins, je sais qu'elle me retiendra si j'essaie de faire la peau à mon frère. Non mais, il part de l'école sans prévenir et surtout avec Guillaume ! Il a aussi désobéi à mes ordres ! Qu'est-ce qu'ils ont fait ?! Ils ont tout intérêt à s'expliquer s'ils ne veulent pas mourir sous mon courroux !
Le hall est vide mais William franchit la porte en riant avec Guillaume. Quand ils me voient, ils continuent de rire. Je sais qu'ils font ça pour me mettre hors de moi, que c'est un de leurs petits jeux en commun mais pour le coup ça fonctionne très bien. J'avance vers mon frère et m'arrête devant lui en me retenant de l'étriper.
_Où étais-tu ?! Te sens-tu bien de partir sans prévenir ?! Hurlé-je.
Il me regarde en souriant, il ne comprend pas la gravité de la situation ni ma colère.
_Calme toi ! Je suis parti m'amuser, ça te va comme réponse ? Je n'en n'ai pas le droit, peut-être ? Tout le monde n'est pas aussi coincé que toi ! dit-il ironiquement, fier de sa réplique.
Je l'agrippe par le col de sa chemise et rapproche sa tête de la mienne. L'envie de le cogner est très tentante, peut-être que je ne passerais plus comme un coincé quand je l'aurais fait...
_Non, tu n'en n'as pas le droit ! Tu ne peux pas partir avec lui, sans rien dire, en nous laissant inquiet et revenir sourire aux lèvres comme si ce n'était pas grave !
Guillaume tire mon frère pour que je le lâche.
_Laisse-le, il est en colère car il ne sait pas te contrôler comme avec son Roquet. Viens Wil, on se casse. C'est un gros coincé, ton frère, il ne sait pas ce que c'est de vivre mais nous, si ! dit Guillaume en passant un bras autour des épaules de mon frère.
La Fouine me lance un regard méprisant derrière le dos de mon frère. Je me retiens de les cogner. Je reste plusieurs minutes là, à regarder le couloir d'où ils ont disparu. Je me tourne vers le chef de garde de l'équipe de protection de mon frère.
_Vous êtes tous virés ! Toute l'équipe ! C'est moi qui donne les ordres, vous auriez dû répondre au téléphone malgré son interdiction. Et pour commencer; il n'aurait jamais dû sortir du bâtiment !
L'homme devient livide et balbutie des excuses, mais je pars sans l'écouter, sans me retourner et surtout sans aucun remord.
***
Je suis dans le vestiaire du bâtiment pour nos entraînements. J'enlève mon pantalon et le plie soigneusement pour le mettre à côté de mes chaussures. Ma chemise les rejoint vite. Je me retrouve en caleçon, ça ne me dérange pas. Je me suis déjà trouvé plus dévêtis que ça, surtout en présence des garçons. Logiquement, un prince est pudique et ne se montre pas tout nu devant les autres, mais quand tes amis -surtout Jordan- se baladent dans le château à poil, tu finis par les imiter. Au grand désespoir de notre nounou qui nous courrait après. Une fois, alors que mon père était en réunion avec un président, nous sommes rentrés dans la pièce en se courant après, nus comme des vers... J'ai cru que mon père allait faire un infarctus... Le président, lui, a éclaté de rire, moi j'étais extrêmement gêné. Mais quand je me suis fait chasser de la pièce, j'ai ri avec mes copains de la tête de mon père. J'ai beaucoup moins ri quand il m'a rejoint plus tard dans la journée et que je me suis retrouvé coucher par terre sous ses coups. Depuis, je ne suis plus jamais sorti de ma chambre quand quelqu'un lui rendait visiter et encore moins nu. Ce qui ne m'a pas empêché de faire ce que je voulais dans ma chambre ou quand il n'était pas là.
Julien parle tranquillement de ses derniers ébats avec d'autres gardes, ils sont aussi habillés que moi. James a enlevé sa ceinture et ouvert sa braguette. On dirait qu'il s'est figé dans son mouvement ; il tient son pantalon de costume abaissé. Je suis son regard, il n'y a rien de spécial... juste des gars affublés de leur sous-vêtements.
_Vous regardez quoi ? Demandé-je en lui donnant un coup dans l'épaule.
Il sursaute comme s'il venait d'être pris en flagrant délit et prend des couleurs rosées.
_Tu ne trouves pas qu'il a ... de belles fesses ?
Il me désigne un gars d'un mouvement de menton. Ben... il a des fesses quoi ! Loin d'être aussi jolies que celles des filles ou celles de Lisa, mais on ne peut pas dire qu'il en est dépourvu.
_Euh... oui ? Je ne sais pas.
J'ai l'impression qu'il devient encore plus rouge. Il fixe pendant quelques secondes de trop mon torse et se détourne quand il voit que c'est déplacé.
_Ça va ? Vous avez l'air perturbé.
Il hoche la tête et se déshabille. J'enfile mon t-shirt et mon short et sors des vestiaires. Je fais des étirements, je devrais courir pour bien chauffer mon corps mais je n'ai pas envie de me retrouver en groupe. Quand ma mère a vu que j'étais si tendu en rentrant, elle m'a envoyé faire du "yoga". J'ai réussi à me contenir avec les autres car ils m'ont distrait mais j'ai eu très envie de tout casser. Mais je sais qu'une fois seul ,ma colère va revenir... Les gardes sortent du vestiaire en tenue de sport. Je les salue mais James fuit mon regard et sort vite à l'extérieur. Okay, aujourd'hui il est encore plus bizarre que moi. J'essaie de chasser tous mes sentiments et émotions, de faire le vide en moi. Evidemment, il fallait bien que je n'y arrive pas ! La colère emporte sur le reste et mes souvenirs surgissent.
Je suis affalé dans la cabane, les personnes qui m'entourent ne vont pas me faire la morale, ils ne vont pas me dire "Tiens-toi droit ! Tu es un prince !". Non, quand je suis avec eux ; c'est connerie à gogo, je peux rire sans me retenir, je peux montrer mes faiblesses. Je caresse Rantanplan, il a la tête posée sur mes genoux. La porte de la cabane s'entrouvre sur la tête de Jo. Il me demande de me cacher les yeux. Je m'exécute impatient de savoir ce qu'il a préparé pour Halloween. Il dépose quelque chose sur mes genoux. Je mets mes mains dessus, c'est du plastique dur et ça a des... formes ? Comme... des seins ? J'ouvre les yeux et les écarquille quand je vois ce que c'est. J'explose de rire avec eux. J'ai bien mes mains sur sa poitrine. Je ne peux m'empêcher de prendre des couleurs.
_Qu'est-ce que tu veux que je fasse avec une... poupée ? Demandé-je à Jordan.
_Amuse-toi avec ! dit-il comme si c'était une évidence et moi un gros ignorant.
Je me lève en riant et lui lance la poupée.
_Oh, voilà qu'elle tombe dans mes bras ! Je savais que j'ai un charme irrésistible si même les poupées s'offrent à moi !
Il n'est pas possible ! Quand il me tourne le dos, je lui saute dessus. Pris de court, il s'écroule par terre avec moi. Je tombe sur un truc dur, j'ai le bras de la poupée dans mon ventre et... sa poitrine en face de mes yeux ! Je me relève vite les joues en feu et sort dehors pendant qu'ils éclatent de rire. C'est décidé, je ne m'approche plus de cette chose. Il y a une bâche par terre et plusieurs poupées dont des bébés à Charlotte. Évidemment, elle n'est pas au courant...
_C'est parti les gars, on a des poupées que Charlotte n'utilise plus et j'ai acheté ces magnifiques poupées aux jolies formes. Il faut les rendre effrayantes ! Julien, je sais qu'un rien t'excite mais un peu de retenue, okay ?!
Julien le pousse par terre en riant. Après s'être battu, il se relève et prennent chacun des outils. Je prends une poupée de ma sœur.
_Tu ne veux pas m'aider à faire ma poupée ? Dit-il me désignant celle qui s'est retrouvé sur mes genoux.
Ils se foutent tous de moi, surtout Jordan et Julien. Ils ne font que me charrier.
_Je dois faire quoi, là ? Demandé-je à Lucky.
_Arrache lui un œil, répond-t-il.
Quand on a terminé notre décoration, on regarde ce que ça donne. Pas mal à vrai dire. On se dépêche de se cacher quand on entend les voix aiguës de mes frères et ma sœur. Quand ils arrivent, ils nous cherchent, comme ils ne nous trouvent pas ; ils nous appellent. Je surgis de derrière un arbre et attrape mon frère, il se débat en hurlant. Ce qui nous fait mourir de rire. Il me regarde attentivement.
_Je sais que tu ne me feras pas mal, monsieur le Clown !
Je lui souris.
_Fait moi un câlin, alors !
Il me retourne un sourire où il manque des dents et me serre dans ses bras.
_Ce sont mes poupées ! crie Charlotte en apercevant une poupée sans jambes, précisément arrachées par... moi.
Ah, on s'est fait cramer... Je l'éloigne de là pour ne pas qu'elles voient les poupées géantes. Pas longtemps après, Nanny les ramène au château malgré leur supplications. À notre plus grand malheur à tous, Guillaume s'approche de notre cabane. Que fait-il là ?! On ne l'a pas invité !
_Qu'est-ce que tu fais là, Guillaume ? Grogne Jo.
Il observe le lieu avec dégoût, le nez retroussé. Il n'a rien à faire là ! Il se tourne vers moi comme si c'était moi qui avais posé la question, pour bien montrer à Jordan qu'il répond qu'à ceux de haut rang.
_Ton père m'a invité à ta soirée de mauvais goût. Je reconnais bien la touche personnelle du Roquet. D'ailleurs, en quoi s'est-il déguisé ? (Il se tourne vers Jo avec un profond mépris.) Un peu plus et on pourrait te confondre avec ta mère.
Lucky, c'est déguisé en je ne sais quoi. Il a une tête de psychopathe ou bien de drogué. Jordan lui lance un regard noir, en lui demandant de se la fermer. Connaissant la Fouine, il ne dit pas ça pour rien, il sait là où ça fait mal. Je prie tout de même qu'il n'ait pas été faire des recherches sur la famille de Jordan.
_Oh, pardon ! s'exclame-t-il d'un air faussement désolé. J'avais oublié que tes parents sont des sujets tabous, surtout que ton grand-père les a reniés après qu'ils... Enfin, tu sais certainement tout ça.
Je vais le tuer...
_Dans tous les cas, tu leur ressemble de plus en plus !
Jordan sert les poings et se rapproche de Guillaume, laissant moins d'un mètre entre eux. On s'avance tous, prêt à casser la figure de Guillaume, s'il le faut.
_Qu'est-ce que tu veux dire par là ?! Dit dangereusement Jordan en bombant le torse.
Ça va mal finir, je le sens. La tension monte.
_Je pense que tes parents ont commencé à se droguer quand tu es né, pour t'oublier. Ton grand-père a pris ta garde pour essayer de sauver l'honneur de la famille et surtout par pitié. Mais ne t'inquiète pas, tu rejoindras vite tes parents quand il t'aura renié aussi. Tu suivras les mêmes traces que tes parents, crache Guillaume.
Lucky lui donne un coup de poing qui fait tomber la Fouine. Il attend qu'il se relève pour enchaîner les coups. Guillaume ne sait même pas se défendre, tant pis pour lui, il n'avait qu'à pas chercher les ennuis ! Coup de pied, coup de poing, tout est permis. Lucky le domine sans se fatiguer. Quand le sang commence à jaillir, on décide d'être clément et de les séparer. J'attrape Jordan par derrière et le serre contre moi. Il se calme directement pour ne pas me blesser. Guillaume en profite pour lui donner un coup au visage. Julien et Steven le coincent à l'instant où le roi débarque... Il apparaît toujours au mauvais moment ! Il regarde les blessures de Guillaume puis se tourne furieux vers moi.
_C'est comme ça que vous traitez les invités ?! Édouard, tu viens avec moi, tu es puni et la fête est annulée !
Il part en entraînant Guillaume avec lui. Il ne nous laisse même pas nous expliquer ! Je les suis docilement maudissant déjà la soirée qui s'annonce pour moi. Jordan me regarde désolé. Ce n'est pas de sa faute, au moins, on a enfin pu régler le compte de Guillaume ! Si ce n'était pas Jordan, ça aurait pu être moi, James ou un autre qui lui aurait casser la figure et dans tous les cas c'est moi qui aurait été châtié.
Quand je reprends réalité, j'ai envie de tout balancer ! Quand je pense que mon frère traîne avec ce sale type ! Je n'en reviens pas, comment peut-il nous faire ça ? Pas qu'à moi, mais à nous tous ! Au mieux de réfléchir sur les causes et raisons, je ferais mieux de faire du yoga car ça ne va pas m'aider à me relaxer ! Je ne sais même pas comment je dois procéder... C'est beau de dire "Mon chéri, tu es trop tendu. Je voudrais que tu ailles faire du yoga, tu vas voir, tu seras beaucoup plus détendu" mais si tu ne sais même pas les bases ! J'aurais préféré prier, j'aime prier. Si je n'arrive pas à me détendre, j'irai à la chapelle du château. Je sursaute quand j'entends la porte s'ouvrir. Lisa est là, en tenue de sport, elle maintient la porte ouverte.
_James est là ?
Je secoue la tête en râlant qu'elle m'interrompt.
_Il m'avait dit qu'on allait courir ensemble.
_Il n'avait pas l'air de s'en souvenir quand il est parti, répliqué-je.
Est-ce que mère lui a demandé de venir voir que je fasse bien ce qu'elle m'a dit ? L'option est envisageable... Je fais la seule chose que je sais, je croise les jambes. Je pense que ça s'appelle "Le petit indien", je ne suis même pas certain... Je respire par le nez, gonfle mon ventre puis mon torse et expire par la bouche. Je répète le tout, plusieurs fois en essayant de méditer. J'entends la porte claquer, elle est partie. Je respire, j'expire... Pour la respiration, ça va mais pour réussir à méditer, ça m'est impossible. Je reste nerveux et ça commence à vachement me chauffer !
_Tu essaies de faire quoi ?
J'ouvre les yeux en hâte et remarque que Lisa n'est pas partie mais qu'elle s'est avancée dans la pièce.
_Je pensais que tu étais partie ! J'essaie de faire du yoga mais tu ne fais que m'interrompre dans ma méditation, ronchonné-je.
Je ressaie de me concentrer mais impossible, surtout sous le regard de Lisa. Je fronce le front, je suis sûr que j'ai une sale tête à être renfrogné, je dois ressembler à un petit enfant qui râle. C'est bien ma mère ça, elle me dit ce que je dois faire mais pas comment ! Je me retrouve comme un idiot... J'ouvre un œil quand j'entends quelque chose tomber, Lisa enlève ses chaussures.
_Qu'est-ce que tu fais ? Demandé-je exaspéré.
_Je viens t'aider, dit-elle en roulant des yeux. J'ai fait de l'acroyoga à l'école, je connais quelques trucs.
_Je n'ai pas besoin d'aide, refusé-je en croisant mes bras sur la poitrine.
Elle soupire en se mettant en face de moi.
_Arrête de râler et laisse-moi t'aider. Tu sais que tu es un gros bébé ? Un gros bébé avec une couronne !
Un petit rire m'échappe. Moi, un gros bébé qui fait que râler ?!
_Au moins, je râle avec classe. Je suis sûr que tu n'as jamais vu un si beau bébé et encore moins avec une couronne sur la tête. Avoue !
Elle lève les yeux au ciel et passe à autre chose mais vu la légère rougeur qu'elle a prise... Je suis le plus beau bébé du monde ! Ma bonne humeur revient tout doucement quand elle me montre quelques positions de base. Je la regarde et l'écoute attentivement pour tout reproduire au mieux. Malgré moi, mes yeux zieutent souvent ses courbes, en particulier son postérieur... Je suis assez souple, surtout du dos, grâce à tous les étirements que je fais pour le combat.
_Tiens, cette position est pour toi, elle s'appelle "Le chien museau face au ciel", dit-elle en souriant.
Je ris et lui donnant un coup dans l'épaule, elle roule sur le côté. Je fais comme elle me l'a montré, en position planche en écartant les pieds pour qu'ils soient dans la même ligne que mon bassin et je me soulève sur mes bras jusqu'à ce qu'ils soient tendus, la tête vers le ciel. Elle me propose de faire des figures à deux. On met nos pieds l'un en face de l'autre en se tenant les mains, on essaye de s'accroupir. Étant plus lourd, je bascule en arrière, me retrouvant sur le dos les quatre fers en l'air, mort de rire. Heureusement que j'ai lâché sa main ou elle serait tombée sur moi. Ça ne m'aurait pas dérangé... Cette fois, quand on recommence, Lisa se laisse bien tomber en arrière pour contrebalancer mon poids. On change d'exercices, je suis couché sur le dos, les jambes pliées et pieds vers le ciel. Lisa vient appuyer son bassin contre mes pieds et je la soulève en tenant ses mains. Nous nous regardons en souriant.
_Je vais lâcher tes mains, maintenant.
Elle les lâche petit à petit, nos doigts se frôlent une dernière fois. Elle trouve son équilibre et tend les bras. Son t-shirt est large, étant en l'air, son vêtement flotte laissant dévoiler la peau blanche de son ventre. Je me surprends à le regarder un peu trop, il me donne envie de le toucher, de le caresser... Elle me dit qu'elle va descendre. Je tends les bras pour lui saisir les mains, elles sont si petites dans les miennes. Je plie mes bras et mes jambes toujours en regardant son ventre, même si je ne sais plus voir sa peau. Lisa met trop d'appui sur mes bras et part à la renverse dans un petit cri.
Elle me tombe dessus de plein fouet, m'écrasant de tout le long. J'ai le souffle coupé pendant quelques secondes. Ses yeux croisent les miens et on éclate de rire ! Elle se secoue contre moi. J'arrête vite de rire quand ses mouvements involontaires me font de l'effet. Je grogne et mets mes mains sur ses hanches. Pour arrêter qu'elle gigote ou pour la sentir plus près de moi ? Elle devient cramoisie à mon contact.
_C'était quoi cette figure ?
Elle me regarde, prise de court mais contente de parler d'autre chose que de nos deux corps.
_C'est... "L'oiseau de front" si je ne me trompe pas.
_J'ai adoré cette figure, mon petit colibri, dis-je un sourire charmeur aux lèvres.
Elle prend encore plus de couleur ce qui me fait intérieurement ricaner.
_Pourquoi mon petit colibri ? Demande-t-elle timidement, les joues empourprées.
Je lève un sourcil, un rictus d'amusement imprégné sur mes lèvres
_Tu voudrais que je t'appelle mon gros ramier, peut-être ? Il faut le dire.
Elle se mord la lèvre en gloussant. J'ai envie de l'embrasser, de me frotter contre elle, très envie. Je me sens chaud contre elle, son corps collé au mien. Je repousse ses cheveux qui lui tombent sur le visage d'une main et de l'autre emprisonne son bassin contre le mien.
_Si... si tu ne sortirais pas avec mon cousin. Je crois que... je t'aurais embrassée, là tout de suite, je t'aurais embrassée, dis-je la voix rauque de désir.
Si elle avait été très rouge juste avant, ce n'était rien comparé à maintenant. Elle n'a pas l'air contre cette possibilité et tremble légèrement... d'excitation ? Je rapproche mon visage du sien. Je me rembrunis et roule avec Lisa sur le côté pour la dominer mais surtout pour qu'elle ne trompe pas mon meilleur ami. Je ne peux pas lui faire ça. Je me mets sur elle en évitant qu'on se touche pour qu'elle ne sente pas mon membre réagir. Je ne veux pas qu'elle sache l'effet qu'elle a sur moi, que mon mini-moi prend de l'ampleur à cause d'elle, une fois pas deux.
_On continue, dis-je un peu trop sèchement, surtout après lui avoir dit que je voulais l'embrasser.
Elle semble un peu perdue de mon soudain changement d'humeur. Je suis en position assise, Lisa debout sur mes jambes main dans la main quand les garçons rentrent dans le gymnase. James vient et prend Lisa par la taille ,la retourne pour la porter en sac à patate. Je ne dis rien et la regarde taper son dos en s'esclaffant. Je croise les bras et crispe la mâchoire quand il la dépose par terre et... l'embrasse sur la bouche en public. Elle répond timidement au baiser mais j'ai surtout l'impression qu'elle me regarde, moi. Tous les garçons de la salle se mettent à siffler, elle s'éloigne de ses lèvres et cache son visage en feu contre son torse. Je pars ne supportant plus cette vue. Ils sont bien ensemble ! Je ne peux rien y faire mais... Je décide de ne pas me changer dans le vestiaire. Je prends mes affaires et part les poings serrés sur la poignée de mon sac. Quand je passe devant eux, j'évite de les regarder. Personne ne me voit partir, ni que je suis le seul à ne pas me réjouir pour eux, à part Lisa. Elle capte mon regard pendant un instant, l'air un peu confuse mais c'est bien la seule. Ils sont tous trop occupés à foutre la honte à James ou à le féliciter.
J'entre dans le château avec des idées noires. Je pense que le yoga n'aura servi à rien, me voilà de plus mauvaise humeur qu'avant ! Après ma douche, j'irai prier pour me calmer. Je croise mon père en cours de route pour aller à ma chambre. Il me retient par le bras. Je me tourne vers lui, il a ce regard que je déteste tant.
_Je sais que c'est toi qui a mené l'attaque à l'école pour qu'ils tuent Charlotte et William.
Suite: Chap.14: Un vrai baiser
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