Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

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Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Ysaya,
Merci beaucoup pour ton retour! Et promis, je viens vite lire les derniers chapitres que j'ai loupé, depuis le temps :lol: :?
GoldAngels

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :
Partie 8




« Attends… Donc là, je peux déplacer mon fou uniquement comme ça ?

- C’est ça. Tu ne peux pas prendre cette pièce du coup. Mais si tu la :arrow: Comme quoi les figures de styles, c'est important ^^ Tu nous a fait une synecdoque de genre mal à propos. Ici, le "la" réfère à "cette pièce", pas au fou dont il est fait mention plus haut, tu vois ce que je veux dire ? bouges comme ça, il y a peut-être moyen que tu me bloques ma reine.

- Il suffit que tu avances ton cavalier pour l’éliminer, de toute façon, marmonne Marie. Comment ça se fait que tu comprennes ce genre de choses aussi vite ? :arrow: Quel genre de chose ? Le déroulement de la partie ?

Je me contente de hausser les épaules, un peu gênée.

- Je n’en sais rien, c’est comme ça. Je suis logique et abstraite, tu es pratique et concrète. Mais ça va venir.

- Alors on forme une excellente équipe, elle conclut :arrow: Je crois que tu sais ce que j'en pense... ^^" en me lançant un sourire amusé auquel je réponds par un rire.

- Vous permettez, mesdemoiselles ? »

Nous levons toutes deux la tête et acquiesçons poliment en direction de Geoffrey, qui ne tarde pas à se saisir d’une chaise pour venir nous regarder jouer. Même lorsqu’il s’assoit avec négligence, il reste élégant. Marie, elle, semble complètement imperméable à sa présence et bien plus intéressée par la partie qu’elle dispute avec moi.
Honnêtement, je ne m’attendais pas à jouer aux échecs lors d’un cours de logique. Ou plutôt, dès notre premier cours de logique, avec des pièces plus ou moins enclines à nous obéir :arrow: Ce sont les échecs d'Harry Potter,
non ? :lol:
, notre professeur assis à côté de nous. Cela fait beaucoup d’éléments pour un début.

« Alors, que vous inspire le jeu des rois pour le moment ? Nous demande-t-il avec courtoisie.

Il jette un évasif regard au grand tableau d’ardoise, où la craie animée :arrow: Donc on est bien à Poudlard :lol: dessine de parfaits quadrillages censés représenter des placements des pièces sur le plateau. Lorsque deux traits ne sont pas parallèles, elle s’agace, se met à crisser, efface tout, et recommence. Seul un froncement de sourcils de la part de notre professeur parvient à calmer ses accès de névrose :arrow: Une névrose est un terme qui désigne un groupe de maladies et de troubles psychologiques dont le sujet est conscient mais contre lequel il ne peut rien faire. Je ne sais pas si c'est ce à quoi tu pensais ^^.

- Sauf votre respect monsieur, il ne m’inspire pas grand-chose pour le moment, lui répond Marie en soupirant.

- C’est tout à fait normal. Les échecs sont un art assez difficile à apprendre.

- Moins difficiles pour certaines personnes que pour d’autres, visiblement, elle ajoute en relevant ses iris noisette de son jeu pour me regarder.

- De ce que j’ai pu entrevoir, vous vous débrouillez très bien pour un premier cours, il la coupe. Et si je puis me permettre, j’ai toujours vu les femmes s’en sortir bien mieux que les hommes, il commente avec un sourire moqueur.

- Les hommes sont impulsifs, je me contente de constater en bougeant ma pièce. On n’a pas besoin de gens qui agissent sur un coup de tête dans ce genre de jeu. :arrow: Objection Votre Honneur ! Je suis un homme, je suis impulsif, mais je gagne souvent aux échecs, y compris contre des filles :evil:

- Malheureusement, j’ai bien peur que vous n’ayez en partie raison, se lamente notre professeur. J’ai toujours préféré enseigner à des filles. Actuellement, je suis le plus heureux des professeurs. :arrow: C'est quoi ce pervers :shock: :o :shock: :o !!! »

Le silence retombe entre nous trois. Geoffroy se met à prodiguer des conseils à nos voisines de gauche. Marie et moi nous regardons furtivement sans savoir quoi dire.

Les jours sont de moins en moins ensoleillés depuis notre arrivée ici. Aujourd’hui, c’est une lumière terne, filtrée par les nuages, qui éclaire la salle aux hauts lambris de bois sombre. Nous sommes assises sur de grands pupitres en bois comme ceux que je trouvais dans mon école. On a donné à chaque binôme un échiquier en marbre dont la qualité doit sûrement être proportionnelle à leur poids, et après nous avoir expliqué les règles de base, on nous a invitées à jouer.

« Il doit jauger notre niveau à première vue, je glisse à Marie lorsque vient mon tour de jouer. Il va peut-être nous répartir ensuite.

- En tout cas, si tu pouvais me déduire pourquoi on nous apprend à jouer aux échecs alors que la majorité d’entre nous vont sans doute finir à la plonge pour le restant de leurs jours, ça serait bienvenu, me répond Marie avec son éternelle franchise.

- Eh bien… Je réfléchis en observant le plateau en face de moi. Disons que les échecs, ça pousse à prévoir les choses de façon très méthodique. J’imagine qu’il doit y avoir de ça, je tente en déplaçant un cavalier pour tenter une feinte.

- Ah ouais, c’est vrai que ça doit vraiment être très important de prévoir quel drap il va falloir changer en fonction de l’heure de la journée.

- T’es insupportable, Marie.

- Je sais que tu ne le penses pas. Tu te dis même que tu m’aimes bien.

- N’importe quoi. »
:lol: :lol: :lol:

Nous baissons brutalement d’un ton lorsque notre professeur s’approche à nouveau de nous. Geoffroy l’air tranquille, jette un coup d’œil par-dessus l’épaule de Marie, reste muet quelques secondes, puis reprend la parole en déplaçant une de ses pièces sur notre plateau.

« Je me doute que des jeux de société en guise de premier cours peut être déstabilisant, mais les échecs sont une merveilleuse discipline quand il s’agit de structurer l’esprit.

- Est-ce que c’est ce que nous allons faire durant tous vos cours ? Jouer aux échecs ? Le questionne Marie tandis que je joue à mon tour, les déplacements de mes pièces suivis avec intérêt par mon nouvel adversaire.

- Non, ne vous inquiétez pas, il s’esclaffe. C’est quelque chose que nous allons faire assez sporadiquement. J’ai de réels concepts de logique à vous enseigner, et des problèmes célèbres à vous faire résoudre.

- Moi aussi j’ai une question, mais elle n’a strictement aucun rapport… Je finis par lâcher timidement.

Geoffroy interrompt sa contemplation du plateau de jeu et lève vers moi un visage intrigué. Quatre de mes camarades se sont levées de leurs pupitres et font désormais face au tableau. Elles discutent à voix basse autour des schémas et les rajustent selon leurs idées. Un rire étouffé parvient d’une table à ma droite. Un rayon de Soleil :arrow: La majuscule se serait justifiée si tu avais mis "Un rayon du Soleil", mais c'est juste histoire de chipoter ^^ réussit à percer les épais nuages quelques instants, inondant la pièce d’une clarté surnaturelle et les yeux de mon professeur d’un éclat tranchant.

- Je vous en prie.

- Vous portez le blason de la Maison Litréans sur votre costume. Il n’y a que les membres de la famille proche qui portent les armoiries sur leurs vêtements.»

Un sourire éclaire son visage, et ses yeux se plissent légèrement. Marie, quant à elle, me jette un regard étonné. Elle ne se doutait visiblement pas que j’aborderais le sujet de façon frontale.

- Je vois que vous avez bien retenu vos leçons, il me complimente avec un petit rire. Oui, c’est vrai. Je ne fais cependant pas partie de la famille. Je reste un modeste Second. Disons que je suis assez proche d’eux, en quelque sorte.

Il reprend un air neutre et flegmatique en s’apercevant que Marie se met à le fixer avec intensité, interpelée par ses paroles.

- Je ne fais pas partie de ceux qui bannissent la curiosité. Je pense même que c’est un des plus beaux cadeaux que la Nature puisse nous offrir. Cependant, je ne peux que vous inviter à faire attention, il ajoute.
:arrow: Vous pouvez poser toutes les question que vous voulez, mais je vous déconseille de le faire :lol:
Je baisse la tête.

- Je vous présente mes excuses.

- Ne vous excusez pas. Vous n’avez enfreint aucune règle. Je tiens seulement à vous le dire, car vous me semblez toutes les deux savoir poser les bonnes questions.

Mon regard croise celui de Marie, un peu confuse.

- C’est précisément ce genre de questions qu’il vous faudra éviter de poser plus tard, il précise. Vous savez, chez les gens de pouvoir, il y a beaucoup de choses qu’on ne dit pas. Et lorsqu’on s’interroge sur ces choses, on finit toujours par le regretter amèrement. Faites attention à vous. Maintenant, si vous le permettez… »

Il nous adresse un signe de tête poli, puis se redresse pour se diriger vers les élèves présentes devant le tableau. Tandis qu’il leur prodigue des conseils à voix basse, Marie laisse échapper un soupir agacé.

« Je n’arrive pas à savoir si on l’a vexé ou pas, et je n’aime pas ça. En tout cas, moi je trouve ça très bien que tu aies posé la question. Au moins, on sait à quoi s’en tenir.

- Je n’ai pas l’impression qu’il était énervé. On aurait dit qu’il faisait plutôt ça par bienveillance, en fait.

- Chacun sa définition du mot… Eh ! »

En monologuant, elle avait baissé les yeux vers l’échiquier, espérant sans doute reprendre la partie. Je fais de même lorsqu’elle s’exclame d’un air mi- scandalisé mi- impressionné.

Ah. Ooooh. Ah.

Marie redresse les sourcils, serre les lèvres, se gratte la tête.

« Bon, bah Cynthia hein… Echec et mat. Tu as perdu. »

Nous relevons la tête pour nous regarder, et laissons échapper un sourire niais à défaut de savoir quoi en penser. Lorsque notre professeur hausse la voix, nous nous tournons de concert.

« Vous avez toutes été exemplaires aujourd’hui, mesdemoiselles. La prochaine fois, nous commencerons à étudier les premiers rudiments de la logique. En attendant, notez cet énoncé : Je vous défie à pierre-papier-ciseaux, et je vous dis que quoiqu’il arrive, je jouerais papier. Pour la prochaine fois, je veux un petit paragraphe où vous m’expliquez ce que vous décidez de jouer, et pourquoi. » :arrow: Ça se dit prof de logique... ? ^^"
Voilà, je rattrape un peu mon retard ^^'. Ce chapitre 8 est pas mal, même s'il ne se passe pas grand chose :) Personnellement, je suis un grand amateur d'échecs. Ce Geoffroy me paraît de moins en moins net, il a quelque chose à cacher à mon sens, et mon petit doigt me dit qu'on a pas fini d'entendre parler de lui ^^ J'avoue que j'ai été un peu perdu parce que ça fait longtemps que je ne suis plus venu, mais on rattrape vite le fil. J'ai hâte de voir la suite, et notamment leurs emploi du temps ;)
GoldAngels

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :
Partie 9


Dimitri



J'ai toujours aimé les choses claires et organisées.

Depuis tout petit, ignorant les regard étonnés et les visages perplexes des gens de mon âge, tout ce que je fais est strictement rangé, réfléchi et planifié :arrow: Question de philo : peut-on prévoir l'imprévu et pet-on organiser le hasard ?. Mes réponses demandent un temps de réflexion préalable :arrow: Je vois bien la scène :
- Dimitri, tu veux du sel ?
- ...
- Euh... Dimitri... ?
- ...
*et pendant ce temps, dans la tête de Dimitri :
Dois-je répondre oui ou non ? Si je réponds oui, il me passera la salière et je pourrais saler mon rôti. Mais en ai-je vraiment envie ? Si je répond non, il reposera la salière et je pourrais alors soit la prendre moi-même, soit l'ignorer...* :lol: :lol: :lol:
. Ma patience ne s'use qu'en cas d'extrême nécessité. :arrow: Question de philo : Quelle nécessité à être impatient ? Tu aurais pu mettre quelque chose comme "On ne vient que très rarement à bout de ma patience" Mes emplois du temps sont parfaitement définis -du moins, dans ma tête. J'aime l'exactitude, arriver à l'heure, remarquer à quel point mon organisation à toute épreuve profite à mon quotidien :arrow: À ceux qui se lancent des fleurs, moi je lance le vase :lol: . Mon péché mignon, c'est de me rendre compte que mon planning s'accorde parfaitement avec l'écoulement du temps.
:arrow: Chronos, sors de ce corps :lol: Aaron, la dernière fois, m'a dit que j'étais "sûrement un névrosé pathologique". Je ne sais pas d'où il sort ces mots-là, mais ça n'est pas moi qui suis trop carré. C'est lui qui est trop détendu. La dernière fois, je l'ai vu jeter négligemment ses chemises tout juste séchées dans le tiroir. Il m'a dit que ce n'était pas grave, et que de toute façon "si elles sont froissées, elles se lisseront quand je les porterais. Et puis de toute façon, on les voit pas en-dessous du veston". :arrow: Je trouve excellente la façon dont tu présentes le contraste entre les deux compères. D'autant que du point de vue de Dimitri, c'est parfaitement cohérent

Je ne comprends pas.

Et je ne comprends pas non plus comment j'ai pu en arriver là. La soirée était pourtant toute tracée. :arrow: Cf question de philo n°1 ^^

En sortant de mon cours d'escrime, je prends le temps de discuter avec les autres personnes présentes, notamment un certain Maugus, un Second qui a tendance à attirer l'attention lorsqu'il nous donne des conseils dans le dos du professeur. Ensuite, je rentre dans notre chambre commune, à Aaron et à moi, ou alors je me balade dans les jardins. Je dîne en sa compagnie, avec les filles. Puis je retourne dans la chambre, je me lave, et je lis quelques pages de mon encyclopédie de botanique -ce qu'Aaron appelle "le Livre de monseigneur" dans le seul but de m'agacer- avant de me coucher. :arrow: Je ne veux pas mettre ce passage en orange parce que tu y décris très bien le quotidien parfaitement ordonné de Dimitri. C'est routinier, mais c'est carré. Tu aurais ajouté des horaires du genre "En sortant de mon cours d'escrime à 17h30 [...] Je dîne à 20h [...] Puis, à 21h15, je retourne dans la chambre..." que ça ne m'aurait pas plus surpris. Mais je pense que ce paragraphe devrait être placé plus tôt, juste avant "Aaron, la dernière fois, m'a dit..."

Ce soir, le jour s'est couché plus tôt que d'habitude :arrow: Ce qui me gêne un peu dans cette phrase,
c'est que on a l'impression que c'est soudain. Ce que je veux dire, c'est qu'on sait que la scène se passe en Hiver et que,
par conséquent, les jours sont plus long. Là, on a le sentiment que le jour s'est couché tous les soirs de la semaine à 18h précise, mais que soir, exceptionnellement, il s'est couché à 16h30, tu vois ce que je veux dire ? Normalement, le jour se couche un peu plus tôt chaque jour, mais c'est imperceptible ^^
. Assis sur mon matelas, occupé à reprendre la page où je m'étais arrêté, je ne prête pas attention à Aaron qui, comme d'habitude, prend grand soin de sa barbe en chantonnant un air joyeux devant le miroir de la coiffeuse. Sa voix s'éteint lorsqu'un bruit sourd se fait entendre. Un coup étouffé, répété deux fois.

Quelqu'un toque à la porte.

Haussant un sourcil méfiant, Aaron se tourne vers moi en montrant son menton et le petit couteau qu'il tient entre les doigts. Je saisis rapidement son message.

Si je vais ouvrir, ça va me déconcentrer, je ne serais pas rasé correctement, et ce sera de ta faute de ne pas avoir voulu faire des efforts. :arrow: Cette interprétation extrapolée :lol:

Je soupire et, laissant mon encyclopédie sur mon matelas, je me dirige vers la porte. Il me suffit de faire quatre enjambées pour que les coups se répètent, plus impatients cette fois. :arrow: Là par contre, c'est vraiment mal formulé ^^ Tu as littéralement écris que c'est parce qu'il a fait 4 enjambée qu'on re-frappe à la porte, tu vois ce que je veux dire. Si mettons il était passée de 3 à 5 pas directement (oui j'exagère :roll: ), les coups n'auraient pas été répétés ^^ Tu aurais du mettre quelque chose comme "À peine ai-je fait quatre enjambées..."
Aaron et moi nous sommes mis d'accord pour toujours verrouiller la porte à double tour. Lui par méfiance à cause de son passé d'enfant de la rue, moi par simple mesure de précaution, surtout depuis ce qu'il s'est passé la dernière fois.
:arrow: Finalement, ça revient au même :lol:
Aaron se crispe en jetant un coup d'œil au mystérieux visiteur. :arrow: Pour moi, il manque quelque chose. En fait, schématiquement, on frappe à la porte, Dimitri se lève et va à la porte de la chambre, et Aaron voit qui a frappé. On pourrait dire que je chipote, parce que l'action coule de soi. Mais en fait non, pas tant que ça. Tu le dis toi-même juste avant, les deux occupants de la chambre sont extrêmement prudents et méfiants. Or, il se trouve que rien ne justifie qu'on vînt frapper à la porte en ce début de soirée, alors qu'ils ont déjà visiblement mangé. Donc méfiance accrue vis-à-vis du visiteur. D'autant que celui-ci s'impatiente, ce qui n'est pas forcément pour rassurer ni pour plaire au réfléchi Dimitri. Le fait que tu précises que la porte soit verrouillée n'apporte pas grand chose en soi. Si par contre, après les coups répétés, la personne qui se tien devant la porte, essaie de l'ouvrir, ça fait sens (et ça rajoute à son impatience). Mais là encore, la méfiance s'accroît. De fait, arrivé à la porte, Dimitri peut choisir de ne pas ouvrir tout de suite et de prendre toutes ses précautions en demandant qui est là à travers la porte, tu vois ce que je veux dire ? Sinon, ça ne sert à rien de verrouiller la porte si c'est pour ouvrir au premier qui frappe ^^ (cf le conte du loup et des 7 chevreaux de Grimm). En outre, à moins qu'il ne se rase au milieu de la chambre et non dans la salle de bain, il me semble qu'Aaron ne peut pas voir qui frappe, d'autant moins que quand bien même Dimitri ouvrirait directement la porte, il ne va pas l'ouvrir en grand tout de suite et sa forte carrure va cacher l'embrasure... Bref, c'est ce qu'on appelle faire beaucoup de bruit pour rien... ^^" Je le sens respirer profondément, puis reprendre sa toilette comme si de rien n'était. Le raclement de la lame contre sa peau se fait presque douloureux à entendre.
Il est là. Un œil au beurre noir dont seule une légère trace brune subsiste, le nez légèrement tordu, la stature haute. Il me regarde sans ciller.

Reste calme. Fais comme d'habitude. Observe. Regarde ses jambes, ses poches, il n'a l'air de ne rien transporter. Recule toi légèrement, son visage, il n'exprime rien, il n'est pas hostile, où est-ce qu'il peut cacher quelque chose? Ses bras sont croisés, tu ne vois pas ses mains, qu'est-ce qu'il cache

"Eh. Calme toi. J'ai rien sur moi, là." :arrow: La réflexion de Dimitri s'est vue sur son visage ?

D'une voix irritée, Ivan :arrow: Là par contre je chipote, mais à mon sens, "La voix irritée d'Ivan me fait brutalement redescendre sur Terre" aurait été mieux ^^' me fait brutalement redescendre sur terre. Ses yeux plus bleus qu'un ciel d'été plongent dans les miens, puis passent sur Aaron, qui s'est immobilisé. Celui-ci fronce les sourcils et défie Ivan du regard pendant d'interminables secondes. Puis notre impromptu invité focalise à nouveau son attention sur moi.

"Faut que je te parle."

Pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'il veut me voir seul à seul. Je peux presque sentir le regard désapprobateur d'Aaron me transpercer le crâne, mais il sait très bien qu'il n'a aucune influence sur mes choix. Lorsque je sors derrière Ivan pour refermer la porte derrière moi, ses yeux me lancent un avertissement à peine déguisé.

Fais attention.




Cela fait déjà plusieurs minutes qu'Ivan s'est adossé sur le mur du couloir, en face de la porte de ma chambre. Les bras croisés, l'air déterminé, il n'a pas dit un seul mot depuis tout ce temps. Il faut dire que l'atmosphère est tendue: l'air est électrique, et ses yeux sont chargées d'émotions négatives, parfois contradictoires :arrow: C'est à dire ?. Des émotions que je ne peux que comprendre sans jamais oser mettre le doigt dessus, de peur de les faire remonter brutalement. Comme le dîner est servi jusqu'à huit heures et demie, nombreuses sont les personnes à rester traîner dans les couloirs. Lorsqu'elles nous croisent, elles pressent le pas. J'ai reconnu les visages de plusieurs personnes présentes lors de notre petite... Altercation. Lorsque celles-ci tentent d'établir le contact, un seul regard de la part d'Ivan suffit à les convaincre de passer leur chemin.
Les pas se font plus distants, les lointains murmures finissent par s'évanouir, les lumières s'éteignent une par une, et Ivan ne bouge toujours pas. Il redresse brusquement la tête. :arrow: Tout ce passage est très bien construit.On sent bien la pression qui monte, la tension qui se resserre, et le doute plane sur les intentions d'Ivan. On pourrait presque se croire dans un western au moment crucial où les cow-boys se font face avec la petite musique qui va bien :)
Image


"Je suis venu m'excuser.

Cette fois-ci, je ne peux pas cacher ma surprise.

- Quoi?
:arrow: Pour le coup, c'est excellent parce qu'on ne s'attendait pas à ça (pas plus que Dimitri). Finalement, c'est comme si le premier cow-boy avait dégainé et tiré mais qu'à la place d'une balle, c'est un bouquet de fleurs qui sort du canon (un peu comme la scène finale de Gran Torino ^^)

- Non non, t'es pas sourd, il grogne. Oh, et ne commence pas à réfléchir, rien que te regarder faire ça me donne mal à la tête :arrow: Ivan serait-il un idiot :lol: :lol: :lol: ? , il ajoute avec humeur. Parfois, les mots ne veulent dire que ce pour quoi ils sont dits. :arrow: Whaaaa, c'est beau ce que tu dis *.* !! Ivan est en fait une brute au grand cœur :cry: Me pardonnera-t-il jamais de l'avoir méjugé ?

- Je pense que j'ai le droit d'être surpris.

- Ça m'a l'air logique.

Un ange passe. Un bruit sourd se fait entendre dans la chambre voisine, suivie de la voix caractéristique d'une personne qui râle. Puis le silence retombe.

- Je te demande pardon, lâche enfin Ivan.

- Je ne sais pas si je peux accepter tes excuses.

Même à la lumière des chandeliers accrochés aux murs, le visage d'Ivan reste en partie plongé dans l'ombre. Je peux tout de même distinguer le regard mi- agacé mi-méfiant qu'il me lance.

- Tu sais très bien de quoi je parle, j'ajoute. De moi.

Il soupire.

- Tu me compliques la vie.

- Écoute, il s'est passé des choses. Des choses que je ne peux pas ignorer. Des choses qu'on ne peut pas ignorer tous les deux, en fait. Ça fait partie de nous, on ne pourra jamais s'en détacher. Je ne pensais jamais te revoir ici, Ivan. J'ai cru que le Continent s'arrêtait d'exister quand j'ai vu que c'était bien toi.

- Je te le fais pas dire. A ce moment-là, je pouvais plus répondre de mes actes. J'avais envie d'une seule chose. Te tuer. Ou te tabasser jusqu'à ce que tu me demandes d'arrêter en gémissant. Voir ton impassible visage me supplier de t'épargner, c'était la seule chose que je voulais. J'ai bien pété un câble.
:arrow: Cette private joke est abominable pour nous lecteurs, parce que si on se sentait proche de Dimitri, voire si on se sentait Dimitri dans le paragraphe juste avant, on est finalement brutalement exclus de ce microcosme qui semble en plus s'éloigner de nous. Pour le coup, pour rester dans l'ambiance far-west, on se retrouve dans le duel final du Bon, la Brute et le Truand : Dimitri est le Bon, Ivan est Sentenza, et nous lecteurs sommes Tuco, celui auquel on accorde plus d'attention parce que notre revolver est vide. Et ça, si ne pique pas notre curiosité...

Il relève la tête pour détailler pendant un instant ma cicatrice encore douloureuse, puis esquisse un sourire désabusé auquel je ne réponds pas.

- Ivan, tu n'as pas besoin de t'excuser. Je pense que ce genre de choses entre nous est inutile, et que ta réaction n'est pas du tout injustifiée. On ne peut rien reprendre à zéro. :arrow: Même chose ici, tu nous plonge dans l'incompréhension la plus totale

- Dans ce cas... Je te suggère qu'on devienne des inconnus l'un pour l'autre. Je suis venu mettre les choses au clair de mon côté, mais j'ai plus rien à te dire et plus rien à faire avec toi.

- Je comprends. C'est mieux ainsi, je pense.

Second silence. Je reprends la parole.

- J'aurais préféré te connaitre en d'autres circonstances.

- Moi aussi, Dimitri, il me répond avant de se tourner. Moi aussi. Au revoir. Fais de ton mieux.

- Toi aussi." :arrow: Ces types sont juste les meilleurs ennemis du monde !!!



Je ne bouge pas immédiatement. Je reste un bon moment passif, fixant son dos tandis que la pénombre du couloir l'engloutit peu à peu. Et pour la première fois depuis longtemps, je ressens de la tristesse. De la culpabilité. Tiraillé entre la fatalité de ce qui est fait, et l'incertitude quand à ce qui aurait pu être fait.
Lorsqu'un flot de lumière se déverse brusquement dans le couloir, je cille et fronce les sourcils. Aaron a ouvert la porte de notre chambre et me fixe avec un air étonné.

"Eh ben, j'entendais plus rien alors je me suis permis de venir vérifier si t'étais pas encore mort. Tu comptes dormir dans le couloir? Je juge pas hein," il me taquine avec un sourire moqueur.

Je rentre après lui, verrouille mécaniquement la porte. J'ai constamment l'esprit en marche, mais à cet instant, ma conscience est calme, silencieuse. Je m'attèle à déboutonner ma chemise et je relève la tête, inspectant la pièce d'un faux air serein qui ne dupe pas Aaron. Occupé à vider une petite bassine d'eau chaude dans la salle de bains, il passe la tête par l'entrebâillure :arrow: Je ne suis pas sûr que ce mot existe :lol: C'est plutôt "entrebâillement" ou" embrasure" de la porte. Toute trace de bonne humeur a quitté son visage. Il me fixe sans ciller.

"Eh, ça va? Me dites pas que vous vous êtes tapés dessus silencieusement, cette fois. Je veux bien t'aider, mais faut pas me prendre pour ton infirmier personnel non plus.

- Non, ne t'en fais pas. En fait, il est venu s'excuser.

- Oh, il balbutie, fermant la porte de la salle de bains derrière lui. Et qu'as-tu fait? :arrow: Quoi, c'est tout ? ("Ah non, c'est peu court, jeune homme / On pouvais dire - ô Dieu, bien des choses en somme / En variant le ton par exemple tenez..." :lol: Désolé, je m'emporte ^^') Je veux dire, la réaction d'Aaron n'est à mon sens pas proportionnée. Si je me souviens bien, Aaron est l'un de ceux qui se sont interposés, et Dimitri a quand même reçu un coup de couteau dans la joue. En plus, il est de notoriété commune que les deux jeunes hommes se détestent et c'est bien la dernière chose qu'on attendais d'Ivan. Bon, visiblement, il ne se détestent pas autant que ça, mais Aaron n'est pas sensé savoir ce qu'ils se sont dit dans le couloir (à moins qu'il n'ait écouté aux portes, ce qui justifierait son manque de surprise 8-) )

- J'ai accepté, on a discuté, et on a décidé de faire comme si rien ne s'était passé. :arrow: Ooarf, tu sais, la routine, quoi...

- Mais il s'est passé tout sauf rien, hein.

La phrase d'Aaron reste en suspens dans mes oreilles. Sifflotant pendant quelques secondes, il me jette des vêtements de nuit, que j'attrape d'un mouvement de bras. Il continue

- J'insisterais pas. Je sais que si j'essaie, je vais au mieux tourner en rond, au pire me reprendre un coup de ton Livre de torture. :arrow: Ce sous-entendu qui dit tout et on contraire x)

Je ne peux m'empêcher de rire.

- Ce bouquin t'a vraiment traumatisé?

- Bien sûr que oui ! Déjà, je sais pas comment c'est humainement possible d'apprécier de lire un tel manuscrit écrit aussi petit, il commence en se glissant sous ses draps. Et ensuite, il... Il fait mal!

- Je ferais attention de ne pas m'en servir devant :arrow: "Contre" ou à la rigueur "sur" auraient été plus appropriés ^^ toi, alors.

- Tu es si gentil avec moi", il ironise en enfonçant son visage dans son oreiller.

Plusieurs minutes passent durant lesquelles je me couche et tente de me persuader que j'ai besoin de dormir. Les yeux grand ouverts, j'observe les animaux cousus sur les tapisseries prendre vie une fois les lumières éteintes. Sur le point d'attraper une grosse pie, le chat sauvage sursaute lorsqu' Aaron m'adresse la parole.

"Dimitri?

- Oui?

- Tu sais, moi non plus je suis pas quelqu'un de bien. Je crois que personne ne l'est." :arrow:
- Dimitri ?
-Oui ?
- Faut que je t'avoue, moi aussi je suis un gros psychopathe... Et tu as fermé la porte à double tour :twisted: ...
:lol: :lol: :lol:
Et voilà ^^ Tu veux que je te dise ? Tes criantes étaient infondées, vraiment. Je n'ai pas eu l'impression que ce chapitre arrive trop tôt, et je ne sais pas ce que tu as prévu ensuite pour dire qu'il arrive trop tard. Conclusion : it's very well where it is !!! J'avoue que j'ai beaucoup aimé ce chapitre (je l'ai relu avec les musiques de Morricone, juste pour le trip :lol: ). Mises à part quelques petites incohérences, il est très bien construit, il est fluide et dynamique. Ça confirme ce que j'avais déjà pressenti lors du chapitre de la bagarre (bien que je ne sois pas plus avancé sur mes théories ^^), et pire que ça, ça épaissi encore le mystère qui entoure ce foutu Dimitri (à croire que c'est lui le véritable héros de cette histoire :D ) !!! Qui est ce botaniste amateur, Sherlock en herbe à ses heures, fine lame et ordonné comme un jardin à la française ??? Vu ce que tu nous a concocté pour ce chapitre, j'ai hâte de lire la suite ^^

Bien à toi :)
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

GoldAngels,

Houlala, il y a des choses à rattraper :lol:

Partie 8


En effet, Cynthia comprend très vite de quoi il en retourne lorsqu'elle apprend à jouer aux échecs, au contraire de Marie, qui galère un peu plus... Et ne parlons pas de Jasmine... :?
Une névrose est un terme qui désigne un groupe de maladies et de troubles psychologiques dont le sujet est conscient mais contre lequel il ne peut rien faire. Je ne sais pas si c'est ce à quoi tu pensais ^^
Étant donné que cette malheureuse et grincheuse craie ne peut se retenir de faire ce qu'elle fait, mais qu'elle a bien trop de mauvaise foi pour assumer et se corriger... J'imagine que ce n'est pas le bon mot. :roll:

Et un petit mot de la fin, histoire de préciser que Geoffroy est quand même un professeur un peu... Spécial (même si je pense que tu l'as déjà remarqué), et que non, ça n'est pas un espèce de vieux pervers :lol: :lol: :lol:
J'avoue que pendant cette scène, j'ai fortement pensé à mon premier jour de Seconde, quand notre prof de français s'est rendu compte qu'il y avait très majoritairement des filles dans notre classe. Et il a sorti mot pour mot ce que dit Geoffroy :lol: Du coup je me suis dit "Allez, on va rire un coup!" :mrgreen:

Et au risque de te décevoir, je pense que malheureusement, il n'y aura pas d'emploi du temps explicite ;) tout simplement parce que j'aime bien être libre de ce que j'écris, et si je leur fait quelque chose de carré, je vais être obligée de suivre l'ordre des horaires, et pas celui de mes idées... Je me connais assez pour ne pas le faire :lol:


Partie 9


*se cache derrière son ordinateur en attendant qu'il réponde à ses questions philosophiques tout seul*

Je plaide coupable, mes personnages sont tous plus ou moins égocentriques :lol:
Comme j'ai écrit ce chapitre en one-shot, je n'ai pas vraiment relu, mais c'est vrai que tu as raison. Si je mets l'emploi du temps trop carré de Dimitri avant, ça va de plus accentuer son opposition avec Aaron, jamais stressé et toujours débrouillard.
Si je vais ouvrir, ça va me déconcentrer, je ne serais pas rasé correctement, et ce sera de ta faute de ne pas avoir voulu faire des efforts. :arrow: Cette interprétation extrapolée :lol:
Ça n'est même pas extrapolé, comme ils commencent à bien se connaitre, Dimitri sait très bien qu'Aaron pourrait lui faire ce genre de reproche :lol:

C'est vrai que j'ai encore été un peu vite lorsque Dimitri va ouvrir la porte... Je vais arranger ça, parce que tu as complètement raison ^^'
"Eh. Calme toi. J'ai rien sur moi, là." :arrow: La réflexion de Dimitri s'est vue sur son visage ?
Oui, j'ai oublié de préciser. En général, quand il se met à réfléchir, ça se voit :mrgreen:

Tes remarques sur Ivan m'ont tellement faite rire :lol: :lol: :lol:
C'est juste qu'on l'aura deviné, il est quand même l'opposé complet de Dimitri: il fonce sans réfléchir, il est volcanique, impulsif... Et j'en passe. Donc le fonctionnement de son ennemi, tout en calme et en réflexion, a tendance à le hérisser un peu :D

Je me disais bien que "entrebaîllure" rendait étrange :lol:
Oh, il balbutie, fermant la porte de la salle de bains derrière lui. Et qu'as-tu fait?
C'est vrai que ça fait un peu moindre comme réaction. Je vais m'atteler à faire ressortir les émotions d'Aaron, mais en fait, ce qui prédomine, c'est surtout de l'étonnement et de l'incompréhension. Donc au lieu de le harceler de questions, il est plutôt... Sur les fesses de se voir répondre ça :shock:


C'est vrai que pour le moment, celui qu'on connait le plus et à la fois le moins, en quelque sorte, c'est lui, haha! Je le fais ressortir au départ, mais je suis désolée de te dire que tu n'es sans doute pas prêt de connaitre son histoire :lol: :roll:
En tout cas, je suis vraiment soulagée de savoir que MES CRIANTES ÉTAIENT INFONDÉES *petit sourire ironique*
Merci encore des tes commentaires complets et pertinents!
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :GoldAngels,

Houlala, il y a des choses à rattraper :lol:

Partie 8


En effet, Cynthia comprend très vite de quoi il en retourne lorsqu'elle apprend à jouer aux échecs, au contraire de Marie, qui galère un peu plus... Et ne parlons pas de Jasmine... :? :arrow: J'avais bien compris ça, mais pour autant que je me souvienne, je ne t'ai fait qu'une remarque sur la forme de ta phrase :D
Une névrose est un terme qui désigne un groupe de maladies et de troubles psychologiques dont le sujet est conscient mais contre lequel il ne peut rien faire. Je ne sais pas si c'est ce à quoi tu pensais ^^
Étant donné que cette malheureuse et grincheuse craie ne peut se retenir de faire ce qu'elle fait, mais qu'elle a bien trop de mauvaise foi pour assumer et se corriger... J'imagine que ce n'est pas le bon mot. :roll: :arrow: Après, je sais que les névroses / psychoses sont des trucs assez compliqués à cerner niveaux symptômes, même pour des pros ^^" Mais je reste convaincu que ce n'est pas le mot qui convient :D

Et un petit mot de la fin, histoire de préciser que Geoffroy est quand même un professeur un peu... Spécial (même si je pense que tu l'as déjà remarqué), et que non, ça n'est pas un espèce de vieux pervers :lol: :lol: :lol:
J'avoue que pendant cette scène, j'ai fortement pensé à mon premier jour de Seconde, quand notre prof de français s'est rendu compte qu'il y avait très majoritairement des filles dans notre classe. Et il a sorti mot pour mot ce que dit Geoffroy :lol: Du coup je me suis dit "Allez, on va rire un coup!" :mrgreen: :arrow: That was a true story... :lol: Ah oui quand même !! Peut-être dans ce cas que c'est ton ton prof de seconde qui est un vieux pervers xD Ce serait drôle qu'il lise ton histoire, et qu'il saisisse la référence :lol:

Et au risque de te décevoir, je pense que malheureusement, il n'y aura pas d'emploi du temps explicite ;) tout simplement parce que j'aime bien être libre de ce que j'écris, et si je leur fait quelque chose de carré, je vais être obligée de suivre l'ordre des horaires, et pas celui de mes idées... Je me connais assez pour ne pas le faire :lol: :arrow: My mistake, je me suis mal exprimé ^^ Ce que je voulais dire par emplois du temps, c'est que j'étais impatient de voir quels cours saugrenus tu nous a concocté : cours de versagedethédansunetassesansrenverser, cours de logiqueonjoueauxéchecsetàpierrefeuilleciseaux... :lol:


Partie 9


*se cache derrière son ordinateur en attendant qu'il réponde à ses questions philosophiques tout seul* :lol: :lol: :lol:

Je plaide coupable, mes personnages sont tous plus ou moins égocentriques :lol:
Comme j'ai écrit ce chapitre en one-shot, je n'ai pas vraiment relu, mais c'est vrai que tu as raison. Si je mets l'emploi du temps trop carré de Dimitri avant, ça va de plus accentuer son opposition avec Aaron, jamais stressé et toujours débrouillard. Tu vois, quand tu veux ;) :mrgreen:
Si je vais ouvrir, ça va me déconcentrer, je ne serais pas rasé correctement, et ce sera de ta faute de ne pas avoir voulu faire des efforts. :arrow: Cette interprétation extrapolée :lol:
Ça n'est même pas extrapolé, comme ils commencent à bien se connaitre, Dimitri sait très bien qu'Aaron pourrait lui faire ce genre de reproche :lol: Effectivement, on sent qu'il y a une grande complicité entre les deux, mais qu'ils connussent à l'avance les pensées de l'autre n'est pas forcément évident ^^

C'est vrai que j'ai encore été un peu vite lorsque Dimitri va ouvrir la porte... Je vais arranger ça, parce que tu as complètement raison ^^' Tu vois, pas besoin de gagner aux échecs pour faire preuve de logique et de bon sens ;p
"Eh. Calme toi. J'ai rien sur moi, là." :arrow: La réflexion de Dimitri s'est vue sur son visage ?
Oui, j'ai oublié de préciser. En général, quand il se met à réfléchir, ça se voit :mrgreen: J'avoue que je voyais plus Dimitri d'une impassibilité à toutes épreuves... ^^

Tes remarques sur Ivan m'ont tellement faite rire :lol: :lol: :lol:
C'est juste qu'on l'aura deviné, il est quand même l'opposé complet de Dimitri: il fonce sans réfléchir, il est volcanique, impulsif... Et j'en passe. Donc le fonctionnement de son ennemi, tout en calme et en réflexion, a tendance à le hérisser un peu :D Même sans avoir un caractère fondamentalement différent, un ennemi, ça hérisse toujours un peu, quoi qu'il fasse ^^

Je me disais bien que "entrebaîllure" rendait étrange :lol: T'as juste fait un mixe des deux :lol: "Entrebâilleur" par contre, ça existe bel et bien :)
Oh, il balbutie, fermant la porte de la salle de bains derrière lui. Et qu'as-tu fait?
C'est vrai que ça fait un peu moindre comme réaction. Je vais m'atteler à faire ressortir les émotions d'Aaron, mais en fait, ce qui prédomine, c'est surtout de l'étonnement et de l'incompréhension. Donc au lieu de le harceler de questions, il est plutôt... Sur les fesses de se voir répondre ça :shock: J'avoue que je n'avais pas vu ça comme ça,
mais ça se tient :) Pour moi c'était presque ironique, tu vois ce que je veux dire ? Comme si, d'une manière ou d'une autre, ce n'était pas une surprise



C'est vrai que pour le moment, celui qu'on connait le plus et à la fois le moins, en quelque sorte, c'est lui, haha! Je le fais ressortir au départ, mais je suis désolée de te dire que tu n'es sans doute pas prêt de connaitre son histoire :lol: :roll: * tape du pied très fort et se roule par terre* OnveutsavoironveutsavoirONVEUTSAVOIIIIIIIIR :!: :!: :!:
En tout cas, je suis vraiment soulagée de savoir que MES CRIANTES ÉTAIENT INFONDÉES *petit sourire ironique* Te réjouis pas trop tôt non plus. J'ai dit que pour moi, il était à sa place, ce qui ne veut pas dire qu'un autre lecteur l'y trouvera également. Mais surtout, j'ai dit que je ne connaissais pas la suite des opérations pour te dire s'il arrivait trop tôt ou trop tard. Peut-être que quand tu arriveras au chapitre 100, je te dirai "Bah en fait, ton chapitre 9 aurait été mieux là..." :twisted: :twisted: :twisted:
Merci encore des tes commentaires complets et pertinents! Un (réel) plaisir ^^
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bonjour et bonsoir!
Ah, plaisir des vacances, plaisir de pouvoir enfin écrire sans rien ni personne aux basques! *le Temps, déçu, sort de la salle d'un air dépité*
Enfin bref.... Cette partie a un peu été rédigée à l'arrache. C'est venu d'un coup, ça s'est écrit d'un coup, ça n'a pas été corrigé. Je le fournis brut!
En espérant qu'il n'y perde pas en qualité, je vous souhaite une bonne lecture ^-^



Partie 10




Cynthia


Un doux et entrainant air de piano s'envole dans l'air de la grande salle, vide de tout meuble. Lorsqu'on y marche, les échos des talons claquant contre la pierre se font presque assourdissants. Ce matin, les rayons du Soleil éclaboussent les dalles de tâches vives, s'amusant à faire varier les motifs du sol.

La musique, c'est une vieille femme à l'air très digne qui lui donne vie, jouant à une seule main sur le long clavier. Ses doigts dansent avec légèreté et actionnent les touches sans même les regarder. Ses yeux, quelque peu aveugles désormais mais toujours aussi scrutateurs, sont fixés sur la vingtaine de personnes qui valsent autour d'elle. Parfois, elle élève la voix vers certains, les gratifiant d'un compliment ou d'une remarque exigeante sur leur performance. Ses cheveux grisonnants sont ramenés en un strict chignon dont pas un cheveu ne dépasse.

"Vous, là, mademoiselle, vous dansez comme un manchot, rapprochez-vous de votre partenaire, il n'a pas la gale à ce que je sache ! Vous n'arriverez à rien si vous vous obstinez à vous tenir comme cela !"

L'intéressée, une petite rouquine, s'empourpre violemment et se rapproche de son partenaire, qui n'a pas l'air enchanté de se retrouver avec elle.

"Allez-y, pirouette mesdemoiselles et messieurs... C'est bien, c'est bien, stabilisez-vous un peu plus, il ne faut pas trop vous éparpiller, vous ne devez en aucun cas déranger les gens autour de vous..."

"Vous vous débrouillez bien, vous deux, attention au positionnement de vos pieds mademoiselle, sinon vous allez finir par amputer votre partenaire..."

Sa voix me sort de ma rêverie. Evitant de peu un faux pas, je rétablis mon rythme, aidée par mon cavalier.
Il faut dire que j'aurais pu tomber sur quelqu'un de bien plus mauvais. Ça n'est qu'en me retrouvant à danser avec lui que j'ai réalisé qu'il était vraiment grand. Presque aussi grand que Dimitri, en fait.

Remarquant qu'une fois de plus mon esprit est ailleurs, Maugus émet un petit sifflement pour m'extirper de mes pensées. D'un mouvement discret et habile, il m'empêche de lui écraser le pied et de me vautrer par terre par la même occasion.

"La réalité à Cynthia, la réalité à Cynthia.

- Mes excuses, je balbutie, obligée de lever le menton pour pouvoir le regarder.

- Pas de problème. Mais ne fais pas ça tout le temps. Tu es censée danser avec moi, pas jouer le rôle d'une poupée de chiffon que je trimballe.

Maugus cesse brusquement de parler lorsque la vieille dame se met à nous fixer, nous invitant au silence d'un geste sévère. Les duos tournent de façon synchrone lorsque la mélodie s'envole, et nous nous retrouvons partiellement cachés du champ de vision de notre juge.

- Alors, comment ça se passe pour toi ? Je lui demande.

- Moins mal que ce que je craignais.

- C'est pas très précis, ça, je marmonne avec ennui.

- D'accord, d'accord, il soupire en levant les yeux au ciel. Je m'ennuie pas mal, à vrai dire. Enfin, la plupart du temps. Je ne sais pas jouer aux échecs, alors je m'exerce pour passer le temps. Je pense que j'aurais fini de lire l'intégralité des livres de la bibliothèque d'ici deux mois environ. D'ailleurs, je ne peux que te conseiller l'Histoire Industrielle Herjafol, qui est vraiment très intéressant, il ajoute en acquiesçant pour lui-même. Par contre, c’est un vieux livre, alors il arrive qu'il soit un peu de mauvaise humeur.

- Je crois que j'ai eu mon compte d'objets capricieux pour toute ma vie. Si il essaie de me mordre les doigts avec ses pages, je le déchire en morceaux et j'en fais des petits oiseaux de papier.

- Oh non, il a un caractère plutôt facile ! M'assure Maugus dans un rire. Il se contente de trembler, et des fois il rechigne un peu à s'ouvrir, mais rien de problématique.

- Tu ne te sens pas un peu seul par ici ?

D'abord étonné par ma question aussi soudaine qu'inattendue, l'incompréhension se dessine petit à petit sur son visage. Je me mords l'intérieur de la joue : je n'ai jamais été très douée pour tenir une conversation normale. C'est plus fort que moi. Mais ma question est légitime.

- Je sais que tu es du genre individuel, mais en fait, c'est parce que les autres ne t'aiment pas.

- C'est un peu agressif, dit comme ça.

- Peut-être, mais c'est la vérité. Tu joues le bourgeois talentueux et un peu distant du monde, mais c'est surtout parce que les gens ne viennent pas te voir que tu es seul. Il n'y a presque que des Terciers ici. Soit ils ne comprennent pas ce que tu viens faire là vu ton statut, soit ils sont jaloux.

- Comment est-ce que tu me conclues ça ?

- J'écoute ce que les gens disent autour de moi", je lui réponds en haussant les épaules.

Les notes s'évaporent avec légèreté dans l'air, et nous nous séparons tous avant de nous saluer. Visiblement satisfaite, notre professeure, dont le sourire creuse les rides de son regard, nous salue d'une révérence et nous invite à travailler nos pas d'ici la prochaine séance. Un moment se passe durant lequel les élèves se dirigent d'un pas tranquille vers la sortie. Un moment durant lequel mon cavalier à la longue figure ne pipe mot.

" Je ne me doutais pas que tu étais aussi observatrice.

- En fait, j'ai un peu menti. La dernière fois, plusieurs filles sont venues me voir pour me poser des questions sur toi et me demander pourquoi je te parlais. Je me suis rendu compte à ce moment-là que les gens ne te portaient pas dans leur cœur.

- Ca ne te dérange pas ? Enfin, la majorité des gens ne sont… Pas très intelligents. Si ils te voient avec moi, ils vont te cataloguer comme non-fréquentable aussi.

- Et alors ?

Je lève le regard vers lui. Il reste coi, l'air un peu ahuri, sans trouver de réponse à ma question.

- Ce ne sont pas les autres qui vont décider d'à qui je dois parler ou pas. Je ne leur dois rien. C'est un fait.

Maugus reste silencieux tandis que nous remontons ensemble le couloir aux dalles claires, dont le haut plafond réverbère les voix des élèves en pleine conversation. Je reprends la parole.

- Avec les autres, on se rejoint à la bibliothèque pour travailler les emplois du temps qu’on nous a demandé de faire en service. Tu veux te joindre à nous ?

- C’est aimable de ta part, mais j’ai moi-même à m’occuper de certaines choses, il décline en me gratifiant d’un drôle de sourire. Je vous retrouverais à un autre moment.

Certaines personnes s’écartent naturellement de son chemin tandis qu’il s’éloigne d’un pas éternellement confiant, quelques mèches de ses cheveux parfaitement coiffés retombant de façon désordonnée sur sa nuque.




Jasmine


La bibliothèque, en plus d’être un endroit reposant, est assez peu fréquentée en début de soirée. C’est le lieu idéal pour effectuer le travail qu’on nous a assignés. Les grandes étagères, les tapis épais et les tables rondes, tous en bois massif, dégagent une atmosphère chaleureuse comparable à celle de notre réfectoire, sans les bruits de vaisselle.

« Aaron, tu peux me passer ton anguleur, s’il te plait ? »

Avec un bruit mat, l’ami de Marie me fait glisser un triangle rectangle en bois dont les côtés sont gradués. Je le remercie, m’en saisis, et trace en deux temps trois mouvements un quadrillage d’emploi du temps aux lignes parfaitement parallèles. Je ne pensais pas que savoir tracer des pages entières de portées pourrait m’être utile un jour. Enfin, mis à part pour composer mes morceaux.



La sensation du bois froid sur mon menton. L’immobilité quasi-parfaite de l’instrument contre moi, l’immobilité fraiche de l’air dans la pièce silencieuse. Une paire d’yeux myosotis, sages, fatigués, aux contours ridés par le temps, m’observe sans perdre une miette de mes moindres mouvements.

« Il a bien vieilli, papi. Le bois a travaillé sous le vernis.

- C’est bon signe. Cela veut dire qu’il prend petit à petit son identité. Essaie d’y jouer un peu, pour voir. »

Ça n’arrive pas souvent, mais aujourd’hui, grand-père m’a demandé de tester un des violons qu’il a fabriqués. Cela fait dix ans qu’il repose dans le petit cabanon, au sec et à l’air frais. C’est le temps qu’il faut pour laisser vieillir le bois et l’ajuster. Comme c’est mon anniversaire, il m’a proposé d’en essayer un. Depuis le temps que je rêvais de faire ça !

Avec une concentration extrême et sous le regard protecteur de mon grand-père, je fais glisser l’archet sur les crins avec délicatesse. Un do, puis un ré, tous deux résonnant avec pureté dans le vieil atelier poussiéreux. Je teste chaque note, chaque variation, puis exécute de tête une courte mélodie que j’ai entendue la semaine dernière, sur la place du marché. Lorsque les derniers sons s’éteignent, les yeux de mon grand-père brillent.

« En ce qui me concerne, je trouve qu’il possède un son extraordinaire. Qu’as-tu entendu ?

- Il y a quelques variations qui manquent de densité, je lui réponds en plaçant mes doigts sur les accords concernés afin de lui montrer. Elles sonnent un peu… Creux. Mais ça n’a pas l’air de venir des cordes.

- Alors ça vient de la caisse ou du fond. Elle a dû se déformer un peu. Donne-moi ça, petite assistante » il me taquine, ce qui me fait rire.

Mon papi fabrique des instruments de musique depuis toujours. Avant, il en faisait plusieurs : violoncelles, violons, harpes, et parfois des pianos. Mais en vieillissant, il a uniquement continué à faire des violons. C’est son instrument préféré. Il a beaucoup travaillé pour les nobles, et même maintenant, on lui commande encore des instruments.

« Heureusement que tu es là, ma petite Jasmine, il grommelle en démembrant prudemment ledit violon sur son grand atelier au rangement anarchique. Avec mes vieilles oreilles, je n’entends plus aussi bien qu’avant… »

Mon grand-père est en train de devenir sourd. C’est toujours un magicien quand il s’agit de fabriquer des instruments, mais il n’a plus l’oreille pour les évaluer. Depuis toute petite, j’ai appris à le remplacer pour cette partie du travail. Je l’écoute jouer, je lui indique ce qui manque, et aussitôt, il enfile son gros monocle, se saisit de ses instruments -qui ressemblent beaucoup à des spatules de cuisine-, puis se met au travail.

Quand il commence, il ne s’arrête jamais avant plusieurs heures : il veut que tout soit parfait, et le fait que j’aie seize ans aujourd’hui n’y changera pas grand-chose. Je file prendre notre grand panier tissé : il repose sagement dans l’entrée, où des bouquets de plantes accrochés au plafond sèchent sous les rayons de soleil qui filtrent à travers une haute fenêtre. Les économies gardées pour le marché sont cachées derrière une pile de bois qui semble ne jamais s’amenuiser, même au cœur de l’hiver, lorsque l’âtre chauffe la maison jour et nuit.

« Je vais chercher des épices, papy !

- N’oublie pas de rembourser le boucher pour la dernière côtelette ! Ah, et peux-tu passer par le haras en revenant, s’il te plait ? On a besoin de crin, et de fumier pour le potager !

Je lui réponds par l’affirmative, mais avant de poser un pied dehors, sa voix m’interpelle de nouveau.

- Il y a quelques pièces dans le grand tiroir du secrétaire, si tu veux. Il paraît que la Caravane à Confiseries passe par la ville aujourd’hui… »




« Je ne sais pas trop, je l’ai agencé comme ça… J’ai fait en sorte d’avoir à me charger des produits frais le plus tard possible, pour éviter au maximum qu’ils tournent avec la chaleur.

- Malin.

- Tu n’as encore rien écrit ?

La voix, que j’identifie comme étant celle d’Aaron, me tire de mes pensées. Je ne sais pas quand est-ce que j’ai commencé à divaguer, mais il s’est passé suffisamment de temps pour que Cynthia nous rejoigne et que la table d’organisation que remplit Dimitri soit déjà bien avancée.

- Si, mais j’en ai fait trois, informe mon amie aux yeux vairons Aaron, qui écarquille les yeux. Je ne sais pas vraiment comment elle veut qu’on optimise notre temps de préparation, donc j’ai fait plusieurs combinaisons. Une en fonction de la fraîcheur des aliments, comme toi, une en fonction des plats… Mais j’ai essayé en fonction des temps de cuisson aussi, parce que ça ne sert à rien de faire un service si au final le dessert met une demi-heure à arriver…

En cours de service, on nous fait apprendre les techniques de base de manipulation des ustensiles, mais on cuisine aussi. Le regard acéré de cette vieille pie désagréable qu’est notre professeure ne loupe aucun de nos écarts. La prochaine fois, nous avons un repas complet à préparer : elle nous a donc demandé de faire ce qu’elle appelle des « plannings de service » afin d’évaluer notre façon de nous organiser et comment nous gérons nos priorités. Depuis le petit incident dont elle nous a parlé, Cynthia est un peu sur la sellette. Du coup, elle met les bouchées doubles.

En examinant son travail, Aaron émet un sifflement admiratif et Dimitri lève la tête de son ouvrage, haussant un sourcil. Je me redresse afin de jeter un œil au travail de mon amie. Elle n’est peut-être pas aussi carrée que Dimitri, avec sa maladresse et son air un peu rêveur, mais dès qu’elle se met à réfléchir elle n’a plus rien à lui envier.

- Tu es indécise, l’apostrophe le grand camarade de chambre d’Aaron. Je trouve que c’est très bien ordonné, mais il va falloir faire un choix. Si j’étais toi, il conclut avec son éternel air impassible, je prendrais celui en fonction du temps de préparation.

- Ne sois pas insipide comme ça, lui fait remarquer Marie, occupée à réfléchir à un code couleur. Elle est dans une position délicate. Quelques encouragements n’ont jamais tué personne.

- C’est moi qui suis insipide maintenant ? lui répond Dimitri en fixant un regard empreint d’ironie sur elle. Je ne savais pas que les remarques acerbes, c’était mon truc.

- Moi au moins, j’exprime des émotions, elle soupire. Je ne te savais pas susceptible sur ce point-là.

- On peut parler de susceptibilité si tu veux, tu vas perdre, il lui rétorque d’un air mi ennuyé mi amusé.

- Dimitri, fais attention avec ma sœur, l’avertit Aaron. Tu n’as pas envie d’essayer, je t’assure.

Tandis que le blond aux larges épaules s’absorbe dans une longue tirade vantant sa patience, sa gentillesse et la cruauté de Marie, je coule un regard vers Cynthia, qui semble complètement imperméable à ce qu’il se passe autour d’elle. Avant de la laisser rédiger une dernière note, je lui tends le crayon de couleur qu’il lui manque et lui offre le sourire le plus rassurant que je sache faire.

« Ne t’inquiète pas. Cette vieille peau ne t’apprécie peut-être pas, mais elle n’a ni les raisons ni le droit de t’exclure sans motif. Et puis de toute façon, personne ne l’aime.

Elle se saisit du crayon que le lui offre, serrant ma main dans la sienne au passage.

- Merci. Je vais être irréprochable. Même si sa tête me donne plus envie de lui balancer la vaisselle à la figure qu’autre chose.

Sa remarque me fait sourire. Je baisse le regard vers les feuilles qu’elle a utilisées.

- Je pense que Dimitri a raison. Tu devrais prendre celle-là.

- C’est ce que je vais faire. Merci.
GoldAngels

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :
Partie 10




Cynthia


Un doux et entrainant air de piano :arrow: Pour moi, si les mots sont justes, ils ne sont pas mis dans le bon sens ^^ J'aurais plutôt mis "Un air de piano doux et entraînant" s'envole dans l'air de la grande salle, vide de tout meuble. Lorsqu'on y marche, les échos des talons claquant contre la pierre se font presque assourdissants. Ce matin, les rayons du Soleil éclaboussent les dalles de tâches vives, s'amusant à faire varier les motifs du sol.

La musique, c'est une vieille femme à l'air très digne qui lui donne vie, jouant à une seule main sur le long clavier. Ses doigts dansent avec légèreté et actionnent les touches sans même les regarder. Ses yeux, quelque peu aveugles désormais mais toujours aussi scrutateurs, sont fixés sur la vingtaine de personnes qui valsent autour d'elle. :arrow: C'est drôle, je n'ai vraiment pas l'impression d'être dans un école de valet, mais plus, tu sais, comme des précepteurs de prince ou se genre de connerie ^^Parfois, elle élève la voix vers certains, les gratifiant d'un compliment ou d'une remarque exigeante :arrow: Je pense que "acerbe" aurait été plus approprié ou à la rigueur "des remarques d'exigence" (me plaît pas des masses ^^") sur leur performance. Ses cheveux grisonnants sont ramenés en un strict chignon dont pas un cheveu ne dépasse.

"Vous, là, mademoiselle, vous dansez comme un manchot, rapprochez-vous de votre partenaire, il n'a pas la gale à ce que je sache ! Vous n'arriverez à rien si vous vous obstinez à vous tenir comme cela !"

L'intéressée, une petite rouquine :arrow: Encore ce problème de cheveux xD :lol: (je plaisante bien sûr), s'empourpre violemment et se rapproche de son partenaire, qui n'a pas l'air enchanté de se retrouver avec elle. :arrow: À ce point là ? ^^ Qu'il n'ait pas envie de se retrouver à danser, je comprends absolument, mais qu'il n'ait pas envie de se retrouver avec cette fille en en particulier, ça m'échappe ^^'

"Allez-y, pirouette :arrow: cacahuète ^^ mesdemoiselles et messieurs... C'est bien, c'est bien, stabilisez-vous un peu plus, il ne faut pas trop vous éparpiller, vous ne devez en aucun cas déranger les gens autour de vous..."

"Vous vous débrouillez bien, vous deux, attention au positionnement de vos pieds mademoiselle, sinon vous allez finir par amputer votre partenaire..."

Sa voix me sort de ma rêverie. Evitant de peu un faux pas, je rétablis mon rythme, aidée par mon cavalier.
Il faut dire que j'aurais pu tomber sur quelqu'un de bien plus mauvais. Ça n'est qu'en me retrouvant à danser avec lui que j'ai réalisé qu'il était vraiment grand. Presque aussi grand que Dimitri, en fait. :arrow: Alors en fait, ledit cavalier, on l'a déjà vu, tu e précises juste après, c'est Maugus. Or, il se trouve que Maugus, on l'a déjà rencontré,
notamment pour les duels. Et quand tu fais de l'escrime, tu te trouves suffisamment près e ton adversaire pour juger sa taille, tu vois ce que je veux dire ?


Remarquant qu'une fois de plus mon esprit est ailleurs, Maugus émet un petit sifflement pour m'extirper de mes pensées. D'un mouvement discret et habile, il m'empêche de lui écraser le pied et de me vautrer par terre par la même occasion.

"La réalité à Cynthia, la réalité à Cynthia.

- Mes excuses, je balbutie, obligée de lever le menton pour pouvoir le regarder.

- Pas de problème. Mais ne fais pas ça tout le temps. Tu es censée danser avec moi, pas jouer le rôle d'une poupée de chiffon que je trimballe.

Maugus cesse brusquement de parler lorsque la vieille dame se met à nous fixer, nous invitant au silence d'un geste sévère. Les duos tournent de façon synchrone lorsque la mélodie s'envole, et nous nous retrouvons partiellement cachés du champ de vision de notre juge.

- Alors, comment ça se passe pour toi ? Je lui demande.

- Moins mal que ce que je craignais.

- C'est pas très précis, ça, je marmonne avec ennui.

- D'accord, d'accord, il soupire en levant les yeux au ciel. Je m'ennuie pas mal :arrow: Du coup, si ça se passe moins mal que ce que tu craignais, à quoi t'attendais tu vraiment ^^", à vrai dire. Enfin, la plupart du temps. Je ne sais pas jouer aux échecs, alors je m'exerce pour passer le temps. Je pense que j'aurais fini de lire l'intégralité des livres de la bibliothèque d'ici deux mois environSoit il se fait carrément ch***, soit la bibli est vraiment petite :D . D'ailleurs, je ne peux que te conseiller l'Histoire Industrielle Herjafol, qui est vraiment très intéressant, il ajoute en acquiesçant pour lui-même. Par contre, c’est un vieux livre, alors il arrive qu'il soit un peu de mauvaise humeur.
Ça me fait vraiment penser à Harry Potter :lol:
- Je crois que j'ai eu mon compte d'objets capricieux pour toute ma vie. Si il essaie de me mordre les doigts avec ses pages, je le déchire en morceaux et j'en fais des petits oiseaux de papier.

- Oh non, il a un caractère plutôt facile ! M'assure Maugus dans un rire. Il se contente de trembler, et des fois il rechigne un peu à s'ouvrir, mais rien de problématique.

- Tu ne te sens pas un peu seul par ici ? :arrow: Ça c'est cash :lol:

D'abord étonné par ma question aussi soudaine qu'inattendue, l'incompréhension se dessine petit à petit sur son visage. Je me mords l'intérieur de la joue : je n'ai jamais été très douée pour tenir une conversation normale. C'est plus fort que moi. Mais ma question est légitime.

- Je sais que tu es du genre individuel :arrow: Là, j'aurais mis "tu es du genre loup solitaire", mais en fait, c'est parce que les autres ne t'aiment pas.

- C'est un peu agressif, dit comme ça.

- Peut-être, mais c'est la vérité. Tu joues le bourgeois talentueux et un peu distant du monde, mais c'est surtout parce que les gens ne viennent pas te voir que tu es seul. Il n'y a presque que des Terciers ici. Soit ils ne comprennent pas ce que tu viens faire là vu ton statut, soit ils sont jaloux.

- Comment est-ce que tu me conclues ça ?

- J'écoute ce que les gens disent autour de moi", je lui réponds en haussant les épaules.

Les notes s'évaporent avec légèreté dans l'air, et nous nous séparons tous avant de nous saluer. Visiblement satisfaite, notre professeure, dont le sourire creuse les rides de son regard, nous salue d'une révérence et nous invite à travailler nos pas d'ici la prochaine séance. Un moment se passe durant lequel les élèves se dirigent d'un pas tranquille vers la sortie. Un moment durant lequel mon cavalier à la longue figure ne pipe mot.

" Je ne me doutais pas que tu étais aussi observatrice. :arrow: En général, ça se voit, ce genre de chose ^^

- En fait, j'ai un peu menti. La dernière fois, plusieurs filles sont venues me voir pour me poser des questions sur toi et me demander pourquoi je te parlais. Je me suis rendu compte à ce moment-là que les gens ne te portaient pas dans leur cœur. :arrow: Une raison particulière ? Je veux dire, la jalousie à mon sens ne tient pas

- Ca ne te dérange pas ? Enfin, la majorité des gens ne sont… Pas très intelligents. Si ils te voient avec moi, ils vont te cataloguer comme non-fréquentable aussi.

- Et alors ?

Je lève le regard vers lui. Il reste coi, l'air un peu ahuri, sans trouver de réponse à ma question.

- Ce ne sont pas les autres qui vont décider d'à qui je dois parler ou pas. Je ne leur dois rien. C'est un fait.
:arrow: Moi je dis, ça cache quelque chose ;) Et c'et marrant, parce que j'ai un pote qui arrête pas de dire "C'est un fait" ^^
Maugus reste silencieux tandis que nous remontons ensemble le couloir aux dalles claires, dont le haut plafond réverbère les voix des élèves en pleine conversation. Je reprends la parole.

- Avec les autres, on se rejoint à la bibliothèque pour travailler les emplois du temps qu’on nous a demandé de faire en service. Tu veux te joindre à nous ?

- C’est aimable de ta part, mais j’ai moi-même à m’occuper de certaines choses, il décline en me gratifiant d’un drôle de sourire. Je vous retrouverais à un autre moment.

Certaines personnes s’écartent naturellement de son chemin tandis qu’il s’éloigne d’un pas éternellement confiant, quelques mèches de ses cheveux parfaitement coiffés retombant de façon désordonnée sur sa nuque.




Jasmine


La bibliothèque, en plus d’être un endroit reposant, est assez peu fréquentée en début de soirée. C’est le lieu idéal pour effectuer le travail qu’on nous a assignés. Les grandes étagères, les tapis épais et les tables rondes, tous en bois massif, dégagent une atmosphère chaleureuse comparable à celle de notre réfectoire, sans les bruits de vaisselle.

« Aaron, tu peux me passer ton anguleur :arrow: Ça ne s'appelle pas une équerre, ce genre de chose ?
:lol:
, s’il te plait ? »

Avec un bruit mat, l’ami de Marie :arrow: Je t'avoue, je n'aime pas trop cette formulation (c'est un peu comme avec la couleur des cheveux). Après, c'est peut être moi, mais il me semble que le pronom "il" aurait été mieux. En plus (ça n'a rien avoir avec le pronom ^^), comme tu as préposé la préposition adjectivale, on dirait que c'est Aaron qui fait un bruit mat quand il pose l'équerre (pardon, l'anguleur) :lol: me fait glisser un triangle rectangle en bois dont les côtés sont gradués. Je le remercie, m’en saisis, et trace en deux temps trois mouvements un quadrillage d’emploi du temps aux lignes parfaitement parallèles. Je ne pensais pas que savoir tracer des pages entières de portées pourrait m’être utile un jour. Enfin, mis à part pour composer mes morceaux.



La sensation du bois froid sur mon menton. L’immobilité quasi-parfaite de l’instrument contre moi, l’immobilité fraiche de l’air dans la pièce silencieuse. Une paire d’yeux myosotis, sages, fatigués, aux contours ridés par le temps, m’observe sans perdre une miette de mes moindres mouvements.

« Il a bien vieilli, papi. Le bois a travaillé sous le vernis.

- C’est bon signe. Cela veut dire qu’il prend petit à petit son identité. Essaie d’en jouer un peu, pour voir. »

Ça n’arrive pas souvent, mais aujourd’hui, grand-père m’a demandé de tester un des violons qu’il a fabriqués. Cela fait dix ans qu’il repose dans le petit cabanon, au sec et à l’air frais. C’est le temps qu’il faut pour laisser vieillir le bois et l’ajuster. Comme c’est mon anniversaire, il m’a proposé d’en essayer un. Depuis le temps que je rêvais de faire ça !

Avec une concentration extrême et sous le regard protecteur de mon grand-père, je fais glisser l’archet sur les crins avec délicatesse. Un do, puis un ré, tous deux résonnant avec pureté dans le vieil atelier poussiéreux. Je teste chaque note, chaque variation, puis exécute de tête une courte mélodie que j’ai entendue la semaine dernière, sur la place du marché. Lorsque les derniers sons s’éteignent, les yeux de mon grand-père brillent.

« En ce qui me concerne, je trouve qu’il possède un son extraordinaire. Qu’as-tu entendu ?

- Il y a quelques variations qui manquent de densité, je lui réponds en plaçant mes doigts sur les accords concernés afin de lui montrer. Elles sonnent un peu… Creux. Mais ça n’a pas l’air de venir des cordes.
:arrow: Jamais vu une corde creuse ^^ Ceci dit, je ne connais rien à la musique
- Alors ça vient de la caisse ou du fond. Elle a dû se déformer un peu. Donne-moi ça, petite assistante » il me taquine, ce qui me fait rire.

Mon papi fabrique des instruments de musique depuis toujours. Avant, il en faisait plusieurs : violoncelles, violons, harpes, et parfois des pianos. Mais en vieillissant, il a uniquement continué à faire des violons. C’est son instrument préféré. Il a beaucoup travaillé pour les nobles, et même maintenant, on lui commande encore des instruments. :arrow: Faut pas être pressé, s'il faut 10 ans d'affinage :D

« Heureusement que tu es là, ma petite Jasmine, il grommelle en démembrant prudemment ledit violon sur son grand atelier au rangement anarchique. Avec mes vieilles oreilles, je n’entends plus aussi bien qu’avant… »

Mon grand-père est en train de devenir sourd. C’est toujours un magicien quand il s’agit de fabriquer des instruments, mais il n’a plus l’oreille pour les évaluer. Depuis toute petite, j’ai appris à le remplacer pour cette partie du travail. Je l’écoute jouer, je lui indique ce qui manque, et aussitôt, il enfile son gros monocle, se saisit de ses instruments -qui ressemblent beaucoup à des spatules de cuisine-, puis se met au travail.

Quand il commence, il ne s’arrête jamais avant plusieurs heures : il veut que tout soit parfait, et le fait que j’aie seize ans aujourd’hui n’y changera pas grand-chose. Je file prendre notre grand panier tissé : il repose sagement dans l’entrée, où des bouquets de plantes accrochés au plafond sèchent sous les rayons de soleil qui filtrent à travers une haute fenêtre. Les économies gardées pour le marché sont cachées derrière une pile de bois qui semble ne jamais s’amenuiser, même au cœur de l’hiver, lorsque l’âtre chauffe la maison jour et nuit.

« Je vais chercher des épices, papy !

- N’oublie pas de rembourser le boucher pour la dernière côtelette ! Ah, et peux-tu passer par le haras en revenant, s’il te plait ? On a besoin de crin, et de fumier pour le potager !

Je lui réponds par l’affirmative, mais avant de poser un pied dehors, sa voix m’interpelle de nouveau.

- Il y a quelques pièces dans le grand tiroir du secrétaire, si tu veux. Il paraît que la Caravane à Confiseries passe par la ville aujourd’hui… »




« Je ne sais pas trop, je l’ai agencé comme ça… J’ai fait en sorte d’avoir à me charger des produits frais le plus tard possible, pour éviter au maximum qu’ils tournent avec la chaleur.

- Malin.

- Tu n’as encore rien écrit ?

La voix, que j’identifie comme étant celle d’Aaron, me tire de mes pensées. Je ne sais pas quand est-ce que j’ai commencé à divaguer, mais il s’est passé suffisamment de temps pour que Cynthia nous rejoigne :arrow: Dois-je comprendre que vous ne suivez pas tous les même cours ? Du moins, pas en même temps ? et que la table d’organisation que remplit Dimitri soit déjà bien avancée.

- Si, mais j’en ai fait trois, informe mon amie aux yeux vairons Aaron, :arrow: Attends, je suis perdu là... Qui parle à qui ? J'avais compris que le "Tu n'as encore rien écrit ?", c'était Aaron qui parlait à Jasmine, mais visiblement, je me suis trompé ^^" Et puis la tournure de ta phrase est bizarre. Déjà parce que tu désigne qqn par une de ses caractéristiques physiques ( :lol: ) (mea culpa, je ne sais plus qui a les yeux vairons, mais je crois me souvenir que c'est Cynthia), et ensuite parce que c'est agencé de telle façon qu'on a l'impression que c'est Aaron ton "amie aux yeux vairons", tu vois ce que je veux dire ? qui écarquille les yeux. Je ne sais pas vraiment comment elle veut qu’on optimise notre temps de préparation, donc j’ai fait plusieurs combinaisons. Une en fonction de la fraîcheur des aliments, comme toi, une en fonction des plats… Mais j’ai essayé en fonction des temps de cuisson aussi, parce que ça ne sert à rien de faire un service si au final :arrow: Je sais que tout le monde l'utilise à outrance, mais "au final" n'est grammaticalement pas correct : on ne peut pas faire d'un adjectif (final) un substantif le dessert met une demi-heure à arriver…

En cours de service, on nous fait apprendre les techniques de base de manipulation des ustensiles, mais on cuisine aussi. Le regard acéré de cette vieille pie désagréable qu’est notre professeure ne loupe aucun de nos écarts :arrow: C'est celle qui t'a foutue dehors pcq tu as versé du thé à côté, on est d'accord ? :D . La prochaine fois, nous avons un repas complet à préparer : elle nous a donc demandé de faire ce qu’elle appelle des « plannings de service » afin d’évaluer notre façon de nous organiser et comment nous gérons nos priorités. Depuis le petit incident dont elle nous a parlé :arrow: Si ce n'est pas elle, de quel incident s'agit-il ? Et si c'est celui du thé, ils n'étaient pas tous présents ?, Cynthia est un peu sur la sellette. Du coup, elle met les bouchées doubles.

En examinant son travail, Aaron émet un sifflement admiratif et Dimitri lève la tête de son ouvrage, haussant un sourcil. Je me redresse afin de jeter un œil au travail de mon amie. Elle n’est peut-être pas aussi carrée que Dimitri, avec sa maladresse et son air un peu rêveur, mais dès qu’elle se met à réfléchir :lol: :lol: :lol: elle n’a plus rien à lui envier.

- Tu es indécise, l’apostrophe le grand camarade de chambre d’Aaron. :arrow: Là encore, tu fais intervenir un personnage en le désignant par l'une de ses caractéristiques, voire de son rôle. En soi,
ça n'a rien de vraiment gênant, et d'aucuns y trouveront peut-être à redire. Mais à mon sens, le "il" suffisait puisque Dimitri est la dernière personne (masculine du moins) dont il est fait mention. En plus, par ce procédé, tu réduis l'importance de Dimitri et la place qu'il tient dans ton histoire au profit de celles d'Aaron, tu vois ?
Je trouve que c’est très bien ordonné, mais il va falloir faire un choix. Si j’étais toi, il conclut avec son éternel air impassible, je prendrais celui en fonction du temps de préparation.

- Ne sois pas insipide comme ça, lui fait remarquer Marie, occupée à réfléchir à un code couleur. Elle est dans une position délicate. Quelques encouragements n’ont jamais tué personne.

- C’est moi qui suis insipide maintenant ? lui répond Dimitri en fixant un regard empreint d’ironie sur elle. Je ne savais pas que les remarques acerbes, c’était mon truc.

- Moi au moins, j’exprime des émotions, elle soupire. Je ne te savais pas susceptible sur ce point-là.

- On peut parler de susceptibilité si tu veux, tu vas perdre, il lui rétorque d’un air mi ennuyé mi amusé.


- Dimitri, fais attention avec ma sœur :arrow: Wait, what :shock: :shock: :shock: ?!? Est-ce un surnom affectif ou partagent-ils vraiment des liens de parenté ? Dans ces 9 précédents chapitres, tu ne donnes pas l'impression qu'ils sont frangin, mais si c'était l'effet recherché, bravo, c'est du génie :D !! Ceci dit, il me semble avoir lu qu'ils étaient des amis d'enfance (ou alors je suis un sac, j'ai lu de travers ^^), l’avertit Aaron. Tu n’as pas envie d’essayer, je t’assure.

Tandis que le blond aux larges épaules :arrow: ... nocomment... s’absorbe dans une longue tirade vantant :arrow: Ça ne ressemble pas à l'image que j'ai du perso, mais il me semble que tu m'as déjà éclairé sur ce point... :? sa patience, sa gentillesse et la cruauté de Marie, je coule un regard vers Cynthia, qui semble complètement imperméable à ce qu’il se passe autour d’elle. Avant de la laisser rédiger une dernière note, je lui tends le crayon de couleur qu’il lui manque et lui offre le sourire le plus rassurant que je sache faire.

« Ne t’inquiète pas. Cette vieille peau ne t’apprécie peut-être pas, mais elle n’a ni les raisons ni le droit de t’exclure sans motif. Et puis de toute façon, personne ne l’aime.

Elle se saisit du crayon que le lui offre, serrant ma main dans la sienne au passage.

- Merci. Je vais être irréprochable. Même si sa tête me donne plus envie de lui balancer la vaisselle à la figure qu’autre chose.

Sa remarque me fait sourire. Je baisse le regard vers les feuilles qu’elle a utilisées.

- Je pense que Dimitri a raison. Tu devrais prendre celle-là.

- C’est ce que je vais faire. Merci.
Et voilà pour ce chapitre 10 :) Pour un chapitre fait à l'arrache, c'est plutôt bien. Il n'y a pas de grands enjeux (à part peut-être Maugus), mais tu montres bien la routine des cours qui s'est installée. Tu n'avais pas fait beaucoup de point de vue de Jasmine mais tu viens d'y remédier et d'apporter de l'eau à notre moulin. Comme toujours, tu as de bons éléments, notamment tes dialogues. Voilà, pas grand chose à dire de plus, c'est du bon travail malgré tout ^^ Hâte de lire la suite :)
Biz !
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

GoldAngels,

Je reprends ta réponse parce que c'est plus facile, mais je vais raccourcir un peu pour ne laisser que les passages importants x)
GoldAngels a écrit :
Xhantia a écrit :
Partie 10




Cynthia



La musique, c'est une vieille femme à l'air très digne qui lui donne vie, jouant à une seule main sur le long clavier. Ses doigts dansent avec légèreté et actionnent les touches sans même les regarder. Ses yeux, quelque peu aveugles désormais mais toujours aussi scrutateurs, sont fixés sur la vingtaine de personnes qui valsent autour d'elle. :arrow: C'est drôle, je n'ai vraiment pas l'impression d'être dans un école de valet, mais plus, tu sais, comme des précepteurs de prince ou se genre de connerie ^^
C'est marrant, je pense exactement la même chose :) en fait, les Premiers sont des fainéants, donc la "formation", si l'on peut dire, est très généraliste. C'est-à-dire qu'avec ce même bagage assez conséquent, la moitié ne sera pas utile en fonction de chaque personne. On peut finir jardinier, aux cuisines, mais aussi domestique personnel ; et lorsqu'on monte en grade, aller plus haut encore (professeurs particuliers, gouvernants, membres d'un petit conseil de stratégie, Majordome, etc etc...).


L'intéressée, une petite rouquine :arrow: Encore ce problème de cheveux xD :lol: (je plaisante bien sûr), s'empourpre violemment et se rapproche de son partenaire, qui n'a pas l'air enchanté de se retrouver avec elle. :arrow: À ce point là ? ^^ Qu'il n'ait pas envie de se retrouver à danser, je comprends absolument, mais qu'il n'ait pas envie de se retrouver avec cette fille en en particulier, ça m'échappe ^^'
L'aversion a ses raisons que la raison ne connait point... Il faudra que je leur demande, parce que moi-même j'en ai aucune idée '-'

"Allez-y, pirouette :arrow: cacahuète ^^
TU N'AS JAMAIS FAIT CETTE BLAGUE.

Sa voix me sort de ma rêverie. Evitant de peu un faux pas, je rétablis mon rythme, aidée par mon cavalier.
Il faut dire que j'aurais pu tomber sur quelqu'un de bien plus mauvais. Ça n'est qu'en me retrouvant à danser avec lui que j'ai réalisé qu'il était vraiment grand. Presque aussi grand que Dimitri, en fait. :arrow: Alors en fait, ledit cavalier, on l'a déjà vu, tu e précises juste après, c'est Maugus. Or, il se trouve que Maugus, on l'a déjà rencontré,
notamment pour les duels. Et quand tu fais de l'escrime, tu te trouves suffisamment près e ton adversaire pour juger sa taille, tu vois ce que je veux dire ?

C'est vrai! Je voulais dire que cet effet est du au fait qu'elle ne l'a pas croisé depuis un moment après cette petite séance, du coup elle est un peu étonnée... Je vais y travailler!


- D'accord, d'accord, il soupire en levant les yeux au ciel. Je m'ennuie pas mal :arrow: Du coup, si ça se passe moins mal que ce que tu craignais, à quoi t'attendais tu vraiment ^^"
Tu aimerais le savoir? :) :) :)


" Je ne me doutais pas que tu étais aussi observatrice. :arrow: En général, ça se voit, ce genre de chose ^^
On va mettre ça sur le fait qu'ils se sont croisés une fois et ne se sont pas vus depuis, du coup x)

- En fait, j'ai un peu menti. La dernière fois, plusieurs filles sont venues me voir pour me poser des questions sur toi et me demander pourquoi je te parlais. Je me suis rendu compte à ce moment-là que les gens ne te portaient pas dans leur cœur. :arrow: Une raison particulière ? Je veux dire, la jalousie à mon sens ne tient pas
Dans ce cas-là, je vais me pencher sur la question pour rendre sa réponse plus crédible.




Jasmine



« Aaron, tu peux me passer ton anguleur :arrow: Ça ne s'appelle pas une équerre, ce genre de chose ?
:lol:
, s’il te plait ? »
Je vois pas de quoi tu parles c: #elles'amusesurlesmotsparcequec'estmarrantd'inventerlol


La sensation du bois froid sur mon menton. L’immobilité quasi-parfaite de l’instrument contre moi, l’immobilité fraiche de l’air dans la pièce silencieuse. Une paire d’yeux myosotis, sages, fatigués, aux contours ridés par le temps, m’observe sans perdre une miette de mes moindres mouvements.

« Il a bien vieilli, papi. Le bois a travaillé sous le vernis.

- C’est bon signe. Cela veut dire qu’il prend petit à petit son identité. Essaie d’en jouer un peu, pour voir. »

Ça n’arrive pas souvent, mais aujourd’hui, grand-père m’a demandé de tester un des violons qu’il a fabriqués. Cela fait dix ans qu’il repose dans le petit cabanon, au sec et à l’air frais. C’est le temps qu’il faut pour laisser vieillir le bois et l’ajuster. Comme c’est mon anniversaire, il m’a proposé d’en essayer un. Depuis le temps que je rêvais de faire ça !

Avec une concentration extrême et sous le regard protecteur de mon grand-père, je fais glisser l’archet sur les crins avec délicatesse. Un do, puis un ré, tous deux résonnant avec pureté dans le vieil atelier poussiéreux. Je teste chaque note, chaque variation, puis exécute de tête une courte mélodie que j’ai entendue la semaine dernière, sur la place du marché. Lorsque les derniers sons s’éteignent, les yeux de mon grand-père brillent.

« En ce qui me concerne, je trouve qu’il possède un son extraordinaire. Qu’as-tu entendu ?

- Il y a quelques variations qui manquent de densité, je lui réponds en plaçant mes doigts sur les accords concernés afin de lui montrer. Elles sonnent un peu… Creux. Mais ça n’a pas l’air de venir des cordes.
:arrow: Jamais vu une corde creuse ^^ Ceci dit, je ne connais rien à la musique
Jasmine n'a jamais dit cela, elle parle seulement de quelques notes qui ne rendent pas aussi bien que les autres ;)

- Alors ça vient de la caisse ou du fond...




La voix, que j’identifie comme étant celle d’Aaron, me tire de mes pensées. Je ne sais pas quand est-ce que j’ai commencé à divaguer, mais il s’est passé suffisamment de temps pour que Cynthia nous rejoigne :arrow: Dois-je comprendre que vous ne suivez pas tous les même cours ? Du moins, pas en même temps ?
Bonne déduction Sherlock 8-)

- Si, mais j’en ai fait trois, informe mon amie aux yeux vairons Aaron, :arrow: Attends, je suis perdu là... Qui parle à qui ? J'avais compris que le "Tu n'as encore rien écrit ?", c'était Aaron qui parlait à Jasmine, mais visiblement, je me suis trompé ^^" Et puis la tournure de ta phrase est bizarre. Déjà parce que tu désigne qqn par une de ses caractéristiques physiques ( :lol: ) (mea culpa, je ne sais plus qui a les yeux vairons, mais je crois me souvenir que c'est Cynthia), et ensuite parce que c'est agencé de telle façon qu'on a l'impression que c'est Aaron ton "amie aux yeux vairons", tu vois ce que je veux dire ?
En effet, c'est vraiment pourri comme tournure de phrase, mon dieu :lol: :lol: Non, en effet, c'est Aaron et Cynthia qui parlent ; en fait, j'ai voulu éviter de dire qui parlait au départ pour "illustrer" le retour à la réalité de Jasmine un peu, mais ça porte plus à confusion qu'autre chose, alors je vais changer.

Et pour le "au final", c'est juste un horrible tic de ma part, je fais des efforts mais je ne le vois même paaaaas D:


En cours de service, on nous fait apprendre les techniques de base de manipulation des ustensiles, mais on cuisine aussi. Le regard acéré de cette vieille pie désagréable qu’est notre professeure ne loupe aucun de nos écarts :arrow: C'est celle qui t'a foutue dehors pcq tu as versé du thé à côté, on est d'accord ? :D . La prochaine fois, nous avons un repas complet à préparer : elle nous a donc demandé de faire ce qu’elle appelle des « plannings de service » afin d’évaluer notre façon de nous organiser et comment nous gérons nos priorités. Depuis le petit incident dont elle nous a parlé :arrow: Si ce n'est pas elle, de quel incident s'agit-il ? Et si c'est celui du thé, ils n'étaient pas tous présents ?, Cynthia est un peu sur la sellette. Du coup, elle met les bouchées doubles.
C'est bien de la dame qui a viré Cynthia qu'on parle, pas de panique! Et je n'ai d'ailleurs jamais spécifié qu'ils étaient tous dans le même cours à ce moment-là ;)

- Dimitri, fais attention avec ma sœur :arrow: Wait, what :shock: :shock: :shock: ?!? Est-ce un surnom affectif ou partagent-ils vraiment des liens de parenté ? Dans ces 9 précédents chapitres, tu ne donnes pas l'impression qu'ils sont frangin, mais si c'était l'effet recherché, bravo, c'est du génie :D !! Ceci dit, il me semble avoir lu qu'ils étaient des amis d'enfance (ou alors je suis un sac, j'ai lu de travers ^^)
Alors, on peut dire qu'ils sont frères et sœurs, en effet. Je n'ai par contre jamais spécifié qu'ils étaient amis d'enfance, seulement qu'ils avaient grandi ensemble ;) Et oui, je n'aime pas distribuer toutes les informations dès le départ, alors je me suis dit que le distiller comme ça était plus intéressant ^^

Tandis que le blond aux larges épaules :arrow: ... nocomment... s’absorbe dans une longue tirade vantant :arrow: Ça ne ressemble pas à l'image que j'ai du perso, mais il me semble que tu m'as déjà éclairé sur ce point... :?
La j'ai du mal à comprendre: tu penses que c'est Dimitri qui parle? :lol: je doute que ce soit le cas, mais on ne sait jamais :) et si tu avais bien vu, ton incompréhension m'étonne, parce qu'Aaron a toujours été comme ça x)
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

Xhantia a écrit :Bonjour et bonsoir!
Ah, plaisir des vacances, plaisir de pouvoir enfin écrire sans rien ni personne aux basques! *le Temps, déçu, sort de la salle d'un air dépité*
Enfin bref.... Cette partie a un peu été rédigée à l'arrache. C'est venu d'un coup, ça s'est écrit d'un coup, ça n'a pas été corrigé. Je le fournis brut!
En espérant qu'il n'y perde pas en qualité, je vous souhaite une bonne lecture ^-^ Merci !



Partie 10




Cynthia


Un doux et entrainant air de piano s'envole dans l'air de la grande salle, vide de tout meuble. Pianooo ! Lorsqu'on y marche, les échos des talons claquant contre la pierre se font presque assourdissants. Ce matin, les rayons du Soleil éclaboussent les dalles de tâches vives, s'amusant à faire varier les motifs du sol.

La musique, c'est une vieille femme à l'air très digne qui lui donne vie, jouant à une seule main sur le long clavier. Ses doigts dansent avec légèreté et actionnent les touches sans même les regarder. Ses yeux, quelque peu aveugles désormais mais toujours aussi scrutateurs, sont fixés sur la vingtaine de personnes qui valsent autour d'elle. Parfois, elle élève la voix vers certains, les gratifiant d'un compliment ou d'une remarque exigeante sur leur performance. Ses cheveux grisonnants sont ramenés en un strict chignon dont pas un cheveu ne dépasse. On va bien commencer... j'adore ce portrait !

"Vous, là, mademoiselle, vous dansez comme un manchot, rapprochez-vous de votre partenaire, il n'a pas la gale à ce que je sache ! Vous n'arriverez à rien si vous vous obstinez à vous tenir comme cela !" :lol: Bonne humeur et sympathie, donc...

L'intéressée, une petite rouquine, s'empourpre violemment et se rapproche de son partenaire, qui n'a pas l'air enchanté de se retrouver avec elle.

"Allez-y, pirouette mesdemoiselles et messieurs... C'est bien, c'est bien, stabilisez-vous un peu plus, il ne faut pas trop vous éparpiller, vous ne devez en aucun cas déranger les gens autour de vous..." Ouais, ça, c'est vraiment casse-pieds dans les salles de bal.

"Vous vous débrouillez bien, vous deux, attention au positionnement de vos pieds mademoiselle, sinon vous allez finir par amputer votre partenaire..." Je sens que cette remarque est pour Cynthia...

Sa voix me sort de ma rêverie. Gagné ! :lol: Evitant de peu un faux pas, je rétablis mon rythme, aidée par mon cavalier.
Il faut dire que j'aurais pu tomber sur quelqu'un de bien plus mauvais. Ça n'est qu'en me retrouvant à danser avec lui que j'ai réalisé qu'il était vraiment grand. Presque aussi grand que Dimitri, en fait.

Remarquant qu'une fois de plus mon esprit est ailleurs, Maugus émet un petit sifflement pour m'extirper de mes pensées. Là, ce n'est peut-être que moi, mais tu m'as perturbée. Parce que tu nous le présentes d'abord comme un inconnu, et ensuite... paf, en fait, on le connaît. Remarque, si Cynthia est rêveuse, elle peut d'abord penser à lui comme un cavalier quelconque, et ensuite comme Maugus lui-même mais... bref, j'ai trouvé la forme bizarre. Je sais pas si je suis compréhensible... :? D'un mouvement discret et habile, il m'empêche de lui écraser le pied et de me vautrer par terre par la même occasion. Mais c'est que c'est un pur gentleman, ce type ! :lol:

"La réalité à Cynthia, la réalité à Cynthia.

- Mes excuses, je balbutie, obligée de lever le menton pour pouvoir le regarder.

- Pas de problème. Mais ne fais pas ça tout le temps. Tu es censée danser avec moi, pas jouer le rôle d'une poupée de chiffon que je trimballe. Ouais. À la limite, si elle ne savait pas danser. Or là, elle le sait, donc...

Maugus cesse brusquement de parler lorsque la vieille dame se met à nous fixer, nous invitant au silence d'un geste sévère. « La ferme ou je vous étripe et je fais de vos tendons mes cordes de piano ! » Les duos tournent de façon synchrone lorsque la mélodie s'envole, et nous nous retrouvons partiellement cachés du champ de vision Mmmh... j'aime pas la formulation... « soustraits à la vue » ou « hors du champ de vision » serait peut-être mieux adapté... de notre juge.

- Alors, comment ça se passe pour toi ? Je lui demande.

- Moins mal que ce que je craignais. Whaou. ZE réponse.

- C'est pas très précis, ça, je marmonne avec ennui.

- D'accord, d'accord, il soupire en levant les yeux au ciel. Je m'ennuie pas mal, à vrai dire. Enfin, la plupart du temps. Je ne sais pas jouer aux échecs, alors je m'exerce pour passer le temps. Faut apprendre, mon coco. ;) Je pense que j'aurais fini de lire l'intégralité des livres de la bibliothèque d'ici deux mois environ. D'ailleurs, je ne peux que te conseiller l'Histoire Industrielle Herjafol, qui est vraiment très intéressant, il ajoute en acquiesçant pour lui-même. Par contre, c’est un vieux livre, alors il arrive qu'il soit un peu de mauvaise humeur. Vu comment il en parle, ce n'est pas le premier bouquin que j'irai chercher dans la bibliothèque.

- Je crois que j'ai eu mon compte d'objets capricieux pour toute ma vie. Si il essaie de me mordre les doigts avec ses pages, je le déchire en morceaux et j'en fais des petits oiseaux de papier. Ooh, j'oubliais, les objets sont quasi-vivants... Waaah, j'adore ! Je veux que mes bouquins le soient aussi.

- Oh non, il a un caractère plutôt facile ! M'assure Maugus dans un rire. Il se contente de trembler, et des fois il rechigne un peu à s'ouvrir, mais rien de problématique.

- Tu ne te sens pas un peu seul par ici ?

D'abord étonné par ma question aussi soudaine qu'inattendue, l'incompréhension se dessine petit à petit sur son visage. Je me mords l'intérieur de la joue : je n'ai jamais été très douée pour tenir une conversation normale. C'est plus fort que moi. Mais ma question est légitime. Pourquoi légitime ?

- Je sais que tu es du genre individuel, mais en fait, c'est parce que les autres ne t'aiment pas. Cette violence ! :lol:

- C'est un peu agressif, dit comme ça. Ce que je me disais aussi.

- Peut-être, mais c'est la vérité. Tu joues le bourgeois talentueux et un peu distant du monde, mais c'est surtout parce que les gens ne viennent pas te voir que tu es seul. Il n'y a presque que des Terciers ici. Soit ils ne comprennent pas ce que tu viens faire là vu ton statut, soit ils sont jaloux.

- Comment est-ce que tu me conclues ça ?

- J'écoute ce que les gens disent autour de moi", je lui réponds en haussant les épaules. Ragots-power !

Les notes s'évaporent avec légèreté dans l'air, et nous nous séparons tous avant de nous saluer. Visiblement satisfaite, notre professeure, dont le sourire creuse les rides de son regard, nous salue d'une révérence et nous invite à travailler nos pas d'ici la prochaine séance. Un moment se passe durant lequel les élèves se dirigent d'un pas tranquille vers la sortie. Un moment durant lequel mon cavalier à la longue figure ne pipe mot.

" Je ne me doutais pas que tu étais aussi observatrice.
- Nan, je suis une idiote de première qui veut juste jouer les servantes jusqu'à la fin de ma vie... Sérieux, qu'est-ce qu'il croyait ?

- En fait, j'ai un peu menti. La dernière fois, plusieurs filles sont venues me voir pour me poser des questions sur toi et me demander pourquoi je te parlais. Je me suis rendu compte à ce moment-là que les gens ne te portaient pas dans leur cœur. Aiche. Ça fait mal, quand ême.

- Ca ne te dérange pas ? Enfin, la majorité des gens ne sont… Pas très intelligents. Si ils te voient avec moi, ils vont te cataloguer comme non-fréquentable aussi.

- Et alors ? :lol: Aaah, quelqu'un de rationnel !

Je lève le regard vers lui. Il reste coi, l'air un peu ahuri, sans trouver de réponse à ma question.

- Ce ne sont pas les autres qui vont décider d'à qui je dois parler ou pas. Je ne leur dois rien. C'est un fait.

Maugus reste silencieux tandis que nous remontons ensemble le couloir aux dalles claires, dont le haut plafond réverbère les voix des élèves en pleine conversation. Je crois qu'elle l'a douché, là... ^-^ Je reprends la parole.

- Avec les autres, on se rejoint à la bibliothèque pour travailler les emplois du temps qu’on nous a demandé de faire en service. J'ai pas compris cette phrase... ? Tu veux te joindre à nous ?

- C’est aimable de ta part, mais j’ai moi-même à m’occuper de certaines choses, il décline en me gratifiant d’un drôle de sourire. Je vous retrouverais à un autre moment.

Certaines personnes s’écartent naturellement de son chemin tandis qu’il s’éloigne d’un pas éternellement confiant, quelques mèches de ses cheveux parfaitement coiffés retombant de façon désordonnée sur sa nuque. C'est pas un oxymore, le coiffé/désordonné ?




Jasmine
C'est nouveau, ça ^-^


La bibliothèque, en plus d’être un endroit reposant, est assez peu fréquentée en début de soirée. C’est le lieu idéal pour effectuer le travail qu’on nous a assignés. Les grandes étagères, les tapis épais et les tables rondes, tous en bois massif, dégagent une atmosphère chaleureuse comparable à celle de notre réfectoire, sans les bruits de vaisselle.

« Aaron, tu peux me passer ton anguleur, s’il te plait ? »

Avec un bruit mat, l’ami de Marie me fait glisser un triangle rectangle en bois dont les côtés sont gradués. Un anguleur :lol: Je le remercie, m’en saisis, et trace en deux temps trois mouvements un quadrillage d’emploi du temps aux lignes parfaitement parallèles. Je ne pensais pas que savoir tracer des pages entières de portées pourrait m’être utile un jour. Enfin, mis à part pour composer mes morceaux. Elle est musicienne ?



La sensation du bois froid sur mon menton. L’immobilité quasi-parfaite de l’instrument contre moi, l’immobilité fraiche de l’air dans la pièce silencieuse. Une paire d’yeux myosotis, sages, fatigués, aux contours ridés par le temps, m’observe sans perdre une miette de mes moindres mouvements.

« Il a bien vieilli, papi. Le bois a travaillé sous le vernis.

- C’est bon signe. Cela veut dire qu’il prend petit à petit son identité. Essaie d’y jouer un peu, pour voir. »

Ça n’arrive pas souvent, mais aujourd’hui, grand-père m’a demandé de tester un des violons qu’il a fabriqués. Cela fait dix ans qu’il repose dans le petit cabanon, au sec et à l’air frais. C’est le temps qu’il faut pour laisser vieillir le bois et l’ajuster. On sent parler la spécialiste ! (ou alors la fille qui a fait ses recherches[ :mrgreen: )/color] Comme c’est mon anniversaire, il m’a proposé d’en essayer un. Depuis le temps que je rêvais de faire ça !

Avec une concentration extrême et sous le regard protecteur de mon grand-père, je fais glisser l’archet sur les crins avec délicatesse. Un do, puis un ré, tous deux résonnant avec pureté dans le vieil atelier poussiéreux. Je teste chaque note, chaque variation, puis exécute de tête une courte mélodie que j’ai entendue la semaine dernière, sur la place du marché. Lorsque les derniers sons s’éteignent, les yeux de mon grand-père brillent.

« En ce qui me concerne, je trouve qu’il possède un son extraordinaire. Qu’as-tu entendu ?

- Il y a quelques variations qui manquent de densité, je lui réponds en plaçant mes doigts sur les accords concernés afin de lui montrer. Elles sonnent un peu… Creux. Mais ça n’a pas l’air de venir des cordes. Spé musique ? :lol:

- Alors ça vient de la caisse ou du fond. Elle a dû se déformer un peu. Donne-moi ça, petite assistante » il me taquine, ce qui me fait rire.

Mon papi fabrique des instruments de musique depuis toujours. Avant, il en faisait plusieurs : violoncelles, violons, harpes, et parfois des pianos. Mais en vieillissant, il a uniquement continué à faire des violons. C’est son instrument préféré. Il a beaucoup travaillé pour les nobles, et même maintenant, on lui commande encore des instruments. Une belle retraite, quoi...

« Heureusement que tu es là, ma petite Jasmine, il grommelle en démembrant prudemment ledit violon sur son grand atelier au rangement anarchique. Avec mes vieilles oreilles, je n’entends plus aussi bien qu’avant… »

Mon grand-père est en train de devenir sourd. C’est toujours un magicien quand il s’agit de fabriquer des instruments, mais il n’a plus l’oreille pour les évaluer. Depuis toute petite, j’ai appris à le remplacer pour cette partie du travail. Je l’écoute jouer, je lui indique ce qui manque, et aussitôt, il enfile son gros monocle, se saisit de ses instruments -qui ressemblent beaucoup à des spatules de cuisine-, puis se met au travail. J'adore ce type. :)

Quand il commence, il ne s’arrête jamais avant plusieurs heures : il veut que tout soit parfait, et le fait que j’aie seize ans aujourd’hui n’y changera pas grand-chose. Je file prendre notre grand panier tissé : il repose sagement dans l’entrée, où des bouquets de plantes accrochés au plafond sèchent sous les rayons de soleil qui filtrent à travers une haute fenêtre. Les économies gardées pour le marché sont cachées derrière une pile de bois qui semble ne jamais s’amenuiser, même au cœur de l’hiver, lorsque l’âtre chauffe la maison jour et nuit.

« Je vais chercher des épices, papy ! Tiens, question, elle n'a grandi qu'avec son grand-père, pas avec ses parents ?

- N’oublie pas de rembourser le boucher pour la dernière côtelette ! Ah, et peux-tu passer par le haras en revenant, s’il te plait ? On a besoin de crin, et de fumier pour le potager !

Je lui réponds par l’affirmative, mais avant de poser un pied dehors, sa voix m’interpelle de nouveau.

- Il y a quelques pièces dans le grand tiroir du secrétaire, si tu veux. Il paraît que la Caravane à Confiseries passe par la ville aujourd’hui… » Aww, grand-père-poule !




« Je ne sais pas trop, je l’ai agencé comme ça… J’ai fait en sorte d’avoir à me charger des produits frais le plus tard possible, pour éviter au maximum qu’ils tournent avec la chaleur.

- Malin.

- Tu n’as encore rien écrit ?

La voix, que j’identifie comme étant celle d’Aaron, me tire de mes pensées. Je ne sais pas quand est-ce que j’ai commencé à divaguer, mais il s’est passé suffisamment de temps pour que Cynthia nous rejoigne et que la table d’organisation que remplit Dimitri soit déjà bien avancée. Aaah... j'ai capté ce qu'ils font !

- Si, mais j’en ai fait trois, informe mon amie aux yeux vairons Aaron, qui écarquille les yeux. Organisatrice de l'extrême :lol: Je ne sais pas vraiment comment elle veut qu’on optimise notre temps de préparation, donc j’ai fait plusieurs combinaisons. Une en fonction de la fraîcheur des aliments, comme toi, une en fonction des plats… Mais j’ai essayé en fonction des temps de cuisson aussi, parce que ça ne sert à rien de faire un service si au final le dessert met une demi-heure à arriver… Pas faux. Y'aurait pas un moyen de combiner les trois pour n'en faire qu'un seul, logique et cohérent ?

En cours de service, on nous fait apprendre les techniques de base de manipulation des ustensiles, mais on cuisine aussi. Le regard acéré de cette vieille pie désagréable qu’est notre professeure ne loupe aucun de nos écarts. La prochaine fois, nous avons un repas complet à préparer : elle nous a donc demandé de faire ce qu’elle appelle des « plannings de service » afin d’évaluer notre façon de nous organiser et comment nous gérons nos priorités. Depuis le petit incident dont elle nous a parlé Quel incident ? Les tasses de thé ?, Cynthia est un peu sur la sellette. Du coup, elle met les bouchées doubles.

En examinant son travail, Aaron émet un sifflement admiratif et Dimitri lève la tête de son ouvrage, haussant un sourcil. Je me redresse afin de jeter un œil au travail de mon amie. Elle n’est peut-être pas aussi carrée que Dimitri, avec sa maladresse et son air un peu rêveur, mais dès qu’elle se met à réfléchir elle n’a plus rien à lui envier.

- Tu es indécise, l’apostrophe le grand camarade de chambre d’Aaron. Je trouve que c’est très bien ordonné, mais il va falloir faire un choix. Si j’étais toi, il conclut avec son éternel air impassible, je prendrais celui en fonction du temps de préparation. La voix de la raison.

- Ne sois pas insipide comme ça, lui fait remarquer Marie, occupée à réfléchir à un code couleur. Elle est dans une position délicate. Quelques encouragements n’ont jamais tué personne.

- C’est moi qui suis insipide maintenant ? lui répond Dimitri en fixant un regard empreint d’ironie sur elle. Je ne savais pas que les remarques acerbes, c’était mon truc. :lol: Violence !

- Moi au moins, j’exprime des émotions, elle soupire. Je ne te savais pas susceptible sur ce point-là. Ouch ! Mais c'est quoi ce monde où ils s'envoient des tartes toutes les dix secondes !

- On peut parler de susceptibilité si tu veux, tu vas perdre, il lui rétorque d’un air mi ennuyé mi amusé. :lol: Ce blasé !

- Dimitri, fais attention avec ma sœur, l’avertit Aaron. Tu n’as pas envie d’essayer, je t’assure. Sœur ? Du coup, Aaron est l'ami de Marie, ou son frère ?

Tandis que le blond aux larges épaules s’absorbe dans une longue tirade vantant sa patience, sa gentillesse et la cruauté de Marie, je coule un regard vers Cynthia, qui semble complètement imperméable à ce qu’il se passe autour d’elle. Avant de la laisser rédiger une dernière note, je lui tends le crayon de couleur qu’il lui manque et lui offre le sourire le plus rassurant que je sache faire.

« Ne t’inquiète pas. Cette vieille peau ne t’apprécie peut-être pas, mais elle n’a ni les raisons ni le droit de t’exclure sans motif. Et puis de toute façon, personne ne l’aime.

Elle se saisit du crayon que le lui offre, serrant ma main dans la sienne au passage.

- Merci. Je vais être irréprochable. Même si sa tête me donne plus envie de lui balancer la vaisselle à la figure qu’autre chose. :lol: J'adore les répliques de Cynthia

Sa remarque me fait sourire. Je baisse le regard vers les feuilles qu’elle a utilisées.

- Je pense que Dimitri a raison. Tu devrais prendre celle-là.

- C’est ce que je vais faire. Merci. Jolie fin ^-^
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :GoldAngels,

Je vais faire pareil xD
GoldAngels a écrit :
Xhantia a écrit :
Partie 10




Cynthia



:arrow: C'est drôle, je n'ai vraiment pas l'impression d'être dans un école de valet, mais plus, tu sais, comme des précepteurs de prince ou se genre de connerie ^^
C'est marrant, je pense exactement la même chose :) en fait, les Premiers sont des fainéants, donc la "formation", si l'on peut dire, est très généraliste. C'est-à-dire qu'avec ce même bagage assez conséquent, la moitié ne sera pas utile en fonction de chaque personne. On peut finir jardinier, aux cuisines, mais aussi domestique personnel ; et lorsqu'on monte en grade, aller plus haut encore (professeurs particuliers, gouvernants, membres d'un petit conseil de stratégie, Majordome, etc etc...). Aah, d'accord :) ! Ça fait sens, et j'avoue que l'idée me plaît,
ça ouvre de nouvelles possibilités ^^



:arrow: À ce point là ? ^^ Qu'il n'ait pas envie de se retrouver à danser, je comprends absolument, mais qu'il n'ait pas envie de se retrouver avec cette fille en en particulier, ça m'échappe ^^'
L'aversion a ses raisons que la raison ne connait point... Il faudra que je leur demande, parce que moi-même j'en ai aucune idée '-' :arrow: Hahaha :lol: O.K, argument tout à fait valable :lol: Plus sérieusement, ça fait quand même un peu bizarre. À la rigueur, tu pourrais justifier ça en laissant entendre par exemple que c'est l’énième remarque de ce genre qu'elle prend, tu vois ?

"Allez-y, pirouette :arrow: cacahuète ^^
TU N'AS JAMAIS FAIT CETTE BLAGUE. :arrow: Bis repetita... Je me souvenais même pas l'avoir déjà faite en plus, en toute bonne foi x) Mais m'en fous, ça me fait rire quand même :p

:arrow: Alors en fait, ledit cavalier, on l'a déjà vu, tu e précises juste après, c'est Maugus. Or, il se trouve que Maugus, on l'a déjà rencontré,
notamment pour les duels. Et quand tu fais de l'escrime, tu te trouves suffisamment près e ton adversaire pour juger sa taille, tu vois ce que je veux dire ?

C'est vrai! Je voulais dire que cet effet est du au fait qu'elle ne l'a pas croisé depuis un moment après cette petite séance, du coup elle est un peu étonnée... Je vais y travailler! :arrow: Je pense qu'il va falloir mettre au clair ta temporalité : des fois, on a l'impression que les événements s'enchaînent, alors que tu as fait des sauts temporels, et d'autres fois, c'est l'inverse, on croit que tu as fait des ellipse alors que visiblement, les faits se sont suivis, tu vois ce que je veux dire ? Ici tu vois, le fait qu'ils ne se soient pas vus pendant un temps suffisamment long pour que Cynthia oublie jusqu'à la taille de Maugus (qui n'est visiblement pas anodine) n'était vraiment pas évident, d'autant que tu laisses entendre dans les chapitres précédents sinon qu'ils se sont côtoyés (escrime, discussion sur le banc, repas...), du moins qu'ils se sont vus (cours, bibliothèque...). Et inversement, je te renvoie au commentaire que je t'avais fait sur le fait que Maugus se sentait comme un poisson dans l'eau dans cette nouvelle école, et auquel tu m'avais répondu que tu avais sauté plusieurs jours, voire quelques semaines... ^^'


- D'accord, d'accord, il soupire en levant les yeux au ciel. Je m'ennuie pas mal :arrow: Du coup, si ça se passe moins mal que ce que tu craignais, à quoi t'attendais tu vraiment ^^"
Tu aimerais le savoir? :) :) :) :arrow: Ohouiohouiohouiohoui !!!!


" Je ne me doutais pas que tu étais aussi observatrice. :arrow: En général, ça se voit, ce genre de chose ^^
On va mettre ça sur le fait qu'ils se sont croisés une fois et ne se sont pas vus depuis, du coup x) :arrow: cf ce que je viens de dire :lol: Et "ce genre de choses" désignait ici le fait qu'il soit seul et que les autres l'évitent (mais c'est valide aussi pour sa taille x) )


Jasmine



« Aaron, tu peux me passer ton anguleur :arrow: Ça ne s'appelle pas une équerre, ce genre de chose ?
:lol:
, s’il te plait ? »
Je vois pas de quoi tu parles c: #elles'amusesurlesmotsparcequec'estmarrantd'inventerlol :arrow: M. Carroll, sortez de ce corps !! Tout de suite !! Vous allez manquer votre lapin blanc :lol:


En effet, c'est vraiment pourri comme tournure de phrase, mon dieu :lol: :lol: Non, en effet, c'est Aaron et Cynthia qui parlent ; en fait, j'ai voulu éviter de dire qui parlait au départ pour "illustrer" le retour à la réalité de Jasmine un peu, mais ça porte plus à confusion qu'autre chose, alors je vais changer.

Et pour le "au final", c'est juste un horrible tic de ma part, je fais des efforts mais je ne le vois même paaaaas D:
:arrow: J'avais compris ce que tu voulais faire, et l'idée était bonne ^^ Mais tu t'y es un peu mal prise ^^ Tu avais le fond, mais pas la forme :D Tu pourrais y remédier juste en mettant un petit surnom genre : "Tu n'as encore rien écrit Cyn' ?" L'avantage du diminutif, c'est d'une part que ça reste cohérent au sens où ça vient de la bouche d'Aaron (c'est quelque chose qu'il pourrait dire, tu vois, plus que Dimitri par exemple), et d'autre part, ça t'éviterait ce genre de tournure phrase alambiquées et plus que douteuses x)


C'est bien de la dame qui a viré Cynthia qu'on parle, pas de panique! Et je n'ai d'ailleurs jamais spécifié qu'ils étaient tous dans le même cours à ce moment-là ;) :arrow: Au temps pour moi, effectivement, tu ne l'avais pas dit... Mais tu n'avais pas dit non plus qu'ils n'allaient pas tous aux même cours :p

- Dimitri, fais attention avec ma sœur :arrow: Wait, what :shock: :shock: :shock: ?!? Est-ce un surnom affectif ou partagent-ils vraiment des liens de parenté ? Dans ces 9 précédents chapitres, tu ne donnes pas l'impression qu'ils sont frangins, mais si c'était l'effet recherché, bravo, c'est du génie :D !! Ceci dit, il me semble avoir lu qu'ils étaient des amis d'enfance (ou alors je suis un sac, j'ai lu de travers ^^)
Alors, on peut dire qu'ils sont frères et sœurs, en effet. Je n'ai par contre jamais spécifié qu'ils étaient amis d'enfance, seulement qu'ils avaient grandi ensemble ;) Et oui, je n'aime pas distribuer toutes les informations dès le départ, alors je me suis dit que le distiller comme ça était plus intéressant ^^ :arrow: Comment ça "on peut dire" ? Mon Dieu, le tu viens de pulvériser les limites du champ des possibles et de l'agrandir considérablement... mais du même coup, tu tues la romance que je n'aurais pas été surpris de voir :lol: En tout cas, bien joué, vraiment ! Cette petite bombe était justement placée, et elle a de bons effets, vraiment !!

Tandis que le blond aux larges épaules :arrow: ... nocomment... s’absorbe dans une longue tirade vantant :arrow: Ça ne ressemble pas à l'image que j'ai du perso, mais il me semble que tu m'as déjà éclairé sur ce point... :?
La j'ai du mal à comprendre: tu penses que c'est Dimitri qui parle? :lol: je doute que ce soit le cas, mais on ne sait jamais :) et si tu avais bien vu, ton incompréhension m'étonne, parce qu'Aaron a toujours été comme ça x) :arrow: Tu m'offres sur un plateau d'or l'opportunité de te tacler un peu :twisted: : tu vois ce qui arrive quand on désigne les personnages par leurs seules caractéristiques physiques, les lecteurs finissent par s'y perdre et faire des mélange douteux x) Je n'avais effectivement pas le souvenir que Dimitri fût blond, mais je n'avais pas non plus l'information qu'Aaron avait de larges épaules x) Et comme c'est de Dimitri dont il est question, la connection était logique :p
Et voilà on lance un nouveau concept, c'est le CommentarInception :lol:
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

GoldAngels, le concept a déjà été inventé ^-^
Mais il est limité par BookNode à quatre commentaires emboîtés, je crois... :lol:
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

vampiredelivres a écrit :
Xhantia a écrit :
Partie 10




Cynthia


"Vous, là, mademoiselle, vous dansez comme un manchot, rapprochez-vous de votre partenaire, il n'a pas la gale à ce que je sache ! Vous n'arriverez à rien si vous vous obstinez à vous tenir comme cela !" :lol: Bonne humeur et sympathie, donc...
Au fond c'est une gentille vieille femme, elle ne mâche juste pas ses mots... :lol:

Remarquant qu'une fois de plus mon esprit est ailleurs, Maugus émet un petit sifflement pour m'extirper de mes pensées. Là, ce n'est peut-être que moi, mais tu m'as perturbée. Parce que tu nous le présentes d'abord comme un inconnu, et ensuite... paf, en fait, on le connaît. Remarque, si Cynthia est rêveuse, elle peut d'abord penser à lui comme un cavalier quelconque, et ensuite comme Maugus lui-même mais... bref, j'ai trouvé la forme bizarre. Je sais pas si je suis compréhensible... :? D'un mouvement discret et habile, il m'empêche de lui écraser le pied et de me vautrer par terre par la même occasion. Mais c'est que c'est un pur gentleman, ce type ! :lol:
J'ai compris ta confusion ;) en effet, comme elle sort de sa rêverie (et pour le suspense) je voulais qu'elle n'associe pas directement son cavalier à Maugus. Mais si c'est trop flou, je vais changer!

- D'accord, d'accord, il soupire en levant les yeux au ciel. Je m'ennuie pas mal, à vrai dire. Enfin, la plupart du temps. Je ne sais pas jouer aux échecs, alors je m'exerce pour passer le temps. Faut apprendre, mon coco. ;) Je pense que j'aurais fini de lire l'intégralité des livres de la bibliothèque d'ici deux mois environ. D'ailleurs, je ne peux que te conseiller l'Histoire Industrielle Herjafol, qui est vraiment très intéressant, il ajoute en acquiesçant pour lui-même. Par contre, c’est un vieux livre, alors il arrive qu'il soit un peu de mauvaise humeur. Vu comment il en parle, ce n'est pas le premier bouquin que j'irai chercher dans la bibliothèque.
Et encore, ce livre est juste vieux, il y en a avec des caractères de chien... :lol:

- Avec les autres, on se rejoint à la bibliothèque pour travailler les emplois du temps qu’on nous a demandé de faire en service. J'ai pas compris cette phrase... ? Tu veux te joindre à nous ?
C'est vrai que comme le développement ne vient qu'après, ça porte à confusion...

Certaines personnes s’écartent naturellement de son chemin tandis qu’il s’éloigne d’un pas éternellement confiant, quelques mèches de ses cheveux parfaitement coiffés retombant de façon désordonnée sur sa nuque. C'est pas un oxymore, le coiffé/désordonné ?
J'ai pas fait attention mais si, en effet x)



Jasmine
C'est nouveau, ça ^-^

On va passer par tous les points de vue ;)

Avec un bruit mat, l’ami de Marie me fait glisser un triangle rectangle en bois dont les côtés sont gradués. Un anguleur :lol: Je le remercie, m’en saisis, et trace en deux temps trois mouvements un quadrillage d’emploi du temps aux lignes parfaitement parallèles. Je ne pensais pas que savoir tracer des pages entières de portées pourrait m’être utile un jour. Enfin, mis à part pour composer mes morceaux. Elle est musicienne ?
En quelque sorte... On va dire "tombée dans la marmite étant petite, avec certaines prédispositions en plus" ;)



La sensation du bois froid sur mon menton. L’immobilité quasi-parfaite de l’instrument contre moi, l’immobilité fraiche de l’air dans la pièce silencieuse. Une paire d’yeux myosotis, sages, fatigués, aux contours ridés par le temps, m’observe sans perdre une miette de mes moindres mouvements.

« Il a bien vieilli, papi. Le bois a travaillé sous le vernis.

- C’est bon signe. Cela veut dire qu’il prend petit à petit son identité. Essaie d’y jouer un peu, pour voir. »

Ça n’arrive pas souvent, mais aujourd’hui, grand-père m’a demandé de tester un des violons qu’il a fabriqués. Cela fait dix ans qu’il repose dans le petit cabanon, au sec et à l’air frais. C’est le temps qu’il faut pour laisser vieillir le bois et l’ajuster. On sent parler la spécialiste ! (ou alors la fille qui a fait ses recherches[ :mrgreen: )/color] Comme c’est mon anniversaire, il m’a proposé d’en essayer un. Depuis le temps que je rêvais de faire ça !
Haha, en fait j'avais regardé des documentaires sur ça il y a un moment, du coup ça m'a bien aidée :D je trouve le travail des instruments fascinant!

Avec une concentration extrême et sous le regard protecteur de mon grand-père, je fais glisser l’archet sur les crins avec délicatesse. Un do, puis un ré, tous deux résonnant avec pureté dans le vieil atelier poussiéreux. Je teste chaque note, chaque variation, puis exécute de tête une courte mélodie que j’ai entendue la semaine dernière, sur la place du marché. Lorsque les derniers sons s’éteignent, les yeux de mon grand-père brillent.

« En ce qui me concerne, je trouve qu’il possède un son extraordinaire. Qu’as-tu entendu ?

- Il y a quelques variations qui manquent de densité, je lui réponds en plaçant mes doigts sur les accords concernés afin de lui montrer. Elles sonnent un peu… Creux. Mais ça n’a pas l’air de venir des cordes. Spé musique ? :lol:

- Alors ça vient de la caisse ou du fond. Elle a dû se déformer un peu. Donne-moi ça, petite assistante » il me taquine, ce qui me fait rire.

Mon papi fabrique des instruments de musique depuis toujours. Avant, il en faisait plusieurs : violoncelles, violons, harpes, et parfois des pianos. Mais en vieillissant, il a uniquement continué à faire des violons. C’est son instrument préféré. Il a beaucoup travaillé pour les nobles, et même maintenant, on lui commande encore des instruments. Une belle retraite, quoi...

« Heureusement que tu es là, ma petite Jasmine, il grommelle en démembrant prudemment ledit violon sur son grand atelier au rangement anarchique. Avec mes vieilles oreilles, je n’entends plus aussi bien qu’avant… »

Mon grand-père est en train de devenir sourd. C’est toujours un magicien quand il s’agit de fabriquer des instruments, mais il n’a plus l’oreille pour les évaluer. Depuis toute petite, j’ai appris à le remplacer pour cette partie du travail. Je l’écoute jouer, je lui indique ce qui manque, et aussitôt, il enfile son gros monocle, se saisit de ses instruments -qui ressemblent beaucoup à des spatules de cuisine-, puis se met au travail. J'adore ce type. :)

Quand il commence, il ne s’arrête jamais avant plusieurs heures : il veut que tout soit parfait, et le fait que j’aie seize ans aujourd’hui n’y changera pas grand-chose. Je file prendre notre grand panier tissé : il repose sagement dans l’entrée, où des bouquets de plantes accrochés au plafond sèchent sous les rayons de soleil qui filtrent à travers une haute fenêtre. Les économies gardées pour le marché sont cachées derrière une pile de bois qui semble ne jamais s’amenuiser, même au cœur de l’hiver, lorsque l’âtre chauffe la maison jour et nuit.

« Je vais chercher des épices, papy ! Tiens, question, elle n'a grandi qu'avec son grand-père, pas avec ses parents ?
En effet, c'est la bonne réponse Jean-Pierre! (pardon) Mais je ne peux pas en dire plus ;)

- N’oublie pas de rembourser le boucher pour la dernière côtelette ! Ah, et peux-tu passer par le haras en revenant, s’il te plait ? On a besoin de crin, et de fumier pour le potager !

Je lui réponds par l’affirmative, mais avant de poser un pied dehors, sa voix m’interpelle de nouveau.

- Il y a quelques pièces dans le grand tiroir du secrétaire, si tu veux. Il paraît que la Caravane à Confiseries passe par la ville aujourd’hui… » Aww, grand-père-poule !


- Si, mais j’en ai fait trois, informe mon amie aux yeux vairons Aaron, qui écarquille les yeux. Organisatrice de l'extrême :lol: Je ne sais pas vraiment comment elle veut qu’on optimise notre temps de préparation, donc j’ai fait plusieurs combinaisons. Une en fonction de la fraîcheur des aliments, comme toi, une en fonction des plats… Mais j’ai essayé en fonction des temps de cuisson aussi, parce que ça ne sert à rien de faire un service si au final le dessert met une demi-heure à arriver… Pas faux. Y'aurait pas un moyen de combiner les trois pour n'en faire qu'un seul, logique et cohérent ?
C'est clairement possible, en fait. Je me suis dit que pour leurs débuts, ce serait pas trop mal de les faire galérer un peu, quand même x)

En cours de service, on nous fait apprendre les techniques de base de manipulation des ustensiles, mais on cuisine aussi. Le regard acéré de cette vieille pie désagréable qu’est notre professeure ne loupe aucun de nos écarts. La prochaine fois, nous avons un repas complet à préparer : elle nous a donc demandé de faire ce qu’elle appelle des « plannings de service » afin d’évaluer notre façon de nous organiser et comment nous gérons nos priorités. Depuis le petit incident dont elle nous a parlé Quel incident ? Les tasses de thé ?, Cynthia est un peu sur la sellette. Du coup, elle met les bouchées doubles.
Oui, les tasses de thé ;) comme cette remarque est revenue plusieurs fois, je vais préciser tout ça ^^'

- Moi au moins, j’exprime des émotions, elle soupire. Je ne te savais pas susceptible sur ce point-là. Ouch ! Mais c'est quoi ce monde où ils s'envoient des tartes toutes les dix secondes !
Au fond, ils s'aiment bien... Enfin, je leur ai pas demandé, mais oui, ils s'aiment bien :)

- Dimitri, fais attention avec ma sœur, l’avertit Aaron. Tu n’as pas envie d’essayer, je t’assure. Sœur ? Du coup, Aaron est l'ami de Marie, ou son frère ?
Pour le moment, on va dire qu'ils sont frère et soeur, en effet... ;)
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bonjour bonjour chers amis!
Nous nous retrouvons en vacances, pour ce qu'on peut appeler... Un très court chapitre déroutant. Ou un Méandre. C'est comme vous voulez. Dans tous les cas, il risque de vous laisser perplexe. Je pense.
Me tapez pas, promis un jour vous aurez des réponses D:




Méandre



Encore un hiver, encore une année, encore des vautours. Parler, parler, débattre, débattre, signer, signer. Intimider, négocier, agoniser.
C’est ma foi fort divertissant. C’est extrêmement comique. Je crois que même devant Théodore, j’aurais du mal à me retenir de lui rire au nez. Remarque, cet homme n’aurait pas le cran de se vexer si je le faisais vraiment. Ils sont tout-puissants, mais ils se dégonflent. Ils savent quel est leur véritable ennemi.
Pour une fois qu’ils n’ont pas à se craindre eux-mêmes.
Qu’est-ce donc que cela, déjà ? Ah, oui... Le projet de loi. Il ne nous arrange pas, mais c’est ce qu’il faut pour apaiser les tensions. C’est ce qu’il faut pour la diplomatie. Il faudra que je demande comment vivent tous ces gens, en bas… Est-ce qu’ils supportent la lumière, eux ? Est-ce qu’ils s’intéressent aux Premiers ? Ou bien est-ce qu’ils suivent aveuglément ce qu’on leur dit en se souciant uniquement de leurs misérables petites vies ?
Je pense qu’ils ne sont pas intéressés. Les gens ont besoin d’être menés. C’est dans leur nature.
Et nous sommes là pour en faire notre affaire.
Combien de temps cela fait-il, au juste… ? Soixante mille jours ? Une minute ? Une éternité ? J’ai l’impression d’avoir vécu un peu trop longtemps. Plus rien n’éveille d’émotions en moi. Je sais tout. Je connais tout. Il n’existe rien que je n’ai encore jamais vu.
Il serait peut-être temps pour moi de passer à autre chose.
Il serait peut-être temps pour moi de mourir.
Je dois me pencher sur la question.
Ysaya

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Ysaya »

Salut! Hummm.... C'est en effet déroutant mais intéressant, j' espère que les explications arriveront vite! (je sais, ce commentaire est vraiment très constructif :D ) A la prochaine!
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Ysaya a écrit :Salut! Hummm.... C'est en effet déroutant mais intéressant, j' espère que les explications arriveront vite! (je sais, ce commentaire est vraiment très constructif :D ) A la prochaine!
Haha, en toute honnêteté je crois qu'il va falloir attendre un moment avant les explications :lol: Et ne t'inquiètes pas, l'important c'est ton commentaire :p
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bonjour à vous tous!
Il fait beau, il fait chaud, l'été bat son plein, tout le monde (ou presque) est en vacances... Et je suis toujours là, fidèle au poste!
Je poste ce chapitre rapidement après le Méandre, parce que je me suis dit que c'était quand même assez injuste de balancer ça, et puis plus rien derrière... :lol:
J'espère que vous passez de bonnes vacances et, comme d'habitude, je vous souhaite une bonne lecture!



Partie 11



Cynthia


Assise sur l’un des grands canapés de la bibliothèque, un livre dans les mains, je parcours la couverture du regard et du pouce. Sa texture rugueuse et douce est caractéristique des vieux ouvrages, comme ceux que l’on s’amusait à apprendre par cœur avec mon frère, il y a longtemps de cela.

J’ai décidé de suivre le conseil de Maugus et, dès que j’ai eu le temps, j’ai été emprunter L’Histoire Industrielle Herjafol à la bibliothèque. J’ai mis quatre jours avant d’apprivoiser ce ramassis de papier grincheux et peureux. Comme sa reliure s’effrite, il panique dès qu’on tente de l’ouvrir. J’ai réussi à gagner sa confiance en convainquant le bibliothécaire de l’académie de s’occuper un peu de son état.

Les premières pages, richement illustrées, présentent différents prototypes de machines, premières tentatives de mécanisation du travail sur notre Continent. Le Prévoyer Herjafol est connu pour son avance technologique : les Continentaux de là-bas sont des pionniers en matière de machinerie et d’armement. Les affiliations magiques des Seconds minimisent beaucoup l’utilité de ces prototypes, car ils peuvent pratiquement tout faire eux-mêmes. Mais l’aide qu’ils apportent aux Terciers et à certains métiers a participé à leur démocratisation sur le Continent.

« Eh ! On t’a cherchée partout ! »

A peine ai-je commencé à tourner les pages que la poigne large et ferme d’Aaron se referme sur mon épaule, me faisant sursauter. Le manuscrit, mort de peur, claque brusquement sur mes doigts et les écrase entre les pages jaunies.

« Aaaah, aie, ça fait mal, lâche moi ! »

Aaron, se rendant compte de son erreur, relâche son emprise sur moi et plaque la main sur sa bouche pour retenir un fou rire. Jasmine devait être avec lui, car elle arrive très vite après. Lorsqu’elle voit le livre me manger littéralement les doigts, elle écarquille les yeux et s’empresse de venir m’aider. Après quelques paroles apaisantes et de gentilles caresses, celui-ci finit par laisser ma main libre. Il se referme définitivement ; il a eu son compte pour la journée. Et mes doigts aussi.

« C’est que ça pince fort, un livre, je grogne en faisant jouer mes phalanges endolories.

Aaron, lui, ne s’est toujours pas remis de ses émotions : assis contre le canapé, il est recroquevillé sur lui-même, son fou-rire le secouant de spasmes. Jasmine, mécontente de sa réaction, croise les bras et le fusille du regard.

- T’as pas honte ? T’imagines si elle s’était coincé les doigts dans quelque chose de tranchant, est-ce que tu rirais ?

- Rooooooh, allez ma grande, on se détend, hahaha, c’est pas bien grave ça…

Voyant que Jasmine ne décolère pas, il se relève afin de se redonner un peu de contenance. Mais la demoiselle aux yeux mauves est aussi grande que lui ; difficile d’échapper à son regard mécontent, qui le transperce de part en part, et au rictus qui déforme ses lèvres pâles. Tant bien que mal, il reprend sa respiration, sans cesser de sourire.

- Woah, désolée Cynthia, c’était pas méchant promis, mais c’était tellement drôle à voir… Je voulais pas… Hahaha !

Un peu vexée par sa réaction, mais également contaminée par son rire, je ne réussis pas à faire percer l’agacement dans ma voix lorsque je lui réponds.

- Qu’est-ce que tu me voulais ?

C’est comme si je l’avais brusquement ramené à la réalité. Il esquisse un grand mouvement de la main, montrant qu’il se souvient subitement de la raison de sa venue. Pris d’une quinte de toux, il met quelques temps avant de répondre. Tandis qu’il reprend une énième fois sa respiration, Jasmine décide de répondre à sa place.

- On est venus parce qu’en sortant de notre cours de danse, on a vu que l’entrée était pleine à craquer. On a eu du mal à se frayer un chemin.

- Je crois que la dernière édition de La Continentale est arrivée dans la matinée, ajoute notre camarade en fronçant ses sourcils broussailleux. Une lueur préoccupée, comme une comète traversant le ciel d’une nuit d’été, s’allume dans son regard.

- Et en quoi c’est important ? Tout le monde veut toujours lire le journal, je leur fais remarquer.

- Oui, mais cette fois, ce n’est pas pareil que d’habitude, complète Jasmine. On a demandé à Marie et Dimitri de prendre plusieurs exemplaires pendant qu’on allait te chercher.

- On a croisé l’autre prof là, dans le corridor, ajoute Aaron. Géffro, Geoffrey… Geoffroy, c’est ça ? Il discutait avec une autre bonne femme. Eh bah je peux te dire qu’ils faisaient une drôle de tête.

Si même cet homme semble troublé….

Jasmine me lance un regard inquiet en se tordant les mains. Lorsqu’elle est angoissée, il est difficile de lui changer les idées.

- Quoique ce soit, ce n’est pas bon. On est venus te chercher pour que tu sois au courant. Ils doivent nous attendre.
- Très bien, laissez-moi juste reposer, euh… Ça, je complète en leur désignant le fameux livre, et j’arrive. »



La Continentale est le journal le plus connu et le plus vendu parmi nos Prévoyers. En fait, ses imprimeries sont aussi célèbres que l’ouvrage en lui-même. Et il y a de quoi être fier : ce sont des Terciers qui ont débuté, avec pour seul matériel leur détermination et de vieilles imprimantes manuelles bricolées de rien. Depuis leur petit village des terres d’Hafferyn jusqu’aux plus hauts dignitaires du Palais Militaire, l’ascension de leur journal a été aussi fulgurante que méritée. De mémoire, c’est l’une des seules entreprises de Terciers qui emploie des Seconds.

Ils livrent leur journal absolument partout et en un temps record. Mes parents payaient le numéro au Lettrier à chaque fois lorsqu’il passait déposer les avis locaux.

Je ne suis donc pas étonnée de voir que, comme chaque semaine, le hall d’entrée se remplit considérablement lorsqu’une diligence vient apporter son lot de paperasse imprimée. Avec les miroirs incrustés dans les murs, on pourrait croire qu’il y a plus du double d’élèves présents dans la salle, et le triple de papier qui vole de main en main. Combiné aux bruits de bavardage et de froissements, cela me donne un peu le tournis.

En règle générale, une grande partie du personnel vient chercher le journal parmi les élèves : cuisiniers, intendants et professeurs discutent entre eux en découvrant les dernières nouvelles. Notre professeure de danse, ainsi que Geoffrey, mettent toujours un point d’honneur à se mélanger aux élèves et à discuter des actualités avec eux. C’est la cinquième fois que nous recevons le journal, et ils ont toujours eu un mot pour nous.

Ce matin, non-seulement ils sont absents, mais la plupart des gens partent s’isoler seuls ou en groupe, un air sombre sur le visage, pour lire.

Nous apercevons la grande et maigre silhouette de Dimitri nous faire signe au milieu de la foule. Peu après, il nous rejoint, suivi par Marie qui profite de sa taille pour se faufiler à sa suite. Nous nous éloignons ensuite du hall d’entrée, à la recherche d’un endroit plus calme pour lire les nouvelles de la semaine.

« On a eu du mal à les récupérer, commente Marie lorsque Dimitri nous distribue les exemplaires qu’ils ont pioché. Les gens étaient tellement amassés, c’était étouffant. S’ils se décollent pas de là d’ici une heure, ça va devenir une espèce de grosse bouillabaisse.

- Toujours aussi délicate, ma sœur adorée, commente Aaron en dépliant son journal d’un air théâtral.

- Tu peux parler.

- Je pense que Marie a raison sur ce point-là » tranche Dimitri, qui garde un air impassible. Ses yeux, telles deux émeraudes sombres et brutes, se troublent au fur et à mesure de sa lecture.

La Continentale est réputée pour son actualité politique précise et ses gros titres percutants. Lorsque je le lis, j’ai l’impression que l’on verse un pichet d’eau glacée dans mon estomac.



Mort d’Assar Hamilcar : Le fils ainé du Temps terrassé par son destin

C’est durant le second après-midi des Convergences Décennales qu’Assar, fils ainé d’Auguste et de Maïa, a été retrouvé agonisant au pied d’un des immenses escaliers de la demeure Eristène. Malgré l’intervention rapide d’une équipe d’Herboristes et la venue exceptionnelle d’un chirurgien, le jeune homme n’a pu être sauvé et est décédé dans l’heure suivante.

Cet accident, aussi tragique qu’inconcevable, marque d’un fer sombre le début des Grands Comptes Prévoyaux, où les dirigeants au complet discutent de l’avenir économique de nos belles terres. Cette Convergence était le premier évènement officiel durant lequel le fils Hamilcar présidait les assemblées. Il faut désormais composer avec une place vacante, sans doute prise en main par son père Auguste, et un décès malheureusement prématuré. Mais le temps n’est pas aux sentiments dans la famille, d’après les quelques mots que Dame Maïa nous a accordé.

« La perte de notre enfant nous accable, mais notre position actuelle ne nous permet pas de tout arrêter pour le pleurer. Les Décennales et les responsabilités qu’elles impliquent restent notre priorité. »

Désormais, deux questions se posent : Le fils cadet de la famille, Isaac, va-t-il prendre la place de son défunt frère ? Et quelle est la nature de l’accident qui a eu raison de l’aîné des deux fils du Temps ?

Il est de notoriété commune sur le Prévoyer Hamilcar qu’Assar possédait une santé fragilisée par des problèmes cardiaques. Ce qui ne l’empêchait pas d’accomplir ses devoirs avec brio, faisant de l’ombre à un cadet qui ne semblait pas y accorder d’importance. D’après les analyses médicales menées sur son corps, Assar ne descendait pas les escaliers. L’hypothèse d’une défaillance liée à une activité physique est donc écartée.

Cependant, l’examen est formel : le jeune héritier est bel et bien mort d’une crise cardiaque. Le Continent est connu pour des hivers rudes dont le Prévoyer Hamilcar a souvent la chance d’échapper. Il est probable que son jeune corps déjà fragilisé ait mal supporté les températures froides du Prévoyer Eristène, mais cette hypothèse ne semble pas faire l’unanimité.

Retrouvez en détails l’actualité politique en page deux et trois, l’actualité Continentale en page quatre, et l’actualité Prévoyale en page sept…



Mon regard reste bloqué sur la dernière ligne, que je relis indéfiniment.

Retrouvez en détails….


Je n’arrive pas à détacher mes yeux du papier que le voyage a commencé à altérer.

Page quatre…


Sans que je ne m’en rende compte, ma vue se brouille, et mon champ de vision devient flou. Je cligne des yeux. L’image redevient nette, mais une larme vient s’écraser sur le journal, mélangeant l’encre et le papier.

Le visage de Dimitri est fermé, et celui de Jasmine affiche une profonde tristesse. Ils échangent tous deux un regard. Aaron, qui d’habitude ne se laisse pas émouvoir par les histoires des Premiers, affiche une mine perplexe. Marie semble mal à l’aise.

J’ai parfois eu l’occasion de discuter avec des marins de Terres d’Ailleurs qui venaient faire du commerce sur notre Prévoyer. Et je n’en ai jamais connu un seul qui soit capable de comprendre les émotions qui nous animent envers les Premiers.

Assar est né trois ans avant moi. Il aurait dû atteindre l’âge de mon frère cette année. Depuis ma naissance, j’ai été bercée par la vie de sa famille. De notre famille, en quelque sorte. J’ai appris à lire sur des articles de journaux qui contaient ses première apparitions officielles. Lorsqu’il a entrepris son premier voyage pour découvrir le Prévoyer et ses habitants, nous suivions avec une grande attention chacune de ses étapes. Il a d’ailleurs été remarquable, et ses débuts en compagnie de son père n’ont fait que confirmer cette impression. Si l’homme était malade, sa position l’élevait au rang d’intouchable. Il faisait partie de ceux qui nous représentaient. Comme son père, sa mère et son frère, ils étaient le Prévoyer. Et ils étaient une part de nous.

Ils sont plus puissants, plus riches et sans doute bien moins honnêtes que nous. Mais sur le Continent, personne n’oublie jamais ce qu’il doit, et à qui.
Ysaya

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Ysaya »

Salut! Un complot de profilerait-il a l'horizon? En tout cas je suis bien heureuse que nos livres ne nous mordent pas les doigts, sinon j'en aurais plus depuis un bon bout de temps! :D A la prochaine!
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Ysaya a écrit :Salut! Un complot de profilerait-il a l'horizon? En tout cas je suis bien heureuse que nos livres ne nous mordent pas les doigts, sinon j'en aurais plus depuis un bon bout de temps! :D A la prochaine!
Coucou à toi!
Je tiens d'abord à m'excuser de mon retard sur ton histoire, comme je suis en vacances je ne suis pas forcément disponible...
Pour revenir à l'histoire, je suis tout à fait d'accord avec toi, nous serions deux amputées :lol:
Bonnes vacances à toi et merci de me lire!
vampiredelivres

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

Xhantia a écrit :Bonjour bonjour chers amis! Coucou toi !
Je m'excuse du temps que j'ai mis à répondre, étant en vacances, je n'avais pas exactement la tête à ça ^-^

Nous nous retrouvons en vacances, pour ce qu'on peut appeler... Un très court chapitre déroutant. Ou un Méandre. C'est comme vous voulez. Dans tous les cas, il risque de vous laisser perplexe. Je pense. Hmmm...
Me tapez pas, promis un jour vous aurez des réponses D:




Méandre



Encore un hiver, encore une année, encore des vautours. Parler, parler, débattre, débattre, signer, signer. Intimider, négocier, agoniser. Joli résumé de la politique.
C’est ma foi fort divertissant. C’est extrêmement comique. Je crois que même devant Théodore C'est qui ça ?, j’aurais du mal à me retenir de lui rire au nez. Remarque, cet homme n’aurait pas le cran de se vexer si je le faisais vraiment. Ils sont tout-puissants, mais ils se dégonflent. Ils savent quel est leur véritable ennemi. Le type qui parle ?
Pour une fois qu’ils n’ont pas à se craindre eux-mêmes.
Qu’est-ce donc que cela, déjà ? Ah, oui... Le projet de loi. Il ne nous arrange pas, mais c’est ce qu’il faut pour apaiser les tensions. C’est ce qu’il faut pour la diplomatie. Il faudra que je demande comment vivent tous ces gens, en bas… Est-ce qu’ils supportent la lumière, eux ? Pourquoi, lui ne la supporte pas ? Est-ce qu’ils s’intéressent aux Premiers ? Ou bien est-ce qu’ils suivent aveuglément ce qu’on leur dit en se souciant uniquement de leurs misérables petites vies ?
Je pense qu’ils ne sont pas intéressés. Les gens ont besoin d’être menés. C’est dans leur nature.
Et nous sommes là pour en faire notre affaire. Je suis pas sûre de l'aimer, ce type...
Combien de temps cela fait-il, au juste… ? Soixante mille jours ? Une minute ? Une éternité ? J’ai l’impression d’avoir vécu un peu trop longtemps. Plus rien n’éveille d’émotions en moi. Je sais tout. Je connais tout. Il n’existe rien que je n’ai encore jamais vu. Heu... J'ai des doutes sur les gens qui parlent comme ça.
Il serait peut-être temps pour moi de passer à autre chose.
Il serait peut-être temps pour moi de mourir. Hmmm...
Je dois me pencher sur la question. « Ah, il serait peut-être temps que je crève. Intéressant... À méditer. » :lol:


Il est space, ce passage, dis donc !
Xhantia a écrit :Bonjour à vous tous!
Il fait beau, il fait chaud, l'été bat son plein, tout le monde (ou presque) est en vacances... Et je suis toujours là, fidèle au poste!
Je poste ce chapitre rapidement après le Méandre, parce que je me suis dit que c'était quand même assez injuste de balancer ça, et puis plus rien derrière... :lol: Je t'admettrai que tu n'as pas tort là-dessus. Même si le Méandre donne à réfléchir, ce n'est pas exactement un chapitre à proprement parler.
J'espère que vous passez de bonnes vacances et, comme d'habitude, je vous souhaite une bonne lecture! Merci ! Même si on est en août, je te souhaite de bonnes vacances (enfin, ce qu'il en reste) ^-^



Partie 11



Cynthia


Assise sur l’un des grands canapés de la bibliothèque, un livre dans les mains, je parcours la couverture du regard et du pouce. Sa texture rugueuse et douce est caractéristique des vieux ouvrages, comme ceux que l’on s’amusait à apprendre par cœur avec mon frère, il y a longtemps de cela. C'est typiquement le genre de truc que je faisais, petite :lol:

J’ai décidé de suivre le conseil de Maugus et, dès que j’ai eu le temps, j’ai été emprunter L’Histoire Industrielle (de ?) Herjafol à la bibliothèque. J’ai mis quatre jours avant d’apprivoiser ce ramassis de papier grincheux et peureux. Comme sa reliure s’effrite, il panique dès qu’on tente de l’ouvrir. C'est vrai qu'on a des bouquins conscient, dans le coin... Je me demande quelle serait l'humeur d'une œuvre comme le Petit Livre rouge de Mao... :ugeek: J’ai réussi à gagner sa confiance en convainquant le bibliothécaire de l’académie de s’occuper un peu de son état.

Les premières pages, richement illustrées, présentent différents prototypes de machines, premières tentatives de mécanisation du travail sur notre Continent. Le Prévoyer Herjafol est connu pour son avance technologique : les Continentaux de là-bas sont des pionniers en matière de machinerie et d’armement. Pourquoi des machines quand les objets font ce que tu veux... ? Les affiliations magiques des Seconds minimisent beaucoup l’utilité de ces prototypes, car ils peuvent pratiquement tout faire eux-mêmes. Ah. Donc est-ce que ce sont tous les objets qui font ce que tu veux, ou alors il faut avoir des prédispositions pour cela ? Mais l’aide qu’ils apportent aux Terciers et à certains métiers a participé à leur démocratisation sur le Continent.

« Eh ! On t’a cherchée partout ! » Typique. :lol:

A peine ai-je commencé à tourner les pages que la poigne large et ferme d’Aaron se referme sur mon épaule, me faisant sursauter. Le manuscrit, mort de peur, claque brusquement sur mes doigts et les écrase entre les pages jaunies. Ouch !

« Aaaah, aie, ça fait mal, lâche moi ! »

Aaron, se rendant compte de son erreur, relâche son emprise sur moi et plaque la main sur sa bouche pour retenir un fou rire. Crétin. Ce type est un crétin. Jasmine devait être avec lui, car elle arrive très vite après. Lorsqu’elle voit le livre me manger littéralement les doigts, elle écarquille les yeux et s’empresse de venir m’aider. Après quelques paroles apaisantes et de gentilles caresses, celui-ci finit par laisser ma main libre. Il se referme définitivement ; il a eu son compte pour la journée. Et mes doigts aussi. M'étonne pas...

« C’est que ça pince fort, un livre, je grogne en faisant jouer mes phalanges endolories. Naan, tu crois ? :mrgreen:

Aaron, lui, ne s’est toujours pas remis de ses émotions : assis contre le canapé, il est recroquevillé sur lui-même, son fou-rire le secouant de spasmes. Jasmine, mécontente de sa réaction, croise les bras et le fusille du regard.

- T’as pas honte ? T’imagines si elle s’était coincé les doigts dans quelque chose de tranchant, est-ce que tu rirais ?

- Rooooooh, allez ma grande, on se détend, hahaha, c’est pas bien grave ça… D'ailleurs, je me rends compte (pour la première fois) que ta logique d'alternance guillemets-tirets est un peu... spéciale...

Voyant que Jasmine ne décolère pas, il se relève afin de se redonner un peu de contenance. Mais la demoiselle aux yeux mauves est aussi grande que lui ; difficile d’échapper à son regard mécontent, qui le transperce de part en part, et au rictus qui déforme ses lèvres pâles. Tant bien que mal, il reprend sa respiration, sans cesser de sourire.

- Woah, désolée Cynthia, c’était pas méchant promis, mais c’était tellement drôle à voir… Je voulais pas… Hahaha !

Un peu vexée par sa réaction, mais également contaminée par son rire, je ne réussis pas à faire percer l’agacement dans ma voix lorsque je lui réponds.

- Qu’est-ce que tu me voulais ?

C’est comme si je l’avais brusquement ramené à la réalité. Il esquisse un grand mouvement de la main, montrant qu’il se souvient subitement de la raison de sa venue. Pris d’une quinte de toux, il met quelques temps avant de répondre. Tandis qu’il reprend une énième fois sa respiration, Jasmine décide de répondre à sa place.

- On est venus parce qu’en sortant de notre cours de danse, on a vu que l’entrée était pleine à craquer. On a eu du mal à se frayer un chemin.

- Je crois que la dernière édition de La Continentale est arrivée dans la matinée, ajoute notre camarade en fronçant ses sourcils broussailleux. Une lueur préoccupée, comme une comète traversant le ciel d’une nuit d’été, s’allume dans son regard. J'adoooore cette comparaison !

- Et en quoi c’est important ? Tout le monde veut toujours lire le journal, je leur fais remarquer. Pas comme sur Terre, où la moitié des gens n'en ont rien à carrer... Ou est-ce seulement chez moi que c'est comme ça ?

- Oui, mais cette fois, ce n’est pas pareil que d’habitude, complète Jasmine. On a demandé à Marie et Dimitri de prendre plusieurs exemplaires pendant qu’on allait te chercher.

- On a croisé l’autre prof là, dans le corridor, ajoute Aaron. Géffro, Geoffrey… Geoffroy, c’est ça ? Il discutait avec une autre bonne femme. Eh bah je peux te dire qu’ils faisaient une drôle de tête.

Si même cet homme semble troublé…. Pourquoi suis-je soudain inquiète ?

Jasmine me lance un regard inquiet en se tordant les mains. Lorsqu’elle est angoissée, il est difficile de lui changer les idées. Une stressée de la vie, donc... :mrgreen:

- Quoique ce soit, ce n’est pas bon. On est venus te chercher pour que tu sois au courant. Ils doivent nous attendre.
- Très bien, laissez-moi juste reposer, euh… Ça Hé ho !, je complète en leur désignant le fameux livre, et j’arrive. »



La Continentale est le journal le plus connu et le plus vendu parmi nos Prévoyers. En fait, ses imprimeries sont aussi célèbres que l’ouvrage en lui-même. Et il y a de quoi être fier : ce sont des Terciers qui ont débuté, avec pour seul matériel leur détermination et de vieilles imprimantes manuelles bricolées de rien. Depuis leur petit village des terres d’Hafferyn jusqu’aux plus hauts dignitaires du Palais Militaire, l’ascension de leur journal a été aussi fulgurante que méritée. De mémoire, c’est l’une des seules entreprises de Terciers qui emploie des Seconds. GG well played ! ;)

Ils livrent leur journal absolument partout et en un temps record. Mes parents payaient le numéro au Lettrier à chaque fois lorsqu’il passait déposer les avis locaux.

Je ne suis donc pas étonnée de voir que, comme chaque semaine, le hall d’entrée se remplit considérablement lorsqu’une diligence vient apporter son lot de paperasse imprimée. Avec les miroirs incrustés dans les murs, on pourrait croire qu’il y a plus du double d’élèves présents dans la salle, et le triple de papier qui vole de main en main. Combiné aux bruits de bavardage et de froissements, cela me donne un peu le tournis. Elle serait pas un peu agoraphobe sur les bords, la miss ?

En règle générale, une grande partie du personnel vient chercher le journal parmi les élèves : cuisiniers, intendants et professeurs discutent entre eux en découvrant les dernières nouvelles. Notre professeure de danse, ainsi que Geoffrey, mettent toujours un point d’honneur à se mélanger aux élèves et à discuter des actualités avec eux. C’est la cinquième fois que nous recevons le journal, et ils ont toujours eu un mot pour nous. Ça me rappelle mes profs de lycée qui adoraient s'arrêter pour bavasser...

Ce matin, non-seulement ils sont absents, mais la plupart des gens partent s’isoler seuls ou en groupe, un air sombre sur le visage, pour lire. Hmmm...

Nous apercevons la grande et maigre silhouette de Dimitri nous faire signe au milieu de la foule. Peu après, il nous rejoint, suivi par Marie qui profite de sa taille pour se faufiler à sa suite. :lol: Ça me fait penser aux routes, quand une ambulance passe. Tu vois toujours des motards dans son sillage, qui foncent comme des dératés en profitant de l'ouverture. Nous nous éloignons ensuite du hall d’entrée, à la recherche d’un endroit plus calme pour lire les nouvelles de la semaine.

« On a eu du mal à les récupérer, commente Marie lorsque Dimitri nous distribue les exemplaires qu’ils ont pioché. Les gens étaient tellement amassés, c’était étouffant. S’ils se décollent pas de là d’ici une heure, ça va devenir une espèce de grosse bouillabaisse.

- Toujours aussi délicate, ma sœur adorée, commente Aaron en dépliant son journal d’un air théâtral.

- Tu peux parler.

- Je pense que Marie a raison sur ce point-là » tranche Dimitri, qui garde un air impassible. Ses yeux, telles deux émeraudes sombres et brutes, se troublent au fur et à mesure de sa lecture. Ben la vache, si même lui est préoccupé...

La Continentale est réputée pour son actualité politique précise et ses gros titres percutants. Lorsque je le lis, j’ai l’impression que l’on verse un pichet d’eau glacée dans mon estomac.



Mort d’Assar Hamilcar : Le fils ainé du Temps :?: Faudra m'expliquer ce délire. terrassé par son destin

C’est durant le second après-midi des Convergences Décennales qu’Assar, fils ainé d’Auguste et de Maïa, a été retrouvé agonisant au pied d’un des immenses escaliers de la demeure Eristène. Malgré l’intervention rapide d’une équipe d’Herboristes et la venue exceptionnelle d’un chirurgien Parce que les chirurgiens, c'est seulement en situation exceptionnelle, dans ce monde ?, le jeune homme n’a pu être sauvé et est décédé dans l’heure suivante. R.I.P. mon petit.

Cet accident, aussi tragique qu’inconcevable, marque d’un fer sombre le début des Grands Comptes Prévoyaux, où les dirigeants au complet discutent de l’avenir économique de nos belles terres. Ouais, ça fait un peu lèche-bottes, cette tournure. Cette Convergence était le premier évènement officiel durant lequel le fils Hamilcar présidait les assemblées. Il faut désormais composer avec une place vacante, sans doute prise en main par son père Auguste, et un décès malheureusement prématuré. Mais le temps n’est pas aux sentiments dans la famille, d’après les quelques mots que Dame Maïa nous a accordé.

« La perte de notre enfant nous accable, mais notre position actuelle ne nous permet pas de tout arrêter pour le pleurer. Les Décennales et les responsabilités qu’elles impliquent restent notre priorité. »

Désormais, deux questions se posent : Le fils cadet de la famille, Isaac, va-t-il prendre la place de son défunt frère ? Et quelle est la nature de l’accident qui a eu raison de l’aîné des deux fils du Temps ? Cette formulation ne cesse de me troubler...

Il est de notoriété commune sur le Prévoyer Hamilcar qu’Assar possédait une santé fragilisée par des problèmes cardiaques. Ce qui ne l’empêchait pas d’accomplir ses devoirs avec brio, faisant de l’ombre à un cadet qui ne semblait pas y accorder d’importance. D’après les analyses médicales menées sur son corps, Assar ne descendait pas les escaliers. L’hypothèse d’une défaillance liée à une activité physique est donc écartée.

Cependant, l’examen est formel : le jeune héritier est bel et bien mort d’une crise cardiaque. Le Continent est connu pour des hivers rudes dont le Prévoyer Hamilcar a souvent la chance d’échapper. Cette fin de phrase est bizarrement tournée... Il est probable que son jeune corps déjà fragilisé ait mal supporté les températures froides du Prévoyer Eristène, mais cette hypothèse ne semble pas faire l’unanimité. Des adeptes de la théorie du complot ?

Retrouvez en détails l’actualité politique en page deux et trois, l’actualité Continentale en page quatre, et l’actualité Prévoyale en page sept…



Mon regard reste bloqué sur la dernière ligne, que je relis indéfiniment.

Retrouvez en détails….


Je n’arrive pas à détacher mes yeux du papier que le voyage a commencé à altérer.

Page quatre…


Sans que je ne m’en rende compte, ma vue se brouille, et mon champ de vision devient flou. Je cligne des yeux. L’image redevient nette, mais une larme vient s’écraser sur le journal, mélangeant l’encre et le papier. Elle le connaissait ?

Le visage de Dimitri est fermé, et celui de Jasmine affiche une profonde tristesse. Ils échangent tous deux un regard. Aaron, qui d’habitude ne se laisse pas émouvoir par les histoires des Premiers, affiche une mine perplexe. Marie semble mal à l’aise.

J’ai parfois eu l’occasion de discuter avec des marins de Terres d’Ailleurs Le nom exotique par excellence... (J'ai trooop envie d'y aller !) qui venaient faire du commerce sur notre Prévoyer. Et je n’en ai jamais connu un seul qui soit capable de comprendre les émotions qui nous animent envers les Premiers. Et ces émotions sont...

Assar est né trois ans avant moi. Il aurait dû atteindre l’âge de mon frère cette année. Depuis ma naissance, j’ai été bercée par la vie de sa famille. De notre famille, en quelque sorte. J’ai appris à lire sur des articles de journaux qui contaient ses première apparitions officielles. Lorsqu’il a entrepris son premier voyage pour découvrir le Prévoyer et ses habitants, nous suivions avec une grande attention chacune de ses étapes. Il a d’ailleurs été remarquable, et ses débuts en compagnie de son père n’ont fait que confirmer cette impression. Si l’homme était malade, sa position l’élevait au rang d’intouchable. Il faisait partie de ceux qui nous représentaient. Comme son père, sa mère et son frère, ils étaient le Prévoyer. Et ils étaient une part de nous.

Ils sont plus puissants, plus riches et sans doute bien moins honnêtes que nous. Mais sur le Continent, personne n’oublie jamais ce qu’il doit, et à qui.

Je ne suis pas sûre de comprendre cette histoire de sentiments envers les Premiers. Mais à part ça, ce chapitre est très cool ! Bizarre, mais cool, et l'écriture est toujours au top. ;)
Mimori

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Mimori »

Je sais, c'est incroyable, mais je suis là, enfin, un en seul morceau... et prête à m'adonner à mon passe-temps favoris : la lecture sportive. Je vois que tu n'as pas chômé durant mon absence prolongée, et c'est tant mieux ! La page blanche, plus elle est loin, mieux c'est.


Voici donc mes "highlights"...

PARTIE 9
- Tout comme Dimitri, les excuses d'Ivan m'ont plus que prise au dépourvu. Il veut faire table rase, et éviter à l'avenir de recroiser son chemin. C'est bien beau de le dire, mais le fera-t-il pour autant ? Le destin a ses raisons que la raison ignore...
Xhantia a écrit :Tu sais, moi non plus je suis pas quelqu'un de bien. Je crois que personne ne l'est.
- Les phrases comme ça, semi-philosophiques, jetées en fin de chapitre (ou de partie, dans ce cas) c'est mon pêché mignon. Ça donne un effet percutant, ça pousse à y réfléchir, que ce soit dans le contexte de l'histoire ou celui de sa propre vie. Et les livres qui font réfléchir, c'est le TOP.

PARTIE 10
Xhantia a écrit :Par contre, c’est un vieux livre, alors il arrive qu'il soit un peu de mauvaise humeur.
- Va savoir pourquoi, mais je me suis direct imaginé le livre dévoreur des films Harry Potter... :lol:
- Tu offres à Jasmine un très beau flashback, j'aime beaucoup ce moment d'intimité partagé entre elle et son grand-père, permis par la passion de la musique et l'attachement familial.

MEANDRE
- En effet, perplexe, je suis !! Mais tant mieux, justement... piquer la curiosité, c'est bien. J'ai hâte d'avoir toutes les cartes en main pour comprendre ce "Méandre" !

PARTIE 11
- J'ai craqué quand j'ai vu que Cynthia a suivi le conseil de lecture de Maugus... j'adore :lol:
- J'apprécie aussi les petits détails et anecdotes que tu ajoutes à ton histoire, comme pour le journal La Continentale. Ça aide à donner du relief au récit, pour se plonger encore plus dedans.
- La mort de ce Premier permet aussi de mieux comprendre la relation de soumission/gratitude qui a été établie entre les différents rangs de cette société. Et du coup, une autre punchline bien appréciée pour la route :
Xhantia a écrit :Mais sur le Continent, personne n’oublie jamais ce qu’il doit, et à qui.
Dans tous les cas, moi, je la sens pas cette mort... conspiration ? complot ?

VITE ! Hâte de savoir la suite... et cette fois-ci, je serai à l'heure.
;)

Encore merci pour tes écrits,
c'est toujours un grand plaisir de te lire.
GoldAngels

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :

Partie 11



Cynthia


Assise sur l’un des grands canapés de la bibliothèque, un livre dans les mains, je parcours la couverture du regard et du pouce. Sa texture rugueuse et douce est caractéristique des vieux ouvrages, comme ceux que l’on s’amusait à apprendre par cœur avec mon frère, il y a longtemps de cela. :arrow: Où trouviez-vous ces bouquins ? Et surtout, où trouviez-vous le temps qu'il faut pour les lire et les apprendre par cœur ? :shock:

J’ai décidé de suivre le conseil de Maugus et, dès que j’ai eu le temps, j’ai été emprunter L’Histoire Industrielle Herjafol à la bibliothèque. J’ai mis quatre jours avant d’apprivoiser ce ramassis de papier grincheux et peureux. Comme sa reliure s’effrite, il panique dès qu’on tente de l’ouvrir. J’ai réussi à gagner sa confiance en convainquant le bibliothécaire de l’académie de s’occuper un peu de son état. :arrow: Ça me fait vraiment penser à Harry Potter (et je pense que tu t'en es librement inspirée ^^), mais tu as eu l'intelligence de le mettre à ta sauce,
d'en faire quelque chose qui t'appartienne en propre. Et ça, c'est bien !


Les premières pages, richement illustrées, présentent différents prototypes de machines, premières tentatives de mécanisation du travail sur notre Continent. Le Prévoyer Herjafol est connu pour son avance technologique :arrow: Cette phrase m'interroge. Pour moi, tout le monde vivait sur le même continent, chacun dans son Prévoyer et respectant la division sociale certes, mais sans concurrence particulière, tu vois ce que je veux dire ? Mais du coup, il semble y avoir des rivalités sous-jacentes entre les familles, qui m'amènent à me poser des questions comme "qui gouverne vraiment, finalement ?", "pourquoi les autres familles de Premiers sont-elles aussi puissante que celle qui a toujours eu une avance technologique ?", ou encore "dans quoi sont spécialisées les autres familles ?". Surtout que cette avance est largement compensée par de "simples" Seconds, tu vois ce que je veux dire ? Après, je suis peut-être un peu tatillon... ^^" : les Continentaux de là-bas sont des pionniers en matière de machinerie et d’armement. Les affiliations magiques des Seconds minimisent beaucoup l’utilité de ces prototypes, car ils peuvent pratiquement tout faire eux-mêmes. Mais l’aide qu’ils apportent aux Terciers et à certains métiers a participé à leur démocratisation sur le Continent.

« Eh ! On t’a cherchée partout ! »

A peine ai-je commencé à tourner les pages que la poigne large et ferme d’Aaron se referme sur mon épaule, me faisant sursauter. Le manuscrit, mort de peur, claque brusquement sur mes doigts et les écrase entre les pages jaunies.

« Aaaah, aie, ça fait mal, lâche moi ! »

Aaron, se rendant compte de son erreur, relâche son emprise sur moi et plaque la main sur sa bouche pour retenir un fou rire. Jasmine devait être avec lui, car elle arrive très vite après. Lorsqu’elle voit le livre me manger littéralement les doigts, elle écarquille les yeux et s’empresse de venir m’aider. Après quelques paroles apaisantes et de gentilles caresses, celui-ci finit par laisser ma main libre. Il se referme définitivement ; il a eu son compte pour la journée. Et mes doigts aussi.

« C’est que ça pince fort, un livre, je grogne en faisant jouer mes phalanges endolories.

Aaron, lui, ne s’est toujours pas remis de ses émotions : assis contre le canapé, il est recroquevillé sur lui-même, son fou-rire le secouant de spasmes. Jasmine, mécontente de sa réaction, croise les bras et le fusille du regard.

- T’as pas honte ? T’imagines si elle s’était coincé les doigts dans quelque chose de tranchant, est-ce que tu rirais ?

- Rooooooh, allez ma grande, on se détend, hahaha, c’est pas bien grave ça…

Voyant que Jasmine ne décolère pas, il se relève afin de se redonner un peu de contenance. Mais la demoiselle aux yeux mauves est aussi grande que lui ; difficile d’échapper à son regard mécontent, qui le transperce de part en part, et au rictus qui déforme ses lèvres pâles. Tant bien que mal, il reprend sa respiration, sans cesser de sourire.

- Woah, désolée Cynthia, c’était pas méchant promis, mais c’était tellement drôle à voir… Je voulais pas… Hahaha !

Un peu vexée par sa réaction, mais également contaminée par son rire, je ne réussis pas à faire percer l’agacement dans ma voix lorsque je lui réponds.

- Qu’est-ce que tu me voulais ?

C’est comme si je l’avais brusquement ramené à la réalité. Il esquisse un grand mouvement de la main, montrant qu’il se souvient subitement de la raison de sa venue. Pris d’une quinte de toux, il met quelques temps avant de répondre. Tandis qu’il reprend une énième fois sa respiration, Jasmine décide de répondre à sa place.

- On est venus parce qu’en sortant de notre cours de danse, on a vu que l’entrée était pleine à craquer. On a eu du mal à se frayer un chemin.

- Je crois que la dernière édition de La Continentale est arrivée dans la matinée, ajoute notre camarade en fronçant ses sourcils broussailleux. Une lueur préoccupée, comme une comète traversant le ciel d’une nuit d’été, s’allume dans son regard.

- Et en quoi c’est important ? Tout le monde veut toujours lire le journal, je leur fais remarquer. :arrow: Tu traduis littéralement la question qu'on se pose tous, mais j'aurais l'occasion d'y revenir un peu plus en détail

- Oui, mais cette fois, ce n’est pas pareil que d’habitude, complète Jasmine. On a demandé à Marie et Dimitri de prendre plusieurs exemplaires pendant qu’on allait te chercher. :arrow: Pourquoi ? Je veux dire, un seul exemplaire aurait largement suffit, vous vous le seriez passé. Ensuite, pourquoi est-ce que vous aviez besoin de Cynthia ? C'est la seule du groupe qui sache lire ? Et pourquoi si vous avez pris plusieurs exemplaires, vous ne les lui apportez pas ?

- On a croisé l’autre prof là, dans le corridor, ajoute Aaron. Géffro, Geoffrey… Geoffroy, c’est ça ? Il discutait avec une autre bonne femme. Eh bah je peux te dire qu’ils faisaient une drôle de tête.

Si même cet homme semble troublé….

Jasmine me lance un regard inquiet en se tordant les mains. Lorsqu’elle est angoissée, il est difficile de lui changer les idées.

- Quoique ce soit, ce n’est pas bon. On est venus te chercher pour que tu sois au courant. Ils doivent nous attendre.
- Très bien, laissez-moi juste reposer, euh… Ça, je complète en leur désignant le fameux livre, et j’arrive. »



La Continentale est le journal le plus connu et le plus vendu parmi nos Prévoyers. En fait, ses imprimeries sont aussi célèbres que l’ouvrage en lui-même. Et il y a de quoi être fier : ce sont des Terciers qui ont débuté, avec pour seul matériel leur détermination et de vieilles imprimantes manuelles bricolées de rien. Depuis leur petit village des terres d’Hafferyn jusqu’aux plus hauts dignitaires du Palais Militaire, l’ascension de leur journal a été aussi fulgurante que méritée. De mémoire, c’est l’une des seules entreprises de Terciers qui emploie des Seconds.

Ils livrent leur journal absolument partout et en un temps record. Mes parents payaient le numéro au Lettrier à chaque fois lorsqu’il passait déposer les avis locaux.

Je ne suis donc pas étonnée de voir que, comme chaque semaine, le hall d’entrée se remplit considérablement lorsqu’une diligence vient apporter son lot de paperasse imprimée. Avec les miroirs incrustés dans les murs, on pourrait croire qu’il y a plus du double d’élèves présents dans la salle, et le triple de papier qui vole de main en main. Combiné aux bruits de bavardage et de froissements, cela me donne un peu le tournis.

En règle générale, une grande partie du personnel vient chercher le journal parmi les élèves : cuisiniers, intendants et professeurs discutent entre eux en découvrant les dernières nouvelles. Notre professeure de danse, ainsi que Geoffrey, mettent toujours un point d’honneur à se mélanger aux élèves et à discuter des actualités avec eux. C’est la cinquième fois que nous recevons le journal, et ils ont toujours eu un mot pour nous. :arrow: Tiens, ce n'est pas un Quotidien ?

Ce matin, non-seulement ils sont absents, mais la plupart des gens partent s’isoler seuls ou en groupe, un air sombre sur le visage, pour lire.

Nous apercevons la grande et maigre silhouette de Dimitri nous faire signe au milieu de la foule. Peu après, il nous rejoint, suivi par Marie qui profite de sa taille pour se faufiler à sa suite. Nous nous éloignons ensuite du hall d’entrée, à la recherche d’un endroit plus calme pour lire les nouvelles de la semaine.

« On a eu du mal à les récupérer, commente Marie lorsque Dimitri nous distribue les exemplaires qu’ils ont pioché. Les gens étaient tellement amassés, c’était étouffant. S’ils se décollent pas de là d’ici une heure, ça va devenir une espèce de grosse bouillabaisse.

- Toujours aussi délicate, ma sœur adorée, commente Aaron en dépliant son journal d’un air théâtral.

- Tu peux parler.

- Je pense que Marie a raison sur ce point-là » tranche Dimitri, qui garde un air impassible. Ses yeux, telles deux émeraudes sombres et brutes, se troublent au fur et à mesure de sa lecture.

La Continentale est réputée pour son actualité politique précise et ses gros titres percutants. Lorsque je le lis, j’ai l’impression que l’on verse un pichet d’eau glacée dans mon estomac.



Mort d’Assar Hamilcar : Le fils ainé du Temps terrassé par son destin :arrow: Tu réponds partiellement aux questions que j'ai posées plus haut quant aux spécialités des autres familles, mais tu ne fais que déplacer le problème : la maîtrise du Temps, pour autant que ce soit le cas, est indiscutablement le pouvoir le plus important qu'on puisse avoir. Là où réside l'habileté de ton propos, c'est que sous couvert d'un périodique, tu jettes littéralement un pavé dans la marre. C'est là qu'on se rend-compte que finalement, on ne connait presque rien de ces fameux Premiers

C’est durant le second après-midi des Convergences Décennales qu’Assar, fils ainé d’Auguste et de Maïa, a été retrouvé agonisant au pied d’un des immenses escaliers de la demeure Eristène. Malgré l’intervention rapide d’une équipe d’Herboristes et la venue exceptionnelle d’un chirurgien, le jeune homme n’a pu être sauvé et est décédé dans l’heure suivante.

Cet accident, aussi tragique qu’inconcevable, marque d’un fer sombre :arrow: Tu as mélangé deux expressions idiomatiques, c'est vraiment pas mal :lol: : on dit marqué au fer rouge ou marqué d'une pierre sombre/noire :lol: le début des Grands Comptes Prévoyaux, où les dirigeants au complet discutent de l’avenir économique de nos belles terres. Cette Convergence était le premier évènement officiel durant lequel le fils Hamilcar présidait les assemblées. Il faut désormais composer avec une place vacante, sans doute prise en main par son père Auguste, et un décès malheureusement prématuré. Mais le temps n’est pas aux sentiments dans la famille, d’après les quelques mots que Dame Maïa nous a accordé.

« La perte de notre enfant nous accable, mais notre position actuelle ne nous permet pas de tout arrêter pour le pleurer. :arrow: Froids, sans cœur et assentimentaux, en voilà une belle famille de *** ^^" Les Décennales et les responsabilités qu’elles impliquent restent notre priorité. »

Désormais, deux questions se posent : Le fils cadet de la famille, Isaac, va-t-il prendre la place de son défunt frère ? Et quelle est la nature de l’accident :arrow: "Accident" ? Peut-on vraiment parler d'accident dans ce cas ? J'ai vraiment du mal à le croire... :roll: qui a eu raison de l’aîné des deux fils du Temps ?

Il est de notoriété commune sur le Prévoyer Hamilcar qu’Assar possédait une santé fragilisée par des problèmes cardiaques. Ce qui ne l’empêchait pas d’accomplir ses devoirs avec brio, faisant de l’ombre à un cadet qui ne semblait pas y accorder d’importance :arrow: Cluedo party :lol: !!!. D’après les analyses médicales menées sur son corps, Assar ne descendait pas les escaliers. L’hypothèse d’une défaillance liée à une activité physique est donc écartée.

Cependant, l’examen est formel : le jeune héritier est bel et bien mort d’une crise cardiaque. Le Continent est connu pour des hivers rudes dont le Prévoyer Hamilcar a souvent la chance d’échapper. Il est probable que son jeune corps déjà fragilisé ait mal supporté les températures froides du Prévoyer Eristène, mais cette hypothèse ne semble pas faire l’unanimité.

Retrouvez en détails l’actualité politique en page deux et trois, l’actualité Continentale en page quatre, et l’actualité Prévoyale en page sept…



Mon regard reste bloqué sur la dernière ligne, que je relis indéfiniment.

Retrouvez en détails….


Je n’arrive pas à détacher mes yeux du papier que le voyage a commencé à altérer. :arrow: Quoi, déjà ?C'est du papier de soie, votre journal, ou quoi ^^ ?

Page quatre…


Sans que je ne m’en rende compte, ma vue se brouille, et mon champ de vision devient flou. Je cligne des yeux. L’image redevient nette, mais une larme vient s’écraser sur le journal, mélangeant l’encre et le papier. :arrow: Sensible au point de pleurer la mort, aussi tragique qu'elle fût, de quelqu'un qu'elle n'a jamais vu ^^ ?

Le visage de Dimitri est fermé, et celui de Jasmine affiche une profonde tristesse. Ils échangent tous deux un regard. Aaron, qui d’habitude ne se laisse pas émouvoir par les histoires des Premiers, affiche une mine perplexe. Marie semble mal à l’aise.

J’ai parfois eu l’occasion de discuter avec des marins de Terres d’Ailleurs qui venaient faire du commerce sur notre Prévoyer. Et je n’en ai jamais connu un seul qui soit capable de comprendre les émotions qui nous animent envers les Premiers. :arrow: Au temps pour moi ^^

Assar est né trois ans avant moi. Il aurait dû atteindre l’âge de mon frère cette année. Depuis ma naissance, j’ai été bercée par la vie de sa famille. De notre famille, en quelque sorte. J’ai appris à lire sur des articles de journaux qui contaient ses première apparitions officielles. Lorsqu’il a entrepris son premier voyage pour découvrir le Prévoyer et ses habitants, nous suivions avec une grande attention chacune de ses étapes. Il a d’ailleurs été remarquable, et ses débuts en compagnie de son père n’ont fait que confirmer cette impression. Si l’homme était malade, sa position l’élevait au rang d’intouchable. Il faisait partie de ceux qui nous représentaient. Comme son père, sa mère et son frère, ils étaient le Prévoyer. Et ils étaient une part de nous.

Ils sont plus puissants, plus riches et sans doute bien moins honnêtes que nous. Mais sur le Continent, personne n’oublie jamais ce qu’il doit, et à qui. :arrow: Comme toujours, la fin des chapitres est soignée, percutante et dynamique. Perso, j'adore.
Et voilà pour ce chapitre 11 :) Après 3 mois d'absence, ça fait plaisir de revenir sur un topic de cette qualité. Franchement, j'ai vraiment hâte de connaître la suite, de voir à quelle sauce tu vas nous cuisiner, etc. Ton texte est toujours aussi agréable à lire, toujours aussi dynamique et vivant, et c'est un réel plaisir de le reprendre. Bref, vivement le chapitre 12 :)

P.S : J'ai lu "Méandres", j'ai beaucoup aimée cette parenthèse qui était, une fois de plus, intelligemment écrite et riche en informations diverses ;)
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

vampiredelivres a écrit :
Xhantia a écrit :Bonjour bonjour chers amis! Coucou toi !
Je m'excuse du temps que j'ai mis à répondre, étant en vacances, je n'avais pas exactement la tête à ça ^-^

Je crois qu'en vacances, personne n'a trop la tête à ça ;)
Nous nous retrouvons en vacances, pour ce qu'on peut appeler... Un très court chapitre déroutant. Ou un Méandre. C'est comme vous voulez. Dans tous les cas, il risque de vous laisser perplexe. Je pense. Hmmm...
Me tapez pas, promis un jour vous aurez des réponses D:




Méandre



Encore un hiver, encore une année, encore des vautours. Parler, parler, débattre, débattre, signer, signer. Intimider, négocier, agoniser. Joli résumé de la politique.
C’est ma foi fort divertissant. C’est extrêmement comique. Je crois que même devant Théodore C'est qui ça ?, j’aurais du mal à me retenir de lui rire au nez. Remarque, cet homme n’aurait pas le cran de se vexer si je le faisais vraiment. Ils sont tout-puissants, mais ils se dégonflent. Ils savent quel est leur véritable ennemi. Le type qui parle ?
Je ne peux pas t'en dire plus pour le moment ^^'

Pour une fois qu’ils n’ont pas à se craindre eux-mêmes.
Qu’est-ce donc que cela, déjà ? Ah, oui... Le projet de loi. Il ne nous arrange pas, mais c’est ce qu’il faut pour apaiser les tensions. C’est ce qu’il faut pour la diplomatie. Il faudra que je demande comment vivent tous ces gens, en bas… Est-ce qu’ils supportent la lumière, eux ? Pourquoi, lui ne la supporte pas ? Est-ce qu’ils s’intéressent aux Premiers ? Ou bien est-ce qu’ils suivent aveuglément ce qu’on leur dit en se souciant uniquement de leurs misérables petites vies ?
Je pense qu’ils ne sont pas intéressés. Les gens ont besoin d’être menés. C’est dans leur nature.
Et nous sommes là pour en faire notre affaire. Je suis pas sûre de l'aimer, ce type...
Combien de temps cela fait-il, au juste… ? Soixante mille jours ? Une minute ? Une éternité ? J’ai l’impression d’avoir vécu un peu trop longtemps. Plus rien n’éveille d’émotions en moi. Je sais tout. Je connais tout. Il n’existe rien que je n’ai encore jamais vu. Heu... J'ai des doutes sur les gens qui parlent comme ça.
Moi aussi. En plus il fait peur D:

Il serait peut-être temps pour moi de passer à autre chose.
Il serait peut-être temps pour moi de mourir. Hmmm...
Je dois me pencher sur la question. « Ah, il serait peut-être temps que je crève. Intéressant... À méditer. » :lol:


Il est space, ce passage, dis donc !
Xhantia a écrit :Bonjour à vous tous!
Il fait beau, il fait chaud, l'été bat son plein, tout le monde (ou presque) est en vacances... Et je suis toujours là, fidèle au poste!
Je poste ce chapitre rapidement après le Méandre, parce que je me suis dit que c'était quand même assez injuste de balancer ça, et puis plus rien derrière... :lol: Je t'admettrai que tu n'as pas tort là-dessus. Même si le Méandre donne à réfléchir, ce n'est pas exactement un chapitre à proprement parler.
J'espère que vous passez de bonnes vacances et, comme d'habitude, je vous souhaite une bonne lecture! Merci ! Même si on est en août, je te souhaite de bonnes vacances (enfin, ce qu'il en reste) ^-^

A toi aussi! Il est jamais trop tard pour se souhaiter de bonnes vacances!


Partie 11



Cynthia


Assise sur l’un des grands canapés de la bibliothèque, un livre dans les mains, je parcours la couverture du regard et du pouce. Sa texture rugueuse et douce est caractéristique des vieux ouvrages, comme ceux que l’on s’amusait à apprendre par cœur avec mon frère, il y a longtemps de cela. C'est typiquement le genre de truc que je faisais, petite :lol:

J’ai décidé de suivre le conseil de Maugus et, dès que j’ai eu le temps, j’ai été emprunter L’Histoire Industrielle (de ?) Herjafol à la bibliothèque.
Non, aucun "de" ici ;)

J’ai mis quatre jours avant d’apprivoiser ce ramassis de papier grincheux et peureux. Comme sa reliure s’effrite, il panique dès qu’on tente de l’ouvrir. C'est vrai qu'on a des bouquins conscient, dans le coin... Je me demande quelle serait l'humeur d'une œuvre comme le Petit Livre rouge de Mao... :ugeek:
On va pas parler de Mein Kampf non plus... :lol:
J’ai réussi à gagner sa confiance en convainquant le bibliothécaire de l’académie de s’occuper un peu de son état.

Les premières pages, richement illustrées, présentent différents prototypes de machines, premières tentatives de mécanisation du travail sur notre Continent. Le Prévoyer Herjafol est connu pour son avance technologique : les Continentaux de là-bas sont des pionniers en matière de machinerie et d’armement. Pourquoi des machines quand les objets font ce que tu veux... ?
Alors, premièrement, je n'ai jamais dit que tous les objets faisaient ce que l'on attendait d'eux ;) Et ensuite, quand tu as besoin de produire plus, tu ne vas pas aller te tuer à la tâche alors que des machines peuvent faire le travail bien mieux et bien plus vite que des humains! La paresse est un défaut universel...

Les affiliations magiques des Seconds minimisent beaucoup l’utilité de ces prototypes, car ils peuvent pratiquement tout faire eux-mêmes. Ah. Donc est-ce que ce sont tous les objets qui font ce que tu veux, ou alors il faut avoir des prédispositions pour cela ?
Je ne suis pas trop sûre d'avoir compris ta question, mais ce que je veux dire par là, c'est que pour enchanter les objets, il faut une affiliation! Et encore, on ne peut pas faire n'importe quoi... ;)
Mais l’aide qu’ils apportent aux Terciers et à certains métiers a participé à leur démocratisation sur le Continent.

« Eh ! On t’a cherchée partout ! » Typique. :lol:

A peine ai-je commencé à tourner les pages que la poigne large et ferme d’Aaron se referme sur mon épaule, me faisant sursauter. Le manuscrit, mort de peur, claque brusquement sur mes doigts et les écrase entre les pages jaunies. Ouch !

« Aaaah, aie, ça fait mal, lâche moi ! »

Aaron, se rendant compte de son erreur, relâche son emprise sur moi et plaque la main sur sa bouche pour retenir un fou rire. Crétin. Ce type est un crétin. Jasmine devait être avec lui, car elle arrive très vite après. Lorsqu’elle voit le livre me manger littéralement les doigts, elle écarquille les yeux et s’empresse de venir m’aider. Après quelques paroles apaisantes et de gentilles caresses, celui-ci finit par laisser ma main libre. Il se referme définitivement ; il a eu son compte pour la journée. Et mes doigts aussi. M'étonne pas...

« C’est que ça pince fort, un livre, je grogne en faisant jouer mes phalanges endolories. Naan, tu crois ? :mrgreen:

Aaron, lui, ne s’est toujours pas remis de ses émotions : assis contre le canapé, il est recroquevillé sur lui-même, son fou-rire le secouant de spasmes. Jasmine, mécontente de sa réaction, croise les bras et le fusille du regard.

- T’as pas honte ? T’imagines si elle s’était coincé les doigts dans quelque chose de tranchant, est-ce que tu rirais ?

- Rooooooh, allez ma grande, on se détend, hahaha, c’est pas bien grave ça… D'ailleurs, je me rends compte (pour la première fois) que ta logique d'alternance guillemets-tirets est un peu... spéciale...
Moi aussi je viens de m'en rendre compte... En fait, en réécrivant tous mes chapitres, j'ai eu un petit souci avec Word, et va savoir pourquoi, les guillemets ne sont pas les mêmes parfois...

Voyant que Jasmine ne décolère pas, il se relève afin de se redonner un peu de contenance. Mais la demoiselle aux yeux mauves est aussi grande que lui ; difficile d’échapper à son regard mécontent, qui le transperce de part en part, et au rictus qui déforme ses lèvres pâles. Tant bien que mal, il reprend sa respiration, sans cesser de sourire.

- Woah, désolée Cynthia, c’était pas méchant promis, mais c’était tellement drôle à voir… Je voulais pas… Hahaha !

Un peu vexée par sa réaction, mais également contaminée par son rire, je ne réussis pas à faire percer l’agacement dans ma voix lorsque je lui réponds.

- Qu’est-ce que tu me voulais ?

C’est comme si je l’avais brusquement ramené à la réalité. Il esquisse un grand mouvement de la main, montrant qu’il se souvient subitement de la raison de sa venue. Pris d’une quinte de toux, il met quelques temps avant de répondre. Tandis qu’il reprend une énième fois sa respiration, Jasmine décide de répondre à sa place.

- On est venus parce qu’en sortant de notre cours de danse, on a vu que l’entrée était pleine à craquer. On a eu du mal à se frayer un chemin.

- Je crois que la dernière édition de La Continentale est arrivée dans la matinée, ajoute notre camarade en fronçant ses sourcils broussailleux. Une lueur préoccupée, comme une comète traversant le ciel d’une nuit d’été, s’allume dans son regard. J'adoooore cette comparaison !

- Et en quoi c’est important ? Tout le monde veut toujours lire le journal, je leur fais remarquer. Pas comme sur Terre, où la moitié des gens n'en ont rien à carrer... Ou est-ce seulement chez moi que c'est comme ça ?
Les ravages de la télé ^^'

- Oui, mais cette fois, ce n’est pas pareil que d’habitude, complète Jasmine. On a demandé à Marie et Dimitri de prendre plusieurs exemplaires pendant qu’on allait te chercher.

- On a croisé l’autre prof là, dans le corridor, ajoute Aaron. Géffro, Geoffrey… Geoffroy, c’est ça ? Il discutait avec une autre bonne femme. Eh bah je peux te dire qu’ils faisaient une drôle de tête.

Si même cet homme semble troublé…. Pourquoi suis-je soudain inquiète ?

Jasmine me lance un regard inquiet en se tordant les mains. Lorsqu’elle est angoissée, il est difficile de lui changer les idées. Une stressée de la vie, donc... :mrgreen:

- Quoique ce soit, ce n’est pas bon. On est venus te chercher pour que tu sois au courant. Ils doivent nous attendre.
- Très bien, laissez-moi juste reposer, euh… Ça Hé ho !, je complète en leur désignant le fameux livre, et j’arrive. »



La Continentale est le journal le plus connu et le plus vendu parmi nos Prévoyers. En fait, ses imprimeries sont aussi célèbres que l’ouvrage en lui-même. Et il y a de quoi être fier : ce sont des Terciers qui ont débuté, avec pour seul matériel leur détermination et de vieilles imprimantes manuelles bricolées de rien. Depuis leur petit village des terres d’Hafferyn jusqu’aux plus hauts dignitaires du Palais Militaire, l’ascension de leur journal a été aussi fulgurante que méritée. De mémoire, c’est l’une des seules entreprises de Terciers qui emploie des Seconds. GG well played ! ;)

Ils livrent leur journal absolument partout et en un temps record. Mes parents payaient le numéro au Lettrier à chaque fois lorsqu’il passait déposer les avis locaux.

Je ne suis donc pas étonnée de voir que, comme chaque semaine, le hall d’entrée se remplit considérablement lorsqu’une diligence vient apporter son lot de paperasse imprimée. Avec les miroirs incrustés dans les murs, on pourrait croire qu’il y a plus du double d’élèves présents dans la salle, et le triple de papier qui vole de main en main. Combiné aux bruits de bavardage et de froissements, cela me donne un peu le tournis. Elle serait pas un peu agoraphobe sur les bords, la miss ?
Je vois pas du tout de quoi tu parles *grand sourire innocent*

En règle générale, une grande partie du personnel vient chercher le journal parmi les élèves : cuisiniers, intendants et professeurs discutent entre eux en découvrant les dernières nouvelles. Notre professeure de danse, ainsi que Geoffrey, mettent toujours un point d’honneur à se mélanger aux élèves et à discuter des actualités avec eux. C’est la cinquième fois que nous recevons le journal, et ils ont toujours eu un mot pour nous. Ça me rappelle mes profs de lycée qui adoraient s'arrêter pour bavasser...

Ce matin, non-seulement ils sont absents, mais la plupart des gens partent s’isoler seuls ou en groupe, un air sombre sur le visage, pour lire. Hmmm...

Nous apercevons la grande et maigre silhouette de Dimitri nous faire signe au milieu de la foule. Peu après, il nous rejoint, suivi par Marie qui profite de sa taille pour se faufiler à sa suite. :lol: Ça me fait penser aux routes, quand une ambulance passe. Tu vois toujours des motards dans son sillage, qui foncent comme des dératés en profitant de l'ouverture. Nous nous éloignons ensuite du hall d’entrée, à la recherche d’un endroit plus calme pour lire les nouvelles de la semaine.

« On a eu du mal à les récupérer, commente Marie lorsque Dimitri nous distribue les exemplaires qu’ils ont pioché. Les gens étaient tellement amassés, c’était étouffant. S’ils se décollent pas de là d’ici une heure, ça va devenir une espèce de grosse bouillabaisse.

- Toujours aussi délicate, ma sœur adorée, commente Aaron en dépliant son journal d’un air théâtral.

- Tu peux parler.

- Je pense que Marie a raison sur ce point-là » tranche Dimitri, qui garde un air impassible. Ses yeux, telles deux émeraudes sombres et brutes, se troublent au fur et à mesure de sa lecture. Ben la vache, si même lui est préoccupé...

La Continentale est réputée pour son actualité politique précise et ses gros titres percutants. Lorsque je le lis, j’ai l’impression que l’on verse un pichet d’eau glacée dans mon estomac.



Mort d’Assar Hamilcar : Le fils ainé du Temps :?: Faudra m'expliquer ce délire. terrassé par son destin

C’est durant le second après-midi des Convergences Décennales qu’Assar, fils ainé d’Auguste et de Maïa, a été retrouvé agonisant au pied d’un des immenses escaliers de la demeure Eristène. Malgré l’intervention rapide d’une équipe d’Herboristes et la venue exceptionnelle d’un chirurgien Parce que les chirurgiens, c'est seulement en situation exceptionnelle, dans ce monde ?, le jeune homme n’a pu être sauvé et est décédé dans l’heure suivante. R.I.P. mon petit.
Pour revenir à ta question des chirurgens: en fait, comme tu le sais, les Herboristes peuvent quasiment tout soigner, sauf les gros dommages internes (hémorragies, crises cardiaques, cirrhoses, cancers et j'en passe...) Du coup, il y a peu de gens qui s'intéressent à l'anatomie humaine, et lorsqu'ils l'ont étudiée, bah ils sont souvent au service des plus riches...

Cet accident, aussi tragique qu’inconcevable, marque d’un fer sombre le début des Grands Comptes Prévoyaux, où les dirigeants au complet discutent de l’avenir économique de nos belles terres. Ouais, ça fait un peu lèche-bottes, cette tournure. Cette Convergence était le premier évènement officiel durant lequel le fils Hamilcar présidait les assemblées. Il faut désormais composer avec une place vacante, sans doute prise en main par son père Auguste, et un décès malheureusement prématuré. Mais le temps n’est pas aux sentiments dans la famille, d’après les quelques mots que Dame Maïa nous a accordé.

« La perte de notre enfant nous accable, mais notre position actuelle ne nous permet pas de tout arrêter pour le pleurer. Les Décennales et les responsabilités qu’elles impliquent restent notre priorité. »

Désormais, deux questions se posent : Le fils cadet de la famille, Isaac, va-t-il prendre la place de son défunt frère ? Et quelle est la nature de l’accident qui a eu raison de l’aîné des deux fils du Temps ? Cette formulation ne cesse de me troubler...
Je suis désolée mais je ne peux pas te spoiler x)

Il est de notoriété commune sur le Prévoyer Hamilcar qu’Assar possédait une santé fragilisée par des problèmes cardiaques. Ce qui ne l’empêchait pas d’accomplir ses devoirs avec brio, faisant de l’ombre à un cadet qui ne semblait pas y accorder d’importance. D’après les analyses médicales menées sur son corps, Assar ne descendait pas les escaliers. L’hypothèse d’une défaillance liée à une activité physique est donc écartée.

Cependant, l’examen est formel : le jeune héritier est bel et bien mort d’une crise cardiaque. Le Continent est connu pour des hivers rudes dont le Prévoyer Hamilcar a souvent la chance d’échapper. Cette fin de phrase est bizarrement tournée...
Ah, merde. Tu me conseillerais quoi comme tournure?
Il est probable que son jeune corps déjà fragilisé ait mal supporté les températures froides du Prévoyer Eristène, mais cette hypothèse ne semble pas faire l’unanimité. Des adeptes de la théorie du complot ?

Retrouvez en détails l’actualité politique en page deux et trois, l’actualité Continentale en page quatre, et l’actualité Prévoyale en page sept…



Mon regard reste bloqué sur la dernière ligne, que je relis indéfiniment.

Retrouvez en détails….


Je n’arrive pas à détacher mes yeux du papier que le voyage a commencé à altérer.

Page quatre…


Sans que je ne m’en rende compte, ma vue se brouille, et mon champ de vision devient flou. Je cligne des yeux. L’image redevient nette, mais une larme vient s’écraser sur le journal, mélangeant l’encre et le papier. Elle le connaissait ?

Le visage de Dimitri est fermé, et celui de Jasmine affiche une profonde tristesse. Ils échangent tous deux un regard. Aaron, qui d’habitude ne se laisse pas émouvoir par les histoires des Premiers, affiche une mine perplexe. Marie semble mal à l’aise.

J’ai parfois eu l’occasion de discuter avec des marins de Terres d’Ailleurs Le nom exotique par excellence... (J'ai trooop envie d'y aller !) qui venaient faire du commerce sur notre Prévoyer. Et je n’en ai jamais connu un seul qui soit capable de comprendre les émotions qui nous animent envers les Premiers. Et ces émotions sont...

Assar est né trois ans avant moi. Il aurait dû atteindre l’âge de mon frère cette année. Depuis ma naissance, j’ai été bercée par la vie de sa famille. De notre famille, en quelque sorte. J’ai appris à lire sur des articles de journaux qui contaient ses première apparitions officielles. Lorsqu’il a entrepris son premier voyage pour découvrir le Prévoyer et ses habitants, nous suivions avec une grande attention chacune de ses étapes. Il a d’ailleurs été remarquable, et ses débuts en compagnie de son père n’ont fait que confirmer cette impression. Si l’homme était malade, sa position l’élevait au rang d’intouchable. Il faisait partie de ceux qui nous représentaient. Comme son père, sa mère et son frère, ils étaient le Prévoyer. Et ils étaient une part de nous.

Ils sont plus puissants, plus riches et sans doute bien moins honnêtes que nous. Mais sur le Continent, personne n’oublie jamais ce qu’il doit, et à qui.

Je ne suis pas sûre de comprendre cette histoire de sentiments envers les Premiers. Mais à part ça, ce chapitre est très cool ! Bizarre, mais cool, et l'écriture est toujours au top. ;)
Haha, y en a pas beaucoup qui me lisent qui ont compris, t'es pas la seule x) En fait, je veux parler de l'attachement que le peuple éprouve irrémédiablement envers son souverain, que ce soit un Roi ou un dictateur, ce qu'on ne connait plus chez nous. Par exemple, il y a peu, un pays d'Afrique a été libéré de la dictature... Eh bien les gens pleuraient la mort de leur chef militaire, aussi cruel fut-il durant son règne ^^' Et en France, quand le souverain mourrait, on entonnait "Le Roi est mort, vive le Roi!"
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Mimori a écrit :Je sais, c'est incroyable, mais je suis là, enfin, un en seul morceau... et prête à m'adonner à mon passe-temps favoris : la lecture sportive. Je vois que tu n'as pas chômé durant mon absence prolongée, et c'est tant mieux ! La page blanche, plus elle est loin, mieux c'est.
Eh, ça faisait un bail! Comment s'est passé ce fameux stage? Maintenant, tu va pouvoir profiter (enfin, j'espère) de vacances bien méritées...
Je fais tout pour l'éloigner, cette page blanche! *brandit ses totems ésotériques anti-page blanche*



Voici donc mes "highlights"...

PARTIE 9
- Tout comme Dimitri, les excuses d'Ivan m'ont plus que prise au dépourvu. Il veut faire table rase, et éviter à l'avenir de recroiser son chemin. C'est bien beau de le dire, mais le fera-t-il pour autant ? Le destin a ses raisons que la raison ignore...
C'est pas faux! Ce genre d'excuse, c'est à double tranchant: soit on repart vraiment de rien, et tout est oublié, soit ça n'est qu'un prétexte à la vengeance...
Xhantia a écrit :Tu sais, moi non plus je suis pas quelqu'un de bien. Je crois que personne ne l'est.
- Les phrases comme ça, semi-philosophiques, jetées en fin de chapitre (ou de partie, dans ce cas) c'est mon pêché mignon. Ça donne un effet percutant, ça pousse à y réfléchir, que ce soit dans le contexte de l'histoire ou celui de sa propre vie. Et les livres qui font réfléchir, c'est le TOP.
J'avoue que j'aime bien en mettre, en plus ça donne l'occasion de disséminer des infos sous-entendues sur les personnages :D

PARTIE 10
Xhantia a écrit :Par contre, c’est un vieux livre, alors il arrive qu'il soit un peu de mauvaise humeur.
- Va savoir pourquoi, mais je me suis direct imaginé le livre dévoreur des films Harry Potter... :lol:
Haha, on me l'a souvent dit! Le concept n'est pas du tout le même, mais j'avoue que pendant un instant j'ai moi aussi revu Harry en train de fuir ce bouquin :lol: :lol:
- Tu offres à Jasmine un très beau flashback, j'aime beaucoup ce moment d'intimité partagé entre elle et son grand-père, permis par la passion de la musique et l'attachement familial.

MEANDRE
- En effet, perplexe, je suis !! Mais tant mieux, justement... piquer la curiosité, c'est bien. J'ai hâte d'avoir toutes les cartes en main pour comprendre ce "Méandre" !

PARTIE 11
- J'ai craqué quand j'ai vu que Cynthia a suivi le conseil de lecture de Maugus... j'adore :lol:
- J'apprécie aussi les petits détails et anecdotes que tu ajoutes à ton histoire, comme pour le journal La Continentale. Ça aide à donner du relief au récit, pour se plonger encore plus dedans.
J'apprécie aussi de le faire, et puis j'avoue que je me verrais mal avancer dans mon histoire sans ajouter de fond... ^^'
- La mort de ce Premier permet aussi de mieux comprendre la relation de soumission/gratitude qui a été établie entre les différents rangs de cette société. Et du coup, une autre punchline bien appréciée pour la route :
Xhantia a écrit :Mais sur le Continent, personne n’oublie jamais ce qu’il doit, et à qui.
Dans tous les cas, moi, je la sens pas cette mort... conspiration ? complot ?

VITE ! Hâte de savoir la suite... et cette fois-ci, je serai à l'heure.
;)

Encore merci pour tes écrits,
c'est toujours un grand plaisir de te lire.
Eh bien merci à toi de me lire aussi, j'aime beaucoup lire tes commentaires! Ils sont toujours très pertinents ^-^ Et même si tu es en retard, je te pardonne :D :P
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

GoldAngels a écrit :
Xhantia a écrit :

Partie 11



Cynthia


Assise sur l’un des grands canapés de la bibliothèque, un livre dans les mains, je parcours la couverture du regard et du pouce. Sa texture rugueuse et douce est caractéristique des vieux ouvrages, comme ceux que l’on s’amusait à apprendre par cœur avec mon frère, il y a longtemps de cela. :arrow: Où trouviez-vous ces bouquins ? Et surtout, où trouviez-vous le temps qu'il faut pour les lire et les apprendre par cœur ? :shock:
Cynthia et son frère avaient la chance d'habiter près d'une petite ville. Comme ils sont proches d'Anchoris, la ville principale de leur Prévoyer, les patelins autour sont plus riches, et donc il y avait une bibliothèque de construite... Rien d’impressionnant, cela dit...
Attention, j'ai dit qu'ils "s'amusaient" à le faire ;) Et pour le reste, même en étant enfants d'agriculteurs, leurs parents ont toujours mis l'accent sur leur éducation. Une fois par semaine, ils les autorisaient à aller en ville pour lire des livres, voire en acheter un pour leur anniversaire. Du coup, ça leur laissait du temps... Et puis, disons que le grand frère a toujours voulu égaler les capacités mnésiques de sa petite sœur ^^'


J’ai décidé de suivre le conseil de Maugus et, dès que j’ai eu le temps, j’ai été emprunter L’Histoire Industrielle Herjafol à la bibliothèque. J’ai mis quatre jours avant d’apprivoiser ce ramassis de papier grincheux et peureux. Comme sa reliure s’effrite, il panique dès qu’on tente de l’ouvrir. J’ai réussi à gagner sa confiance en convainquant le bibliothécaire de l’académie de s’occuper un peu de son état. :arrow: Ça me fait vraiment penser à Harry Potter (et je pense que tu t'en es librement inspirée ^^), mais tu as eu l'intelligence de le mettre à ta sauce,
d'en faire quelque chose qui t'appartienne en propre. Et ça, c'est bien !

Ah, encore une comparaison avec Harry Potter... Même si le concept n'est pas du tout le même, j'avoue qu'en écrivant, j'ai pensé à ce fameux livre qui voulait manger notre héros à lunettes :lol:

Les premières pages, richement illustrées, présentent différents prototypes de machines, premières tentatives de mécanisation du travail sur notre Continent. Le Prévoyer Herjafol est connu pour son avance technologique :arrow: Cette phrase m'interroge. Pour moi, tout le monde vivait sur le même continent, chacun dans son Prévoyer et respectant la division sociale certes, mais sans concurrence particulière, tu vois ce que je veux dire ? Mais du coup, il semble y avoir des rivalités sous-jacentes entre les familles, qui m'amènent à me poser des questions comme "qui gouverne vraiment, finalement ?", "pourquoi les autres familles de Premiers sont-elles aussi puissante que celle qui a toujours eu une avance technologique ?", ou encore "dans quoi sont spécialisées les autres familles ?". Surtout que cette avance est largement compensée par de "simples" Seconds, tu vois ce que je veux dire ? Après, je suis peut-être un peu tatillon... ^^"
Je viens de finir ma carte du Continent, cette remarque tombe à point nommé! Sitôt fini de te répondre, je l'upload ici!
Eh bien, même s'il est vrai que je ne l'ai jamais mentionné, le Continent, c'est bel et bien l'unification de ces Prévoyers. A partir de ce moment-là, tous ces petits dirigeants sont bien obligés de composer entre eux, pour collaborer... Et peut-être s'écraser les uns et les autres au passage. Ils ne dupent personne.
Ce n'est pas parce qu'on a une avance dans un seul domaine que l'on est meilleur que tout le monde ;)
Non, non, je trouve tes remarques très justes! Et comme je disais pour Vampiredeslivres, lorsqu'on est un entrepreneur, il vaut mieux investir dans des machines qui font le travail plus vite et mieux que n'importe quel être humain... Après tout, pourquoi épuiser sa magie?
Et puis, ces machines ont aussi permis l'essor des classes plus basses: pense aux Terciers et à leur journaux. Quand on ne peut pas enchanter, les machines, ça aide!



: les Continentaux de là-bas sont des pionniers en matière de machinerie et d’armement. Les affiliations magiques des Seconds minimisent beaucoup l’utilité de ces prototypes, car ils peuvent pratiquement tout faire eux-mêmes. Mais l’aide qu’ils apportent aux Terciers et à certains métiers a participé à leur démocratisation sur le Continent.

« Eh ! On t’a cherchée partout ! »

A peine ai-je commencé à tourner les pages que la poigne large et ferme d’Aaron se referme sur mon épaule, me faisant sursauter. Le manuscrit, mort de peur, claque brusquement sur mes doigts et les écrase entre les pages jaunies.

« Aaaah, aie, ça fait mal, lâche moi ! »

Aaron, se rendant compte de son erreur, relâche son emprise sur moi et plaque la main sur sa bouche pour retenir un fou rire. Jasmine devait être avec lui, car elle arrive très vite après. Lorsqu’elle voit le livre me manger littéralement les doigts, elle écarquille les yeux et s’empresse de venir m’aider. Après quelques paroles apaisantes et de gentilles caresses, celui-ci finit par laisser ma main libre. Il se referme définitivement ; il a eu son compte pour la journée. Et mes doigts aussi.

« C’est que ça pince fort, un livre, je grogne en faisant jouer mes phalanges endolories.

Aaron, lui, ne s’est toujours pas remis de ses émotions : assis contre le canapé, il est recroquevillé sur lui-même, son fou-rire le secouant de spasmes. Jasmine, mécontente de sa réaction, croise les bras et le fusille du regard.

- T’as pas honte ? T’imagines si elle s’était coincé les doigts dans quelque chose de tranchant, est-ce que tu rirais ?

- Rooooooh, allez ma grande, on se détend, hahaha, c’est pas bien grave ça…

Voyant que Jasmine ne décolère pas, il se relève afin de se redonner un peu de contenance. Mais la demoiselle aux yeux mauves est aussi grande que lui ; difficile d’échapper à son regard mécontent, qui le transperce de part en part, et au rictus qui déforme ses lèvres pâles. Tant bien que mal, il reprend sa respiration, sans cesser de sourire.

- Woah, désolée Cynthia, c’était pas méchant promis, mais c’était tellement drôle à voir… Je voulais pas… Hahaha !

Un peu vexée par sa réaction, mais également contaminée par son rire, je ne réussis pas à faire percer l’agacement dans ma voix lorsque je lui réponds.

- Qu’est-ce que tu me voulais ?

C’est comme si je l’avais brusquement ramené à la réalité. Il esquisse un grand mouvement de la main, montrant qu’il se souvient subitement de la raison de sa venue. Pris d’une quinte de toux, il met quelques temps avant de répondre. Tandis qu’il reprend une énième fois sa respiration, Jasmine décide de répondre à sa place.

- On est venus parce qu’en sortant de notre cours de danse, on a vu que l’entrée était pleine à craquer. On a eu du mal à se frayer un chemin.

- Je crois que la dernière édition de La Continentale est arrivée dans la matinée, ajoute notre camarade en fronçant ses sourcils broussailleux. Une lueur préoccupée, comme une comète traversant le ciel d’une nuit d’été, s’allume dans son regard.

- Et en quoi c’est important ? Tout le monde veut toujours lire le journal, je leur fais remarquer. :arrow: Tu traduis littéralement la question qu'on se pose tous, mais j'aurais l'occasion d'y revenir un peu plus en détail

- Oui, mais cette fois, ce n’est pas pareil que d’habitude, complète Jasmine. On a demandé à Marie et Dimitri de prendre plusieurs exemplaires pendant qu’on allait te chercher. :arrow: Pourquoi ? Je veux dire, un seul exemplaire aurait largement suffit, vous vous le seriez passé. Ensuite, pourquoi est-ce que vous aviez besoin de Cynthia ? C'est la seule du groupe qui sache lire ? Et pourquoi si vous avez pris plusieurs exemplaires, vous ne les lui apportez pas ?
Pour le coup de l'exemplaire unique, tu as totalement raison. En plus, ça m'aurait permis de ménager le suspense x)
En fait, je ne le dis qu'après, mais il y a toute l'école qui vient chercher le journal. Donc autant se séparer en deux groupes: ceux qui vont le prendre tant bien que mal, et ceux qui partent voir Cynthia pour la prévenir. Le temps d'avoir un exemplaire, leur amie aurait très bien pu changer de lieu, ou venir elle aussi se perdre au milieu des gens, et dans ce cas, bonjour pour la retrouver dans ce bordel ^^'


- On a croisé l’autre prof là, dans le corridor, ajoute Aaron. Géffro, Geoffrey… Geoffroy, c’est ça ? Il discutait avec une autre bonne femme. Eh bah je peux te dire qu’ils faisaient une drôle de tête.

Si même cet homme semble troublé….

Jasmine me lance un regard inquiet en se tordant les mains. Lorsqu’elle est angoissée, il est difficile de lui changer les idées.

- Quoique ce soit, ce n’est pas bon. On est venus te chercher pour que tu sois au courant. Ils doivent nous attendre.
- Très bien, laissez-moi juste reposer, euh… Ça, je complète en leur désignant le fameux livre, et j’arrive. »



La Continentale est le journal le plus connu et le plus vendu parmi nos Prévoyers. En fait, ses imprimeries sont aussi célèbres que l’ouvrage en lui-même. Et il y a de quoi être fier : ce sont des Terciers qui ont débuté, avec pour seul matériel leur détermination et de vieilles imprimantes manuelles bricolées de rien. Depuis leur petit village des terres d’Hafferyn jusqu’aux plus hauts dignitaires du Palais Militaire, l’ascension de leur journal a été aussi fulgurante que méritée. De mémoire, c’est l’une des seules entreprises de Terciers qui emploie des Seconds.

Ils livrent leur journal absolument partout et en un temps record. Mes parents payaient le numéro au Lettrier à chaque fois lorsqu’il passait déposer les avis locaux.

Je ne suis donc pas étonnée de voir que, comme chaque semaine, le hall d’entrée se remplit considérablement lorsqu’une diligence vient apporter son lot de paperasse imprimée. Avec les miroirs incrustés dans les murs, on pourrait croire qu’il y a plus du double d’élèves présents dans la salle, et le triple de papier qui vole de main en main. Combiné aux bruits de bavardage et de froissements, cela me donne un peu le tournis.

En règle générale, une grande partie du personnel vient chercher le journal parmi les élèves : cuisiniers, intendants et professeurs discutent entre eux en découvrant les dernières nouvelles. Notre professeure de danse, ainsi que Geoffrey, mettent toujours un point d’honneur à se mélanger aux élèves et à discuter des actualités avec eux. C’est la cinquième fois que nous recevons le journal, et ils ont toujours eu un mot pour nous. :arrow: Tiens, ce n'est pas un Quotidien ?
Eh non! Malgré le mot "journal", c'est un hebdomadaire! Avec les services de communication et la technologie dont ils disposent, il serait toujours difficile pour les Terciers de faire une édition par jour.

Ce matin, non-seulement ils sont absents, mais la plupart des gens partent s’isoler seuls ou en groupe, un air sombre sur le visage, pour lire.

Nous apercevons la grande et maigre silhouette de Dimitri nous faire signe au milieu de la foule. Peu après, il nous rejoint, suivi par Marie qui profite de sa taille pour se faufiler à sa suite. Nous nous éloignons ensuite du hall d’entrée, à la recherche d’un endroit plus calme pour lire les nouvelles de la semaine.

« On a eu du mal à les récupérer, commente Marie lorsque Dimitri nous distribue les exemplaires qu’ils ont pioché. Les gens étaient tellement amassés, c’était étouffant. S’ils se décollent pas de là d’ici une heure, ça va devenir une espèce de grosse bouillabaisse.

- Toujours aussi délicate, ma sœur adorée, commente Aaron en dépliant son journal d’un air théâtral.

- Tu peux parler.

- Je pense que Marie a raison sur ce point-là » tranche Dimitri, qui garde un air impassible. Ses yeux, telles deux émeraudes sombres et brutes, se troublent au fur et à mesure de sa lecture.

La Continentale est réputée pour son actualité politique précise et ses gros titres percutants. Lorsque je le lis, j’ai l’impression que l’on verse un pichet d’eau glacée dans mon estomac.



Mort d’Assar Hamilcar : Le fils ainé du Temps terrassé par son destin :arrow: Tu réponds partiellement aux questions que j'ai posées plus haut quant aux spécialités des autres familles, mais tu ne fais que déplacer le problème : la maîtrise du Temps, pour autant que ce soit le cas, est indiscutablement le pouvoir le plus important qu'on puisse avoir. Là où réside l'habileté de ton propos, c'est que sous couvert d'un périodique, tu jettes littéralement un pavé dans la marre. C'est là qu'on se rend-compte que finalement, on ne connait presque rien de ces fameux Premiers
Ah bon? Le plus important? C'est vrai que c'est pas mal... Mais tout dépend de comment tu le maîtrises, ce temps :)

C’est durant le second après-midi des Convergences Décennales qu’Assar, fils ainé d’Auguste et de Maïa, a été retrouvé agonisant au pied d’un des immenses escaliers de la demeure Eristène. Malgré l’intervention rapide d’une équipe d’Herboristes et la venue exceptionnelle d’un chirurgien, le jeune homme n’a pu être sauvé et est décédé dans l’heure suivante.

Cet accident, aussi tragique qu’inconcevable, marque d’un fer sombre :arrow: Tu as mélangé deux expressions idiomatiques, c'est vraiment pas mal :lol: : on dit marqué au fer rouge ou marqué d'une pierre sombre/noire :lol:
*part se cacher en attendant qu'il ait fini de rigoler* :lol:
le début des Grands Comptes Prévoyaux, où les dirigeants au complet discutent de l’avenir économique de nos belles terres. Cette Convergence était le premier évènement officiel durant lequel le fils Hamilcar présidait les assemblées. Il faut désormais composer avec une place vacante, sans doute prise en main par son père Auguste, et un décès malheureusement prématuré. Mais le temps n’est pas aux sentiments dans la famille, d’après les quelques mots que Dame Maïa nous a accordé.

« La perte de notre enfant nous accable, mais notre position actuelle ne nous permet pas de tout arrêter pour le pleurer. :arrow: Froids, sans cœur et assentimentaux, en voilà une belle famille de *** ^^"
Comme quoi c'est marrant, parce que si on m'interviewait sur la mort de mon enfant, perso je ferais tout pour ne pas perdre contenance devant tous ces spectateurs et ces vautours de jounalistes ^^'
Les Décennales et les responsabilités qu’elles impliquent restent notre priorité. »

Désormais, deux questions se posent : Le fils cadet de la famille, Isaac, va-t-il prendre la place de son défunt frère ? Et quelle est la nature de l’accident :arrow: "Accident" ? Peut-on vraiment parler d'accident dans ce cas ? J'ai vraiment du mal à le croire... :roll: qui a eu raison de l’aîné des deux fils du Temps ?

Il est de notoriété commune sur le Prévoyer Hamilcar qu’Assar possédait une santé fragilisée par des problèmes cardiaques. Ce qui ne l’empêchait pas d’accomplir ses devoirs avec brio, faisant de l’ombre à un cadet qui ne semblait pas y accorder d’importance :arrow: Cluedo party :lol: !!!.
J'ai tellement ri :lol: :lol: :lol: :lol:
D’après les analyses médicales menées sur son corps, Assar ne descendait pas les escaliers. L’hypothèse d’une défaillance liée à une activité physique est donc écartée.

Cependant, l’examen est formel : le jeune héritier est bel et bien mort d’une crise cardiaque. Le Continent est connu pour des hivers rudes dont le Prévoyer Hamilcar a souvent la chance d’échapper. Il est probable que son jeune corps déjà fragilisé ait mal supporté les températures froides du Prévoyer Eristène, mais cette hypothèse ne semble pas faire l’unanimité.

Retrouvez en détails l’actualité politique en page deux et trois, l’actualité Continentale en page quatre, et l’actualité Prévoyale en page sept…



Mon regard reste bloqué sur la dernière ligne, que je relis indéfiniment.

Retrouvez en détails….


Je n’arrive pas à détacher mes yeux du papier que le voyage a commencé à altérer. :arrow: Quoi, déjà ?C'est du papier de soie, votre journal, ou quoi ^^ ?
C'est surtout que du papier, avec l'humidité de l'hiver, ça s'altère vite, même protégé des intempéries x)

Page quatre…


Sans que je ne m’en rende compte, ma vue se brouille, et mon champ de vision devient flou. Je cligne des yeux. L’image redevient nette, mais une larme vient s’écraser sur le journal, mélangeant l’encre et le papier. :arrow: Sensible au point de pleurer la mort, aussi tragique qu'elle fût, de quelqu'un qu'elle n'a jamais vu ^^ ?

Le visage de Dimitri est fermé, et celui de Jasmine affiche une profonde tristesse. Ils échangent tous deux un regard. Aaron, qui d’habitude ne se laisse pas émouvoir par les histoires des Premiers, affiche une mine perplexe. Marie semble mal à l’aise.

J’ai parfois eu l’occasion de discuter avec des marins de Terres d’Ailleurs qui venaient faire du commerce sur notre Prévoyer. Et je n’en ai jamais connu un seul qui soit capable de comprendre les émotions qui nous animent envers les Premiers. :arrow: Au temps pour moi ^^
Mais du coup, tu as compris le genre de relation entre gouvernants et gouvernés que je voulais faire transparaitre? Je l'ai aussi expliqué à Vampiredeslivres en fin de réponse, je sais pas comment le reformuler pour que les gens captent ^^'

Assar est né trois ans avant moi. Il aurait dû atteindre l’âge de mon frère cette année. Depuis ma naissance, j’ai été bercée par la vie de sa famille. De notre famille, en quelque sorte. J’ai appris à lire sur des articles de journaux qui contaient ses première apparitions officielles. Lorsqu’il a entrepris son premier voyage pour découvrir le Prévoyer et ses habitants, nous suivions avec une grande attention chacune de ses étapes. Il a d’ailleurs été remarquable, et ses débuts en compagnie de son père n’ont fait que confirmer cette impression. Si l’homme était malade, sa position l’élevait au rang d’intouchable. Il faisait partie de ceux qui nous représentaient. Comme son père, sa mère et son frère, ils étaient le Prévoyer. Et ils étaient une part de nous.

Ils sont plus puissants, plus riches et sans doute bien moins honnêtes que nous. Mais sur le Continent, personne n’oublie jamais ce qu’il doit, et à qui. :arrow: Comme toujours, la fin des chapitres est soignée, percutante et dynamique. Perso, j'adore.
Et voilà pour ce chapitre 11 :) Après 3 mois d'absence, ça fait plaisir de revenir sur un topic de cette qualité. Franchement, j'ai vraiment hâte de connaître la suite, de voir à quelle sauce tu vas nous cuisiner, etc. Ton texte est toujours aussi agréable à lire, toujours aussi dynamique et vivant, et c'est un réel plaisir de le reprendre. Bref, vivement le chapitre 12 :)

P.S : J'ai lu "Méandres", j'ai beaucoup aimée cette parenthèse qui était, une fois de plus, intelligemment écrite et riche en informations diverses ;)
Eh bah sache que ça fait toujours autant plaisir de voir que tu t'es penché sur mon texte! Tu es un peu mon correcteur-tatillon personnel :lol: Je me demande à chaque fois quelles sont les remarques incongrues que tu vas me faire :lol: mais j'adore!
Moi qui pensait qu'on ne pouvait pas tirer beaucoup de choses de mon Méandre, tu vas encore une fois me surprendre, je le sens x)
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bonus : Le Continent


ENFIN!
Après quatre croquis foireux, des tutos Youtube en anglais et quelques heures de temps libre typique des vacances, je peux enfin vous montrer à quoi ressemble le Continent!
Bon, c'est assez basique comme carte, je suis en train de travailler sur les Prévoyers de façon individuelle. Donc petit à petit, vous aurez droit aux régions, une par une.
Je m'en vais de ce pas attacher cette carte au premier chapitre!

Le Continent - Le Monde des Premiers
Le Continent - Le Monde des Premiers
Le Continent.JPG (2.05 Mio) Consulté 378 fois
PS: Après je sais pas combien de temps de recherche, je n'ai toujours pas trouvé comment faire pivoter l'image...
Si quelqu'un sait, qu'il ou elle ait pitié de moi :'(
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :
GoldAngels a écrit :
Xhantia a écrit :

Partie 11



Cynthia


Assise sur l’un des grands canapés de la bibliothèque, un livre dans les mains, je parcours la couverture du regard et du pouce. Sa texture rugueuse et douce est caractéristique des vieux ouvrages, comme ceux que l’on s’amusait à apprendre par cœur avec mon frère, il y a longtemps de cela. :arrow: Où trouviez-vous ces bouquins ? Et surtout, où trouviez-vous le temps qu'il faut pour les lire et les apprendre par cœur ? :shock:
Cynthia et son frère avaient la chance d'habiter près d'une petite ville. Comme ils sont proches d'Anchoris, la ville principale de leur Prévoyer, les patelins autour sont plus riches, et donc il y avait une bibliothèque de construite... Rien d’impressionnant, cela dit...
Attention, j'ai dit qu'ils "s'amusaient" à le faire ;) Et pour le reste, même en étant enfants d'agriculteurs, leurs parents ont toujours mis l'accent sur leur éducation. Une fois par semaine, ils les autorisaient à aller en ville pour lire des livres, voire en acheter un pour leur anniversaire. Du coup, ça leur laissait du temps... Et puis, disons que le grand frère a toujours voulu égaler les capacités mnésiques de sa petite sœur ^^'
C'est marrant que tu répondes à cette remarque, parce que en réalité, elle n'avait aucune finalité ^^ C'est le fait que des gens s'amusent à apprendre des bouquins par cœur qui m'a fait rire (bien que j'adore lire, ce n'est pas à quoi je "m'amuserais" :D ) Ceci dit, le complément d'information est intéressant :)

J’ai décidé de suivre le conseil de Maugus et, dès que j’ai eu le temps, j’ai été emprunter L’Histoire Industrielle Herjafol à la bibliothèque. J’ai mis quatre jours avant d’apprivoiser ce ramassis de papier grincheux et peureux. Comme sa reliure s’effrite, il panique dès qu’on tente de l’ouvrir. J’ai réussi à gagner sa confiance en convainquant le bibliothécaire de l’académie de s’occuper un peu de son état. :arrow: Ça me fait vraiment penser à Harry Potter (et je pense que tu t'en es librement inspirée ^^), mais tu as eu l'intelligence de le mettre à ta sauce,
d'en faire quelque chose qui t'appartienne en propre. Et ça, c'est bien !

Ah, encore une comparaison avec Harry Potter... Même si le concept n'est pas du tout le même, j'avoue qu'en écrivant, j'ai pensé à ce fameux livre qui voulait manger notre héros à lunettes :lol:

Les premières pages, richement illustrées, présentent différents prototypes de machines, premières tentatives de mécanisation du travail sur notre Continent. Le Prévoyer Herjafol est connu pour son avance technologique :arrow: Cette phrase m'interroge. Pour moi, tout le monde vivait sur le même continent, chacun dans son Prévoyer et respectant la division sociale certes, mais sans concurrence particulière, tu vois ce que je veux dire ? Mais du coup, il semble y avoir des rivalités sous-jacentes entre les familles, qui m'amènent à me poser des questions comme "qui gouverne vraiment, finalement ?", "pourquoi les autres familles de Premiers sont-elles aussi puissante que celle qui a toujours eu une avance technologique ?", ou encore "dans quoi sont spécialisées les autres familles ?". Surtout que cette avance est largement compensée par de "simples" Seconds, tu vois ce que je veux dire ? Après, je suis peut-être un peu tatillon... ^^"
Je viens de finir ma carte du Continent, cette remarque tombe à point nommé! Sitôt fini de te répondre, je l'upload ici!
Eh bien, même s'il est vrai que je ne l'ai jamais mentionné, le Continent, c'est bel et bien l'unification de ces Prévoyers. A partir de ce moment-là, tous ces petits dirigeants sont bien obligés de composer entre eux, pour collaborer... Et peut-être s'écraser les uns et les autres au passage. Ils ne dupent personne.
Ce n'est pas parce qu'on a une avance dans un seul domaine que l'on est meilleur que tout le monde ;)
Non, non, je trouve tes remarques très justes! Et comme je disais pour Vampiredeslivres, lorsqu'on est un entrepreneur, il vaut mieux investir dans des machines qui font le travail plus vite et mieux que n'importe quel être humain... Après tout, pourquoi épuiser sa magie?
Et puis, ces machines ont aussi permis l'essor des classes plus basses: pense aux Terciers et à leur journaux. Quand on ne peut pas enchanter, les machines, ça aide!
Ta carte est très belle, je dois l'admettre ^^ Et j'avais bien compris que le Continent était divisé en Prévoyers comme un pays en régions. Mais j'ai toujours du mal à comprendre les relations politiques qui unissent les différentes familles : chacune est maître chez soi, mais dans l'ensemble ? Peut-être que je vois des liens là où il n'y en a pas particulièrement, attendu que chaque Prévoyers serait parfaitement autonome et serait comme un pays à part entière. Mais d'un autre côté, il m'avait semblé comprendre que toutes les familles s'était unies en une sorte de conglomérat politique pour diriger le continent, tu vois ce que je veux dire ?
Quant aux avances potentielles ou présumées, je ne suis pas d'accord avec toi. Comme tu viens de le dire, chaque famille se tire un peu dans les pattes (ils font de la politique) et cherchent à s'écraser mutuellement au passage. Une avance technologique, même sans magie, n'est jamais négligeable : ça signifie de meilleurs équipements (industriels et militaires), donc plus de profit, donc plus de pouvoir, etc... Tu vois ce que je veux dire ?
Le douloureux problème de la mécanisation ^^"...



: les Continentaux de là-bas sont des pionniers en matière de machinerie et d’armement. Les affiliations magiques des Seconds minimisent beaucoup l’utilité de ces prototypes, car ils peuvent pratiquement tout faire eux-mêmes. Mais l’aide qu’ils apportent aux Terciers et à certains métiers a participé à leur démocratisation sur le Continent.

« Eh ! On t’a cherchée partout ! »

A peine ai-je commencé à tourner les pages que la poigne large et ferme d’Aaron se referme sur mon épaule, me faisant sursauter. Le manuscrit, mort de peur, claque brusquement sur mes doigts et les écrase entre les pages jaunies.

« Aaaah, aie, ça fait mal, lâche moi ! »

Aaron, se rendant compte de son erreur, relâche son emprise sur moi et plaque la main sur sa bouche pour retenir un fou rire. Jasmine devait être avec lui, car elle arrive très vite après. Lorsqu’elle voit le livre me manger littéralement les doigts, elle écarquille les yeux et s’empresse de venir m’aider. Après quelques paroles apaisantes et de gentilles caresses, celui-ci finit par laisser ma main libre. Il se referme définitivement ; il a eu son compte pour la journée. Et mes doigts aussi.

« C’est que ça pince fort, un livre, je grogne en faisant jouer mes phalanges endolories.

Aaron, lui, ne s’est toujours pas remis de ses émotions : assis contre le canapé, il est recroquevillé sur lui-même, son fou-rire le secouant de spasmes. Jasmine, mécontente de sa réaction, croise les bras et le fusille du regard.

- T’as pas honte ? T’imagines si elle s’était coincé les doigts dans quelque chose de tranchant, est-ce que tu rirais ?

- Rooooooh, allez ma grande, on se détend, hahaha, c’est pas bien grave ça…

Voyant que Jasmine ne décolère pas, il se relève afin de se redonner un peu de contenance. Mais la demoiselle aux yeux mauves est aussi grande que lui ; difficile d’échapper à son regard mécontent, qui le transperce de part en part, et au rictus qui déforme ses lèvres pâles. Tant bien que mal, il reprend sa respiration, sans cesser de sourire.

- Woah, désolée Cynthia, c’était pas méchant promis, mais c’était tellement drôle à voir… Je voulais pas… Hahaha !

Un peu vexée par sa réaction, mais également contaminée par son rire, je ne réussis pas à faire percer l’agacement dans ma voix lorsque je lui réponds.

- Qu’est-ce que tu me voulais ?

C’est comme si je l’avais brusquement ramené à la réalité. Il esquisse un grand mouvement de la main, montrant qu’il se souvient subitement de la raison de sa venue. Pris d’une quinte de toux, il met quelques temps avant de répondre. Tandis qu’il reprend une énième fois sa respiration, Jasmine décide de répondre à sa place.

- On est venus parce qu’en sortant de notre cours de danse, on a vu que l’entrée était pleine à craquer. On a eu du mal à se frayer un chemin.

- Je crois que la dernière édition de La Continentale est arrivée dans la matinée, ajoute notre camarade en fronçant ses sourcils broussailleux. Une lueur préoccupée, comme une comète traversant le ciel d’une nuit d’été, s’allume dans son regard.

- Et en quoi c’est important ? Tout le monde veut toujours lire le journal, je leur fais remarquer. :arrow: Tu traduis littéralement la question qu'on se pose tous, mais j'aurais l'occasion d'y revenir un peu plus en détail

- Oui, mais cette fois, ce n’est pas pareil que d’habitude, complète Jasmine. On a demandé à Marie et Dimitri de prendre plusieurs exemplaires pendant qu’on allait te chercher. :arrow: Pourquoi ? Je veux dire, un seul exemplaire aurait largement suffit, vous vous le seriez passé. Ensuite, pourquoi est-ce que vous aviez besoin de Cynthia ? C'est la seule du groupe qui sache lire ? Et pourquoi si vous avez pris plusieurs exemplaires, vous ne les lui apportez pas ?
Pour le coup de l'exemplaire unique, tu as totalement raison. En plus, ça m'aurait permis de ménager le suspense x)
En fait, je ne le dis qu'après, mais il y a toute l'école qui vient chercher le journal. Donc autant se séparer en deux groupes: ceux qui vont le prendre tant bien que mal, et ceux qui partent voir Cynthia pour la prévenir. Le temps d'avoir un exemplaire, leur amie aurait très bien pu changer de lieu, ou venir elle aussi se perdre au milieu des gens, et dans ce cas, bonjour pour la retrouver dans ce bordel ^^'
Pour ce qui est du suspens, je suis d'accord. Et je vais te dire, tu aurais carrément pu faire péter le drama : Cynthia est à la bibliothèque, Aaron et Jasmine débarquent, mais ils connaissent déjà la nouvelle (c'est le genre d'info que tout le monde va répéter), et ils ont envoyé Dimitri et Marie prendre un exemplaire pour confirmation. Le fait qu'il n'y ait qu'un exemplaire, augmente le suspens car pendant qu'il y en a qui lit,
son visage se décompose / se ferme, et les autres, bien qu'ils essaient de lire par dessus l'épaule, ne voient rien jusqu'à ce qu'on leur passe le journal. En plus, personn n'aime voir arriver des gens sur le front desquels il est écrit "j'apporte de bien mauvaises nouvelles...", tu vois ? ^^


- On a croisé l’autre prof là, dans le corridor, ajoute Aaron. Géffro, Geoffrey… Geoffroy, c’est ça ? Il discutait avec une autre bonne femme. Eh bah je peux te dire qu’ils faisaient une drôle de tête.

Si même cet homme semble troublé….

Jasmine me lance un regard inquiet en se tordant les mains. Lorsqu’elle est angoissée, il est difficile de lui changer les idées.

- Quoique ce soit, ce n’est pas bon. On est venus te chercher pour que tu sois au courant. Ils doivent nous attendre.
- Très bien, laissez-moi juste reposer, euh… Ça, je complète en leur désignant le fameux livre, et j’arrive. »



La Continentale est le journal le plus connu et le plus vendu parmi nos Prévoyers. En fait, ses imprimeries sont aussi célèbres que l’ouvrage en lui-même. Et il y a de quoi être fier : ce sont des Terciers qui ont débuté, avec pour seul matériel leur détermination et de vieilles imprimantes manuelles bricolées de rien. Depuis leur petit village des terres d’Hafferyn jusqu’aux plus hauts dignitaires du Palais Militaire, l’ascension de leur journal a été aussi fulgurante que méritée. De mémoire, c’est l’une des seules entreprises de Terciers qui emploie des Seconds.

Ils livrent leur journal absolument partout et en un temps record. Mes parents payaient le numéro au Lettrier à chaque fois lorsqu’il passait déposer les avis locaux.

Je ne suis donc pas étonnée de voir que, comme chaque semaine, le hall d’entrée se remplit considérablement lorsqu’une diligence vient apporter son lot de paperasse imprimée. Avec les miroirs incrustés dans les murs, on pourrait croire qu’il y a plus du double d’élèves présents dans la salle, et le triple de papier qui vole de main en main. Combiné aux bruits de bavardage et de froissements, cela me donne un peu le tournis.

En règle générale, une grande partie du personnel vient chercher le journal parmi les élèves : cuisiniers, intendants et professeurs discutent entre eux en découvrant les dernières nouvelles. Notre professeure de danse, ainsi que Geoffrey, mettent toujours un point d’honneur à se mélanger aux élèves et à discuter des actualités avec eux. C’est la cinquième fois que nous recevons le journal, et ils ont toujours eu un mot pour nous. :arrow: Tiens, ce n'est pas un Quotidien ?
Eh non! Malgré le mot "journal", c'est un hebdomadaire! Avec les services de communication et la technologie dont ils disposent, il serait toujours difficile pour les Terciers de faire une édition par jour.Je sais que "journal" ne veut pas forcément dire "quotidien", mais la façon dont tu as présenté la success storry du canard, je me suis imaginé un quotidien (sans que rien ne le justifie, suis-je en train de me rendre compte ^^') :D

Ce matin, non-seulement ils sont absents, mais la plupart des gens partent s’isoler seuls ou en groupe, un air sombre sur le visage, pour lire.

Nous apercevons la grande et maigre silhouette de Dimitri nous faire signe au milieu de la foule. Peu après, il nous rejoint, suivi par Marie qui profite de sa taille pour se faufiler à sa suite. Nous nous éloignons ensuite du hall d’entrée, à la recherche d’un endroit plus calme pour lire les nouvelles de la semaine.

« On a eu du mal à les récupérer, commente Marie lorsque Dimitri nous distribue les exemplaires qu’ils ont pioché. Les gens étaient tellement amassés, c’était étouffant. S’ils se décollent pas de là d’ici une heure, ça va devenir une espèce de grosse bouillabaisse.

- Toujours aussi délicate, ma sœur adorée, commente Aaron en dépliant son journal d’un air théâtral.

- Tu peux parler.

- Je pense que Marie a raison sur ce point-là » tranche Dimitri, qui garde un air impassible. Ses yeux, telles deux émeraudes sombres et brutes, se troublent au fur et à mesure de sa lecture.

La Continentale est réputée pour son actualité politique précise et ses gros titres percutants. Lorsque je le lis, j’ai l’impression que l’on verse un pichet d’eau glacée dans mon estomac.



Mort d’Assar Hamilcar : Le fils ainé du Temps terrassé par son destin :arrow: Tu réponds partiellement aux questions que j'ai posées plus haut quant aux spécialités des autres familles, mais tu ne fais que déplacer le problème : la maîtrise du Temps, pour autant que ce soit le cas, est indiscutablement le pouvoir le plus important qu'on puisse avoir. Là où réside l'habileté de ton propos, c'est que sous couvert d'un périodique, tu jettes littéralement un pavé dans la marre. C'est là qu'on se rend-compte que finalement, on ne connait presque rien de ces fameux Premiers
Ah bon? Le plus important? C'est vrai que c'est pas mal... Mais tout dépend de comment tu le maîtrises, ce temps :) Ooooh non, ça ne dépend pas de comment tu maîtrises le temps. Deux exemples concrets : d'abord, tu peux l'arrêter à ta guise Si tu n'es pas touchée par cet arrêt, tu peux continuer à produire tranquillement pendant que les autres sont figés, tu vois ? Ensuite, tu peux voyager dans le temps et donc, rapporter des technologies futures dans le passé et prendre ainsi un avantage considérable sur tous tes rivaux (du présent x) ). Après, tout dépend bien sûr de ce que tu mets derrière "Fils du Temps" (ça peut être Zeus, fils de Chronos, les Moires ou les Parques (selon que tu es grecque ou romaine ^^)...), peut-être que je m'emballe ^^

C’est durant le second après-midi des Convergences Décennales qu’Assar, fils ainé d’Auguste et de Maïa, a été retrouvé agonisant au pied d’un des immenses escaliers de la demeure Eristène. Malgré l’intervention rapide d’une équipe d’Herboristes et la venue exceptionnelle d’un chirurgien, le jeune homme n’a pu être sauvé et est décédé dans l’heure suivante.

Cet accident, aussi tragique qu’inconcevable, marque d’un fer sombre :arrow: Tu as mélangé deux expressions idiomatiques, c'est vraiment pas mal :lol: : on dit marqué au fer rouge ou marqué d'une pierre sombre/noire :lol:
*part se cacher en attendant qu'il ait fini de rigoler* :lol:
le début des Grands Comptes Prévoyaux, où les dirigeants au complet discutent de l’avenir économique de nos belles terres. Cette Convergence était le premier évènement officiel durant lequel le fils Hamilcar présidait les assemblées. Il faut désormais composer avec une place vacante, sans doute prise en main par son père Auguste, et un décès malheureusement prématuré. Mais le temps n’est pas aux sentiments dans la famille, d’après les quelques mots que Dame Maïa nous a accordé.

« La perte de notre enfant nous accable, mais notre position actuelle ne nous permet pas de tout arrêter pour le pleurer. :arrow: Froids, sans cœur et assentimentaux, en voilà une belle famille de *** ^^"
Comme quoi c'est marrant, parce que si on m'interviewait sur la mort de mon enfant, perso je ferais tout pour ne pas perdre contenance devant tous ces spectateurs et ces vautours de jounalistes ^^' Tu marques un point quant aux vautours, mais je ne suis pas 100% convaincu ^^'
Les Décennales et les responsabilités qu’elles impliquent restent notre priorité. »

Désormais, deux questions se posent : Le fils cadet de la famille, Isaac, va-t-il prendre la place de son défunt frère ? Et quelle est la nature de l’accident :arrow: "Accident" ? Peut-on vraiment parler d'accident dans ce cas ? J'ai vraiment du mal à le croire... :roll: qui a eu raison de l’aîné des deux fils du Temps ?

Il est de notoriété commune sur le Prévoyer Hamilcar qu’Assar possédait une santé fragilisée par des problèmes cardiaques. Ce qui ne l’empêchait pas d’accomplir ses devoirs avec brio, faisant de l’ombre à un cadet qui ne semblait pas y accorder d’importance. D’après les analyses médicales menées sur son corps, Assar ne descendait pas les escaliers. L’hypothèse d’une défaillance liée à une activité physique est donc écartée. :arrow: Cluedo party :lol: !!!.
J'ai tellement ri :lol: :lol: :lol: :lol:
Cependant, l’examen est formel : le jeune héritier est bel et bien mort d’une crise cardiaque. Le Continent est connu pour des hivers rudes dont le Prévoyer Hamilcar a souvent la chance d’échapper. Il est probable que son jeune corps déjà fragilisé ait mal supporté les températures froides du Prévoyer Eristène, mais cette hypothèse ne semble pas faire l’unanimité.

Retrouvez en détails l’actualité politique en page deux et trois, l’actualité Continentale en page quatre, et l’actualité Prévoyale en page sept…



Mon regard reste bloqué sur la dernière ligne, que je relis indéfiniment.

Retrouvez en détails….


Je n’arrive pas à détacher mes yeux du papier que le voyage a commencé à altérer. :arrow: Quoi, déjà ?C'est du papier de soie, votre journal, ou quoi ^^ ?
C'est surtout que du papier, avec l'humidité de l'hiver, ça s'altère vite, même protégé des intempéries x) Soit ^^

Page quatre…


Sans que je ne m’en rende compte, ma vue se brouille, et mon champ de vision devient flou. Je cligne des yeux. L’image redevient nette, mais une larme vient s’écraser sur le journal, mélangeant l’encre et le papier. :arrow: Sensible au point de pleurer la mort, aussi tragique qu'elle fût, de quelqu'un qu'elle n'a jamais vu ^^ ?

Le visage de Dimitri est fermé, et celui de Jasmine affiche une profonde tristesse. Ils échangent tous deux un regard. Aaron, qui d’habitude ne se laisse pas émouvoir par les histoires des Premiers, affiche une mine perplexe. Marie semble mal à l’aise.

J’ai parfois eu l’occasion de discuter avec des marins de Terres d’Ailleurs qui venaient faire du commerce sur notre Prévoyer. Et je n’en ai jamais connu un seul qui soit capable de comprendre les émotions qui nous animent envers les Premiers. :arrow: Au temps pour moi ^^
Mais du coup, tu as compris le genre de relation entre gouvernants et gouvernés que je voulais faire transparaitre? Je l'ai aussi expliqué à Vampiredeslivres en fin de réponse, je sais pas comment le reformuler pour que les gens captent ^^' Oui, c'est plus une relation paternaliste un peu, nan ?

Assar est né trois ans avant moi. Il aurait dû atteindre l’âge de mon frère cette année. Depuis ma naissance, j’ai été bercée par la vie de sa famille. De notre famille, en quelque sorte. J’ai appris à lire sur des articles de journaux qui contaient ses première apparitions officielles. Lorsqu’il a entrepris son premier voyage pour découvrir le Prévoyer et ses habitants, nous suivions avec une grande attention chacune de ses étapes. Il a d’ailleurs été remarquable, et ses débuts en compagnie de son père n’ont fait que confirmer cette impression. Si l’homme était malade, sa position l’élevait au rang d’intouchable. Il faisait partie de ceux qui nous représentaient. Comme son père, sa mère et son frère, ils étaient le Prévoyer. Et ils étaient une part de nous.

Ils sont plus puissants, plus riches et sans doute bien moins honnêtes que nous. Mais sur le Continent, personne n’oublie jamais ce qu’il doit, et à qui. :arrow: Comme toujours, la fin des chapitres est soignée, percutante et dynamique. Perso, j'adore.
Et voilà pour ce chapitre 11 :) Après 3 mois d'absence, ça fait plaisir de revenir sur un topic de cette qualité. Franchement, j'ai vraiment hâte de connaître la suite, de voir à quelle sauce tu vas nous cuisiner, etc. Ton texte est toujours aussi agréable à lire, toujours aussi dynamique et vivant, et c'est un réel plaisir de le reprendre. Bref, vivement le chapitre 12 :)

P.S : J'ai lu "Méandres", j'ai beaucoup aimée cette parenthèse qui était, une fois de plus, intelligemment écrite et riche en informations diverses ;)
Eh bah sache que ça fait toujours autant plaisir de voir que tu t'es penché sur mon texte! Tu es un peu mon correcteur-tatillon personnel :lol: Je me demande à chaque fois quelles sont les remarques incongrues que tu vas me faire :lol: mais j'adore!
Moi qui pensait qu'on ne pouvait pas tirer beaucoup de choses de mon Méandre, tu vas encore une fois me surprendre, je le sens x)

Hahaha, merci :D Mais je pense que je vais bientôt devoir prendre ma retraite, la qualité de tes textes ne cesse d'augmenter et j'ai de moins en moins de choses à dire (à part peut-être sur les mixes originaux d'expressions idiomatiques ;) :lol: ). Ceci dit, je continuerai à lire jusqu'au bout, n'eussé-je plus rien à remarquer ^^
Message rçu, je t'envoie ça par MP x)
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

J'adoooore nos réponses, c'est tellement coloré :lol:
Xhantia a écrit :
GoldAngels a écrit :
Xhantia a écrit :

Partie 11



Cynthia


Assise sur l’un des grands canapés de la bibliothèque, un livre dans les mains, je parcours la couverture du regard et du pouce. Sa texture rugueuse et douce est caractéristique des vieux ouvrages, comme ceux que l’on s’amusait à apprendre par cœur avec mon frère, il y a longtemps de cela. :arrow: Où trouviez-vous ces bouquins ? Et surtout, où trouviez-vous le temps qu'il faut pour les lire et les apprendre par cœur ? :shock:
Cynthia et son frère avaient la chance d'habiter près d'une petite ville. Comme ils sont proches d'Anchoris, la ville principale de leur Prévoyer, les patelins autour sont plus riches, et donc il y avait une bibliothèque de construite... Rien d’impressionnant, cela dit...
Attention, j'ai dit qu'ils "s'amusaient" à le faire ;) Et pour le reste, même en étant enfants d'agriculteurs, leurs parents ont toujours mis l'accent sur leur éducation. Une fois par semaine, ils les autorisaient à aller en ville pour lire des livres, voire en acheter un pour leur anniversaire. Du coup, ça leur laissait du temps... Et puis, disons que le grand frère a toujours voulu égaler les capacités mnésiques de sa petite sœur ^^'
C'est marrant que tu répondes à cette remarque, parce que en réalité, elle n'avait aucune finalité ^^ C'est le fait que des gens s'amusent à apprendre des bouquins par cœur qui m'a fait rire (bien que j'adore lire, ce n'est pas à quoi je "m'amuserais" :D ) Ceci dit, le complément d'information est intéressant :)
Ah, mince... Avec tes petites habitudes pinailleuses, j'explique tout maintenant :lol:

J’ai décidé de suivre le conseil de Maugus et, dès que j’ai eu le temps, j’ai été emprunter L’Histoire Industrielle Herjafol à la bibliothèque. J’ai mis quatre jours avant d’apprivoiser ce ramassis de papier grincheux et peureux. Comme sa reliure s’effrite, il panique dès qu’on tente de l’ouvrir. J’ai réussi à gagner sa confiance en convainquant le bibliothécaire de l’académie de s’occuper un peu de son état. :arrow: Ça me fait vraiment penser à Harry Potter (et je pense que tu t'en es librement inspirée ^^), mais tu as eu l'intelligence de le mettre à ta sauce,
d'en faire quelque chose qui t'appartienne en propre. Et ça, c'est bien !

Ah, encore une comparaison avec Harry Potter... Même si le concept n'est pas du tout le même, j'avoue qu'en écrivant, j'ai pensé à ce fameux livre qui voulait manger notre héros à lunettes :lol:

Les premières pages, richement illustrées, présentent différents prototypes de machines, premières tentatives de mécanisation du travail sur notre Continent. Le Prévoyer Herjafol est connu pour son avance technologique :arrow: Cette phrase m'interroge. Pour moi, tout le monde vivait sur le même continent, chacun dans son Prévoyer et respectant la division sociale certes, mais sans concurrence particulière, tu vois ce que je veux dire ? Mais du coup, il semble y avoir des rivalités sous-jacentes entre les familles, qui m'amènent à me poser des questions comme "qui gouverne vraiment, finalement ?", "pourquoi les autres familles de Premiers sont-elles aussi puissante que celle qui a toujours eu une avance technologique ?", ou encore "dans quoi sont spécialisées les autres familles ?". Surtout que cette avance est largement compensée par de "simples" Seconds, tu vois ce que je veux dire ? Après, je suis peut-être un peu tatillon... ^^"
Je viens de finir ma carte du Continent, cette remarque tombe à point nommé! Sitôt fini de te répondre, je l'upload ici!
Eh bien, même s'il est vrai que je ne l'ai jamais mentionné, le Continent, c'est bel et bien l'unification de ces Prévoyers. A partir de ce moment-là, tous ces petits dirigeants sont bien obligés de composer entre eux, pour collaborer... Et peut-être s'écraser les uns et les autres au passage. Ils ne dupent personne.
Ce n'est pas parce qu'on a une avance dans un seul domaine que l'on est meilleur que tout le monde ;)
Non, non, je trouve tes remarques très justes! Et comme je disais pour Vampiredeslivres, lorsqu'on est un entrepreneur, il vaut mieux investir dans des machines qui font le travail plus vite et mieux que n'importe quel être humain... Après tout, pourquoi épuiser sa magie?
Et puis, ces machines ont aussi permis l'essor des classes plus basses: pense aux Terciers et à leur journaux. Quand on ne peut pas enchanter, les machines, ça aide!
Ta carte est très belle, je dois l'admettre ^^ Et j'avais bien compris que le Continent était divisé en Prévoyers comme un pays en régions. Mais j'ai toujours du mal à comprendre les relations politiques qui unissent les différentes familles : chacune est maître chez soi, mais dans l'ensemble ? Peut-être que je vois des liens là où il n'y en a pas particulièrement, attendu que chaque Prévoyers serait parfaitement autonome et serait comme un pays à part entière. Mais d'un autre côté, il m'avait semblé comprendre que toutes les familles s'était unies en une sorte de conglomérat politique pour diriger le continent, tu vois ce que je veux dire ?
Quant aux avances potentielles ou présumées, je ne suis pas d'accord avec toi. Comme tu viens de le dire, chaque famille se tire un peu dans les pattes (ils font de la politique) et cherchent à s'écraser mutuellement au passage. Une avance technologique, même sans magie, n'est jamais négligeable : ça signifie de meilleurs équipements (industriels et militaires), donc plus de profit, donc plus de pouvoir, etc... Tu vois ce que je veux dire ?
Le douloureux problème de la mécanisation ^^"...

Je vois ce Continent comme une alliance qui permet aux Prévoyers d'échanger plus librement et de se protéger en cas d'ennemis, en fait. Mais comme c'est une très vieille unification, il a fini par se dégager une espèce d'unicité: des accords ont été mis en place, et au final, on est face à une petite Europe...
Je ne me suis pas assez penchée sur la question :(
Oui oui, je vois parfaitement, même! Il faudra seulement que je précise dans un chapitre que cette avance n'est que minime, dans le sens où cela commence tout juste à se démocratiser. Ils en sont encore aux prototypes, comme ce que lisait Cynthia dans son bouquin. Mais c'est sur que si je ne l'inclus pas... Merci Xhantia. Et pardon :|



: les Continentaux de là-bas sont des pionniers en matière de machinerie et d’armement. Les affiliations magiques des Seconds minimisent beaucoup l’utilité de ces prototypes, car ils peuvent pratiquement tout faire eux-mêmes. Mais l’aide qu’ils apportent aux Terciers et à certains métiers a participé à leur démocratisation sur le Continent.

« Eh ! On t’a cherchée partout ! »

A peine ai-je commencé à tourner les pages que la poigne large et ferme d’Aaron se referme sur mon épaule, me faisant sursauter. Le manuscrit, mort de peur, claque brusquement sur mes doigts et les écrase entre les pages jaunies.

« Aaaah, aie, ça fait mal, lâche moi ! »

Aaron, se rendant compte de son erreur, relâche son emprise sur moi et plaque la main sur sa bouche pour retenir un fou rire. Jasmine devait être avec lui, car elle arrive très vite après. Lorsqu’elle voit le livre me manger littéralement les doigts, elle écarquille les yeux et s’empresse de venir m’aider. Après quelques paroles apaisantes et de gentilles caresses, celui-ci finit par laisser ma main libre. Il se referme définitivement ; il a eu son compte pour la journée. Et mes doigts aussi.

« C’est que ça pince fort, un livre, je grogne en faisant jouer mes phalanges endolories.

Aaron, lui, ne s’est toujours pas remis de ses émotions : assis contre le canapé, il est recroquevillé sur lui-même, son fou-rire le secouant de spasmes. Jasmine, mécontente de sa réaction, croise les bras et le fusille du regard.

- T’as pas honte ? T’imagines si elle s’était coincé les doigts dans quelque chose de tranchant, est-ce que tu rirais ?

- Rooooooh, allez ma grande, on se détend, hahaha, c’est pas bien grave ça…

Voyant que Jasmine ne décolère pas, il se relève afin de se redonner un peu de contenance. Mais la demoiselle aux yeux mauves est aussi grande que lui ; difficile d’échapper à son regard mécontent, qui le transperce de part en part, et au rictus qui déforme ses lèvres pâles. Tant bien que mal, il reprend sa respiration, sans cesser de sourire.

- Woah, désolée Cynthia, c’était pas méchant promis, mais c’était tellement drôle à voir… Je voulais pas… Hahaha !

Un peu vexée par sa réaction, mais également contaminée par son rire, je ne réussis pas à faire percer l’agacement dans ma voix lorsque je lui réponds.

- Qu’est-ce que tu me voulais ?

C’est comme si je l’avais brusquement ramené à la réalité. Il esquisse un grand mouvement de la main, montrant qu’il se souvient subitement de la raison de sa venue. Pris d’une quinte de toux, il met quelques temps avant de répondre. Tandis qu’il reprend une énième fois sa respiration, Jasmine décide de répondre à sa place.

- On est venus parce qu’en sortant de notre cours de danse, on a vu que l’entrée était pleine à craquer. On a eu du mal à se frayer un chemin.

- Je crois que la dernière édition de La Continentale est arrivée dans la matinée, ajoute notre camarade en fronçant ses sourcils broussailleux. Une lueur préoccupée, comme une comète traversant le ciel d’une nuit d’été, s’allume dans son regard.

- Et en quoi c’est important ? Tout le monde veut toujours lire le journal, je leur fais remarquer. :arrow: Tu traduis littéralement la question qu'on se pose tous, mais j'aurais l'occasion d'y revenir un peu plus en détail

- Oui, mais cette fois, ce n’est pas pareil que d’habitude, complète Jasmine. On a demandé à Marie et Dimitri de prendre plusieurs exemplaires pendant qu’on allait te chercher. :arrow: Pourquoi ? Je veux dire, un seul exemplaire aurait largement suffit, vous vous le seriez passé. Ensuite, pourquoi est-ce que vous aviez besoin de Cynthia ? C'est la seule du groupe qui sache lire ? Et pourquoi si vous avez pris plusieurs exemplaires, vous ne les lui apportez pas ?
Pour le coup de l'exemplaire unique, tu as totalement raison. En plus, ça m'aurait permis de ménager le suspense x)
En fait, je ne le dis qu'après, mais il y a toute l'école qui vient chercher le journal. Donc autant se séparer en deux groupes: ceux qui vont le prendre tant bien que mal, et ceux qui partent voir Cynthia pour la prévenir. Le temps d'avoir un exemplaire, leur amie aurait très bien pu changer de lieu, ou venir elle aussi se perdre au milieu des gens, et dans ce cas, bonjour pour la retrouver dans ce bordel ^^'
Pour ce qui est du suspens, je suis d'accord. Et je vais te dire, tu aurais carrément pu faire péter le drama : Cynthia est à la bibliothèque, Aaron et Jasmine débarquent, mais ils connaissent déjà la nouvelle (c'est le genre d'info que tout le monde va répéter), et ils ont envoyé Dimitri et Marie prendre un exemplaire pour confirmation. Le fait qu'il n'y ait qu'un exemplaire, augmente le suspens car pendant qu'il y en a qui lit,
son visage se décompose / se ferme, et les autres, bien qu'ils essaient de lire par dessus l'épaule, ne voient rien jusqu'à ce qu'on leur passe le journal. En plus, personn n'aime voir arriver des gens sur le front desquels il est écrit "j'apporte de bien mauvaises nouvelles...", tu vois ? ^^

Le drama aurait été bien en fait. Je vais voir si je réécris de cette façon là, parce que je trouve que le coup des gens qui se passent le journal, qui s'interrogent, qui arrivent pas à lire... Ça fait horriblement cliché. Mais c'est vraiment une bonne idée! A méditer!

- On a croisé l’autre prof là, dans le corridor, ajoute Aaron. Géffro, Geoffrey… Geoffroy, c’est ça ? Il discutait avec une autre bonne femme. Eh bah je peux te dire qu’ils faisaient une drôle de tête.

Si même cet homme semble troublé….

Jasmine me lance un regard inquiet en se tordant les mains. Lorsqu’elle est angoissée, il est difficile de lui changer les idées.

- Quoique ce soit, ce n’est pas bon. On est venus te chercher pour que tu sois au courant. Ils doivent nous attendre.
- Très bien, laissez-moi juste reposer, euh… Ça, je complète en leur désignant le fameux livre, et j’arrive. »



La Continentale est le journal le plus connu et le plus vendu parmi nos Prévoyers. En fait, ses imprimeries sont aussi célèbres que l’ouvrage en lui-même. Et il y a de quoi être fier : ce sont des Terciers qui ont débuté, avec pour seul matériel leur détermination et de vieilles imprimantes manuelles bricolées de rien. Depuis leur petit village des terres d’Hafferyn jusqu’aux plus hauts dignitaires du Palais Militaire, l’ascension de leur journal a été aussi fulgurante que méritée. De mémoire, c’est l’une des seules entreprises de Terciers qui emploie des Seconds.

Ils livrent leur journal absolument partout et en un temps record. Mes parents payaient le numéro au Lettrier à chaque fois lorsqu’il passait déposer les avis locaux.

Je ne suis donc pas étonnée de voir que, comme chaque semaine, le hall d’entrée se remplit considérablement lorsqu’une diligence vient apporter son lot de paperasse imprimée. Avec les miroirs incrustés dans les murs, on pourrait croire qu’il y a plus du double d’élèves présents dans la salle, et le triple de papier qui vole de main en main. Combiné aux bruits de bavardage et de froissements, cela me donne un peu le tournis.

En règle générale, une grande partie du personnel vient chercher le journal parmi les élèves : cuisiniers, intendants et professeurs discutent entre eux en découvrant les dernières nouvelles. Notre professeure de danse, ainsi que Geoffrey, mettent toujours un point d’honneur à se mélanger aux élèves et à discuter des actualités avec eux. C’est la cinquième fois que nous recevons le journal, et ils ont toujours eu un mot pour nous. :arrow: Tiens, ce n'est pas un Quotidien ?
Eh non! Malgré le mot "journal", c'est un hebdomadaire! Avec les services de communication et la technologie dont ils disposent, il serait toujours difficile pour les Terciers de faire une édition par jour.Je sais que "journal" ne veut pas forcément dire "quotidien", mais la façon dont tu as présenté la success storry du canard, je me suis imaginé un quotidien (sans que rien ne le justifie, suis-je en train de me rendre compte ^^') :D

Ce matin, non-seulement ils sont absents, mais la plupart des gens partent s’isoler seuls ou en groupe, un air sombre sur le visage, pour lire.

Nous apercevons la grande et maigre silhouette de Dimitri nous faire signe au milieu de la foule. Peu après, il nous rejoint, suivi par Marie qui profite de sa taille pour se faufiler à sa suite. Nous nous éloignons ensuite du hall d’entrée, à la recherche d’un endroit plus calme pour lire les nouvelles de la semaine.

« On a eu du mal à les récupérer, commente Marie lorsque Dimitri nous distribue les exemplaires qu’ils ont pioché. Les gens étaient tellement amassés, c’était étouffant. S’ils se décollent pas de là d’ici une heure, ça va devenir une espèce de grosse bouillabaisse.

- Toujours aussi délicate, ma sœur adorée, commente Aaron en dépliant son journal d’un air théâtral.

- Tu peux parler.

- Je pense que Marie a raison sur ce point-là » tranche Dimitri, qui garde un air impassible. Ses yeux, telles deux émeraudes sombres et brutes, se troublent au fur et à mesure de sa lecture.

La Continentale est réputée pour son actualité politique précise et ses gros titres percutants. Lorsque je le lis, j’ai l’impression que l’on verse un pichet d’eau glacée dans mon estomac.



Mort d’Assar Hamilcar : Le fils ainé du Temps terrassé par son destin :arrow: Tu réponds partiellement aux questions que j'ai posées plus haut quant aux spécialités des autres familles, mais tu ne fais que déplacer le problème : la maîtrise du Temps, pour autant que ce soit le cas, est indiscutablement le pouvoir le plus important qu'on puisse avoir. Là où réside l'habileté de ton propos, c'est que sous couvert d'un périodique, tu jettes littéralement un pavé dans la marre. C'est là qu'on se rend-compte que finalement, on ne connait presque rien de ces fameux Premiers
Ah bon? Le plus important? C'est vrai que c'est pas mal... Mais tout dépend de comment tu le maîtrises, ce temps :) Ooooh non, ça ne dépend pas de comment tu maîtrises le temps. Deux exemples concrets : d'abord, tu peux l'arrêter à ta guise Si tu n'es pas touchée par cet arrêt, tu peux continuer à produire tranquillement pendant que les autres sont figés, tu vois ? Ensuite, tu peux voyager dans le temps et donc, rapporter des technologies futures dans le passé et prendre ainsi un avantage considérable sur tous tes rivaux (du présent x) ). Après, tout dépend bien sûr de ce que tu mets derrière "Fils du Temps" (ça peut être Zeus, fils de Chronos, les Moires ou les Parques (selon que tu es grecque ou romaine ^^)...), peut-être que je m'emballe ^^
Bon, j'ai piqué "GoldAngels le défenseur d'idées un peu trop passionné" je crois :lol:
Le souci, c'est que je ne peux pas me justifier sans spoiler un minimum, donc je me sens frustrée... Grrrr...
Je peux seulement te dire que dans les attributs que tu as supposés, il y en a un seul qui s'applique ^-^ J'espère que ça ne va pas trop t'embêter ^^'


C’est durant le second après-midi des Convergences Décennales qu’Assar, fils ainé d’Auguste et de Maïa, a été retrouvé agonisant au pied d’un des immenses escaliers de la demeure Eristène. Malgré l’intervention rapide d’une équipe d’Herboristes et la venue exceptionnelle d’un chirurgien, le jeune homme n’a pu être sauvé et est décédé dans l’heure suivante.

Cet accident, aussi tragique qu’inconcevable, marque d’un fer sombre :arrow: Tu as mélangé deux expressions idiomatiques, c'est vraiment pas mal :lol: : on dit marqué au fer rouge ou marqué d'une pierre sombre/noire :lol:
*part se cacher en attendant qu'il ait fini de rigoler* :lol:
le début des Grands Comptes Prévoyaux, où les dirigeants au complet discutent de l’avenir économique de nos belles terres. Cette Convergence était le premier évènement officiel durant lequel le fils Hamilcar présidait les assemblées. Il faut désormais composer avec une place vacante, sans doute prise en main par son père Auguste, et un décès malheureusement prématuré. Mais le temps n’est pas aux sentiments dans la famille, d’après les quelques mots que Dame Maïa nous a accordé.

« La perte de notre enfant nous accable, mais notre position actuelle ne nous permet pas de tout arrêter pour le pleurer. :arrow: Froids, sans cœur et assentimentaux, en voilà une belle famille de *** ^^"
Comme quoi c'est marrant, parce que si on m'interviewait sur la mort de mon enfant, perso je ferais tout pour ne pas perdre contenance devant tous ces spectateurs et ces vautours de jounalistes ^^' Tu marques un point quant aux vautours, mais je ne suis pas 100% convaincu ^^'
Explique :)
Les Décennales et les responsabilités qu’elles impliquent restent notre priorité. »

Désormais, deux questions se posent : Le fils cadet de la famille, Isaac, va-t-il prendre la place de son défunt frère ? Et quelle est la nature de l’accident :arrow: "Accident" ? Peut-on vraiment parler d'accident dans ce cas ? J'ai vraiment du mal à le croire... :roll: qui a eu raison de l’aîné des deux fils du Temps ?

Il est de notoriété commune sur le Prévoyer Hamilcar qu’Assar possédait une santé fragilisée par des problèmes cardiaques. Ce qui ne l’empêchait pas d’accomplir ses devoirs avec brio, faisant de l’ombre à un cadet qui ne semblait pas y accorder d’importance. D’après les analyses médicales menées sur son corps, Assar ne descendait pas les escaliers. L’hypothèse d’une défaillance liée à une activité physique est donc écartée. :arrow: Cluedo party :lol: !!!.
J'ai tellement ri :lol: :lol: :lol: :lol:
Cependant, l’examen est formel : le jeune héritier est bel et bien mort d’une crise cardiaque. Le Continent est connu pour des hivers rudes dont le Prévoyer Hamilcar a souvent la chance d’échapper. Il est probable que son jeune corps déjà fragilisé ait mal supporté les températures froides du Prévoyer Eristène, mais cette hypothèse ne semble pas faire l’unanimité.

Retrouvez en détails l’actualité politique en page deux et trois, l’actualité Continentale en page quatre, et l’actualité Prévoyale en page sept…



Mon regard reste bloqué sur la dernière ligne, que je relis indéfiniment.

Retrouvez en détails….


Je n’arrive pas à détacher mes yeux du papier que le voyage a commencé à altérer. :arrow: Quoi, déjà ?C'est du papier de soie, votre journal, ou quoi ^^ ?
C'est surtout que du papier, avec l'humidité de l'hiver, ça s'altère vite, même protégé des intempéries x) Soit ^^

Page quatre…


Sans que je ne m’en rende compte, ma vue se brouille, et mon champ de vision devient flou. Je cligne des yeux. L’image redevient nette, mais une larme vient s’écraser sur le journal, mélangeant l’encre et le papier. :arrow: Sensible au point de pleurer la mort, aussi tragique qu'elle fût, de quelqu'un qu'elle n'a jamais vu ^^ ?

Le visage de Dimitri est fermé, et celui de Jasmine affiche une profonde tristesse. Ils échangent tous deux un regard. Aaron, qui d’habitude ne se laisse pas émouvoir par les histoires des Premiers, affiche une mine perplexe. Marie semble mal à l’aise.

J’ai parfois eu l’occasion de discuter avec des marins de Terres d’Ailleurs qui venaient faire du commerce sur notre Prévoyer. Et je n’en ai jamais connu un seul qui soit capable de comprendre les émotions qui nous animent envers les Premiers. :arrow: Au temps pour moi ^^
Mais du coup, tu as compris le genre de relation entre gouvernants et gouvernés que je voulais faire transparaitre? Je l'ai aussi expliqué à Vampiredeslivres en fin de réponse, je sais pas comment le reformuler pour que les gens captent ^^' Oui, c'est plus une relation paternaliste un peu, nan ?
C'est ce genre là, oui x)

Assar est né trois ans avant moi. Il aurait dû atteindre l’âge de mon frère cette année. Depuis ma naissance, j’ai été bercée par la vie de sa famille. De notre famille, en quelque sorte. J’ai appris à lire sur des articles de journaux qui contaient ses première apparitions officielles. Lorsqu’il a entrepris son premier voyage pour découvrir le Prévoyer et ses habitants, nous suivions avec une grande attention chacune de ses étapes. Il a d’ailleurs été remarquable, et ses débuts en compagnie de son père n’ont fait que confirmer cette impression. Si l’homme était malade, sa position l’élevait au rang d’intouchable. Il faisait partie de ceux qui nous représentaient. Comme son père, sa mère et son frère, ils étaient le Prévoyer. Et ils étaient une part de nous.

Ils sont plus puissants, plus riches et sans doute bien moins honnêtes que nous. Mais sur le Continent, personne n’oublie jamais ce qu’il doit, et à qui. :arrow: Comme toujours, la fin des chapitres est soignée, percutante et dynamique. Perso, j'adore.
Et voilà pour ce chapitre 11 :) Après 3 mois d'absence, ça fait plaisir de revenir sur un topic de cette qualité. Franchement, j'ai vraiment hâte de connaître la suite, de voir à quelle sauce tu vas nous cuisiner, etc. Ton texte est toujours aussi agréable à lire, toujours aussi dynamique et vivant, et c'est un réel plaisir de le reprendre. Bref, vivement le chapitre 12 :)

P.S : J'ai lu "Méandres", j'ai beaucoup aimée cette parenthèse qui était, une fois de plus, intelligemment écrite et riche en informations diverses ;)
Eh bah sache que ça fait toujours autant plaisir de voir que tu t'es penché sur mon texte! Tu es un peu mon correcteur-tatillon personnel :lol: Je me demande à chaque fois quelles sont les remarques incongrues que tu vas me faire :lol: mais j'adore!
Moi qui pensait qu'on ne pouvait pas tirer beaucoup de choses de mon Méandre, tu vas encore une fois me surprendre, je le sens x)

Hahaha, merci :D Mais je pense que je vais bientôt devoir prendre ma retraite, la qualité de tes textes ne cesse d'augmenter et j'ai de moins en moins de choses à dire (à part peut-être sur les mixes originaux d'expressions idiomatiques ;) :lol: ). Ceci dit, je continuerai à lire jusqu'au bout, n'eussé-je plus rien à remarquer ^^
Message rçu, je t'envoie ça par MP x)
En fait, j'ai un peu triché: l'écriture de mes premiers chapitres remonte à quelques années, et avant de les poster ici, j'ai fait en sorte de limiter la casse ^^' Mais je veux que tu restes! Pinaille sur le moindre détail, pose toi des questions qui 80% du temps n'ont aucun rapport avec ma trame principale, deviens mon bêta-lecteur, c'est ça que j'aime! :lol: :D
J'attends ce message avec impatience 8)

PS: Booknode ne prend que trois imbrications. Si tu veux répondre sans être embêté, supprime la première balise "
XXX a écrit :" au tout début. Le tour est joué ;)
Xhantia

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Inscription : jeu. 15 janv., 2015 10:27 pm

Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Yooooo!
Comment ça va? La rentrée approche à grands pas, et comme d'habitude, on est pas prêts. Surtout moi, qui préfère écrire qu'aller acheter des fournitures. De toute façon, à la fac, un stylo et une feuille ça suffit largement.
Le point positif, c'est que ça me permet d'être productive. Voici donc le chapitre douze!



Partie 12



Aaron


Heureusement que la fenêtre de la chambre n’est pas fermée, sinon je ne pourrais pas rentrer ce soir. Et heureusement que je n’ai pas oublié mon tabac dans la chambre. Ça m’aurait fait chier de redescendre du toit comme la dernière fois pour aller le chercher.
Même si c’est un jeu d’enfant de grimper, j’aurais dû affronter le regard de la Mort. Enfin, celui de Dimitri, quoi. Il m’aurait encore jaugé avec ses prunelles sombres, son regard fixé dans le mien, m’écartelant les yeux pour plonger dans mon cerveau et en presser toute la substance. Je me demande même si, cette fois-ci, il n’aurait pas refusé que je fume.

« Tu fumes encore, même en étant aussi occupé dans la journée.

- Je n’y peux rien. Ça m’aide à décompresser.

- Peu importe ce que disent les gens, avaler de la fumée, ça ne peut que te faire du mal.

- Je n’ai jamais prétendu le contraire.

Il se tait un moment.

- Pourquoi t’embêter à aller sur le toit pour ça ? Il n’y a aucune règle qui l’interdise dans le bâtiment.

- Je ne sais pas trop… J’ai pas spécialement envie que la pièce pue la fumée froide, et puis quand il caille, ça m’aide à réfléchir. T’as le cerveau gelé, du coup tes préoccupations aussi.

- Je te comprends.

Pendant un instant, je vois son visage de marbre s’étirer en un sourire. Un sourire léger, sincère. Un sourire qui fait pétiller ses pupilles d’une lueur tiède et creuse de petites fossettes sur son visage lisse. Un sourire qui le rendrait beau si j’étais une femme qui ne tenait pas compte des cicatrices cruelles de la vie.
Et très vite, cette expression s’efface, au profit de deux sourcils froncés.

- Je te préviens, ne perds pas trop de temps là-haut. Je ne suis pas ta dévouée épouse. Je ne t’attendrais pas toute la nuit, sagement assis sur mon matelas.

- C’est dommage ! »

Il lève les yeux au ciel, puis cède. Se tournant dos à moi, il passe sa main sur son visage, faisant tomber sur son front quelques mèches de ses cheveux bruns-roux. Tandis que je m’élance sur le mur du bâtiment, je peux voir l’ombre de son corps maigre et nerveux projetée sur les cascades végétales du jardin.


Quand on passe toute son enfance dans la rue, on développe très vite la capacité à grimper un peu partout, un peu n’importe comment. Surtout quand, comme moi, on était pickpocket à plein temps. J’ai d’ailleurs une belle poche remplie d’or quelque part. Mais je ne dirais jamais où.
Regardez-moi. Non seulement je suis beau, mais en plus je suis riche et talentueux. Que demander de plus ?

En fait, je crois que j’ai bien un vœu. Pouvoir parler à Marie de la lettre que j’ai reçu aujourd’hui, par exemple. J’ai vu quelques personnes recevoir du courrier ces derniers temps. Courrier estampillé d’un sceau représentant tantôt une fleur, tantôt un caracal à épines, parfois une tête de bélier. J’ai même vu le fameux cerf.
Il n’y a plus de doute. La mort d’Assar le mois dernier a beau les avoir secoués, les Premiers n’oublient pas leurs priorités. Le recrutement a commencé.


Madame, monsieur,
Cette lettre vous est adressée par l’intendance de la Maison Litréans au vu d’une offre de recrutement de notre part.
Nous souhaitons à nouveau vous féliciter pour votre admission dans une de nos plus prestigieuses académies d’apprentissage. Un dossier papier résumant vos capacités nous a été transmis. Celui-ci a éveillé notre intérêt envers votre personne. La Maison apprécierait de disposer de vos compétences dans un futur proche.
Vous pouvez dès à présent nous envoyer une lettre de réponse. Adressez-vous au professeur référent pour de plus amples informations.
Nous vous souhaitons réussite et attendons une réponse, nous l’espérons positive, de votre part.

Intendance Litréans - Milantal
« La plume et l’épée »

Je ne sais pas vraiment quoi en penser. Si j’étais sincère avec moi-même, je dirais que je me sens perdu.
Je n’aurais jamais dû arriver jusqu’ici, mais il se trouve que je suis un enfant intelligent, alors j’ai passé l’entretien avec brio. Marie aussi. Le seul fait d’imaginer qu’elle aurait pu échouer, que je serais parti seul, en la laissant derrière, me glace le sang. Moi partir, et elle rester avec mon père, à vivre dans la rue.
Cette idée m’est insupportable.


« Ecoutez, les jeunes. J’ai vu beaucoup de choses, et beaucoup de choses laides, dans ma vie. Mais s’il y a un seul truc qui n’existe pas sur ce Continent, c’est l’inégalité des chances. Peu importe qui tu es, tu peux faire ce que tu veux si tu es assez motivé. Avec votre mère, on n’était pas riches, et on a pas forcément pu vous donner tout ce qu’on voulait. Mais ça n’est pas pour cela que vous devez vous sous-estimer. Donnez tout ce que vous avez ! Ma plus grande fierté, c’est de vous voir réussir. Mais oubliez pas de m’envoyer des lettres de temps en temps, hein. Je suis sûr que maman dirait la même chose que moi. Alors foncez. »


Foncez. Les choses ont tellement changé en si peu de temps.
On a tellement galéré, ensemble. Je connais Marie depuis si longtemps que je ne me souviens plus du jour où mon père l’a ramenée à la maison, seule et affamée. C’est moi qui lui ai appris les ficelles, moi qui lui ai appris à se débrouiller. Elle a refusé que je lui montre comment voler les gens, alors elle a enchainé les petits boulots rapides et mal payés dès qu’elle a eu l’âge. Quand ma mère -notre mère- est morte, c’est elle qui a tenu toute la maison pendant quelques mois.

J’ai passé des années à lui apprendre à se débrouiller toute seule, pour lui permettre de rapporter de l’argent. J’ai passé des années à lui tenir la main, les trois quarts du temps pour fuir un client mécontent ou un malchanceux dépossédé de ses biens. J’ai passé des années à lui parler, à la faire parler, pour qu’elle puisse apprivoiser une différence qu’elle voyait comme une malédiction.

Et en échange, elle m’a aidé à devenir une meilleure personne. Ou du moins, quelqu’un de moins pire. Je suis passé du petit voleur qui avait des dettes un peu partout à un honnête travailleur. Lorsque mon père a perdu la mobilité d’une de ses jambes, j’étais à la fois terrifié et grisé de voir que nos deux travail nous permettaient une certaine stabilité.

Maintenant, mon père coule des jours paisibles dans la vallée, à l’extérieur du bidonville nauséabond. Il aide dans une petite boutique de tailleurs, en échange du gîte et du couvert. Et nous, nous sommes là. Le nez dans les livres, la tête dans les leçons, les mains dans la vaisselle et les pots de fleurs. J’ai la sensation d’avoir pris dix printemps en l’espace de neuf mois. Et celle, paradoxale, que je ne sais strictement rien. Que tout reste à faire.

Mais bordel, y a déjà tellement de choses qui ont été faites !

Où sont passées toutes ces années ? Où sont passés ces derniers mois, même ? Quand j’observe Marie, je ne vois plus celle d’il y a à peine quelques saisons. Je vois toujours Marie l’impétueuse, Marie qui en sait toujours trop mais ne dit rien, Marie la langue bien pendue. Mais je ne vois plus celle, sauvage et toujours un peu perdue, avec qui j’ai arpenté les faubourgs.
En peu de temps, elle a grandi, elle s’est affirmée. Avec Cynthia et Jasmine, elle s’est aussi posée. Je ne la vois plus constamment sur les nerfs. Elle devient observatrice et maline.

Peut-être que ma sœur est devenue une femme, au final. Et cette constatation m’emplit de joie autant qu’elle m’attriste.

C’est la fin d’une chose, le début d’une autre.

Pour nous, ça sonne surtout des adieux proches.

L’avenir me terrifie.

J’ai définitivement perdu toute envie de fumer, ce soir. Alors je referme ma petite poche de tabac. De toute façon, même si j’essayais, j’aurais la gorge bien trop serrée et la vision trop floue pour ça.
Ysaya

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Ysaya »

Salut! C'est toujours aussi bien et j'ai toujours rien de spécial a dire mais continue comme ça! A la prochaine!
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