Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

vi05ve09li04vr15es a écrit :Bonjour! Je suis tombée sur ton histoire par hasard, j'ai décidée de la lire et je peux te dire que je n'ai pas regretté du tout! Ton histoire est vraiment bien écrite, fluide, compréhensible. Pour les fautes j'ai du en voir peut être 1 ou 2 parmi ces 12 parties mais ne compte pas sur moi pour te les repérer ! ! :D :D
Sinon continue comme ça et s'il te plaît préviens moi quand tu posteras la suite.
Bravo
Salut salut!
Ca me fait très plaisir d'avoir un nouveau lecteur! :D
Et pour les fautes tu as raison, je corrige au fur et à mesure de mes posts mais je ne les ai pas encore tous mis à jour.... x)
J'espère que la suite te plaira tout autant !
Je t'ajoute dans ma liste de prévenus ;)
vampiredelivres

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

Xhantia a écrit :Yooooo! Hellooo !
Comment ça va? La rentrée approche à grands pas, et comme d'habitude, on est pas prêts. Surtout moi, qui préfère écrire qu'aller acheter des fournitures. De toute façon, à la fac, un stylo et une feuille ça suffit largement. Mouais. Un peu cliché, mais je vais te concéder ça... juste parce qu'on peut avoir un nouveau chapitre, du coup ! :P
Le point positif, c'est que ça me permet d'être productive. Voici donc le chapitre douze!



Partie 12



Aaron


Heureusement que la fenêtre de la chambre n’est pas fermée, sinon je ne pourrais pas rentrer ce soir. Et heureusement que je n’ai pas oublié mon tabac dans la chambre. Ça m’aurait fait chier de redescendre du toit comme la dernière fois pour aller le chercher. Je me retrouve un peu dans son cas, quand mes parents zappent que je dois rentrer le soir, après le lycée, et qu'ils ferment le portail et la maison...
Même si c’est un jeu d’enfant de grimper, j’aurais dû affronter le regard de la Mort. Enfin, celui de Dimitri, quoi. :lol: J'aime cette analogie ! Il m’aurait encore jaugé avec ses prunelles sombres, son regard fixé dans le mien, m’écartelant les yeux Au sens propre, ce ne serait pas un peu douloureux ? pour plonger dans mon cerveau et en presser toute la substance. Je me demande même si, cette fois-ci, il n’aurait pas refusé que je fume. Ah, parce qu'il ne l'a pas encore fait, pour l'instant ?

« Tu fumes encore, même en étant aussi occupé dans la journée.

- Je n’y peux rien. Ça m’aide à décompresser. Mwaiche... dis surtout que ton corps s'est habitué à sa dose quotidienne de nicotine...

- Peu importe ce que disent les gens, avaler de la fumée, ça ne peut que te faire du mal. Pas besoin d'être un génie pour comprendre ça, même sans notre science actuelle. Pourquoi, il y a des gens qui disent que c'est bien d'avaler de la fumée ? :shock:

- Je n’ai jamais prétendu le contraire.

Il se tait un moment.

- Pourquoi t’embêter à aller sur le toit pour ça ? Il n’y a aucune règle qui l’interdise dans le bâtiment.

- Je ne sais pas trop… J’ai pas spécialement envie que la pièce pue la fumée froide, et puis quand il caille, ça m’aide à réfléchir. T’as le cerveau gelé, du coup tes préoccupations aussi. Hmmm... C'est vrai que j'aime bien réfléchir quand il fait froid, mais je ne l'avais pas encore envisagé sous cet angle...

- Je te comprends.

Pendant un instant, je vois son visage de marbre s’étirer en un sourire. Un sourire léger, sincère. Un sourire qui fait pétiller ses pupilles d’une lueur tiède et creuse de petites fossettes sur son visage lisse. Dimitri, sourire ? Ça va ensemble, dans une phrase ? Un sourire qui le rendrait beau si j’étais une femme qui ne tenait pas compte des cicatrices cruelles de la vie.
Et très vite, cette expression s’efface, au profit de deux sourcils froncés. Ah, j'me disais aussi...

- Je te préviens, ne perds pas trop de temps là-haut. Je ne suis pas ta dévouée épouse. Je ne t’attendrais pas toute la nuit, sagement assis sur mon matelas. Quand justement Aaron se disait que s'il était une femme, Dimitri s'y met aussi... :lol:

- C’est dommage ! »

Il lève les yeux au ciel, puis cède. Se tournant dos à moi, il passe sa main sur son visage, faisant tomber sur son front quelques mèches de ses cheveux bruns-roux. Tandis que je m’élance sur le mur du bâtiment, je peux voir l’ombre de son corps maigre et nerveux projetée sur les cascades végétales du jardin.


Quand on passe toute son enfance dans la rue, on développe très vite la capacité à grimper un peu partout, un peu n’importe comment. Surtout quand, comme moi, on était pickpocket à plein temps. Chez eux aussi, ça passe, les anglicismes ? J’ai d’ailleurs une belle poche remplie d’or quelque part. Mais je ne dirais jamais où.
Regardez-moi. Non seulement je suis beau, mais en plus je suis riche et talentueux. Que demander de plus ? Rien, Aaron, rien. Tu es parfait comme tu es.

En fait, je crois que j’ai bien un vœu. Pouvoir parler à Marie de la lettre que j’ai reçu aujourd’hui, par exemple. J’ai vu quelques personnes recevoir du courrier ces derniers temps. Courrier estampillé d’un sceau représentant tantôt une fleur, tantôt un caracal à épines, parfois une tête de bélier. J’ai même vu le fameux cerf. Quel cerf ? Celui des Barathéon ? :lol:
Il n’y a plus de doute. La mort d’Assar le mois dernier a beau les avoir secoués, les Premiers n’oublient pas leurs priorités. Le recrutement a commencé.


Madame, monsieur, On sent la lettre type, où ils ne prennent même pas le temps de faire attention et de vérifier à qui ils s'adressent...
Cette lettre vous est adressée par l’intendance de la Maison Litréans au vu d’une offre de recrutement de notre part.
Nous souhaitons à nouveau vous féliciter pour votre admission dans une de nos plus prestigieuses académies d’apprentissage. Un dossier papier résumant vos capacités nous a été transmis. Celui-ci a éveillé notre intérêt envers votre personne. La Maison apprécierait de disposer de vos compétences dans un futur proche.
Vous pouvez dès à présent nous envoyer une lettre de réponse. Adressez-vous au professeur référent pour de plus amples informations.
Nous vous souhaitons réussite et attendons une réponse, nous l’espérons positive, de votre part.

Intendance Litréans - Milantal
« La plume et l’épée »

Je ne sais pas vraiment quoi en penser. Si j’étais sincère avec moi-même, je dirais que je me sens perdu.
Je n’aurais jamais dû arriver jusqu’ici, mais il se trouve que je suis un enfant intelligent, alors j’ai passé l’entretien avec brio. Marie aussi. Le seul fait d’imaginer qu’elle aurait pu échouer, que je serais parti seul, en la laissant derrière, me glace le sang. Moi partir, et elle rester avec mon père, à vivre dans la rue. Vu comment il le raconte, ça craint...
Cette idée m’est insupportable.


« Ecoutez, les jeunes. J’ai vu beaucoup de choses, et beaucoup de choses laides, dans ma vie. Mais s’il y a un seul truc qui n’existe pas sur ce Continent, c’est l’inégalité des chances. Peu importe qui tu es, tu peux faire ce que tu veux si tu es assez motivé. Avec votre mère, on n’était pas riches, et on a pas forcément pu vous donner tout ce qu’on voulait. Mais ça n’est pas pour cela que vous devez vous sous-estimer. Donnez tout ce que vous avez ! Ma plus grande fierté, c’est de vous voir réussir. Mais oubliez pas de m’envoyer des lettres de temps en temps, hein. Je suis sûr que maman dirait la même chose que moi. Alors foncez. »


Foncez. Les choses ont tellement changé en si peu de temps.
On a tellement galéré, ensemble. Je connais Marie depuis si longtemps que je ne me souviens plus du jour où mon père l’a ramenée à la maison, seule et affamée. C’est moi qui lui ai appris les ficelles, moi qui lui ai appris à se débrouiller. Elle a refusé que je lui montre comment voler les gens, alors elle a enchainé les petits boulots rapides et mal payés dès qu’elle a eu l’âge. Quand ma mère -notre mère- est morte, c’est elle qui a tenu toute la maison pendant quelques mois. Ceci expliquant pourquoi il l'appelle sœurette...

J’ai passé des années à lui apprendre à se débrouiller toute seule, pour lui permettre de rapporter de l’argent. J’ai passé des années à lui tenir la main, les trois quarts du temps pour fuir un client mécontent ou un malchanceux dépossédé de ses biens. J’ai passé des années à lui parler, à la faire parler, pour qu’elle puisse apprivoiser une différence qu’elle voyait comme une malédiction. Une différence ? J'ai déjà hâte de savoir ! :lol:

Et en échange, elle m’a aidé à devenir une meilleure personne. Ou du moins, quelqu’un de moins pire. Je suis passé du petit voleur qui avait des dettes un peu partout à un honnête travailleur. Changement radical, donc... Lorsque mon père a perdu la mobilité d’une de ses jambes, j’étais à la fois terrifié et grisé de voir que nos deux travail nous permettaient une certaine stabilité.

Maintenant, mon père coule des jours paisibles dans la vallée, à l’extérieur du bidonville nauséabond. Il aide dans une petite boutique de tailleurs, en échange du gîte et du couvert. Et nous, nous sommes là. Le nez dans les livres, la tête dans les leçons, les mains dans la vaisselle et les pots de fleurs. J’ai la sensation d’avoir pris dix printemps en l’espace de neuf mois. Et celle, paradoxale, que je ne sais strictement rien. Que tout reste à faire. C'est marrant comme tu décris ce moment où je sors du lycée, et où j'ai exactement la même impression...

Mais bordel, y a déjà tellement de choses qui ont été faites !

Où sont passées toutes ces années ? Où sont passés ces derniers mois, même ? Quand j’observe Marie, je ne vois plus celle d’il y a à peine quelques saisons. Je vois toujours Marie l’impétueuse, Marie qui en sait toujours trop mais ne dit rien, Marie la langue bien pendue. Mais je ne vois plus celle, sauvage et toujours un peu perdue, avec qui j’ai arpenté les faubourgs.
En peu de temps, elle a grandi, elle s’est affirmée. Avec Cynthia et Jasmine, elle s’est aussi posée. Je ne la vois plus constamment sur les nerfs. Elle devient observatrice et maline. Intelligente jeune femme...

Peut-être que ma sœur est devenue une femme, au final. Et cette constatation m’emplit de joie autant qu’elle m’attriste.

C’est la fin d’une chose, le début d’une autre.

Pour nous, ça sonne surtout des adieux proches.

L’avenir me terrifie.

J’ai définitivement perdu toute envie de fumer, ce soir. Alors je referme ma petite poche de tabac. De toute façon, même si j’essayais, j’aurais la gorge bien trop serrée et la vision trop floue pour ça.

Awww, c'était beau ! *-*
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :
Partie 12



Aaron


Heureusement que la fenêtre de la chambre n’est pas fermée, sinon je ne pourrais pas rentrer ce soir. Et heureusement que je n’ai pas oublié mon tabac dans la chambre. Ça m’aurait fait chier de redescendre du toit comme la dernière fois pour aller le chercher.
Même si c’est un jeu d’enfant de grimper, j’aurais dû affronter le regard de la Mort. Enfin, celui de Dimitri, quoi. Il m’aurait encore jaugé avec ses prunelles sombres, son regard fixé dans le mien, m’écartelant les yeux pour plonger dans mon cerveau et en presser toute la substance. Je me demande même si, cette fois-ci, il n’aurait pas refusé que je fume. :arrow: Alors, deux choses : d'abord, qui est Dimitri pour t'empêcher de fumer ? Même s'il désapprouve, en quoi peut-il t'interdire quoi que ce soit ? Qu'est-ce qui légitime son autorité sur toi ? Ensuite, Dimitri refuse catégoriquement que tu reviennes prendre ton tabac et retourne fumer sur le toit, mais il tolère que tu laisses la fenêtre grande ouverte et qu'il se gèle les c*** pendant que tu fumes ^^ ? Et puis bon, la scène semble se passer assez tard dans la nuit, donc que Dimitri reste éveillé pour te juger... ^^

« Tu fumes encore, même en étant aussi occupé dans la journée.

- Je n’y peux rien. Ça m’aide à décompresser.

- Peu importe ce que disent les gens, avaler de la fumée, ça ne peut que te faire du mal.

- Je n’ai jamais prétendu le contraire.

Il se tait un moment.

- Pourquoi t’embêter à aller sur le toit pour ça ? Il n’y a aucune règle qui l’interdise dans le bâtiment.

- Je ne sais pas trop… J’ai pas spécialement envie que la pièce pue la fumée froide, et puis quand il caille, ça m’aide à réfléchir. T’as le cerveau gelé, du coup tes préoccupations aussi :arrow: Et pas tes pensées ?.

- Je te comprends.

Pendant un instant, je vois son visage de marbre s’étirer en un sourire. Un sourire léger, sincère. Un sourire qui fait pétiller ses pupilles d’une lueur tiède et creuse de petites fossettes sur son visage lisse. Un sourire qui le rendrait beau si j’étais une femme qui ne tenait pas compte des cicatrices cruelles de la vie. :arrow: Là encore, deux chose à remarquer : d'abord, on peut être un homme, parfaitement hétérosexuel, et trouver un autre homme beau. Ensuite, une femme qui repousserait un homme à cause de ses cicatrices, ne peut être, à mon sens, qu'une princesse qui n'a jamais quitté son palais de cristal. À moins que le type soit complètement défiguré (et encore), ce qui ne me semble pas être le cas de Dimitri, une cicatrice n'enlève rien au charme d'une personne, tu vois ce que je veux dire ?
Et très vite, cette expression s’efface, au profit de deux sourcils froncés.

- Je te préviens, ne perds pas trop de temps là-haut. Je ne suis pas ta dévouée épouse. Je ne t’attendrais pas toute la nuit, sagement assis sur mon matelas. :arrow: Pourquoi ? Je croyais que la fenêtre restait ouverte ? Où est le problème dans ce cas ?

- C’est dommage ! »

Il lève les yeux au ciel, puis cède. Se tournant dos à moi, il passe sa main sur son visage, faisant tomber sur son front quelques mèches de ses cheveux bruns-roux. Tandis que je m’élance sur le mur du bâtiment, je peux voir l’ombre de son corps maigre et nerveux projetée sur les cascades végétales du jardin.


Quand on passe toute son enfance dans la rue, on développe très vite la capacité à grimper un peu partout, un peu n’importe comment. Surtout quand, comme moi, on était pickpocket à plein temps. J’ai d’ailleurs une belle poche remplie d’or quelque part. Mais je ne dirais jamais où.
Regardez-moi. Non seulement je suis beau, mais en plus je suis riche et talentueux. Que demander de plus ?
:arrow: En tête de liste, je dirais de la modestie :lol: Ou du bon sens xD
En fait, je crois que j’ai bien un vœu. Pouvoir parler à Marie de la lettre que j’ai reçu aujourd’hui, par exemple. :arrow: En quoi est-ce un vœu ? Je veux dire, ça n'a rien d'irréalisable ou de difficile à mettre en place, vous passez vos journées ensemble... Un vœu est un désir que l'on a et qu'on ne peut pas réaliser, tu vois ce que je veux dire ? Et puis ça me paraît bizarre tu vois, il semble qu'Aaron ait tout pour lui (le charme, l'argent, la réussite), mais il n'a pas l'air heureux parce qu'il ne peut pas parler à sa sœur d'une lettre qu'elle a visiblement reçue aussi,
je ne sais pas si je suis très clair ^^'
J’ai vu quelques personnes recevoir du courrier ces derniers temps. Courrier estampillé d’un sceau représentant tantôt une fleur, tantôt un caracal à épines, parfois une tête de bélier. J’ai même vu le fameux cerf.
Il n’y a plus de doute. La mort d’Assar le mois dernier a beau les avoir secoués, les Premiers n’oublient pas leurs priorités. Le recrutement a commencé. :arrow: C'est très habile. Tout en restant logique avec ton histoire, tu nous fais clairement comprendre que les choses vont prendre un nouveau tournant, et qu'on va devoir (presque) repartir de zéro (nouveaux décors, nouveaux personnages, nouvelle vie...)

Madame, monsieur,
Cette lettre vous est adressée par l’intendance de la Maison Litréans au vu d’une offre de recrutement de notre part.
Nous souhaitons à nouveau vous féliciter pour votre admission dans une de nos plus prestigieuses académies d’apprentissage. Un dossier papier résumant vos capacités nous a été transmis. Celui-ci a éveillé notre intérêt envers votre personne. La Maison apprécierait de disposer de vos compétences dans un futur proche.
Vous pouvez dès à présent nous envoyer une lettre de réponse. Adressez-vous au professeur référent pour de plus amples informations.
Nous vous souhaitons réussite et attendons une réponse, nous l’espérons positive, de votre part.

Intendance Litréans - Milantal
« La plume et l’épée »

Je ne sais pas vraiment quoi en penser. Si j’étais sincère avec moi-même, je dirais que je me sens perdu.
Je n’aurais jamais dû arriver jusqu’ici, mais il se trouve que je suis un enfant intelligent, alors j’ai passé l’entretien avec brio. Marie aussi. Le seul fait d’imaginer qu’elle aurait pu échouer, que je serais parti seul, en la laissant derrière, me glace le sang. Moi partir, et elle rester avec mon père, à vivre dans la rue.
Cette idée m’est insupportable.



« Ecoutez, les jeunes. J’ai vu beaucoup de choses, et beaucoup de choses laides, dans ma vie. Mais s’il y a un seul truc qui n’existe pas sur ce Continent, c’est l’inégalité des chances. Peu importe qui tu es, tu peux faire ce que tu veux si tu es assez motivé. Avec votre mère, on n’était pas riches, et on a pas forcément pu vous donner tout ce qu’on voulait. Mais ça n’est pas pour cela que vous devez vous sous-estimer. Donnez tout ce que vous avez ! Ma plus grande fierté, c’est de vous voir réussir. Mais oubliez pas de m’envoyer des lettres de temps en temps, hein. Je suis sûr que maman dirait la même chose que moi. Alors foncez. »


Foncez. Les choses ont tellement changé en si peu de temps.
On a tellement galéré, ensemble. Je connais Marie depuis si longtemps que je ne me souviens plus du jour où mon père l’a ramenée à la maison, seule et affamée. C’est moi qui lui ai appris les ficelles, moi qui lui ai appris à se débrouiller. Elle a refusé que je lui montre comment voler les gens, alors elle a enchainé les petits boulots rapides et mal payés dès qu’elle a eu l’âge. Quand ma mère -notre mère- est morte, c’est elle qui a tenu toute la maison pendant quelques mois.

J’ai passé des années à lui apprendre à se débrouiller toute seule, pour lui permettre de rapporter de l’argent. J’ai passé des années à lui tenir la main, les trois quarts du temps pour fuir un client mécontent ou un malchanceux dépossédé de ses biens. :arrow: Je ne vois pas trop le rapport ^^" J’ai passé des années à lui parler, à la faire parler, pour qu’elle puisse apprivoiser une différence qu’elle voyait comme une malédiction. :arrow: Une différence ? Tiens, tiens, tiens... Voilà qui devient intéressant ^^

Et en échange, elle m’a aidé à devenir une meilleure personne. Ou du moins, quelqu’un de moins pire. Je suis passé du petit voleur qui avait des dettes :arrow: dixit quand même le mec qui a planqué son magot :D Ou alors,
il n'est peut être pas si honnête travailleur que ça :lol:
un peu partout à un honnête travailleur. Lorsque mon père a perdu la mobilité d’une de ses jambes, j’étais à la fois terrifié et grisé de voir que nos deux travail :arrow: Nos deux travail ??? Nos deux TRAVAIL ??? :o :shock: :o :shock: *s'arrache les yeux* Nos deux TRAVAUX nous permettaient une certaine stabilité.

Maintenant, mon père coule des jours paisibles dans la vallée, à l’extérieur du bidonville nauséabond. Il aide dans une petite boutique de tailleurs, en échange du gîte et du couvert. Et nous, nous sommes là. Le nez dans les livres, la tête dans les leçons, les mains dans la vaisselle et les pots de fleurs. J’ai la sensation d’avoir pris dix printemps en l’espace de neuf mois. Et celle, paradoxale, que je ne sais strictement rien. Que tout reste à faire.

Mais bordel, y a déjà tellement de choses qui ont été faites !

Où sont passées toutes ces années ? Où sont passés ces derniers mois, même ? Quand j’observe Marie, je ne vois plus celle d’il y a à peine quelques saisons. Je vois toujours Marie l’impétueuse, Marie qui en sait toujours trop mais ne dit rien, Marie la langue bien pendue. Mais je ne vois plus celle, sauvage et toujours un peu perdue, avec qui j’ai arpenté les faubourgs.
En peu de temps, elle a grandi, elle s’est affirmée. Avec Cynthia et Jasmine, elle s’est aussi posée. Je ne la vois plus constamment sur les nerfs. Elle devient observatrice et maline.

Peut-être que ma sœur est devenue une femme, au final. Et cette constatation m’emplit de joie autant qu’elle m’attriste. :arrow: Je sais pas trop pourquoi, mais cette phrase me gêne un peu... J'ai un peu du mal à en comprendre la portée en fait. Je veux dire, certes, mais pourquoi ça te turlupine à ce point ? En quoi cela change-t-il quelque chose ? Les changements sont les même chez toi normalement, tu n'en fais pas un drame ^^'. Et pourquoi ça t'attriste ? Tu devrais être fier plutôt. Et puis je ne vois pas pourquoi vos relations changeraient comme ça du jour au lendemain parce que vous devenez adultes, tu vois ce que je veux dire ?

C’est la fin d’une chose, le début d’une autre.

Pour nous, ça sonne surtout des adieux proches.

L’avenir me terrifie.

J’ai définitivement perdu toute envie de fumer, ce soir. Alors je referme ma petite poche de tabac. De toute façon, même si j’essayais, j’aurais la gorge bien trop serrée et la vision trop floue pour ça.
Et voilà :) Désolé, j'ai eu un peu de retard, je ne t'ai même pas répondu ^^" Bref ! Trève d'élucubrations, venons en au fait :) Comme toujours, excellent travail, un peu plus axé psychologie et sentimentalisme. C'est toujours intéressant de pouvoir suivre les pensées des personnages, et tu conduis ça très bien. Petit problème de temporalité toutefois au début (le dialogue avec Dimitri) : on a l'impression que le chapitre commence sur le toit ("Heureusement que la fenêtre n'est pas fermée..."), mais Aaron grimpe sur le toit quand Dimitri va se coucher, tu vois ce que je veux dire ? À part ça, rien à redire, j'ai hâte de voir comment va être la vie dans leurs nouvelles familles. Comme toujours, la fin est excellente ^^
Allez, la biz :) !
Mimori

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Mimori »

Bonsoir (au moment où j'écris) ou bonjour (suivant l'heure) :mrgreen:

Permets-moi tout d'abord de te dire que ta carte est très bien réussie, et surtout, claire !

Ensuite, pour répondre à ton commentaire réponse de mon commentaire (on s'y perd...) le stage s'est bien passé, merci de me demander ! Je suis actuellement en recherche tardive d'un troisième, on croise les doigts ! Merci de me pardonner pour mon retard, en tout cas. Partie 12, à nous deux !

Petit aperçu de la vie passée d'Aaron et de celle qui pourrait l'attendre, avec cette lettre qui lui a été adressée. Si je comprends bien, il pourrait être "embauché" et devrait donc quitter Marie, avec qui il a vécu tant de déboires (mais aussi de bons moments) alors, sacré dilemme !
Puisqu'il parle d'adieux, c'est qu'il a néanmoins pris sa décision... une page se tourne !

Bon courage pour la rentrée, et tu as bien raison,
pas besoin de plus qu'un crayon et du papier pour la fac, parole de scout :lol:
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

vampiredelivres a écrit :
Xhantia a écrit :Yooooo! Hellooo !
Comment ça va? La rentrée approche à grands pas, et comme d'habitude, on est pas prêts. Surtout moi, qui préfère écrire qu'aller acheter des fournitures. De toute façon, à la fac, un stylo et une feuille ça suffit largement. Mouais. Un peu cliché, mais je vais te concéder ça... juste parce qu'on peut avoir un nouveau chapitre, du coup ! :P
Eh bien, c'est un cliché, mais c'est aussi le grand avantage de la fac: pas besoin de s'encombrer avec moult fournitures... Donc la feuille et le stylo (OK, le PC aussi) suffisent :D
Le point positif, c'est que ça me permet d'être productive. Voici donc le chapitre douze!



Partie 12



Aaron


Heureusement que la fenêtre de la chambre n’est pas fermée, sinon je ne pourrais pas rentrer ce soir. Et heureusement que je n’ai pas oublié mon tabac dans la chambre. Ça m’aurait fait chier de redescendre du toit comme la dernière fois pour aller le chercher. Je me retrouve un peu dans son cas, quand mes parents zappent que je dois rentrer le soir, après le lycée, et qu'ils ferment le portail et la maison...
La grande joie quand il fait moins deux dehors :')
Même si c’est un jeu d’enfant de grimper, j’aurais dû affronter le regard de la Mort. Enfin, celui de Dimitri, quoi. :lol: J'aime cette analogie ! Il m’aurait encore jaugé avec ses prunelles sombres, son regard fixé dans le mien, m’écartelant les yeux Au sens propre, ce ne serait pas un peu douloureux ? pour plonger dans mon cerveau et en presser toute la substance. Je me demande même si, cette fois-ci, il n’aurait pas refusé que je fume. Ah, parce qu'il ne l'a pas encore fait, pour l'instant ?

« Tu fumes encore, même en étant aussi occupé dans la journée.

- Je n’y peux rien. Ça m’aide à décompresser. Mwaiche... dis surtout que ton corps s'est habitué à sa dose quotidienne de nicotine...

- Peu importe ce que disent les gens, avaler de la fumée, ça ne peut que te faire du mal. Pas besoin d'être un génie pour comprendre ça, même sans notre science actuelle. Pourquoi, il y a des gens qui disent que c'est bien d'avaler de la fumée ? :shock:
Si tu savais! Il y a une époque ou on méconnaissait totalement les effets de tout ce qui se fume: il y a quarante ans à peine, on encourageait même certains patients à fumer, pensant que c'était bon pour la santé :roll:

- Je n’ai jamais prétendu le contraire.

Il se tait un moment.

- Pourquoi t’embêter à aller sur le toit pour ça ? Il n’y a aucune règle qui l’interdise dans le bâtiment.

- Je ne sais pas trop… J’ai pas spécialement envie que la pièce pue la fumée froide, et puis quand il caille, ça m’aide à réfléchir. T’as le cerveau gelé, du coup tes préoccupations aussi. Hmmm... C'est vrai que j'aime bien réfléchir quand il fait froid, mais je ne l'avais pas encore envisagé sous cet angle...

- Je te comprends.

Pendant un instant, je vois son visage de marbre s’étirer en un sourire. Un sourire léger, sincère. Un sourire qui fait pétiller ses pupilles d’une lueur tiède et creuse de petites fossettes sur son visage lisse. Dimitri, sourire ? Ça va ensemble, dans une phrase ? Un sourire qui le rendrait beau si j’étais une femme qui ne tenait pas compte des cicatrices cruelles de la vie.
Et très vite, cette expression s’efface, au profit de deux sourcils froncés. Ah, j'me disais aussi...
Hahaha :lol:

- Je te préviens, ne perds pas trop de temps là-haut. Je ne suis pas ta dévouée épouse. Je ne t’attendrais pas toute la nuit, sagement assis sur mon matelas. Quand justement Aaron se disait que s'il était une femme, Dimitri s'y met aussi... :lol:

- C’est dommage ! »

Il lève les yeux au ciel, puis cède. Se tournant dos à moi, il passe sa main sur son visage, faisant tomber sur son front quelques mèches de ses cheveux bruns-roux. Tandis que je m’élance sur le mur du bâtiment, je peux voir l’ombre de son corps maigre et nerveux projetée sur les cascades végétales du jardin.


Quand on passe toute son enfance dans la rue, on développe très vite la capacité à grimper un peu partout, un peu n’importe comment. Surtout quand, comme moi, on était pickpocket à plein temps. Chez eux aussi, ça passe, les anglicismes ?
Oups, merci de m’avoir souligné cette incohérence... Tu connaitrais d'autres mots pour remplacer?
J’ai d’ailleurs une belle poche remplie d’or quelque part. Mais je ne dirais jamais où.
Regardez-moi. Non seulement je suis beau, mais en plus je suis riche et talentueux. Que demander de plus ? Rien, Aaron, rien. Tu es parfait comme tu es.

En fait, je crois que j’ai bien un vœu. Pouvoir parler à Marie de la lettre que j’ai reçu aujourd’hui, par exemple. J’ai vu quelques personnes recevoir du courrier ces derniers temps. Courrier estampillé d’un sceau représentant tantôt une fleur, tantôt un caracal à épines, parfois une tête de bélier. J’ai même vu le fameux cerf. Quel cerf ? Celui des Barathéon ? :lol:
Pas mal :lol: :lol: Allez, ça part en crossover!
En vrai, j'ai modifié certains trucs dans mon scénario, il faut que je change cet emblème...

Il n’y a plus de doute. La mort d’Assar le mois dernier a beau les avoir secoués, les Premiers n’oublient pas leurs priorités. Le recrutement a commencé.


Madame, monsieur, On sent la lettre type, où ils ne prennent même pas le temps de faire attention et de vérifier à qui ils s'adressent...
Cette lettre vous est adressée par l’intendance de la Maison Litréans au vu d’une offre de recrutement de notre part.
Nous souhaitons à nouveau vous féliciter pour votre admission dans une de nos plus prestigieuses académies d’apprentissage. Un dossier papier résumant vos capacités nous a été transmis. Celui-ci a éveillé notre intérêt envers votre personne. La Maison apprécierait de disposer de vos compétences dans un futur proche.
Vous pouvez dès à présent nous envoyer une lettre de réponse. Adressez-vous au professeur référent pour de plus amples informations.
Nous vous souhaitons réussite et attendons une réponse, nous l’espérons positive, de votre part.

Intendance Litréans - Milantal
« La plume et l’épée »

Je ne sais pas vraiment quoi en penser. Si j’étais sincère avec moi-même, je dirais que je me sens perdu.
Je n’aurais jamais dû arriver jusqu’ici, mais il se trouve que je suis un enfant intelligent, alors j’ai passé l’entretien avec brio. Marie aussi. Le seul fait d’imaginer qu’elle aurait pu échouer, que je serais parti seul, en la laissant derrière, me glace le sang. Moi partir, et elle rester avec mon père, à vivre dans la rue. Vu comment il le raconte, ça craint...
Cette idée m’est insupportable.


« Ecoutez, les jeunes. J’ai vu beaucoup de choses, et beaucoup de choses laides, dans ma vie. Mais s’il y a un seul truc qui n’existe pas sur ce Continent, c’est l’inégalité des chances. Peu importe qui tu es, tu peux faire ce que tu veux si tu es assez motivé. Avec votre mère, on n’était pas riches, et on a pas forcément pu vous donner tout ce qu’on voulait. Mais ça n’est pas pour cela que vous devez vous sous-estimer. Donnez tout ce que vous avez ! Ma plus grande fierté, c’est de vous voir réussir. Mais oubliez pas de m’envoyer des lettres de temps en temps, hein. Je suis sûr que maman dirait la même chose que moi. Alors foncez. »


Foncez. Les choses ont tellement changé en si peu de temps.
On a tellement galéré, ensemble. Je connais Marie depuis si longtemps que je ne me souviens plus du jour où mon père l’a ramenée à la maison, seule et affamée. C’est moi qui lui ai appris les ficelles, moi qui lui ai appris à se débrouiller. Elle a refusé que je lui montre comment voler les gens, alors elle a enchainé les petits boulots rapides et mal payés dès qu’elle a eu l’âge. Quand ma mère -notre mère- est morte, c’est elle qui a tenu toute la maison pendant quelques mois. Ceci expliquant pourquoi il l'appelle sœurette...

J’ai passé des années à lui apprendre à se débrouiller toute seule, pour lui permettre de rapporter de l’argent. J’ai passé des années à lui tenir la main, les trois quarts du temps pour fuir un client mécontent ou un malchanceux dépossédé de ses biens. J’ai passé des années à lui parler, à la faire parler, pour qu’elle puisse apprivoiser une différence qu’elle voyait comme une malédiction. Une différence ? J'ai déjà hâte de savoir ! :lol:

Et en échange, elle m’a aidé à devenir une meilleure personne. Ou du moins, quelqu’un de moins pire. Je suis passé du petit voleur qui avait des dettes un peu partout à un honnête travailleur. Changement radical, donc... Lorsque mon père a perdu la mobilité d’une de ses jambes, j’étais à la fois terrifié et grisé de voir que nos deux travail nous permettaient une certaine stabilité.

Maintenant, mon père coule des jours paisibles dans la vallée, à l’extérieur du bidonville nauséabond. Il aide dans une petite boutique de tailleurs, en échange du gîte et du couvert. Et nous, nous sommes là. Le nez dans les livres, la tête dans les leçons, les mains dans la vaisselle et les pots de fleurs. J’ai la sensation d’avoir pris dix printemps en l’espace de neuf mois. Et celle, paradoxale, que je ne sais strictement rien. Que tout reste à faire. C'est marrant comme tu décris ce moment où je sors du lycée, et où j'ai exactement la même impression...
J'ai connu ça l'an dernier ; pas facile d'avoir la sensation qu'on choisit son destin de façon irréversible ^^'

Mais bordel, y a déjà tellement de choses qui ont été faites !

Où sont passées toutes ces années ? Où sont passés ces derniers mois, même ? Quand j’observe Marie, je ne vois plus celle d’il y a à peine quelques saisons. Je vois toujours Marie l’impétueuse, Marie qui en sait toujours trop mais ne dit rien, Marie la langue bien pendue. Mais je ne vois plus celle, sauvage et toujours un peu perdue, avec qui j’ai arpenté les faubourgs.
En peu de temps, elle a grandi, elle s’est affirmée. Avec Cynthia et Jasmine, elle s’est aussi posée. Je ne la vois plus constamment sur les nerfs. Elle devient observatrice et maline. Intelligente jeune femme...

Peut-être que ma sœur est devenue une femme, au final. Et cette constatation m’emplit de joie autant qu’elle m’attriste.

C’est la fin d’une chose, le début d’une autre.

Pour nous, ça sonne surtout des adieux proches.

L’avenir me terrifie.

J’ai définitivement perdu toute envie de fumer, ce soir. Alors je referme ma petite poche de tabac. De toute façon, même si j’essayais, j’aurais la gorge bien trop serrée et la vision trop floue pour ça.

Awww, c'était beau ! *-*
Je suis heureuse que ça t'ait plu! :D
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

GoldAngels a écrit :
Xhantia a écrit :
Partie 12



Aaron


Heureusement que la fenêtre de la chambre n’est pas fermée, sinon je ne pourrais pas rentrer ce soir. Et heureusement que je n’ai pas oublié mon tabac dans la chambre. Ça m’aurait fait chier de redescendre du toit comme la dernière fois pour aller le chercher.
Même si c’est un jeu d’enfant de grimper, j’aurais dû affronter le regard de la Mort. Enfin, celui de Dimitri, quoi. Il m’aurait encore jaugé avec ses prunelles sombres, son regard fixé dans le mien, m’écartelant les yeux pour plonger dans mon cerveau et en presser toute la substance. Je me demande même si, cette fois-ci, il n’aurait pas refusé que je fume. :arrow: Alors, deux choses : d'abord, qui est Dimitri pour t'empêcher de fumer ? Même s'il désapprouve, en quoi peut-il t'interdire quoi que ce soit ? Qu'est-ce qui légitime son autorité sur toi ? Ensuite, Dimitri refuse catégoriquement que tu reviennes prendre ton tabac et retourne fumer sur le toit, mais il tolère que tu laisses la fenêtre grande ouverte et qu'il se gèle les c*** pendant que tu fumes ^^ ? Et puis bon, la scène semble se passer assez tard dans la nuit, donc que Dimitri reste éveillé pour te juger... ^^
Alors, n'oublie pas qu'on est encore en hiver! Le soleil se couche tôt et les températures sont basses, donc qu'il fasse noir tôt n'est pas étonnant ^^ mais c'est vrai que je ne précise pas vraiment l'heure... Je ne m'imaginais pas que ça ferait tiquer quelqu'un, je vais changer ça!
Et pour les pensées d'Aaron, bah... J'ai pas d'excuses :lol :lol: *part se cacher*
Non, vraiment, j'ai rien à dire. Ce que tu fais remarquer est complètement logique. Je ne sais pas, j'étais tellement dans le personnage à ce moment-là, ça lui va tellement bien d'exagérer (entre son regard et son interdiction), que voilà... J'ai merdé patron :roll:
Après, ils partagent quand même la chambre, et je pense que quitte à dormir sans mourir de froid en étant réveillé par son coloc' qui rentre, autant attendre que la fenêtre soit fermée... Enfin c'est mon point de vue!


« Tu fumes encore, même en étant aussi occupé dans la journée.

- Je n’y peux rien. Ça m’aide à décompresser.

- Peu importe ce que disent les gens, avaler de la fumée, ça ne peut que te faire du mal.

- Je n’ai jamais prétendu le contraire.

Il se tait un moment.

- Pourquoi t’embêter à aller sur le toit pour ça ? Il n’y a aucune règle qui l’interdise dans le bâtiment.

- Je ne sais pas trop… J’ai pas spécialement envie que la pièce pue la fumée froide, et puis quand il caille, ça m’aide à réfléchir. T’as le cerveau gelé, du coup tes préoccupations aussi :arrow: Et pas tes pensées ?.

- Je te comprends.

Pendant un instant, je vois son visage de marbre s’étirer en un sourire. Un sourire léger, sincère. Un sourire qui fait pétiller ses pupilles d’une lueur tiède et creuse de petites fossettes sur son visage lisse. Un sourire qui le rendrait beau si j’étais une femme qui ne tenait pas compte des cicatrices cruelles de la vie. :arrow: Là encore, deux chose à remarquer : d'abord, on peut être un homme, parfaitement hétérosexuel, et trouver un autre homme beau. Ensuite, une femme qui repousserait un homme à cause de ses cicatrices, ne peut être, à mon sens, qu'une princesse qui n'a jamais quitté son palais de cristal. À moins que le type soit complètement défiguré (et encore), ce qui ne me semble pas être le cas de Dimitri, une cicatrice n'enlève rien au charme d'une personne, tu vois ce que je veux dire ?
C'est marrant, quand j'ai écrit ça, j'ai pas pensé non plus au fait que quelqu'un pourrait le voir comme ça... Il faut croire que je vis dans un monde à part quand j'écris... *repart se cacher, honteuse*
Je vois même très bien ce que tu veux dire! J'avoue ne pas m'être penchée sur la description de la cicatrice de notre cher Terminator, mais c'est vrai qu'il a quand même la joue salement amochée. C'est marrant parce que par rapport au monde dans lequel vit Aaron, cette remarque me semblait parfaitement... Comment dire... Bah à sa place. Mais encore une fois tu as raison!
Résultat des courses: cette partie est à refaire! :lol:

Et très vite, cette expression s’efface, au profit de deux sourcils froncés.

- Je te préviens, ne perds pas trop de temps là-haut. Je ne suis pas ta dévouée épouse. Je ne t’attendrais pas toute la nuit, sagement assis sur mon matelas. :arrow: Pourquoi ? Je croyais que la fenêtre restait ouverte ? Où est le problème dans ce cas ?
Parce que t'imagines en hiver, non seulement tu te les gèles avec la fenêtre ouverte, mais en plus quand tu réussis enfin à (mourir de froid) t'endormir, tu te fais réveiller par ton coloc' qui rentre en faisant grincer la fenêtre, en la refermant et tout le bordel? :| :o

- C’est dommage ! »

Il lève les yeux au ciel, puis cède. Se tournant dos à moi, il passe sa main sur son visage, faisant tomber sur son front quelques mèches de ses cheveux bruns-roux. Tandis que je m’élance sur le mur du bâtiment, je peux voir l’ombre de son corps maigre et nerveux projetée sur les cascades végétales du jardin.


Quand on passe toute son enfance dans la rue, on développe très vite la capacité à grimper un peu partout, un peu n’importe comment. Surtout quand, comme moi, on était pickpocket à plein temps. J’ai d’ailleurs une belle poche remplie d’or quelque part. Mais je ne dirais jamais où.
Regardez-moi. Non seulement je suis beau, mais en plus je suis riche et talentueux. Que demander de plus ?
:arrow: En tête de liste, je dirais de la modestie :lol: Ou du bon sens xD
En fait, je crois que j’ai bien un vœu. Pouvoir parler à Marie de la lettre que j’ai reçu aujourd’hui, par exemple. :arrow: En quoi est-ce un vœu ? Je veux dire, ça n'a rien d'irréalisable ou de difficile à mettre en place, vous passez vos journées ensemble... Un vœu est un désir que l'on a et qu'on ne peut pas réaliser, tu vois ce que je veux dire ? Et puis ça me paraît bizarre tu vois, il semble qu'Aaron ait tout pour lui (le charme, l'argent, la réussite), mais il n'a pas l'air heureux parce qu'il ne peut pas parler à sa sœur d'une lettre qu'elle a visiblement reçue aussi,
je ne sais pas si je suis très clair ^^'

Bon déjà, je vais modifier le mot "voeu"! Ensuite, comme tu l'as vu, Aaron ne vit vraiment pas bien le fait d'avancer sans sa "soeur". En fait, pour moi, le fait qu'il ne veuille pas en parler érige un peu un mur entre lui et son futur sans elle. Mais si il lui en parle, tout deviendra réel... En fait, je ne sais pas comment développer plus, mais il n'arrive pas à accepter l'idée que la page se tourne :(

J’ai vu quelques personnes recevoir du courrier ces derniers temps. Courrier estampillé d’un sceau représentant tantôt une fleur, tantôt un caracal à épines, parfois une tête de bélier. J’ai même vu le fameux cerf.
Il n’y a plus de doute. La mort d’Assar le mois dernier a beau les avoir secoués, les Premiers n’oublient pas leurs priorités. Le recrutement a commencé. :arrow: C'est très habile. Tout en restant logique avec ton histoire, tu nous fais clairement comprendre que les choses vont prendre un nouveau tournant, et qu'on va devoir (presque) repartir de zéro (nouveaux décors, nouveaux personnages, nouvelle vie...)
*sourire en coin* *sourire en coin* *sourire en coin*

Madame, monsieur,
Cette lettre vous est adressée par l’intendance de la Maison Litréans au vu d’une offre de recrutement de notre part.
Nous souhaitons à nouveau vous féliciter pour votre admission dans une de nos plus prestigieuses académies d’apprentissage. Un dossier papier résumant vos capacités nous a été transmis. Celui-ci a éveillé notre intérêt envers votre personne. La Maison apprécierait de disposer de vos compétences dans un futur proche.
Vous pouvez dès à présent nous envoyer une lettre de réponse. Adressez-vous au professeur référent pour de plus amples informations.
Nous vous souhaitons réussite et attendons une réponse, nous l’espérons positive, de votre part.

Intendance Litréans - Milantal
« La plume et l’épée »

Je ne sais pas vraiment quoi en penser. Si j’étais sincère avec moi-même, je dirais que je me sens perdu.
Je n’aurais jamais dû arriver jusqu’ici, mais il se trouve que je suis un enfant intelligent, alors j’ai passé l’entretien avec brio. Marie aussi. Le seul fait d’imaginer qu’elle aurait pu échouer, que je serais parti seul, en la laissant derrière, me glace le sang. Moi partir, et elle rester avec mon père, à vivre dans la rue.
Cette idée m’est insupportable.



« Ecoutez, les jeunes. J’ai vu beaucoup de choses, et beaucoup de choses laides, dans ma vie. Mais s’il y a un seul truc qui n’existe pas sur ce Continent, c’est l’inégalité des chances. Peu importe qui tu es, tu peux faire ce que tu veux si tu es assez motivé. Avec votre mère, on n’était pas riches, et on a pas forcément pu vous donner tout ce qu’on voulait. Mais ça n’est pas pour cela que vous devez vous sous-estimer. Donnez tout ce que vous avez ! Ma plus grande fierté, c’est de vous voir réussir. Mais oubliez pas de m’envoyer des lettres de temps en temps, hein. Je suis sûr que maman dirait la même chose que moi. Alors foncez. »


Foncez. Les choses ont tellement changé en si peu de temps.
On a tellement galéré, ensemble. Je connais Marie depuis si longtemps que je ne me souviens plus du jour où mon père l’a ramenée à la maison, seule et affamée. C’est moi qui lui ai appris les ficelles, moi qui lui ai appris à se débrouiller. Elle a refusé que je lui montre comment voler les gens, alors elle a enchainé les petits boulots rapides et mal payés dès qu’elle a eu l’âge. Quand ma mère -notre mère- est morte, c’est elle qui a tenu toute la maison pendant quelques mois.

J’ai passé des années à lui apprendre à se débrouiller toute seule, pour lui permettre de rapporter de l’argent. J’ai passé des années à lui tenir la main, les trois quarts du temps pour fuir un client mécontent ou un malchanceux dépossédé de ses biens. :arrow: Je ne vois pas trop le rapport ^^"
Bon j'avoue c'est pas super logique comme ça, mais elle ne courait pas assez vite. Il faudra que je le rajoute.
J’ai passé des années à lui parler, à la faire parler, pour qu’elle puisse apprivoiser une différence qu’elle voyait comme une malédiction. :arrow: Une différence ? Tiens, tiens, tiens... Voilà qui devient intéressant ^^

Et en échange, elle m’a aidé à devenir une meilleure personne. Ou du moins, quelqu’un de moins pire. Je suis passé du petit voleur qui avait des dettes :arrow: dixit quand même le mec qui a planqué son magot :D Ou alors,
il n'est peut être pas si honnête travailleur que ça :lol:
Comme si il allait rendre ce qu'il é déjà volé! Jamais de la vie :lol: lol:un peu partout à un honnête travailleur.
Lorsque mon père a perdu la mobilité d’une de ses jambes, j’étais à la fois terrifié et grisé de voir que nos deux travail :arrow: Nos deux travail ??? Nos deux TRAVAIL ??? :o :shock: :o :shock: *s'arrache les yeux* Nos deux TRAVAUX nous permettaient une certaine stabilité.
*reste bien cachée le temps qu'il finisse sa crise et qu'elle puisse sortir sans se faire égorger*

Maintenant, mon père coule des jours paisibles dans la vallée, à l’extérieur du bidonville nauséabond. Il aide dans une petite boutique de tailleurs, en échange du gîte et du couvert. Et nous, nous sommes là. Le nez dans les livres, la tête dans les leçons, les mains dans la vaisselle et les pots de fleurs. J’ai la sensation d’avoir pris dix printemps en l’espace de neuf mois. Et celle, paradoxale, que je ne sais strictement rien. Que tout reste à faire.

Mais bordel, y a déjà tellement de choses qui ont été faites !

Où sont passées toutes ces années ? Où sont passés ces derniers mois, même ? Quand j’observe Marie, je ne vois plus celle d’il y a à peine quelques saisons. Je vois toujours Marie l’impétueuse, Marie qui en sait toujours trop mais ne dit rien, Marie la langue bien pendue. Mais je ne vois plus celle, sauvage et toujours un peu perdue, avec qui j’ai arpenté les faubourgs.
En peu de temps, elle a grandi, elle s’est affirmée. Avec Cynthia et Jasmine, elle s’est aussi posée. Je ne la vois plus constamment sur les nerfs. Elle devient observatrice et maline.

Peut-être que ma sœur est devenue une femme, au final. Et cette constatation m’emplit de joie autant qu’elle m’attriste. :arrow: Je sais pas trop pourquoi, mais cette phrase me gêne un peu... J'ai un peu du mal à en comprendre la portée en fait. Je veux dire, certes, mais pourquoi ça te turlupine à ce point ? En quoi cela change-t-il quelque chose ? Les changements sont les même chez toi normalement, tu n'en fais pas un drame ^^'. Et pourquoi ça t'attriste ? Tu devrais être fier plutôt. Et puis je ne vois pas pourquoi vos relations changeraient comme ça du jour au lendemain parce que vous devenez adultes, tu vois ce que je veux dire ?
1- J'ai mis qu'un seul "au final" donc hein prout D:
2- Comme je te disais, Aaron a du mal avec le changement qu'il s'apprête à vivre. Ce changement, il le voit aussi chez lui et les autres bien sûr, mais surtout sur sa principale attache émotionnelle qu'il va bientôt devoir quitter :/ Donc c'est sur qu'il est heureux et fier de sa soeur! Mais, quand même, c'est compliqué...


C’est la fin d’une chose, le début d’une autre.

Pour nous, ça sonne surtout des adieux proches.

L’avenir me terrifie.

J’ai définitivement perdu toute envie de fumer, ce soir. Alors je referme ma petite poche de tabac. De toute façon, même si j’essayais, j’aurais la gorge bien trop serrée et la vision trop floue pour ça.
Et voilà :) Désolé, j'ai eu un peu de retard, je ne t'ai même pas répondu ^^"
Aucun souci, on a tous une vie! ^-^
Bref ! Trève d'élucubrations, venons en au fait :) Comme toujours, excellent travail, un peu plus axé psychologie et sentimentalisme. C'est toujours intéressant de pouvoir suivre les pensées des personnages, et tu conduis ça très bien. Petit problème de temporalité toutefois au début (le dialogue avec Dimitri) : on a l'impression que le chapitre commence sur le toit ("Heureusement que la fenêtre n'est pas fermée..."), mais Aaron grimpe sur le toit quand Dimitri va se coucher, tu vois ce que je veux dire ? À part ça, rien à redire, j'ai hâte de voir comment va être la vie dans leurs nouvelles familles. Comme toujours, la fin est excellente ^^
Allez, la biz :) !
PS: En ce qui concerne la temporalité... En fait, c'est juste moi qui ait oublié de mettre un GROS passage en italique, je crois... My mistake x_x
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Mimori a écrit :Bonsoir (au moment où j'écris) ou bonjour (suivant l'heure) :mrgreen:
Alors ce sera un bonsoir! :D

Permets-moi tout d'abord de te dire que ta carte est très bien réussie, et surtout, claire !
Merci beaucoup! Je crois que j'y ai laissé une partie de mon âme tellement je voulais qu'elle soit parfaite :lol:

Ensuite, pour répondre à ton commentaire réponse de mon commentaire (on s'y perd...) le stage s'est bien passé, merci de me demander ! Je suis actuellement en recherche tardive d'un troisième, on croise les doigts ! Merci de me pardonner pour mon retard, en tout cas. Partie 12, à nous deux !
Ah, super! Eh bah j'espère que tu vas le trouver, parce que c'est vraiment compliqué en ce moment ^^'

Petit aperçu de la vie passée d'Aaron et de celle qui pourrait l'attendre, avec cette lettre qui lui a été adressée. Si je comprends bien, il pourrait être "embauché" et devrait donc quitter Marie, avec qui il a vécu tant de déboires (mais aussi de bons moments) alors, sacré dilemme !
Eh oui, c'est pas facile pour tout le monde ^^'
Puisqu'il parle d'adieux, c'est qu'il a néanmoins pris sa décision... une page se tourne !

Bon courage pour la rentrée, et tu as bien raison,
pas besoin de plus qu'un crayon et du papier pour la fac, parole de scout :lol:
Les fournitures scolaires, c'est pour les faibles 8-)
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bonjour bonjour, chers lecteurs!
J'espère que la rentrée s'est bien passée pour vous :) Je crois qu'on approche d'un de mes moments favoris de l'année, où la douceur de la fin d'été se mêle avec les feuilles jaunies et l'odeur de la terre mouillée...
Malheureusement, sur le Continent, on est encore en plein hiver. Brrr.
Je vous souhaite une bonne lecture!



Partie 13



Marie


N’essayez pas de me mentir.
Non seulement vous n’y arriverez pas, mais en plus tout ce que vous y gagnerez, c’est mon mépris.
Parce que depuis que je suis toute petite, j’ai toujours su ce à quoi les gens pensaient.

Appelez-ça un don ou une escroquerie, peu importe. Le fait est que, quelques soient les masques que vous pouvez porter, je connaitrais votre opinion. C'est cette hypocrisie typiquement humaine qui m'a toujours rendue tranchante et facilement irritable.

Si vous voulez faire réagir Aaron, titillez-le sur ses valeurs. Si vous voulez faire réagir Cynthia, dénigrez ses capacités.
Si vous voulez me faire réagir, ne faites rien ; votre bêtise innée et vos mensonges s'en chargeront à votre place.

J’ai très vite compris que c’était une aptitude dont je ne devais pas parler. Personne autour de moi n’a jamais semblé sous l’emprise d’une chose similaire. Avec le temps, j’ai appris à scruter les gens, à reconnaitre des signes de changement, dans leurs yeux, dans leurs expressions. Et, jusque-là, il semble que je sois un cas unique.

J’ai toujours cohabité avec cette drôle de manie de mon esprit, comme une excroissance qui trouverait sa place en se tapissant sur les parois de mon crâne. Lorsque je me retrouve proche de quelqu’un, elle se réveille. Elle bouge. Elle remue dans ma tête, à l’image d’un serpent qui voudrait s’extirper et changer de corps. Et, au milieu d’une conversation ou au simple passage de quelqu’un à côté de moi, elle capte les pensées des gens.

Depuis petite, je sais que personne ne peut entendre ce que j’entends.
Ce qui ne m’a pas empêchée de piquer des colères noires en face de pauvres incrédules, ne se doutant pas une seule seconde que je lisais en eux comme dans un livre ouvert. Même dans mon sommeil, je ressens parfois les rêves des gens qui dorment à mes côtés.

Aaron, à force de passer ses journées avec moi, a très vite compris que quelque chose ne tournait pas rond. Nous ne sommes frère et sœur que d’un point de vue moral ; je ne suis pas de sa famille.
Je sais seulement que je suis arrivée très jeune chez lui. Et encore, je n’en ai pas énormément de souvenirs.

Le fait est que peu de temps après mon arrivée, il a commencé à me poser des questions. Quand il a vu que je ne répondais pas, il a insisté. Il faut croire qu’à son âge, il n’était pas encore doté d’instinct de survie. Je lui ai fait la vie pour qu’il arrête de me questionner. Et au final, c’est moi qui ai craqué.

Il ne m’a même pas prise pour une folle. Il s’est contenté de m’écouter, et il a voulu que j’essaie sur lui. En voyant que je ne racontais pas de salades, il a dit :

« Wouah, mais c’est ultra cool ! »

Outrée par sa réponse, je lui ai mis une baffe.


Avec le temps, j’ai appris à brider cette capacité constamment présente aux abords de ma conscience. Je me suis beaucoup entrainée avec Aaron : fermer son esprit aux autres, se concentrer sur une seule personne… Nous n’étions que des gamins assis au milieu de la place publique, mais grâce à cela, mon quotidien est désormais supportable.
J’attrape toujours les pensées des gens de façon involontaire ; mais elles sont moins fréquentes, et je ne fais pas de « surcharge » au milieu de la foule, comme on appelait ça lorsque nous étions plus jeunes.

Du coup, il s’avère que je n’ai pas du tout les mêmes critères que les autres pour choisir les personnes que j’apprécie. Je ne sais pas comment l’on vit sans savoir constamment ce que peuvent penser ceux autour de nous : il y en a qui choisissent sur l’apparence, d’autres qui ne jugent que par les goûts en commun. Personnellement, je n’ai besoin ni de faire-valoir esthétique, ni de gens pour se brosser mutuellement dans le sens du poil. J’ai besoin de personnes dont les pensées m’apaisent, me surprennent et sont en accord avec leurs paroles.

Par exemple, Aaron dit toujours ce qui lui passe par la tête. Mot pour mot.
Dimitri, lui, est beaucoup plus diplomate, mais jamais menteur.
J’ai parfois du mal à rester seule avec Cynthia, car ses pensées sont un véritable maelström. Elle réfléchit tout le temps à ce qu’elle vient de voir. C’est à se demander si elle a conscience de ce qu’elle fait. Je n’arrive que rarement à accrocher un raisonnement au milieu de cette tempête intérieure.
Quant à Jasmine… Les gens seraient étonnés de connaître le fond de sa pensée. Elle a plus de caractère qu’elle n’en montre.
C’est pour cela que je l’apprécie.

Cet après-midi, je l’ai trouvée dans l’entrée en sortant d’une leçon de service -sans accident de la part de Cynthia cette fois-ci, Dieu merci-. Assise sur une méridienne aux tons crème, elle lisait une lettre qu’elle venait de décacheter. Ses sourcils froncés témoignaient de la concentration qu’elle mettait dans sa lecture.

Je n’ai même pas eu besoin de m’approcher d’elle pour capter les pensées qui émanaient de son esprit. Au milieu de la cacophonie de sa conscience que je perçois comme un éternel bruit de fond s’élève une idée qui domine toutes les autres.

Je suis prise quelque part. Un caracal à épines. Demande spéciale.

Je coupe le lien établi il y a quelques instants. Non seulement je refuse de m’immiscer dans la tête de ceux que j’aime, mais le flot ininterrompu de ses réflexions menace de m’emporter si je m’y accroche trop longtemps.

Jasmine relève la tête, me remarque, m’adresse un sourire un peu crispé. Je prends place à ses côtés. Elle inspire profondément, me tendant le fameux papier.

« J’ai reçu une lettre ce matin. Je vais avoir du travail à la Maison Blustrode.

- Mais c’est une bonne nouvelle, ça ! Je m’exclame avec entrain, me penchant sur le contenu du courrier.

- Tu penses ?

Je comprends sa question autant qu’elle me prend au dépourvu.

- Bien sûr ! Après tout, on se retrouverait bien bêtes si on ne trouvait rien après tout ce que l’on a étudié. Je vivrais mal d’avoir suivi des cours de généalogie pour ne pas les utiliser. C’est tellement passionnant.
Elle capte mon ironie, et son expression inquiète disparait dans un éclat de rire.

Marie, fidèle à elle-même !

J’en profite pour jeter un coup d’œil à sa lettre. Il y a deux semaines, Aaron m’a fait lire la sienne. Et elle était totalement différente de celle que vient de recevoir Jasmine. Ici, le ton est beaucoup moins officiel, beaucoup plus confidentiel.
Mon amie a sans doute remarqué que quelque chose m’intriguait, car elle se penche vers moi et scrute son courrier comme si elle n’avait pas su y voir un message caché.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Aaron a reçu une lettre de demande, lui aussi, mais elle n’était pas du tout pareille. Elle ressemblait plus aux courriers que l’on envoie aux jeunes pour leur proposer de rejoindre les armées. Là, on dirait qu’une vieille connaissance te propose une place au Conservatoire de Stridel.

- Ça, c’est grâce à mon grand-père.

Je me tourne vers elle, intriguée.

- Quoi ?

Je ne le dis pas, en temps normal. Confiance. Amie.

- C’est lui qui m’a élevée parce que mes parents sont morts, tu te souviens ? En fait, il fabriquait des instruments de musique, et il était très demandé. J’ai appris à jouer toute seule avec lui, et souvent, les musiciens et les grands noms de la noblesse venaient lui commander des instruments. Il faisait partie d’une liste d’artisans d’honneur, je crois. Ils ont dû me reconnaitre à mon nom, à l’intendance.

Son explication fait percuter quelque chose dans ma tête.

- Attends… Ça veut dire que tu sais faire de la musique depuis toute petite, et tu ne nous en as jamais parlé depuis tout ce temps ?

- Je n’aime pas trop le dire, elle me confie avec un regard gêné. Et puis il n’y a pas de cours musicaux, donc je ne peux pas jouer n’importe quand. Par contre, j’ai un violon dans mes affaires. J’ai pu l’emporter avec moi, mais il n'est jamais sorti de mon sac.

Peu importe ce qu’elle est en train de me raconter, je n’ai maintenant qu’une seule idée en tête.

- Dis, tu pourras nous jouer un morceau, à Cynthia et moi ? Je veux absolument t’entendre ! Qu’est-ce que tu sais jouer ?

- Eh bah, euh, un peu tout, en fait. Je rejoue les mélodies à l’oreille. Je ne les apprends pas.

La tête que je fais en entendant sa réponse doit être drôle, car elle détourne le regard, son visage se fendant d’un grand sourire à la fois embarrassé et amusé.

- Mais c’est d’accord, hein, je vous jouerais quelque chose ! Je veux me faire des souvenirs avec vous avant qu’on se quitte.»

Adieu. Jamais. Vie d’après.
vampiredelivres

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

Xhantia a écrit :Bonjour bonjour, chers lecteurs!
J'espère que la rentrée s'est bien passée pour vous :) Euh, non, mais c'est pas grave :mrgreen: (En vrai, ça va, je dramatise un peu XD) Je crois qu'on approche d'un de mes moments favoris de l'année, où la douceur de la fin d'été se mêle avec les feuilles jaunies et l'odeur de la terre mouillée... J'aime ❤
Malheureusement, sur le Continent, on est encore en plein hiver. Brrr.
Je vous souhaite une bonne lecture!



Partie 13



Marie


N’essayez pas de me mentir. Ça commence bien ! XD
Non seulement vous n’y arriverez pas, mais en plus tout ce que vous y gagnerez, c’est mon mépris.
Parce que depuis que je suis toute petite, j’ai toujours su ce à quoi les gens pensaient. Et sinon, ta santé mentale au quotidien, ça allait ?

Appelez-ça un don ou une escroquerie, peu importe. Le fait est que, quelques soient les masques que vous pouvez porter, je connaitrais "connaîtrai", je pense, non ? votre opinion. C'est cette hypocrisie typiquement humaine qui m'a toujours rendue tranchante et facilement irritable.

Si vous voulez faire réagir Aaron, titillez-le sur ses valeurs. Si vous voulez faire réagir Cynthia, dénigrez ses capacités. J'aime la discrétion des portraits dressés comme ça...
Si vous voulez me faire réagir, ne faites rien ; votre bêtise innée et vos mensonges s'en chargeront à votre place. Je commence à me dire qu'elle aurait beaucoup de mal avec moi... parce que j'ai souvent tendance à taire une grande partie de ce que je pense, et un peu moins souvent, j'affirme l'exact contraire... :?

J’ai très vite compris que c’était une aptitude dont je ne devais pas parler. Mais nan voyons, crie-le sur tous les toits, tiens ! Les gens ne vont pas du tout flipper... Personne autour de moi n’a jamais semblé sous l’emprise d’une chose similaire. Avec le temps, j’ai appris à scruter les gens, à reconnaitre des signes de changement, dans leurs yeux, dans leurs expressions. Et, jusque-là, il semble que je sois un cas unique.

J’ai toujours cohabité avec cette drôle de manie de mon esprit, comme une excroissance qui trouverait sa place en se tapissant sur les parois de mon crâne. Lorsque je me retrouve proche de quelqu’un, elle se réveille. Elle bouge. Elle remue dans ma tête, à l’image d’un serpent qui voudrait s’extirper et changer de corps. Et, au milieu d’une conversation ou au simple passage de quelqu’un à côté de moi, elle capte les pensées des gens. J'aime bien le concept...

Depuis petite, je sais que personne ne peut entendre ce que j’entends.
Ce qui ne m’a pas empêchée de piquer des colères noires en face de pauvres incrédules, ne se doutant pas une seule seconde que je lisais en eux comme dans un livre ouvert. Même dans mon sommeil, je ressens parfois les rêves des gens qui dorment à mes côtés. Je repose ma question : ta santé mentale, on est toujours ok ?

Aaron, à force de passer ses journées avec moi, a très vite compris que quelque chose ne tournait pas rond. Nous ne sommes frère et sœur que d’un point de vue moral ; je ne suis pas de sa famille. Hmm... effectivement, merci pour les explications !
Je sais seulement que je suis arrivée très jeune chez lui. Et encore, je n’en ai pas énormément de souvenirs. Et tu ne peux pas juste fouiller dans sa tête pour voir ceux qu'il a, lui, comme souvenirs de ton arrivée ?

Le fait est que peu de temps après mon arrivée, il a commencé à me poser des questions. Quand il a vu que je ne répondais pas, il a insisté. Il faut croire qu’à son âge, il n’était pas encore doté d’instinct de survie. Je lui ai fait la vie "dure" ? Auquel cas "je lui ai mené la vie dure" ne serait pas plus juste ? pour qu’il arrête de me questionner. Et au final, c’est moi qui ai craqué.

Il ne m’a même pas prise pour une folle. Il s’est contenté de m’écouter, et il a voulu que j’essaie sur lui. En voyant que je ne racontais pas de salades, il a dit :

« Wouah, mais c’est ultra cool ! »

Outrée par sa réponse, je lui ai mis une baffe. :lol: :lol: C'est sûr que, 90% du temps, toi tu considères ça comme un fardeau, et les autres comme un truc génial...


Avec le temps, j’ai appris à brider cette capacité constamment présente aux abords de ma conscience. Je me suis beaucoup entrainée avec Aaron : fermer son esprit aux autres, se concentrer sur une seule personne… Nous n’étions que des gamins assis au milieu de la place publique, mais grâce à cela, mon quotidien est désormais supportable. J'adore la relation que tu décris entre ces deux-là !
J’attrape toujours les pensées des gens de façon involontaire ; mais elles sont moins fréquentes, et je ne fais pas de « surcharge » au milieu de la foule, comme on appelait ça lorsque nous étions plus jeunes. J'imagine bien la galère de se retrouver sur une place pleine de monde...

Du coup, il s’avère que je n’ai pas du tout les mêmes critères que les autres pour choisir les personnes que j’apprécie. Je ne sais pas comment l’on vit sans savoir constamment ce que peuvent penser ceux autour de nous : il y en a qui choisissent sur l’apparence, d’autres qui ne jugent que par les goûts en commun. Personnellement, je n’ai besoin ni de faire-valoir esthétique, ni de gens pour se brosser mutuellement dans le sens du poil. J’ai besoin de personnes dont les pensées m’apaisent, me surprennent et sont en accord avec leurs paroles. Comme je le disais... elle aurait du mal avec moi. :mrgreen:

Par exemple, Aaron dit toujours ce qui lui passe par la tête. Mot pour mot.
Dimitri, lui, est beaucoup plus diplomate, mais jamais menteur. C'est un peu ça pour moi... mais enlève le "jamais" et remplace le par un "parfois".
J’ai parfois du mal à rester seule avec Cynthia, car ses pensées sont un véritable maelström. Elle réfléchit tout le temps à ce qu’elle vient de voir. C’est à se demander si elle a conscience de ce qu’elle fait. Je n’arrive que rarement à accrocher un raisonnement au milieu de cette tempête intérieure. :lol: Cette violence !
Quant à Jasmine… Les gens seraient étonnés de connaître le fond de sa pensée. Elle a plus de caractère qu’elle n’en montre.
C’est pour cela que je l’apprécie.

Cet après-midi, je l’ai trouvée dans l’entrée en sortant d’une leçon de service -sans accident de la part de Cynthia cette fois-ci, Dieu merci-. Assise sur une méridienne aux tons crème, elle lisait une lettre qu’elle venait de décacheter. Ses sourcils froncés témoignaient de la concentration qu’elle mettait dans sa lecture.

Je n’ai même pas eu besoin de m’approcher d’elle pour capter les pensées qui émanaient de son esprit. Au milieu de la cacophonie de sa conscience que je perçois comme un éternel bruit de fond s’élève une idée qui domine toutes les autres.

Je suis prise quelque part. Un caracal à épines. Demande spéciale.

Je coupe le lien établi il y a quelques instants. Non seulement je refuse de m’immiscer dans la tête de ceux que j’aime, mais le flot ininterrompu de ses réflexions menace de m’emporter si je m’y accroche trop longtemps.

Jasmine relève la tête, me remarque, m’adresse un sourire un peu crispé. Je prends place à ses côtés. Elle inspire profondément, me tendant le fameux papier.

« J’ai reçu une lettre ce matin. Je vais avoir du travail à la Maison Blustrode. J'ai lu "Bulstrode", la première fois, j'ai pensé à Harry Potter... et je n'étais pas particulièrement sereine... :lol:

- Mais c’est une bonne nouvelle, ça ! Je m’exclame avec entrain, me penchant sur le contenu du courrier.

- Tu penses ?

Je comprends sa question autant qu’elle me prend au dépourvu.

- Bien sûr ! Après tout, on se retrouverait bien bêtes si on ne trouvait rien après tout ce que l’on a étudié. Je vivrais mal d’avoir suivi des cours de généalogie pour ne pas les utiliser. C’est tellement passionnant.
Elle capte mon ironie, et son expression inquiète disparait dans un éclat de rire.

Marie, fidèle à elle-même ! C'est sympa, ce genre de pensée... :)

J’en profite pour jeter un coup d’œil à sa lettre. Il y a deux semaines, Aaron m’a fait lire la sienne. Et elle était totalement différente de celle que vient de recevoir Jasmine. Ici, le ton est beaucoup moins officiel, beaucoup plus confidentiel.
Mon amie a sans doute remarqué que quelque chose m’intriguait, car elle se penche vers moi et scrute son courrier comme si elle n’avait pas su y voir un message caché.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Aaron a reçu une lettre de demande, lui aussi, mais elle n’était pas du tout pareille. Elle ressemblait plus aux courriers que l’on envoie aux jeunes pour leur proposer de rejoindre les armées. Là, on dirait qu’une vieille connaissance te propose une place au Conservatoire de Stridel.

- Ça, c’est grâce à mon grand-père.

Je me tourne vers elle, intriguée.

- Quoi ?

Je ne le dis pas, en temps normal. Confiance. Amie. C'est cool que tu ne fasses pas de longues phrases pour exprimer les pensées... parce que j'ai souvent tendance à penser par mots, ou groupes de mots, perso, donc je m'identifie assez bien...

- C’est lui qui m’a élevée parce que mes parents sont morts, tu te souviens ? En fait, il fabriquait des instruments de musique, et il était très demandé. J’ai appris à jouer toute seule avec lui, et souvent, les musiciens et les grands noms de la noblesse venaient lui commander des instruments. Il faisait partie d’une liste d’artisans d’honneur, je crois. Ils ont dû me reconnaitre à mon nom, à l’intendance.

Son explication fait percuter quelque chose dans ma tête.

- Attends… Ça veut dire que tu sais faire de la musique depuis toute petite, et tu ne nous en as jamais parlé depuis tout ce temps ? :lol: "Attrape le premier instrument que tu as sous la main et JOUE !"

- Je n’aime pas trop le dire, elle me confie avec un regard gêné. Et puis il n’y a pas de cours musicaux, donc je ne peux pas jouer n’importe quand. Par contre, j’ai un violon dans mes affaires. J’ai pu l’emporter avec moi, mais il n'est jamais sorti de mon sac. Mais... Marie n'a jamais capté une seule pensée de Jasmine à propos d'un violon, ou un truc du genre ? Jamais ?

Peu importe ce qu’elle est en train de me raconter, je n’ai maintenant qu’une seule idée en tête.

- Dis, tu pourras nous jouer un morceau, à Cynthia et moi ? Je veux absolument t’entendre ! Qu’est-ce que tu sais jouer ?

- Eh bah, euh, un peu tout, en fait. Je rejoue les mélodies à l’oreille. Je ne les apprends pas. Easy !

La tête que je fais en entendant sa réponse doit être drôle, car elle détourne le regard, son visage se fendant d’un grand sourire à la fois embarrassé et amusé.

- Mais c’est d’accord, hein, je vous jouerais quelque chose ! Je veux me faire des souvenirs avec vous avant qu’on se quitte.»

Adieu. Jamais. Vie d’après.
Je ne suis pas sûre de comprendre le lien logique, ici, ironiquement...

Heyy ! Ce chapitre était cool ! C'était très sympa d'avoir le point de vue de Marie... Je l'aime encore plus, du coup ! Même si je pense qu'on ne s'entendrait clairement pas, mais c'est pas grave... XD
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

vampiredelivres a écrit :
Xhantia a écrit : Je tiens à te dire que je suis désolée pour ce retard de réponse... C'est vraiment la folie au niveau des cours cette année pour moi, donc c'est compliqué T_T

Partie 13



Marie


N’essayez pas de me mentir. Ça commence bien ! XD
Non seulement vous n’y arriverez pas, mais en plus tout ce que vous y gagnerez, c’est mon mépris.
Parce que depuis que je suis toute petite, j’ai toujours su ce à quoi les gens pensaient. Et sinon, ta santé mentale au quotidien, ça allait ?
C'est vrai que la question se pose!

Appelez-ça un don ou une escroquerie, peu importe. Le fait est que, quelques soient les masques que vous pouvez porter, je connaitrais "connaîtrai", je pense, non ? votre opinion. C'est cette hypocrisie typiquement humaine qui m'a toujours rendue tranchante et facilement irritable.
Merci pour la correction, en effet!

Si vous voulez faire réagir Aaron, titillez-le sur ses valeurs. Si vous voulez faire réagir Cynthia, dénigrez ses capacités. J'aime la discrétion des portraits dressés comme ça...
Si vous voulez me faire réagir, ne faites rien ; votre bêtise innée et vos mensonges s'en chargeront à votre place. Je commence à me dire qu'elle aurait beaucoup de mal avec moi... parce que j'ai souvent tendance à taire une grande partie de ce que je pense, et un peu moins souvent, j'affirme l'exact contraire... :?
Après, il y a une différence entre les menteurs, les hypocrites, et les diplomates bien sur ;) Tout n'est pas forcément bon à entendre!

J’ai très vite compris que c’était une aptitude dont je ne devais pas parler. Mais nan voyons, crie-le sur tous les toits, tiens ! Les gens ne vont pas du tout flipper... Personne autour de moi n’a jamais semblé sous l’emprise d’une chose similaire. Avec le temps, j’ai appris à scruter les gens, à reconnaitre des signes de changement, dans leurs yeux, dans leurs expressions. Et, jusque-là, il semble que je sois un cas unique.

J’ai toujours cohabité avec cette drôle de manie de mon esprit, comme une excroissance qui trouverait sa place en se tapissant sur les parois de mon crâne. Lorsque je me retrouve proche de quelqu’un, elle se réveille. Elle bouge. Elle remue dans ma tête, à l’image d’un serpent qui voudrait s’extirper et changer de corps. Et, au milieu d’une conversation ou au simple passage de quelqu’un à côté de moi, elle capte les pensées des gens. J'aime bien le concept...

Depuis petite, je sais que personne ne peut entendre ce que j’entends.
Ce qui ne m’a pas empêchée de piquer des colères noires en face de pauvres incrédules, ne se doutant pas une seule seconde que je lisais en eux comme dans un livre ouvert. Même dans mon sommeil, je ressens parfois les rêves des gens qui dorment à mes côtés. Je repose ma question : ta santé mentale, on est toujours ok ?

Aaron, à force de passer ses journées avec moi, a très vite compris que quelque chose ne tournait pas rond. Nous ne sommes frère et sœur que d’un point de vue moral ; je ne suis pas de sa famille. Hmm... effectivement, merci pour les explications !
Je sais seulement que je suis arrivée très jeune chez lui. Et encore, je n’en ai pas énormément de souvenirs. Et tu ne peux pas juste fouiller dans sa tête pour voir ceux qu'il a, lui, comme souvenirs de ton arrivée ?
Attention: Marie peut parfois capter des bribes de pensées, mais pas les souvenirs de ses interlocuteurs. Ce sont deux choses grandement différentes!

Le fait est que peu de temps après mon arrivée, il a commencé à me poser des questions. Quand il a vu que je ne répondais pas, il a insisté. Il faut croire qu’à son âge, il n’était pas encore doté d’instinct de survie. Je lui ai fait la vie "dure" ? Auquel cas "je lui ai mené la vie dure" ne serait pas plus juste ? pour qu’il arrête de me questionner. Et au final, c’est moi qui ai craqué.
Si, tu as raison, merci pour la correction!

Il ne m’a même pas prise pour une folle. Il s’est contenté de m’écouter, et il a voulu que j’essaie sur lui. En voyant que je ne racontais pas de salades, il a dit :

« Wouah, mais c’est ultra cool ! »

Outrée par sa réponse, je lui ai mis une baffe. :lol: :lol: C'est sûr que, 90% du temps, toi tu considères ça comme un fardeau, et les autres comme un truc génial...


Avec le temps, j’ai appris à brider cette capacité constamment présente aux abords de ma conscience. Je me suis beaucoup entrainée avec Aaron : fermer son esprit aux autres, se concentrer sur une seule personne… Nous n’étions que des gamins assis au milieu de la place publique, mais grâce à cela, mon quotidien est désormais supportable. J'adore la relation que tu décris entre ces deux-là !
J’attrape toujours les pensées des gens de façon involontaire ; mais elles sont moins fréquentes, et je ne fais pas de « surcharge » au milieu de la foule, comme on appelait ça lorsque nous étions plus jeunes. J'imagine bien la galère de se retrouver sur une place pleine de monde...

Du coup, il s’avère que je n’ai pas du tout les mêmes critères que les autres pour choisir les personnes que j’apprécie. Je ne sais pas comment l’on vit sans savoir constamment ce que peuvent penser ceux autour de nous : il y en a qui choisissent sur l’apparence, d’autres qui ne jugent que par les goûts en commun. Personnellement, je n’ai besoin ni de faire-valoir esthétique, ni de gens pour se brosser mutuellement dans le sens du poil. J’ai besoin de personnes dont les pensées m’apaisent, me surprennent et sont en accord avec leurs paroles. Comme je le disais... elle aurait du mal avec moi. :mrgreen:

Par exemple, Aaron dit toujours ce qui lui passe par la tête. Mot pour mot.
Dimitri, lui, est beaucoup plus diplomate, mais jamais menteur. C'est un peu ça pour moi... mais enlève le "jamais" et remplace le par un "parfois".
J’ai parfois du mal à rester seule avec Cynthia, car ses pensées sont un véritable maelström. Elle réfléchit tout le temps à ce qu’elle vient de voir. C’est à se demander si elle a conscience de ce qu’elle fait. Je n’arrive que rarement à accrocher un raisonnement au milieu de cette tempête intérieure. :lol: Cette violence !
Quant à Jasmine… Les gens seraient étonnés de connaître le fond de sa pensée. Elle a plus de caractère qu’elle n’en montre.
C’est pour cela que je l’apprécie.

Cet après-midi, je l’ai trouvée dans l’entrée en sortant d’une leçon de service -sans accident de la part de Cynthia cette fois-ci, Dieu merci-. Assise sur une méridienne aux tons crème, elle lisait une lettre qu’elle venait de décacheter. Ses sourcils froncés témoignaient de la concentration qu’elle mettait dans sa lecture.

Je n’ai même pas eu besoin de m’approcher d’elle pour capter les pensées qui émanaient de son esprit. Au milieu de la cacophonie de sa conscience que je perçois comme un éternel bruit de fond s’élève une idée qui domine toutes les autres.

Je suis prise quelque part. Un caracal à épines. Demande spéciale.

Je coupe le lien établi il y a quelques instants. Non seulement je refuse de m’immiscer dans la tête de ceux que j’aime, mais le flot ininterrompu de ses réflexions menace de m’emporter si je m’y accroche trop longtemps.

Jasmine relève la tête, me remarque, m’adresse un sourire un peu crispé. Je prends place à ses côtés. Elle inspire profondément, me tendant le fameux papier.

« J’ai reçu une lettre ce matin. Je vais avoir du travail à la Maison Blustrode. J'ai lu "Bulstrode", la première fois, j'ai pensé à Harry Potter... et je n'étais pas particulièrement sereine... :lol: :arrow: :lol: :lol: :lol:

- Mais c’est une bonne nouvelle, ça ! Je m’exclame avec entrain, me penchant sur le contenu du courrier.

- Tu penses ?

Je comprends sa question autant qu’elle me prend au dépourvu.

- Bien sûr ! Après tout, on se retrouverait bien bêtes si on ne trouvait rien après tout ce que l’on a étudié. Je vivrais mal d’avoir suivi des cours de généalogie pour ne pas les utiliser. C’est tellement passionnant.
Elle capte mon ironie, et son expression inquiète disparait dans un éclat de rire.

Marie, fidèle à elle-même ! C'est sympa, ce genre de pensée... :)

J’en profite pour jeter un coup d’œil à sa lettre. Il y a deux semaines, Aaron m’a fait lire la sienne. Et elle était totalement différente de celle que vient de recevoir Jasmine. Ici, le ton est beaucoup moins officiel, beaucoup plus confidentiel.
Mon amie a sans doute remarqué que quelque chose m’intriguait, car elle se penche vers moi et scrute son courrier comme si elle n’avait pas su y voir un message caché.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Aaron a reçu une lettre de demande, lui aussi, mais elle n’était pas du tout pareille. Elle ressemblait plus aux courriers que l’on envoie aux jeunes pour leur proposer de rejoindre les armées. Là, on dirait qu’une vieille connaissance te propose une place au Conservatoire de Stridel.

- Ça, c’est grâce à mon grand-père.

Je me tourne vers elle, intriguée.

- Quoi ?

Je ne le dis pas, en temps normal. Confiance. Amie. C'est cool que tu ne fasses pas de longues phrases pour exprimer les pensées... parce que j'ai souvent tendance à penser par mots, ou groupes de mots, perso, donc je m'identifie assez bien...
Je suis d'accord. Honnêtement, je n'ai encore jamais rencontré personne qui pense mot pour mot...

- C’est lui qui m’a élevée parce que mes parents sont morts, tu te souviens ? En fait, il fabriquait des instruments de musique, et il était très demandé. J’ai appris à jouer toute seule avec lui, et souvent, les musiciens et les grands noms de la noblesse venaient lui commander des instruments. Il faisait partie d’une liste d’artisans d’honneur, je crois. Ils ont dû me reconnaitre à mon nom, à l’intendance.

Son explication fait percuter quelque chose dans ma tête.

- Attends… Ça veut dire que tu sais faire de la musique depuis toute petite, et tu ne nous en as jamais parlé depuis tout ce temps ? :lol: "Attrape le premier instrument que tu as sous la main et JOUE !"

- Je n’aime pas trop le dire, elle me confie avec un regard gêné. Et puis il n’y a pas de cours musicaux, donc je ne peux pas jouer n’importe quand. Par contre, j’ai un violon dans mes affaires. J’ai pu l’emporter avec moi, mais il n'est jamais sorti de mon sac. Mais... Marie n'a jamais capté une seule pensée de Jasmine à propos d'un violon, ou un truc du genre ? Jamais ?
Merci d'avoir souligné cette incohérence, il va falloir que je retravaille ça du coup! :D

Peu importe ce qu’elle est en train de me raconter, je n’ai maintenant qu’une seule idée en tête.

- Dis, tu pourras nous jouer un morceau, à Cynthia et moi ? Je veux absolument t’entendre ! Qu’est-ce que tu sais jouer ?

- Eh bah, euh, un peu tout, en fait. Je rejoue les mélodies à l’oreille. Je ne les apprends pas. Easy !

La tête que je fais en entendant sa réponse doit être drôle, car elle détourne le regard, son visage se fendant d’un grand sourire à la fois embarrassé et amusé.

- Mais c’est d’accord, hein, je vous jouerais quelque chose ! Je veux me faire des souvenirs avec vous avant qu’on se quitte.»

Adieu. Jamais. Vie d’après.
Je ne suis pas sûre de comprendre le lien logique, ici, ironiquement...
C'est tout simplement le fait que sous peu, elles vont sans doute se séparer pour partir aux quatre coins du Continent, et entamer leur nouvelle vie ;) Elle pense au fait qu'elle ne les verra sans doute plus. Mais si ça n'est pas super explicite je changerai!

Heyy ! Ce chapitre était cool ! C'était très sympa d'avoir le point de vue de Marie... Je l'aime encore plus, du coup ! Même si je pense qu'on ne s'entendrait clairement pas, mais c'est pas grave... XD[/color]
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :
Partie 13



Marie


N’essayez pas de me mentir. :arrow: Ça, c'est une entrée en matière !!
Non seulement vous n’y arriverez pas, mais en plus tout ce que vous y gagnerez, c’est mon mépris.
Parce que depuis que je suis toute petite, j’ai toujours su ce à quoi les gens pensaient.

Appelez-ça un don ou une escroquerie, peu importe. :arrow: En quoi est-ce une escroquerie ??? Le fait est que, quelques soient les masques que vous pouvez porter, je connaîtrais votre opinion. C'est cette hypocrisie typiquement humaine qui m'a toujours rendue tranchante et facilement irritable.

Si vous voulez faire réagir Aaron, titillez-le sur ses valeurs. Si vous voulez faire réagir Cynthia, dénigrez ses capacités.
Si vous voulez me faire réagir, ne faites rien ; votre bêtise innée et vos mensonges s'en chargeront à votre place.

J’ai très vite compris que c’était une aptitude dont je ne devais pas parler. Personne autour de moi n’a jamais semblé sous l’emprise d’une chose similaire. Avec le temps, j’ai appris à scruter les gens, à reconnaître des signes de changement, dans leurs yeux, dans leurs expressions :arrow: Petite question comme ça en passant, à quoi cela te sert-il si tu es capable de lire leurs pensées ? Je veux dire, si effectivement tu ne savais pas ce qu'ils pensent, ces petits signes infimes les trahiraient à coup sûr, pour autant que tu saches les décrypter, tu vois ce que je veux dire ?. Et, jusque-là, il semble que je sois un cas unique. :arrow: Comment peux-tu en être sûre ? Si tu es arrivée à la conclusion qu'il ne fallait parler à personne de ce don -ce que je conçois tout à fait, d'autres ont pu y arriver aussi. Et jusqu'à preuve du contraire, tu ne peux pas savoir l'effet que ça fait d'avoir sa tête sondée par un(e) autre, tu vois ce que je veux dire ?

J’ai toujours cohabité avec cette drôle de manie de mon esprit, comme une excroissance qui trouverait sa place en se tapissant sur les parois de mon crâne.Je trouve cette phrase un peu étrange. Reprenons dans l'ordre. D'abord, l'idée de cohabitation ne me semble pas du meilleur vocabulaire. En fait, telle que tu décris cette "manie", on dirait que c'est quelque chose de vivant, un peu comme dans les films (genre Matrix) où les méchants t'insèrent un parasite mécanique vivant qui prend le contrôle de ton cerveau, tu vois ce que je veux dire ? Outre le paradoxe de ce procédé, je trouve que la notion de cohabitation induit une sorte de tension sous-jacente, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire... ^^' Un peu comme si l'une pouvait essayer de prendre le dessus sur l'autre. Ensuite, la "manie" ne va pas non plus à mon sens. Une manie est un toc obsessionnel, un goût excessif et déraisonnable pour quelque chose (voire une certaine démence, si tu demandes à un psychiatre). Après, je vois ce que tu veux dire, au sens où il semble que ce soit quelque chose que tu ne contrôles pas, mais le terme me gêne un peu, je lui aurai préféré "faculté" :)
Dans la même veine, je trouve que "excroissance ne va pas non plus ^^. Une excroissance est une protubérance ou saillie, en général, en chair qui sort du corps d'un être vivant. Là, on parle non seulement de quelque chose qui est dans ta tête,
mais en plus, qui n'est même pas matériel, tu vois ce que je veux dire :) ? D'autant que tu te contredis juste après en disant qu'elle se tapit sur les parois de ton crâne (on y reviendra). Certes, je conçois que pareil pouvoir peut être gênant, mais pas au point de te déformer physiquement ^^ Et enfin "qui trouverait sa place en se tapissant sur les parois de mon crâne" ne va pas non plus. Comme dit précédemment, le sujet (l'excroissance) ne correspond pas, mais on ne va pas y revenir. Par ailleurs, là-encore tu donnes une impression de matière vivante, et pour tout te dire, ta "manie" me fait penser à Flubber. Bref, en conclusion, même si je vois ce que tu veux dire, je pense que ta phrase est à refaire :D (c'est dit cash, mais pas méchamment ^^)
Lorsque je me retrouve proche de quelqu’un, elle se réveille. Elle bouge. Elle remue dans ma tête, à l’image d’un serpent qui voudrait s’extirper et changer de corps. Et, au milieu d’une conversation ou au simple passage de quelqu’un à côté de moi, elle capte les pensées des gens.

Depuis petite, je sais que personne ne peut entendre ce que j’entends. :arrow: Je me répète peut-être,
mais comment peux-tu être aussi assertive ?

Ce qui ne m’a pas empêchée de piquer des colères noires en face de pauvres incrédules, ne se doutant pas une seule seconde que je lisais en eux comme dans un livre ouvert. Même dans mon sommeil, je ressens parfois les rêves des gens qui dorment à mes côtés.

Aaron, à force de passer ses journées avec moi, a très vite compris que quelque chose ne tournait pas rondDonc si je comprends bien, il ne faut pas que tu en parles, mais ça se voit ? Ça se voit au point qu'un gamin le remarque ?. Nous ne sommes frère et sœur que d’un point de vue moral ; je ne suis pas de sa famille.
Je sais seulement que je suis arrivée très jeune chez lui. Et encore, je n’en ai pas énormément de souvenirs.

Le fait est que peu de temps après mon arrivée, il a commencé à me poser des questions. Quand il a vu que je ne répondais pas, il a insisté. Il faut croire qu’à son âge, il n’était pas encore doté d’instinct de survie. Je lui ai fait la vie pour qu’il arrête de me questionner. Et au final :evil: :evil: :evil: , c’est moi qui ai craqué.

Il ne m’a même pas prise pour une folle. Il s’est contenté de m’écouter, et il a voulu que j’essaie sur lui. En voyant que je ne racontais pas de salades, il a dit :

« Wouah, mais c’est ultra cool ! »

Outrée par sa réponse, je lui ai mis une baffe. :arrow: Mais... Pourquoi ? Pourquoi tant de violence dans la candeur du monde de l'innocence ? Le pauvre ^^" Tous les gamins rêvent d'avoir des Superpouvoirs, et le pauvre petit Aaron s'est mangé une Supergiffle quoi ^^"


Avec le temps, j’ai appris à brider cette capacité constamment présente aux abords de ma conscience. Je me suis beaucoup entrainée avec Aaron : fermer son esprit aux autres, se concentrer sur une seule personne… Nous n’étions que des gamins assis au milieu de la place publique, mais grâce à cela, mon quotidien est désormais supportable.
J’attrape toujours les pensées des gens de façon involontaire ; mais elles sont moins fréquentes, et je ne fais pas de « surcharge » au milieu de la foule, comme on appelait ça lorsque nous étions plus jeunes.

Du coup, il s’avère que je n’ai pas du tout les mêmes critères que les autres pour choisir les personnes que j’apprécie :arrow: Choisit-on vraiment ce genre de chose ? Les liens d'amitié se tissent sans qu'on est vraiment conscience, ils se font naturellement (et je dirais-même chimiquement :lol: ). Je ne sais pas comment l’on vit sans savoir constamment ce que peuvent penser ceux autour de nous : il y en a qui choisissent sur l’apparence, d’autres qui ne jugent que par les goûts en commun. Personnellement, je n’ai besoin ni de faire-valoir esthétique, ni de gens pour se brosser mutuellement dans le sens du poil. J’ai besoin de personnes dont les pensées m’apaisent, me surprennent et sont en accord avec leurs paroles.

Par exemple, Aaron dit toujours ce qui lui passe par la tête. Mot pour mot.
Dimitri, lui, est beaucoup plus diplomate, mais jamais menteur.
J’ai parfois du mal à rester seule avec Cynthia, car ses pensées sont un véritable maelström. Elle réfléchit tout le temps à ce qu’elle vient de voir. C’est à se demander si elle a conscience de ce qu’elle fait. Je n’arrive que rarement à accrocher un raisonnement au milieu de cette tempête intérieure.
Quant à Jasmine… Les gens seraient étonnés de connaître le fond de sa pensée. Elle a plus de caractère qu’elle n’en montre.
C’est pour cela que je l’apprécie.

Cet après-midi, je l’ai trouvée dans l’entrée en sortant d’une leçon de service -sans accident de la part de Cynthia cette fois-ci, Dieu merci-. Assise sur une méridienne aux tons crème, elle lisait une lettre qu’elle venait de décacheter. Ses sourcils froncés témoignaient de la concentration qu’elle mettait dans sa lecture.

Je n’ai même pas eu besoin de m’approcher d’elle pour capter les pensées qui émanaient de son esprit. Au milieu de la cacophonie de sa conscience que je perçois comme un éternel bruit de fond s’élève une idée qui domine toutes les autres.

Je suis prise quelque part. Un caracal à épines. Demande spéciale.Je trouve ça très intelligent de ta part ! Montrer les pensées des gens de cette façon est plutôt bien vu

Je coupe le lien établi il y a quelques instants. Non seulement je refuse de m’immiscer dans la tête de ceux que j’aime, mais le flot ininterrompu de ses réflexions menace de m’emporter si je m’y accroche trop longtemps.

Jasmine relève la tête, me remarque, m’adresse un sourire un peu crispé. Je prends place à ses côtés. Elle inspire profondément, me tendant le fameux papier.

« J’ai reçu une lettre ce matin. Je vais avoir du travail à la Maison Blustrode.

- Mais c’est une bonne nouvelle, ça ! Je m’exclame avec entrain, me penchant sur le contenu du courrier.

- Tu penses ?

Je comprends sa question autant qu’elle me prend au dépourvu.

- Bien sûr ! Après tout, on se retrouverait bien bêtes si on ne trouvait rien après tout ce que l’on a étudié. Je vivrais mal d’avoir suivi des cours de généalogie pour ne pas les utiliser. C’est tellement passionnant.
Elle capte mon ironie, et son expression inquiète disparait dans un éclat de rire.

Marie, fidèle à elle-même !

J’en profite pour jeter un coup d’œil à sa lettre. Il y a deux semaines, Aaron m’a fait lire la sienne. Et elle était totalement différente de celle que vient de recevoir Jasmine. Ici, le ton est beaucoup moins officiel, beaucoup plus confidentiel.
Mon amie a sans doute remarqué que quelque chose m’intriguait, car elle se penche vers moi et scrute son courrier comme si elle n’avait pas su y voir un message caché.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Aaron a reçu une lettre de demande, lui aussi, mais elle n’était pas du tout pareille. Elle ressemblait plus aux courriers que l’on envoie aux jeunes pour leur proposer de rejoindre les armées. Là, on dirait qu’une vieille connaissance te propose une place au Conservatoire de Stridel.

- Ça, c’est grâce à mon grand-père.

Je me tourne vers elle, intriguée.

- Quoi ?

Je ne le dis pas, en temps normal. Confiance. Amie.

- C’est lui qui m’a élevée parce que mes parents sont morts, tu te souviens ? En fait, il fabriquait des instruments de musique, et il était très demandé. J’ai appris à jouer toute seule avec lui, et souvent, les musiciens et les grands noms de la noblesse venaient lui commander des instruments. Il faisait partie d’une liste d’artisans d’honneur, je crois. Ils ont dû me reconnaitre à mon nom, à l’intendance. :arrow: Excellent, petit rappel d'un précédent chapitre

Son explication fait percuter quelque chose dans ma tête.

- Attends… Ça veut dire que tu sais faire de la musique depuis toute petite, et tu ne nous en as jamais parlé depuis tout ce temps ?Comment se fait-il que tu ne le saches pas déjà ?

- Je n’aime pas trop le dire, elle me confie avec un regard gêné. Et puis il n’y a pas de cours musicaux, donc je ne peux pas jouer n’importe quand. Par contre, j’ai un violon dans mes affaires. J’ai pu l’emporter avec moi, mais il n'est jamais sorti de mon sac.

Peu importe ce qu’elle est en train de me raconter, je n’ai maintenant qu’une seule idée en tête.

- Dis, tu pourras nous jouer un morceau, à Cynthia et moi ? Je veux absolument t’entendre ! Qu’est-ce que tu sais jouer ?

- Eh bah, euh, un peu tout, en fait. Je rejoue les mélodies à l’oreille. Je ne les apprends pas.

La tête que je fais en entendant sa réponse doit être drôle, car elle détourne le regard, son visage se fendant d’un grand sourire à la fois embarrassé et amusé.

- Mais c’est d’accord, hein, je vous jouerais quelque chose ! Je veux me faire des souvenirs avec vous avant qu’on se quitte.»

Adieu. Jamais. Vie d’après.
Comme toujours, une fin percutante et bien sentie
Et voilà pour c chapitre 13 :) Ça fait un moment que je ne suis plus venu sur le site, mais ça fait plaisir de reprendre ainsi. J'aime beaucoup ce chapitre, il est rythmé, il est percutant, il bouge, bref, il est top ! Il est d'autant mieux qu'il m'a surpris : rien ne laissait prévoir ça, mais c'est parfaitement amené et conduit. Et cette façon que tu as de présenter les choses est vraiment bien trouvée. De façon plus générale, je trouve que ta plume a gagné en mordant et en style (par rapport aux premiers chapitres, on sent une évolution ^^). J'ai hâte de lire la suite, j'essaierai de passer plus souvent :)

Bien à toi :)
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

GoldAngels a écrit :
Xhantia a écrit :
Partie 13



Marie


N’essayez pas de me mentir. :arrow: Ça, c'est une entrée en matière !!
Non seulement vous n’y arriverez pas, mais en plus tout ce que vous y gagnerez, c’est mon mépris.
Parce que depuis que je suis toute petite, j’ai toujours su ce à quoi les gens pensaient.

Appelez-ça un don ou une escroquerie, peu importe. :arrow: En quoi est-ce une escroquerie ???
Ce que je veux dire, c'est que tout le monde ne la croirait pas, et c'est bien normal, donc ce serait une escroquerie pour eux, rien d'autre qu'un mensonge ;)

Le fait est que, quelques soient les masques que vous pouvez porter, je connaîtrais votre opinion. C'est cette hypocrisie typiquement humaine qui m'a toujours rendue tranchante et facilement irritable.

Si vous voulez faire réagir Aaron, titillez-le sur ses valeurs. Si vous voulez faire réagir Cynthia, dénigrez ses capacités.
Si vous voulez me faire réagir, ne faites rien ; votre bêtise innée et vos mensonges s'en chargeront à votre place.

J’ai très vite compris que c’était une aptitude dont je ne devais pas parler. Personne autour de moi n’a jamais semblé sous l’emprise d’une chose similaire. Avec le temps, j’ai appris à scruter les gens, à reconnaître des signes de changement, dans leurs yeux, dans leurs expressions :arrow: Petite question comme ça en passant, à quoi cela te sert-il si tu es capable de lire leurs pensées ? Je veux dire, si effectivement tu ne savais pas ce qu'ils pensent, ces petits signes infimes les trahiraient à coup sûr, pour autant que tu saches les décrypter, tu vois ce que je veux dire ?. Et, jusque-là, il semble que je sois un cas unique. :arrow: Comment peux-tu en être sûre ? Si tu es arrivée à la conclusion qu'il ne fallait parler à personne de ce don -ce que je conçois tout à fait, d'autres ont pu y arriver aussi. Et jusqu'à preuve du contraire, tu ne peux pas savoir l'effet que ça fait d'avoir sa tête sondée par un(e) autre, tu vois ce que je veux dire ?
Je vois très bien même, il faut que je le reformule! Ce que je voulais dire, c'est qu'elle avait certaines réactions, certains comportements lorsque sa capacité la faisait souffrir. Du coup, elle a cherché à retrouver ce genre de comportement chez les autres. Et, pour le moment, elle n'a trouvé personne ainsi...

J’ai toujours cohabité avec cette drôle de manie de mon esprit, comme une excroissance qui trouverait sa place en se tapissant sur les parois de mon crâne.Je trouve cette phrase un peu étrange. Reprenons dans l'ordre. D'abord, l'idée de cohabitation ne me semble pas du meilleur vocabulaire. En fait, telle que tu décris cette "manie", on dirait que c'est quelque chose de vivant, un peu comme dans les films (genre Matrix) où les méchants t'insèrent un parasite mécanique vivant qui prend le contrôle de ton cerveau, tu vois ce que je veux dire ? Outre le paradoxe de ce procédé, je trouve que la notion de cohabitation induit une sorte de tension sous-jacente, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire... ^^' Un peu comme si l'une pouvait essayer de prendre le dessus sur l'autre. Ensuite, la "manie" ne va pas non plus à mon sens. Une manie est un toc obsessionnel, un goût excessif et déraisonnable pour quelque chose (voire une certaine démence, si tu demandes à un psychiatre). Après, je vois ce que tu veux dire, au sens où il semble que ce soit quelque chose que tu ne contrôles pas, mais le terme me gêne un peu, je lui aurai préféré "faculté" :)
Dans la même veine, je trouve que "excroissance ne va pas non plus ^^. Une excroissance est une protubérance ou saillie, en général, en chair qui sort du corps d'un être vivant. Là, on parle non seulement de quelque chose qui est dans ta tête,
mais en plus, qui n'est même pas matériel, tu vois ce que je veux dire :) ? D'autant que tu te contredis juste après en disant qu'elle se tapit sur les parois de ton crâne (on y reviendra). Certes, je conçois que pareil pouvoir peut être gênant, mais pas au point de te déformer physiquement ^^ Et enfin "qui trouverait sa place en se tapissant sur les parois de mon crâne" ne va pas non plus. Comme dit précédemment, le sujet (l'excroissance) ne correspond pas, mais on ne va pas y revenir. Par ailleurs, là-encore tu donnes une impression de matière vivante, et pour tout te dire, ta "manie" me fait penser à Flubber. Bref, en conclusion, même si je vois ce que tu veux dire, je pense que ta phrase est à refaire :D (c'est dit cash, mais pas méchamment ^^)
Lorsque je me retrouve proche de quelqu’un, elle se réveille. Elle bouge. Elle remue dans ma tête, à l’image d’un serpent qui voudrait s’extirper et changer de corps. Et, au milieu d’une conversation ou au simple passage de quelqu’un à côté de moi, elle capte les pensées des gens.
Comme si tes remarques pouvaient être prises méchamment maintenant que j'ai l'habitude x)
En fait, ta comparaison avec Matrix n'est pas si éloignée, parce que c'est ce que je veux faire ressentir... Un pouvoir comme ça, c'est un peu comme un "truc en plus", qui est très difficile à maîtriser, parce que ça a beau faire partie de ton esprit, c'est un peu comme un cheval sauvage qu'ion voudrait dompter. Du coup je me disais que les termes étaient assez justes :geek: Mais pour la manie et l'excroissance, tu as raison! "Faculté" n'est pas forcément assez poussé à mon goût, il me faudrait trouver un mot qui exprime le fait qu'en effet cette capacité est unique, mais pas forcément toujours obéissante...


Depuis petite, je sais que personne ne peut entendre ce que j’entends. :arrow: Je me répète peut-être,
mais comment peux-tu être aussi assertive ?

Ca aussi, ça a rapport avec la toute première remarque que tu m'as faite ;) bien sûr qu'elle n'en est pas sûre, c'est un simple biais cognitif: depuis petite elle n'a jamais su trouver de gens comme elle, alors elle a fini par tirer cette conclusion sans qu'elle soit forcément juste :)
Ce qui ne m’a pas empêchée de piquer des colères noires en face de pauvres incrédules, ne se doutant pas une seule seconde que je lisais en eux comme dans un livre ouvert. Même dans mon sommeil, je ressens parfois les rêves des gens qui dorment à mes côtés.

Aaron, à force de passer ses journées avec moi, a très vite compris que quelque chose ne tournait pas rondDonc si je comprends bien, il ne faut pas que tu en parles, mais ça se voit ? Ça se voit au point qu'un gamin le remarque ?
C'est vrai qu'il faut revoir cette partie. Je ne me suis pas assez expliquée, encore :lol: disons qu'il semblait assez logique que, passant ses journées à ses côtés, il ait fini de se douter de quelque chose... Surtout au vu des incidents qu'elle a pu provoquer étant petite, comme elle ne se maîtrisait pas complètement!
Nous ne sommes frère et sœur que d’un point de vue moral ; je ne suis pas de sa famille.
Je sais seulement que je suis arrivée très jeune chez lui. Et encore, je n’en ai pas énormément de souvenirs.

Le fait est que peu de temps après mon arrivée, il a commencé à me poser des questions. Quand il a vu que je ne répondais pas, il a insisté. Il faut croire qu’à son âge, il n’était pas encore doté d’instinct de survie. Je lui ai fait la vie pour qu’il arrête de me questionner. Et au final :evil: :evil: :evil: , c’est moi qui ai craqué.

Il ne m’a même pas prise pour une folle. Il s’est contenté de m’écouter, et il a voulu que j’essaie sur lui. En voyant que je ne racontais pas de salades, il a dit :

« Wouah, mais c’est ultra cool ! »

Outrée par sa réponse, je lui ai mis une baffe. :arrow: Mais... Pourquoi ? Pourquoi tant de violence dans la candeur du monde de l'innocence ? Le pauvre ^^" Tous les gamins rêvent d'avoir des Superpouvoirs, et le pauvre petit Aaron s'est mangé une Supergiffle quoi ^^"


Avec le temps, j’ai appris à brider cette capacité constamment présente aux abords de ma conscience. Je me suis beaucoup entrainée avec Aaron : fermer son esprit aux autres, se concentrer sur une seule personne… Nous n’étions que des gamins assis au milieu de la place publique, mais grâce à cela, mon quotidien est désormais supportable.
J’attrape toujours les pensées des gens de façon involontaire ; mais elles sont moins fréquentes, et je ne fais pas de « surcharge » au milieu de la foule, comme on appelait ça lorsque nous étions plus jeunes.

Du coup, il s’avère que je n’ai pas du tout les mêmes critères que les autres pour choisir les personnes que j’apprécie :arrow: Choisit-on vraiment ce genre de chose ? Les liens d'amitié se tissent sans qu'on est vraiment conscience, ils se font naturellement (et je dirais-même chimiquement :lol: )
C'est vrai que ma phrase est maladroite: je vais remplacer par "choisir mes amis". Ce que je voulais faire ressortir, c'est que comme elle peut quand même entendre ce qu'il se passe dans la tête des autres, elle se fait un avis assez rapidement :D
Je ne sais pas comment l’on vit sans savoir constamment ce que peuvent penser ceux autour de nous : il y en a qui choisissent sur l’apparence, d’autres qui ne jugent que par les goûts en commun. Personnellement, je n’ai besoin ni de faire-valoir esthétique, ni de gens pour se brosser mutuellement dans le sens du poil. J’ai besoin de personnes dont les pensées m’apaisent, me surprennent et sont en accord avec leurs paroles.

Par exemple, Aaron dit toujours ce qui lui passe par la tête. Mot pour mot.
Dimitri, lui, est beaucoup plus diplomate, mais jamais menteur.
J’ai parfois du mal à rester seule avec Cynthia, car ses pensées sont un véritable maelström. Elle réfléchit tout le temps à ce qu’elle vient de voir. C’est à se demander si elle a conscience de ce qu’elle fait. Je n’arrive que rarement à accrocher un raisonnement au milieu de cette tempête intérieure.
Quant à Jasmine… Les gens seraient étonnés de connaître le fond de sa pensée. Elle a plus de caractère qu’elle n’en montre.
C’est pour cela que je l’apprécie.

Cet après-midi, je l’ai trouvée dans l’entrée en sortant d’une leçon de service -sans accident de la part de Cynthia cette fois-ci, Dieu merci-. Assise sur une méridienne aux tons crème, elle lisait une lettre qu’elle venait de décacheter. Ses sourcils froncés témoignaient de la concentration qu’elle mettait dans sa lecture.

Je n’ai même pas eu besoin de m’approcher d’elle pour capter les pensées qui émanaient de son esprit. Au milieu de la cacophonie de sa conscience que je perçois comme un éternel bruit de fond s’élève une idée qui domine toutes les autres.

Je suis prise quelque part. Un caracal à épines. Demande spéciale.Je trouve ça très intelligent de ta part ! Montrer les pensées des gens de cette façon est plutôt bien vu

Je coupe le lien établi il y a quelques instants. Non seulement je refuse de m’immiscer dans la tête de ceux que j’aime, mais le flot ininterrompu de ses réflexions menace de m’emporter si je m’y accroche trop longtemps.

Jasmine relève la tête, me remarque, m’adresse un sourire un peu crispé. Je prends place à ses côtés. Elle inspire profondément, me tendant le fameux papier.

« J’ai reçu une lettre ce matin. Je vais avoir du travail à la Maison Blustrode.

- Mais c’est une bonne nouvelle, ça ! Je m’exclame avec entrain, me penchant sur le contenu du courrier.

- Tu penses ?

Je comprends sa question autant qu’elle me prend au dépourvu.

- Bien sûr ! Après tout, on se retrouverait bien bêtes si on ne trouvait rien après tout ce que l’on a étudié. Je vivrais mal d’avoir suivi des cours de généalogie pour ne pas les utiliser. C’est tellement passionnant.
Elle capte mon ironie, et son expression inquiète disparait dans un éclat de rire.

Marie, fidèle à elle-même !

J’en profite pour jeter un coup d’œil à sa lettre. Il y a deux semaines, Aaron m’a fait lire la sienne. Et elle était totalement différente de celle que vient de recevoir Jasmine. Ici, le ton est beaucoup moins officiel, beaucoup plus confidentiel.
Mon amie a sans doute remarqué que quelque chose m’intriguait, car elle se penche vers moi et scrute son courrier comme si elle n’avait pas su y voir un message caché.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Aaron a reçu une lettre de demande, lui aussi, mais elle n’était pas du tout pareille. Elle ressemblait plus aux courriers que l’on envoie aux jeunes pour leur proposer de rejoindre les armées. Là, on dirait qu’une vieille connaissance te propose une place au Conservatoire de Stridel.

- Ça, c’est grâce à mon grand-père.

Je me tourne vers elle, intriguée.

- Quoi ?

Je ne le dis pas, en temps normal. Confiance. Amie.

- C’est lui qui m’a élevée parce que mes parents sont morts, tu te souviens ? En fait, il fabriquait des instruments de musique, et il était très demandé. J’ai appris à jouer toute seule avec lui, et souvent, les musiciens et les grands noms de la noblesse venaient lui commander des instruments. Il faisait partie d’une liste d’artisans d’honneur, je crois. Ils ont dû me reconnaitre à mon nom, à l’intendance. :arrow: Excellent, petit rappel d'un précédent chapitre

Son explication fait percuter quelque chose dans ma tête.

- Attends… Ça veut dire que tu sais faire de la musique depuis toute petite, et tu ne nous en as jamais parlé depuis tout ce temps ?Comment se fait-il que tu ne le saches pas déjà ?
Yep, grosse incohérence.C'est dans ma liste des choses à changer, ne t'en fais pas!

- Je n’aime pas trop le dire, elle me confie avec un regard gêné. Et puis il n’y a pas de cours musicaux, donc je ne peux pas jouer n’importe quand. Par contre, j’ai un violon dans mes affaires. J’ai pu l’emporter avec moi, mais il n'est jamais sorti de mon sac.

Peu importe ce qu’elle est en train de me raconter, je n’ai maintenant qu’une seule idée en tête.

- Dis, tu pourras nous jouer un morceau, à Cynthia et moi ? Je veux absolument t’entendre ! Qu’est-ce que tu sais jouer ?

- Eh bah, euh, un peu tout, en fait. Je rejoue les mélodies à l’oreille. Je ne les apprends pas.

La tête que je fais en entendant sa réponse doit être drôle, car elle détourne le regard, son visage se fendant d’un grand sourire à la fois embarrassé et amusé.

- Mais c’est d’accord, hein, je vous jouerais quelque chose ! Je veux me faire des souvenirs avec vous avant qu’on se quitte.»

Adieu. Jamais. Vie d’après.
Comme toujours, une fin percutante et bien sentie
Et voilà pour c chapitre 13 :) Ça fait un moment que je ne suis plus venu sur le site, mais ça fait plaisir de reprendre ainsi. J'aime beaucoup ce chapitre, il est rythmé, il est percutant, il bouge, bref, il est top ! Il est d'autant mieux qu'il m'a surpris : rien ne laissait prévoir ça, mais c'est parfaitement amené et conduit. Et cette façon que tu as de présenter les choses est vraiment bien trouvée. De façon plus générale, je trouve que ta plume a gagné en mordant et en style (par rapport aux premiers chapitres, on sent une évolution ^^). J'ai hâte de lire la suite, j'essaierai de passer plus souvent :)

Bien à toi :)

Comme quoi c'est marrant, plusieurs de mes lecteurs ont trouvé ce chapitre plutôt lent, surtout vers la fin en fait (et plus je le relis, plus j'ai cette impression haha)!
L'évolution est normale: en fait, mes premiers chapitres ont dormi longtemps dans mon PC avant que j'ose les poster :)je les ai réécrits quand même, mais forcément, il y a des restes!
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bonjour à vous!
Je profite de ce début de "vacances", qui ne va pas tarder à se tranformer en "semaine de travail intensif" pour répondre aux commentaires... Et poster un nouveau chapitre dans la foulée!
Mon rythme de publication est assez ralenti, parce que cette année est clairement dingue niveau travail, et je m'en excuse :/ Déjà que le scénario se met en place lentement, alors si en plus il faut attendre :lol:
Bah, ça me fera de la matière à travailler lorsque je réécrirais tout!
Sur ce, je vous souhaite comme d'habitude une bonne lecture!


Partie 14


Méandre



Seul le bruit de l’horloge fixée au mur fait écho aux grattements de la plume sur le papier.
Lorsque l’encre commence à faire des trainées bleues, comme celles d’un corps vidé de son sang que l’on aurait déplacé, il est temps de replonger l’instrument dans la bouteille sombre.

Il faudrait que je finisse de trier ces piles de papier avant l’après-midi. Il faudrait aussi que je me lève de mon siège afin d’aller tirer les rideaux. L’aube est brumeuse, mais sa blafarde et laiteuse lumière m’aiderait à y voir bien mieux. Les bougies, aussi nombreuses soient-elles, ne suffisent pas toujours à percer les clartés les plus sombres.

Cette saison mortelle ne me va décidément pas. Sa fraicheur aux relents mouillés s’infiltre partout : entre les rideaux, entre les couches de tissu dont l’on se pare pour affronter sa morsure givrée, entre les âmes des gens qui marchent seuls, le dos courbé et les épaules tendues, l’air triste et blasé. Je soupçonne les habitants du Prévoyer Litréans, éternels grincheux, d’être influencés par les nuages qui recouvrent constamment leur ciel.

Malgré ce temps morose, lorsque je tire les rideaux et que j’ouvre la fenêtre, c’est toute une palette d’odeur exacerbées par l’humidité qui remonte. Des odeurs exquises d’herbe moites de rosée, de feuilles en décomposition et des dernières fleurs éclose, blanches comme des ossements.

Je crois que j’ai des idées noires, ce matin. Toute la paperasse que j’ai à remplir ne m’aide pas à voir la vie du bon côté. Il faut que je finisse le tout avant midi.

Une pile d’une taille déjà conséquente trône d’un côté de mon imposant bureau, preuve tangible du travail abattu. J’ai beau m’en plaindre, je n’ai pas chômé ces dernières heures. Il s’agit d’envoyer toutes les lettres de réponses des élèves, fournies avec un papier attestant de l’authenticité du courrier et un sceau unique pour garantir du lieu où elle a été scellée. Sans oublier de cocher les noms des heureux élus. C’est mon rôle de tous les faire, un par un.

Il y a quelques années, j’avais une assistante pour m’aider. Mais ces derniers temps, les Premiers sont devenus frileux. Frileux qu’une personne peu digne de confiance, telle un courant d’air hivernal, ne se glisse dans l’engrenage parfait de leurs affaires ? Je ne suis pas dans le secret des plus grands, et j’évite de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Je n’ai pas encore eu l’audace de poser des questions à Théodore. Je ne le ferais sans doute pas.

S’ils ont encore plus peur que d’habitude ou s’ils manquent d’argent, ils ne le montrent pas. Et nous n’avons pas à le savoir.

Je m’appuie contre mon grand siège de bureau en contemplant le travail qu’il me reste à accomplir. Mon regard glisse vers l’horloge, vieux cadeau semblant résister à toutes les épreuves du temps. J’ai commencé mon travail à sept heures tapantes. Il est désormais neuf heures.

Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour une infusion chaude actuellement. Voire même, lorsque je serais rentré au palais, une tasse de ce breuvage des Terres d’Ailleurs… Du café. C’est ça. Bénie soit Mère Nature d’avoir donné vie à un tel délice énergisant.

Réprimant un soupir, je remonte mes lunettes sur mon nez, en profitant au passage pour nettoyer mes verres. Les montures rectangulaires sont décidément bien plus esthétiques que les espèces de doubles monocles que portent mes homologues.

J’apprécie de sortir du lot tout en restant impeccablement sobre.

La fraîcheur matinale s’immisce rapidement dans la pièce. Je frissonne. Mon genou m’envoie une onde de douleur, plainte longue et aigüe contre l’humidité de l’air. A peine le nouveau jour s’immisce dans la salle qu’il faut déjà tout refermer.

Le travail est long, fastidieux, mais il est également gratifiant. Comme à chaque promotion, lorsque les noms défilent, nous sommes fiers de voir nos élèves réussir. Nous leur espérons le meilleur, nous doutons toujours un instant d’avoir fait notre maximum. Nous savons que nous les reverrons, et nous nous prenons à rêver de les voir atteindre le sommet de leur art.

Les minutes défilent, et les lettres aussi. Lorsque je replonge ma plume afin de prendre une courte pause, je réalise deux choses. D’une, la lumière du soleil qui pénètre dans le bureau réchauffe l’atmosphère. Timidement, comme le ferait une jeune fille amoureuse pour la première fois. Mais cette sensation de confort que j’éprouve, le dos baigné de lumière, ne me trompe pas. L’hiver commence à perdre du terrain.

La seconde, c’est qu’en feuilletant les trois lettres qu’il me reste à cacheter, je me rends compte qu’il manque quelque chose. Après quelques instants, je réalise que je cherche un nom. Un nom que j’ai eu de nombreuses fois l’occasion de prononcer, et dont je n’ai pas vu l’ombre d’une lettre. D’abord, je me dis que j’ai simplement fait preuve d’un manque d’attention : avec la pile de papier qu’il me faut traiter, je me contente de faire mon travail machinalement. Cependant, je sais aussi qu’il me faut recopier le patronyme des futurs employés lors de chacun de mes mots. Je ne suis plus aussi jeune qu’avant, mais je doute fortement que ma mémoire m’ait joué un tour.

Je vérifie une par une les enveloppes qu’il me reste à traiter pour jeter un coup d’œil aux noms, mais impossible de trouver celui que je cherche.
Il m’apparait comme incongrue l’idée que cette brillante personne n’ait reçu aucun courrier. J’ai beau me repasser les derniers évènements, nous n’avons déploré aucun retard de courrier. Il faut que je me rende à l’évidence.

Malheureusement, ma ténacité est un des traits de caractère qui me définit le mieux. Je ne pense pas que ce à quoi je songe ne soit très correct envers les autres élèves. Peu m’importe.

Être Conseiller a ses avantages, dont celui de pouvoir se constituer un réseau… Étendu, si l’on peut dire. Je connais les intendances et leur hiérarchie par cœur ; les manipulations administratives, dont le piston, n’ont plus aucun secret pour moi.

J’ai récemment eu vent d’un gouvernant qui éprouvait quelques difficultés à organiser le travail de domestiques débordés. Avec quelques formules bien placées et ma signature, je devrais pouvoir faire d’une pierre deux coups.

Je me perds pendant quelques instants au milieu des grands tiroirs de mon bureau, mes mains fouillant le fond des caissons de bois surchargés par les échanges épistolaires et les paquets de feuilles. Il me faut trouver le papier adéquat avant de m’y mettre.

Je vais envoyer cette lettre moi-même. L’établissement recevra seulement l’offre d’emploi, et le destinataire sera ravi d’avoir de la main d’œuvre en plus, même si ce n’est pas par les voies officielles.

Si les gens avaient vent des tours de passe-passe qui se jouent sous la table chez les Premiers, ils feraient sans doute la révolution.
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Salut :)

Tu vois, je viens de lire les corrections que tu apportes au chapitre 13 (tes réponses à mes commentaires, en fait ^^), et c'est marrant, parce que au moment où je surligne la phrase et que je commence mon commentaire, je peux presque anticiper la réponse que tu vas me faire :lol: Il y a des trucs que je commente dont la réponse que tu donnes me semble évidente (et des fois, j'avoue que tu m'apportes de réels éclaircissements ^^). Par exemple, sur le chapitre 13, c'est pas évident de savoir exactement comment tu conçois le pouvoir de ton personnage, mais quand tu dis "Je vois très bien même, il faut que je le reformule! Ce que je voulais dire, c'est qu'elle avait certaines réactions, certains comportements lorsque sa capacité la faisait souffrir. Du coup, elle a cherché à retrouver ce genre de comportement chez les autres. Et, pour le moment, elle n'a trouvé personne ainsi...", je me doutais bien que c'est quelque chose comme ça que tu voulais signifier ^^
Je te rassure, c'est loin d'être une mauvaise chose, bien au contraire. Ça veut dire que même pour un guignol comme moi qui pinaille sur le moindre truc, ce que tu écris est clair et compréhensible. Et ça, c'est bien :D Mais ça ne veut pas dire que j'arrêterai mes critiques :twisted:

Je me mets de ce pas au chapitre 14 :D
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :
Partie 14


Méandre



Seul le bruit de l’horloge fixée au mur fait écho aux grattements de la plume sur le papier.
Lorsque l’encre commence à faire des trainées bleues, comme celles d’un corps vidé de son sang que l’on aurait déplacé :arrow: Outre que la comparaison soit pour le moins saugrenue, une question me brûle les lèvres : as-tu déplacé beaucoup de cadavre ?
Image
Pour info, si les cadavres bleuissent effectivement avant de se décomposer, c'est à cause de la concentration de longue durée du sang en un point, du fait de la gravité (ça s'appelle l'hypostase cadavérique, mais bref, ce n'est ce dont il est question ^^"). Du coup, quand bien même, ça reste paradoxal :lol:
, il est temps de replonger l’instrument dans la bouteille sombre.

Il faudrait que je finisse de trier ces piles de papier avant l’après-midi. Il faudrait aussi que je me lève de mon siège afin d’aller tirer les rideaux. L’aube est brumeuse, mais sa blafarde et laiteuse lumière m’aiderait à y voir bien mieux. Les bougies, aussi nombreuses soient-elles, ne suffisent pas toujours à percer les clartés les plus sombres. :arrow: *musique qui fait peur* :lol: Je ne sais pas si tu t'es librement inspirée de Corneille ("Cette obscure clarté qui tombe des étoiles" [Le Cid, IV, 3]) ou si ta fangue a lourché, mais ça donne son charme :D

Cette saison mortelle ne me va décidément pas. Sa fraicheur aux relents mouillés s’infiltre partout : entre les rideaux, entre les couches de tissu dont l’on se pare pour affronter sa morsure givrée, entre les âmes des gens qui marchent seuls, le dos courbé et les épaules tendues, l’air triste et blasé. Je soupçonne les habitants du Prévoyer Litréans, éternels grincheux, d’être influencés par les nuages qui recouvrent constamment leur ciel. :arrow: C'est triste !!

Malgré ce temps morose, lorsque je tire les rideaux et que j’ouvre la fenêtre, c’est toute une palette d’odeur exacerbées par l’humidité qui remonte. Des odeurs exquises d’herbe moites de rosée, de feuilles en décomposition et des dernières fleurs éclose, blanches comme des ossements. :arrow: Point de vocabulaire n° 2 :D On parle dans ce cas de "pétrichor" (prononcer pétrikor). Derrière ce terme un peu barbare se cache en fait l'une des meilleures odeurs du monde, la terre mouillée. Voilà ^^

Je crois que j’ai des idées noires, ce matin. Toute la paperasse que j’ai à remplir ne m’aide pas à voir la vie du bon côté. Il faut que je finisse le tout avant midi. :arrow: Idées noires... ou flemme :lol: ???

Une pile d’une taille déjà conséquente trône d’un côté de mon imposant bureau, preuve tangible du travail abattu. J’ai beau m’en plaindre, je n’ai pas chômé ces dernières heures. Il s’agit d’envoyer toutes les lettres de réponses des élèves, fournies avec un papier attestant de l’authenticité du courrier et un sceau unique pour garantir du lieu où elle a été scellée. Sans oublier de cocher les noms des heureux élus. C’est mon rôle de tous les faire, un par un. :arrow: Je trouve ça un peu superflu, voire pléonasmique. À mon sens, le "C'est mon rôle" suffit.
Déjà parce que tu as déjà montré à quel point le travail est fastidieux et que le répéter encore une fois, bah... ça fait redondant ^^ Ensuite, parce que je trouve que ces quatre mots seuls suffisent à montrer à quel point ça le passionne, tu vois ce que je veux dire ?


Il y a quelques années, j’avais une assistante pour m’aider. Mais ces derniers temps, les Premiers sont devenus frileux. Frileux qu’une personne peu digne de confiance, telle un courant d’air hivernal, ne se glisse dans l’engrenage parfait de leurs affaires ? Je ne suis pas dans le secret des plus grands, et j’évite de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Je n’ai pas encore eu l’audace de poser des questions à Théodore. Je ne le ferais sans doute pas. :arrow: Ces deux remarques sont excellentes ! D'abord parce qu'elles tranchent net avec l'illusion qu'avait donné Méandre de puissance et de pouvoir lors de sa première apparition. On avait en effet l'impression d'une sorte de Dieu, omnipotent et omniprésent, qui n'avait qu'un claquement de doigt à faire pour que le monde s'exécute selon ses volontés. Là, on se retrouve face à un homme chétif, frêle, un peu maladif, duquel se dégage une sensation de faiblesse. Il semble complètement débordé par son travail, dépassé par les événements, épuisé. On pourrait même dire qu'il a renoncé, qu'il s'est un peu déshumanisé (travail mécanique, peu d'émotions...). Et ça, c'est très habile de ta part. Ensuite,
tu confirmes ce que l'on soupçonne un peu depuis le début, tout ne va pas si bien dans le meilleur des mondes. Tu nous prépares à quelque chose qu'on va se manger comme une claque dans la gueule, et tu fais ça bien !


S’ils ont encore plus peur que d’habitude ou s’ils manquent d’argent, ils ne le montrent pas. Et nous n’avons pas à le savoir.

Je m’appuie contre mon grand siège de bureau en contemplant le travail qu’il me reste à accomplir. Mon regard glisse vers l’horloge, vieux cadeau semblant résister à toutes les épreuves du temps. J’ai commencé mon travail à sept heures tapantes. Il est désormais neuf heures.

Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour une infusion chaude actuellement. Voire même, lorsque je serais rentré au palais, une tasse de ce breuvage des Terres d’Ailleurs… Du café. C’est ça. Bénie soit Mère Nature d’avoir donné vie à un tel délice énergisant.

Réprimant un soupir, je remonte mes lunettes sur mon nez, en profitant au passage pour nettoyer mes verres. :arrow: C'est vraiment histoire de chipoter, mais c'est deux actions totalement différentes (que tu ne peux de fait pas effectuer dans le même geste ^^) Les montures rectangulaires sont décidément bien plus esthétiques que les espèces de doubles monocles :arrow: Ça s'appelle... des binocles :D Si si, en vrai :lol: que portent mes homologues. :arrow: Ce que j'aime dans ces deux derniers paragraphes,
c'est que tu montres habilement que ce monsieur a bien besoin d'une pause :lol: Plus sérieusement, tu montres de façon habile qu'il n'est pas à sa tâche, comme si quelque chose le préoccupait. Et c'est d'autant plus habile que tu confirmes du même coup que tout ne semble pas être rose, mais également que Méandre n'est pas aussi impuissant qu'il n'y paraît


J’apprécie de sortir du lot tout en restant impeccablement sobre.

La fraîcheur matinale s’immisce rapidement dans la pièce. Je frissonne. Mon genou m’envoie une onde de douleur, plainte longue et aigüe contre l’humidité de l’air. A peine le nouveau jour s’immisce dans la salle qu’il faut déjà tout refermer.

Le travail est long, fastidieux, mais il est également gratifiant. Comme à chaque promotion, lorsque les noms défilent, nous sommes fiers de voir nos élèves réussir. Nous leur espérons le meilleur, nous doutons toujours un instant d’avoir fait notre maximum. Nous savons que nous les reverrons, et nous nous prenons à rêver de les voir atteindre le sommet de leur art.

Les minutes défilent, et les lettres aussi. Lorsque je replonge ma plume afin de prendre une courte pause, je réalise deux choses. D’une, la lumière du soleil qui pénètre dans le bureau réchauffe l’atmosphère. Timidement, comme le ferait une jeune fille amoureuse pour la première fois. Mais cette sensation de confort que j’éprouve, le dos baigné de lumière, ne me trompe pas. L’hiver commence à perdre du terrain. :arrow: Winter is coming... out :lol:

La seconde, c’est qu’en feuilletant les trois lettres qu’il me reste à cacheter, je me rends compte qu’il manque quelque chose. Après quelques instants, je réalise que je cherche un nom. Un nom que j’ai eu de nombreuses fois l’occasion de prononcer, et dont je n’ai pas vu l’ombre d’une lettre. D’abord, je me dis que j’ai simplement fait preuve d’un manque d’attention : avec la pile de papier qu’il me faut traiter, je me contente de faire mon travail machinalement. Cependant, je sais aussi qu’il me faut recopier le patronyme des futurs employés lors de chacun de mes mots. Je ne suis plus aussi jeune qu’avant, mais je doute fortement que ma mémoire m’ait joué un tour. :arrow: Ça, c'est parfait ! Parfaitement amené, parfaitement conduit, parfaitement maîtrisé. Un excellent point ! Après, à mon sens, ça ne peut être que trois nom (dont un que je soupçonne encore plus fortement ;) )

Je vérifie une par une les enveloppes qu’il me reste à traiter pour jeter un coup d’œil aux noms, mais impossible de trouver celui que je cherche.
Il m’apparait comme incongrue l’idée que cette brillante personne n’ait reçu aucun courrier. J’ai beau me repasser les derniers évènements, nous n’avons déploré aucun retard de courrier. Il faut que je me rende à l’évidence.

Malheureusement, ma ténacité est un des traits de caractère qui me définit le mieux. Je ne pense pas que ce à quoi je songe ne soit très correct envers les autres élèves. Peu m’importe.

Être Conseiller a ses avantages, dont celui de pouvoir se constituer un réseau… Étendu, si l’on peut dire. Je connais les intendances et leur hiérarchie par cœur ; les manipulations administratives, dont le piston, n’ont plus aucun secret pour moi.

J’ai récemment eu vent d’un gouvernant qui éprouvait quelques difficultés à organiser le travail de domestiques débordés. Avec quelques formules bien placées et ma signature, je devrais pouvoir faire d’une pierre deux coups.

Je me perds pendant quelques instants au milieu des grands tiroirs de mon bureau, mes mains fouillant le fond des caissons de bois surchargés par les échanges épistolaires et les paquets de feuilles. Il me faut trouver le papier adéquat avant de m’y mettre.

Je vais envoyer cette lettre moi-même. L’établissement recevra seulement l’offre d’emploi, et le destinataire sera ravi d’avoir de la main d’œuvre en plus, même si ce n’est pas par les voies officielles.

Si les gens avaient vent des tours de passe-passe qui se jouent sous la table chez les Premiers, ils feraient sans doute la révolution. :arrow: Et boum ! Encore une fois, tu nous proposes une fin percutante, qui pique la curiosité et qui nous rend, nous lecteurs, comme des lions à qui on aurait juste fait sentir (même pas goûter) le jus d'un bon steak (de zèbre, restons logiques :lol: ). J'aime bien cette façon que tu as de poser de nouveaux enjeux et problématiques auxquels on ne s'attend pas forcémen, d'autant que tu maîtrise parfaitement la technique.
Et voilà, j'ai fini le chapitre 14 :) ! Mine de rien, on a pas mal avancé dans l'histoire ! Pas grand chose à redire, on frôle la perfection ;) :D Attention peut-être toutefois au choix de tes images, dont la pertinence est parfois... comment dire... douteuse x) Je trouve que la façon dont tu as conduit ce chapitre est vraiment bonne, parce qu'on se trouve littéralement dans la tête de ton personnage. Et cette façon que tu as d'armer le marteau de ton pétard, de viser et de rengainer ton pistolet au moment où tu vas tirer, ça me rend dingue (dans le bon sens du terme ^^) ! Bref, excellent travail :D

Bien à toi :)
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

Xhantia a écrit :Bonjour à vous!
Je profite de ce début de "vacances" Ahem, ahem., qui ne va pas tarder à se tranformer en "semaine de travail intensif" pour répondre aux commentaires... Et poster un nouveau chapitre dans la foulée! Owiii ! :lol:
Mon rythme de publication est assez ralenti, parce que cette année est clairement dingue niveau travail, et je m'en excuse :/ T'inquiète. S'il y a bien une chose que je peux comprendre, c'est la surcharge de travail. ;) Déjà que le scénario se met en place lentement, alors si en plus il faut attendre :lol:
Bah, ça me fera de la matière à travailler lorsque je réécrirais tout!
Sur ce, je vous souhaite comme d'habitude une bonne lecture!


Partie 14


Méandre

Tu sais, je ne m'étais jamais fait la réflexion que Méandre pouvait être un personnage, avant ce chapitre… Et pourtant, j'y ai repensé, au Méandre précédent, mais… Bref.

Seul le bruit de l’horloge fixée au mur fait écho aux grattements de la plume sur le papier.
Lorsque l’encre commence à faire des trainées bleues, comme celles d’un corps vidé de son sang que l’on aurait déplacé, il est temps de replonger l’instrument dans la bouteille sombre. Euh… Je ne suis pas sûre de l'utilité de cette dernière phrase…

Il faudrait que je finisse de trier ces piles de papier avant l’après-midi. Il faudrait aussi que je me lève de mon siège afin d’aller tirer les rideaux. L’aube est brumeuse, mais sa blafarde et laiteuse lumière m’aiderait à y voir bien mieux. Les bougies, aussi nombreuses soient-elles, ne suffisent pas toujours à percer les clartés les plus sombres. Par contre, j'aime ce passage-ci ! *-*

Cette saison mortelle ne me va décidément pas. Sa fraicheur aux relents mouillés s’infiltre partout : entre les rideaux, entre les couches de tissu dont l’on se pare pour affronter sa morsure givrée, entre les âmes des gens qui marchent seuls, le dos courbé et les épaules tendues, l’air triste et blasé. Je soupçonne les habitants du Prévoyer Litréans, éternels grincheux, d’être influencés par les nuages qui recouvrent constamment leur ciel.

Malgré ce temps morose, lorsque je tire les rideaux et que j’ouvre la fenêtre, c’est toute une palette d’odeur exacerbées par l’humidité qui remonte. Des odeurs exquises d’herbes ? moites de rosée, de feuilles en décomposition et des dernières fleurs écloses ?, blanches comme des ossements.

Je crois que j’ai des idées noires, ce matin. Toute la paperasse que j’ai à remplir ne m’aide pas à voir la vie du bon côté. Il faut que je finisse le tout avant midi. J'aime beaucoup cet aspect répétitif de son boulot…

Une pile d’une taille déjà conséquente trône d’un côté de mon imposant bureau, preuve tangible du travail abattu. J’ai beau m’en plaindre, je n’ai pas chômé ces dernières heures. Il s’agit d’envoyer toutes les lettres de réponses des élèves, fournies avec un papier attestant de l’authenticité du courrier et un sceau unique pour garantir du lieu où elle a été scellée. Sans oublier de cocher les noms des heureux élus. C’est mon rôle de tous les faire, un par un.

Il y a quelques années, j’avais une assistante pour m’aider. Mais ces derniers temps, les Premiers sont devenus frileux. Frileux qu’une personne peu digne de confiance, telle un courant d’air hivernal, ne se glisse dans l’engrenage parfait de leurs affaires ? Je ne suis pas dans le secret des plus grands, et j’évite de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Je n’ai pas encore eu l’audace de poser des questions à Théodore. Je ne le ferais sans doute pas. C'est quoi ces manigances ? On dirait que tu es en train de nous tisser une toile d'araignée…

S’ils ont encore plus peur que d’habitude ou s’ils manquent d’argent, ils ne le montrent pas. Et nous n’avons pas à le savoir.

Je m’appuie contre mon grand siège de bureau en contemplant le travail qu’il me reste à accomplir. Mon regard glisse vers l’horloge, vieux cadeau semblant résister à toutes les épreuves du temps. J’ai commencé mon travail à sept heures tapantes. Il est désormais neuf heures.

Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour une infusion chaude actuellement. Voire même, lorsque je serais "serai" ? rentré au palais, une tasse de ce breuvage des Terres d’Ailleurs… Du café. C’est ça. Bénie soit Mère Nature d’avoir donné vie à un tel délice énergisant. Euh… je ne suis pas forcément d'accord avec lui, mais c'est purement personnel. :mrgreen:

Réprimant un soupir, je remonte mes lunettes sur mon nez, en profitant au passage pour nettoyer mes verres. Les montures rectangulaires sont décidément bien plus esthétiques que les espèces de doubles monocles que portent mes homologues.

J’apprécie de sortir du lot tout en restant impeccablement sobre.

La fraîcheur matinale s’immisce rapidement dans la pièce. Je frissonne. Mon genou m’envoie une onde de douleur, plainte longue et aigüe contre l’humidité de l’air. A peine le nouveau jour s’immisce dans la salle qu’il faut déjà tout refermer.

Le travail est long, fastidieux, mais il est également gratifiant. Comme à chaque promotion, lorsque les noms défilent, nous sommes fiers de voir nos élèves réussir. Nous leur espérons le meilleur, nous doutons toujours un instant d’avoir fait notre maximum. Nous savons que nous les reverrons, et nous nous prenons à rêver de les voir atteindre le sommet de leur art. L'art de servir le thé ? :lol:

Les minutes défilent, et les lettres aussi. Lorsque je replonge ma plume afin de prendre une courte pause, je réalise deux choses. D’une, la lumière du soleil qui pénètre dans le bureau réchauffe l’atmosphère. Timidement, comme le ferait une jeune fille amoureuse pour la première fois. Mais cette sensation de confort que j’éprouve, le dos baigné de lumière, ne me trompe pas. L’hiver commence à perdre du terrain.
Euh… il est dos à la fenêtre ? C'est pas logique… Enfin, pas en termes de gain de luminosité. Ça ne sert à rien d'ouvrir les rideaux si ta propre ombre masque ton plan de travail… À moins que j'aie mal compris ? :?

La seconde, c’est qu’en feuilletant les trois lettres qu’il me reste à cacheter, je me rends compte qu’il manque quelque chose. Après quelques instants, je réalise que je cherche un nom. Un nom que j’ai eu de nombreuses fois l’occasion de prononcer, et dont je n’ai pas vu l’ombre d’une lettre. D’abord, je me dis que j’ai simplement fait preuve d’un manque d’attention : avec la pile de papier qu’il me faut traiter, je me contente de faire mon travail machinalement. Cependant, je sais aussi qu’il me faut recopier le patronyme des futurs employés lors de chacun de mes mots. Je ne suis plus aussi jeune qu’avant, mais je doute fortement que ma mémoire m’ait joué un tour.

Je vérifie une par une les enveloppes qu’il me reste à traiter pour jeter un coup d’œil aux noms, mais impossible de trouver celui que je cherche.
Il m’apparait comme incongrue l’idée que cette brillante personne n’ait reçu aucun courrier. J’ai beau me repasser les derniers évènements, nous n’avons déploré aucun retard de courrier. Il faut que je me rende à l’évidence.

Malheureusement, ma ténacité est un des traits de caractère qui me définit le mieux. Je ne pense pas que ce à quoi je songe ne soit très correct envers les autres élèves. Peu m’importe.

Être Conseiller a ses avantages, dont celui de pouvoir se constituer un réseau… Étendu, si l’on peut dire. Je connais les intendances et leur hiérarchie par cœur ; les manipulations administratives, dont le piston, n’ont plus aucun secret pour moi.

J’ai récemment eu vent d’un gouvernant qui éprouvait quelques difficultés à organiser le travail de domestiques débordés. Avec quelques formules bien placées et ma signature, je devrais pouvoir faire d’une pierre deux coups. Pourquoi ai-je l'impression qu'on parle de Cynthia, ou de l'un des membres du groupe, au moins ?

Je me perds pendant quelques instants au milieu des grands tiroirs de mon bureau, mes mains fouillant le fond des caissons de bois surchargés par les échanges épistolaires et les paquets de feuilles. Il me faut trouver le papier adéquat avant de m’y mettre.

Je vais envoyer cette lettre moi-même. L’établissement recevra seulement l’offre d’emploi, et le destinataire sera ravi d’avoir de la main d’œuvre en plus, même si ce n’est pas par les voies officielles.

Si les gens avaient vent des tours de passe-passe qui se jouent sous la table chez les Premiers, ils feraient sans doute la révolution. Mais ils ne sont pas au courant, donc on s'en fiche ! (la morale à ne pas tirer de ce genre de texte…) :mrgreen:


Sincèrement, je ne sais pas quoi te dire. C'est impressionnant, parce que j'ai l'impression que tes Méandres sont plus des chapitres « d'exercice de style », si je peux le formuler comme ça, mais ils ont un petit je-ne-sais-quoi… Bref. Ils me perturbent, mais ils sont géniaux. Vraiment magnifiques, tant en termes de qualité d'écriture que de fond… même si j'ai beaucoup de mal à les cerner.
Donc félicitations !

Bon courage, aussi, pour tes études et tes "semaines de révisions intensives" ;)
Mimori

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Mimori »

Bonjour ! Quand j'ai vu que tu me parlais de rentrée dans l'un de tes commentaires, je me suis dit qu'il était plus que temps que je rattrape mon retard sur les parties treize et quatorze. Franchement, je m'en veux d'être aussi à la traîne, surtout que je suis beaucoup plus passée sur Booknode récemment que ces derniers mois.
On découvre donc le petit don de Marie, pour le moins particulier, car j'ose imaginer ce qui passe par la tête de personnes peu fréquentables... elle a dû en apprendre, des potins et des choses beaucoup plus glauques ! Surtout au tout début, j'imagine que ça ne devait pas être facile de contrôler cette faculté. Du coup, ça rend le développement personnel des personnages encore plus intéressant, vu que ce point de vue intérieur-extérieur ("extérieur", car il s'agit de Marie, "intérieur", car tout comme un narrateur omniscient, elle a accès à leurs pensées les plus intimes) confirme ou rejette l'idée qu'on pourrait se faire d'eux.
La partie "méandres", quant à elle, est véritablement de saison ! On voit au début que la météo a inspiré son écriture... la pluie, le froid, la nuit qui tombe vite, que - du - bon - heur.

A quand la suite ? ;)
Bonne continuation, bises !
(Oui, parce que je fais la bise, maintenant)
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

GoldAngels a écrit :
Xhantia a écrit :
Partie 14


Méandre



Seul le bruit de l’horloge fixée au mur fait écho aux grattements de la plume sur le papier.
Lorsque l’encre commence à faire des trainées bleues, comme celles d’un corps vidé de son sang que l’on aurait déplacé :arrow: Outre que la comparaison soit pour le moins saugrenue, une question me brûle les lèvres : as-tu déplacé beaucoup de cadavre ?
Image
Pour info, si les cadavres bleuissent effectivement avant de se décomposer, c'est à cause de la concentration de longue durée du sang en un point, du fait de la gravité (ça s'appelle l'hypostase cadavérique, mais bref, ce n'est ce dont il est question ^^"). Du coup, quand bien même, ça reste paradoxal :lol:
, il est temps de replonger l’instrument dans la bouteille sombre.
C'est drôle, mais je ne pensais pas que cette comparaison provoquerait autant de réactions :lol: Alors non, je ne m'amuse pas à déplacer des cadavres pour le moment. Ensuite, je ne savais pas du tout pour cette histoire d'hypostase, donc je me coucherai moins bête ce soir ;)
A vrai dire, je n'ai pas réfléchi très longtemps... En général, les corps qui ont perdu du sang et qu'on a déplacé laissent une trainée derrière eux en fait... C'est tout, mais si ça fait vraiment trop incongru ici, je le retirerai!


Il faudrait que je finisse de trier ces piles de papier avant l’après-midi. Il faudrait aussi que je me lève de mon siège afin d’aller tirer les rideaux. L’aube est brumeuse, mais sa blafarde et laiteuse lumière m’aiderait à y voir bien mieux. Les bougies, aussi nombreuses soient-elles, ne suffisent pas toujours à percer les clartés les plus sombres. :arrow: *musique qui fait peur* :lol: Je ne sais pas si tu t'es librement inspirée de Corneille ("Cette obscure clarté qui tombe des étoiles" [Le Cid, IV, 3]) ou si ta fangue a lourché, mais ça donne son charme :D
Oh, je n'étais pas au courant, pour ce vers de Corneille! ^^

Cette saison mortelle ne me va décidément pas. Sa fraicheur aux relents mouillés s’infiltre partout : entre les rideaux, entre les couches de tissu dont l’on se pare pour affronter sa morsure givrée, entre les âmes des gens qui marchent seuls, le dos courbé et les épaules tendues, l’air triste et blasé. Je soupçonne les habitants du Prévoyer Litréans, éternels grincheux, d’être influencés par les nuages qui recouvrent constamment leur ciel. :arrow: C'est triste !!

Malgré ce temps morose, lorsque je tire les rideaux et que j’ouvre la fenêtre, c’est toute une palette d’odeur exacerbées par l’humidité qui remonte. Des odeurs exquises d’herbe moites de rosée, de feuilles en décomposition et des dernières fleurs éclose, blanches comme des ossements. :arrow: Point de vocabulaire n° 2 :D On parle dans ce cas de "pétrichor" (prononcer pétrikor). Derrière ce terme un peu barbare se cache en fait l'une des meilleures odeurs du monde, la terre mouillée. Voilà ^^
Yep, je connais ce mot! :D C'est juste que j'ai préféré ne pas le mettre ici, de peur d'avoir des lecteurs qui ne comprennent pas ;)

Je crois que j’ai des idées noires, ce matin. Toute la paperasse que j’ai à remplir ne m’aide pas à voir la vie du bon côté. Il faut que je finisse le tout avant midi. :arrow: Idées noires... ou flemme :lol: ???

Une pile d’une taille déjà conséquente trône d’un côté de mon imposant bureau, preuve tangible du travail abattu. J’ai beau m’en plaindre, je n’ai pas chômé ces dernières heures. Il s’agit d’envoyer toutes les lettres de réponses des élèves, fournies avec un papier attestant de l’authenticité du courrier et un sceau unique pour garantir du lieu où elle a été scellée. Sans oublier de cocher les noms des heureux élus. C’est mon rôle de tous les faire, un par un. :arrow: Je trouve ça un peu superflu, voire pléonasmique. À mon sens, le "C'est mon rôle" suffit.
Déjà parce que tu as déjà montré à quel point le travail est fastidieux et que le répéter encore une fois, bah... ça fait redondant ^^ Ensuite, parce que je trouve que ces quatre mots seuls suffisent à montrer à quel point ça le passionne, tu vois ce que je veux dire ?


Il y a quelques années, j’avais une assistante pour m’aider. Mais ces derniers temps, les Premiers sont devenus frileux. Frileux qu’une personne peu digne de confiance, telle un courant d’air hivernal, ne se glisse dans l’engrenage parfait de leurs affaires ? Je ne suis pas dans le secret des plus grands, et j’évite de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Je n’ai pas encore eu l’audace de poser des questions à Théodore. Je ne le ferais sans doute pas. :arrow: Ces deux remarques sont excellentes ! D'abord parce qu'elles tranchent net avec l'illusion qu'avait donné Méandre de puissance et de pouvoir lors de sa première apparition. On avait en effet l'impression d'une sorte de Dieu, omnipotent et omniprésent, qui n'avait qu'un claquement de doigt à faire pour que le monde s'exécute selon ses volontés. Là, on se retrouve face à un homme chétif, frêle, un peu maladif, duquel se dégage une sensation de faiblesse. Il semble complètement débordé par son travail, dépassé par les événements, épuisé. On pourrait même dire qu'il a renoncé, qu'il s'est un peu déshumanisé (travail mécanique, peu d'émotions...). Et ça, c'est très habile de ta part. Ensuite,
tu confirmes ce que l'on soupçonne un peu depuis le début, tout ne va pas si bien dans le meilleur des mondes. Tu nous prépares à quelque chose qu'on va se manger comme une claque dans la gueule, et tu fais ça bien !


S’ils ont encore plus peur que d’habitude ou s’ils manquent d’argent, ils ne le montrent pas. Et nous n’avons pas à le savoir.

Je m’appuie contre mon grand siège de bureau en contemplant le travail qu’il me reste à accomplir. Mon regard glisse vers l’horloge, vieux cadeau semblant résister à toutes les épreuves du temps. J’ai commencé mon travail à sept heures tapantes. Il est désormais neuf heures.

Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour une infusion chaude actuellement. Voire même, lorsque je serais rentré au palais, une tasse de ce breuvage des Terres d’Ailleurs… Du café. C’est ça. Bénie soit Mère Nature d’avoir donné vie à un tel délice énergisant.

Réprimant un soupir, je remonte mes lunettes sur mon nez, en profitant au passage pour nettoyer mes verres. :arrow: C'est vraiment histoire de chipoter, mais c'est deux actions totalement différentes (que tu ne peux de fait pas effectuer dans le même geste ^^) Les montures rectangulaires sont décidément bien plus esthétiques que les espèces de doubles monocles :arrow: Ça s'appelle... des binocles :D Si si, en vrai :lol: que portent mes homologues.
Ne ris pas, j'ai mis trente ans à chercher ce mot parce que je ne le trouvais plus au moment d'écrire :lol:
:arrow: Ce que j'aime dans ces deux derniers paragraphes, c'est que tu montres habilement que ce monsieur a bien besoin d'une pause :lol: Plus sérieusement, tu montres de façon habile qu'il n'est pas à sa tâche, comme si quelque chose le préoccupait. Et c'est d'autant plus habile que tu confirmes du même coup que tout ne semble pas être rose, mais également que Méandre n'est pas aussi impuissant qu'il n'y paraît


J’apprécie de sortir du lot tout en restant impeccablement sobre.

La fraîcheur matinale s’immisce rapidement dans la pièce. Je frissonne. Mon genou m’envoie une onde de douleur, plainte longue et aigüe contre l’humidité de l’air. A peine le nouveau jour s’immisce dans la salle qu’il faut déjà tout refermer.

Le travail est long, fastidieux, mais il est également gratifiant. Comme à chaque promotion, lorsque les noms défilent, nous sommes fiers de voir nos élèves réussir. Nous leur espérons le meilleur, nous doutons toujours un instant d’avoir fait notre maximum. Nous savons que nous les reverrons, et nous nous prenons à rêver de les voir atteindre le sommet de leur art.

Les minutes défilent, et les lettres aussi. Lorsque je replonge ma plume afin de prendre une courte pause, je réalise deux choses. D’une, la lumière du soleil qui pénètre dans le bureau réchauffe l’atmosphère. Timidement, comme le ferait une jeune fille amoureuse pour la première fois. Mais cette sensation de confort que j’éprouve, le dos baigné de lumière, ne me trompe pas. L’hiver commence à perdre du terrain. :arrow: Winter is coming... out :lol:

La seconde, c’est qu’en feuilletant les trois lettres qu’il me reste à cacheter, je me rends compte qu’il manque quelque chose. Après quelques instants, je réalise que je cherche un nom. Un nom que j’ai eu de nombreuses fois l’occasion de prononcer, et dont je n’ai pas vu l’ombre d’une lettre. D’abord, je me dis que j’ai simplement fait preuve d’un manque d’attention : avec la pile de papier qu’il me faut traiter, je me contente de faire mon travail machinalement. Cependant, je sais aussi qu’il me faut recopier le patronyme des futurs employés lors de chacun de mes mots. Je ne suis plus aussi jeune qu’avant, mais je doute fortement que ma mémoire m’ait joué un tour. :arrow: Ça, c'est parfait ! Parfaitement amené, parfaitement conduit, parfaitement maîtrisé. Un excellent point ! Après, à mon sens, ça ne peut être que trois nom (dont un que je soupçonne encore plus fortement ;) )

Je vérifie une par une les enveloppes qu’il me reste à traiter pour jeter un coup d’œil aux noms, mais impossible de trouver celui que je cherche.
Il m’apparait comme incongrue l’idée que cette brillante personne n’ait reçu aucun courrier. J’ai beau me repasser les derniers évènements, nous n’avons déploré aucun retard de courrier. Il faut que je me rende à l’évidence.

Malheureusement, ma ténacité est un des traits de caractère qui me définit le mieux. Je ne pense pas que ce à quoi je songe ne soit très correct envers les autres élèves. Peu m’importe.

Être Conseiller a ses avantages, dont celui de pouvoir se constituer un réseau… Étendu, si l’on peut dire. Je connais les intendances et leur hiérarchie par cœur ; les manipulations administratives, dont le piston, n’ont plus aucun secret pour moi.

J’ai récemment eu vent d’un gouvernant qui éprouvait quelques difficultés à organiser le travail de domestiques débordés. Avec quelques formules bien placées et ma signature, je devrais pouvoir faire d’une pierre deux coups.

Je me perds pendant quelques instants au milieu des grands tiroirs de mon bureau, mes mains fouillant le fond des caissons de bois surchargés par les échanges épistolaires et les paquets de feuilles. Il me faut trouver le papier adéquat avant de m’y mettre.

Je vais envoyer cette lettre moi-même. L’établissement recevra seulement l’offre d’emploi, et le destinataire sera ravi d’avoir de la main d’œuvre en plus, même si ce n’est pas par les voies officielles.

Si les gens avaient vent des tours de passe-passe qui se jouent sous la table chez les Premiers, ils feraient sans doute la révolution. :arrow: Et boum ! Encore une fois, tu nous proposes une fin percutante, qui pique la curiosité et qui nous rend, nous lecteurs, comme des lions à qui on aurait juste fait sentir (même pas goûter) le jus d'un bon steak (de zèbre, restons logiques :lol: ). J'aime bien cette façon que tu as de poser de nouveaux enjeux et problématiques auxquels on ne s'attend pas forcémen, d'autant que tu maîtrise parfaitement la technique.
Ce que tu dis me flatte énormément *petite larme vagabonde*. C'est vrai que je relis quand même bien mes chapitres et tout, mais je ne fais pas forcément attention à ce que j'écris: je ne structure rien, je n'applique aucune technique. Si ça rend bien quand même, tant mieux! :o :D

Et voilà, j'ai fini le chapitre 14 :) ! Mine de rien, on a pas mal avancé dans l'histoire ! Pas grand chose à redire, on frôle la perfection ;) :D Attention peut-être toutefois au choix de tes images, dont la pertinence est parfois... comment dire... douteuse x) Je trouve que la façon dont tu as conduit ce chapitre est vraiment bonne, parce qu'on se trouve littéralement dans la tête de ton personnage. Et cette façon que tu as d'armer le marteau de ton pétard, de viser et de rengainer ton pistolet au moment où tu vas tirer, ça me rend dingue (dans le bon sens du terme ^^) ! Bref, excellent travail :D

Bien à toi :)
Ca fait trop de compliments d'un coup, mais ça me fait aussi vraiment plaisir x) Je suis très heureuse que mon histoire, même si elle est lente, te plaise toujours autant ;) et bien sûr, j'ai hâte de lire ta prochaine critique!
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

vampiredelivres a écrit :
Xhantia a écrit :Bonjour à vous!
Je profite de ce début de "vacances" Ahem, ahem., qui ne va pas tarder à se tranformer en "semaine de travail intensif" pour répondre aux commentaires... Et poster un nouveau chapitre dans la foulée! Owiii ! :lol:
Mon rythme de publication est assez ralenti, parce que cette année est clairement dingue niveau travail, et je m'en excuse :/ T'inquiète. S'il y a bien une chose que je peux comprendre, c'est la surcharge de travail. ;) Déjà que le scénario se met en place lentement, alors si en plus il faut attendre :lol:
Bah, ça me fera de la matière à travailler lorsque je réécrirais tout!
Sur ce, je vous souhaite comme d'habitude une bonne lecture!


Partie 14


Méandre

Tu sais, je ne m'étais jamais fait la réflexion que Méandre pouvait être un personnage, avant ce chapitre… Et pourtant, j'y ai repensé, au Méandre précédent, mais… Bref.
C'est marrant, parce que personne ne m'a posé la question :)

Seul le bruit de l’horloge fixée au mur fait écho aux grattements de la plume sur le papier.
Lorsque l’encre commence à faire des trainées bleues, comme celles d’un corps vidé de son sang que l’on aurait déplacé, il est temps de replonger l’instrument dans la bouteille sombre. Euh… Je ne suis pas sûre de l'utilité de cette dernière phrase…
Bon, vu la réaction de GoldAngels plus haut... Je crois que je vais trouver une autre figure de style :lol:

Il faudrait que je finisse de trier ces piles de papier avant l’après-midi. Il faudrait aussi que je me lève de mon siège afin d’aller tirer les rideaux. L’aube est brumeuse, mais sa blafarde et laiteuse lumière m’aiderait à y voir bien mieux. Les bougies, aussi nombreuses soient-elles, ne suffisent pas toujours à percer les clartés les plus sombres. Par contre, j'aime ce passage-ci ! *-*

Cette saison mortelle ne me va décidément pas. Sa fraicheur aux relents mouillés s’infiltre partout : entre les rideaux, entre les couches de tissu dont l’on se pare pour affronter sa morsure givrée, entre les âmes des gens qui marchent seuls, le dos courbé et les épaules tendues, l’air triste et blasé. Je soupçonne les habitants du Prévoyer Litréans, éternels grincheux, d’être influencés par les nuages qui recouvrent constamment leur ciel.

Malgré ce temps morose, lorsque je tire les rideaux et que j’ouvre la fenêtre, c’est toute une palette d’odeur exacerbées par l’humidité qui remonte. Des odeurs exquises d’herbes ? moites de rosée, de feuilles en décomposition et des dernières fleurs écloses ?, blanches comme des ossements.
Je pense qu'en effet "herbe" est au singulier, mais pour "écloses", je ne suis pas sûre...

Je crois que j’ai des idées noires, ce matin. Toute la paperasse que j’ai à remplir ne m’aide pas à voir la vie du bon côté. Il faut que je finisse le tout avant midi. J'aime beaucoup cet aspect répétitif de son boulot…

Une pile d’une taille déjà conséquente trône d’un côté de mon imposant bureau, preuve tangible du travail abattu. J’ai beau m’en plaindre, je n’ai pas chômé ces dernières heures. Il s’agit d’envoyer toutes les lettres de réponses des élèves, fournies avec un papier attestant de l’authenticité du courrier et un sceau unique pour garantir du lieu où elle a été scellée. Sans oublier de cocher les noms des heureux élus. C’est mon rôle de tous les faire, un par un.

Il y a quelques années, j’avais une assistante pour m’aider. Mais ces derniers temps, les Premiers sont devenus frileux. Frileux qu’une personne peu digne de confiance, telle un courant d’air hivernal, ne se glisse dans l’engrenage parfait de leurs affaires ? Je ne suis pas dans le secret des plus grands, et j’évite de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Je n’ai pas encore eu l’audace de poser des questions à Théodore. Je ne le ferais sans doute pas. C'est quoi ces manigances ? On dirait que tu es en train de nous tisser une toile d'araignée…
*rire démoniaque*

S’ils ont encore plus peur que d’habitude ou s’ils manquent d’argent, ils ne le montrent pas. Et nous n’avons pas à le savoir.

Je m’appuie contre mon grand siège de bureau en contemplant le travail qu’il me reste à accomplir. Mon regard glisse vers l’horloge, vieux cadeau semblant résister à toutes les épreuves du temps. J’ai commencé mon travail à sept heures tapantes. Il est désormais neuf heures.

Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour une infusion chaude actuellement. Voire même, lorsque je serais "serai" ? rentré au palais, une tasse de ce breuvage des Terres d’Ailleurs… Du café. C’est ça. Bénie soit Mère Nature d’avoir donné vie à un tel délice énergisant. Euh… je ne suis pas forcément d'accord avec lui, mais c'est purement personnel. :mrgreen:
Merci pour la correction! Et c'est vrai que le café, on adore ou on déteste x)

Réprimant un soupir, je remonte mes lunettes sur mon nez, en profitant au passage pour nettoyer mes verres. Les montures rectangulaires sont décidément bien plus esthétiques que les espèces de doubles monocles que portent mes homologues.

J’apprécie de sortir du lot tout en restant impeccablement sobre.

La fraîcheur matinale s’immisce rapidement dans la pièce. Je frissonne. Mon genou m’envoie une onde de douleur, plainte longue et aigüe contre l’humidité de l’air. A peine le nouveau jour s’immisce dans la salle qu’il faut déjà tout refermer.

Le travail est long, fastidieux, mais il est également gratifiant. Comme à chaque promotion, lorsque les noms défilent, nous sommes fiers de voir nos élèves réussir. Nous leur espérons le meilleur, nous doutons toujours un instant d’avoir fait notre maximum. Nous savons que nous les reverrons, et nous nous prenons à rêver de les voir atteindre le sommet de leur art. L'art de servir le thé ? :lol:
Comme quoi, les différentes visions des choses... :lol:

Les minutes défilent, et les lettres aussi. Lorsque je replonge ma plume afin de prendre une courte pause, je réalise deux choses. D’une, la lumière du soleil qui pénètre dans le bureau réchauffe l’atmosphère. Timidement, comme le ferait une jeune fille amoureuse pour la première fois. Mais cette sensation de confort que j’éprouve, le dos baigné de lumière, ne me trompe pas. L’hiver commence à perdre du terrain.
Euh… il est dos à la fenêtre ? C'est pas logique… Enfin, pas en termes de gain de luminosité. Ça ne sert à rien d'ouvrir les rideaux si ta propre ombre masque ton plan de travail… À moins que j'aie mal compris ? :?
C'est vrai ça. Après, je n'y ai pas trop réfléchi, parce que même si tu es dos à la lumière, si tu ouvres tes volets ou que tu dégages tes rideaux, tu y verras toujours mieux quoiqu'il arrive...

La seconde, c’est qu’en feuilletant les trois lettres qu’il me reste à cacheter, je me rends compte qu’il manque quelque chose. Après quelques instants, je réalise que je cherche un nom. Un nom que j’ai eu de nombreuses fois l’occasion de prononcer, et dont je n’ai pas vu l’ombre d’une lettre. D’abord, je me dis que j’ai simplement fait preuve d’un manque d’attention : avec la pile de papier qu’il me faut traiter, je me contente de faire mon travail machinalement. Cependant, je sais aussi qu’il me faut recopier le patronyme des futurs employés lors de chacun de mes mots. Je ne suis plus aussi jeune qu’avant, mais je doute fortement que ma mémoire m’ait joué un tour.

Je vérifie une par une les enveloppes qu’il me reste à traiter pour jeter un coup d’œil aux noms, mais impossible de trouver celui que je cherche.
Il m’apparait comme incongrue l’idée que cette brillante personne n’ait reçu aucun courrier. J’ai beau me repasser les derniers évènements, nous n’avons déploré aucun retard de courrier. Il faut que je me rende à l’évidence.

Malheureusement, ma ténacité est un des traits de caractère qui me définit le mieux. Je ne pense pas que ce à quoi je songe ne soit très correct envers les autres élèves. Peu m’importe.

Être Conseiller a ses avantages, dont celui de pouvoir se constituer un réseau… Étendu, si l’on peut dire. Je connais les intendances et leur hiérarchie par cœur ; les manipulations administratives, dont le piston, n’ont plus aucun secret pour moi.

J’ai récemment eu vent d’un gouvernant qui éprouvait quelques difficultés à organiser le travail de domestiques débordés. Avec quelques formules bien placées et ma signature, je devrais pouvoir faire d’une pierre deux coups. Pourquoi ai-je l'impression qu'on parle de Cynthia, ou de l'un des membres du groupe, au moins ?

Je me perds pendant quelques instants au milieu des grands tiroirs de mon bureau, mes mains fouillant le fond des caissons de bois surchargés par les échanges épistolaires et les paquets de feuilles. Il me faut trouver le papier adéquat avant de m’y mettre.

Je vais envoyer cette lettre moi-même. L’établissement recevra seulement l’offre d’emploi, et le destinataire sera ravi d’avoir de la main d’œuvre en plus, même si ce n’est pas par les voies officielles.

Si les gens avaient vent des tours de passe-passe qui se jouent sous la table chez les Premiers, ils feraient sans doute la révolution. Mais ils ne sont pas au courant, donc on s'en fiche ! (la morale à ne pas tirer de ce genre de texte…) :mrgreen:
Superbe :lol: :lol:


Sincèrement, je ne sais pas quoi te dire. C'est impressionnant, parce que j'ai l'impression que tes Méandres sont plus des chapitres « d'exercice de style », si je peux le formuler comme ça, mais ils ont un petit je-ne-sais-quoi… Bref. Ils me perturbent, mais ils sont géniaux. Vraiment magnifiques, tant en termes de qualité d'écriture que de fond… même si j'ai beaucoup de mal à les cerner.
Donc félicitations !

Bon courage, aussi, pour tes études et tes "semaines de révisions intensives" ;)
En fait c'est un peu ça! ;) enfin, je m'amuse aussi quand j'écris mes chapitres classiques, mais je ne sais pas, quand j'écris un Méandre, je me lâche carrément... Va savoir :lol:
Merci, je vais m'en sortir! D'ailleurs, je vais devenir adepte de la tachnique du "je réponds aux commentaires et je poste" je crois x)
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Mimori a écrit :Bonjour ! Quand j'ai vu que tu me parlais de rentrée dans l'un de tes commentaires, je me suis dit qu'il était plus que temps que je rattrape mon retard sur les parties treize et quatorze. Franchement, je m'en veux d'être aussi à la traîne, surtout que je suis beaucoup plus passée sur Booknode récemment que ces derniers mois.
Houlà, mais aucun souci voyons! Moi-même je vois tes commentaires, mais regarde le retard aveclequel je te réponds ^^' je crois qu'on est quittes :lol:
On découvre donc le petit don de Marie, pour le moins particulier, car j'ose imaginer ce qui passe par la tête de personnes peu fréquentables... elle a dû en apprendre, des potins et des choses beaucoup plus glauques ! Surtout au tout début, j'imagine que ça ne devait pas être facile de contrôler cette faculté. Du coup, ça rend le développement personnel des personnages encore plus intéressant, vu que ce point de vue intérieur-extérieur ("extérieur", car il s'agit de Marie, "intérieur", car tout comme un narrateur omniscient, elle a accès à leurs pensées les plus intimes) confirme ou rejette l'idée qu'on pourrait se faire d'eux.
Oui, je pense honnêtement que c'est plus une malédiction qu'un don :? Et c'est vrai qu'elle a du énormément s'adapter... Bon, elle y est arrivée! Mais elle a pas mal mangé avant x_x
La partie "méandres", quant à elle, est véritablement de saison ! On voit au début que la météo a inspiré son écriture... la pluie, le froid, la nuit qui tombe vite, que - du - bon - heur.

A quand la suite ? ;)
Bonne continuation, bises !
(Oui, parce que je fais la bise, maintenant)
Tes commentaires sont toujours beaucoup trop gentils ^-^ en tout cas, si tu aimes, ça me fait plaisir!
Haha, eh bah je te fais la bise aussi, alors! :D
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bon, je crois que je vais désormais appliquer la technique du "je réponds aux commentaires puis je poste", parce que sinon, avec tout ce que j'ai à faire, c'est un peu le bazar...
En espérant que ça vous convienne tout aussi bien!
Allez les enfants, dernier rush avant les vacances de Noël, et on se retrouvera tous autour d'un bon chocolat chaud!
En attendant, je vous poste la partie quinze pour vous aider à tenir!
Plein d'amour gelé,
Xhantia

Ps: Vous remarquerez l'incohérence spectaculaire de Jasmine qui range son violon au vu et au su de Marie alors qu'elle était censée ne pas l'avoir sorti depuis le départ. Mais vous ne la noterez pas, bien sûr.




Partie 15


Jasmine


Mes sentiments sont partagés. Je dirais même qu’en cet instant, ils sont déchirés en deux. Comme les partitions sur lesquelles je tentais de composer avant de me rendre compte que le rendu final était horriblement mauvais.

Je suis capable de tout refaire à l’oreille, mais je n’ai aucun talent lorsqu’il s’agit de créer une mélodie.

Chose exceptionnelle depuis quelques semaines, un grand soleil a pris la place des nuages blancs dans le ciel de ce matin. La lumière traverse la grande vitre dénuée de rideaux de notre chambre et illumine la pièce, faisant varier indéfiniment les motifs du sol et réchauffant notre peau alors que je m’affaire, avec Marie, à rassembler nos biens.

Bon, il faut l’admettre, c’est un peu le bazar : l’air a tiédi, et sous ma robe règlementaire en tissu épais, faite pour les climats froids, je commence à avoir très chaud.
Malgré cela, Marie s’active comme une hystérique. Son stress est contagieux. Il suinte par tous les pores de sa personne et vient trouver refuge auprès de moi. Comme si je n’étais pas assez nerveuse !

Je n’aime pas ce sentiment qui vous comprime le cœur et vous pousse à tout voir soit comme une urgence, soit comme un évènement intempestif.

Tandis que je réfléchis à la meilleure façon de ranger mon violon pour pouvoir tout mettre dans mon bagage, je me prends à observer mon amie courir d’un bout à l’autre de la pièce en dressant des listes inutiles de choses à vérifier et à faire. A chaque fois qu’elle se tourne où qu’elle se met à trottiner, épuisant son énergie pour rien, la clarté ambiante allume des reflets grenat dans son épaisse chevelure bouclée.

Actuellement, je pense que le mot parfait pour la décrire serait bel et bien : inutile.

Oh, bien sûr je ne parle pas d’elle au pied de la lettre !

Mais son comportement frise le ridicule. Quand elle est stressée, Marie sait aussi bien le cacher que moi. C’est-à-dire pas du tout.

Ça me fait de la peine de l’admettre.

Elle essaie de tout contrôler et se mêle des affaires des autres pour se changer les idées. Et ne parlons pas de ses interminables discours ! A chaque fois que quelque chose la tourmente, c’est la même chose : elle tourne en rond dans de grandes enjambées, elle s’agace pour un rien et se met à faire de longs monologues sur les évènements à venir. Elle use sa santé pour ce qui, de toute façon, va arriver, parce qu’elle ne sait pas faire autrement. Mais tout son cirque est… Inutile.

N’en pouvant plus de la voir s’agiter ainsi, je tente le dialogue :

« Tu devrais arrêter de stresser comme ça. Non seulement ça me met aussi mal à l’aise, mais en plus ça ne sert à rien. Tu as tout rangé, non ? Il n’y a plus qu’à attendre, Marie. Tu ne veux pas aller lire quelque chose à la bibliothèque pour te changer les idées ?

- Lire, c’est la dernière chose que j’ai envie de faire, elle grommelle en se laissant tomber sans aucune élégance sur son lit. Je ne suis pas une espèce de rat de bibliothèque comme Cynthia. J’ai juste envie d’en finir, là. Qu’on nous fasse tous monter dans des diligences, et qu’on s’en aille ! Quoique même une fois en route, nous avons tout le voyage à faire…

- On s’en va sans doute pour ne plus jamais se revoir. Tu nous accordes aussi peu d’importance, après tout ce temps ?

Elle fronce les sourcils, plonge son regard dans le mien. Je sais bien qu’elle n’est pas sereine, mais ses paroles m’ont blessée.

- Non, bien sûr que non, ça n’est pas ce que je veux dire…

- Je sais, ne t’en fais pas. Ma remarque n’était pas très délicate.

Je caresse inconsciemment le bois de mon violon tandis que mon amie se frotte les yeux. A contrejour, il m’est difficile de la regarder en face.

- C’est juste que ça fait beaucoup à digérer quand même… Actuellement, on fait nos valises. On va aller manger comme d’habitude. Aaron fera ses remarques débiles, et Dimitri va jeter des regards en coin à Cynthia parce qu’elle semble ne jamais rien écouter. Tu vas lui dire des choses gentilles et drôles, me voler mon dessert, et on va rigoler.

Le sourire qui naissait au coin de mes lèvres s’efface au fur et à mesure.

- Et puis après, on va partir. On va monter à plusieurs dans de grandes diligences, et les choses sérieuses vont commencer. Comme le destin est un peu taquin, il nous a presque tous placé dans des Maisons différentes. J’ai l’impression qu’entre ces deux moments, on va ériger un immense mur. Ça va trop vite pour moi. Et en plus, on n’est pas tous pris.

- Je ne comprends pas pourquoi Cynthia n’a rien reçu. C’est de loin une des meilleures de l’établissement.

- Il faut croire que les Premiers n’ont pas besoin des services de tout le monde. Elle va revenir après son entretien avec l’administration, elle nous expliquera ce qu’ils vont faire d’elle. De toute façon, il y a aussi des familles de Seconds qui emploient des domestiques. Elle va sans doute travailler pour eux.

- Mais pour ça, un courrier devrait au moins lui être adressé. Je ne pensais pas qu’il était possible de se retrouver bredouille après tout ce temps…

Sans vraiment y réfléchir, je sors mon instrument de mon bagage presque fini. Je suis bonne pour le refaire après. Cette pensée m’arrache une paradoxale étincelle d’amusement.

- On est naïfs, complète Marie après quelques instants d’un lourd silence. On ne sait rien du déroulement des choses. »

Je ne sais pas quoi lui répondre. Seule la cruelle étreinte de l’attente occupe mon esprit. L’attente de l’échéance de notre vie, et de celle de Cynthia. C’est injuste, et pourtant c’est ainsi.

Je baisse les yeux sur mon violon. Une brise se lève et fait onduler les branches nues des arbres, emportant quelques feuilles gelées des massifs en dormance. Un nuage, long et filiforme, prend sa place dans le ciel avec une lenteur pachydermique. Marie pose son visage las dans le creux de sa main. Je positionne l’instrument entre ma mâchoire et mon cou, et je fais glisser l’archet sur les cordes.

Les yeux noisette perçants de Marie, sa peau claire comme une aube de printemps, ses sourcils trop fins. Les autres élèves qui passent dans les couloirs en parlant plus bas que d’habitude, les grandes portes en fer forgé ouvertes de l’établissement, la sensation étouffante de la chaleur à travers ma robe. J’oublie tout. Le temps se fige. Les souvenirs reprennent vie.


C’est la fin de la saison froide. Les températures commencent à tiédir, et pour sortir en ville, je n’ai pas eu besoin d’enfiler mon gilet.

J’ai vu le cerf, immense et majestueux, m’observer depuis la lisière de la forêt opposée à notre maison. Aucune biche ne l’accompagnait encore. Son poil s’était épaissi pour l’hiver, et une feuille jaunie ornait ses bois aux nombreuses ramures.

Le temps d’aller faire le ménage dans la boutique de grand-père et de passer au marché, le ciel a pris ses couleurs chaudes, prêt à tirer sa couette étincelante sur le monde. La lumière pare le petit chemin de terre menant jusqu’à la maison de teintes dorées, découpant l’ombre de grands chênes. Lorsque j’ouvre la lourde porte grinçante, je suis accueillie par le bruit de l’âtre crépitant et le parfum de la nourriture qui mijote.

Mon grand-père, pour une fois, a retiré ses habits de travail. Il porte une belle chemise blanche, achetée il y a longtemps, avec un pantalon coupé droit datant de la dernière mode que j’ai dû recoudre plusieurs fois. D’une démarche quelque peu claudicante, il s’active sur la grande table en face du feu. Il découpe une pièce de viande d’un geste sûr quoiqu’un peu tremblant, puis la met à cuire dans la grande marmite posée sur le foyer. A peine suis-je entrée qu’il se tourne vers moi et m’accueille avec sa bonne humeur habituelle.

« Ah, ma petite fille ! Alors, comment s’est passé ton après-midi ?

- Bien, papy ! J’ai été commander du bois pour l’hiver prochain au garde forestier. Il viendra discuter de la quantité dans trois jours. Et ton magasin est propre comme un sou neuf.

- Merci beaucoup, Jasmine. Mes vieux os sont trop grognons pour me laisser faire des acrobaties, maintenant.

- Comment tu vas faire, cet été ? Je le questionne.

Je suis inquiète et triste à la fois de partir et le laisser seul. Il est trop âgé pour accomplir un certain nombre de tâches.

- Ne t’inquiète pas ma grande, je ne vais pas me laisser aller parce que tu seras partie vivre ta vie. Je comprends ton inquiétude, il me répond en m’invitant à m’asseoir. Tu te souviens d’Helga ?

- La dame qui vit seule dans le centre-ville ? Celle avec qui tu aidais à faire les potagers lorsqu’il faisait beau ?

- Oui, c’est elle, il me confirme. Comme tu le sais, nous sommes amis de longue date, et elle est veuve. Je lui ai proposé de venir vivre ici lorsque tu seras partie. Elle m’aidera comme tu l’as fait, et cela nous permettra de ne pas vivre seuls.

Instinctivement, j’enroule mes bras autour de lui.

- Je suis soulagée !

- Tu ressembles à ta mère, toi, il commente d’un ton amusé en me rendant mon étreinte. Toujours à t’inquiéter pour un rien. Oh, et tant que j’y pense, j’ai une surprise pour toi-



Je rouvre les yeux en sursautant. L’archet râpe les cordes, produisant un vilain son suraigu. Marie, qui semblait presque sereine jusque-là, écarquille les yeux vers un point qui semble se situer derrière moi. La porte de la chambre s’ouvre à la volée ; le courant d’air produit fait virevolter mes mèches pâles.

En tournant la tête, je découvre une Cynthia au souffle court et à l’expression surprise. Elle ouvre la bouche, puis la referme. Après quelques secondes de respiration laborieuse, elle s’approche de nous et brandit devant nos yeux un papier que je ne reconnais pas immédiatement.

C’est lorsque Marie laisse échapper un hoquet de surprise que je distingue le sceau apposé sur la lettre : un étourneau en plein vol.

Les armoiries de la Maison Hafferyn.

Cynthia nous confirme dans un souffle ce que nous venons de comprendre.

« Ils ont dit que l’intendance avait envoyé ses réponses en retard… Je suis prise. »
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

Xhantia a écrit :Bon, je crois que je vais désormais appliquer la technique du "je réponds aux commentaires puis je poste", parce que sinon, avec tout ce que j'ai à faire, c'est un peu le bazar...
En espérant que ça vous convienne tout aussi bien!
Allez les enfants, dernier rush avant les vacances de Noël, et on se retrouvera tous autour d'un bon chocolat chaud!
En attendant, je vous poste la partie quinze pour vous aider à tenir!
Plein d'amour gelé,
Xhantia

Ps: Vous remarquerez l'incohérence spectaculaire de Jasmine qui range son violon au vu et au su de Marie alors qu'elle était censée ne pas l'avoir sorti depuis le départ. Mais vous ne la noterez pas, bien sûr.

Ughhh, je suis à la bourre. Mais ça me surprend que personne n'ait pas commenté jusque là… En tout cas, toutes mes excuses pour ce commentaire qui a beaucoup trop tardé à venir… :oops:




Partie 15


Jasmine


Mes sentiments sont partagés. Je dirais même qu’en cet instant, ils sont déchirés en deux. Comme les partitions sur lesquelles je tentais de composer avant de me rendre compte que le rendu final était horriblement mauvais.

Je suis capable de tout refaire à l’oreille, mais je n’ai aucun talent lorsqu’il s’agit de créer une mélodie. Argh, parle-moi de quelque chose que je connais…

Chose exceptionnelle depuis quelques semaines, un grand soleil a pris la place des nuages blancs dans le ciel de ce matin. La lumière traverse la grande vitre dénuée de rideaux de notre chambre et illumine la pièce, faisant varier indéfiniment les motifs du sol et réchauffant notre peau alors que je m’affaire, avec Marie, à rassembler nos biens.

Bon, il faut l’admettre, c’est un peu le bazar : l’air a tiédi, et sous ma robe règlementaire en tissu épais, faite pour les climats froids, je commence à avoir très chaud.
Malgré cela, Marie s’active comme une hystérique. Son stress est contagieux. Il suinte par tous les pores de sa personne et vient trouver refuge auprès de moi. Comme si je n’étais pas assez nerveuse ! Est-ce que c'est parce que Marie est trop stressée, Jasmine trop empathique, ou un peu des deux ? :P

Je n’aime pas ce sentiment qui vous comprime le cœur et vous pousse à tout voir soit comme une urgence, soit comme un évènement intempestif. Empathique et nerveuse ? La combinaison mortelle… :lol:

Tandis que je réfléchis à la meilleure façon de ranger mon violon pour pouvoir tout mettre dans mon bagage, je me prends à observer mon amie courir d’un bout à l’autre de la pièce en dressant des listes inutiles de choses à vérifier et à faire. A chaque fois qu’elle se tourne où qu’elle se met à trottiner, épuisant son énergie pour rien, la clarté ambiante allume des reflets grenat dans son épaisse chevelure bouclée.

Actuellement, je pense que le mot parfait pour la décrire serait bel et bien : inutile. OUCH ! :lol:

Oh, bien sûr je ne parle pas d’elle au pied de la lettre !

Mais son comportement frise le ridicule. Quand elle est stressée, Marie sait aussi bien le cacher que moi. C’est-à-dire pas du tout. Les filles, faut vraiment apprendre à vous calmer… imaginez quand vous devrez préparer de gigantesques réceptions pour trois ou quatre cent invités…

Ça me fait de la peine de l’admettre.

Elle essaie de tout contrôler et se mêle des affaires des autres pour se changer les idées. Et ne parlons pas de ses interminables discours ! A chaque fois que quelque chose la tourmente, c’est la même chose : elle tourne en rond dans de grandes enjambées, elle s’agace pour un rien et se met à faire de longs monologues sur les évènements à venir. Elle use sa santé pour ce qui, de toute façon, va arriver, parce qu’elle ne sait pas faire autrement. Mais tout son cirque est… Inutile. Argh. Je déteste ce genre de personnes. Elles se prennent beaucoup trop la tête pour rien, à mon goût, j'ai beaucoup de mal à supporter. (Comment je supporte ma meilleure amie, moi, du coup ? XD)

N’en pouvant plus de la voir s’agiter ainsi, je tente le dialogue :

« Tu devrais arrêter de stresser comme ça. Non seulement ça me met aussi mal à l’aise, mais en plus ça ne sert à rien. Tu as tout rangé, non ? Il n’y a plus qu’à attendre, Marie. Tu ne veux pas aller lire quelque chose à la bibliothèque pour te changer les idées ?

- Lire, c’est la dernière chose que j’ai envie de faire, elle grommelle en se laissant tomber sans aucune élégance sur son lit. Je ne suis pas une espèce de rat de bibliothèque comme Cynthia. Eh ! Pas cool. J’ai juste envie d’en finir, là. Qu’on nous fasse tous monter dans des diligences, et qu’on s’en aille ! Quoique même une fois en route, nous avons tout le voyage à faire…

- On s’en va sans doute pour ne plus jamais se revoir. Tu nous accordes aussi peu d’importance, après tout ce temps ?

Elle fronce les sourcils, plonge son regard dans le mien. Je sais bien qu’elle n’est pas sereine, mais ses paroles m’ont blessée.

- Non, bien sûr que non, ça n’est pas ce que je veux dire…

- Je sais, ne t’en fais pas. Ma remarque n’était pas très délicate.

Je caresse inconsciemment le bois de mon violon tandis que mon amie se frotte les yeux. A contrejour, il m’est difficile de la regarder en face.

- C’est juste que ça fait beaucoup à digérer quand même… Actuellement, on fait nos valises. On va aller manger comme d’habitude. Aaron fera ses remarques débiles, et Dimitri va jeter des regards en coin à Cynthia parce qu’elle semble ne jamais rien écouter. Tu vas lui dire des choses gentilles et drôles, me voler mon dessert, et on va rigoler.

Le sourire qui naissait au coin de mes lèvres s’efface au fur et à mesure.

- Et puis après, on va partir. On va monter à plusieurs dans de grandes diligences, et les choses sérieuses vont commencer. Comme le destin est un peu taquin, il nous a presque tous placé dans des Maisons différentes. J’ai l’impression qu’entre ces deux moments, on va ériger un immense mur. Ça va trop vite pour moi. Et en plus, on n’est pas tous pris. C'est sûr que, vu comme ça, il y a de quoi bouleverser… mais je continue à penser qu'elles sont bieeeen trop stressées.

- Je ne comprends pas pourquoi Cynthia n’a rien reçu. C’est de loin une des meilleures de l’établissement. Si notre cher Méandre s'en mêle, tout se passera bien, je pense… Ou pas ? :mrgreen:

- Il faut croire que les Premiers n’ont pas besoin des services de tout le monde. Elle va revenir après son entretien avec l’administration, elle nous expliquera ce qu’ils vont faire d’elle. De toute façon, il y a aussi des familles de Seconds qui emploient des domestiques. Elle va sans doute travailler pour eux.

- Mais pour ça, un courrier devrait au moins lui être adressé. Je ne pensais pas qu’il était possible de se retrouver bredouille après tout ce temps…

Sans vraiment y réfléchir, je sors mon instrument de mon bagage presque fini. Je suis bonne pour le refaire après. Cette pensée m’arrache une paradoxale étincelle d’amusement. Je connais…

- On est naïfs, complète Marie après quelques instants d’un lourd silence. On ne sait rien du déroulement des choses. » Yep, bien vu.

Je ne sais pas quoi lui répondre. Seule la cruelle étreinte de l’attente occupe mon esprit. L’attente de l’échéance de notre vie, et de celle de Cynthia. C’est injuste, et pourtant c’est ainsi.

Je baisse les yeux sur mon violon. Une brise se lève et fait onduler les branches nues des arbres, emportant quelques feuilles gelées des massifs en dormance. Un nuage, long et filiforme, prend sa place dans le ciel avec une lenteur pachydermique. Marie pose son visage las dans le creux de sa main. Je positionne l’instrument entre ma mâchoire et mon cou, et je fais glisser l’archet sur les cordes.

Les yeux noisette perçants de Marie, sa peau claire comme une aube de printemps, ses sourcils trop fins. Les autres élèves qui passent dans les couloirs en parlant plus bas que d’habitude, les grandes portes en fer forgé ouvertes de l’établissement, la sensation étouffante de la chaleur à travers ma robe. J’oublie tout. Le temps se fige. Les souvenirs reprennent vie.


C’est la fin de la saison froide. Les températures commencent à tiédir, et pour sortir en ville, je n’ai pas eu besoin d’enfiler mon gilet.

J’ai vu le cerf, immense et majestueux, m’observer depuis la lisière de la forêt opposée à notre maison. Oh ! J'adore les cerfs ! (Bon, j'adore la grande majorité des animaux, sauf peut-être les vers de terre, scorpions et araignées, donc… ^-^) Aucune biche ne l’accompagnait encore. Son poil s’était épaissi pour l’hiver, et une feuille jaunie ornait ses bois aux nombreuses ramures.

Le temps d’aller faire le ménage dans la boutique de grand-père et de passer au marché, le ciel a pris ses couleurs chaudes, prêt à tirer sa couette étincelante sur le monde. La lumière pare le petit chemin de terre menant jusqu’à la maison de teintes dorées, découpant l’ombre de grands chênes. Pour le coup, je suis un peu sceptique sur la tournure de cette phrase… mais ce n'est peut-être que moi… Lorsque j’ouvre la lourde porte grinçante, je suis accueillie par le bruit de l’âtre crépitant et le parfum de la nourriture qui mijote.

Mon grand-père, pour une fois, a retiré ses habits de travail. Il porte une belle chemise blanche, achetée il y a longtemps, avec un pantalon coupé droit datant de la dernière mode que j’ai dû recoudre plusieurs fois. D’une démarche quelque peu claudicante, il s’active sur la grande table en face du feu. Il découpe une pièce de viande d’un geste sûr quoiqu’un peu tremblant, puis la met à cuire dans la grande marmite posée sur le foyer. A peine suis-je entrée qu’il se tourne vers moi et m’accueille avec sa bonne humeur habituelle.

« Ah, ma petite fille ! Alors, comment s’est passé ton après-midi ?

- Bien, papy ! J’ai été commander du bois pour l’hiver prochain au garde forestier. Il viendra discuter de la quantité dans trois jours. Et ton magasin est propre comme un sou neuf.

- Merci beaucoup, Jasmine. Mes vieux os sont trop grognons pour me laisser faire des acrobaties, maintenant.

- Comment tu vas faire, cet été ? Je le questionne.

Je suis inquiète et triste à la fois de partir et le laisser seul. Il est trop âgé pour accomplir un certain nombre de tâches.

- Ne t’inquiète pas ma grande, je ne vais pas me laisser aller parce que tu seras partie vivre ta vie. Je comprends ton inquiétude, il me répond en m’invitant à m’asseoir. Tu te souviens d’Helga ?

- La dame qui vit seule dans le centre-ville ? Celle avec qui tu aidais à faire les potagers lorsqu’il faisait beau ?

- Oui, c’est elle, il me confirme. Comme tu le sais, nous sommes amis de longue date, et elle est veuve. Je lui ai proposé de venir vivre ici lorsque tu seras partie. Elle m’aidera comme tu l’as fait, et cela nous permettra de ne pas vivre seuls.

Instinctivement, j’enroule mes bras autour de lui.

- Je suis soulagée !

- Tu ressembles à ta mère, toi, il commente d’un ton amusé en me rendant mon étreinte. Toujours à t’inquiéter pour un rien. Oh, et tant que j’y pense, j’ai une surprise pour toi-



Je rouvre les yeux en sursautant. L’archet râpe les cordes, produisant un vilain son suraigu. Marie, qui semblait presque sereine jusque-là, écarquille les yeux vers un point qui semble se situer derrière moi. La porte de la chambre s’ouvre à la volée ; le courant d’air produit fait virevolter mes mèches pâles.

En tournant la tête, je découvre une Cynthia au souffle court et à l’expression surprise. Elle ouvre la bouche, puis la referme. Après quelques secondes de respiration laborieuse, elle s’approche de nous et brandit devant nos yeux un papier que je ne reconnais pas immédiatement.

C’est lorsque Marie laisse échapper un hoquet de surprise que je distingue le sceau apposé sur la lettre : un étourneau en plein vol.

Les armoiries de la Maison Hafferyn. Le seul petit souci, c'est que nous ne savons pas si la maison est importante ou non…

Cynthia nous confirme dans un souffle ce que nous venons de comprendre.

« Ils ont dit que l’intendance avait envoyé ses réponses en retard… Je suis prise. » Méandre, dans toute sa splendeur, a frappé. Bon, la question, c'est maintenant de savoir comment ils vont s'en sortir, paumés aux quatre coins du pays.


Je suis très sincèrement désolée pour cet énorme retard. Je sais ce que ça fait quand on n'a pas de retour, c'est loin d'être agréable. J'aime beaucoup les points de vue de Jasmine, en tout cas, même si Cynthia me manque un peu.
Rien à dire sur ton texte, il est toujours aussi bon qu'à l'accoutumée. La seule chose qui manque, peut-être, c'est pour nous lecteurs, une bonne connaissance des maisons… Mais on ne peut pas tout avoir, non ? 8-)
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