Hasard - tome 2

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
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sara14

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Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Cette histoire est une suite. Si vous n'avez pas lu "Hasard", je vous conseille de la lire avant de lire les chapitres qui suivent. Voici le lien du premier tome : https://booknode.com/forum/viewtopic.php?f=33&t=259565. Alors je vous souhaite une bonne lecture et n'oubliez pas de me laisser vos commentaires :lol:

Chapitre 1 :
  Mon cœur bat cent pulsations à la minute. Je respire difficilement et j’ai l’impression que je ne vais pas tarder à exploser ou mourir plutôt. Ma conscience me crie de courir, de m’éloigner de ce meurtrier mais je n’arrive plus à bouger. Mes joues deviennent rouges et mon sang brûle dans mon corps. C’est de ma faute aussi ! Si je n’avais pas réagi comme ça au regard doux et tendre de Pierre, je ne serais pas en face de cet homme où l’heure de ma mort ne se limite à seulement quelques minutes. Comment j’ai pu être aussi stupide de croire que Pierre me demanderait en mariage aussi ?
  Tout d’un coup, sans rien voir venir, ce dernier se place devant moi et me pousse en arrière. Non, il ne peut pas rester là, c’est trop dangereux. J’essaie de me calmer mais je n’y arrive pas. Je ne suis plus en capacité de gérer mes émotions. Mon cœur s’accélère de plus en plus vite. Non. Pas lui, pas Pierre ! Je ne veux pas mourir dans ses bras ou inversement. Il mérite de vivre, d’avoir un bon travail, de se marier, de fonder une famille. Je tombe à genoux, le suppliant de partir. Mes joues chaudes sont recouvertes de larmes à présent. Il faut que je réagisse mais là je n’ai vraiment pas d’idée. Je me prends le visage entre les mains, je dois être en train de rêver. C’est impossible ! Réveillez-moi !
  Avec le sentiment de tomber au fond d’un gouffre noir, je vois l’homme habillé en noir appuyer sur la détente, visant Pierre. Je ferme les yeux au moment où il tire. Je sens son corps tressauter puis s’écrouler à mon côté. En larmes, je tombe à ses pieds et me colle contre lui. Pierre me regarde fixement, ses yeux noisette en proie au déclin. Il vient de lui tirer une balle dans l’épaule. En baissant la tête, je vois mes mains et mes jambes toutes tremblantes. Tout à coup, une bouffée glaciale me traverse le corps.
— Pierre ! Non pas toi… pas toi ! Ne me quitte pas, s’il te plait ! J’ai besoin de toi ! Je ne supporterai jamais cette épreuve toute seule. Reste pour moi comme tu l’avais dit dans ton poème.
  J'ai beau essayé de me maitriser, son épaule saigne comme pas permis et lui arrache des cris de douleur. S’il pouvait savoir combien j'ai besoin de lui. Soudain son poème refait surface en moi et je me le récite mentalement. Je dois faire quelque chose et vite ! Sa vie est en danger. Je regarde autour de moi puis étudie mes vêtements, mais oui ! La ceinture, pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ? En tâtonnant le bas de mon tee-shirt, je remarque que je n'en ai pas. Non, pas maintenant : le seul jour où j’ai décidé de ne pas la mettre est le jour où j’en ai le plus besoin. Peut-être que Pierre… Je soulève doucement le bas de son tee-shirt et trouve enfin ce que je cherche. Je la desserre avec mille précautions. Avec mes mains agiles et délicates, je m’applique à lui enlever sa ceinture. Une fois finie, je passe la sangle autour de son bras, un peu en dessous de sa blessure et la serre pour éviter que le sang se propage vers sa blessure.
  Je caresse son visage pâle, le rassure en lui disant que tout va bien se passer, même si dans ma voix, je cherche seulement à me calmer moi-même. Je passe ma main dans sa chevelure pour le calmer à ma manière. Je fredonne quelques chansons qu’il m’avait apprises récemment. Son souffle est chaud et sa respiration plus que jamais accélérée. J’essaie de me calmer moi-même mais j’ai du mal. Je ressens de la culpabilité et de la pitié de le voir dans cet état par ma faute.
  Pierre ferme les yeux et j'essaie d'écouter à nouveau son cœur pour vérifier si ce n'est pas ce que je pense. Je reste collée contre lui, la tête posée sur son torse et gardant toujours mon emprise sur la sangle. Ma vue se trouble et tout devient noir. J’entends soudain des voix qui crient mon nom et celui de Pierre. Je dois être en train de devenir folle. Mes pensées se perdent dans ma mémoire. Le contact de Pierre est tout ce qu’il me reste avant de sombrer dans le néant. Réveillez-moi, je vous en supplie…

  Je me réveille dans une pièce éclairée par la lumière du soleil, allongée sur un lit. Mélanie et Spencer sont penchées sur moi.
— Où est Pierre ? Il faut que je le voie.
  Je me lève rapidement de mon lit. Encore dans un hôpital ?
— Mariam, reste allongée, s’il te plait. Tu tiens à peine debout, me soutient Spencer.
— Dis-moi où se trouve Pierre, j’ai besoin de le voir. Je veux être rassurer. Laisse-moi le voir.
  Après un bref regard interrogateur lancé à Spencer, Mélanie passe un bras sous mes épaules pour me soutenir et me conduit hors de la pièce. Aidée de Spencer, j’essaie d’accélérer mon allure mais mon état physique m’empêche d’y voir clair. Quand j’aurai vu Pierre, tout ira mieux. Beaucoup mieux. Nous longeons sans faire de bruit le couloir. Je viens juste de remarquer que je suis pieds nus. J’aurais dû enfiler une paire de chaussettes avant de sortir précipitamment de mon lit. Au bout du couloir, nous croisons des garçons, les garçons que j’ai rencontré au bar. Je suis contente de les revoir. Ils attendent eux aussi devant la chambre de Pierre. Je m’apprête à rentrer quand un des garçons me barre la route.
— Le médecin nous a demandé de rester dehors, dit-il en me retenant doucement par le bras.
— Mais je veux vraiment le voir, laisse-moi entrer. Je ne serai pas très longue, promis.
  Il hésite quelques secondes puis me laisse entrer. Ayant lui-même une petite amie, je vois dans son regard qu’il comprend mes craintes sachant que Pierre ne se porte pas bien. Je referme discrètement la porte et le rejoins doucement à son chevet et m'assois au bord du lit. Il est endormi, le choc a dû être terrible. Je regrette d’avoir réagi comme ça et c’est de ma faute s’il est ici. Mais je dois arrêter de culpabiliser ! Je me suis promise d’arrêter de pleurer mais quand je remarque le sang sec le long de son bras, je dois redoubler d’efforts pour refouler mes larmes. Je me mords la lèvre inférieure à en avoir mal pour ne pas éclater en sanglots. C’est la première fois que je vois autant de sang et ça me donne la nausée. Je pose mon regard flouté sur son épaule valide. Je caresse d’une délicatesse infinie sa joue puis remonte ma main dans sa chevelure en bataille.
— Excuse-moi de t’avoir fait endurer tous ces malheurs, Pierre. Je m’en veux terriblement, tu ne peux pas savoir à quel point.
  Je sais que mes paroles ne vont pas le réveiller mais j’ai besoin de lui parler même s’il ne m’entend pas.
— Je regrette tout depuis le début. Mais s’il te plait, j’ai besoin de toi. Reste avec moi. Je t’aime. Je ne supporterai pas de te perdre comme toi tu as failli me perdre.
  Je pose ma tête contre son cœur. Ma chevelure se soulève à chacune de ses respirations. Comment j’ai pu croire qu’il me demandait en mariage ? Sans prévenir, la porte s’ouvre brusquement et un homme muni d’une longue blouse blanche fait son apparition dans la pièce. Il parait surpris de me voir ici. Mince… avant d’entrer, j’avais promis de ne pas tarder, j’ai complètement oublié.
— Qu’est-ce que vous faites là, jeune fille ? Il n’est pas autorisé à recevoir de la visite. Je vais vous demander de sortir…
— Comment il va ? Je suis désolée, je sais que je n’avais pas le droit d’entrer mais je voulais absolument le voir. Ce n’est pas trop grave ce qu’il a, j’espère ?
— Je vais vous demander de sortir, me répète-t-il cette fois-ci avec une voix plus sévère.
  Quand je m’apprête à me lever et à tourner les talons vers la sortie, je sens une main faible attraper mon poignet et me fait tourner. Entre le regard fatigué de Pierre et celui du docteur énervé, je ne sais plus quoi faire.
— Reste, s’il te plait, me supplie-t-il d'une voix faible.
  Finalement, je décide de caresser une dernière fois sa joue et je dépose un doux baiser sur son front puis je quitte la salle le cœur léger. A la sortie, j’ai le droit à tous les sourires de mes amis.
  Mélanie et Spencer me raccompagnent dans ma chambre. Mon infirmière me passe aussi un savon quand elle a vu que j’ai filé en douce. Mais je m’en moque, je suis rassurée de savoir que Pierre va bien et ça me suffit.

Chapitre 2 :
  Une semaine s’est écoulée depuis. Heureusement, Pierre va beaucoup mieux et je peux enfin dormir sur mes deux oreilles. Et ça fait une semaine aussi que je ne l'ai pas vu, je veux le laisser un peu souffler. Quand j'ai ramené Pepito à la maison, maman a tout de suite dit oui pour le garder avec nous. Par contre quand je lui ai raconté pour Pierre, son visage s'est décomposé. Bien sûr, je me suis gardée de lui dire la vraie raison qui m'a poussé à me retrouver seule encore une fois devant ce criminel.
  Ça a été une toute autre histoire quand je l'ai raconté à Céleste et Romain, j’ai eu le droit à leur interrogatoire interminable : quand, pourquoi ? Ils voulaient tout en détail. J'ai hésité à lui développer le pourquoi du comment mais finalement, je lui ai tout déballé.
  Quand je finis de tout leur raconter, Céleste est complètement surprise et charmée par la demande que Pierre m'a faite. Si elle pouvait savoir combien j'aime ce garçon, même moi je serais incapable de caractériser mon amour pour lui. Ce que je ressens pour lui est profond, intense... même plus que les sentiments que j'avais pour Jude.
  Et pourtant cet après-midi, j'ai décidé de le passer seule dans ma chambre. L’avantage que j’ai d’être en seconde, c’est que le vendredi, je finis les cours à quinze heures. Je m'applique à ranger tranquillement ma chambre en écoutant mes musiques préférées. Je passe du temps à dépoussiérer ma commode, remettre les tapis en place après avoir passé l'aspirateur.
  Mais ce que je trouve étrange, c'est ce que je remarque sur le rebord de ma fenêtre. A croire que je ne l'avais jamais remarqué. Un bout de tissu noir est coincé dans un des coins de la fenêtre. Ce ne serait quand même pas à mon agresseur qui me traque où que je sois ? Rien que revoir dans ma tête Pierre s'écrouler à mes pieds, j'ai envie d'éclater en sanglots. Mais je ne peux pas, je lui ai promis d'être forte quel que soit la situation. Soudain des frissons parcourent mon corps. Comment j'ai pu ne pas m'en rendre compte avant ? Depuis tout ce temps-là, ce bout de tissu est là et je ne m’en suis pas rendue compte ! C’est à peine si c’est flippant.
  Mes parents sont au travail et je ne vais pas déranger ma mère pour lui dire quelque chose qu'elle ne pourra régler qu'une fois arrivée à la maison. Et je ne peux pas me permettre de toucher le tissu, sous peine d'y laisser mes empreintes. Je préfère attendre que ma mère revienne pour voir ce qu’on en fera. En attendant, je dois me changer les idées et vite. Je nettoie rapidement mes chaussures et file sous la douche après avoir vérifié que toutes les fenêtres sont bien fermées.
  Il fait trop chaud dehors ! Depuis le début de la semaine, une canicule englobe toute la France. Heureusement que j'ai mis une serviette toute mouillée sur la porte de ma chambre, histoire de rafraîchir un peu la pièce avec les trente-cinq degrés de dehors. Sous la douche, je m’arrose le corps d'eau froide. Même si je déteste quand c'est aussi froid, je sais que ça fait du bien à la peau.
  J'ôte pour une robe de cocktail bleue marine et ajoute un beau ruban bleu clair à la taille. Ce soir, j'ai un mariage : une amie à ma mère se marie et ma tendre mère tient à ce que j'y aille. Sauf que faire la fête, danser, ce n’est pas trop mon truc. Moi, c’est plutôt passer mes soirées seule sauf quand Pierre passe la nuit ici. Elle veut que je sois prête quand elle va revenir me chercher. Je profite du peu de temps qu'il me reste pour me faire un chignon tressé avec mèches ondulées et l'embellis avec un bijou blanc. Voilà, je crois que je suis prête. En fait non, je m'applique un peu de fond de teint, mets du fard à paupières et ajoute du gloss sur les lèvres et c'est bon. Là je suis prête. Je vais m'asseoir sur mon lit et évite de trop bouger pour ne pas faire de plis à ma robe.
  Sans surprise, mon téléphone sonne. Céleste. Elle aussi vient avec nous, je ne compte quand même pas rester seule toute la soirée. D'autant plus que ma mère va passer le plus clair de la fête avec les mariés. Je lui demande de sortir de chez elle car elle habite dans la rue d'à côté. J’en profite pour faire de même : je sors de chez moi et referme la porte à clé derrière moi. Quelques secondes plus tard, je croise Céleste et ma mère arrive en même temps. Nous montons toutes les deux à l'arrière de la voiture et sommes toutes excitées.

  À vingt heures, nous arrivons devant la salle de fêtes. En fait nous ne sommes pas au mariage officiel avec la mairie et tout le reste, on est plutôt dans une grande salle pour la soirée tous ensembles comme une grande famille. Ma mère nous donne quelques consignes puis part rejoindre la mariée, nous laissant seules. Premièrement, avec ma meilleure amie on part se servir au bar : on prend deux verres de cocktail sans alcool. Je la dévisage. Elle porte une robe smockée rouge à plus blancs, j'adore son style. Elle arrive toujours à se démarquer de la foule ! Mais son maquillage fait ressortir son regard doux et ses cheveux sont lâchés. Ça faisait longtemps qu'on n'était pas sorties toutes les deux. Il faut dire qu'avec les devoirs et les contrôles, on n'a plus le temps de rien faire... mais bon, on n'est pas là pour parler de cours !
  Nous finissons nos verres et je l’entraine sur la piste de danse. La salle de fêtes se résume à un bar, des tables disposées le long des murs et un DJ qui s'occupe de la musique (rock pour le moment). Et je trouve ça énorme ! J'aime passer du temps avec Céleste, dès qu'on peut, on fait les folles. Au bout de vingt minutes, je meurs de chaud. Je préviens mon amie que je quitte la piste reprendre mon souffle et sors rapidement pour me retrouver sur la terrasse.
  Ah ! Enfin de l'air frais ! Je souffle un bon coup et me laisse tomber sur un transat. Ma chaleur corporelle redescend à une vitesse phénoménale et je peux enfin fermer les yeux pour me relaxer.
— Mariam ?
— Qu'est-ce que tu fais là ? je demande, surprise de voir Pierre en ouvrant les yeux.
— Marie est amie avec la mariée, ta mère aussi je pense.
— Oui, j'affirme en me levant pour le rejoindre. Ton bras va mieux ?
— Heureusement oui, j'ai encore la marque mais c'est presque parti. Pourquoi tu n'as pas appelé cette semaine, il s'est passé quelque chose ?
— Non, non rien de grave. Je voulais juste te… laisser un peu tranquille.
— Tu sais que tu ne me déranges jamais.
— Oui je sais mais tu me connais...
  J'ai à peine le temps de finir ma phrase qu'il m'attire vers lui et me prend dans ses bras. Dans ses bras costauds, je peux y rester indéfiniment. Je renforce mon étreinte de mes petits bras.
— Ça fait bizarre de te voir en costume, je dis en rigolant.
— Et moi de te voir dans une aussi belle robe, murmure-t-il en déposant un baiser sur mon cou ce qui me fait frémir de plaisir et mon visage devient tout rouge.
— Je te dis d'avance, Pierre. Tu n'as pas intérêt à me décoiffer sinon tu vas le regretter. J'ai passé énormément de temps à faire ce chignon alors pas touche à mes cheveux, ce soir. Du moins, tant que nous sommes toujours ici.
  Je le mets en garde à moitié sérieuse. Il me regarde droit dans les yeux pendant un instant puis se soumet à ma règle. Mon cœur chavire quand il dit :
— Ta robe fait ressortir le bleu éphémère de tes yeux. Tu es venue seule ?
— Non, ma mère est là. Céleste aussi, tu veux venir avec nous ? Je ne pensais pas m'éterniser autant mais je dois rentrer maintenant, ça fait un moment qu'elle est seule.
— D'accord mais pas plus d'une heure. Je vais à une autre soirée après. Avec mes potes, on va fêter nos résultats de bac blanc même si ça fait un moment qu'on les a. Un peu comme un dîner de classe.
  Je fronce aussitôt les sourcils. Ça ne m'enchante pas trop qu'il parte à une autre soirée. Je sais déjà comment ça va finir : bières, alcool, cigarettes et j'en passe. Mais je garde mes pensées pour moi, je lui parlerai avant qu'il parte. Pour le moment, profitons du peu de temps qu'il nous reste ensemble. Il me demande de me détendre quand il voit mon visage s'assombrir. Je le serre une dernière fois dans mes bras, pouvant sentir à nouveau son parfum que j’adore puis il me prend la main et nous partons rejoindre Céleste.
  Quand je rejoins enfin mon amie, je me rends compte que Pierre n’est plus là. Mais où il est passé ? Je le trouve et le reperds une deuxième fois… génial. Soudain, la musique s’arrête mais c’est bizarre, puisque ça n’a pas l'air d'un problème technique. Elle a été arrêtée volontairement. Je sens mon cœur rater un battement quand je vois Pierre se diriger vers moi, un micro dans la main. Sa voix est aussi douce depuis le premier jour où il m’a appris à chanter. Cette mélodie me transporte dans un univers complètement différent, serein et merveilleux. Il me prend la main et c’est sous le regard ébahi de la salle que je commence à chanter. Ne pensant plus qu’à nos deux voix synchronisées, je me laisse chavirer par le parfait équilibre entre nous. Il faut dire que c’est une première pour moi : ok j’adore chanter c’est vrai, mais devant un public c’est la première fois ! Pourtant je ne ressens aucune pensée négative et encore moins de sentir des papillons dans le ventre.
  A la fin de notre duo, la foule nous acclame et nous applaudit. Toute émue, je m’accroche au bras de Pierre quand des personnes viennent nous aborder. Mais je ne veux pas voler la star de la soirée, alors je passe quelques minutes à répondre aux questions puis je dis :
— Veuillez faire un tonnerre d’applaudissements pour nos chers amis Rose et Willian. Longue vie aux mariés et puisse leur couple être heureux à jamais !
Dernière modification par sara14 le lun. 01 janv., 2018 5:51 pm, modifié 4 fois.
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Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Chapitre 3 :
  Finalement, j’ai réussi à persuader Pierre de ne pas y aller. Je suis allée droit au but : je lui dis que je ne veux pas qu'il boive comme il l'avait fait il y a longtemps à la campagne et que ça me fait mal au cœur. Après avoir bien réfléchi, il m'annonce qu'il préfère rester avec moi pour me surveiller. Une grande partie de la salle garde les yeux rivés sur nous avec notre duo « sensationnel », d'après ma mère. Epuisée, Céleste m’annonce qu’elle veut partir au bout de deux heures. Même si on est samedi demain, elle rentre tôt pour une fois. Je l'attrape par le bras au moment où elle s'apprête à partir :
— Ne t'inquiète pas pour moi. Je suis juste un peu fatiguée mais ça va, sois tranquille. Vas plutôt danser avec ton Roméo ! Me lance-t-elle avec un clin d'œil.
  Je la lâche après lui avoir fait un câlin et retourne voir mon « Roméo ».
— Qu'est-ce qui te fait sourire autant ? Demande-t-il en me faisant tourner sur moi-même.
— Elle m'a dit d'aller retourner danser avec mon Roméo.
— Dans ce cas, ma gente dame Capulet, dit-il en mettant un genou à terre, voudriez-vous bien m'accorder cette danse ?
— Pierre, lève-toi tout de suite, je murmure. On va croire que tu me demandes en mariage !
— C'est ce que je compte faire d'ailleurs mais je sais que tu ne veux pas car on est trop jeunes pour le moment. Mais je te préviens, il est hors de question que je me fasse devancer par un autre. J'ai failli te perdre plusieurs fois alors ne me brise pas le cœur, je t'aime.
  À cette remarque, il me prend dans ses bras et je pose ma tête contre son torse en ralentissant l'allure. On vient d'entamer la partie slow de la soirée. Transportée par le déplacement gracieux de Pierre, je ferme les yeux pour savourer encore plus le moment présent. J’essaie de synchroniser mes pas aux siens même si je ne suis pas très forte. Le changement des lumières vives me fait ouvrir les yeux. Son regard s'accroche au mien et difficile d’en détourner les yeux. Il me fait tourner sur moi-même plusieurs fois et me renverse en arrière en me retenant.
  Vers vingt-trois heures, je ne tiens plus debout. Cette soirée commence à me donner mal à la tête et aux pieds aussi à force de danser sans s’arrêter. Je vais m’asseoir sur un banc sur la terrasse, histoire de respirer un peu d’air frais à nouveau. Pierre me rejoint avec deux verres dans les mains et m’en tend un. Je sirote ma boisson à petites gorgées, gorgées qui me rafraichissent soudainement. Ce mariage devient de plus en plus lassant et ça me fatigue, je ne suis pas prête à retourner à un nouveau mariage.
— Tout va bien ? Demande-t-il en me prenant la main. Tu as l’air agacée et fatiguée à la fois.
— Oui, s’il y a bien une personne qui sait quand je vais bien ou mal, c’est bien toi. Je crois que je vais rentrer j’en peux plus de cette soirée. Tu me raccompagnes chez moi ?
— Non, j’ai une meilleure idée, dit-il en posant nos verres sur un plateau quand un jeune serveur essaie de se frayer un chemin parmi la foule. Je t’invite au ciné et après je te raccompagne chez toi.
— Je veux pas être pessimiste mais…
— Ok bah alors je veux pas entendre la suite, me coupe-t-il en plein élan en me faisant la grimace. Mais non je rigole, viens là, mon ange.
  Le traitre ! A chaque fois qu’il me prend dans ses bras, je perds tous mes moyens et il le sait en plus. Quand il voit que ça commence à un peu dégénérer, il en profite et me prend dans ses bras et tous les problèmes sont envolés.
— Ah non, cette fois-ci, tu t’en sortiras pas aussi facilement !
  Je me détourne de lui et le regrette aussitôt, il me prend de court et me couvre de guilis. Aussi chatouilleuse que je suis, j’essaie de me dégager de mon étreinte mais ses mains sont trop puissantes pour moi. Il s’attaque à ma taille puis au ventre, je n’en peux plus. Je suis complètement morte de rire, je me plie en quatre pour qu’il arrête mais rien à y faire. Soudain, je prends son visage entre mes mains et l’attire vers moi pour l’embrasser. Surpris, il se calme aussitôt et pose ses mains sur mes hanches. Je me détache de lui et pose mon front contre le sien pour récupérer mon souffle. Et c’est à ce moment précis que ma mère décide de venir me voir.
— Ma mère est là, je chuchote à son oreille avant de l’embrasser sur la joue rapidement et d’affronter le regard gêné de ma mère. Comment tu vas, maman ?
— Bien et vous, vous vous amusez ?
— Oui mais je commence à fatiguer là… Je peux aller au ciné avec Pierre maintenant ?
— Mais tu as vu l’heure ? Il est déjà tard là.
— Oui je sais mais je te promets, on va pas trop tarder après la séance.
— Bon, très bien, cède ma mère après quelques secondes de silence entre nous. Tu gardes un œil sur elle, sinon tu vas passer un mauvais quart d’heure.
  Elle dit ça sur le ton de la plaisanterie avant de venir nous prendre dans ses bras et nous sort avant de nous laisser « Vous avez tellement grandi ! Passez une bonne soirée. ». Je ne suis jamais partie seule au cinéma avec lui, il y a un début à tout comme on dit. Pierre passe un bras autour de mes épaules et nous nous dirigeons vers la sortie. On file au métro droit vers la Défense.
  Quand nous arrivons devant la caisse, nous remarquons que la séance commence dans moins de dix minutes. Nous payons et traversons rapidement le couloir, notre salle se trouve au fond à droite. Pierre m'entraîne vers le quatrième rang et nous nous installons à une biplace. Il passe sa veste sur mes bras et m'attire vers lui quand il voit que je commence à trembler. On a choisi de prendre une histoire d'amour à l'eau de rose. J'aime être avec Pierre et lui avec moi.
— Par contre, ne me traite pas de fillette si je pleure pendant le film.
— J'en avais pas l'intention, ma princesse. Murmure-t-il en entrelaçant ses doigts aux miens. De toute façon, je ne comprendrai jamais les personnes qui ne pleurent jamais. Je suis très sensible aussi.
  Je me colle contre lui puis pose mes mains et ma tête sur son torse pendant que la lumière s'éteint.

Chapitre 4 :
  Ce matin, en me réveillant, je repense à la soirée que j'ai passé avec Pierre. On a chanté ensemble, dansé à la soirée et on est partis au cinéma aussi. J'ai passé une excellente soirée. Allongée sur mon lit, je me demande bien ce que je vais pouvoir faire aujourd'hui. J'ai des devoirs à faire, lire aussi et peut-être que je vais aller voir mon père. J'ai envie de me lever mais je n'y arrive pas, j'ai l'impression d'être encore fatiguée par la soirée d’hier. N'empêche le film était bien. Ça m'a donné encore plus l'envie de partir avec Pierre en vacances.
  J'allume mon téléphone et remarque deux appels manqués de Romain. Il est midi, je le rappelle quand même. Je passe quelques minutes à discuter avec lui puis je le laisse. Il me propose de jouer au tennis avec lui et Pierre nous rejoindra peu après vers vingt heures. J’accepte sans hésiter et fonce sous la douche pour évacuer la transpiration de la nuit. A mon grand étonnement, je constate qu’il n’y a plus de gel douche à la vanille. Je prends un flacon et l’ouvre. Hmmm… ça sent trop bon : c’est à la framboise menthe poivrée. Rien qu’à la perspective de sentir cette odeur, mes lèvres viennent se former en un tout petit sourire.
  Une fois habillée, je descends toute joyeuse dans la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Oui, je sais vous allez me dire que midi trente n’est pas le meilleur moyen de rattraper ma journée mais je n’ai pas le choix. Je peux devenir très désagréable si je n’ai pas ma dose de céréales. Pour une fois, je vais essayer de ne pas être maladroite et de tenir debout. Je sors un bol, un paquet de céréales et du lait. Je pose le tout sur la table et remplit mon bol. Ensuite, je range tout et manque de trébucher en voulant attraper une cuillère. Je me rattrape de justesse en m’envoyant malgré tout un coup dans la hanche gauche. Je me relève le plus habilement en veillant à ne pas retomber une deuxième fois et m’assois sur la chaise la plus proche. Pendant que je mange, j’écoute « Stay » de Zedd, Alessia Cara. C’est ma chanson du moment, ma préférée, avec laquelle je me réveille et avec laquelle je me couche.

  Assise à mon bureau, je finis de rédiger au propre ma dissertation en français. Je m’attarde un peu sur mes maths car je commence à saturer pour ma dose de travail. J’ai passé quatre heures sans penser à autre chose qu’à mon travail. Je finis par m’arrêter tout court, je reprendrai demain la suite de mon théorème. Bon, il est un peu plus de dix-sept heures. J’appelle mon père et il passe me récupérer pour m’emmener dans une librairie dans Paris. Mon père sait que j’ai un penchant pour les livres et je me rends compte aujourd’hui que lui aussi est un grand fan des romans policiers. Je me penche un peu pour voir le livre qu’il tient entre les mains, c’est « Black out » de Marc Elsberg. Intriguée par ce roman d’aventure, je scrute avec attention la couverture de « Nil » de Lynne Matson. Je m’assois contre un mur et me plonge dans ce nouvel univers qui m’est complètement inconnu pour le moment.

  Concentrée, je ressers ma poigne autour du grip de la raquette de tennis. Je souffle un bon coup puis renvoie à Romain la balle qu’il vient de m’envoyer. Nous passons plusieurs minutes à jouer tous les deux jusqu’à ce que Pierre arrive. Ca me fait plaisir de le revoir même si j’ai passé une bonne partie de ma soirée avec lui. Il m’adresse un geste de la main pour me dire bonjour et je fais de même. Cette fois-ci, c’est moi qui lance la balle. Je regarde une dernière fois Pierre qui est en train de s’étirer puis je redonne à nouveau toute mon attention à Romain. Je lui envoie la balle. Il me la renvoie mais elle est trop loin, je me précipite quand même pour la récupérer. Erreur fatale. Je perds l’équilibre et tombe sur les fesses, ma main gauche pour amortir ma chute et je bascule sur le côté. Quand mes jambes lâchent prises, la raquette me glisse des mains et je l’entends tomber avec un bruit assourdissant sur le sol. Je n’arrive plus à bouger et lâche des cris de douleurs.
  Ma main gauche me fait extrêmement mal, comme si je ne la sens plus. J’ai l’impression que le sang ne circule plus dans cette partie de mon corps. Mais ce n’est rien comparé à mon dos. Je vois Pierre courir vers moi et Romain me crie de ne pas bouger. Un torrent de larmes se forme au creux de mes yeux et j’éclate en sanglots. Je tape violemment le sol de mon poing droit pour réprimer la douleur mais rien à y faire.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? Me demande Pierre en essayant de me réconforter.
— J’ai voulu rattraper une balle trop loin pour moi et je suis tombée. J’ai mal au dos, Pierre…
— Ca va aller, je suis là.
  Il s’approche encore plus et essuie mes larmes. Je tremble et mon corps est inondé de secousses. Mon cœur s’accélère et je l’entends battre fort dans ma tête. Pierre me demande de me calmer, de respirer. Il desserre mon poignet droit et garde ma main dans la sienne en parcourant ses doigts doux sur ma paume. Après quelques instants, qui me paraissent pour moi une éternité, mon pouls retrouve enfin une fréquence régulière.
— Tu peux t’asseoir ? S’inquiète Romain en posant une main sur mon épaule.
— Seule, je n’y arriverai pas… Je murmure d’une voix basse à un point où ils sont obligés de se pencher pour m’entendre.
— Mais qu’est-ce qui t’as pris d’aller la récupérer ?! Ajoute-t-il d’un ton énervé. Elle était hors-jeu. Tu pensais sérieusement que tu allais l’avoir ?
— Je pensais, oui. Et pourquoi tu me cris dessus ?
  Il pousse un soupir de colère avant d’aller chercher ma raquette. Pendant ce temps-là, Pierre m’aide à me redresser et je laisse échapper un nouveau cri.
— Tu veux que je te porte ?
— Non, c’est bon. Je crois que j’aurais encore plus mal, si tu fais ça. Je veux juste que tu me remettes sur pied pour que je parte m’asseoir sur un banc.
— D’accord.
  Il vient s’accroupir derrière moi et me relève tout doucement. Il passe un bras autour de ma taille et m’aide à aller vers le banc. Mon dos me force à marcher lentement et je boite légèrement de la jambe droite.
— J’ai mal… au coccyx…
— Je sais, je sais.
  Je lui demande de jouer quand même avec Romain, le temps que j’aille mieux. Mais j’ai toujours aussi mal. J’ai beau essayé de sécher mes larmes, elles reviennent toujours. A croire qu’elles n’attendaient que le feu vert pour venir brouiller ma vue.

  Quand ils finissent de jouer, je me remets difficilement debout. Je sens que la nuit va être un massacre. Romain rentre chez lui et Pierre me dépose chez moi. A mon grand étonnement, ma mère n’est pas là.
— Je refuse de te laisser seule, dit-il au moment où j’allais lui demander de rester avec moi.
— J’étais sur le point de te dire la même chose, je m’empresse de répliquer.
  Sans rien dire, il dépose sa housse de raquette au sol et retire ses chaussures. Il me porte dans ses bras et mon visage s’étire sur une grimace. Il parvient en haut de l’escalier en deux trois mouvements malgré mes cinq-deux kilos. Il me pose délicatement sur mon lit en veillant à être le plus doux possible. Je respire enfin. Je garde mes mains toujours nouées derrière son cou.
— Ca va aller ? Me demande-t-il. Non, c’est bon. Je n’ai pas faim.
— Tu dois manger. Attends, je vais t’aider.
  Il écarte mes mains d’une douceur surprenante puis descend la fermeture éclair de mon gilet le long de mon ventre. Il fait glisser les manches et avant de poser mon gilet sur une chaise. Incapable de me baisser vers l’avant, je lui demande de retirer mes chaussures. Écoutant mes conseils, il ouvre le placard et en sort un débardeur rose et un short de nuit bleu sombre. Il me regarde intensément avec un regard gêné et ose à peine formuler sa question à voix haute mais je la comprends aussitôt.
— Ne t’inquiète pas, je vais réussir à me débrouiller comme une grande.
— Ok.
  Pierre se penche et appuie son front contre le mien. Je l’entends prendre une profonde inspiration, comme s’il allait ajouter quelque chose, avant de se raviser. Enfin, il dépose un tendre baiser sur ma joue.
— Vas y doucement, ne te fais pas mal. Je vais te préparer un petit quelque chose puis je reviens.
  Puis il me laisse à mon chagrin.
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Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Chapitre 5 :
  Quand il revient, je suis installée sous la couette, appuyée contre mon oreiller. J'avoue que j'ai très mal et que je ne peux pas m'empêcher de souffler à chaque mouvement que je fais. Je me prends la tête entre les mains, soudain prise d'une migraine infernale et mon dos me brûle. Il pose un plateau sur mes jambes : dans l'assiette se trouve de la salade verte avec des tomates cerises, des tomates, du thon et des concombres.
— Il n'y avait pas grand chose dans ton frigo, alors j'espère que ça te plaira.
— Tu es le plus formidable des petits copains dont toutes les filles rêveraient.
— Oui, je sais, tu me le répètes tout le temps. Et toi, tu es juste parfaite. Non, ne bouge pas.
— C'est bon, ça va. Je ne suis pas en sucre, non plus ! Je dis en ripostant gentiment.
  Je me force à finir la salade jusqu'au bout même si je n’ai plus faim, c’est vraiment délicieux. Quand je me laisse retomber doucement sur le lit pour pouvoir enfin m’allonger normalement, Pierre en profite pour déposer le plateau sur mon bureau. Il part éteindre la lumière puis me rejoint et passe un bras pour m'attirer vers lui. Je me retourne sur le côté droit avec difficulté et pose ma joue contre son torse.
— Comment je vais faire avec le lycée ? J'arrive à peine à marcher et tu as dû me porter dans les escaliers, tout à l'heure. C'est impensable, vraiment.
— On va trouver une solution, me rassure-t-il en me massant le dos, de sa main valide. Je te le promets.
— Aïe… Je laisse échapper un petit cri avant de me ressaisir.
— Tu veux que j'arrête ? Je t'ai fait mal ?
— Non, non, pas du tout. Au contraire. C'est juste que ça me fait du bien. Continue, s'il te plaît.
  Il dépose un baiser sur mon front et plonge son regard craquant dans le mien. Comment détourner les yeux avec un regard aussi chaleureux et aimant que le sien ? Je commence à fatiguer et mes paupières deviennent lourdes. Je lui glisse un bonne nuit avant de m'endormir comme un bébé, toujours blottie dans ses bras.

  Quand je me réveille, je me rends compte que mon dos est contre son torse, ses bras autour des miens, sur mon ventre. Je ne sais pas comment j'ai fait pour bouger pendant la nuit mais j'ai changé de position. Incroyable mais vrai. Je n'ose plus bouger. D'un côté, j'aimerais me retourner vers lui pour l'observer quand il dort mais d'un autre côté, je souffre au moindre mouvement. Soudain, Pepito grimpe sur le lit et vient m'effleurer le bras à la recherche de câlins. Pierre se réveille aussitôt en sursautant.
— C'était quoi ça ? Murmure-t-il en retirant brusquement son bras. Ah c'est toi, Pepito.
  Il se penche pour le caresser sur le dos et le chaton commence à ronronner.
— Il t'aime bien, tu sais, je dis en m'adressant à Pierre.
— Ça va mieux ton dos ?
— Non. Toujours la même douleur. Intense.
— On n'aurait pas dû faire de tennis, hier.
— Tu ne savais pas que ça allait se finir comme ça. Tu n'as pas à culpabiliser. Tu peux m'aider à me lever ?
  Il fait le tour du lit et m'aide à me mettre sur pied. Soudain, je me rappelle du tissu que j’avais trouvé à ma fenêtre. Je lui en parle et il fronce les sourcils. D’ailleurs, je me demande comment il a réussi à s’échapper de prison et me retrouver. A la campagne, en plus ! Rien que d’y penser, j’en ai la chair de poule. Je dois découvrir pourquoi il veut ma mort. Savoir pourquoi il a autant de haine envers moi. Et si je le connais, qu’est-ce que j’ai bien pu lui faire ? En tout cas, une chose est sûre : il est hors de question que Pierre soit impliquée dans cette histoire. Il a déjà été exposé deux fois dans cette mésaventure et la dernière fois, j’ai failli le perdre. Je ne veux pas que ça se reproduise. Mais attendez une seconde, qu’est-ce qui s’est passé, une fois que Pierre et moi nous sommes évanouis ? Je me souviens avoir entendu des voix familières, peut être que c’était nos amis. Mais si c’est le cas, je dois les appeler pour savoir ce qu’il s’est réellement passé, mais pas devant Pierre. Ce dernier me sort de mes pensées en passant une main hésitante dans mon dos.
— Il faut prévenir ta mère…
  Soudain, j’entends du bruit puis une personne qui monte rapidement les escaliers.
— Pierre, cache-toi ! Je chuchote en le poussant vers la salle de bains. Reste ici et ne fais pas de bruit. Et ne sors surtout pas tant que je ne t’en donne pas l’autorisation.
— Mais, si ça se trouve ce n’est même pas un de tes parents !
— S’il te plait… Il ne m’arrivera rien.
  Je referme la porte discrètement quand celle de ma chambre s’ouvre brusquement.
— Céleste, qu’est-ce que tu fais là ? Je demande, complètement surprise de la voir chez moi aussi tôt dans la matinée.
— Romain m’a expliqué ce qu’il s’est passé hier au tennis. Comment tu vas ? J’étais inquiète, tu sais.
— Comment tu es entrée ?
— Ta mère m’a ouverte à bras ouverts. Elle est au courant.
— Tu aurais pu prévenir, au moins.
  Je dis ça d’une voix si basse, presque comme un murmure. J’ai l’impression de l’avoir vexée. Vexée qu’elle vienne me voir pour savoir comment je vais.
— Je… Excuse moi, Céleste. C’est juste que je n’ai pas l’habitude que tu viennes à l’improviste à la maison. Je suis un peu stressée par ce qu’il m’arrive en ce moment. J’aimerais savoir pourquoi un homme essaie de me blesser de toutes les milles et une façons possibles. Je n’en peux plus… Si tu pouvais savoir comme j’ai dû mal à travailler ces derniers temps.
  Elle me prend dans ses bras et je pose ma tête contre son épaule. Céleste est la seule personne à qui je peux m’exprimer librement. Une amie sur qui je pourrais toujours compter quoi qu’il se passe.
— Je pensais que tu étais heureuse avec Pierre.
— Je le suis. J’aime la façon dont il se comporte avec moi. Toujours aussi gentil, adorable, mignon, protecteur et j’en passe. Avec lui, je me sens différente, changée en positif. Mais je veux m’éloigner de lui, il est trop parfait pour moi. Il a toujours été sincère avec moi et je suis contente qu’il en soit ainsi.
— Attends, tu veux le quitter car il est trop bien pour toi ? Je crois que le choc d’hier a été dur pour toi. Tu devrais te reposer, te vider l’esprit. Tu dis ça parce que tu as mal.
— Oui, peut être, tu as raison. Je ne sais pas si j’irai en cours demain.
  Elle m’aide à me conduire vers mon lit et je m’allonge puis elle part. Ca fait du bien de se confier, de pleurer aussi. Mais le plus important, de savoir que je peux compter sur elle à n’importe quel moment. J’entends des pas s’approcher de moi et me rends compte que Pierre était là depuis le début, et qu’il a tout entendu. Il s’agenouille près de moi et me prend les mains.
— Je suis trop parfait pour toi ? Demande-t-il d’une voix séductrice.
— Apparemment.
— Ne penses pas une seule seconde que je te laisserai filer. Je t’aime et je ne veux pas qu’on se sépare juste à cause de… ça.
— Je sais bien.
— Essaie de te reposer, mon sucre d’orge. Tu as besoin d’énergie pour aller en cours demain.
  Il passe une main sur ma joue puis je ferme les yeux. Je me détends quand il fredonne une chanson qu’il avait écrite spécialement pour moi. Je sais déjà comment je vais passer ma journée.
— Tu devrais rentrer. Je t'assure, je vais beaucoup mieux.

Chapitre 6 :
  Bien sûr, je vais tout sauf bien. Je voulais seulement me retrouver seule pour appeler enfin Spencer. Quand je suis sûre qu'il est bel et bien parti, je l'appelle aussitôt. Elle décroche au bout de deux sonneries. Pour entrer dans le vif du sujet, je vais droit au but. Après avoir discuté avec elle quelques minutes, je raccroche, déçue de sa réponse. Apparemment dès que l'homme les a entendus approcher, il est parti directement. Ça ne va pas m'aider du tout. Il me reste toujours le bout de tissu qui est toujours à la même place. Mais qu'est-ce que je dois en faire ? Le ramener à la police ? Je veux savoir pourquoi il me hait autant mais là, j'ai tout simplement envie d'abandonner.

  Après avoir passé une semaine squattée dans mon lit, je peux enfin me lever sans sentir de douleur par la suite. Enfin encore mais je peux bouger maintenant. Pendant tout ce temps-là, je ne suis pas partie en cours car même pour me lever de mon lit, c'est une torture indescriptible. Mes parents sont inquiets et ne savent pas quoi faire à part attendre. Attendre. C'est toujours ce qu'on peut faire. J'enfile un jean et un tee shirt puis sors faire un tour. Je peux enfin respirer de l'air frais, marcher, bouger, me sentir libre.
  Je marche, oui mais lentement et je prie pour que personne ne me voit marcher comme ça car j'ai l'impression de boiter légèrement sur le côté droit, à en devenir gênant. Je marche jusqu’à So Ouest en essayant de marcher le plus normalement possible. Une fois arrivée, je m’arrête un moment puis refais le chemin inverse pour rentrer chez moi. En passant devant un parc, je suis complètement essoufflée et respire un bon coup avant d’aller m’asseoir sur un banc à l’intérieur. J’admire la fontaine et croise le regard d’une dame assise de l’autre côté du parc qui m’observe. Elle m’adresse un sourire avant de détourner le regard. Je regarde la végétation des arbres, des fleurs puis allume mon téléphone. Au bout de cinq minutes, je me lève avec difficulté et sors du parc. Un peu plus tard, je manque de basculer en avant quand je pousse la porte d’entrée de ma maison. Je retire mes chaussures et m’installe sur le canapé du salon. Je mets sur le lecteur dvd de la télévision le premier film qui me tombe sous la main. Avec chance, je suis tombée sur un film policier.
— Bonjour, ma puce. Comment tu vas ? Demande ma mère en venant s’asseoir à côté de moi, encore en pyjama.
— Mieux depuis la semaine dernière mais toujours aussi mal. Tu penses que je pourrais retourner en cours demain ?
— Je ne sais pas. On va aller voir le médecin en début d’après-midi. On verra bien ce qu’il dira, ok ?
— Ok. Je suis allée faire un tour il y a moins d’une heure.
— Et ça va ? Tu n’as pas trop forcé, j’espère ?
— Je suis allée jusqu’à So Ouest.
  Je vois dans ses yeux qu’elle est morte de peur. C’est trop loin pour moi, je suis sortie pratiquement une heure, cela dit. Elle me laisse regarder le film pendant qu’elle s’attaque au petit déjeuner. Il faut aussi que j’appelle Céleste, je ne lui ai pas donné de nouvelles depuis un moment et elle doit sûrement s'inquiéter.

  A la fin des cours, il y a beaucoup de monde devant la grille du lycée. Je suis contente de pouvoir enfin retourner en cours. Mais je ne peux pas porter de choses lourdes alors je voyage léger. Une pochette, quelques feuilles de cours, mon agenda et ma trousse suffisent à combler ma journée de cours. Céleste a déjà filé, elle va à un concert de piano en tête à tête avec Mathieu. Je trouve qu'ils vont bien ensemble. Ils ont trouvé la perle rare et je suis contente pour eux.
  Je continue de marcher et soudain, au loin, j'aperçois un visage qui m'est étrangement familier. Se pourrait-il que ça soit lui ? Non, quand même pas… il sait tout de moi, jusqu'à savoir où j'étudie. Je brûle d'envie de rentrer le plus vite chez moi mais c'est impossible. Une petite voix au fond de moi me dit au contraire d'aller le voir, de savoir pourquoi il me déteste autant. Pourtant il a l'air plus décontracté, comme s'il n’était qu'une simple personne innocente. Il est appuyé contre un mur, ses mains dans les poches et son regard rivé sur le mien me donne la chair de poule. Et c'est avec une grande volonté que je m'avance vers lui. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je cours droit ma mort. De toute façon, avec le nombre de personnes autour, il ne peut rien me faire. Enfin, j'espère. Tant que je reste ici, il ne peut rien m'arriver.
— Qu'est-ce que vous faites là ? Je demande d'une voix tout sauf rassurante.
— Que penses-tu de ma toute dernière apparition ? J'aurai pu en finir avec toi mais il faut toujours que ce gars vienne chambouler mes plans.
— Je vous en supplie, faites tout ce que vous voulez de moi mais épargnez-les, surtout Pierre.
— Faut qu’on parle.
  Hésitante, je ne réponds rien et reste immobile.
— Seule à seul, continue-t-il. Je ne suis pas armé, si ça peut te rassurer. Tu peux vérifier par toi même.
  Je m’approche de lui le plus lentement possible pour lui faire croire que j’avance par peur et non parce que je suis blessée. Mais qu’est-ce que je fais ? Depuis quand je fais ce qu’il me dit ?
— Bon, vu que tu marches très lentement, on va passer à l’étape supérieure.
  Il m’attrape violemment en passant une main sur mon épaule et mon cœur s'accélère d’un coup.
— Détends toi, chuchote-t-il au creux de mon oreille. Fais comme si j’étais ton propre père et comme si de ne rien n’était… ou sinon c’est ton dos qui va en pâtir. J’ai vu comment tu marchais, je ne suis pas dupe. Donc tu as deux solutions : soit on s’éloigne tranquillement du lycée ou sinon, tu connais la suite.
  Je baisse la tête et essaie de me concentrer sur mes pas. Il serait content que je choisisse la deuxième option. Mais je ne veux pas lui en laisser ce plaisir.
— Tu me fais mal au cou ! Je m’exclame plus loin.
— C’est le but, ma jolie.
— Comment vous voulez que je vous écoute si vous m’étranglez à moitié !
  Je n’aurai jamais du dire ça. Au contraire, il resserre encore plus fort son étreinte. Ma gorge commence à se bloquer et je tousse pour essayer de respirer. Il continue de me faire marcher en gardant ses mains autour de mon cou jusque devant sa maison, je suppose. Il ouvre la porte puis me pousse violemment contre une table comme si je n’étais qu’un vulgaire objet. Ma tête vient se cogner contre le pied de la chaise et je lâche un cri de douleur.
— Mais qu’est-ce que j’ai fait pour que vous me détestiez autant ?
— Ton existence me rend fou.
— Quoi ?
— Tu as très bien entendu ! S’énerve-t-il et je crois voir quelques larmes couler le long de son visage.
  Je porte ma main à l’arrière de la tête et sens du liquide. Elle est recouverte de sang quand je la vois. Mon corps est pris de tremblements et j’essaie de me relever mais il m’empêche de bouger. Je recule en arrière et finis complètement plaquée au sol sur le dos. Si j’avais su, je ne serais pas partie en cours aujourd’hui. Alors il commence à parler et me raconte tout, et surtout pourquoi il me déteste autant. A la fin de son récit, je manque de suffoquer tellement je pleure… Ma mère aimait cet homme ! Ils étaient ensemble bien avant ma naissance puis un jour ça a mal tourné et elle est partie. Un jour, elle a rencontré quelqu’un d’autre qui est mon père mais maintenant, ils sont divorcés depuis un moment. Ma mère l’a aimé… Ca veut dire qu’il aurait pu être mon père. Je croyais qu’il n’y avait aucun secret entre moi et ma mère mais apparemment, je me trompe. Ca fait trop d’un coup, j’ai l’impression de le prendre en pitié maintenant.
— Mais pourquoi tu veux ma mort alors ?
— Parce que ta mère est partie avec un autre homme !
— Il faut que je parte. J’ai besoin de prendre l’air…
  Mon dos devient de plus en plus brûlant et cette flamme monte jusqu’à ma tête. J’ai froid et chaud en même temps. Des douleurs se propagent partout dans mon corps. J’utilise mon dernier souffle pour lui dire de me tuer s’il veut se venger sur la fille innocente que je suis. Je n’ai plus de force pour me débattre mais j’essaie pourtant de calmer ma respiration, chose que je n’arrive pas à faire… Je me sens comme soulever du sol et on m’emporte quelque part mais ça n’a plus d’importance car je sais que je vais mourir.
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Message par sara14 »

Chapitre 7 :
  J'entends des voix… j'ai beau essayé de tendre les oreilles, je n'arrive pas à trouver leur nom. Je ne veux pas ouvrir les yeux. Peur de me retrouver encore à l'hôpital ou dans ma chambre, ce qui serait mieux. Et je n'ai pas la force de les ouvrir. Je respire difficilement et j'ai l'impression qu'à chaque inspiration, mon coeur va exploser. Soudain je sens une main agripper ma main et je cris toute effrayée en ouvrant les yeux.
— Calme-toi, c'est moi, dit Céleste en me prenant dans ses bras. Tu es en sécurité maintenant. Ça va aller.
  Je laisse des larmes couler le long de mon visage et la serre de plus belle. Je regarde autour de moi et je vois ma mère aussi. En croisant son regard, j'en ai encore des frissons et je m'apprête à crier quand elle vient me faire un câlin à son tour.
— Qu'est-ce qu'il t'est arrivé, ma puce ?
  Je n'arrive pas à répondre. Peur de sa réaction si elle apprenait que l'homme qu'elle aimait est mon agresseur. Au lieu de ça, je pleure en silence dans ses bras jusqu'à ce que je me sente mieux. Je suis encore à l'hôpital. Décidément, j'aurai vécu une année pleine de rebondissements ! J'ai peur de retourner dehors et de tomber nez à nez avec lui. J'ai tellement peur… La porte s'ouvre et je croise le regard effrayé de Pierre.
— On devrait peut être les laisser, murmure ma mère à Céleste discrètement.
  Elles filent et je me retrouve seule avec lui. Il me regarde droit dans les yeux, il a l'air complètement bouleversé. Mon dos me fait atrocement mal et je ne peux pas bouger. Je tourne la tête pour verser quelques larmes de douleur.
— Comment tu vas, ma princesse ? Demande-t-il en séchant mes larmes.
— J'ai peur. Peur de lui…
— Tu étais avec lui ? Il t'a fait du mal ? (Je ne réponds rien.) Réponds moi, s'il te plaît !
— J'ai des points de suture à l'arrière de la tête, je crois et mon dos…
— Il t'a fait mal au dos ? S'exclame-t-il sa voix décrivant sa haine.
  Je hoche de la tête et ne sais plus quoi faire ni quoi dire. Je n’arriverai jamais à lui dire qui est cet homme. C'est tellement dur… Pierre prend ma main et toutes mes pensées s’évaporent. Il se penche vers moi et dépose ses lèvres sur mon cou. Heureusement qu’il est toujours là pour moi. Je discute un peu avec lui et on change de sujet pour ne pas me faire souffrir davantage. Je lui dirai plus tard, quand j’irai mieux peut être. Il passe le bac cette année et pourtant ça ne l'empêche de venir me voir tous les jours. Il a eu d’excellentes notes au bac blanc et j’espère qu’il en sera de même pour les vraies épreuves. C’est un excellent élève, un des meilleurs de sa classe comme moi.
  Je ferme les yeux et j'ai l'impression que je brûle de l'intérieur. Je suis prise d'une quinte de toux et j'ai les yeux en larmes. Pierre attrape ma main, pour me rassurer peut être mais je me sens toujours aussi mal. J'en ai marre de souffrir en silence. J’ouvre les yeux et lâche un cri de douleur. Pierre sursaute et me prend dans ses bras. J’essaie de me débattre pour qu’il me lâche mais je n’y arrive pas,  je ne contrôle plus mes propres gestes. Il prend soudain mes mains et je me calme aussitôt. Il me fait basculer sur le lit et mon coeur rate un battement quand sa tête est proche de la mienne. J’aimerais pouvoir être plus forte, plus courageuse. Je laisse échapper un soupir avant de fermer les yeux.
  Pourquoi je suis comme ça ? Pourquoi je suis dans cet état ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Si j’arrive à trouver enfin des réponses à mes questions, je ne me sentirais pas aussi perdue et triste que là maintenant. Je regarde par la fenêtre, c’est bizarre cette sensation… Auparavant, je ne ressens jamais cette chaleur quand je jette un coup d’oeil par la fenêtre pour regarder la pluie tomber. Je ne sais plus qui je suis ni qui je suis en train de devenir. J’ai à peine le temps de retirer le bras de Pierre qu’une infirmière arrive déjà.
— Pourquoi tu as fait ça ? Je déteste prendre des médicaments !
— Je sais mais c’est pour que tu ailles mieux, ma princesse.
  Il a osé profiter du fait que je ne le regarde pas pour appeler quelqu'un. Je suis déjà replongée sous l’effet chimique de ces produits et je m’endorme complètement anesthésiée.

  Je me réveille en douceur cette fois et remarque qu’il est toujours là. Il est resté aussi longtemps ? Il doit faire nuit maintenant, enfin je ne sais pas. Ah non même pas, Pierre vient de me dire que j’ai dormi pendant une demi-heure. Il faut qu’on arrête de se voir lui et moi mais je ne sais pas trop comment lui dire. Il lui reste moins de trois semaines avant le bac et je ne suis qu’un poids de plus pour ses révisions.
— On peut faire une pause ? Je demande, complètement inconsciente de la grave erreur que je m’apprête à faire. Juste le temps que tu passes ton bac, au moins.
— Tu veux vraiment faire ça ? Je t’aime plus que tout et je ne peux pas passer une seule seconde sans penser à toi. Mais trois semaines… je ne tiendrai jamais le coup. Je sais que tu veux faire ça parce que j’ai mon bac mais quand même. Au contraire, j’ai peur de rater mes épreuves si je dis oui.
— Tu es fort en cours, je lui dis en posant ma main sur la sienne. Tu peux y arriver comme un grand. Je fais ça parce que moi aussi, je veux que tu réussisses. Et puis de toute façon, quand tu auras passé tes épreuves dans trois semaines, on sera enfin en vacances. Et là, tu pourras m’emmener où tu veux, promis.
— Donc... je n’ai plus le droit de te voir, ni de t’envoyer des messages ou encore t’appeler juste pour entendre ta voix ?
  Je secoue tristement la tête. Ca sera mieux pour nous deux, du moins pour les semaines à venir.
— Alors j’ai hâte que tout ça soit vite terminé. Tu vas me manquer, ma princesse.
  Il me sert dans ses bras comme si c’est la dernière fois. Je respire son doux parfum aux agrumes et je ne veux plus le lâcher. Je sens sa main frotter doucement mon dos pour me rassurer mais je ne bouge pas. Son souffle chaud sur mon cou me provoque une sensation de chaleur intense. Si seulement les semaines pouvaient passer aussi vite que ce que je viens de dire. Je souffre déjà de son absence temporaire même s’il est encore là, près de moi.
— Je veux rester… Souffle-t-il d’une voix plus que mélancolique dans mon oreille.
— Tu devrais partir maintenant.
  Ma voix tremble et il sait très bien que je souffre tout autant que lui mais je fais ça pour son bien, pour son avenir. Peut être commun, je ne sais pas mais je veux qu’il réussisse dans sa vie avec ou sans moi. Même si je préfère le ‘avec’. Il dépose un baiser aussi doux qu’une brise sur ma joue puis il se lève. Si j’en avais la capacité, je me serai levée pour le serrer de nouveau contre moi mais je vais devoir me contenter de le regarder partir. Après tout, c’est moi qui ait voulu ça, donc à moi d’assumer mon acte.
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Chapitre 8 :
  Comment on en est arrivés là ? Je me trouve tellement imparfaite et inconsciente au point de lui demander de faire un break ? Sérieusement, ce n’est pas moi ça. Stupide, oui ! Je lâche contre mon gré sa main chaude et quand il referme la porte, j’ai juste envie de le supplier de revenir mais je reste muette. Ma mère vient me récupérer vers vingt heures et je passe toute la soirée à pleurer dans ses bras. Je lui ai raconté ce que j’ai dit à Pierre et que je faisais ça juste pour son bac mais elle est triste pour moi.
— Mais ma puce, si tu souffres autant et lui aussi, pourquoi tu as fait ça ? Il t’aime énormément et il ne supporterait pas de te perdre. Je comprends ton choix mais tu n’as pas peur qu’il rate ses épreuves car tu lui manques ?
— Je lui ai dit qu’il est fort et qu’il peut très bien tenir le coup.
  Elle me serre dans ses bras et me berce. La douleur de mon dos n’est rien comparé à ce que ressent mon cœur en ce moment même. Des frissons me parcourent dans tout le cœur et j’ai peur de retomber dans la dépression comme après l’accident à la campagne, quand il ne voulait plus me voir. Avec ma douce maman, nous sommes en train de boire un bon chocolat chaud sous une couette installées devant un film de science-fiction. Elle comprend ce que je ressens et préfère éviter qu’on pleure devant un film d’amour, surtout après ce qui m’est arrivée aujourd’hui.
  Je me colle contre elle comme si tout autour de moi s’était écroulé et qu’il ne restait plus qu’elle pour me reconstruire. Je ne peux pas m’empêcher de verser des flots de larmes jusqu’à en avoir un picotement aux yeux. J’ai froid, ma vue se trouble et pour couronner le tout, mon cœur s’emballe de plus en plus et j’ai du mal à me contrôler. Si c’est ça un chagrin d’amour, c’est vrai que ça déchire le cœur. Je finis mon chocolat chaud et m’endors toujours déprimée sur les genoux de ma mère inquiète pour moi.

  En cours, je n’arrive plus à me concentrer mais de toute façon, ça ne sert plus à rien car dans une semaine, j’ai fini les cours. Et donc les grandes vacances pour moi ! Pour le moment, je dois essayer de penser à autre chose mais mon esprit revient inconsciemment sur Pierre. Je souffre d’être aussi loin de lui, seule et désemparée. Cinq jours se sont écoulés et pourtant, je n’arrive pas à me sentir mieux. Je n'en peux plus.
  Je sors prendre l'air le vendredi soir pour me calmer. Avant de sortir, j'ai pris ce que j'avais sous la main, un tee-shirt blanc et par dessus un pull gris et pour le bas, un legging noir. J'ai juste envie de bouger, de réfléchir. Complètement épuisée par cette dépression, je trébuche plusieurs fois et finis par terre. Je m'engage sur un trottoir mais j'ai la tête baissée. Quand j'entends un klaxonnement, je relève immédiatement la tête et reste immobile. Une voiture allait bientôt me percuter mais je ne bouge toujours pas. Avant de sentir quoi que ce soit, deux bras m'agrippent rapidement et me tirent en arrière. Je tombe en arrière amortie par le corps de mon sauveteur. Je me retourne et je pleure. Pierre vient de me sauver la vie, encore une fois. Mon corps est rempli de chaleur et de frissons.
— Mais ça va ?! Qu'est-ce que tu t’apprêtais à faire là ?
— Ce n'est pas ce que tu crois. Tu m'as manqué…
  Je viens me coller contre lui pour sentir à nouveau sa peau contre la mienne. Je souffle un bon coup mais je ne me détache toujours pas de lui. Il me rend mon étreinte et je suis heureuse d'être à nouveau dans ses bras. Pourquoi je n'ai pas réagi quand j'ai vu la voiture arriver ? On se lève et il m'enlace jusqu'à me sentir mieux. Il m'embrasse et je ne le repousse pas. Nous restons un long moment à nous regarder, son regard soutient le mien, heureux.
— Ne me demande plus jamais de faire un break, ma princesse. J'ai besoin de t'avoir toujours avec moi.
— Promis, moi aussi j'ai souffert cette semaine.
  Il passe son bras autour de mes épaules et nous marchons vers les quais de Seine. Il me dit qu'il a passé la semaine focuser sur ses révisions mais il est aussi heureux que moi de me retrouver. Là, s'il est dans la rue, c'est parce qu'il fait une petite balade pour s'oxygéner le cerveau. Nous passons sur un pont à côté du collège Maurois et nous arrêtons pour observer la ville calme et les péniches. La nuit est tombée maintenant et je ne cache pas que j'ai un peu froid.
  Pierre me prend dans ses bras et je pose mon dos contre son torse pour profiter en même temps de la vue nocturne. Il joue avec une de mes mèches avant de la passer derrière mon oreille. J'adore quand il me fait des câlins qui durent longtemps.
— Il commence à se faire tard, je devrais te raccompagner chez toi. Ta mère va s'inquiéter sinon.
  Pourtant, j'ai encore envie de rester un moment avec lui. Même passer la nuit dehors avec lui, ça devrait être amusant. Mais je riposte pas, il doit se reposer pour ces deux dernières semaines.
— Quand tu seras en vacances, on pourra passer une nuit entière dehors ? On prendra un peu d'argent, quelques tickets de bus et tout ce qui pourra nous être utile et on passe une nuit dehors.
— Tout ce que tu veux, mon ange, murmure-t-il en prenant ma main.

— Tu ne veux pas rester dîner à la maison ?
  Nous sommes devant chez moi et je tiens les clés dans ma main.
— Je vais passer dire bonsoir à ta mère pour lui montrer que je suis de nouveau à tes côtés et que je ne compte plus te laisser souffrir.
  Il me dit ça d'une voix si douce que je mets du temps avant d'insérer la clé dans la serrure. J'allume dans le hall d'entrée et ce que je vois manque de me faire tomber en arrière. Heureusement que Pierre est là pour me retenir. L'ex de ma mère est assis en face d'elle sur le canapé. Il nous salue comme s'il avait l'habitude de le faire et je monte immédiatement dans ma chambre, Pierre sur mes talons.
— C'est moi qui viens de rêver ou c'est bien lui qui est dans ton salon ? Demande-t-il complètement déboussolé.
  Je ferme ma chambre à clé et je lui explique en détails ce qui s'est passé la dernière fois que je me suis retrouvée seule avec lui. Pendant un moment, j'hésite mais le regard de mon copain suffit à me fait prendre conscience qu'il ne m’arrivera rien et qu'il ne laissera personne me toucher et encore moi me faire du mal. Je lui déballe tout et me cache dans ses bras pour ne pas voir sa réaction. Je sens son cœur battre fort et je stresse.
  On va s'allonger sur mon lit et je me colle contre lui car mon corps est pris de frissons.
— Non, je n'y crois pas. Ce n'est pas possible. D'un autre côté, ça expliquerait pas mal de choses.
  Je me lève du lit et me réfugie dans la salle de bains. Mon visage est pâle de nature mais il l'est encore plus avec notre invité surprise. Je ne veux plus jamais revoir ce criminel. Je demande à Pierre de ne pas entrer car je prends une douche. Quand j’ai fini, je me sèche les cheveux avec la serviette et enfile mon pyjama. Pierre me regarde avec amour, il se lève à son tour et s’approche de moi. Il pose ses mains sur ma taille et m’attire vers lui.
— Tu sens bon, chuchote-t-il au creux de mon oreille.
  Sa remarque me fait sourire et sa main remonte le long de mon bras. Elle s’attarde à mon épaule, au niveau de ma bretelle. Mon cœur s’emballe et mon souffle s’accélère. Il approche son visage du mien et bientôt, je sens son haleine fraiche se mêler à la mienne mais au moment où il s’apprête à m’embrasser, quelqu’un frappe à la porte. Et là… je crois que mon cœur va exploser ! Je regarde Pierre avec peur et je ne sais plus quoi faire. Il me rassure et pose un doigt sur ses lèvres pour me demander de rester muette. J'acquiesce sans rien dire et prends sa main. J’ai peur…
— Qui est là ? Demande Pierre après un long moment.
— Je veux parler à Mariam, répond une voix masculine.
— Partez ! (Dans sa voix, je peux ressentir de la peur mêlée à de la colère.)
— Pierre, tu es là ? Ouvre, s’il te plaît, implore ma mère d’une voix calme et douce.
  Il pose son regard sur moi et me chuchote de rester bien derrière lui, au cas où les choses finiraient mal. Je souffle un bon coup et me cramponne à son bras, tandis que nous partons ouvrir la porte. Ma mère entre dans ma chambre, suivie de mon ennemi juré. Moi et Pierre nous tenons à l’écart du côté de la fenêtre, histoire de laisser le plus de distance possible entre nous. Je tiens avec angoisse la main de mon petit ami et mon autre main entoure son bras. Je ravale ma salive en essayant de ne pas montrer à ma mère que j’ai peur.
— Tu es déjà en pyjama, Mariam ? Il est encore tôt, me fait-t-elle remarquer.
— Je… je viens de sortir de la douche en fait.
— Enfin bref. Je suis là car je voulais te présenter cet homme.
  Elle parle bien évidemment de mon agresseur en personne. Je n’ai pas besoin que tu me le présentes… je le connais déjà assez et peut être mieux que toi. Et elle commence à parler : elle s'excuse de ne m'avoir jamais parlé de lui avant. Elle avait peur de ma réaction, par contre comme mon père n'est plus à la maison, elle propose à Edward (c'est son nom) de rester ici aussi longtemps qu'il souhaite. Je rêve là ?!! Je manque de tomber au sol mais Pierre me rattrape discrètement.

— Autant signé mon arrêt de mort ici, je murmure à Pierre quand ils sortent enfin de ma chambre. J’ai vraiment peur…
— Je ne le laisserai pas te toucher.
— Et comment tu comptes t’y prendre ? Il va au moins rester une bonne semaine ici. Non mais j’hallucine, il fait le gars qui a tout perdu pour se rapprocher d’elle et pour m’atteindre en parallèle.
  J’ai juste envie d’envoyer mon poing dans le mur pour me calmer mais je tombe finalement sur mon lit. Je m’assois en tailleur et je n’arrive plus à réfléchir. Il a trouvé le moyen de me déstabiliser. C’est quoi la prochaine étape ? M’assassiner dans mon lit une fois endormie ?
— Tant qu’il est ici, je ne peux pas te laisser seule un instant, dit Pierre en croisant mon regard.
— Pourquoi c’est toujours si compliqué ? Tu as un plan en tête ? je demande après un long moment de silence.
  Il ne dit rien. Il réfléchit mais moi je ne vois pas comment je peux rester H24 sous la surveillance de mon petit ami.
— Tu veux passer un moment chez moi ? Pour le début de tes vacances car tu finis lundi, c’est ça ?
— Oui. Je veux bien mais je ne risque pas de te déconcentrer pour tes révisions ?
— Non, bien sûr que non. Tu ne me déranges jamais, mon ange et puis de toute façon, j’ai pratiquement fini. On partira ce soir alors.
— Ok du coup, il faudra que je trouve un moyen de me retrouver seule avec ma mère et que je trouve une excuse bidon pour partir. Et si elle dit non ?
— On trouvera un autre moyen, je te le promets. Tu es toute ma vie à présent.
  Je me blottis dans ses bras et avec sa chaleur, je me sens réchauffée. Je suis seule avec lui et cela suffit à me combler de bonheur. Je plonge ma main dans sa chevelure douce et Pierre, lui, passe une main sur mon visage puis rejoint ses mains derrière mon dos. Nous nous regardons avec plaisir et je repense à tous les bons moments qu’on a passé ensemble. Je souris en repensant au jour où il m’a récité son poème.
— Tu te souviens du jour où tu m’as sauvé du lac et que tu m’as calmé en récitant un poème que tu avais écrit pour moi.
— Un des plus beaux jours de ma vie. En fait, tous les plus beaux jours que j’ai passés, c’était en ta compagnie. Et je suis heureux de pouvoir être avec toi dans ta chambre et d’avoir l’honneur de pouvoir te chérir et de te protéger jusqu’à ce que la mort nous sépare. Tu es… vraiment unique au monde, Mariam. Je suis content d’être ton prince charmant. Je t’aime comme un fou. Je serai prêt à faire n’importe quoi pour toi. Je pense que je dois être le mec le plus heureux de la Terre.
  Il se met à genoux et prend mes mains dans les siennes. Waouh, j’ai vraiment de la chance de l’avoir. Une chance d’être tombée sur lui. Je m’assois en tailleur sur le tapis et j’ai juste envie de l’attaquer de guilis tellement je l’aime à la folie. Alors c’est ce que je fais, je commence par les côtes avant de diriger mes mains vers son ventre. Il est en train de pleurer de rire et je pars dans un fou rire quand il se met à riposter. Je n’arrive plus à me débattre, il bloque mes mains dans les siennes.
— Ah non ! S’il te plait, lâche moi, ce n’est pas du jeu.
— Tu peux toujours rêver, mon sucre d’orge. Je vais t’envahir de guilis, murmure-t-il en m’embrassant sur la tempe.
— Tu n’es qu’un petit profiteur, toi.
  J’essaie de me redresser en rigolant mais ça ne sert à rien. Sa force dépasse largement la mienne. Ok, s’il veut jouer à ça, on va y jouer ! Je cesse de me débattre et lâche des cris de douleur.
— Pierre, je commence à avoir mal. Lâche moi, s’il te plait ! Mon dos… au secours, j’ai mal !
  Il me regarde droit dans les yeux pour voir si je joue la comédie ou non. Il hésite un instant mais je laisse croire que mon mal de dos est revenu d’un coup.
— S’il te plait, j’ai l’impression de brûler de l’intérieur.
  Aussitôt il me lâche et j’en profite pour me relever précipitamment afin de le dominer. Pourtant, je crois qu’il vient de comprendre ma tentative et me fait tomber sur le lit.
— Tu sais que ce n’est pas très bien de mentir ? Surtout à moi.
  Au moins, j’aurais essayé ! Je lui fais une grimace et il se retrouve sur moi, ses mains positionnées comme s’il allait faire des pompes, posées près de ma tête. Mon visage devient tout rouge et je sens son cœur s’emballer sous ma main posée sur son tee-shirt. Nous restons un long moment à nous dévisager comme ça avec un sourire gêné sur nos lèvres. Il s’allonge sur le côté et descend ses mains jusqu’à mes hanches. Je pose ma tête sur son épaule et ferme les yeux pour me détendre. Je souffle un bon coup et me lève.
— Je devrais peut être commencer à préparer mon sac.
  Il me regarde avant de se lever à son tour. Il attrape quelques tee-shirts dans mon armoire qu’ils me lancent et que je range un à un dans mon sac. Je file dans la salle de bains et prends tout ce dont j’ai besoin. Je refais un tour vite dans ma chambre et mon sac pour vérifier que je n’ai rien oublié. Je ne sais pas encore combien de temps je vais rester chez Pierre mais j’espère aussi longtemps qu’il le faudra.
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Message par sara14 »

Chapitre 9 :
J’entre dans la cuisine pendant que ma mère est en train de préparer un trianon, mon gâteau préféré avec trois grosses couches, miam. Je ne sais pas comment entamer un sujet si délicat que celui-ci mais je ne suis pas rassurée de savoir qu’Edward est peut être en train de me surveiller ou de m’écouter en ce moment même. Je traverse la cuisine et viens me poster à côté d’elle pour l’embrasser sur la joue. Au moment où je m’apprête à ouvrir la bouche, elle me demande de sortir un paquet de crêpes dentelle. Je passe furtivement mon doigt dans le saladier rempli de chocolat avant de lui ramener ce qu’elle m’a demandé. Elle pousse un soupir d’énervement mêlé à un rire pendant que je me rince les mains dans le lavabo.
— J’ai quelque chose d’important à te dire, maman. C’est par rapport à…
Je m’arrête net quand nous entendons un grand bruit. Ma mère et moi sursautons en même temps. Mon coeur s’accélère et ma seule préoccupation c’est de savoir si Pierre va bien. Je quitte rapidement la cuisine et découpe un grand vase brisé sur le sol près de la fenêtre. Edward est là dans le salon.
— Tu vas bien ? Qu’est ce qui s’est passé ? intervient ma mère en s'avançant vers lui.
Je retiens discrètement ma mère par le poignet qui me regarde bizarrement. Le regard agressif de son ami se pose sur le mien et des frissons parcourent mon corps pendant que je la lâche. Ce vase est très important pour nous, il se transmet de génération en génération et maintenant… J’essaie de sortir le plus naturellement possible et bouscule Pierre qui me rattrape quand je trébuche.
— Tu vas bien ? me demande-t-il inquiet.
— Oui, il a juste cassé le vase qu’on a dans la famille depuis des générations.
— Tu as réussi à parler à ta mère ?
— Non, j’étais sur le point de le faire mais après on a entendu du bruit et puis voilà. Je pense qu’il a dû le faire exprès car il a peut-être entendu ma tentative. Je ne sais plus quoi faire là.
Pierre m'entraîne vers un coin dans le couloir, loin d’eux. Il passe ses bras autour de moi pour me faire un câlin et je m’accroche à lui de toutes mes forces. Si seulement la situation pouvait être plus simple. Pourtant, je m’imagine très bien être allongée sur le canapé du salon chez ma tante, un livre à la main et ma tête posée sur les genoux de Pierre pendant que ce dernier serait en train de réviser ses fiches de SES. Malheureusement, nous n’y sommes pas encore et j’ai vraiment hâte d’y être. J’entends du bruit et ouvre les yeux en sursautant. Edward passe devant nous pour aller dans la cuisine. Pierre le fusille du regard l’air de dire « Ne t’approche surtout pas d’elle ou tu auras affaire à moi ! ». Il tient la main de ma mère qui me demande :
— Au fait, tu n’avais pas quelque chose à me dire ?
— Non, non, c’est bon. Ca peut très bien attendre. De toute façon, ce n’était pas très important, dis-je en lui mentant.
— D’accord. Nous en avons pour une heure, je vais aller faire des courses avec Edward. Après si tu veux on peut aller manger tous les quatre au restaurant.
— Avec joie, répond Pierre à ma place même si je sais qu’il est peu enchanté comme moi.
Et ma mère et son ami sortent de la maison et j’entends une voiture démarrer. Je me laisse glisser contre le mur et j'atterris malgré moi violemment sur les fesses. Je regroupe mes jambes contre ma poitrine et pose ma tête contre mes genoux. Je suis définitivement perdue. Pierre vient s’accroupir près de moi et prend mon visage dans sa main pour me forcer à le regarder.
— J’aimerais que tout soit enfin fini, je murmure d’une voix faible en soutenant son regard.
Il passe sa main sur ma joue avant d’attrapper ma main et m’attire contre lui. Surprise, je perds l’équilibre et finis plaquée contre son torse.
— Je veux partir maintenant avec toi, finit-il par dire au bout d’un long silence.
— Je suis toute à toi. Tu peux faire ce que tu veux de moi. Moi aussi, je veux partir. Pour ma mère, on verra bien, je l'appellerai demain matin. En plus, je commence à fatiguer. J’ai juste envie de dormir et d’être réveillée par toi demain matin, mais d’abord tu me laisses faire la grasse matinée, hein ?
— Vos désirs sont des ordres, ma princesse.
Il m’embrasse sur le front et récupère mon sac qu’il passe sur son épaule.

Je me laisse tomber sur son lit et retire, épuisée, mes chaussures. Je n’ai même pas faim tellement la fatigue me guette. J’aime être seule avec Pierre et je suis contente qu’on puisse l’être aussi longtemps qu’il voudra de moi cet été. Mais pour le moment, il lui reste encore une semaine de révisions puis il passe son vrai bac. J’ai du mal à croire qu’il ait déjà fini le lycée, alors que moi je vais passer en première à la rentrée prochaine. Je suis perdue dans la contemplation du cerisier que j’aperçois à travers la fenêtre de sa chambre. Je me redresse quand je le vois entrer en refermant la porte derrière lui.
— Marie ne va tarder à rentrer. Fais comme chez toi, ma princesse.
Il va se poster devant son armoire et retire son tee-shirt. La ligne de sa colonne vertébrale est très bien tracée, ses omoplates saillent particulièrement lorsqu’il fait un geste. Je suis perdue dans la contemplation de son dos, son dos est si parfait. Il me ramène à la réalité et je rougis comme une pivoine quand je vois un sourire narquois se former sur mes lèvres. Aïe, je ne suis jamais discrète moi ! Il s’approche et s’assoit à côté de moi. Il m’attire vers lui, de sorte que je finis assise sur ses genoux. Je pose ma tête contre sa poitrine et caresse son bras. Il est musclé sans trop l’être, je remonte ma main jusqu’à son épaule. Je passe ma main dans ses cheveux et les tire doucement pour l’attirer contre moi. Il me tient par la taille pour éviter que je finisse par terre et m’embrasse sur le front. Je sens son haleine fraiche chatouiller mon oreille. Il enfouit son visage angélique dans mon cou. Je laisse échapper un bâillement et Pierre me dit quand il sent ma peau se tendre sous ses lèvres :
— Tu devrais te mettre en pyjama, ma beauté.
— Pour ça, il faudrait que j’ai le courage de descendre de tes genoux, je murmure en rigolant à moitié endormie.
En une fraction de seconde, je sens ses mains m’aggriper à la taille et il me soulève d’un coup pour atterrir avec douceur sur mes pieds. Lui aussi se tient debout et me guide vers la salle de bains. Plutôt mourir qu’être loin de lui. Je ne peux pas tenir une journée sans penser à lui ou sentir le contact de sa peau sur la mienne. J’enfile mon pyjama rose clair avant d’ouvrir la porte. Il entre et s’assoit sur le bord de la baignoire pendant que je me démêle les cheveux.
— Tu es magnifique, dit-il en me regardant de la tête au pied à travers le miroir.
— Et toi encore plus, j’ai peur de me réveiller et que ça ne soit qu’un rêve. Un très mauvais rêve, si c’est le cas.
— Je t’aime, me susurre-t-il à l’oreille quand il est enfin proche de moi.
Une bouffée de chaleur apaisante s’empare de moi. Je suis aux anges, lové dans ses bras. Il en profite pour enfiler un pantalon de pyjama dans sa chambre pendant que je finis de mettre ma crème de nuit sur le visage. Quelques minutes plus tard, je me mets sous la couette et il me rejoint après avoir éteint la lumière.
— Ca me fait bizarre… Même si ce n’est pas la première fois qu’on dort ensemble, ça me fait toute drôle, c’est comme si on était déjà…
— Mariés, dit-il en finissant ma phrase. Oui, je te comprends. Moi aussi, ça me fait bizarre. Mais j’ai toujours besoin de t’avoir près de moi, que tu sois constamment à mes côtés suffit à me combler de bonheur.
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Message par sara14 »

Chapitre 10 :
  J'ouvre les yeux et me tourne vers Pierre. Il est deux heures trente passées du matin et je ne trouve toujours pas le sommeil. Pourquoi c'est si compliqué de s'endormir rapidement quand moi j'ai le droit aux tarifs des insomnies ? Je l'admire pendant qu'il est plongé dans ses rêves. Joyeux, je l'espère. Sa bouche est légèrement entrouverte, son souffle contre mon cou me chatouille. Quand il dort, il est encore plus craquant et plus reposé. Je n'arrive pas à croire qu’hier encore, je me forçais à ne plus le voir ni lui parler tout ça pour qu'il réussisse son bac. Mais d'un autre côté, c'est complètement débile car il aurait très bien pu rater ses épreuves puisqu'il était éloigné de moi depuis un long moment. Je me rapproche de lui et emmêle mes pieds avec les siens car j'ai froid. Je sens son bras passer autour de mes épaules et il m'attire vers lui. Pourtant ses yeux sont toujours fermés, ça doit peut-être être un réflexe puisque ses gestes sont lents et faibles. Un peu de sa chaleur pourrait surement m'aider à m'endormir. Non, je n'y arrive pas. J'essaie de me retourner pour essayer de plonger dans un sommeil profond tout en étant bercée par le battement régulier de son cœur.
  Les minutes passent puis les heures. Je passe un long moment sans réussir à fermer les yeux. Je finis enfin par me lever discrètement sans le réveiller. Mon téléphone indique cinq heures quarante quand je l'allume. J'ai cinq appels manqués de ma mère ! En même temps, c'est normal. Je disparais un soir sans lui dire où je vais, pourquoi et encore moins pour combien de temps. Je la rappellerai plus tard, il est tard maintenant, enfin trop tôt je veux dire. Je me mets à faire les cent pas dans la chambre. Je dois me vider l'esprit, mais comment ? J'aimerais bien savoir. J’enfile le sweat shirt que Pierre a mis hier soir et me dirige dans le salon. En entrant dans la grande pièce, ma hanche heurte violemment un meuble et je lâche un petit cri avant de me rappeler que ma tante et Pierre dorment ici.
  Je m'allonge sur le canapé et garde mes yeux rivés au plafond. Pourquoi je n'arrive pas à dormir comme tout le monde ? C'est si dur d'avoir une vie semblable aux autres ? Comment je peux faire ? Je baille mes yeux se ferment enfin. Je me mets plus confortablement et m'endors aussitôt.

  Je me réveille en sursautant… encore un mauvais rêve. Il faut que je pense à appeler ma mère mais il n'est que sept heures trente du matin. Et c'est très tôt pour passer un appel un dimanche matin.
— Mariam, qu'est-ce que tu fais ici ? demande ma tante en venant me serrer dans ses bras.
— C'est une très longue histoire, je souffle en essayant de ne pas me raidir rien que d'y penser.
— Ok, tu m'expliqueras tout à l'heure. Je vais aller courir, tu veux venir avec moi ?
  Elle s'éloigne près de la porte pour nouer ses chaussures et arrache ses cheveux. D'une voix fatiguée, je lui dis que je manque encore un peu de sommeil. Ce qui est le cas ! Mais je ne pense pas que j'arriverai à me rendormir. Et de toute façon, même si je suis en sa compagnie, je ne veux pas risquer le cas de me retrouver face à face avec Edward.
  Quand elle part, je me laisse tomber sur le coussin. Je ne savais pas qu'elle fait un footing quotidien. Ah oui, c'est vrai, elle ouvre la clinique dans une heure, c'est peut-être pour ça qu'elle court si tôt. Quand je me sentirais un peu plus en sécurité, je partirai courir avec elle. Mais pour le moment, je me rends compte que j'ai à peine dormir trois heures cette nuit. Je vais encore m'effondrer de sommeil après le déjeuner, telle que je me connais.
  J’attrape mon livre dans mon sac. Ca fait un moment que je n’ai pas lu ! J’avais complètement oublié la sensation que cela me produit quand je me perds dans un livre de science-fiction. Ce qui est bien, c’est que ça me permet de m’évader du monde réel et de fuir mes problèmes. Au bout d’une heure de lecture, je sens déjà la fatigue me gagner. Ah non ! Mon corps n’a pas voulu dormir cette nuit alors maintenant, il attendra ce soir pour se reposer. Je ne comprendrai jamais comment fonctionne mon corps. Je me lève du canapé et me dirige vers la cuisine. Je commence à préparer la table. Je dépose le fromage, les fruits, la confiture, le beurre, etc… sur la table. Je coupe le pain sur le plan de travail et entends soudain du bruit.
— Tu as bien dormi, mon ange ? me demande une voix.
  Je me retourne en posant le pain sur la table et en gardant mon couteau en mode défense. Son regard s’attarde sur le couteau puis remonte vers mes yeux rouges. Je le laisse tomber par terre et me prends le visage entre les mains.
— J’ai cru que c’était Edward. Je suis désolée de t’avoir confondu avec lui.
  Pierre s’approche de moi et me serre contre son cœur. Bientôt, son tee-shirt forme une grosse tâche remplie de mes larmes. J’ai toujours aussi peur de lui. Je ne pourrais jamais le chasser de mon esprit, non je n’y arriverai pas.
— Ca va, ça va aller, me berce-t-il tendrement. Je ne laisserai plus jamais te faire du mal. Tu en as ma parole. Tu as encore rêvé de lui ?
— Non, même pas. J’ai à peine dormi trois heures. J’ai été insomniaque pratiquement toute la nuit.
  Il m’entraine vers la table et insiste pour que je m'assois sur ses jambes. C’est marrant. Il me tend un verre de jus de pommes que je bois d’une traite. J’attrape un raisin et le glisse dans sa bouche. A la façon dont ses yeux brillent de bonheur quand je lui donne à manger, je suis déjà impatiente d’être à demain matin pour pouvoir recommencer. Nous finissons de manger avec rires et douceur. Il passe mes cheveux de l’autre côté et je sens ses lèvres sur mon cou. Soudain, Marie apparaît à l’embrasure de la porte et je me lève aussitôt mais Pierre me retient.
— Ne sois pas gênée Mariam, dit ma tante en me faisant un clin d’œil. Je sais ce que c’est l’amour.
  Elle prend une crêpe au miel et un verre d’eau puis quitte la pièce pour aller prendre sa douche.
— Pourquoi tu as fait ça ? je chuchote à Pierre une fois qu’elle n’est plus dans la cuisine. Je n’aime pas me retrouver dans des situations gênantes.
— Mais non, au contraire, elle est contente qu’on soit ensembles.
  Je me lève, rouge comme une pivoine avant de commencer à ranger la table. Je sais, mais quand même !
— Tu peux m’ouvrir le frigo, s’il te plait ? je demande, les bras remplis.
  J’évite de croiser son regard en refermant le frigidaire.
— Non, sérieusement, tu vas me faire la tête juste pour ça ?
  Il me prend dans ses bras et je cède aussitôt.
— Je déteste quand tu as un avantage, je souffle en rigolant. C’est bon, tu es pardonné mais ne recommence plus, ok ?
— Ok. Je t'aime, mon amour.
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Chapitre 11 :
  La semaine est passée à une vitesse fulgurante et Pierre a l’air plutôt satisfait de ses examens. Et je suis contente, même heureuse pour lui. Il a enfin fini le lycée alors que moi, il me reste encore deux belles années devant moi. En ce moment, je suis sur le siège arrière de la voiture de Marie et Pierre à côté de moi. Nous partons à la campagne et j’ai hâte de revoir Mélanie et Spencer. Elles sont toujours aussi gentilles avec moi et je suis heureuse d’avoir des amies aussi sympas qu’elles ! Je vide ma bouteille d’eau que j’ai à la main depuis un moment et la range dans mon sac. J’essaie de lire mon gros roman de 700 pages mais j’ai du mal à me concentrer. D’un côté, je suis tellement contente de partir en pleine nature et de l’autre, j’ai Pierre qui cherche désespérément à me faire abandonner ma lecture. Finalement, je décide de mettre un marque-page et de fermer mon bouquin. Il va le regretter d’avoir osé me déranger dans mon univers fictif, ça je vous le dis !
  Il prend ma main et la presse doucement. La chaleur de sa paume réchauffe la mienne en quelques secondes et j’apprécie cette sensation enivrante. Il décrit des cercles de plus en plus gros au creux de ma main et un petit sourire me fend les lèvres. Je garde mes yeux rivés sur les siens et m’y noie. Ses pupilles sont tellement belles, je ne pourrais jamais me lasser de les admirer. Je défais ma ceinture, m’assois sur le siège du milieu et la rattache aussitôt. Voilà, comme ça il n’y a plus de distance entre nous. Il m’attire contre lui et passe un bras autour de mes épaules. Comment ne pas résister à son charme, franchement ? Je baille et ferme les yeux, toujours dans ces bras qui me protégeront toujours. Je sens sa main remettre des mèches de cheveux derrière mon oreille mais je fais semblant de dormir. J’essaie de caler ma respiration sur la sienne et me détends. J’entends ma tante parler mais je n’ouvre toujours pas les yeux :
— Elle dort ? demande-t-elle discrètement.
— Je crois oui. Elle est juste adorable, j’aime la regarder dormir.
  Il dépose un baiser furtif sur ma joue et je fais tout mon possible pour éviter qu’il remarque ma réaction.
— Elle est encore jeune, tu sais. Tu ne devrais pas trop t’attacher à elle.
  Pourquoi elle dit ça ?
— Je ne veux pas qu’elle souffre, Marie. Je préfère rester faire mes études à Paris le temps qu’elle finisse le lycée. Je ne veux pas aller étudier à Oxford. Je sais que c’est une université prestigieuse mais je ne peux pas la quitter comme ça. Elle a besoin de moi en ce moment, et ces derniers temps plus qu’avant. Et moi, j’ai besoin d’elle aussi. Elle est toute ma vie.
— Très bien. Pour le moment, on reste sur tes études à Paris mais promets moi d’y réfléchir. Je ne veux pas que tu mettes ton avenir en jeu juste pour une simple relation amoureuse.
— Une simple relation amoureuse ?! s’énerve Pierre. Pourquoi tu dis ça ? Je l’aime et elle est très importante pour moi. Je ne peux pas croire que tu oses dire ça après tous les obstacles qu’on a enduré pour être enfin ensemble.
— Au moins, elle est au courant ?
— Non pas encore, mais je lui en parlerai quand ça sera le bon moment.
  Le bon moment, oui c’est ça. Tu viens juste de foutre en l’air mes vacances d’été avec cette nouvelle que j’aurai préféré ne jamais savoir. De la colère mêlée à de la tristesse viennent chambouler mon cœur et je laisse échapper une larme de douleur silencieuse.

  Pierre me réveille en caressant mon bras et j’ai un mouvement de recul. Je me redresse en m’étirant.
— On est arrivés ? je demande toute joyeuse.
— Oui, Marie est déjà en train de décharger le coffre.
  Un bref regard vers lui et mon degré de bonheur redescend d’un coup. On va voir au bout de combien de temps tu oseras enfin m’en parler. J’essaie de rester la plus naturelle possible et fais comme si de rien n’était. J’ouvre la portière et un vent d’été chaud soulève mes cheveux. J’attrape mon sac et monte directement dans ma chambre.
— On va bientôt déjeuner, m’interpelle-t-elle quand je pose mon pied sur la première marche de l’escalier.
— D’accord, je vais aller lire en attendant. Appelle-moi dès que c’est prêt.
  Une fois en haut, j’entrouvre les rideaux puis aère ma chambre. Même si ça fait pratiquement un mois que je suis venue, je suis déjà heureuse d’y revenir à nouveau. Je retire mes chaussures et ma chemise. Vêtue d’un tee-shirt sombre et d’un short en jean déchiré, je me laisse tomber sur mon lit. Je ne peux pas m’empêcher de rire comme une folle car je suis en train de me camoufler parmi la tonne de coussins et de doudous qui peuplent mon nid nocturne. Bref. Je passe Majestic et appuie ma tête contre la sienne. C’est un doudou : une grand licorne rose qui est presque aussi grande que moi. J’espère grandir encore un peu. J’adore cette peluche qui me rappelle toujours que je dois voir la vie en rose. Je la serre de toutes mes forces et relâche ma prise quand j'émerge à nouveau dans mon roman. Une demi-heure plus tard, ma tante m’appelle et je m’attable rapidement.
— Je meurs de faim, je dis en rigolant.
— Et bien, tu vas adorer alors ! s’exclame-t-elle en me tendant mon assiette. J’ai préparé une bonne lasagne bien comme tu les aimes, avec de la salade verte.
  Je dévore mon repas en silence. Cette nouvelle m’a tellement choquée que je suis devenue carrément froide ? Pierre m’interroge du regard et je lui fais un signe de tête positif. Je finis ma dernière bouchée en le regardant :
— Il faut qu’on parle.
  Et sur ce, je me lève et sors dehors. Je m’assois sur le perron devant la porte d’entrée et respire à moitié épuisée et en colère, et triste, et pleins de choses en même temps ! La porte s’ouvre sur Pierre et je joue avec mes doigts. Je sens que les prochaines minutes vont être longues et interminables.
— De quoi tu veux parler ? me demande-t-il en s’asseyant à côté de moi et passe un bras autour de mes épaules mais je me dégage aussitôt.
  Mon geste le laisse surpris, je me lève pour lui faire face et je vois son regard inquiet.
— J’ai fait quelque chose de mal ?
— Ce n’est pas quelque chose que tu as fait, c’est plutôt ce que tu n’as pas encore fait. Ecoute. Je sais que espionner les gens, ce n’est pas correct mais je ne l’ai pas fait exprès. Pourquoi tu m’as caché que tu allais partir faire tes études à Oxford ? Tu ne me fais pas assez confiance pour m’en parler ? Ou tu penses que ta petite amie ne devrait pas être au courant ?! Parce que si c’est le cas, je peux très bien appeler ma mère pour qu'elle me ramène sur-le-champ à la maison.
— Quoi ? Hé, calme-toi ! Tu nous as espionné tout à l’heure ?
  Maintenant, il a l'air énervé et se lève lui aussi.
— J’ai dit que je ne l’ai pas fait exprès ! Mais pourquoi tu ne m’as rien dit ? Je croyais que la confiance, ça allait dans les deux sens.
— Et c’est toujours le cas. Je ne te l’ai pas dit parce que je préfère ne rien dire car je n’irai pas là-bas. Arrête de tirer des conclusions trop hâtives.
— Je ne sais plus si je dois te faire confiance ou non. Je suis complètement perdue.
— Pourquoi tu doutes autant ? Je t'aime plus que tout et je préfère largement être proche de toi et faire mes études à Paris que souffrir à Oxford car tu n'es pas à mes côtés. Je t'aime, tu es mon rayon de soleil et je ne peux pas vivre aussi loin de toi.
  Je le serre dans mes bras. C'est un amour. Je suis la fille la plus heureuse du monde. Il resserre son étreinte à un point que j'étouffe et passe sa main dans mes cheveux.
— C'est tout ce que je voulais entendre. Moi aussi, je t'aime. Merci d'être toujours là pour moi, Pierre.
— Je suis pardonné ?
— Oui.
sara14

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Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Chapitre 12 :
— Maintenant que tu ne me fais plus la tête, tu veux faire quoi cet après-midi ?
  Dans ma chambre, je noue ma chemise autour de ma taille avant de mettre de bonnes chaussures de marche. Pierre m’observe depuis tout à l’heure et quand je suis enfin prête, je romps le silence :
— Je voudrais qu’on reparte au même endroit que la dernière fois. Au niveau du lac, le jour où tu m’as fait écouter ton poème d’amour.
  Ses yeux s’illuminent en quelques secondes et je suis contente que ça lui plaise aussi. Il me demande d’être devant la porte dans cinq minutes, le temps qu’il se prépare. J’en profite pour dire à Marie que nous sortons puis elle me demande si tout va bien entre nous et je lui réponds. Il ne tarde pas arriver et prend ma main. Dehors, nous nous enfonçons dans les bois. En fait, je suis toujours partie dans les bois ou dans la forêt ici à la campagne sur un coup de tête et regrette d’avoir fait ça. Car honnêtement, cela fait une vraie balade entre amoureux et j’adore être en sa compagnie. Ensuite, quand je suis seule, je m’attire toujours des ennuis comme un aimant alors autant qu’il soit là pour me protéger et me surveiller.
  Je pose le pied sur quelque chose et trébuche. Pierre me retient par le bras et ça le fait rire.
— Je ne trouve pas ça très gentil de ta part de te moquer, dis-je en croisant les bras même si je sais que je suis tout sauf crédible surtout avec lui. Et d’ailleurs, qu’est-ce qui te fais autant marré ?
— Le fait que tu es toujours aussi maladroite depuis qu’on est tous petits. Je suis désolé de rigoler de ça mais je ne peux pas m’en empêcher. Tu te souviens quand tu étais petite ? Tu venais à peine de fêter tes cinq ans et on jouait à la balançoire. Et toi, comme tu as toujours une imagination aussi débordante, tu voulais te mettre sur le siège pour être plus grande que moi. Sauf que tu as perdu l’équilibre et si ton père n’était pas là, tu te serais retrouvée à l’hôpital avec la tête ouverte.
— Et toi ce qui me fait rire chez toi, c’est que tu serais prêt à lister toutes mes maladresses depuis toute petite.
  Sur le moment, ça me fait rire un bon coup puis je m’arrête et me baisse la tête. Papa… On n’a jamais compris moi et maman pourquoi tu nous as abandonné comme ça. J’aurais voulu comprendre ce qui n’allait pas chez toi et faire mon maximum pour que tu restes mais malheureusement, c’est impossible. Pierre me soulève le menton et je croise son regard.
— Je… je n’aurais pas dû en parler. Je n’ai pas fait attention en racontant. Je suis désolé.
— Tu n’as pas à t’excuser. Il me manque juste mais c’est supportable. Quand je regarde l’album photo quand j’étais bébé, j’ai juste envie de fondre en larmes.
— Tu veux en parler ? demande-t-il en remettant une mèche de cheveux tombée sur mon visage derrière mon oreille.
— Non, c’est bon. Un câlin venant de ta part me suffira largement.
  Il passe ses bras autour de moi et je pose ma joue contre son torse en fermant les yeux. Merci d’être toujours là. Je l’aime plus que tout et rien ni personne ne pourra changer ça.
— Je ne te ferai jamais ça, dit-il en se détachant de moi après un long moment. Je ne te laisserai jamais tomber ni avant ni après le mariage. Tu peux en avoir ma parole.
— Je sais, merci. Au fait, c’est moi qui rêve ou tu fais de la musculation en plus de la piscine et du tennis et de tous les autres sports que tu fais ?
— Non, non c’est bien réel. Oui j’en fais, pourquoi tu n’aimes pas ?
  Je ne réponds rien et rougis à la place. Génial, il vient de le remarquer et un petit sourire satisfait se dessine sur ses lèvres.
— Tu aimes ça à ce que je vois. Bon, c’est pas tout mais on a encore un peu de route alors si ça ne te dérange pas…
  Sans rien voir venir, je me retrouve sur son dos et il se remet à marcher. Je me débats en battant des pieds et en le tapant sur le dos mais ça n’a aucun effet sur lui et il se remet à rire. Oh ! Ca, tu vas le regretter.
— Lâche moi tout de suite, je sais marcher !
— Ah oui ? Pourtant, j’ai quand même des doutes là-dessus, ironise-t-il.
  D’un autre côté, il n’a pas totalement tort. J’abandonne toute tentative de défense et pose ma tête contre son épaule. Je le déteste et c'est pour ça que je l'aime.

  Je m’assois contre un arbre et étends mes jambes devant moi. Face au soleil, je vais pouvoir prendre mes premières couleurs de l’été. Je respire l’air, l’herbe qui nous entoure. Ca sent bon et des frissons me parcourent. Pourtant, recevoir les rayons du soleil sur ma peau me procure un bien fou, comme si je renaissais. Je regarde l’eau scintillante calme et apaisante.
  Quand je suis à la campagne, j’essaie d’oublier tous mes problèmes et qui je suis réellement. Petit moment de détente qui risque de se terminer aussi vite que c'est arrivé puisque je reçois du liquide sur moi. Pierre est en train de m'arroser de l'eau du lac. Définitivement la phrase "faire l'amour et non la guerre" n'est pas très claire dans sa tête. Mes bras sont déjà tous trempés et je ne parle même pas de mon débardeur.
— Avec toi, on ne peut jamais avoir la paix !
  Il me soulève et je suis sur son épaule, la tête vers le bas. Je me débats en tapant sur son dos en rigolant.
— Lâche-moi !
— Ok, je te pose par terre mais je te propose un truc alors. Tu veux que je t’apprenne quelques techniques de self-défense ?
  Honnêtement, ça fait un moment que j’y pensais mais que je n’ose pas lui demander. Il me dépose par terre et je remets mes cheveux en place en soufflant.
— J’aimerais beaucoup mais je ne veux pas te faire de mal…
— Tu es sérieuse ? La fille que j’aime ne se dégonfle pas aussi facilement. Loin de là ! Elle est la bonté incarnée, tu es une perle rare et je suis content d’être à tes côtés en ce moment même. Je donnerai n’importe quoi pour ne plus jamais te quitter un seul instant. Et même si tu oses me dire que tu me ferais mal, j’aimerais bien voir ça parce que honnêtement, tu n’as de force dans les bras.
— Ah parce que maintenant, tu passes aux menaces ? demandé-je ironiquement. Je vois, je vois. Alors monsieur le professeur, qu’est-ce que vous devriez apprendre à une jeune fille comme moi si un jour elle se retrouverait en position de détresse ?
  Un sourire nait sur son visage, il regarde furtivement derrière moi puis me pousse contre un arbre. A quoi il joue ? Mon coeur s’accélère, je crois son regard chaleureux et je comprends tout de suite. La leçon a déjà commencé. Maintenant, à moi de me libérer de son emprise. C’est parti ! Je dois réfléchir et vite. Concentre toi, je dois juste me dire que ce n’est pas Pierre et voilà.
  Je lève mon bras et abats mon coude sur son bras. Je m’échappe mais il me retient par le bras et m’attire vers lui. Souffle, c’est juste un exercice mais comment être concentré quand sa beauté m’aveugle. Je lui envoie mon genou dans la cuisse et il me lâche. Et pour être sûre qu’il aie bien compris, je lui envoie un coup de pied à l’arrière du genou.
— C’était parfait, me dit-t-il en se relevant. Je n’ai rien à dire, tu es brillante, habile et rapide. Au moins, ton agresseur aura compris la leçon s’il a affaire avec toi.
— Merci. D’ailleurs, tu penses qu’on doit faire quoi ? Je n’ai toujours pas appelé ma mère mais j’ai peur de l’appeler et de découvrir qu’il lui est arrivé quelque chose. Imagine elle finit à l’hôpital.
— Hé, hé, calme toi ! me rassure-t-il en posant ses mains sur mes joues pour qu’il me force à le regarder droit dans les yeux. Je suis sûre qu’elle va très bien et que tu t’inquiète pour rien.
— Comment tu peux en être aussi sûr ?
  Là je suis à moitié angoissée et la colère est en train de prendre le dessus.
— Comment tu peux savoir ce que je ressens alors que ma vie est remplie de mensonges ? D’abord j’apprends que tu n’es pas mon vrai cousin, ensuite j’apprends que ma mère a aimé Edouard dans le passé et que ça ne va pas tarder à refaire surface ! Je vis tous les jours dans la peur et les mensonges. Et ce matin encore, j’apprends que tu comptais faire tes études en Angleterre mais qu’au final non ! Tu peux t’imaginer une seconde à ma place ? Parfois, je me demande si ma vie a vraiment un sens et si elle vaut vraiment la peine d’être vécue.
  Je fais un pas en arrière pour qu’il me lâche. Il ouvre ses bras pour me réconforter mais non, au lieu de ça, je lui dis que j’ai besoin d’être seule et de réfléchir. Alors c’est ce que je fais, je pars en courant en le laissant seule encore une fois. J’avais besoin d’extérioriser mes pensées, mes douleurs. Au moins pour qu’il sache que même si je l’aime, c’est toujours aussi compliqué dans ma tête et dans mon coeur.
Passages

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Re: Hasard - tome 2

Message par Passages »

Chapitre 1) NON MAIS C'EST UNE BLAGUE?! Je viens d'écrire le commentaire du tome 1 et de te dire que Pierre est mon personnage préféré et là j'ai vrziment cru que tu allais le tuer. Sinon à la phrase "Je me suis promise d’arrêter de pleurer mais quand je remarque le sang sec le long de son bras, je dois redoubler d’efforts pour refouler mes larmes." J'ai lu blanc bec du coup ç'a donné ça "Je me suis promise d’arrêter de pleurer mais quand je remarque le blanc bec le long de son bras, je dois redoubler d’efforts pour refouler mes larmes." Ce qui m'a fait bien rire et ce n'était pas du tout le but de la scène. (merci ô imagination foireuse) Bref tout ça pour dire que j'ai bien peur pour Pierre.
sara14

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Re: Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Haha je trouve ta réaction trop drôle. Ca m'a fait trop rire quand j'ai lu ça hier soir :lol: :lol: :lol:. Je te comprends, moi même Pierre est mon personnage préféré. Par contre, je n'ai pas compris l'expression "blanc bec" et pourquoi tu as pensé à ça ? :?: Sur ce, dans quelques minutes je publie le prochain chapitre en espérant que ça te plaise :roll:
sara14

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Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Chapitre 13 :
Je cours, je cours mais je ne sais pas où je vais. En tout cas, pas à la maison. Je trébuche plusieurs fois mais je me relève et continuer de courir. J’aimerais que tout s’arrête, que la paix règne en moi et autour de moi. Parfois je n’aimerais ne jamais avoir existé. Je suis arrivée au village. Où ? Je n’en ai aucune idée mais c’est mieux que souffrir près de mes proches. Je traverse la route et j’entre dans la première boutique que je vois. Une librairie. Je me balade dans les rayons avant de tomber nez-à-nez avec un roman que je veux lire depuis une éternité. Je m’assois par terre, dos au mur et sèche mes larmes avant de commencer à lire. Mon téléphone vibre dans ma poche, je sais que c’est lui mais je ne réponds pas. J'éteins mon portable et le laisserai ainsi aussi longtemps que j’en ai besoin. Un chapitre plus tard, je me rends compte que le seul moment où je m’immerge complètement dans mon monde parallèle c’est quand j’ai l’histoire d’un personnage fictif entre les mains avec un début et une fin déterminée.
Après être plongée deux heures dans ce livre, je le remets à sa place à regret de ne pas avoir eu le temps de le finir. Tiens, il fait un peu frais quand je mets le pied dehors. J'enfile ma chemise et la boutonne rapidement. J'allume mon téléphone en commençant à marcher. J'ai reçu cinq appels manqués de Pierre et d'autres appels manqués et messages de la part de ma mère. Mais je ne peux pas l'appeler sans lui à côté de moi, puisque je me suis éloignée justement pour être protégée mais là je cherche le contraire. Oh, je suis complètement perdue ! Pourquoi tout est si en désordre dans ma tête ? Mon téléphone vibre à nouveau et je décroche.
— Allô Mariam ? Où tu es ? Pierre se fait un sang d'encre pour toi et moi tu n'imagines même pas comment je suis. Pourquoi tu es partie comme ça sans lui ?
— J'avais besoin d'être un peu seule. De vider mon esprit de tous les mensonges dans lesquels je vis. Enfin bref, je viens de quitter une librairie à... je n'arrive pas à lire le nom de la rue. Il fait trop noir. Rue des Champs, je crois.
— Ok, on arrive tout de suite ne bouge pas.
Puis elle raccroche. Je retourne près du magasin et m'assois sur un banc pas très loin. Être dans un endroit que je ne connais pas du tout, dans le noir en plus... Ça me fait vraiment flippé. Un groupe de garçons passent devant moi et s'arrête aussitôt. Je sens que je suis très, très mal là. Ok, fais comme si tu ne les avais pas vu et tout ira bien.
— Ne détourne pas la tête. Tu sais que ce n'est pas bien d'ignorer les autres un soir de fête.
J'espère que Pierre va bientôt arriver parce que vu la façon dont ils se tiennent et me parlent me laisse penser qu'ils sortent d'une soirée ou peut être qu'ils y vont car il est encore tôt pour finir. En gros, ce que je veux dire c'est Pierre, dépêche toi, j'ai besoin de toi !
L'un d'eux s'approchent de moi et me fait tomber par terre. Je ne peux m'empêcher de pousser un cri. Mes genoux sont égratignés et mes mains aussi mais moins. Je me relève aussitôt et lui envoie un bon coup de pied bien placé avant de partir en courant. Un autre réussit à me rattraper avant de me plaquer contre un mur. Mince, je ne me souviens plus comment j'ai fait pour m'en sortir tout à l'heure près du lac avec Pierre.
— Lâche la ou tu vas finir ta soirée à l'hôpital !
Pierre est enfin là... Ça y est, je me souviens. Je lève mon bras et abats mon coude sur son bras avant de me libérer. Ils partent aussitôt que Pierre fait un pas vers eux, menaçant. Après avoir repris mon souffle, je me précipite vers Pierre et il me fait un long câlin pour me calmer.
— C'est la dernière fois que tu me fais un coup pareil ! Je n'aime pas quand tu pars comme ça mais je comprends aussi...
— Comment tu vas ? Tu n'as rien ? s'inquiète Marie en venant me prendre dans ses bras à son tour.
— Non, ça va. J'ai juste quelques égratignures aux genoux quand il y en a un qui m'a fait tomber par terre.
Pierre s'énerve et je passe une main dans sa tête pour le calmer. Si je ne le retiens pas, il serait parti se battre avec eux... On retourne tous les trois à la voiture et nous rentrons à la maison. Je passe rapidement sous la douche et mets un pansement sur mes genoux avant d'enfiler mon pyjama. Voilà à quoi ça m'amène de partir seule, je m'attire toujours des problèmes où que je sois. Marie vient frapper à la porte de la salle de bains pour me dire que le dîner est prêt.
Une fois le dîner fini, je reste plus longtemps à table avec ma tante. Pierre m’embrasse sur le front avant d’aller dormir. Je le regarde franchir la porte de la cuisine puis je me tourne vers Marie. Nous passons un long moment à discuter mais cette conversation est très importante pour moi. Je lui dis que depuis quelques jours, je ne me sens pas à l’aise et que je préfère rentrer chez moi pour être au près de ma mère. Je ne lui explique pas la situation en détail mais elle me comprend parfaitement.
— J’aurais bien voulu te ramener à Neuilly, seulement j’ai beaucoup de travail ici. Je passe mes journées entières à la clinique donc c’est vraiment compliqué pour moi. Mais je te promets que je vais regarder sur internet tout à l’heure si tu ne peux pas rentrer en car ou un truc dans le genre. Et je te dis demain.
— D’accord, merci beaucoup. Tu es génial, Marie. Par contre, je te demande une seule chose. Garde ça pour toi, n’en parle pas à Pierre. Je ne veux pas qu’il soit mêler à ça ou qu’il s’inquiète.
— Ok, promis ma grande. Maintenant au dodo.
Je lui fais un câlin et monte dans ma chambre. Je me brosse les dents et me mets sous la couette. Une heure plus tard, le sommeil ne vient toujours pas. Je n’arrête pas de me retourner pour trouver en vain une position confortable, je n’arrive pas à me détendre. Ma mère me manque et je me sens inutile et faible d’être aussi loin d’elle. J’aimerais la protéger d’Edward mais cette fois ci, je ne veux pas que Pierre intervienne. Je regarde par la fenêtre et cherche la douceur et la délicatesse du ciel étoilé pour m’endormir.

Ma mère est là, en face de moi. Je me tiens dans le salon, appuyée contre la porte. Elle souffre et moi je suis immobile mais mes yeux me piquent. Je la vois se faire agressée par Edward. Ses yeux sont couverts de larmes et ses mains et bras saignent à un point que je suis obligée de détourner le regard pour ne pas m’évanouir. Elle ne comprend pas pourquoi il réagit comme ça, pourquoi il se retrouve à la gifler et à la pousser en arrière jusqu’à ce qu’elle lâche son dernier soupir. Je souffre et lui demande d’arrêter de la torturer. Je me dirige vers Edward et m’interpose entre les deux rapidement. Il m’envoie une gifle sans que je la vois venir et ma joue me brûle. Au moment où il pointe son arme vers moi, je ferme les yeux et je demande à ma mère de fuir…
— Non !
Je suis réveillée par un éclair à l’extérieur. Ouf, ce n’est qu’un rêve. Je me redresse et reprends mes esprits en passant une main sur mon visage pour enlever la sueur. Je n’y crois pas, mes rêves sont tellement réels à un point que je sentais presque le bout de son pistolet posé sur mon front. Ce n’est qu’un mauvais rêve, calme toi. Je regarde mon réveil, il est cinq heures du matin. Avec la tempête qu’il y a dehors, je n’ai pas le cœur à me rendormir. J’ai besoin de Pierre, d’être avec lui là maintenant. Je sors de ma chambre et vais dans la sienne sans faire de bruit.
— Pierre ? Tu dors ? je demande dans un murmure en séchant les quelques larmes qui ont coulé.
— Mariam ? Qu’est-ce que… ? Viens ici, ma princesse.
Je me précipite sous la couette et il me sert dans ses bras.
— Tu dors sans tee-shirt ? je frémis au contact de sa peau nue.
— Oui, j’avais un peu chaud. Qu’est-ce que tu as ? Encore un mauvais rêve ?
Je hoche de la tête et je pose mes mains sur son torse avant de me calmer.
— Je veux seulement dormir avec toi parce qu’avec ce rêve et le tonnerre dehors, je n’arriverai à finir la nuit seule…
— Ok, on en parlera tout à l’heure. Tourne toi de l’autre côté et essaie de te détendre.
Je suis ses ordres et je ferme les yeux. Il passe son bras autour de moi et me sert contre son torse en resserrant son étreinte sur mon ventre. Je le sens se redresser un peu et ses lèvres s’attaquent à mon cou puis à mes épaules. Je lâche un soupir en m’endormant avec les caresses de ses doigts sur mon ventre et de ses lèvres dans mon cou. J’aime Pierre et cela ne changera pour rien au monde, ça j’en suis sûre.
sara14

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Re: Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Chapitre 14 :
Assise sur le canapé devant la télé, je l'éteins enfin même si je ne l’ai regardé à aucun moment. J’attrape mon téléphone et cherche le contact de ma mère. Je dois l’appeler ou pas ? Si ça se trouve, tout se passe bien et je m’inquiète pour rien du tout. Pourtant, une petite voix au fond de moi me crie le contraire. Avant de faire quelque de complètement irrationnel, je l’appelle. Elle décroche au dernier moment, quand je m’apprête à raccrocher.
— Allô, maman ? Comment tu vas ? Tout se passe bien ?
— Moi je vais bien oui mais toi, alors ? Tu es partie je ne sais où sans me laisser aucune trace de vie ! Où es-tu ? Je m’inquiète énormément.
Oh maman ... J’ai besoin d’elle, comme j’ai besoin de Pierre. Je veux qu’il vienne avec moi tout compte fait. Je réfléchis à comment je vais dire ça à ma mère mais je réalise qu’elle n’est pas seule à la maison.
— Euh maman … ? Edward est toujours à la maison ?
— Oui, pourquoi ? Enfin là, il est sorti courir mais ça me fait plaisir de le revoir. Il m’avait manqué, ma puce.
J’essaie de tout faire pour ne pas craquer. Ne pas craquer. Ne surtout pas craquer devant elle au téléphone. Je sursaute quand je sens un courant d’air derrière moi et Pierre s’assied à côté de moi. Il m’attire dans ses bras et me demande à l’oreille qui c’est. Je le regarde droit dans les yeux avant de répondre à ma mère.
— Je suis contente pour toi maman … Donc tout se passe bien ? Et euh pardon d’être partie comme ça, je suis avec Pierre et Marie à la campagne.
— Oui, tout se passe à merveille ma grande. Tu rentres quand ?
— Je pensais rentrer le plus tôt possible pour être avec toi. Tu me manques en fait.
A cette remarque, Pierre me regarde bouche bée mais je continue toujours de parler.
— Est-ce que cette conversation pourrait rester privée, s’il te plaît ? Je ne veux pas qu’Edward soit au courant que j’ai appelé. Bon, je dois te laisser parce que sinon Pierre va raccrocher à ma place.
Je dis ça en rigolant parce qu’il est en train de me faire des guilis partout pour me forcer à arrêter notre discussion immédiatement.
— Ok, je vous laisse alors, dit-elle gentiment. J’espère que tu te protèges au moins ?
— Maman ! je m’exclame en devenant toute rouge.
Pierre, étant juste à côté, a aussi entendu et a aussi arrêté de rire. Mince, elle va trop loin là et j’éteins mon téléphone. Je souffle avant de le regarder à nouveau dans les yeux. Mais pour être honnête, il prend ça pour une blague et je suis soulagée qu’il en rigole.
— Avant que tu ne dis quoi que ce soit, sache que je ne t’en veux pas ni à toi ni à ta mère. Elle agit en mère poule et je comprends parfaitement. Cela dit, je ne te ferai jamais de mal, je te le promets.
Il dit ça avant de m’attirer encore plus vers lui et je me retrouve sur ses genoux. Mon esprit me force à descendre de ses jambes et de me calmer mais je choisis de l’ignorer. Je me penche vers son visage pour l’embrasser. Je pose les coudes sur ses épaules, emmêle mes doigts dans ses cheveux et l’embrasse. Une douleur subite me tiraille le ventre et je ferme les yeux en posant ma tête contre son épaule.
— Ca va ? demande-t-il, inquiet. J’ai fait quelque chose que je n’aurais pas dû ?
— Non, ce n’est pas toi. J’ai juste un peu mal au ventre.
Je me lève pour aller dans la salle de bains et je manque de me prendre un meuble au passage. Pierre est là, proche de moi et me tient par le bras. Je me dirige vers les cuvettes et soulève l’abattant avant de vomir d’un coup.
— Je n’arrive plus à respirer, je souffle en pleurant.
Si j’avais eu la force de parler, je lui aurais épargné ce spectacle en lui demandant de sortir. Contre toute attente, il vient s'agenouiller à côté de moi et passe une main rassurante dans mon dos. Quand je finis, il m’aide à me lever et je pars me rincer la bouche, le visage et je me lave les mains.
— Je ne me sens pas bien du tout.
Je tremble tellement que je me demande vraiment si je suis malade ou si je fais une crise.
— Non, non, non. Hé, ça va aller ok ? Je vais appeler un médecin, ne bouge pas.
Il me laisse là et part chercher de l’aide. Mon visage est tout pâle et mes lèvres virent au violet. Ma tête me fait extrêmement mal et j’essaie de lutter contre mes douleurs. Qu’est-ce que j’ai fait ? Je me dirige vers ma chambre et enfile un sweat pour ne plus avoir froid. Pierre est là ? Ma tête tourne et mes jambes me lâchent. Il me rattrape au dernier moment et me dépose sur mon lit en me demandant de rester avec lui, de lutter contre moi même. Je ferme mes yeux et tous mes sens se brouillent.

J’ai encore mal à la tête quand je me réveille dans le noir. Je suis sous la couette et elle me tient chaud heureusement. Pierre s’est endormi sur le sol, son dos appuyé contre le matelas.
— Réveille toi, Pierre.
Je lui caresse doucement la tête et se réveille en quelques secondes. Il s’assied à côté de moi au bord du lit et prend ma main dans la sienne.
— Heureusement que tu vas bien. Tu te sens mieux ?
— A peu près, ouais. Je crois que j’ai perdu connaissance juste après que tu m’aies déposé sur le lit. Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?
— Le médecin est arrivé et pendant un moment, j’ai vraiment eu peur qu’il m’annonce quelque chose comme…
Ses yeux brillent. Il a pleuré ? Non, j’espère que je ne pense pas à la même chose que lui ?
— Non, rassure toi, ce n’est pas ça. (D’un coup, je me détends.) Tu dors assez ces derniers temps ?
— Pas vraiment, non. Ces cauchemars m’empêchent de dormir.
— C’est ce que je craignais aussi, c’est à cause de la fatigue alors.
— Avec toi, je me sens mieux et en sécurité la nuit mais parfois pas vraiment.
Je m’approche de lui pour sentir son odeur ou au moins, me réchauffer. Je me décale pour lui laisser plus de place et il s’allonge. Il passe un bras autour de moi et je pose ma tête sur son épaule. Son cœur bat lentement sous ma main. Je ferme les yeux et essaie de me détendre pendant que Pierre caresse mon dos à travers le pyjama que je n’ai pas quitté depuis ce matin.
— Je t’aime, dis-je en le regardant.
— Je t’aime plus que toi tu m’aimes, ma princesse.
— Ouais c’est ça ... je murmure avec ironie en positionnant mieux sa tête contre son épaule.

— Vous dormez encore ?
J'émerge du sommeil en réveillant Pierre. Marie se tient à l’embrasure de la porte.
— Tout à l'heure j'ai vomi et je me suis évanouie un peu plus tard.
— Et tu vas mieux ? Pourquoi vous ne m'avez pas appelé ?
— J'ai appelé un médecin, répond mon petit ami. C'était juste dû au manque de sommeil, elle est souvent fatiguée.
— D'accord, je vais vous laisser alors.
Elle quitte la pièce en refermant la porte derrière elle. Pierre recule son visage pour me contempler dans le noir. Malgré la pièce plongée dans l’obscurité, la journée est presque terminée et j’aimerais bien sortir dans le village.
— Ça te dit on va à une soirée entre potes au bar ?
— Avec plaisir, ça fait hyper longtemps qu’on ne les a pas vus ! Tu penses que Marie nous laissera sortir ce soir ?
— Oui ne t’inquiète pas pour ça. Je leur téléphone pour leur dire qu’on vient. Mais tu es sûre de vouloir y aller ? J’ai l’impression que tu n’as pas encore totalement récupéré.
— Si, si, ça va et si je vais mal, je te préviendrai. Promis.
Je me lève du lit toute contente. J’espère que cette fois-ci, la soirée se passera bien et qu’il n’y aura pas d’incident comme la dernière fois avec Paul.
Dernière modification par sara14 le dim. 13 mai, 2018 12:15 am, modifié 1 fois.
Turquoine

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Re: Hasard - tome 2

Message par Turquoine »

Coucou j'ai vraiment adoré la suite, tu écrit toujours aussi bien :lol: :lol: par contre je trouve que Mariam est un peu trop souvent avec Pierre, on ne voit plus trop Mathieu et Romain. J'adore le moment où l'on apprend que l'agresseur de Mariam est en réalité le copain de sa mère !!!! J'ai remarqué quelques fautes, je sais plus exactement où elles sont mais voilà :
Quand le copain de sa fait tomber le vase tu dis "découpe" et j'ai pas trop compris sinon peut être que c'était "découvre" et les autres fautes je ne m'en souviens plus je te tiens au courant !!! J'attends la suite avec impatience !!! :D :) ;)
sara14

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Re: Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Turquoine a écrit :Coucou j'ai vraiment adoré la suite, tu écrit toujours aussi bien :lol: :lol: par contre je trouve que Mariam est un peu trop souvent avec Pierre, on ne voit plus trop Mathieu et Romain. J'adore le moment où l'on apprend que l'agresseur de Mariam est en réalité le copain de sa mère !!!! J'ai remarqué quelques fautes, je sais plus exactement où elles sont mais voilà :
Quand le copain de sa fait tomber le vase tu dis "découpe" et j'ai pas trop compris sinon peut être que c'était "découvre" et les autres fautes je ne m'en souviens plus je te tiens au courant !!! J'attends la suite avec impatience !!! :D :) ;)
Merci c'est gentil ^^ oui c'est pour ça que je suis en train de retravailler sur le tome 1 pour tout modifier xD
sara14

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Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Chapitre 15 :
Je pose mon verre sur le comptoir et me tourne vers mes amies. Je crois que moi, Mélanie et Spencer sommes les seules à ne pas boire d'alcool. Je n'ai pas croisé Daniela de la soirée ni Paul et tant mieux. Je cherche Pierre du regard et mets du temps à le trouver.
— Alors ça fait quoi d'être enfin en vacances ? me demande Mélanie.
— Relâcher la pression c'est bien de temps en temps, je réponds en cherchant toujours mon petit ami.
Mais où est-il passé, mince ? J'espère qu'il n'est pas rentré sans m'avoir prévenu. Soudain je sens une main - sa main - sur ma taille et il me fait tourner vers lui. Mon coeur s'accélère quand je remarque son visage trempé de sueur et ses yeux rouges.
— Pierre ? Tu as bu combien de verres ? Réponds !
Il approche son visage du mien mais je détourne la tête. Mais qu'est-ce qu'il a bu et en quelle quantité pour sentir autant ? Quand un ami vient nous dire au revoir car il s'apprête à partir et qu'il donne une tape amicale dans le dos de Pierre, ce dernier manque de s'écrouler sur moi tellement il tient à peine sur ses pieds. Je ne peux plus, je n'ai pas le courage de continuer de l'observer dans cet état.
— Je vais rentrer, je dis en me tournant vers mes amies.
— Ok, envoie nous un message quand tu es rentrée.
— Promis.
Je renfile la veste que j'avais laissé sur le comptoir et sors rapidement de ce bar. Et je commence à craquer. Je me laisse glisser contre le mur à deux pâtés de maison plus loin et prends mon visage entre mes mains. Pourquoi lui ? Pourquoi a-t-il autant bu ce soir ? Je ne préfère même pas imaginer comment ça sera demain matin quand il sera sobre. Je laisse couler mes larmes en espérant que mon maquillage ne va pas s'étaler sur mon visage.
Une profonde déception m'envahit et je ne sais plus quoi faire. Je reste un long moment assise sur le trottoir que je finis par m'endormir.
Plus tard, j’entends une voix qui me réveille.
— C'est toi Pierre ?
— Non c'est Simon.
Ma vue s'éclaircit et Simon a l'air complètement perdu. C'est lui qui ressemble à Jude. Ça en est même troublant. Quand il me voit recroqueviller ainsi, il a l'air complètement déboussolé.
— Depuis tout à l'heure tu es ici ?
— Oui, en plus je commence à avoir froid. Je ne connais même pas le chemin pour rentrer chez ma tante.
— Moi si. Viens je vais te raccompagner.
Il m'aide à me lever et on se dirige vers sa voiture.
— Tu conduis ? Mais bien sûr que tu conduis, vous êtes tous majeurs ici.
Je réponds à ma propre question à voix haute en lui faisant un sourire à moitié fatigué.
— Il est toujours ... là-bas ?
— Non quelqu'un s'est chargé de le ramener chez lui.
— Oh !
J'essaie de cacher mon étonnement mais je ne suis pas prête à le revoir. Saoulé ou pas. J'attache ma ceinture pendant que Simon démarre la voiture. Mon regard se concentre sur le paysage qui défile, ma tête appuie contre la fenêtre mais je sens que son regard me dévisager. Quand je me tourne vers lui, je vois juste.
— Depuis combien de temps vous êtes ensemble ? me demande-t-il d'une voix douce.
— Je ne sais pas trop, je n'ai jamais vraiment compté ... peut être trois mois je crois. Peut être plus.
— Et c'est la première fois que tu le vois autant bourré ? Sinon tu n'aurais pas réagi comme ça.
— Oui c'est la première fois. Il boit autant d'habitude ?
— Non généralement il se limite à une bière. Je ne sais pas ce qu'il lui a pris. D'habitude il se retient, surtout quand tu es là.
Je ne relève pas de sa réponse et lâche un soupir de désespoir mêlé à du mécontentement.
— Si j'en avais la force, je l'aurais giflé pour lui remettre les idées en place. Il me déçoit profondément.
— On est arrivés.
Il s'arrête et je remarque que le trajet est passé en un éclair.
— Merci de m'avoir raccompagné.
— Je t'en prie. Pour la première fois ce soir j'ai voulu essayer l'alcool mais j'ai tout de suite recraché. Enfin bref, je suis content d'avoir pu te reconduire sachant que je n'étais pas bourré. Et une dernière chose, me dit-il avant que je referme la portière derrière moi, ne sois pas trop exigeante avec lui d'accord ?
— Hummm promis. Est-ce que je peux t'appeler cette nuit si ça ne va pas ?
— Oui bien sûr.
Je lui souris et ferme la portière de sa voiture. Je prends une profonde inspiration avant d'entrer. Dégoutée par le comportement inhabituel de mon petit ami, j'espère ne pas avoir à supporter le regard plein de pitié de ma tante.
Génial, au moment même où mon esprit me focalise sur elle, je la vois allumer la lumière du salon.
— Où étais-tu passée ? Et pourquoi Pierre rentre aussi bourré cette nuit ? Je sais qu'il boit quand il est avec ses amis mais d'habitude il n'est pas aussi dosé.
— Ah, Simon m'a dit la même chose tout à l'heure. Il m'a raccompagné en voiture.
— Oh non je suis désolée ! Tu aurais dû m'appeler pour me demander de venir te chercher.
— Je n'avais plus de batterie. Bon, je monte me coucher.
— D'accord, si tu as besoin de quelque chose n'hésite pas à venir me trouver.
Oui j'ai compris merci. Je monte les escaliers rapidement et m'arrête devant sa chambre. Je pose instinctivement ma main sur la poignée. Je suis tout sauf raisonnable. Je voulais l'éviter le reste de cette nuit et demain et je me retrouve à violer cette règle que je m'étais auto-fixée il y a moins d'une heure. Mais je veux juste savoir comment il va et je ressors tout de suite.
Je dépose mon gilet et mes chaussures dans le couloir et ouvre discrètement la porte. J'arpente la pièce plongée dans le noir et trouve son lit vide. J'entre à l'intérieur et à peine je referme la porte derrière moi que j'entends quelque chose de lourd tomber par terre. Je me précipite vers Pierre qui est à moitié en train de suffoquer par terre. Il tousse et pleure en même temps.
— Pierre ! Pierre, calme-toi s'il te plaît. Je suis là, relaxe, ok ?
Je tombe à genoux sur la moquette avant de le tirer vers moi. Sa tête s'appuyant contre ma poitrine. Je le sens trembler sur moi et j'aimerais faire quelque chose pour qu'il aille mieux.
— Pierre, tu m'entends ? Je suis là, tout va bien se passer.
— Mariam ...
J'ai envie de fondre en larmes rien qu'en entendant la façon dont il m'appelle.
— Oui c'est moi.
— Je suis vraiment désolé de ...
— Chuuut. Ne parle pas, tu n'as plus de force.
Il hoche la tête et change de position de sorte que son front soit contre le mien. Il a beau être ivre en ce moment, l'amour que j'ai pour lui n'y changera rien. Je masse doucement ses cheveux pour le calmer. Je sens son corps se détendre et il approche son visage encore plus. Son hésitation à m'embrasser me rend folle. J'abrège ma souffrance en rompant son élan.
Il m'embrasse avec passion et quelques instants plus tard, il se sent obligé d'arrêter pour reprendre son souffle. Même dans ces moments durs comme ça, je sais au fond de lui qu'il est en paix. Il n'aime pas quand je m'éloigne trop longtemps de lui. Par exemple une journée de cours est insupportable autant pour lui que pour moi. Mais qu'est-ce que je l'aime !
Il pose sa tête au creux de mon cou et s'endort sur moi. Je lui passe doucement la nuque puis au bout d'un certain moment je commence à fatiguer aussi. Je m'allonge entièrement sur le tapis et pose la tête de Pierre sur mon ventre. Peut être que dormir sur le sol est moins confortable que sur le lit mais au moins, sa chaleur corporelle me réchauffe. Et c'est tout ce qui compte pour le moment.
sara14

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Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Chapitre 16 :
Je suis tirée du sommeil par un bruit qui me fait sursauter. Je me redresse d'un coup et mets du temps à me rendre compte que Pierre n'est plus à mes côtés.
— Pardon si je t'ai réveillée, je ne l'ai pas fait exprès.
— Ça fait combien de temps que tu es debout ?
— Moins d'une heure.
Ses vêtements ont changé depuis hier soir. Il s'est douché et moi je suis toujours avec ma robe d'hier. Oh non elle est toute froissée maintenant. Je mets de l'ordre sur ma tête en coinçant mes cheveux derrière les oreilles. En me levant je remarque que j'ai un gros hématome sur la jambe. Je ne comprendrai jamais comment je fais pour me récupérer des gros bleus sans m'être prise de coup !
Je m'assieds sur le lit et Pierre vient me rejoindre.
— Il faut sérieusement qu'on parle.
— Pourquoi as-tu autant bu hier ? Tu m'as profondément déçue et rendue triste. Simon m'a retrouvé endormie sur le trottoir puis il m'a raccompagné ici, tellement je me sentais mal.
— Endormie ? À ce point là ?
— J'étais complètement perdue avec ton comportement et aussi par le fait que je ne connaissais pas le chemin.
— Ah oui mince. En tout cas je tiens sérieusement à m'excuser. Quelqu'un a dû me verser une grande dose d'alcool à l'intérieur de ma bouteille puisque je n'ai bu qu'une bière. Et c'est impossible qu'une petite quantité comme ça m'est rendu aussi shooté.
— Mais pourquoi un de tes amis se serait amusé à faire ça ? C'est complètement irréel ! Paul était là hier ?
— Je crois oui. Alors ça doit forcément être lui le coupable. Je vais aller lui refaire le portrait.
— Non ! Plus de violence s'il te plaît. J'en ai assez.
— Pardon, mais il le mérite.
— Je sais mais oublions ce qui s'est passé alors. Parlons d'autre chose.
— Tu devrais aller prendre une douche, ma poupée.
Je bloque un instant sur ce mot. Ma poupée. Jude utilisait ce surnom pour m'appeler comme ça. Il faudrait que je l'appelle pour savoir comment il va. Ça fait si longtemps que je ne lui ai pas parlé. Parfois j'ai l'impression de me couper du monde, d'oublier mes amis comme je suis avec Pierre et je ne devrais pas. Je me sens égoïste à un point. Il me sort de mes pensées.
— Eh ça va ? Tu es pâle.
— Non je pensais juste à quelque chose. Je vais aller me doucher. Et après on descend prendre le petit déjeuner.
Il me sourit et je le laisse dans sa chambre. Perla vient se frotter à moi et je la porte dans mes bras jusqu'à ma chambre.
— Oh oui ma grande, tu adores les caresses hein.
J'approche ma tête et elle vient frotter la sienne contre ma joue. Je la couvre de baisers et la dépose sur mon lit pendant que je sors des vêtements pour la journée. Il fait beau dehors, ça devrait être le temps idéal pour se promener.
Je fais couler l'eau et entre dans la baignoire. Je mets de l'ordre dans ma tête pour savoir ce que je veux faire après le bac et comment je vais gérer ma vie plus tard. Je n'ai pas d'idée vraiment précise mais je veux passer le reste de ma vie aux côtés de Pierre et fonder une famille avec lui.
Je me rince le corps et passe une serviette autour de moi. Je pose un pied puis quand je m'apprête à sortir complètement de la pièce, je tombe nez à nez avec ma tante. Rouge comme une pivoine, je me sens gênée qu'elle me voit drapée d'une serviette qui m'arrive à mi-cuisses.
— Tu travailles aujourd'hui ?
— Oui mais je finis à seize heures. Je veux profiter de cette journée ensoleillée. Tu veux venir avec moi ?
— Je passerai en début d'après midi alors. J'ai décidé de passer ma matinée à lire. Je te laisse te préparer alors, je vais m'habiller. Attends, j’hésite, j'ai souvent des hématomes qui viennent comme ça sans avoir reçu de coups. Regarde celui là.
Elle jette un œil sur ma jambe et me dit :
— Tu en as parlé à ton médecin ?
— Non pas encore mais je le ferai en rentrant à Neuilly.
— Tu veux que je te prenne un rendez vous ici ? Je connais un médecin ici, il est très sympa.
— D'accord, merci. Je ne sais pas si je manque de quelque chose ou non.
Marie me fait un câlin avant de disparaître dans sa chambre.

Comme je l’avais dit à ma tante, je passe la matinée entière à lire allongée sur l’herbe au soleil. Ce qui est cool à la campagne c’est que quand le soleil tape fort, j’ai juste à sortir de la maison et bronze un peu. J’ai toujours le teint pâle mais pendant l’été, je m’autorise toujours un petit temps de bronzette. Mes lunettes de soleil sont rabattues sur mon nez et j’essaie de lutter contre le reflet solaire sur les pages de mon livre.
Soudain je sens un liquide puissant m’arroser le dos. Je me retourne et cette fois-ci je reçois de l’eau dans le visage. Pierre s’amuse avec le tuyau d’arrosage. En toute logique ça sert à arroser les fleurs, les plantes, la nature et tout ça, tout ça et non une jeune fille innocente qui bouquine au soleil. Je pose mon livre et mes lunettes et cours après Pierre.
— Tu vas regretter de m’avoir perturbée dans ma lecture !
— Attrape moi si tu peux ! S’amuse-t-il en commençant à courir.
Je me mets aussitôt à le poursuivre et au moment où je suis sur le point de l'atteindre, il allume à nouveau le jet d’eau et maintenant je suis trempée de la tête aux pieds. A présent mes vêtements mouillés me démangent et il me regarde avec un air malicieux. Je le contourne et saute sur son dos. Sous l’effet de surprise, il perd un peu l’équilibre mais lâche le jet d’eau pour bloquer ses mains derrière mes genoux. Je m’accroche à son tee-shirt au niveau des épaules quand il commence à tourner sur lui même. Nous rigolons comme des fous et quand il arrête de bouger, j’en profite pour mettre mon plan de vengeance à exécution. Je ramasse mes cheveux d’un côté et les égoutte contre sa nuque. Il me lâche les jambes pour retirer son haut.
— Pourquoi tu as fait ça ? demande-t-il, mort de rire. Je n’aime pas sentir du liquide couler le long de mon dos.
— Ah parce que me déranger pendant que je lis, ça ne te déranges pas ?
— Euh, laisse moi réfléchir … non ! Et sur ce, je vais aller prendre une douche, dit-il en s’éloignant.
— Ah oui c’est comme ça avec toi ! Tu m’arroses et après tu pars comme si de rien n’était. Je retiens, je retiens, dis-je souriante en regagnant mon livre.
Turquoine

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Re: Hasard - tome 2

Message par Turquoine »

Ses nouveaux chapitres sont vraiment super. Ils m'ont plus particulièrement car je sens qu'il se trame un truc avec Simon et Jude même s'il est pas là il y a quelque chose de bizarre...
sara14

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Re: Hasard - tome 2

Message par sara14 »

Attends tu as aiguisé ma curiosité et ça m'a fait peut être donné une petite idée. Mais à quoi tu penses en disant ça ?
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