zunic a écrit :Desolee je suis un peu en retard XD j'ai noté une forte tendance aux verbes comme voir ou entendre, ça alourdit un peu le texte
Après regarde ton dialogue certaines phrases sont confuses on ne sait pas s'ils parlent ou si ce sont des pensées. Sinon le rêve est bien mais les paragraphes ne sont pas assez aérés
C'est tout ce que j'ai noté il me semble
Salut Zunic,
Merci pour tes commentaires pertinents ! Je vais regarder cette histoire de voir et entendre, décidément je commets des erreurs grossières...
Et les dialogues, c'est vraiment un problème pour moi, j'ai du mal avec les incises (dit-il, tout ça)...
C'est pas confortable pour lire, les paragraphes, c'est ce que tu veux dire? C'est aussi pour ça que je propose de lire sur Wattpad, c'est plus confortable (quitte à revenir ici pour me donner ton avis si tu le souhaites...)
Merci encore, en tout cas, pour ta lecture à bientôt (je vais continuer à te lire, oh la la la rentrée arrive et je manque tellement de temps, j'ai plein de choses à préparer !)
Bonne lecture !
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Chapitre 4
— Si tu laisses ton doigt appuyé là, ça augmente la température.
— Et ici ?
— C’est pour tout verrouiller, je ne m’en sers jamais.
C’est mon premier cours de cuisine. Ce soir, c’est pâtes carbonara, et je ne m’en sors pas trop mal. Bon d’accord on ne fait que commencer, mais je suis sûre que ça va être fabuleux. Surtout, je reste absolument maitresse de mes pulsions. Il peut bien frôler mon corps à chaque mouvement, je reste de marbre. Même la chaleur qui émane de son torse ne me procure aucun effet. C’est comme la courbe parfaite de sa mâchoire, légèrement tendue quand il est concentré : n’importe quelle autre femme aurait craqué, pas moi ! Depuis notre virée d’approvisionnement, sans en avoir discuté, nous avons établi une sorte de frontière amicale. Je vois bien qu’il garde ses distances avec moi, et je prends soin de ne lui envoyer aucun signal sexuel. Pas de crinière soyeuse, pas de maquillage, pas de décolleté ravageur. De toute façon, on ne fait que se croiser, il passe sa vie avec ses plans et ses outils et moi avec mes dossiers et mon ordi. Mais il faut bien avouer que les soirées ont un peu tendance à se prolonger depuis trois jours…
— Mets plus d’eau, il faut que tes pâtes aient de la place.
Je m’applique. C’est mon côté perfectionniste. Ou bien j’ai envie de l’épater. Je vois bien dans le reflet de la casserole qu’il sourit de me voir si concentrée pour préparer un repas qui lui semble très simple. Parfois, un regard lui échappe. Je fais alors un bond vingt ans en arrière. J’ai des couettes, une jolie robe que j’ai choisie spécialement pour lui, pour qu’il m’admire pendant la récréation. Ce sont des instants fugaces, qui m’illuminent quelques secondes, juste le temps que je prenne conscience de qui je suis, de où je me trouve, des histoires qui nous ont menées là. La chute est rude. Depuis toutes ces années, je lui en veux terriblement. J’ai construit une grande tour sur laquelle je me suis perchée pour voir les hommes. Leurs manœuvres de séduction, leurs tentatives de possession, leur rejet quand ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent, ou quand ils se lassent, comme Thomas.
— En attendant, râpe le parmesan. Fais gaffe à tes doigts !
Je m’active, ruminant dans ma tête qu’il pourrait les utiliser, lui, ses doigts. Pour m’aider, bien sûr ! Je me tourne pour qu’il ne voie pas la rougeur sur mes joues. Je râpe, je touille, j’essore, je verse, je laisse au chaud pendant que je nettoie rapidement le plan de travail et les ustensiles, et nous dégustons des carbos dignes des plus grands restaurants parisiens. Pour digérer, nous allons voir les travaux du jour. Les marches de l’entrée sont comme neuves, solidement ancrées dans le sol. Le jardin, foisonnant de vie en journée, est si calme ce soir que nous nous taisons nous aussi. Je me sens tellement bien que les larmes finissent par monter. Je ne veux pas qu’il me voie :
— Je vais rentrer, j’ai du travail.
Ce n’est qu’arrivée dans ma chambre que je laisse échapper un sanglot, la tête enfouie dans un gros oreiller. Me voilà bien, à pleurnicher comme une fillette ! J’essuie mes yeux du revers de la main et attrape mon ordinateur : il me reste un document à envoyer impérativement ce soir pour que mon assistante puisse le transmettre à Monsieur Connard demain matin. Je rédige le compte-rendu quand tout à coup, pfuit, l’écran s’éteint. Je regarde l’heure sur mon téléphone : il est bientôt minuit ! Bien sûr, ça ne change rien, Natacha ne verra Ted que demain. A moins que… Comme toutes les autres, elle fantasme grave sur lui… Elle est peut-être dans son lit ? Dans mon lit. A ma place. Grand bien lui fasse, la pauvre ! Je suis au bord de l’épuisement. J’avise la prise, à l’autre bout de la chambre. Il faudrait que je sorte de sous les couvertures… Tant pis. Depuis mon téléphone, je récupère le document sur mon espace de stockage en ligne, je l’envoie sur notre réseau interne, et le temps de dire « je devrais éteindre ce portable », je m’endors d’un sommeil lourd et agité.
Je ne m’étonne plus quand je recommence le même rêve toutes les nuits: la forêt, le toboggan, Thomas qui me porte dans ses bras jusqu’au lit blanc et qui me caresse très lentement. Ce matin encore, il me lèche les pointes des seins, excite ma peau fiévreuse, embrasse mon cou, mon ventre, mes cuisses. Il ondule entre mes jambes, léger comme une plume, brûlant comme un tison. J’agrippe les draps froissés par nos ébats nocturnes et je m’agite sous lui pour mieux le sentir partout. La nuit, mes défenses tombent, j’accepte tout ce qu’il me donne. Je voudrais qu’il me regarde et que ses yeux ne quittent plus les miens. D’une main, je relève son menton. Le lien de nos regards est si fort que je vacille dans ma tête. Sur sa pupille, des lumières dansent. J’ouvre grand toutes mes portes pour laisser entrer le flot, pour m’en nourrir, pour y puiser des forces. Il accélère le rythme, là, en bas, et je suis sur le point de m’embraser. Son visage ancré au mien, il attrape mes mains et les remonte au-dessus de nos têtes. Soudain, son iris s’agrandit. Ses yeux deviennent sombres. La brûlure entre mes jambes devient glaciale, je suis comme figée. J’entends un ricanement que je reconnais trop bien. Ted se redresse, lâche mes mains, et pourtant je ne peux toujours pas bouger. Il me soulève comme si j’étais un bloc de pierre et me place contre un mur. Puis il se baisse pour attraper quelque chose, et ce n’est que quand il approche ses mains des miennes que je me rends compte qu’il tient des clous et un marteau, et qu’il a l’intention de m’accrocher là, sur son mur.
— Tu es MON trophée, rugit-il. Comment as-tu pu croire que tu pourrais m’échapper ?
Je pousse un hurlement d’horreur qui me réveille enfin, trempée et terrifiée. Bon sang qu’est-ce que c’est que ce cauchemar ? Je déteste ça. Non seulement je vais me sentir obligée de l’analyser pour en découvrir les messages occultes, mais en plus il me prive de ma séance de masturbation quotidienne ! Face au miroir qui révèle mes traits fatiguée, je grince entre mes dents :
— Ca t’apprendra à fantasmer sur le gigolo !
Bien sûr, je regrette immédiatement mes paroles. A quoi me sert-il d’accabler Thomas ? Je repense à notre promenade la veille, à ces soirées douces que nous avons passées, lui et moi, sans sous-entendus, sans jeux malsains. Ce cauchemar est-il un avertissement ? Est-ce que je ne me laisse pas trop aller, avec lui ? Je ne sais plus si je dois rester vigilante ou au contraire lui faire confiance.
Je suis sortie de ma torpeur par le bip annonçant un message. Zut, j’ai oublié de déconnecter mon téléphone, je prends pourtant bien soin de l’utiliser le moins possible, de passer par mon ordi. Je n’ai aucune confiance en la technologie, je sais aussi bien utiliser ces machins que cuisiner, c’est dire. C’est un message de Natacha, qui me confirme qu’elle a bien reçu mon envoi, qu’elle l’a ajouté au reste et qu’elle le portera à Monsieur B-G. dès qu’il sera arrivé à l’agence. Je regarde l’heure : il est huit heures passé. « Vous êtes en retard, il va falloir vous rattraper… » Je frissonne et subis une attaque nauséeuse. Quel connard.
Malgré l’énorme dîner d’hier, mon ventre gargouille. J’hésite entre me doucher maintenant pour chasser les restes de ma mauvaise nuit et descendre déjeuner avec Thomas. Pile ou face ? Mieux ou pire ? Blanc ou noir ? La vie est faite de choix. C’est l’estomac qui l’emporte. J’enfile n’importe quoi, attache mes cheveux, passe de l’eau et du savon sur mon visage, et je dévale les escaliers en pierre brute. Cette maison est magnifique, pourtant je ne parviens pas à m’y sentir bien. Je suis sûre que le retour de Sarah et de mon frère, sans doute avec l’enfant qu’ils sont partis chercher, réchauffera les murs et mon cœur.
Au moment de pousser la porte, je prends conscience que les seuls moments où je suis apaisée, ici, sont ceux passés avec Thomas. J’apprécie sa simplicité, son humeur gaie en permanence, son intelligence pour me remettre en douceur à ma place quand j’exagère. J’entre dans la cuisine avec un grand sourire, qui s’efface dès que je le vois manger son petit déjeuner, la mine sombre, le dos voûté.
— Euh, bonjour ?
Il grommelle un mot qui doit signifier la même chose, mais avec un regard fuyant qui dit le contraire. Il y a quelque chose qui cloche. Pas d’odeur de pain frais. Pas de petite fleur du jardin dans le vase. Il a dû mal dormir. Oh, non, il a mal digéré mes pâtes ! Je m’installe en face de lui :
— Franchement, t’exagères, elles étaient pas si mauvaises que ça ! Moi, en tout cas, je les ai adorées… Tu es jaloux de mon talent, c’est tout !
Il me regarde d’un drôle d’air, avant de plonger le nez dans sa tasse. Il ne me demande même pas de quoi je parle. Ne souris pas. Ne se moque même pas de moi ! Son changement d’attitude, son absence de réaction… Merde, il me refait le coup du rejet ou quoi ? D’accord, j’ai compris. C’est un psychopathe. J’hésite entre lui crier dessus et fondre en larmes, alors je reste là, la main sur le couteau à beurre, frappée de stupéfaction. Je dois me ressaisir. Ces derniers jours, j’ai été trop proche de lui. Non mais il me prend pour une idiote ? Je me redresse, tartine quelques biscottes, snobe son putain de bissap, et lance un « au revoir » sec avant de remonter dans ma chambre avec mes victuailles auxquelles je ne parviendrai pas à toucher.
Les heures passent. Par la fenêtre, je le vois aller et venir dans le jardin, rouspétant contre tout ce qui est à sa portée. Les oiseaux pépient trop fort, les branches ne sont pas à leur place, la terre ne se tasse pas assez vite dans les pots. En vrai, je n’entends pas ce qu’il grommelle dans sa courte barbe, je ne peux qu’imaginer ses combats dérisoires. Au moment où je sens que je m’attendris, il s’appuie sur le rebord d’un puits de pierre et passe ses mains sur son visage. Même si je suis loin, je distingue ses traits, tirés, désemparés. Il baisse la tête, les poings serrés sur ses cuisses, le visage crispé, comme s’il allait se mettre à pleurer. Puis soudain, il respire un grand coup et tourne la tête vers ma fenêtre. Son regard est sombre, ses sourcils sans doute froncés, sa mâchoire résolue. Je recule, choquée, même si je sais que les vitres ont subi un traitement qui accentue leur reflet le jour et qu’il ne peut certainement pas me voir. Je m’assieds sur mon lit, et immédiatement, mon ventre gronde. La faim me tenaille depuis le matin, et pourtant je ne parviens toujours pas à envisager de manger quoi que ce soit tant la nausée prend le dessus. L’estomac gronde plus fort. Et ne s’arrête pas. Je tends l’oreille : non, c’est le bruit d’un moteur ! Une portière claque. Quelqu’un interpelle Thomas, et mon sang se glace. Je me rue hors de ma chambre, encore à moitié en pyjama, m’engouffre dans les escaliers au pas de charge et arrive, essoufflée et attifée comme l’as de pique, sur le perron où patiente Ted devant sa Jaguar. Je ne peux m’empêcher de constater avec la plus grande joie que ses bas de caisse sont maculés d’une boue verte et épaisse. Thomas a gardé sa mine patibulaire et à cet instant j’en suis ravie. Mais ma joie est de courte durée quand je le vois, le visage encore plus fermé – comment est-ce possible ? – faire demi-tour et retourner dans ses buissons, me laissant seule avec le monstre. Ce dernier a imprimé sur son visage son fameux sourire ultra-brite, celui des grands jours, celui de la victoire.
— Hé bien, ma chérie, quel accueil ! Ton troll est très bien dressé, dis-moi !
— Qu’est-ce que tu fais là ?
Il prend un air sérieux et prononce d’une voix excessivement douce, lourde de menaces :
— Je viens te chercher.
Pourvu qu’il ne remarque pas à quel point je tremble…
— Il n’est, de toute évidence, pas dans mon intention de bouger d’ici.
Il s’approche à pas lents.
— Mais, ma dulcinée, nous avons des affaires à régler.
— Des affaires, hein !
Merde, ma voix est plus aigüe que d’habitude, il plisse les yeux.
— Oui, des affaires, Maëlle, comme celles que tu vas aller chercher dans cette masure et que tu vas gentiment déposer dans ma voiture avec tes petites fesses adorables.
— Non !
Je ne voulais pas crier. Abrutie ! J’inspire à fond et recule d’un pas.
— Non quoi ? Non, ce n’est pas une masure ? C’est vrai que ça a l’air pas mal. Ton frère a bien choisi sa compagne, mieux que moi semble-t-il. Elle a bon goût. Tu me fais visiter ?
Il est trop près de moi. J’ai reculé jusqu’à la porte. S’il entre, je peux dire adieu à mes maigres espoirs de lui échapper. Je me sens plus en sécurité dehors que dans la maison. Les murs sont épais. Je n’aurai aucune échappatoire. Et la vision de mon cauchemar de ce matin me hante. D’un autre côté, il est en excellente condition physique, et même si je cours vite, il m’aura vite rattrapée. Je dois le prendre de court.
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Chapitre 5 sur Booknode (à venir, mercredi prochain !)
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